Reconstitution historique et prévision du niveau de la mer de 1800 à 2100, publiée en 2017 par l’U.S. Global Change Research Program for the Fourth National Climate Assessment[1].RCP2.6 est le scénario dans lequel les émissions atteignent leur maximum avant 2020,RCP4.5 est celui dans lequel le maximum est atteint en 2040, etRCP8.5 est celui dans lequel elles continuent d’augmenter comme actuellement.
À côté de ces deux effets principaux, d'autres phénomènes, qui ne sont pas forcément directement liés au réchauffement climatique, contribuent aussi à l'élévation actuelle. Le plus significatif est l'épuisement desaquifères surexploités sur lescontinents.
Les conséquences prévisibles les plus importantes de l'élévation du niveau de la mer sont le recul dutrait de côte, la disparition de territoiresinsulaires de faible altitude, l'intrusion d'eau salée dans les aquifères d'eau douce proches des côtes, la destruction d'écosystèmes côtiers et la perte depatrimoine culturel et historique. Ces conséquences peuvent être aggravées, localement, par lasubsidence des sols et les effets météorologiques.
Pour une élévation moyenne, il existe des variations dans le temps et dans l'espace (ici auxÉtats-Unis, notamment en raison respectivement des vents, courants, subsidences ou encore de laforce de Coriolis).
Le niveau de la mer mesuré en un lieu donné peut différer du niveau moyen de la mer sur l'ensemble de laTerre (niveau eustatique).
Le niveau moyen local de la mer (NMLM) est défini comme la hauteur de la mer par rapport à un point de référence sur Terre, et en moyenne sur une période de temps suffisamment longue (unmois ou uneannée) pour que la valeur soit indépendante des fluctuations causées par lesvagues et lesmarées. On doit également ajuster les variations du NMLM pour prendre en compte les mouvements verticaux de la Terre qui peuvent être du même ordre (quelques mm/an) que les changements du niveau de la mer. Certains mouvements de la surface terrestre se produisent à cause d'un ajustementisostatique dumanteau terrestre dû à la fonte desinlandsis depuis la fin de la dernièreglaciation : en effet, le poids d'un inlandsis fait baisser le niveau du sol et quand la glace fond, la terre remonte ou« rebondit » (rebond post-glaciaire). Lapression atmosphérique, lescourants océaniques et laforce de Coriolis ainsi que les changements de température (et donc de volume) des océans peuvent aussi affecter le NMLM[2].
Les variationseustatiques, par opposition aux variations locales, concernent l'altération du niveau global de la mer, telle que les changements de volume de l'eau des océans et les changements de volume des bassins océaniques[3].
Tous ces éléments combinés expliquent que la montée réelle ou apparente de la mer varie géographiquement quand le niveau moyen d'un océan augmente. Un océan peut même s'élever globalement, avec un niveau delaisses de mer qui descendrait légèrement sur certains littoraux et augmenterait plus que la moyenne sur d'autres, même dans le cas de rivages voisins comme ceux de laGrande-Bretagne et du continent, de part et d'autre de lamer du Nord[4].
Démarrée en 1711, la série de mesures duniveau de la mer réalisée dans leport de Brest est la plus longue réalisée en un même lieu dans le monde (dans le bassin n°1 du port, à l'aide d'une échelle des marées), même si elle a connu quelques interruptions ; elle permet de constater une élévation du niveau de la mer d'une dizaine de cm entre 1711 et 1900, et d'environ 25 cm entre 1900 et 2025[5].
Évolution du niveau de la mer à l'échelle des temps géologiques
Les variations du niveau de la mer aux échelles de temps géologiques sont désignées sous les termes detransgression marine (hausse du niveau) etrégression marine (baisse du niveau). À l'échelle de la centaine de milliers d'années, le niveau de la mer a varié avec lesglaciations. Il était proche de son niveau actuel durant lespériodes interglaciaires et une centaine de mètres plus bas (même 125 m) durant lespériodes glaciaires[6].
Les données des satellites tendent à indiquer une accélération de l'élévation du niveau de la mer plus importante que celle déterminée à partir des mesures des marégraphes[12]. La mesure del'accélération de la hausse du niveau de la mer est complexe car les mesures, que ce soient celles des marégraphes ou des satellites, sont perturbées par de nombreux paramètres[13].
De nombreux effets locaux, périodiques ou épisodiques, affectent temporairement le niveau de la mer. Le lien entre ces phénomènes et l'élévation eustatique du niveau de la mer est de deux ordres. D'une part, d'un point de vue métrologique, ces effets doivent être retranchés des mesures pour extraire la tendance à long terme, et l'existence de phénomènes régionaux explique la nécessité de disposer de mesures sur l'ensemble de la planète[16]. D'autre part, en matière de prévision des risques, ces effets s'ajoutent à la hausse globale du niveau de la mer : pour décrire les risques pour telle zone dans le monde, c'est le niveau maximal prévisible qui doit être pris en compte[17].
En revanche, il existe différents phénomènes demarées à longue période, avec des périodicités de 14 jours ou plus[18]. Dues à différents phénomènes astronomiques, elles ont des amplitudes relativement faibles. La composante la plus longue est un cycle qui s'étend sur 18,6 ans durant lequel le niveau moyen des pleines mers augmente de 3 % par an durant 9 ans, puis diminue de 3 % durant 9 ans, et ainsi de suite. Ce phénomène est lié aucycle nodal de la Lune[19]. Ce cycle exacerbe puis diminue, alternativement, les effets de l'élévation du niveau de la mer induits par leréchauffement climatique[20].
L'effet baromètre inverse est une variation du niveau de la mer sous l'influence de lapression atmosphérique : la mer est bombée sous unedépression et creusée sous unanticyclone. Cette variation est d'environ 1 cm pour1hPa[21]. Les variations de la pression atmosphérique étant plus importantes aux hauteslatitudes, l'écart-type sur l'année de ce phénomène est inférieur au centimètre dans les régions équatoriales, et atteint 7 cm aux abords de l'océan Arctique. Un exemple de manifestation de cet effet se retrouve avec l'oscillation nord-atlantique, fluctuation climatique généralement exprimée par la différence de pression atmosphérique entre l'anticyclone des Açores et ladépression d'Islande, qui a une influence sur le niveau de la mer en Europe du Nord[22].
L'effet se calcule, il est donc corrigé sur les mesures de niveau de la mer, ce qui demande une connaissance précise des valeurs de pression atmosphérique, parfois défaillante sur les séries de données anciennes[23].
Levent induit également un effet sur le niveau de la mer. Dans son expression la plus simplifiée, la réponse statique à un stress éolien constant est ungradient du niveau de la mer dans la direction du vent[24]. Dans certaines mers, le vent est la principale cause de fluctuations saisonnières du niveau de la mer. C'est le cas de lamer Rouge, où le régime de vent induit une oscillation saisonnière de l'ordre de 25 cm[24].
Lasalinité de l'eau influe également sur sa densité, c'est l'effet halostérique : ainsi la densité de l'eau de mer est, à température égale, supérieure de 2,5 % à celle de l'eau douce[25]. Les différences de salinité d'une région à l'autre influent sur le niveau local de la mer : les zones où l'eau est moins salée sont « bombées », et les zones plus salées sont « en cuvette » pour maintenir l'équilibre hydrostatique. Ainsi la variation locale de la salinité, due notamment à l’apport d'eau douce par les fleuves, la pluie et la fonte des glaces, intervient dans l'évolution du niveau de la mer d'une région donnée[26].
Par un mécanisme comparable, les variations de température superficielle d'une zone à une autre induisent des différences de niveau de la mer : dans une zone plus froide, la masse volumique de l'eau en surface sera plus élevée, ce qui se traduira par une anomalie négative sur le niveau de la mer. Cet effet conduit à des disparités régionales importantes. À titre d'exemple, des années 1960 aux années 1990, le niveau de la mer enMéditerranée orientale a diminué, à l'inverse de la tendance mondiale, du fait d'une diminution des températures en surface dans cette région[27].
Ces effets sont très importants pour la prévision des risques liés au niveau de la mer à l'échelle régionale : si, dans une région donnée, les températures augmentent moins que la moyenne mondiale, le niveau de la mer y augmentera également moins, et inversement. De même, si on voit une augmentation de la salinité (en raison d'une réduction de l'apport d'eau douce), celle-ci ralentira la hausse du niveau de la mer, et inversement[28].
Il existe une fluctuation saisonnière du niveau de la mer. Dans l'hémisphère nord, son amplitude crête est d'environ 12 mm, avec un minimum en mars, et un maximum en septembre. Dans l'hémisphère sud, l'amplitude est moitié moindre et la saisonnalité est inversée. Cette fluctuation est due au cumul de plusieurs effets. Elle combine les phénomènes cités précédemment : marée annuelle, variations de la pression atmosphérique, de la salinité et la température. Elle fait aussi intervenir une variation saisonnière de distribution des masses d'eau entre les océans et les continents : les masses continentales étant réparties de façon très asymétrique entre les deux hémisphères, la quantité d'eau stockée sur les continents (dans les lacs, les sols, les nappes souterraines et les glaces) est plus importante pendant l'hiver de l'hémisphère nord. Pour cette raison, même le niveau de la mer moyenné sur toute la planète présente une légère fluctuation annuelle, d'environ 1 cm[29],[30],[31].
Les événements météorologiques associés à unedépression (tempête,cyclones tropicaux) peuvent provoquer localement une hausse soudaine et massive du niveau de la mer, entraînant des inondations dévastatrices. Cet effet est dû à l'association de la pression, du vent et de laforce de Coriolis[33]. La probabilité d'inondations résultant du cumul d'une onde de tempête et de fortes précipitations s'accroît du fait du réchauffement climatique. L'élévation du niveau de la mer s'ajoutera progressivement à leurs conséquences[34].
Quantifier l'élévation du niveau de la mer, eta fortiori son accélération, pose de nombreuses difficultés méthodologiques. Il faut isoler une tendance de l'ordre du millimètre par an, moyennée sur la planète, après avoir retranché des mesures tous les effets locaux ou de court terme[35].
Les mesures du niveau de la mer à partir de23 enregistrements demarégraphes dans des environnements géologiquement stables montrent une élévation d'environ 2 mm par an.
Les marégraphes sont des installations fixes qui mesurent localement le niveau de la mer. Mis au point historiquement pour affiner l'étude desmarées, ils fournissent aussi des données à long terme. Un marégraphe seul ne fournit pas d'information concluante sur le niveau eustatique, du fait des phénomènes locaux (tectoniques notamment). Il faut donc accumuler les mesures d'un grand nombre d'installations dans le monde. La distribution des marégraphes dans le monde est lacunaire, et ce d'autant plus qu'on remonte dans le temps, ce qui complique les recherches[36].
Il existe, schématiquement, trois types de marégraphes. La technologie la plus ancienne, et encore la plus utilisée, fait appel à un flotteur qui, via un mécanisme, trace avec uncrayon une courbe sur un rouleau depapier entraîné par unmouvement d'horlogerie. Ce flotteur est placé dans un puits de tranquillisation, c'est-à-dire un tube vertical, ouvert sur l'eau par le bas et sur l'air par le haut, qui amortit l'effet des vagues[37]. Une deuxième technologie conserve un puits de stabilisation, mais remplace le flotteur par une mesure télémétrique du niveau de l'eau effectuée par un capteur — qui fut d'abordultrasonore, à partir desannées 1980, mais, deux décennies plus tard, fut remplacé par un télémètre radar[38]. La troisième méthode consiste à mesurer lapression : un capteur de pression est fixé sur le sol, sous la limite basse de la marée (il sera donc toujours immergé). La pression, dont on soustrait la pression atmosphérique mesurée en même temps par un second capteur, permet de suivre le niveau de la mer, en mesurant lapression hydrostatique. Cette méthode très précise ne nécessite pas de puits de stabilisation[39].
Unebase de données mondiale, nommée GESLA (Global Extreme Sea Level Analysis) a été établie en2009. Elle a pour but de rassembler des mesures faites au moins une fois par heure, c'est-à-dire assez fréquentes pour mieux décrire les variations de limite des hautes eaux lors de l'évolution dessurcotes et tempêtes[40]. Elle a déjà permis de montrer qu'en 40 ans (entre1970 et2010), l'ampleur et la fréquence des niveaux extrêmes de la mer ont augmenté dans le monde[41] ; dans certaines régions du monde, la hauteur de ce qui constitue une inondation cinquantenaire a augmenté de plus de 10 cm par décennie[42].
LesPays-Bas sont les plus concernés, ce sujet fait partie des priorités nationales depuis plusieurs décennies. Un réseau s'organise peu à peu dans lesannées 2000[43].
En France, en2010, le réseau d'Observatoires du Niveau des Mers (RONIM) comptait 32 marégraphes[44]. Il existe aussi le réseau d’Observation Subantarctique et Antarctique du niveau de la Mer, dont les données sont traitées par leLaboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS)[45].
La couverture géographique des marégraphes, et surtout des plus anciens, n'est pas homogène. Très peu de jeux de données peuvent être utilisés pour des études sur plus de 50 ans. En particulier, il existe un net déséquilibre entre les deux hémisphères : l'hémisphère nord possède environ 90 % des marégraphes de la planète. Nombre d'entre eux fournissent des enregistrements remontant auXIXe siècle (la plus ancienne série de données continue est celle du marégraphe deStockholm, qui remonte à 1825[46]), les marégraphes de l'hémisphère sud sont à la fois moins nombreux et moins anciens[47],[48],[36]. De nouveaux marégraphes ont été ajoutés récemment pour améliorer la couverture géographique[49],[50].
Outre leur répartition géographique limitée, les marégraphes sont vulnérables aux mouvements verticaux du sol sur lequel ils sont construits. Il s'agit des phénomènes desubsidence (tassement vertical du sol), des mouvementstectoniques, et de l'affaissement ou durebond du sol, lorsqu'il est confronté à un changement de la masse de sédiments ou de glace qu'il supporte. De nombreux travaux visent à quantifier et corriger ces biais de mesure[36].
Les satellites chargés de la mesure du niveau de la mer emportent unaltimètreradar travaillant le plus souvent enbande Ku, c'est-à-dire entre 12 et 18 GHz. Cet altimètre est pointé vers lenadir, les données suivent donc latrace au sol du satellite. Le radar envoie des impulsions (quelques centaines de fois par seconde), brèves (de l'ordre de 100 µs) et d'une grandebande passante. La mesure du temps d'aller-retour du signal radar permet de mesurer la distance séparant le satellite de la surface de l'eau[51].
Cette information n'est pas suffisante : il faut aussi connaître l'altitude du satellite lui-même, par rapport à un référentiel terrestre, avec une précision de l'ordre du centimètre. Les satellites sont placés sur uneorbite circulaire, plus stable et plus facile à caractériser. La caractérisation extrêmement précise de l'orbite est obtenue par positionnementGPS, parsystème DORIS qui fonctionne comme un GPS inversé (émetteurs au sol, récepteur sur le satellite), partélémétrie laser, ou par des combinaisons de ces techniques[51]. Pour un satellite comme Topex/Poseidon, la stabilité des hauteurs orbitales sur 4 ans est de 10 mm[52].
L'intérêt scientifique de l'altimétrie satellite radar a été reconnu à partir des années 1960, l'objectif principal étant alors de mesurerla forme de la terre, c'est-à-dire les aspérités du géoïde dues aux anomaliesgravimétriques. Après le succès des premières expériences, la priorité s'est déplacée vers la mesure de l'évolution du niveau de la mer[53]. Il existe aussi des altimètres laser, couramment utilisés pour mesurer la position des masses de glaces, mais qui se sont également révélés applicables aux océans[54].
La succession des satellites d'altimétrie franco-américains.
Les satellites suivants emportent des instruments dédiés à la mesure du niveau de la mer[51],[55].
Les premières expérimentations d'altimétrie radar ont eu lieu à bord deSkylab à partir de1974[56].
Le satelliteSeasat, lancé en 1978, a permis la poursuite des travaux engagés avec Skylab[56].
Geosat de la marine américaine, opérationnel de 1985 à 1990, le premier à fournir des données réellement exploitables.
ERS-1 et ERS-2, satellites européens, dont les missions ont duré, respectivement, de 1991 à 2000 et de 1995 à 2011.
TOPEX/Poseidon (franco-américain), lancé en 1992, a fonctionné jusqu'en 2006[57].
Geosat Follow-On, lancée en 1998, reprend la trace au sol de GEOSAT.
La familleJason : Jason-1 lancé le, a ensuite repris la mission de T/P en suivant la même trace au sol. Jason-2 est lancé en 2008, et Jason-3 en 2016[58].
CryoSat (ESA), lancé en 2010, était destiné à la mesure des inlandsis et des glaciers, mais son altimètre laser se révéla également très utile pour les océans[53].
Sentinel-3, deux satellites européens lancés en 2018 et 2020.
SARAL (franco-indien), lancé en 2013, qui offre une résolution améliorée grâce à son altimètre radar enbande Ka nomméAltika, qui prend la suite de la partie altimétrique de la mission Envisat[61],[62].
Sentinel-6, programme européen comprenant deux satellites. Le premier a été lancé en 2020, le deuxième doit suivre en 2026[63].
Des mesures d'une précision extrême étant nécessaires, de complexes phases de calibration corrigent les potentielles erreurs de mesure. Des algorithmes de traitement des données sont appliqués pour corriger chacune des sources de biais[32].
La traversée de l'ionosphère affecte lavitesse de phase des ondes, en créant un délai qui est fonction du niveau d'ionisation, et varie donc considérablement selon l'heure de la journée, et est aussi affectée par lescycles d'activité du Soleil. Des modèles numériques sont utilisés pour corriger cettedispersion. À partir de Topex-Poséidon, des altimètres bi-fréquences ont été employés, et ont permis la mesure directe de cet effet. Les données ainsi obtenues ont aussi été utilisées pour affiner rétrospectivement les corrections appliquées aux mesures des satellites antérieurs[65].
Latroposphère induit, elle aussi, un délai de propagation. Ce délai se décompose en deux termes. Le terme de « troposphère sèche » est lié aux propriétésdiélectriques de l'air (oxygène,azote,argon), et s'exprime comme fonction d'une seule variable : la pression atmosphérique en surface. Le deuxième terme, lié à la présence d'humidité dans l'air, est bien plus difficile à corriger, surtout pour les régions côtières[66].
L'altimétrie radar subit aussi un biais dû à l'état de la mer : le creux des vagues rétrodiffusant mieux les ondes radar que leur sommet, le niveau d'une mer agitée tend à être sous-estimé (biais qui n'existe pas pour les marégraphes). Des règlesempiriques sont utilisées pour corriger cet effet[67].
En outre, il faut aussi, comme pour les marégraphes, retrancher les sources de variation du niveau de la mer indépendantes de l'évolution à long terme, comme l'effet baromètre inverse, les effets saisonniers, etc.[32].
Les résultats des satellites étant partiellement calibrés sur les résultats des marégraphes, ces deux sources ne sont pas entièrement indépendantes[68]. La calibration des mesures utilise aussi deslacs, dont le niveau ne varie pas sur les courtes périodes de temps : leurs vagues sont minimes ; il n'y a pas d'effet baromètre inverse ni de marées. Le lackirghizeYssyk Koul est devenu un site de référence[69].
Visualisation des anomalies gravimétriques mesurées par GRACE.
Une troisième catégorie d'information est fournie par lagravimétrie spatiale. Cette méthode détermine la répartition de la masse sur la planète grâce à des satellites équipés pour mesurer d'infimes déviations de leur orbite : celle-ci suivrait parfaitement leslois de Kepler si la répartition de masse était homogène, et les écarts par rapport à ces lois permettent de déterminer les inhomogénéités. La missionGravity Recovery and Climate Experiment a commencé en 2002, et de nouveaux satellites ont pris la suite en 2018. Ces satellites mesurent aussi bien l'augmentation de la masse des océans que la diminution équivalente sur les continents, là où les calottes glaciaires se sont amincies. Ces données ont l'intérêt de fournir un premier niveau de séparation des contributions : comme il s'agit d'une mesure de masse, elle est insensible à la dilatation thermique, mais additionne les contributions de la fonte des glaces continentales et des autres effets barystatiques (épuisement des aquifères notamment[72]). Sur la période 2003-2012, l'augmentation de masse d'eau ressortant des données de la mission GRACE correspond, à densité constante, à une élévation de niveau de la mer de 1,5 mm voire 1,8 mm par an, selon les études. Cela confirme que plus de la moitié de l'élévation mesurée est due à une augmentation de masse, le reste étant attribuable à l'effet stérique[73].
Le réchauffement climatique se traduit par une élévation de la température de l'eau des océans, d'où un accroissement de volume pardilatation thermique. Cet effet, correspondant à une augmentation de volume à masse constante, est ditstérique, par opposition à toutes autres contributions qui sont barystatiques, c'est-à-dire représentent une variation de la masse d'eau présente dans les océans[74],[75].
Les océans absorbent 90 % de la chaleur supplémentaire due à l’effet de serre[77]. Lacapacité thermique des océans est environ 1 000 fois supérieure à celle de l'atmosphère, c'est-à-dire que la même quantité dechaleur qui élèverait d'undegré la température de l'atmosphère n'élèverait que d'un millième dedegré celle des océans[78].
Cette dilatation de l’eau est responsable, selon les études de la NASA, d'environ un tiers de l'élévation en cours du niveau de la mer, et d'une élévation de sept millimètres du niveau des océans entre 2003 et 2018[77]. La même proportion est déterminée par la synthèse du GIEC de 2019, d'après laquelle la contribution de la dilatation thermique des océans est de 1,40 mm/an (très probablement entre 1,08 à 1,72 mm/an) entre 2006 et 2015[79].
La température de l'océan évolue avec le climat, mais de façon extrêmement différée : la chaleur ne se diffuse dans les profondeurs océaniques qu'à l'échelle des siècles. Par conséquent, l'élévation du niveau de la mer causée par la dilation thermique de l'eau est, elle aussi, très étalée dans le temps. La prévision de la contribution de la dilatation thermique fait appel à des modèles dedynamique des fluides, appliquant leséquations de Navier-Stokes à l'échelle des océans, et incluant aussi les échanges thermiques entre l'océan et l'atmosphère. LeCMIP6 (Coupled Model Intercomparison, phase 6) met à disposition15 modèles de ce type, mis au point par des équipes de divers pays, ce qui permet aux chercheurs de les confronter[81].
La fonte des glaces flottantes (barrières de glace etbanquises) ne modifie pas le niveau de la mer. En effet, en vertu duprincipe d'Archimède, elles occupent sous laligne de flottaison un volume identique à celui issu de leur fonte. C'est donc la fonte des masses de glace présentes sur les continents qui doit être prise en compte[77],[85].
Les formations de glaces continentales sont catégorisées selon leur taille et leur morphologie. On distingue[86] :
Lesinlandsis : il n'en existe à l'époque actuelle qu'enAntarctique (deux inlandsis distincts) et auGroenland. Ce sont des couvertures de glace à l'échelle de ces masses terrestres, d'une épaisseur comprise généralement entre deux et quatre kilomètres.
Leschamps de glace sont de taille comparable aux calottes, la distinction (quand elle est faite) repose sur le fait qu'un champ de glace est délimité par le relief, quand une calotte recouvre celui-ci.
Lesglaciers de montagne se trouvent dans les chaînes de montagnes suffisamment importantes.
Lesinlandsis d'Antarctique et duGroenland représentent, respectivement, 88,2 et 11,3 % des glaces non-flottantes sur Terre. Les 0,5 % restant correspondent auxglaciers etcalottes glaciaires du reste de la planète (massifs montagneux,Alaska,Islande…). Bien que représentant un faible volume, les glaciers et les calottes participent beaucoup à l'élévation actuelle du niveau de la mer, carils fondent rapidement[87]. La fonte des inlandsis est plus lente. Celle du Groenland durerait 1 500 ans (pour le scenario le plus rapide) et celle de l'Antarctique serait encore plus lente[88].
Si tous les glaciers et calottes glaciaires (hors des régions polaires) fondaient, l'élévation du niveau de la mer serait d'environ 0,32 m[89]. La fonte de l'inlandsis du Groenland produirait 7,2 m d'élévation du niveau, et la fonte de l'inlandsis de l'Antarctique en produirait 61,1 m[88]. L'effondrement du réservoir intérieur immobilisé de l'inlandsis de l'Antarctique Ouest augmenterait le niveau de 5 à 6 m[90].
Des phénomènes derétroaction sont susceptibles de provoquer une accélération de la fonte des glaces[91] :
La rétroaction fonte-albédo : laneige a unalbédo très élevé (jusqu'à 0,9). Ainsi, lorsque la neige fond, laissant la place à de l'eau à l'état liquide, ou, après regel, à de la glace, l'albédo diminue, ce qui accélère la fonte car la température augmente plus rapidement au soleil. C'est une donnée importante pour toutes les formations de glace, des glaciers de montagne aux inlandsis polaires[92],[93].
Dans le cas des inlandsis ou des calottes les plus importantes, il existe aussi une rétroaction altitude-fonte : la fonte de glace se traduit par un amincissement de l'inlandsis. Ainsi, sa surface se retrouve à une altitude plus basse, et donc naturellement exposée à une température de l'air plus élevée[91].
La réduction des surfaces recouverte de neige et de glace tend à augmenter la température atmosphérique au niveau régional, c'est encore un facteur d'accélération de la fonte[94].
Pour les masses de glace situées à proximité de zones industrialisées, un autre facteur accélère la fonte : l'accumulation sur leur surface departicules fines (suies) issues de la pollution des industries et des transports. En diminuant l’albédo de la couche superficielle de neige, les suies accélèrent leur fonte[95].
Malgré leur réserve beaucoup plus faible que celle des inlandsis, ces glaciers sont très importants dans l'évolution du niveau de la mer au cours du siècle écoulé, et dans le futur proche : étant bien plus petits et situés dans des régions où la température peut devenir nettement positive l'été, ils fondent beaucoup plus rapidement que les énormes inlandsis polaires[89].
Un glacier est en permanence en train des'écouler, à une vitesse qui dépend notamment de la pente du terrain. La neige qui tombe sur sa surface, compactée par son propre poids, expulse l'air contenu et s'accumule en glace. La partie la plus basse (zone d'ablation) du glacier perd de la masse par fonte, sublimation et effritement. Lebilan hydraulique annuel du glacier (l'évolution de sa masse) est donc la différence entre la quantité de neige accumulée dans l'année et la quantité de glace perdue par la base du glacier. Il dépend donc à la fois de l'évolution des précipitations et de la vitesse de fonte[100].
Modèle simple d'un glacier alpin.
Pour anticiper la contribution future des glaciers, les chercheurs réalisent des modèles numériques. La figure ci-contre représente un modèle théorique très simplifié d'un glacier alpin. Le glacier est envisagé comme un simpleparallélépipède de glace, à flanc de montagne. Le bilan de masse du glacier est la différence entre l’accumulation et l'ablation (fonte)[101]. Même s'il existe des modèles numériques de ces structures, permettant d'anticiper le bilan de masse d'un glacier en fonction de l'évolution du climat auquel il est exposé, tous les glaciers ne sont pas modélisés individuellement, étant donné leur nombre. L'approche habituelle consiste à modéliser une petite population de glaciers, et à extrapoler les résultats à l'ensemble d'entre eux en utilisant des règles de mise à l'échelle et dépendance au climat[102].
Vue satellite de l'Islande avec ses calottes glaciaires.
Les calottes glaciaires et champs de glace contribueront pour à peu près autant que les glaciers de montagne mais leur fonte sera trois fois plus lente[103].
La différence entre la quantité de glace entrante et sortante est appelée lebilan de masse. L'évaluation précise de ce bilan est un enjeu majeur car c'est lui qui contribue aux variations du niveau de la mer[104].
Trois méthodes complémentaires permettent d'évaluer le changement de masse desinlandsis :
Des satellites mesurent l'altitude des glaces. Ils peuvent utiliser des altimètres radars proches de ceux qui surveillent le niveau de la mer (comme pour le programme européenCryoSat), soit desaltimètres laser (cas du programme américainICESat)[105].
D'autres satellites, commeGRACE, mesurent l'anomalie gravimétrique à la verticale des inlandsis, ce qui fournit une évaluation de leur masse[106].
La troisième méthode consiste à estimer directement les flux entrants et sortants, en se basant notamment sur la vitesse de glissement des glaces et la mesure des précipitations[107].
La figure ci-contre donne une série de projections sur un millénaire concernant l'inlandsis du Groenland. La colonne de gauche représente une série de scénarios dans laquelle le réchauffement climatique est arrêté (ce qui en première approximation correspond à un arrêt desémissions) à tel ou tel point dans le futur. Dans la colonne de droite, les scénarios prévoient un retour des températures au niveau de celles duXXe siècle, ce qui impliquerait des efforts gigantesques degéoingénierie. Les graphiques de la première ligne donnent l'évolution des températures (régionales, au niveau du Groenland, et non globales) dans chaque scénario. La deuxième ligne donne la contribution cumulée de la fonte de l'inlandsis groenlandais, en mètres, dans chaque scénario. La troisième ligne donne le rythme de cette contribution. Ces projections sont obtenues par un modèle numérique de l'inlandsis, elles sont extraites d'une publication de Applegateet al.[108].
La fonte de l'Antarctique a peu contribué jusqu'ici (moins de 10 %) à l'élévation du niveau de la mer, et n'y contribuera pas de façon très importante dans un futur proche, mais elle constitue la plus importante inconnue à moyen et long terme[111]. Selon leRapport spécial du GIEC sur les conséquences d'un réchauffement planétaire de 1,5 °C, il n'existe pas en 2019 de consensus scientifique sur le niveau de réchauffement à partir duquel l'inlandsis antarctique commencera à se désintégrer. Les différences entre les modèles sont très importantes, plus que pour les autres contributions[112].
À côté de ces deux causes principales que sont la fonte des glaces et la dilatation thermique, d'autres phénomènes, qui n'ont pas tous de lien direct avec le réchauffement climatique, contribuent aussi à l'élévation des océans, comme l’exploitation des aquifères terrestres.
De nombreuxaquifères dans le monde sont exploités au-delà de leur capacité de renouvellement, ou ne se renouvellent pas du tout (eau fossile). Cette surexploitation des ressources d'eau souterraine contribue à l'élévation du niveau de la mer, en transférant de l'eau vers l'océan. Une étude de 2011 s'est attachée à quantifier cette contribution : il en ressort qu'au cours desannées 2000, 145 km3 d'eau ont ainsi été ajoutés annuellement à l'océan de cette façon, contribuant pour 13 % à la hausse observée du niveau des océans[113]. La surexploitation des ressources d'eau souterraine est une réalité mondiale, mais elle est particulièrement importante en Inde et au Moyen-Orient, où l'agriculture est largementirriguée par ce moyen[114].
La régression de mers et lacsendoréiques contribue également à élever le niveau de la mer. Lamer Caspienne étant la plus grande mer fermée, sa contribution est la plus sensible. Son niveau, après une période de montée à la fin duXXe siècle, a perdu 1,5 m de1996 à2015. Si l'évolution historique du niveau de la mer Caspienne est assez erratique, dans le futur proche, la baisse devrait continuer[116]. Une baisse comprise entre 9 et 18 m est anticipée d'ici la fin duXXIe siècle. La surface de la mer Caspienne étant 3 700 fois plus petite que celle de l'océan global, une baisse d'un mètre du niveau de la mer Caspienne correspond à une élévation de 0,27 mm du niveau de la mer, ce qui reste une contribution assez minime[117].
La baisse du niveau dulac Tchad et de lamer d'Aral a aussi contribué, de façon marginale, à l'élévation du niveau de la mer[118]. De façon générale, les régions endoréiques tendent à s'assécher, même si celles d'Afrique australe et orientale font exception. Entre 2002 et 2016, elles ont perdu plus de cent milliards de tonnes d'eau par an[119].
Plusieurs effets touchant à l'état et à l'affectation des sols se répercutent sur le niveau de la mer.
Ladéforestation est une des causes du réchauffement climatique, et donc de l'élévation du niveau de la mer que celui-ci cause via la dilatation thermique et la fonte des glaciers : ledioxyde de carbone relargué par la déforestation représente12 % des émissions anthropiques degaz à effet de serre[120]. La déforestation a aussi un impact plus direct sur le niveau de la mer, par d'autres mécanismes. L'eau contenue dans labiomasse forestière est libérée lorsque les forêts sont détruites et elle finit par rejoindre les océans. Leruissellement de l'eau et l'érosion du sol sont souvent accrus par la déforestation. Une estimation haute de ces contributions est de 0,035 mm par an, soit de l'ordre de 1 % de l'élévation du niveau de la mer au cours des années 2010[118],[121].
La désertification entraîne une réduction de la quantité d'eau présente dans le sol, elle réduit donc le stock d'eau des continents au profit de celui de l'océan. En 1994, Shahagian propose ce calcul d'ordre de grandeur : si, en 35 ans, le Sahara a avancé sur un million de kilomètres carrés dans la bandesahelienne, en réduisant de2 % à pratiquement zéro la teneur en eau du sol sur 5 m de profondeur, alors une élévation de 0,28 mm de la mer en a résulté[121].
L'érosion des sols contribue également à l'élévation du niveau de la mer. D'une part, en diminuant le stock d'eau présente dans les sols et, d'autre part, en produisant des sédiments. Environ60 milliards de tonnes desols sont érodés par an, dont25 milliards finissent par sesédimenter au fond des océans. L'espace ainsi occupé fait monter d'autant le niveau de la mer[123]. Le rapport d'évaluation 2011 du GIEC mentionne cet effet sans le quantifier[124].
La prévision de l'évolution future du niveau a fait l'objet d'environ 70 études publiées entre le début desannées 1980 et2018, sans qu'unconsensus ne se dégage réellement sur les valeurs d'élévation anticipées[129], d'où la largeur des gammes d'élévation prévues dans les rapports duGIEC. L'incertitude porte principalement sur l'évolution à long terme des inlandsis du Groenland et d'Antarctique.LeGIEC réalise des synthèses régulières des connaissances scientifiques sur l'évolution de climat et des océans.
Deux familles de méthodes sont utilisées pour calculer l'évolution future du niveau de la mer. Une première comprend les méthodessemi empiriques qui consistent à définir, à partir des données du passé, une loi reliant la variation du niveau de la mer à une ou plusieurs variables explicatives (comme la température ou sadérivée), et utiliser cette loi pour les projections à l'échéance de plusieurs décennies[129]. L'autre grande famille de méthodes consiste àmodéliser les contributions de chaque phénomène à l'évolution au niveau de la mer : glaciers, inlandsis et dilatation thermique notamment. De nombreuses études cumulent ces méthodes, en s'appuyant par exemple sur une méthode statistique pour les inlandsis, mais sur un modèle de processus pour l'effet stérique[129].
Les méthodes semi-empiriques reposent sur l'utilisation des données historiques pour établir une relation entre la fonction étudiée (ici, l'élévation du niveau de la mer) et une ou plusieurs variables explicatives.En2007,Stefan Rahmstorf publie par exemple la méthode semi-empirique suivante[130]. Il est considéré qu'à une modification soudaine à la date de la température de surface (de typefonction échelon), le niveau de la mer réagit sous formeexponentielle :
où est la variationfinale du niveau de la mer, fonction de la variation de température appliquée. Laconstante de temps est de plusieurs siècles. Ainsi, à« court terme », c'est-à-dire sur un ou deux siècles, la fonction, réponse à un échelon en température, peut être approximée par unefonction affine. En généralisant à une variation de température quelconque, et non une fonction échelon, il apparaît que, à court terme, la variation annuelle du niveau de la mer est proportionnelle au changement cumulé de température de surface :
étant la température de surface pré-industrielle, Rahmstorf choisit1880 comme point de départ. Le coefficient estajusté selon les données historiques, la valeur obtenue est de 3,4 mm par an et par degré Celsius[130].
L'autre approche consiste à modéliser numériquement les contributions à l'élévation du niveau de la mer en réponse au réchauffement climatique, et à les sommer. Au vu des très grandes périodes de temps à prendre en considération, la démarche est, de façon simplifiée, divisée en deux étapes. D'une part, on cherche à déterminer la variation de niveau de la mer« ultime » pour un réchauffement climatique donné, par exemple deux degrés : c'est-à-dire la valeur obtenue à l'équilibre, lorsque les masses de glace seront à nouveau stables, et que la température des océans n'augmentera plus. Cette valeur n'est atteinte qu'après des millénaires. D'autre part, il s'agit d'évaluer la vitesse d'élévation, autrement dit le rythme auquel la valeur finale sera approchée[131].
Changement dans l'élévation du niveau des océans historique (en noir, jusqu'en 2020) et projections pour lesdifférents scénarios retenus par lesixième rapport d'évaluation du GIEC. Les fourchettesprobables sont indiquées pour les scénarios SSP1-2.6 et SSP3-7.0. La courbe en pointillé correspond au83epercentile du scénario SSP5-8.5, qui intègre des processus d'instabilité des inlandsis.
Effets et enjeux de l'élévation du niveau de la mer
Larègle de Bruun(en) publiée en1962 est la première estimation quantitative du recul du trait de côte sur une plage sableuse en raison de l'élévation du niveau de la mer. Lorsque le niveau de la mer s'élève deS, l'érosion côtière modifie la distribution du sable, jusqu'à ce que soit atteint un nouvel équilibre avec un retrait R[134] :
où
R est le recul du trait de côte
S est la variation du niveau de la mer
L est la longueur horizontale de la zone affectée par le transport de sable (du sommet des dunes à la profondeur de fermeture)
h est la profondeur de fermeture (limite du transport de sédiments)[135],[136]
B est la hauteur des dunes
β est la pente du profil actif.
Cette règle a été peu à peu remise en cause, les études successives montrant qu'elle ne peut donner qu'une approche qualitative, car elle ignore trop d'aspects : elle ignore le transport de sable dans l'axe de la côte, elle suppose un « budget » de sédiment fermé localement, etc.[137].
Le recul du trait de côte pourrait avoir un effet collatéral en matière dedroit de la mer. Leseaux territoriales et leszones économiques exclusives étant calculées à partir du trait de côte, un recul significatif de celui-ci pourrait, à certains endroits, donner naissance à des contestations de frontières maritimes entre pays voisins[138].
Sur la base des projections du rapport TRE du GIEC (IPCC TAR) WG II, il est attendu que les changements actuel et futur du climat aient divers effets sur les systèmes côtiers[141], incluant uneérosion côtière accélérée, une augmentation de la fréquence et de l'ampleur desinondations, des invasions marines dues aux tempêtes, des changements dans les caractéristiques et dans la qualité des eaux de surface et deseaux souterraines (salinisation), davantage de destruction depropriétés et d'habitatslittoraux, des pertes de ressources et de valeursculturelles et sociales, le déclin de la qualité des sols, des pertes économiques (agriculture,aquaculture,tourisme,loisirs) et enfin des pertes liées aux services detransport (les littoraux sont souvent bordés d'infrastructures importantes ou vitales pour les transports nationaux). Des pertes humaines potentielles font également partie des impacts cités par le GIEC[9].
Dans le monde, de nombreuses régions littorales ont commencé à consolider ou à rehausser leurs digues, à redimensionner leurs systèmes d'écluses ou de protection, sans néanmoins qu'il y ait de consensus sur la hauteur du risque à envisager ou sur les dates butoirs[142].
Ce n'est pas la hauteur moyenne, mais les maxima qu'il faut prendre en compte, ce qui nécessite d'intégrer les combinaisons possibles de facteurs d'amplification que sont les tempêtes, les dépressions et les crues, voire le risque detsunami. LaFlandre belge a, par exemple, décidé de prendre en compte le risque de surcote marine lié à une tempête « millénaire » dans son plan de protection des côtes mis en place par l’État et les dixcommunes côtières concernées. En effet, selon les modélisations, sans renforcement des digues et du cordon dunaire sur au moins un tiers du littoral belge, presque toute la côte ainsi que les villes situées à l'arrière des dunes et dans les polders seraient inondées, jusqu'àBruges[143].
Les modèles projettent des différences régionales et locales importantes dans les changements relatifs du niveau marin. Les impacts varieront aussi selon les capacités derésilience écologique desécosystèmes et donc selon les zones biogéographiques et leur état de santé. Des changements floristiques, fauniques, trophiques et de biomasse sont déjà observés, mais leurs causes sont difficiles à démêler (le réchauffement ou des perturbations induites par lasurpêche sont probablement aussi en cause). La biodiversité et la biomasse des zonesintertidales moyenne et basse, qui sont les plus riches, pourraient être affectées si l'eau monte trop rapidement[145].
Lasubsidence, c'est-à-dire le tassement de la surface terrestre, est, pour nombre de villes et régions côtières, un facteur aggravant, qui s'additionne à la montée de la mer pour augmenter le risque d'inondation. La subsidence est due à l'extraction des réserves d'eau souterraine, mais aussi parfois de gaz et de pétrole, et au poids des constructions. Ce phénomène touche surtout de grandes villes asiatiques. La situation deBangkok, ville extrêmement basse en altitude dont le sol s'enfonce de un à deux centimètres par an, est particulièrement préoccupante[148].Tokyo,Osaka,Manille,Hanoï,Jakarta sont des exemples de métropoles asiatiques particulièrement concernées par cet effet[149]. En Europe,Venise est un exemple de ville concernée[150]. Outre la menace de submersion de villes, c'est aussi une cause de perte de terres agricoles, par exemple, dans ledelta du Mékong[151].
Le phénomène inverse à la subsidence s'observe également et consiste en lasurrection des terres, ce qui peut compenser tout ou partie de l'élévation des mers. Elle peut avoir diverses causes. La première est le rebond isostatique à la suite de la fonte de masses de glace. C'est ce qui s'observe actuellement enScandinavie où lamer Baltique recule par rapport aux terres de plus de 4 mm/an[152] ou encore enIslande[153].
Les zones depolder comptent parmi les plus vulnérables. Dans certains cas (Pays-Bas), des polders sont rendus à la mer ou vont l'être. En cas de recul des nappes d'eau douce, l'avancée d'unbiseau salé sous une digue ou un cordon dunaire est possible. Les régions de polders et de marais sont particulièrement exposées car leur altitude est très voisine du niveau moyen de la mer. Si l’augmentation de la profondeur d'eau à l’extérieur des digues n’est pas compensée par une sédimentation équivalente celle-ci provoque une diminution de laréfraction des vagues, ce qui entraîne une énergie plus grande libérée sur le littoral et une vulnérabilité accrue des ouvrages de défense contre la mer. Par ailleurs, une plus grande profondeur peut entraîner une modification de direction des courants marins, ce qui soumet le tapis végétal à une plus longue durée de submersion et à une salinité plus élevée, causant son appauvrissement[155].
En plein essor depuis lesannées 1980, de nouvelles formes de gestion du littoral axées sur la dépoldérisation développent une politique défensive face à la mer. Ce mouvement consiste à rendre à la mer les étendues de terre qui avaient été gagnées sur l’eau. La dépoldérisation permet de se défendre contre la mer sans dommages environnementaux et participe même à reconstituer des milieux naturels. Dépoldériser entraîne une modification du milieu par resalinisation de celui-ci et permet la reconstitution d’un écosystème maritime composé deslikke (vasière) et deschorre (pré salé). Sa végétationhalophile dense et épaisse est un frein à la pénétration de la mer puisqu’elle contribue à l’accumulation des sédiments[156].
Les aménagements humains pour protéger l'habitat de la mer influent sur les prix immobiliers et le consentement à payer ; ainsi, dans une étude concernant les localités côtières duSchleswig-Holstein enAllemagne, les prix des loyers semblent évoluer selon le niveau de sécurité ressenti lié à la présence de digues[157].
Le GIEC suggère dans un rapport de 2006 que lesdeltas et les petits États insulaires constitués d'îles basses pourraient être particulièrement vulnérables à la montée des mers[158].
Dans les années 2000, la perte d'une partie des terres des nations insulaires desTuvalu et duVanuatu a d'abord été attribuée à tort par certains articles de presse à la seule montée des mers, mais des articles scientifiques publiés par la suite suggèrent que cette perte résulte de l'érosion induite par la série de cyclones Gavin, Hina et Keli de 1997[159],[160] et que l'élévation du niveau de la mer se combine avec des phénomènes tectoniques complexes[161].
À ce jour[Quand ?], les changements de niveau marin n'ont pas encore causé de graves pertes environnementales, humanitaires ou économiques dans les États insulaires. Une étude scientifique publiée en 2017 et portant sur plusieurs centaines d'atolls ne trouve pas de lien entre élévation du niveau de la mer et disparition des îles basses sur une période de50 ans. Selon les archipels, entre 19 % et 39 % voient leur surface augmenter, et entre 8 % et 18 % voient leur surface diminuer. Les îles dont la superficie régresse sont souvent les plus anthropisées, comme c'est le cas auxMaldives, l'archipel le plus touché. Construction de digues qui bloquent les flux de sédiments, remblayages sur le littoral, extraction de sable, contrecarrent l'adaptation naturelle des îles au niveau marin[162].
Pour éviter un afflux supplémentaire deréfugiés climatiques, diverses options ont été proposées pour aider les nations insulaires à s'adapter à l'élévation du niveau marin et à des tempêtes plus fréquentes ou plus graves[163].
Certainsaquifères côtiers communiquent avec l'océan, ce qui est matérialisé par l'existence d'exsurgences sous-marines. Lorsque le niveau de l'aquifère baisse, notamment par surexploitation, des intrusions d'eau de mer peuvent se produire, augmentant lasalinité de l'aquifère et rendant potentiellement son eau inutilisable pour la consommation humaine ou l'agriculture. L'élévation du niveau de la mer augmente ce risque. Il est mal connu et doit être évalué au cas par cas. C'est une menace sérieuse car ce phénomène peut concerner les aquifères qui alimentent en eau douce des régions côtières très peuplées[164].
Les populations exposées à une élévation du niveau de la mer qui submergerait les côtes habitées sont obligées de migrer pour échapper à leur position vulnérable. AuBangladesh, deux types de migrations peuvent être mises en évidence : premièrement, la migration interne qui pousse les habitants ruraux à se déplacer vers la région urbaine et, deuxièmement, la migration internationale qui a surtout lieu vers l'Inde[167].The State of Environmental Migration 2011 a publié un tableau concernant la présence des migrants bangladais dans différents États indiens[166] :
AuNigeria, la migration de la population se limite au déplacement interne, population composée de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays qui ont été forcées à fuir leur lieu de résidence habituel, notamment en raison de catastrophes naturelles[168]. Mais le changement climatique est vécu de manière très différente selon les régions et les catégories sociales concernées, car la vulnérabilité à l’égard de l’environnement est le résultat des facteurs socio-économiques et géographiques spécifiques qui façonnent chaque société[169]. C’est ainsi que certains pays, pourtant très exposés à l’élévation de la mer, parviennent à développer des programmes et infrastructures de défense efficaces face à cette menace. Se situant dans la partie du monde où les ressources financières sont les plus élevées, les Pays-Bas ont développé depuis la fin duXXe siècle différentes techniques de protection devant cet enjeu climatique majeur. Aujourd’hui, la population néerlandaise n’est plus en permanence directement menacée par les inondations susceptibles de provoquer des migrations[170].
Le phénomène des migrations climatiques est susceptible de causer des conflits dans des régions déjà instables de la planète. Ainsi, au Bangladesh, des conflits externes ont explosé à cause de la migration élevée vers l'Inde qui aggrave la concurrence pour l’accaparement de ressources déjà rares. Cette concurrence entraîne le déclenchement de tensions ethniques à la frontière et à l’intérieur du pays[171].
Stratégies d'adaptation aux changements climatiques pour diminuer les risques face à l'élévation du niveau marin pour les communautés côtières : ➀ pas de réponse ; ② protection avancée ; ③ ajustement ; ④ avancée ; ⑤retrait ; ⑥adaptation basée sur les écosystèmes[172].
Carte des territoires menacés en cas d'élévation de la mer de 6 m.
La montée de la mer aura des effets différents et ne se fera pas à la même vitesse partout. De plus, au fur et à mesure de la submersion, l'érosion ou l'apparition de nouveauxcordons dunaires pourront modifier le trait de côte. Cartographier le futur trait de côte et son évolution relève encore du domaine de laprospective et de ses incertitudes[173].
Enfin, de nombreuses méthodes et représentations visuelles du risque de submersion existent[174] et leur précision dépend de celle du modèle numérique de terrain, mais pas uniquement, il faut également tenir compte des rééquilibrages eustatiques et isostatiques. Il existe des sites calculant en ligne dans le monde les zones submergées en fonction la hauteur de la mer selon le MNT (modèle numérique de terrain)[175].
Néanmoins, les cartes basées simplement sur l'altitude (supposant, par exemple, que, avec deux mètres d'élévation de la mer, les terrains situés à moins de deux mètres d'altitude seront inondés) constituent une base illustrative, mais ne suffisent pas à évaluer précisément les risques. L'évaluation du risque d'inondation est beaucoup plus compliquée, car elle doit prendre en compte non pas la moyenne, mais le maximum possible du niveau de la mer (tenant compte des effets périodiques régionaux, du risque d'onde de tempête, etc.), la subsidence, et l'érosion ou lasédimentation du littoral. Une cartographie précise des zones à risques est un préalable à l'établissement de politiques d'adaptation[176].
En matière de politique d'urbanisme et d'infrastructure, on distingue au moins trois types de politiques d'adaptation : défense, accommodation et retraite. Ladéfense consiste à lutter contre le retrait du trait de côte, par exemple, en construisant desdigues. L’accommodation revient à accepter certaines conséquences de l'élévation du niveau de la mer, par exemple, en adaptant les bâtiments et les infrastructures pour supporter sans trop de dommages des inondations lors des ondes de tempête. Laretraite est le fait d'abandonner des zones vouées à l'inondation[177].
Le GIEC ajoute deux autres catégories : l'avance, qui consiste à gagner des territoires sur la mer, et l’adaptation basée sur les écosystèmes, qui consiste à restaurer ou à développer des écosystèmes (comme les récifs coralliens) capables de fournir une protection[9].
Plusieurs pays (ou juridictions) ont adopté des politiques en matière d'urbanisme et d'infrastructure qui prennent en compte l'élévation du niveau de la mer.
L'Union européenne a produit une directive[178] sur les inondations, incluant la préparation à l'aléa de submersion marine (« inondations par la mer des zones côtières »).
EnNouvelle-Zélande, depuis 2010, toutes les nouvelles constructions doivent prendre en compte une élévation du niveau de la mer prévisible évaluée à un mètre[179].
LaFloride a adopté en 2021 une loi rendant obligatoire la prise en compte de l'élévation du niveau de la mer prévue à l'échéance de50 ans, pour tout projet de construction côtière à financement public[180].
Les risques de submersion marine liés auxondes de tempête, risques accrus par l'élévation du niveau de la mer, font l'objet de mesures de prévention de plusieurs ordres. On peut regrouper les aménagements destinés à prévenir ce risque en trois catégories[181] :
les travaux « en dur » : barrages, digues etc., qui représentent uneartificialisation supplémentaire du littoral ;
lareconstruction localisée pour empêcher le recul du trait de côte ;
la méthode dumoteur de sable, expérimentée aux Pays-Bas, qui consiste à laisser les courants distribuer le sable.
Les abords deCotonou, auBénin, ont fait l'objet d'une expérience réussie de protection du littoral. La construction de digues en épis a permis de réduire l'énergie des vagues. La déposition de sable est redevenue supérieure à l'érosion, et la plage, qui reculait très rapidement, progresse à nouveau[182].
Le retrait consiste à abandonner des territoires voués à l'inondation. Ce choix représente de considérables difficultés humaines et politiques, puisqu'il revient à organiser l'abandon par les habitants de leur milieu de vie[184]. Il existe aussi de complexes questions juridiques. Dans quasiment tous les systèmes juridiques, les sols situés sous la mer échappent à lapropriété privée : ainsi les propriétaires fonciers des zones submergées sont exposés à voir leur propriété disparaître purement et simplement, sans compensation. En pratique cependant, le phénomène étant progressif et prévisible, les propriétés concernées devraient voir leur valeur se déprécier graduellement[185],[186].
L'Isle à Jean Charles, une île au large de laLouisiane, a fait l'objet d'une telle stratégie. L'île est vouée à la disparition, une forte érosion locale accélérant l'effet de l'élévation du niveau de la mer. La petite communauté d'origineamérindienne qui l'habitait s'est vu proposer en 2016 une relocalisation vers une zone à l'intérieur des côtes, avec un financement fédéral. Cette opération, première du genre, a été beaucoup étudiée comme cas d'école[187].
Différentes propositions ont été formulées en matière de géoingénierie : d'une part, celles visant à ralentir, de façon générale, le réchauffement climatique, d'autre part, celles visant à agir plus spécifiquement sur le niveau de la mer, par exemple en freinant la perte de masse des glaciers[188].
De nombreuses idées visant à freiner le réchauffement climatique par une intervention humaine ont été proposées : ensemencement des océans, action sur l'albédo, réflecteurs solaires en orbite,aérosols, etc. Pour compenser l'effet climatique d'un doublement du taux de CO2 atmosphérique, il faudrait réduire de 4 W m−2 leforçage radiatif[188].
Un moyen d'obtenir ce résultat serait l'injection desulfates, sous formeaérosol, dans lastratosphère : c'est le processus qui est à l'origine de l'hiver volcanique suivant les plus importanteséruptions pliniennes. Les aérosols de sulfates ont une durée de vie assez courte, ils devraient donc être renouvelés en permanence. Pour obtenir le chiffre de 4 W m−2, il faudrait relâcher dans la stratosphère 10 à 20 millions de tonnes de sulfates par an (soit l'équivalent de l'éruption du Pinatubo en 1991 tous les 1 à 2 ans). Dans un scénario de réchauffement climatique modéré (RCP4.5), un tel largage de sulfates pourrait quasiment arrêter l'élévation du niveau de la mer. En revanche, dans un scénario de très fort réchauffement (RCP8.5), il n'offre qu'un délai, de l'ordre de 80 ans[188]. D'autres études ont néanmoins pointé un effet contre-productif possible : réduire artificiellement l'ensoleillement diminue l'évaporation et donc les précipitations. En plus d'augmenter la fréquence des sécheresses, cela pourrait freiner l'accumulation de glace sur les inlandsis[189].
Une autre proposition consiste à déployer des miroirs en orbite, afin de réduire le rayonnement solaire atteignant la Terre. Pour obtenir le même chiffre de 4 W m−2, il faudrait mettre sur orbite environ 20 millions de tonnes[188]. Les démarches dereboisement, même si elles ont des effets positifs sur d'autres critères, ne semblent pas en mesure de ralentir sensiblement l'élévation du niveau de la mer[188].
Partant du constat qu'une partie importante de l'élévation du niveau de la mer prévue dans les prochaines décennies vient d'un petit nombre de champs de glace bien localisés, plusieurs auteurs ont proposé d'entreprendre des travaux à grande échelle pour ralentir leur fissuration et leur glissement vers la mer, et pour stabiliser ou augmenter leur masse[190].
Une famille de propositions se base sur l'idée d'augmenter l'albédo de la surface de laneige ou de la glace, afin de ralentir sa fonte, et de permettre éventuellement une accumulation d'une année sur l'autre. Une petite expérimentation a été menée sur un lac duMinnesota en 2016 : la fonte de la couche de glace a été ralentie par l'utilisation de microbilles de verre[191]. Dans lesAlpesitaliennes, des bâches blanches sont installées chaque été depuis 2008 sur leglacier de Presena, à la fois pour augmenter l'albédo et pour réduire les échanges thermiques avec l'air ambiant[192]. Il a aussi été proposé de retirer la surface « sale » (débris naturel ou pollution) de certains glaciers (éventuellement pour en faire des talus freinant l'érosion éolienne), ou de la recouvrir d'une couche de neige artificielle, là aussi pour augmenter l'albedo et ralentir la fonte[190].
Une autre piste proposée est d'appliquer le principe d'ensemencement des nuages l'hiver au-dessus des zones les plus froides du Groenland et de l'Antarctique, afin d'y augmenter les précipitations et donc l'accumulation de glace, renforçant certains glaciers[190]. Diverses solutions ont été proposées pour freiner mécaniquement le glissement des glaciers vers la mer : construction d'ancrages en béton, utilisation de chaînes ou de câbles d'acier, murs s'opposant auvêlage[193].
Enfin, d'autres propositions consistent à cibler la couche d'eau liquide séparant les glaciers des substrats rocheux (qui permet le glissement des glaciers vers la mer), par exemple, en pompant l'eau via un forage, ou en la réfrigérant sur place[190].
Il a aussi été proposé d'appliquer laséquestration du dioxyde de carbone dans des zones côtières touchées par la subsidence. Ce procédé aurait à la fois un rôle global (réduire les émissions de CO2 par le stockage souterrain) et un rôle local : annuler ou renverser la subsidence du sol. Lalagune de Venise est une cible potentielle[196].
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