L'Église orthodoxe russe (enrusse :Русская православная церковь /Russkaïa pravoslavnaïa tserkov') ouPatriarcat de Moscou[2] (enrusse :Московский патриархат /Moskovskiï patriarkhat) est la juridiction canoniqueautocéphale de l'Église orthodoxe deRussie et, de fait, d'une partie de la diaspora russe.
L'Église orthodoxe russe fait remonter son origine au baptême du princeVladimir Ier deKiev en988. La légende raconte que Vladimir, voulant choisir une nouvelle religion, envoya des ambassadeurs chez plusieurs peuples pour voir comment ils adoraient Dieu. Le choix se serait porté sur lechristianisme byzantin à cause de la beauté du culte. En fait, ce choix avait des raisons politiques et stratégiques. Le siège métropolitain de Kiev fut créé vers991 sous la juridiction dupatriarcat de Constantinople qui nommait le primat.Iaroslav le Sage, le fils et successeur de Vladimir, permit le développement de la nouvelle Église en encourageant la création de nouveauxdiocèses et en faisant construire descathédrales, et surtout des monastères[3]
Du temps des dominations de l'Empire mongoljochides, la hiérarchie orthodoxe russe s'est montrée très conciliante ce qui lui a valu d'être protégée, avec de substantiels avantages financiers,fonciers et d'accéder au titre detarkhan[4].
En1589, lerégentBoris Godounov mène une politique d'indépendance de la Russie et crée le patriarcat de Moscou : l'Église orthodoxe de Russie devient alorsautocéphale.
Le patriarcat est rétabli en1918 à la suite de la chute du tsarisme, car l'Église manifeste un fort désir d'émancipation, mais après la mort du patriarcheTikhon, il faut attendre1943 pour que le patriarche Serge soit élu. Dans les années suivant larévolution russe de et le coup d'Étatbolchevik d'octobre, le pouvoir adopte une position clairement anticléricale. On brûle alors des églises et des reliques. La saisie des biens de l'Église est ordonnée en1934, officiellement pour lutter contre lagrande famine. Pendant plus de soixante-dix ans, les autorités politiques de l'URSS ont tenté d'éradiquer la foi orthodoxe, tenue pour responsable de l'aliénation des masses et coupable d'avoir soutenu, durant des siècles, l'empire tsariste. Cependant, la position des autorités soviétiques ne fut pas immuable. Avec laGrande Guerre patriotique qui commence par l'opération Barbarossa en1941, la politique soviétique vis-à-vis de la religion orthodoxe change : pour souder la population autour du régime, il ne s'agit plus de persécuter, mais d'instrumentaliser l'Église. Celle-ci connaît un nouveau départ avec l'élection d'un nouveau patriarche (le dernier n'avait pas été remplacé à sa mort).Staline s'adresse à la radio aux citoyens en utilisant non plus le terme de« camarades » (товарищи) mais celui de« frères » (братья). Certes, l'emprise de l'Église sur la société reste limitée par rapport à ce qu'elle était autrefois. Mais pratiquer l'orthodoxie ne conduit plus auGoulag et même des membres duParti et de laNomenklatura finissent par s'y adonner, notamment après l'instauration de la« transparence » (гласность :glasnost) et de la« refondation » (перестройка :perestroïka) en1985.
Depuis 1990, la foi orthodoxe a repris souffle malgré les conflits auxquels sont confrontées les Églises, longtemps inféodées aucommunisme, notamment en collaborant parfois directement avec leKGB ("les kaguébistes en soutanes"), puis aunationalisme de laNomenklatura[6].
Près de vingt ans après la chute du régime soviétique, qui rétablit une totale liberté de culte, des milliers d'églises ont été construites ou reconstruites et de nombreux citoyens des pays ex-communistes retournent à la religion. À côté d'une recherche spirituelle, beaucoup d'Orthodoxes voient sans doute dans la religion un retour à leurs racines historiques, l'affirmation d'une culture millénaire des paysslaves de l'est et du sud et despays roumains, qui n'a pas été effacée par la police politique. Le est fondée la chaîne de télévisionSpas (Cпac) dont le principal propriétaire est le Patriarcat de Moscou.
Le mardi, le présidentDmitri Medvedev annonce avoir signé la loi sur la restitution des biens de l'Église. La loi prévoit de rendre à l'Église orthodoxe de nombreux monastères et églises souvent transformés en musées. Ce transfert concerne 6 584 sites religieux.
En, à la suite de lamobilisation partielle de civils russes le patriarche orthodoxe Cyrille de Moscou exhorte ses fidèles à rejoindre l'armée pour combattre en Ukraine[7].
Convertie à la fin duXe siècle auchristianisme byzantin, la Russie a établi ensuite une tradition religieuse qui est devenue, au fil des siècles, un élément déterminant de son « être au monde ». Une acculturation réussie, une liturgie somptueuse et une spiritualité originale ont contribué à faire de cet héritage un « marqueur d'identité » dont la renaissance est aujourd'hui bien visible, après les sept décennies de persécutions endurées sous le régime soviétique. LesRusses se perçoivent comme appartenant à une « civilisation d'héritiers ». De Bulgarie, ils ont reçu au cours duXe siècle l'alphabet cyrillique inventé par les Bulgares, saints Naum etClément d'Ohrid et c'est ainsi qu'ils sont entrés dans la « civilisation du livre ». Les traductions - non seulement celles des œuvres liturgiques mais aussi celles des chroniques et des ouvrages scientifiques - se multiplient ensuite. C'est donc à partir de l'héritage byzantin que les Russes inventent leurs propres concepts politiques, culturels et religieux.
Moscou s'inscrit alors dans une perspectiveeschatologique pour assumer laRévélation. Ce concept est aujourd'hui bien vivant dans la Rome russe qui a retrouvé sa place et sa mission de conduire le peuple de Dieu jusqu'à laParousie. Les événements de l'Histoire, comme les soixante-dix ans de la période soviétique, sont lus dans le plan humain, ce ne sont que des avatars, comme l'ont été les multiples crises qui ont agité l'Empire byzantin. Le plan de Dieu est ailleurs ; il est dans l'éternité et dans le temps qui verra la Croix « Victorieuse et Vivifiante ».L'orthodoxie devint donc, dès l'origine, l'élément d'identification de la jeune Russie. Dans ce pays dépourvu de limites naturelles, sur cette vaste plaine matrice de la terre russe, de larusskaya zemlia, seule l'orthodoxie a permis de conserver l'unité de cette « terre russe » sacralisée par les représentations collectives qui se sont imposées au fil des générations. Qu'elle soit partagée entre des pouvoirs différents et hostiles, qu'elle soit occupée par des envahisseurs venus des steppes ou de l'Occident, la « terre russe » demeure une car elle est orthodoxe ; elle estpravoslavnaya.
Cette unité de la « terre russe orthodoxe » s'exprime aussi dans un art et dans une liturgie. Dès l'origine, la chrétienté russe a adopté lathéologie de la lumière alors condamnée à Constantinople. Tout au long desXIe et XIIe siècles, le morcellement féodal et la naissance des principautés favorisèrent la création d'évêchés dans chacune de ces entités politiques. Le plan byzantin de la croix inscrite dans un cercle et surmontée de la coupole fut partout adopté, mais l'originalité russe fut de monter des coupoles sur de hauts tambours percés de fenêtres pour permettre à la lumière d'investir le sanctuaire et de participer à la transfiguration du croyant par la lumière divine.Laliturgie de saint Jean Chrysostome[8],[9] la plus répandue, était accompagnée des célèbres chantsmélismatiques inventés àKiev auXIe siècle. Une autre innovation de l'orthodoxie russe est l'Iconostase. La multiplication des églises en bois - dépourvues initialement d'espaces susceptibles de recevoir lesicônes dont le culte avait été rétabli en843 - s'accompagna de l'apparition d'un vaste mur de bois sur lequel on installa peu à peu, à partir duXIVe siècle, sept rangées d'icônes. L'iconostase[10] séparait ainsi l'espace divin, réservé aux clercs, de l'espace laïc ouvert aux fidèles. La liturgie se résume alors à un dialogue spirituel entre les fidèles, à la tête desquels se trouve le diacre, et le prêtre célébrant. Elle assure dès lors la liaison nécessaire entre la spiritualité individuelle de chacun et celle de la communauté des croyants dont la prière est portée à Dieu par sa Mère, qui « fait le pont entre le Ciel et la Terre ».
L'icône[11] n'est alors qu'un élément du tout ; elle prend naturellement sa place dans cette liturgie qui permet à l'individu de s'assumer comme membre ducorps mystique qu'est l'Église. La liturgie orientale rappelle ainsi constamment à tous les fidèles que l'économie du salut est collective et contribue à créer, en ce sens, un profond sentiment d'unité. Cette liturgie qui n'a connu qu'un seulSchisme - leRaskol duXVIIe siècle[N 4] - et qui a maintenu la langue ancienne, leslavon, qui fait de toute célébration une fête, est un exceptionnel élément d'unité dans une société et une civilisation dont elle est le commun dénominateur.
La première idée qui domine à la liturgie orthodoxe est qu'il faut tourner toute sa sensibilité artistique vers Dieu, donc la liturgie doit être avant tout la plus belle possible. Ne chante que la chorale qui sait chanter. Les instruments ne sont pas permis, car il faut que tout soit naturel, c'est-à-dire de voix humaine. Le lieu de l'église représente déjà le ciel sur la terre. C'est là que se produit la rencontre de l'humain et de Dieu.
C'est donc l'endroit où l'homme s'élève le plus. On reste debout pendant la liturgie en signe de foi en larésurrection. Le corps entier doit participer à la prière, aussi fait-on de nombreuses inclinations. On considère que l'image est la présence même dusaint, donc quand on embrasse uneicône[12], on n'embrasse pas le bout de bois, mais directement le saint représenté. L'orthodoxie fait une grande place à la vénération des saints. Les saints le plus vénérés sont saintSerge de Radonège qui a marqué le début du mouvement monastique auXIVe siècle en se retirant dans la forêt et saintSéraphin de Sarov[13].
La spiritualité russe connaît peu de divergences par rapport à la spiritualité byzantine dont elle est issue. Il est de fait reconnu que la spiritualité, au sein d'une même Eglise, ne saurait faire l'objet de divisions en fonction de la nationalité. Quelques éléments, cependant, ont connu des développements importants au sein de l'église en Russie, qu'ils n'ont subi nulle part ailleurs.
Si la tradition chrétienne reconnaît des martyrs, la tradition russe y ajoute une catégorie attenante mais légèrement distincte : les deux premiers saints de la religion orthodoxe sont les fils deVladimir,Boris et Gleb[14], assassinés lors de la guerre civile qui ravagea laRus' de Kiev de 1015 à 1018, à l'issue de laquelle s'imposa leur frèreIaroslav le Sage. Par leur mort, ces deux princes sont les fondateurs d'une forme de spiritualité typiquement russe, le « souffre-passion ».Vladimir les ayant en effet chargés de mettre à la raison leur frèreIaroslav, révolté àNovgorod, ils apprennent que celui-ci a enrôlé desmercenaires varègues pour les assassiner. Plutôt que de fuir et de se protéger comme leurs compagnons le leur recommandaient, ils assument leur destin et subissent leur martyre. Ils seront canonisés dès1073, pour avoir accepté la mort avec la même résignation que le Christ, même si, à l'inverse des martyrs, ils n'ont pas péri pour avoir confessé la foi. Ces saints sont à l'origine de la spiritualité des « souffre-passion » à laquelle l'on rattache aujourd'hui le tzarNicolas II et sa famille. Dans certains excès condamnés par les hiérarques actuels[15], on interprète la mort de la famille impériale comme un sacrifice pour le salut collectif de l'« âme russe », notionculturelle et spirituelle qui vise à donnera posteriori unsens métaphysique à toutes les violences et les dérives des pouvoirs séculiers successifs[16].
Beaucoup plus connu en Occident grâce àDostoïevski, lestartchestvo ou « guidance spirituelle » - en constitue un autre élément majeur de laculture religieuse russe. Fortement imprégnés par la théologie de l'Hésychasme[N 5], qui se développe dès les débuts du monachisme, les moines orthodoxes ont toujours cherché à atteindre la paix intérieure qu'ils espèrent trouver à travers la lumière divine duThabor. Pour atteindre cette transfiguration intérieure, l'homme doit être accompagné par unstarets (en grecgeronda), un guide spirituel dont l'expérience mystique, et non l'âge, lui confère la capacité d'assumer la direction spirituelle de ceux et de celles qui sont en quête de Dieu. Ce mouvement connut en Russie une grande ampleur auxXVIIIe et XIXe siècles. Il joua un rôle essentiel au sein d'une Église gouvernée par des laïcs tels quePobiedonostsev, le Procureur dutrès Saint-Synode. La vie religieuse s'éloigna alors d'un clergé séculier en pleine crise que n'épargnaient pas les auteurs satiriques pour retourner vers une spiritualité plus personnelle qui s'inscrivait dans une démarche impliquant la durée et l'appui d'une authentique direction spirituelle.
Une troisième démarche a profondément marqué la spiritualité russe, celle du « fol en Christ »[N 6]. Déjà présents dans le synaxaire byzantin, les fols-en-Christ sont des personnages qui simulent la folie pour éviter l'orgueil, et sont souvent des révélateurs des hypocrisies de la société qui les entoure. En Russie, ils sont souvent en rupture sociale, pour interpeller vigoureusement les puissants du moment et leur rappeler qu'un jour ils devront aussi rendre des comptes. Le plus célèbre d'entre eux est sans douteBasile le Bienheureux, dont le souvenir demeure conservé dans l'église de laplace Rouge qui garde son nom alors qu'elle était initialement consacrée àNotre-Dame de Kazan. On raconte qu'Ivan IV, qu'il avait copieusement condamné pour ses politiques opposées aux commandements chrétiens, lui-même vint porter son corps lors de son inhumation. Une autre sainte représentative de ce même courant fut sainte Xénia de Saint-Pétersbourg, dont l'action en faveur des pauvres marqua la fin duXIXe siècle.
Il n'y avait que92 sièges épiscopaux en1993. En2007, le Patriarcat en comptait 142 répartis dans plusieurs pays et 27 942 paroisses (dont plus de 13 000 en Russie). Il y avait à cette date732 monastères comprenant350 monastères masculins et382 couvents féminins.
Pour la formation, l'Église disposait en 2007 de cinq académies théologiques, dont l'Académie théologique de Moscou, de32 séminaires, de43 pré-séminaires, d'un institut théologique et de deux universités orthodoxes.
L'Église orthodoxe russe hors frontières est née au début desannées 1920, après la révolution bolchevique, et s'est considérée comme la partie « libre » de l'Église orthodoxe russe, très critique vis-à-vis du pouvoir soviétique et du patriarcat de Moscou « inféodé ». La fin de l'Union soviétique a créé une nouvelle situation. L'Église orthodoxe russe se dit prête à un dialogue en vue d'une réconciliation. L'Église orthodoxe russe hors frontières est traversée par différents courants quant à l'attitude à tenir face au patriarcat deMoscou :
l'opposition, la défiance, jusqu'à l'organisation d'une hiérarchie parallèle sur le territoire russe,
la réunification. Ainsi, le, àMoscou, le métropolite Laure deNew York et le patriarche de Moscou et de toute la Russie,Alexis II, mettent officiellement fin à ce schisme par la signature d'un acte de communion canonique, en présence du président russeVladimir Poutine. Toutefois une minorité, arguant que l'actuel pouvoir en place en Russie n'est quenominalement différent de celui de l'URSS, refuse cet acte, formant sa propre juridiction (l'Église orthodoxe russe hors frontières - Autorité suprême provisoire de l'Église).
En 1999, l'Église orthodoxe russe a créé une Commission pour les paroisses des Vieux-croyants et l'interaction avec les Vieux-croyants (Комиссия по делам старообрядных приходов и по взаимодействию со старообрядчеством). En 2009, elle a créé le Centre patriarcal de l'ancienne tradition liturgique russe (Патриарший центр древнерусской богослужебной традиции).
Le, le patriarche Cyrille s'est rendu à la réception donnée en l'honneur de la fête du Triomphe de l'Orthodoxie, célébrée le1er dimanche deCarême, et organisée par l’ambassadeur de Grèce en Russie, Mr. Spinellis.
Le, le patriarche Cyrille de Moscou a exprimé dans un message aupatriarche d’Antioche et de tout l’Orient de l’Église syriaque orthodoxeMar Zakka Iwas sa profonde affliction à la suite de la nouvelle de l’enlèvement à Alep du métropolite Paul d’Alep (Patriarcat d’Antioche) et du Mar Jean Ibrahim, chef du diocèse de l'Église syriaque orthodoxe d’Alep.
Le, à Istanbul, le métropoliteHilarion de Volokolamsk participe à un séminaire sur le1700e anniversaire del’édit de Milan. Président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, qui séjournait en Turquie, a vénéré les sanctuaires de Constantinople, visité le monastère de laChora et célébré unacathiste en langue grecque dans l’église de la Mère de Dieu desBlachernes.
Le, le métropolite Hilarion de Volokolamsk a reçu au Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou le président de la Conférence des Églises européennes, le métropoliteEmmanuel de France (Patriarcat de Constantinople) et le secrétaire général de cet organisme, le pasteur et docteur Guy Liagre.
Après le décès du patriarcheAlexis II, survenu le, son successeur Cyrille a été élu puis intronisé patriarche de l'Église orthodoxe russe le. Par son élection et son œcuménisme, un grand pas s'est effectué vers l'Église catholique.
Différences entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe
Pour les catholiques, leSaint-Esprit procède du Père et du Fils à la fois, tandis que pour les orthodoxes, il procède du Père et non du Père et du Fils à la fois. Pour les orthodoxes, l'ajout du mot « filioque » aucredo par les catholiques sous l'influence de Charlemagne, est l'une des raisons majeures du schisme des catholiques par rapport aux orthodoxes qui n'ont pas modifié le credo d'origine.
Pour les catholiques, l'Église est « une » par le pape, tandis que pour les orthodoxes, elle est « une » par le Christ. Lapentarchie est devenue polyarchie, le pape n'étant que l'un des patriarches, « premier parmi ses pairs » seulement de manière honorifique, mais non canonique et encore moins séculièrement politique.
Pour les catholiques, le pouvoir du pape est transmis sans rupture depuisPierre et est infaillible quand le pape proclame de façon définitive un point de doctrine touchant lafoi, tandis que pour les orthodoxes l'apôtre Pierre est prédécesseur de chaque patriarche et pas seulement de celui de Rome : chaque Église est autocéphale, et se gouverne par elle-même. Aucun patriarche n'est infaillible et tous peuvent être déposés par un concile local.
Pour les catholiques, il y a en tout21 conciles « œcuméniques », tandis que pour les orthodoxes seuls sont valides les sept premiersconciles œcuméniques d'avant leschisme de 1054 : les14 autres, organisés par Rome, ne concernent qu'elle et ne sont donc pas « œcuméniques ».
Pour les catholiques, l'aspersion suffit à établir lebaptême, tandis que pour les orthodoxes, le baptisé doit être plongé à trois reprises entièrement dans l'eau.
Chez les orthodoxes la confirmation a lieu juste après le baptême de l'enfant et s'appellechrismation.
Chez les catholiques, l'hostie se prépare sans levain, tandis que chez les orthodoxes, elle en nécessite (prosphore).
Chez les catholiques romains, seuls des célibataires peuvent être ordonnés prêtres, tandis que chez les orthodoxes des hommes mariés peuvent l'être également : seuls les moines et leshiérarques doivent faire le vœu de chasteté et de célibat. Mais une fois ordonné, le prêtre ne peut plus changer d'état de vie : il doit donc, soit être marié avant son ordination, soit faire vœu de chasteté et de célibat.
Rencontres entre la papauté et le patriarcat œcuménique
Au retour à la Délégation apostolique, le pape reçoit le patriarche Athénagoras Ier. Il s'agit d'une entrevue historique puisque c'est la première fois depuis le (concile de Florence) que les primats des Églises de Rome et de Constantinople se rencontrent. Les deux hommes multiplient les gestes d'amitié : ils se prennent par la main, se montrent très émus. À l'issue de leurs allocutions respectives a lieu un entretien en français entre les deux hommes ; décision est prise de créer une commission où théologiens catholiques et orthodoxes discuteront sur les questions qui les divisent. À la fin de cet entretien, le pape offre uncalice en or au patriarche (« symbole de la communion entre les deux Églises voulue par le pape ») et ils récitent ensemble lePater, l'un en latin, l'autre en grec.
En1999, Jean-Paul II visite laRoumanie avec les personnalités locales de l’Église orthodoxe. Il est d’ailleurs le premier pape à visiter un pays à majorité orthodoxe depuis leschisme de 1054. Au cours de ce voyage il demande pardon au nom des catholiques pour lesac de Constantinople en 1204[18]. Lors du jubilé de l'an2000, il ouvre laPorte Sainte avec le métropolite orthodoxe Athanasios et le primat anglicanGeorge Carey, marquant la volonté d'unité des différents chrétiens[18]. Cependant il ne put jamais se rendre en Russie, le patriarche de Moscou refusant de le rencontrer[19]. Lors d'un voyage en Grèce, le, le pape Jean-Paul II, remettait les reliques de deux évêques de Constantinople et pères de la liturgie byzantine, saintJean Chrysostome et saintGrégoire de Nazianze, conservées jusque-là au Vatican, àBartholomée Ier de Constantinople dans une logique de réconciliation[20]. Les tentatives de réconciliation avec les orthodoxes ont aussi été entravées par des conflits de juridictions et de frontières, lesÉglises uniates réclamant les églises confisqués par les Soviétiques au profit des orthodoxes[19]. Le pape fut critiqué du fait du prosélytisme des catholiques en Russie, conduisant au refus de l'épiscopat russe de le recevoir[21]. Enfin, la reconnaissance par le Vatican de l'indépendance de la Croatie fut très mal vécue par les orthodoxes serbes qui considéraient ce pays comme lié à la Serbie[21].
Le,Benoît XVI a pris la décision de renoncer au titre de « patriarche de l'Occident »[22]. Ce renoncement a deux objectifs, le premier est de ne retenir que le titre universel du pape et non plus que celui de patriarche de l'Occident, la deuxième raison vise à se rapprocher des chrétiens orthodoxes, car le titre de patriarche de l'Occident a été créé en grande partie par opposition au patriarche d'Orient, et donc orthodoxe.
Le, le patriarche Cyrille, lors d’une visite historique de trois jours enPologne, a signé avec l’épiscopat catholique polonais un appel à la réconciliation[24].
Le, lepape François a reçu les représentants des Églises chrétiennes et des religions mondiales, venus de différents pays assister à son intronisation. Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, le métropolite Antoine de Borispol, le métropolite Platon de Feodossia et de Kertch, l’évêque Serge de Solnetchnogorsk et lehiéromoine Antoine [Sevriouk] y participaient au nom de l’Église orthodoxe russe[25].
Le, rencontre du métropoliteHilarion avec le cardinal archevêque de BerlinRainer Woelki. Au cours de l’échange qui s’est déroulé à l’archevêché, le président du DREE a exposé au cardinal l’état du dialogue entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique romaine en Allemagne. Selon lui, sous le papeBenoît XVI, les relations entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique se sont considérablement améliorées.
Le, au Vatican, dans une déclaration commune, leSaint-Siège et le patriarcat orthodoxe de Moscou annoncent que le papeFrançois et le patriarche Cyrille de Moscou se rencontreront àCuba le. Cette première depuis leschisme de1054, entre chrétien d'orient et d'occident, aura lieu lors du voyage apostolique auMexique du pape François, entre les responsables de l'Église catholique et de l'Église orthodoxe russe[26]. Cette rencontre sera marquée par « un entretien personnel à l'aéroport international José-Martí deLa Havane » suivi de « la signature d'une déclaration commune ».
↑Le seul ouvrage en français intégralement consacré au Raskol est la monumentale thèse dePierre Pascal,Avvakum et les débuts du Raskol, EPHE, Mouton & Co, 1963.
↑« Acquiers la paix intérieure, et des âmes par milliers trouveront le salut auprès de toi. » SaintSéraphim de Sarov.
↑L'Église orthodoxe russe compte36 iourodivye parmi ses saints, et avant toutBasile le Bienheureux, qui a donné son nom à la cathédrale Saint Basile à Moscou. Les Fols-en-Christ ont souvent le titre de bienheureux (блаженный).
↑Robert Bird (Auteur), Nathalie David (Traduction), Olga Chimanskaia (Traduction),Andreï Roublev, Éditeur : Éditions de la Transparence ()(ISBN2-35051-030-1).
↑Irina Gorainoff,Seraphim de sarov, Éditeur : Desclée de Brouwer ()(ISBN978-2-220-02220-8).
Hyacinthe Destivelle,Le Concile de Moscou (1917-1918) : la création des institutions conciliaires de l'Église orthodoxe russe, Cerf,Paris, 2006(ISBN2-204-07649-X)
Job Getcha (Auteur), Hiéromoine Macaire de Simonos Petras (Préface),Letypikon décrypté : Manuel de liturgie byzantine, Éditeur : Cerf ()(ISBN2-204-08901-X)
Jean Meyendorff,Saint Grégoire Palamas et la mystique orthodoxe, Éditeur : Seuil ()(ISBN2-02-052642-5)
Jean Meyendorff (Ivan Féofilovitch von Meyendorff), Anne Sanglade (Traduction), Constantin Andronikof (Traduction),Initiation à la théologie byzantine : L'histoire et la doctrine, Éditeur : Cerf ()(ISBN2-204-09399-8)
Il s'agit pour la plupart d'assemblées qui se sont trouvées hors canonicité pour avoir refusé des réformes et évolutions de l'Église orthodoxe russe à diverses étapes de son histoire ; certaines comme lessubbotniks se sont rapprochés dujudaïsme.