LesGrecs anciens nommaient le pays du Nil « Αἴγυπτος » issu de « Ai gyp path, la demeure du dieuPtah »[6]. Ce nom dériverait du termeégyptien Hut-Ka-Ptah (ou ḥwt kȝ ptḥ, « demeure du Ka de Ptah »), désignant le temple de Ptah àMemphis, qui était un centre religieux majeur. Le mot grec passa ensuite enlatin sous la forme Aegyptus, avant de devenir le français moderne « Égypte »[7].
Le nom arabe et actuel de l’Égypte,مِصر (miṣr), est aussi un nom commun qui signifie « métropole ».Cette racine est attestée enakkadien sous la forme𒈪𒄑𒊑𒄿 (miṣru) et enhébreu biblique dansמִצְרַיִם (Miṣrayim), littéralement « les deux Égypte », en référence à laHaute et à laBasse-Égypte. Enarabe classique, le terme en est venu à désigner spécifiquement l’Égypte, tandis que dans l’usage dialectal contemporain la forme Maṣr est restée le nom courant du pays.[réf. nécessaire]
Dans l’Égypte antique, le pays était désigné sous le nom dekm.t (translittéré « Kemet »), littéralement « la noire », en référence à la fertilité des terres noires du limon duNil, par opposition àdšr.t (translittéré « Deshret », « le jaune/rouge ») qui rappelle la couleur du désert[8].
L'orogenèse panafricaine apparaît comme un épisode majeur de l'histoire géologique de l'Égypte(en). Alors que la région était un bassin océanique actif entre 800 et 550 Ma, cette orogenèse datée vers 550 Ma correspond à la mise en place de ceinturesorogéniques plissées, issues de la collision decratons. Les ceintures entourant les cratons forment lachaîne panafricaine qui est aplanie vers 500 Ma : lesgrès nubiens(en) d'origine deltaïque ou littorale qui se déposent dans lebassin de Nubie proviennent de l'érosion massive et prolongée de cette chaîne par les eaux de ruissellement. Durant leMésozoïque, lesocle est recouvert deformations sédimentaires sablo-calcaires qui traduisent des cycles de transgression-régression marines (notamment au Crétacé avec des formations de calcaires qui dominent le sud-ouest dudésert occidental et de craie qui façonnent les paysages dudésert blanc). Les calcaires de l'éocène se retrouvent dans le nord-est du désert occidental[10].
Devenue sensiblement plus humide depuis la construction duhaut barrage, laHaute-Égypte ignorait pratiquement la pluie dans l’Antiquité, au point que celle-ci apparaissait comme un présage, en général funeste, aux yeux de ses habitants.
Ledelta du Nil et surtout le cordon littoral connaissent une moins grande sécheresse. Pendant l’hiver, de violentes ondées transforment la région en marécages, mais ces précipitations restent encore assez rares (la moyenne au Caire est de six jours de pluie par an). Alexandrie est la ville égyptienne qui reçoit le plus de précipitations, environ 19 cm/an, tandis qu'Assouan ne reçoit qu'environ 10 mm tous les cinq ans.
En été, la température est élevée, mais le soir une brise régulière du nord rafraîchit l’atmosphère ; cette chaleur sèche est en fait plus supportable qu’une chaleur humide.
Ce grand soleil, cette chaleur sèche n’ont pas été sans influer sur les mœurs desanciens Égyptiens : le besoin de vêtements ne se faisait guère sentir, mais la perruque était utile pour se protéger des rayons du soleil ; les bains et les soins de la toilette rafraîchissante l’épiderme, tandis que les fards, les cosmétiques, les parfums protégeaient la peau et les yeux de la réverbération solaire, et masquaient l’odeur de la transpiration.
C’est aussi pour recueillir quelque fraîcheur que l’on construisait en briques épaisses, que l’on travaillait sous les vérandas et que les gens aisés édifiaient leurs demeures dans la verdure des jardins.
L'Égypte compte environ quatre-cent-trente espèces d'oiseaux et une centaine demammifères, au nombre desquels lesdromadaires[N 2], lesânes et lesgazelles, etc. On comptait autrefois une grande variété de grands mammifères (léopards,oryx,hyènes,lynx du désert, etc.), aujourd'hui anéantis par la chasse. Très à leur aise, en revanche, trente-quatre espèces deserpents, desscorpions et quelquescrocodiles vivent près d'Assouan.
Méhémet Ali, qui règne jusqu'en 1848, apparaît comme un grand réformateur du pays. Il modernise les structures, utilisant l’État pour mettre en œuvre une révolution industrielle. Il constitue des monopoles d’État, achète des machines textiles modernes en Europe, fait construire deshauts fourneaux et desaciéries, confisque les terres des propriétaires mamelouks et y fait cultiver des denrées destinées à l'exportation. En 1830, l'Égypte occupe le cinquième rang mondial pour les broches à filer le coton par têtes d’habitant. Certaines puissances européennes (Grande-Bretagne,Prusse,Russie etAutriche) s'inquiètent de son influence et décident de lui faire la guerre. LaGrande-Bretagne et l'Autriche envoient des troupes pour aider le sultan ottoman à rétablir son autorité sur certains territoires, bombardant les ports libanais contrôlés par les Égyptiens et faisant débarquer des troupes en Syrie. En 1840, Méhémet Ali doit ainsi céder le contrôle de la Syrie lors dutraité de Londres[12]. L’Égypte fut également contrainte de licencier son armée, de démanteler ses monopoles et d'accepter une politique de libre-échange imposée par les Britanniques et qui provoqua sa désindustrialisation.Lord Palmerston admettait avec un certain cynisme :« La soumission de Mohammed Ali à l'Angleterre […] pourrait paraitre injuste et partiale, mais nous sommes partiaux ; et les intérêts supérieures de l'Europe requièrent que nous le soyons[13]. »
Les successeurs de Méhémet Ali, dont la semi-indépendance est reconnue en 1867 avec le titre dekhédive, tombent sous la dépendance des institutions financières européennes et, après larévolte nationaliste du colonelAhmed Urabi, l'Égypte estconquise par l'Empire britannique après une courteguerre en 1882 tout en restant nominalement ottomane. Lors de laguerre des mahdistes entre 1881 et 1899, les troupes anglo-égyptiennes affrontent lesMahdistes qui se sont emparés duSoudan : leur victoire fait naître unSoudan anglo-égyptien dominé de fait par les Britanniques[14]. Entre 1914 et 1919, la Grande-Bretagne va tenter de faire de l'Égypte une colonie, considérant que le simple protectorat pourrait à terme remettre en cause les intérêts britanniques si les nationalistes arabes arrivaient à faire changer le statut du pays sous tutelle[réf. nécessaire].
Leroyaume d'Égypte accède à l'indépendance en 1922. En dépit d'une longue tutelleottomane puisbritannique, sa culture reste encore fortement marquée par l'identité arabe, dont le présidentGamal Abdel Nasser fut l'un des plus célèbres pionniers. Un acte fort dunassérisme, une idéologiepanarabe révolutionnaire, est ainsi l'union entre 1958 et 1961 de l'Égypte et de la Syrie sous l'entitéRépublique arabe unie. Le gouvernement de Nasser entreprend de moderniser les infrastructures et de doter l’Égypte d'une industrie. Des nationalisations sont effectuées et le secteur public devient prépondérant. De nombreuses politiques sociales sont impulsées (réforme agraire, gratuité de l'enseignement, salaire minimum, réduction du temps de travail des ouvriers, etc.)[15].
Anouar el-Sadate lui succède et lance la politique de l'Infitah (ouverture) qui vise, en réduisant le rôle de l’État, à attirer les investissements étrangers. Une classe de nouveaux riches se développe rapidement. En 1975, on compte plus de cinq-cents millionnaires en Égypte mais plus de 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et desbidonvilles se développent autour de la capitale[16]. Par ailleurs, le pays accumule une dette monumentale durant les années de l'Infitah. Pour la restructurer, leFMI exige la suppression de toutes les subventions aux produits de base, ce qui provoque en janvier 1977 des émeutes contre lesquelles le gouvernement fait intervenir l'armée (le nombre des victimes de cette répression est inconnu). Dans les campagnes, Sadate cherche à obtenir le soutien des élites rurales traditionnelles, dont l'influence avait décliné sous le nassérisme. Des paysans sont expulsés des terres contestées[17].
Après l'assassinat de Sadate (1981),Hosni Moubarak est président de la République jusqu'en février 2011, date de sa démission contrainte à la suite de laRévolution égyptienne de 2011.Hosni Moubarak poursuit la politique de libéralisation de l’économie, notamment par la réduction des subventions à l'agriculture et à la consommation, et par la libéralisation des prix. En 1992, il fait annuler les dispositions régissant la location des terres. Généralement appelée « loi pour chasser les paysans de leurs terres », cette loi, combinée aux autres mesures de désengagement de l’État dans l’économie, accroît le mécontentement des populations rurales pauvres en particulier enHaute-Égypte. Hosni Moubarak devient un pilier de la stratégie régionale des États-Unis[18] et la Constitution qu'il met en place reconnait les « principes de la charia » comme source principale de la législation[19].
Le pouvoir n'est cependant resté que peu de temps entre leurs mains car d'importantes manifestations contre le président élu,Mohamed Morsi, critiquant des dérives dictatoriales, et le retournement de l'armée contre celui-ci le destitue en faveur d'un gouvernement transitoire un an seulement après son élection. L'Égypte connait depuis une période de troubles causée par l'instabilité et les tensions politiques, notamment entre les opposants à l'ex-président et ceux qui continuent à le soutenir et n'acceptent pas ce qu'ils voient comme un coup d'État illégal. En mai 2014,Abdel Fattah al-Sissi, déjà considéré comme le dirigeant de fait de l'Égypte, remporte l'élection présidentielle. Il est réélu pour un deuxième mandat en 2018[20]. Par une révision constitutionnelle validée par un référendum en avril 2019, il se donne la possibilité de rester au pouvoir jusqu'en 2030[21]. Il impose un régime autoritaire, réprime toute opposition et toute voix critique, et met sous contrôle les médias et la justice[22].
Outre ses ouvrages monumentaux tels que lecanal de Suez ou lehaut barrage d'Assouan, l'Égypte demeure mondialement connue pour ses richessesarchéologiques présentes dans de prestigieux musées internationaux. La disparition de nombreuses archives fait cependant que son histoire reste fragmentaire, bien que l'évolution des technologies permette de mieux en saisir la grandeur et la portée.
Le pouvoir exécutif est détenu par le président de la République. Depuis 1981,Hosni Moubarak occupait le poste de président, réélu lors d'un référendum tous les six ans. En 2005, l'élection pour la présidence est pour la première fois ouverte à d'autres candidats. Le pouvoir législatif appartient à l'assemblée du Peuple (membres élus pour une durée de cinq ans ausuffrage universel). Enfin, une assemblée consultative, appelée laChoura, est consultée par le président de la République et l'Assemblée du Peuple sur les décisions politiques. Cette assemblée est composée de 265 membres dont deux tiers sont élus, et un tiers nommé par le président de la République. Le présidentHosni Moubarak démissionne de son poste le à la suite desprotestations du peuple égyptien. Après l’élection d'un candidat desFrères musulmans,Mohamed Morsi, à la tête de l'État égyptien pendant un an, le maréchalAl-Sissi exerce la fonction suprême depuis 2014 à la suite d'uncoup d'État le 3 juillet 2013.
Depuis l'indépendance du pays se succèdent au pouvoir des militaires autoritaires. Les faux procès, les élections truquées, et les détentions arbitraires sont monnaie courante. SousHosni Moubarak, de nombreuses organisations dénoncent des atteintes massives auxdroits de l'homme (torture, censure, détentions arbitraires, procès inéquitables, etc.)[23]. La fréquence de ces actes diminue à partir de 2011, mais après le coup d'État de juillet 2013, la situation des droits humains revient à son niveau antérieur[24]. Sous la présidence deAbdel Fattah al-Sissi, les opposants politiques ainsi que des journalistes sont régulièrement emprisonnés — quand ils ne disparaissent pas — et leurs conditions de détention (par exemple dans laprison de Tora) sont dénoncées comme contraires aux droits humains par lesONG de défense des droits de l'homme ; des cas de torture et des décès sont notamment rapportés[25],[26]. Des centaines d'atteintes à laliberté de la presse sont en outre recensées par l'ONGEgyptian Commission for Rights and Freedoms dans un rapport publié en 2015[27].
L'excision est interdite depuis un décret de 1996 confirmé par la cour de cassation en 1997. Jusqu'à 96 % des femmes égyptiennes mariées seraient toutefois excisées[28]. Selon l'Unicef en 2012, 91 % des femmes adultes seraient excisées, mais seulement 16 % des jeunes filles auraient subi cette mutilation depuis l'interdiction[29].
Arrestations et détentions
En mai 2017, les sites de plusieurs médias sont bloqués par l’Égypte après des critiques envers le régime. C'est le cas notamment d'Al Jazeera que le pouvoir accuse de soutenir les frères musulmans[30]. Des blogueurs enfin sont arrêtés tels que le militant laïcSherif Gaber ou le militant des droits de l'hommeWael Abbas en mai 2018[31].
Le, Zyad al-Elaimy faisait partie d'une campagne d'arrestation arbitraire répandue qui a débuté fin juin 2019 et ciblant des militants coordonnant une alliance d'opposition à participer aux élections législatives. Il a été arrêté au secret pendant quatorze jours. Les allégations contre lui sont d'« engager un groupe terroriste pour aider à atteindre ses objectifs ». Le 10 mars 2020, Zyad a été condamné à un an de prison et une amende de20 000 livres égyptiennes. Récemment, il est accusé dans trois cas distincts. Al-Elaimy a passé 731 jours en détention provisoire à la prison de la Tora, ce qui correspond à la limite légale selon la loi égyptienne. Le (deuxième anniversaire de la détention arbitraire de Zyad al-Elaimy), laFIDH et l'OMCT ont appelé à sa libération immédiate et inconditionnelle et exhortent les autorités à mettre fin immédiatement à tous les actes de harcèlement aux défenseurs desdroits de l'homme en Égypte[32].
Des manifestations viennent contester le régime du maréchal al-Sissi en octobre 2019 ; 4 000 personnes sont arrêtées[33].
Le, les forces de sécurité ont arrêté Greisha, rédactrice en chef du site d'information privéYoum7. Elle a été accusée d'avoir diffusé de fausses nouvelles, abusé des médias sociaux et rejoint une organisation terroriste. Le 30 août, les forces de sécurité ont arrêté Shehta, rédacteur en chef adjoint du site[34]. Le, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a appelé l'Égypte a libérer d'urgence les deux journalistes de ses prisons en raison de la pandémie deCOVID-19[35].
En, les forces de sécurité égyptiennes ont arrêté un homme et trois femmes témoins d'une affaire de viol collectif datant de 2014. Deux connaissances de témoins ont également été arrêtées. Rothna Begum, chercheuse principale à la Division desdroits des femmes deHuman Rights Watch, a déclaré qu'il était scandaleux que les autorités égyptiennes arrêtent des témoins de viol collectif après les avoir encouragés à se manifester, au lieu de les protéger et de poursuivre les violeurs présumés[36].
Entre le et le, quatre prisonniers sont morts dans les prisons égyptiennes. L'organisationHuman Rights Watch a dénoncé la négligence inacceptable des autorités pénitentiaires. De plus, depuis le début de lapandémie de Covid-19, certaines ONG ont révélé que les infections et les décès avaient augmenté en raison d'un état de blocage, d'une mauvaise hygiène et d'une négligence médicale dans la prison[37].
Le,Amnesty International a rapporté que les forces de sécurité égyptiennes avaient enlevé la militante politiqueSanaa Seif[38] devant le bureau du procureur général duNouveau Caire. L'organisation de défense des droits a déclaré qu'elle s'était rendue au bureau pour porter plainte contre une agression violente qu'elle et sa famille avaient subie à l'extérieur du complexe pénitentiaire de Tora, un jour plus tôt. Le rapport indiquait que Sanaa avait été emmenée au bureau du Procureur suprême de la sûreté de l’État au Caire, où les procureurs l’ont interrogée sur les accusations de « diffusion de fausses nouvelles », « d’incitation à des crimes terroristes » et « d’utilisation abusive des médias sociaux »[39].Amnesty International a rapporté que Sanaa Seif avait été détenue pour la troisième fois[40].
Le, une journaliste égyptienne a été libérée après avoir été arrêtée le alors qu'elle enquêtait sur les suites de récentes petites manifestations dans un village près deLouxor. La journaliste était accusée d'avoir utilisé son compte personnel sur un réseau social pour publier de fausses nouvelles susceptibles de perturber la sécurité publique. La journaliste était intéressé par la mort d'un homme qui aurait été tué par la police lors des manifestations dans la région en septembre[41].
Le,Human Rights Watch a rapporté que les autorités égyptiennes ont exécuté quarante-neuf personnes entre le 3 et le 13 octobre. Selon le rapport[42], quinze hommes ont été exécutés pour leur implication présumée dans des affaires de violence politique, et les trente-deux autres hommes ainsi que deux femmes ont été condamnés dans des affaires pénales. Treize des quinze hommes accusés de violence politique avaient été détenus à la prison Scorpion duCaire[43].
Hussein Baoumi, chercheur àAmnesty International pour l’Afrique du Nord, souligne en 2020 que
« La crise des droits de l’homme en Égypte est patente. La torture est devenue systématique, les forces de sécurité utilisent les lois antiterroristes pour réprimer les opposants politiques, les voix critiques ou même les militants des droits de l’homme. Des milliers de personnes subissent cette répression et se retrouvent en détention, parfois torturés puis jugés : des journalistes qui ne font que leur travail, des avocats, des gens qui ont eu le seul tort de critiquer la gestion de la pandémie de Covid-19, etc. Les atteintes à la liberté d’expression deviennent la règle, notamment en ligne ; des gens se retrouvent par exemple en état d’arrestation pour « fausse information » pour avoir donné leur avis sur les réseaux sociaux. LesLGBT risquent également la prison. Il y a aussi les disparitions forcées et les exécutions de condamnés continuent[44]. »
Le, les forces de sécurité égyptiennes ont arrêté deux membres de l'organisation indépendante de défense desdroits de l'homme, l'« Initiative égyptienne pour les droits personnels » (EIPR).Amnesty International a qualifié ces arrestations d’« escalade effrayante » de la répression gouvernementale. D'autres groupes de défense des droits humains ont déclaré que des dizaines d'activistes ont été la cible d'arrestations, d'interdictions de voyager et de gels d'avoirs, sous la présidence d'al-Sissi[45].
Le,Amnesty International[46] a condamné une frénésie d'exécutions en Égypte avec le meurtre d'au moins cinquante-sept personnes en octobre et novembre, reflétant une « crise profonde desdroits humains » dans lepays[47].
Le, une cour d'appel égyptienne a ordonné la clôture d'une ancienne affaire dans laquelle vingtONG étaient accusées d'avoir reçu des financements étrangers illégaux et d'ingérence dans les affaires politiques de l'Égypte[48].
Ce même mois, deux nouvelles personnes sont détenues : Amer Abdel Moneim, rédacteur en chef du quotidien Al-Shaab, accusé d'avoir diffusé de fausses nouvelles et de participer à des activités terroristes ; Shady Abou Zeid, blogueur, accusé dediffamation contre leministère de l'Intérieur[49].
En, onze organisations de défense des droits de l'homme ont appelé les autorités égyptiennes à libérer le journaliste de66 ans Tawfik Ghanem dès que possible et à lui fournir des soins médicaux suffisants après sa détention arbitraire pendant 150 jours en raison de son travail dans les médias. Le, Tawfik Ghanem a été détenu pendant cinq jours par des responsables égyptiens, au cours de laquelle il a été interrogé sur son emploi passé à l'agence d'Anadolu. Le, il a de nouveau été arrêté et envoyé au service de la sécurité de l'État au Caire, où les procureurs ont ordonné quinze jours d'attente pendant les enquêtes sur des accusations de « diffusions de fausses nouvelles », « abus des médias sociaux » et « infractions liées au terrorisme »[50].
Human Rights Watch a révélé que le, un tribunal égyptien a condamné deux chanteurs, Hamo Beeka et Omar Kamal, à un an deprison et à des amendes de10 000 livres égyptiennes sur de vagues accusations de violer les valeurs familiales dans la société égyptienne et de profiter d'une vidéo comprenant ladanse et lechant. Les condamnations de Beeka et Kamal font partie d'une attaque plus large contre les chanteurs « Mahraganat » et la production artistique jugée antagoniste aux principes égyptiens[51].
Le 6 novembre 2022, selonHuman Rights Watch, afin que le succès de laCOP 27 ne soit pas menacé, les autorités égyptiennes ont restreint le droit de protester pendant les jours qui précédaient la conférence et arrêté des dizaines de personnes. En complément, elles ont aussi installé des caméras de surveillance, reliées à un service géré par le ministère de l’Intérieur égyptien, dans tous les taxis deCharm el-Cheikh et imposé des restrictions à la participation du public[52].
Depuis 2014, le ministre égyptien des Affaires étrangères estSameh Choukri, ancien ambassadeur aux États-Unis[53]. En 2016, l'Égypte accepte de céder deuxîles stratégiques de lamer Rouge (Sanafir etTiran) à l'Arabie saoudite[54]. L'Égypte commence la rétrocession le. Il se passe trois jours de débats mouvementés pour accepter ou non la rétrocession, pendant lesquels des députés de l’opposition interrompent les séances en scandant des slogans dénonçant la rétrocession des deux îlots et appellent aussi à manifester, ce qui entraîne plusieurs dizaines d'arrestations[55]. La rétrocession est interrompue par la Haute cour constitutionnelle le 21 juin, pour avoir le temps de choisir la juridiction habilitée à juger ce dossier. Le 24 juin, les deux îlots sont rétrocédés à l'Arabie saoudite mais la rétrocession n'est pas acceptée par une grande partie du peuple égyptien[56].
Le, le président égyptienAbdel Fattah al-Sissi a juré que sa nation résiste fermement à toute intervention étrangère enLibye. Ces remarques ont été marquées lors de la rencontre d’Al-Sissi avec le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal bin Farhan Al Saud, a confirmé le porte-parole de la présidence égyptienne Bassam Rady dans un communiqué[57].
Le régime d'Abdel Fattah al-Sissi entretient de bonnes relations avec lesÉtats-Unis, l'Arabie saoudite, lesÉmirats arabes unis ou encoreIsraël. L'Union européenne marque pour sa part une certaine indifférence concernant les atteintes aux droits de l'homme, se contentant de formuler quelques remarques et conseils. Le régime égyptien collabore avec elle en matière de lutte contre l'immigration en Europe, comme le souligne la déclaration du du chancelier autrichienSebastian Kurz, dont le pays assumait la présidence tournante de l’UE, louant l’Égypte, « seul pays d’Afrique du Nord qui a réussi depuis 2016 à empêcher tout départ de migrants » par voie de mer[44].
L'Égypte a reçu quatre radars de défense aérienneGround Master 400 fabriqués par la sociétéThales en collaboration avecRaytheon Systems[58].
Le, laFrance et l'Égypte ont signé un contrat d'une valeur totale de 3,95 milliards d'euros, qui comprenait la livraison de trente avions de chasseRafale ainsi que de deux contrats supplémentaires pour le missileMBDA etSafran Electronics & Defense. Pour financer ces achats,« l’Égypte a obtenu un prêt garanti par la France à hauteur de 85 % (…) faisant peser sur les contribuables français un éventuel défaut de paiement ». Le, l'Égypte devrait acquérir trente autres avions de chasse Rafale[59]. En réaction,Human Rights Watch France (activiste desdroits de l'homme) a dénoncé ce contrat qui, selon eux, encourage la répression impitoyable dans le pays[60].
Le régime du maréchalAbdel Fattah al-Sissi s'oriente vers une politique d’austérité consistant notamment à réduire les subventions à l’énergie et à l’électricité, à imposer uneTVA et à augmenter le prix des billets dumétro du Caire. Cette forme d’imposition régressive fait peser une charge plus lourde sur les classes populaires et moyennes qu'auparavant ; au contraire, l’impôt sur le revenu des sociétés a diminué. Un nouveau plan d'austérité est adopté en novembre 2018 et se traduit en particulier par le gel des salaires des fonctionnaires[63]. Le nombre de bénéficiaires des subventions pour l'alimentation a reculé de trois millions à la suite de ces réformes.
La dette atteint un niveau record en juin 2018 (92,64 milliards de dollars), ce qui représente une augmentation de 17 % en une seule année. La dette est en particulier la conséquence du poids du budget militaire. (les importations d’armes ont augmenté de 215 % en 2013-2017 par rapport à 2008-2012) et du paiement des intérêts, qui ont atteint 31 % du budget annuel pour l’exercice 2016-2017[63], et 38 % en 2018[64]. En revanche, les investissements en matières d'éducation, de santé et d'infrastructure sont insuffisants. Environ 60 % de la population égyptienne vit dans la pauvreté ou la précarité selon un rapport publié par laBanque mondiale en avril 2019. Les conditions de vie générales tendent à se détériorer[64].
Plus de 32 % des Égyptiens vivent dans la pauvreté en 2019 selon les statistiques officielles (moins de 1,7 euro par jour), soit plus de trente millions de personnes. La pauvreté a progressé de plus de 11 % dans les plus grandes villes du pays (Le Caire,Alexandrie,Port-Saïd,Suez). La moitié la plus pauvre de la population ne bénéficie que de 17 à 18 % du PIB[33].
Lecanal de Suez, entrePort-Saïd au nord etSuez au sud, relie lamer Méditerranée et lamer Rouge. Cette voie navigable artificielle au niveau de la mer (sansécluse), est considérée comme le centre le plus important du transport maritime auMoyen-Orient. Ce canal permet le transport maritime entre l'océan Indien et la mer Méditerranée sans qu’il soit nécessaire de faire le tour de l'Afrique ;Port-Saïd en est le terminal nord, etPort Suez en est le terminal sud.
En 2018,« étendu sur plus de 5 500 kilomètres, le réseau ferroviaire égyptien est le troisième plus vaste duMoyen-Orient (derrière ceux de l’Iran et de laTurquie) »[65].
En janvier 2018,« l’Égypte dispose de moins de deux lits d’hôpitaux et 0,8 médecin pour 1 000 habitants (France : 7,7 et 3,2) »[67].
Critique : le film documentaireZelal rend compte de la situation de la psychiatrie en Égypte.
En 2021, l'Égypte a connu un ralentissement relatif de la propagation du virus Corona, qui a infecté 161 000 personnes et en a tué près de 9 000. De plus, le vaccin employé est le Sinopharm, les Chinois ont été les premiers à fournir leurs services[68].
La grande majorité desÉgyptiens (environ 90 %[70] selon des estimations, rarement estimée à plus mais certains avancent le chiffre de 95 %[71]) se réclament de l'islamsunnite, introduit en Égypte en 642. L'autorité sunnite suprême est leCheikh de lamosquée Al-Azhar.
Une petite minoritéchiite vit en Égypte, mais son nombre est mal connu car l'État égyptien ne reconnait pas cette religion[72]. Les chiites représenteraient moins de 1 % des musulmans égyptiens. Ils sont surtout présents àAlexandrie.
Les coptes sont la résultante d'une scission de l'Église orthodoxe d'Orient. Longtemps voués à la vie monastique, ils constituent aujourd'hui une élite cultivée (dont le représentant le plus connu est l'anciensecrétaire général des Nations unies,Boutros Boutros-Ghali) et une minoritééconomiquement puissante[réf. nécessaire].
Leur marginalisation en Égypte a poussé1,5 million de chrétiens à émigrer auxÉtats-Unis, enEurope et enAustralie[73]. En effet, les coptes sont actuellementpersécutés et font l'objet souvent de vexations émanant de musulmans. Ils sont considérés comme descitoyens de seconde catégorie, ne peuvent construire d'églises sans d'interminables tracasseries des autorités. Les coptes sont victimes d'injustices et de gravesdiscriminations au quotidien allant jusqu'à desattentats sur leurs églises, comme celui perpétré contre l'église copte d'Alexandrie le, entre autres, qui a fait plus de trente morts et des dizaines de blessés. Leschiffonniers du Caire, principalement chrétiens, vivent dans des conditions demisère très dures. En effet, depuis le massacre de leursporcs qui les aidaient à se débarrasser des ordures, ils vivent tant bien que mal en vidant les poubelles du Caire. L'abattage de leurs cochons a été décidé lors de lapandémie de grippe A en 2009, appelée à tort à ses débuts, « grippe porcine ». Les autorités sont soupçonnées d'avoir cédé aux demandes desislamistes de se débarrasser de cet animal considéré comme impur dans la religion musulmane. Toutefois, les autorités égyptiennes avaient fait de même avec les élevages de poulets en 2004 lors de la pandémie degrippe aviaire. Depuis la chute du président Moubarak, la situation et les persécutions à l'encontre des coptes se sont aggravées.
Lesbaha'is égyptiens, dont le nombre est estimé de 1 500 à 7 000 personnes, ont obtenu définitivement le, après une très longue procédure judiciaire, le droit de laisserlibre la case mentionnant la religion sur leurs cartes d'identité et leurs certificats de naissance[74].
À partir de 1942, leur situation empire et les Juifs sont victimes depogroms. Ladéclaration d'indépendance d'Israël en 1948 transforme les Juifs égyptiens en communauté systématiquement suspectée et provoque des attentats et des incendies dans lesquartiers juifs[75],[76]. LesJuifs ont joué un rôle économique et culturel important dans le pays[77]. Les menaces de l'État, l'affaire Lavon en 1954 et lacrise du canal de Suez en 1956 précipitent le départ d'Égypte de la moitié d'entre eux entre 1956 et 1967, au plus fort des tensions israélo-arabes, pour s'installer enEurope, enAmérique et enIsraël[78]. Après laguerre des Six Jours en 1967, leurs biens sont confisqués[79],[80]. Quasiment tout le reste de la communauté émigre alors vers des cieux plus cléments[81].
En cinquante ans, la population du pays a été multipliée par 3,5 avec, pour ces dernières années, une croissance démographique moyenne supérieure à 2 % par an[70]. Cette démographie galopante entraîne de nombreuses complications telles que le manque de logements, d’infrastructures, d’écoles et d’emplois, sans compter l’augmentation du coût de la vie.
La population est très jeune : l’âge médian se situe autour de vingt-quatre ans et un Égyptien sur trois a moins de quinze ans[70].
Le, l'Égypte franchit le cap des cent millions d'habitants. Elle est le pays arabe le plus peuplé ainsi que le troisième pays africain, derrière l'Éthiopie et leNigeria[85].
La langue officielle de l'Égypte est l'arabe standard moderne. Ledialecte égyptien ressemble à l'arabe classique, malgré quelques différences de prononciation de quelques lettres et la vocalisation de certains mots qui changent selon les provinces et les villages. Deux lettres se distinguent particulièrement : le ج et le ق ; par exemple, pour la première le motbeau se prononcejamīl enHaute-Égypte etgamīl enBasse-Égypte, pour la deuxième le motcoupole se prononcegubba[ˈɡob.ba] en Haute-Égypte etʔubba[ˈʔob.bæ] en Basse-Égypte.
Langue internationale par excellence, c'est l'anglais qui, en tant que langue étrangère, exerce le plus d'influence (école, administration) en Égypte aujourd'hui, mais lefrançais y a été longtemps la langue de la bourgeoisie et de la justice internationale. Aujourd'hui l'influence du français a diminué, même si l'élargissement du caractère francophile de l'Égypte a pris de l'expansion ces dernières années[86].
Les fêtes religieuses en Égypte varient suivant lecalendrier lunaire (Baîrams, Aïd el-Kebir, Mouled el-Nabi). Le calendrier islamique étant plus court que le calendrier grégorien, les fêtes religieuses reculent de onze jours environ tous les ans. Leramadan est également un temps important pour les Égyptiens musulmans, pour faire des rencontres et participer aux nombreuses fêtes qui débutent à la rupture du jeûne.
LeSham en-Nessim (« senteur de la brise »), fête égyptienne d'origine pharaonique, le premier lundi après laPâque copte, célébrée par tous les Égyptiens (musulmans et coptes) ;
25 avril : anniversaire duSinaï (restitution par Israël) ;
Novembre : commémoration de la découverte des tombes pharaoniques ;
23 décembre : Fête de la Victoire.
LesMawlid[N 3], mélange de foire et de fête religieuse célèbrent l'anniversaire d'unsaint local, et donnent lieu à une débauche de couleurs, de nourriture, de spectacles, de bénédictions.
Lesquash, letennis et le volley-ball sont également très populaires en Égypte. Les équipes nationales debasket ethandball font partie des meilleures en Afrique, mais peinent à s'imposer au niveau international. Depuis les années 2010, le squash mondial est dominé par les Égyptiens avec de multiples titres dechampion du monde pourRamy Ashour etNour El Sherbini et une domination sans partage auclassement individuel.
L’Institut National de Recherche en Astronomie et Géophysique (National Research Institute of Astronomy and Geophysics - NRIAG) fondé en sous la dénomination deRoyal Observatory est installé àHelwan[88].
L'Égypte est membre de l'Union astronomique internationale via sonAcadémie de la recherche scientifique et de la technologie ( (Academy of Scientific Research & Technology - ASRT) créée en par le décret présidentielno 2405[89].
↑Le dromadaire a une seule bosse contrairement au chameau qui en a deux, même si le dromadaire est appeléchameau en Afrique.
↑Moulid, qui signifie naissance en arabe, est une célébration d'une personne sainte. Il est célébré aussi bien par les musulmans que les chrétiens en Égypte, pour honorer leurs saints. Bien que la majorité des Égyptiens soient musulmans, certains saints coptes sont également honorés dans des célébrations.
↑Hélène Sallon, « En Égypte, Sissi remporte la présidentielle haut la main mais peine à mobiliser »,Le Monde,(lire en ligne).
↑Hélène Sallon, « La résignation des Égyptiens, qui votent pour consolider ou non le pouvoir du président Sissi »,Le Monde,(lire en ligne).
↑« Égypte : la dangereuse dérive autoritaire du président Sissi »,Le Monde,(lire en ligne).
↑LeRapport 2010 d'Amnesty International mentionne notamment qu'en 2010« la torture et les mauvais traitements était systématiques dans les postes de police, les prisons et les centres de détention des services de renseignement. »« Égypte - Rapport 2010 d'Amnesty International », suramnesty.org.
Bernard Lugan,Histoire de l'Afrique du Nord (Égypte, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc) : des Origines à nos jours, Paris,Le Rocher,, 736 p.(ISBN978-2-268-08167-0).