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| Église catholique en France | |
Façade de lacathédrale Saint-Jean-Baptiste-et-Saint-Étienne ouPrimatialedes Gaules. | |
| Informations générales | |
|---|---|
| Pays | France |
| Église | catholique |
| Type de juridiction | Église catholique dans unÉtat |
| Province ecclésiastique | 15provinces ecclésiastiques |
| Conférence des évêques | Conférence des évêques de France |
| Langue(s) liturgique(s) | Français,Latin |
| Diocèses | 104 |
| Statistiques | |
| Paroisses | 9718 |
| Religieux | 4937 |
| Religieuses | 14500 |
| Superficie | 675 417 km2 |
| Site web | www.eglise.catholique.fr |
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L'Église catholique en France est partie intégrante de l'Église catholique. Elle regroupe l'ensemble deschrétiens de France qui reconnaissent l'autorité dupape et constituent la communauté religieuse la plus importante de la population française.
Intimement liée à lamonarchie entre l'avènement de Clovis et la fin de l'Ancien Régime, elle joue un rôle considérable dans l'histoire de France, tant sur le plan religieux que politique.
Le territoire de la France est découpé en une centaine d'évêchés à la tête desquels se trouvent lesévêques réunis au sein de laConférence des évêques de France (CEF).

La présence chrétienne en Gaule est attestée auIIe siècle par les vestiges épigraphiques. Une des premières communautés chrétiennes en Gaule était située àLyon; elle nous est connue à travers le récit des persécutions du groupe desMartyrs de Lyon en 177. AuIIIe siècle, deux diocèses furent formés:celui de Vienne et celui de la Gaule.
Après l'édit de tolérance de Galère (311) et l'« édit » de Milan deLicinius etConstantin Ier (313), leconcile d'Arles fut le premier à se tenir enGaule en314 afin de condamner ledonatisme.
Lechristianisme se développa dans un premier temps dans les villes romaines et le long des voies de communication, telles que les vallées du Rhône et de la Saône[1]. Les campagnes et les régions peu romanisées restaient fidèles à lareligion gauloise[2].
La Gaule, au début duIVe siècle, était une mosaïque où les îlots de chrétienté étaient rares. À cette époque où les dogmes s'élaboraient, l'arianisme fut pendant quelques décennies, lechristianisme en vigueur dans l'Empire romain; celui auquel se convertirentGoths etBurgondes quand ils rejoignirent l'empire et sa religion[3].
Alors que l'arianisme se développe en Gaule,Hilaire de Poitiers, grand défenseur dupremier concile de Nicée, condamne cette hérésie en355.
En380, l'empereurThéodose revint aux résolutions duconcile de Nicée; l'édit de Thessalonique fit du cultechristianisme nicéen l'unique religion officielle, interdisant les autres. Les « invasions barbares » limitèrent néanmoins les effets de l'édit théodosien: leroyaume wisigoth était gouverné par des souverains ariens, de même que leroyaume burgonde[4].
En 481, lesFrancs etAlamans sontpaïens, les roisWisigoths etBurgondes sontariens. Seul leroyaume de Syagrius est catholique.

LorsqueClovis Ier et sesleudes se convertirent à la religioncatholique (et non à l'arianisme) en496, puis lorsque leurs armées conquirent leroyaume wisigothique de Toulouse en507 en vainquant une sorte de ligue arienne, ils apparurent comme légitimes aux yeux des papes. Ainsi, la religioncatholique put s'imposer véritablement en une Gaule devenue franque. D'Alaric II, Clovis reprit lebréviaire qu'il fit appliquer en son royaume, de nombreuses dispositions et lois de celui-ci organisant la vie des chrétiens.
Leconcile d'Orléans fut convoqué par Clovis en 511, quatre ans après la conquête des provinces du Sud-Ouest[n 1] sur leswisigothsariens. Il s'agissait d'un concile national, où furent convoqués évêques francs et wisigoths dans une ville frontière ; cependant les provinces germaniques et la Gaule Belgique, encore peu christianisées n'y sont pas représentées[5]. Ce concile n'eut pas de fin dogmatique, il tendit à codifier les rapports du roi et de l’Église[6].
Il en fut de même pour la plupart desconciles mérovingiens[n 2] : ils posèrent les bases de l'organisation hiérarchique de l’Église autour des évêques nommés par le roi, et délimitèrent les compétences juridiques des différents tribunaux. La déficience des autorités et des magistrats laïcs avaient, depuis leVe siècle, aussi incité les évêques à prendre en main la destinée de nombreuses cité; ceux-ci étaient souvent issus de la vieille aristocratie.
De nombreux canons de ces conciles portaient sur la gestion des biens matériels de l’Église, et sur l'organisation d'une vie monastique[7] toujours croissante, auxVIe et VIIe siècles, et en laquelle larègle de saint Benoît conféra une unité franque et occidentale ; ce qui eut aussi pour conséquence d'achever sa séparation d'avec sa contrepartie orientale. L'abbaye de Hauterive[8] (près deCastres) fut, en 620, la première de Gaule à adopter la règle bénédictine, suivie par lemonastère de Troclar àLagrave et par l'abbaye de Fleury (en 651). Les abbayes géraient de vastes domaines issus de dotations royales ou de grands propriétaires[9]. Par elles, la christianisation atteignit les campagnes[10]. Leurs fondateurs, issus des familles de l'aristocratie franque, furent bientôt honorés par unculte des saints.
Surtout dans l'est et le nord de la Gaule franque, lesmoines irlandais vinrent aussi évangéliser les populations et fonder, dans une moindre mesure, des monastères (dont le plus célèbre restecelui de Luxeuil) mais, si les fruits de leur évangélisation restèrent, leur spiritualité spécifique finit par s'effacer devant l'uniformisation occidentalo-bénédictine. Luxeuil et sa "fille", l'abbaye de Corbie, étaient également reconnues pour être les plus grands centres de l'enluminure. Un des signes de la christianisation qui s'achevait était la pénétration du principe de la proximité des morts avec les vivants symbolisé par les cimetières devenus adjacents aux églises des villages de la campagne gallo-franque.

AuVIIIe siècle, la christianisation de laFrancia était terminée. La géographie des paroisses fut établie : les urbaines et suburbaines dépendaient de l'évêque alors que les rurales dépendaient des nobles et des monastères. Les baptêmes d'adultes étaient devenus rares car celui des enfants était alors ancré dans la tradition. Au niveau liturgique, lechancel séparaient lechœur des fidèles à l'instar de l'iconostase orientale.
Le fils deCharles Martel,Pépin le bref, entama auconcile de Soissons avec l'évêqueBoniface un assainissement de l'Église franque, ce qui lui assura le soutien papal. Quand il déposa ledernier mérovingien, il établit la légitimité de la nouvelle dynastie en se faisantsacrer à Saint-Denis par le pape en 754 ; la création desétats pontificaux, conquis sur les Lombards, scella cette alliance avec la papauté[11]. Cette relation avec la papauté s'avéra plus complexe.
En effet, se basant sur des considérations desaint Augustin et des papesGélase Ier etGrégoire le Grand,Étienne II rappela les fonctions de protecteurs de l'Église et représentants temporels de Dieu sur terre qu'avaient les rois et empereurs, tout en réaffirmant la supériorité du spirituel sur le temporel; prémices de ce qui deviendra, une fois achevée, la doctrine desDeux glaives auXIVe siècle. Le baptême de Clovis avait déjà investi la royauté d'une dimension sacrée mais Étienne II désigna Pépin en tant que « nouveau David » gouvernant le peuple franc qui est un « peuple élu »[12]. Sans être prêtre, le roi des Francs, protecteur des églises et recteur de laNouvelle Alliance en détint un certain caractère et sa place médiane, entre le spirituel et le temporel, fait donc de lui un vicaire, ou lieutenant, temporel du Christ ; c'est pourquoiRaban Maur fit représenterLouis le Pieux enmiles christi dans sonLiber de laudibus Sanctae Crucis. Ce lien particulier entre l'Église, le roi et le peuple allait marquer le catholicisme français pendant bien des siècles.
Lesacre qui se développait alors allait être un des nombreuxsacramentaux propres au royaume de France.
Vers 765, Pépin le bref instaura ladîme, au bénéfice des évêques nommés pas ses soins[13] ; cette dîme fut généralisée en 779 par lecartulaire de Herstal. Particularité locale, vers 850, se développa lerite lyonnais[14].
L'action de l'Église, au travers des « renaissances franques », fut considérable. Le monde monastique et celui des prêtres se rapprochèrent. Un mouvement de centralisation, voulu par les empereurs d'Occident, toucha les monastères, surtout au travers de la codification de larègle bénédictine, menée parBenoît d'Aniane, et de la réforme qui en était son application plus ou moins autoritaire. Les monastères s’agrandirent et s'enrichirent; ce qui permit le développement de services hospitaliers.
D'une certaine manière, le Moyen Âge central de l'Église de France commença par l'instauration, en989, de laPax Dei lors duconcile de Charroux. CettePaix de Dieu fut relayée parCluny et sonordre bénédictin qui furent les meneurs d'une réforme monastique, intellectuelle et culturelle à partir duXe siècle d'une importance considérable. Au niveau liturgique, lechant grégorien, noté au moyen deneumes, était devenu la norme au sein du royaume de France; là encore, Clunyjoua un rôle éminent.
AuXIe siècle, laréforme grégorienne se déploya en France et rencontra de la résistance quant au pouvoir royal, beaucoup moins chez les autresféodaux et aucune dans laNormandie sous l'égide d'unGuillaume le Conquérant en accord avec les papes.
De nombreux ordres naquirent sur le sol français : l'Ordre de Grandmont (en 1076), l'Ordre cistercien (en 1098), l'Ordre de Fontevraud (en 1101), l'Ordre des Trinitaires (en 1194), l'Ordre desPrémontrés (en 1120), l'Ordre du Temple (en 1129) et l'Ordre des Prêcheurs (en 1215), l'Ordre des Mercédaires (en 1218) mais aussi des personnages qui marquèrent leur temps tels quePierre l'Ermite,Suger de Saint-Denis,Pierre le Vénérable,Pierre Lombard etsaint Louis. Les fraternités laïques chrétiennes foisonnèrent également à cette époque; qu'elles furent professionnelles oucomposées de pénitents ou decharitables.1217 vit très tôt lesfranciscains s'implanter en France avec la fondation de lachapelle de la Cordelle àVézelay. De nouvelles pratiques virent le jour en France telles lerosaire institué parDominique de Guzmán en 1208[15].

AuMoyen Âge tardif, au début duXIVe siècle, les mutations politiques induisent la création d'États modernes dans lesquels l'influence de la papauté, très importante auxXIIe et XIIIe siècles diminue sensiblement. Sur le terrain politique, cela se traduit par l'affrontement du roi de FrancePhilippe le Bel et du papeBoniface VIII qui cherchent à affirmer la primauté absolue de leur pouvoir. EnItalie, les luttes entre le pape et de l'empereur débouchent sur l'affrontement entreguelfes et gibelins, duXIIe au XIVe siècle.
Ces conflits aboutissent dans un premier temps à l'installation de lapapauté à Avignon puis en1378, auGrand Schisme d'Occident. Lorsque la crise arriva à son dénouement (1417), la France, qui venait d'être battue à Azincourt (1415), connaissait une autre crise mais, cette fois, principalement temporelle, quoi qu'indissociable du spirituel. L'Église, dont une partie du rôle social et culturel avait été prise en charge par la bourgeoisie depuis leXIIIe siècle, sortit moralement et spirituellement affaiblie de cette crise : de nouvelleshérésies émergèrent, le sentiment religieux se modifiait, les particularismes nationaux s'exacerbaient et legallicanisme se développa de plus belle avec les actes officiels qu'étaient laPragmatique Sanction de Bourges en1438 et leConcordat de Bologne de1516.
Lors duXIVe siècle et des siècles suivants, laquestion du Salut devint centrale et un regain toucha l'Europe occidentale qui vit se développer de nouvelles formes de spiritualité. De nouvelles confréries pieuses, telles que laconfrérie du Rosaire apparurent. Par le mouvement de laRenaissance, le christianisme français put s'exprimer en de nouveaux modes culturels. Leconcordat de Bologne (1516) entérina le fait queFrançois Ier s'était arrogé le monopole de la nomination des évêques de son royaume ; cela fit aussi entrer la France dans l'ère dugallicanisme.
Des théologiens émirent des critiques sur la pratique religieuse, les comportements du clergé et les positions de l'Église entrainant de profonds bouleversements et la naissance duprotestantisme. Après les premiers succès duluthéranisme, une deuxième vague de prédicateurs protestants se répandit, en France, sous l'influence deJean Calvin, parmi lesquelsGuillaume Farel ouGuy de Brès.
L’Église catholique réagit par la tenue duconcile de Trente précisant ses dogmes, notamment au sujet de laRévélation, de larédemption, de l'eucharistie et de lamariologie. À la même époque, l'ordre desJésuites fut créé et joua un rôle important dans laContre-Réforme.
En France, l'opposition entre catholiques et protestants déboucha sur uneguerre civile et fratricide, contraire auxvertus chrétiennes les plus élémentaires. Les conflits se succédèrent de 1562 jusqu'en 1598, où l'Édit de Nantes amena unerelative tolérance.

LeGrand Siècle vit l’essor de l'école française de spiritualité et l'affirmation dugallicanisme qui opposaLouis XIV et une partie des évêques de France au pape. Les velléités de semi-indépendance épiscopales étaient elles-mêmes tempérées par la soumission au roi de droit divin, seul maître en son royaume après Dieu ainsi que l'expliquaBossuet dans son ouvrage laPolitique tirée de l'Écriture sainte. Le réseau de collèges de jésuites continua son expansion, leur éducation étant fort appréciée. Cette période fut aussi appelée le « Grand siècles des âmes » car elle a été marquée, au moins chez les élites chrétiennes, par une aspiration à la sainteté, à la mortification, au refus du « monde » et à l’expérience mystique.
Ces élites, influencées par des courants antérieurs et extérieurs (de Flandre et de Rhénanie duXIIIe etXIVe siècle mais aussi d'Italie et d'Espagne duXVIe siècle) souhaitaient une communication plus intime avec Dieu; démarche, qui passait par lejeûne, lamortification et l'oraison silencieuse, permettait un certain renoncement de soi pouvant mener à l'extase, l'illumination et à lavision. Ce mysticisme conduisait parfois auquiétisme (et à ses débordements) dontMadame Guyon, condamnée par la suite, fut l'égérie.
LeXVIIe siècle se voulait être aussi le continuateur de l'école française de spiritualité dontFrançois de Sales, le cardinalPierre de Bérulle etLouis-Marie Grignion de Montfort (avec sonTraité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge) sont trois grands représentants.
Leculte des saints atteignit son apogée : leur intercession était considérée comme efficace, et les plus populaires étaient à la fois les saints guérisseurs (saint Sébastien et surtoutsaint Roch) et les grands saints nationaux tels quesaint Martin etsaint Louis. Les Français, dont la grande majorité était paysanne, s'adressaient aussi souvent àsaint Fiacre et àsaint Vincent. Mais c'est à lasainte Vierge (à laquelle les priants s’adressaient aussi par lesvocables deVierge de miséricorde et deNotre Dame du Rosaire,Lépante étant alors encore frais dans les esprits) que revint la primauté : non seulement, son culte ne fit que s'accroître mais elle devint la première des saintes patronnes de la France à la suite duvœu de Louis XIII en1638. Le roi offrit d'ailleurs des apparats symbolisant laCouronne et leLys de France à la statue représentant la sainte Vierge en labasilique Notre-Dame-des-Victoires. Dès lors, l'Assomption fit office, le 15 août, defête nationale et la tradition de laprière pour la France s'instaura. Ladévotion aux saints s'exprimait aussi par lespèlerinages et par les créations deconfréries religieuses.
Cette période fut aussi féconde en saints :François de Sales (qui créa l'Ordre de la Visitation et dont l'Introduction à la vie dévote fut un immense succès),Vincent de Paul, Louis-Marie Grignion de Montfort,Jean Eudes,Claude La Colombière etMarguerite-Marie Alacoque ; ces trois derniers aidèrent à la propagation de la dévotion auSacré-Cœur de Jésus. De nouveaux ordres religieux furent fondés : laSociété de l'oratoire de Jésus, lesEudistes, lesSulpiciens, lesSœurs de l'Enfant Jésus et lesFrères des écoles chrétiennes.
Louis XIV, suivant la même voie queRichelieu (par sonConseil de Conscience), donna son plein essor augallicanisme en politisant et assujettissant toujours plus l'Église de France, notamment en abusant de larégale.De jure, par laDéclaration des quatre articles de 1682, dont le maître d'œuvre était Bossuet, l'Église de France rompit avec son passé et se mit en dehors des enseignements traditionnels quant à laprimauté pontificale.
De nouvelles églises furent construites, souvent d'architecture classique oubaroque. Cependant, le christianisme catholique s'exprimait aussi à travers les arts : avec des théologiens et hommes de lettres commeNicolas Coeffeteau,Jean-Pierre Camus etBlaise Pascal mais aussi des peintres commeJacques Blanchard,Trophime Bigot,Sébastien Bourdon,Philippe de Champaigne,Georges de La Tour etHorace Le Blanc. Relancée par la Contre-Réforme, la musique religieuse poursuivit son développement avec la multiplication desorgues, desTe Deum (Charpentier,Lully,Lalande) et autremotets.
Bien que la pratique religieuse fût restée forte, les travaux statistiques et cartographiques de l'historienTimothy Tackett dansLa Révolution, l’Église, la France suggèrent un affaiblissement du rôle prépondérant de l'Église catholique dans la vie spirituelle et sociale à cette époque. Tackett situe en effet l'apogée du recrutement sacerdotal vers le milieu duXVIIe siècle, et observe un certain déclin la pratique religieuse auXVIIIe siècle, et ce avant même la Révolution[16].
Au début de la Révolution, il existait en France 134 diocèses[17].
LaRévolution française est marquée dans sa phase la plus radicale par unedéchristianisation (1792-1794). Elle naît d'une crise financière prolongée. Elle concentre essentiellement discours et critiques sur lesprivilèges fiscaux duclergé et de la noblesse.
Le revenu de ladîme est estimé à plus de cent millions annuels, auquel s'ajoutent des revenus immobiliers du même ordre ; ces revenus sont très inégalement répartis, lebas-clergé des régions pauvres vivant chichement de laportion congrue[18].
Dès le, ladîme est supprimée[n 3], privant ainsi le clergé d'une partie de ses ressources. Le 2 novembre de la même année, sur proposition deTalleyrand, évêque d'Autun, les biens du clergé deviennent desbiens nationaux qui seront vendus par lots pour combler le déficit de l'État. Ils furent souvent rachetés par la bourgeoisie qui disposait des fonds importants qui permettent d'acheter vite[19].
Le 13 février, les vœux de religion furent abolis et lesordres religieux supprimés sauf, à titre provisoire, les maisons hospitalières et enseignantes.
LaConstitution civile du clergé de 1790 créait, en France, uneÉglise constitutionnelle dans laquelle les ecclésiastiques durent prêter un serment de fidélité à la Constitution. Le papePie VI condamna en avril1791 ce serment qui faisait desprêtres des quasi-fonctionnaires. Une autre des conséquences de la Constitution civile du clergé était l’élection desévêques par les prêtres de leurdiocèse[n 4], au lieu du mode antérieur de nomination par le pouvoir politique avec confirmation par le pape.
Le refus de nombreux prêtres de prêter serment à la Constitution civile du clergé entraîna la promulgation de plusieursdécrets contre les prêtres réfractaires à partir de novembre 1791. Les premières mesures générales prévoyant la « déportation » des prêtres conduits à la frontière, ou la réclusion des plus âgés, ont été prises le, mais bon nombre de départements avaient pris des arrêtés dans ce sens. Au printemps 1793, ces lois seront encore renforcées, assimilant leur sort à celui des émigrés[20].
En 1792, au cours desmassacres de Septembre, 191 ecclésiastiques dont troisévêques furent exécutés à laprison des Carmes[n 5] dans des conditions particulièrement violentes, sous la conduite du commissaireStanislas-Marie Maillard, exécuteur des ordres du Comité de surveillance[21].
Le 10 août 1793, lors de la Fête de la Fédération ou de l'acceptation de la Constitution Républicaine, se déploient les fastes de la fête de la Régénération ou de l'Unité et de l'Indivisibilité des Français : dans son cérémonial païen, complètement laïcisé, elle annonce l'entrée dans une phase dedéchristianisation. Elle associe un ensemble de manifestations, qui vont de la fermeture des églises transformées entemples de la Raison, à la descente des cloches et la livraison de l'argenterie sacrée, à l'abdication et au mariage des prêtres, et aux mascarades etautodafés[22]. On alla jusqu'à abandonner lecalendrier grégorien pour lecalendrier révolutionnaire, adoptant les dénominations proposées parFabre d'Églantine, qui prit effet à l'hiver 1793[23].

En 1801,Napoléon établit leConcordat, par lequel l'État subventionnait non seulement le catholicisme (reconnu comme la religion de la majorité des Français), mais aussi lejudaïsme et les branchesluthérienne etcalviniste du protestantisme. Le concordat, en créant des relations officielles entre l’État français et la papauté, obligea l'Église de France à réorganiser sa hiérarchie et la territorialité inhérente à celle-ci. L’exigence formulée par lePremier Consul de composer un épiscopat à sa guise obligea à faire céder à la fois les évêques réfractaires en exil et les évêques constitutionnels encore en place. Le 15 août1801, le papePie VI promulgua deux décisions pour permettre cette réorganisation : le brefTam multa exige la démission des évêques institués par Rome, alors que le brefPost multos labores demande celle des évêques élus. Cette intervention directe de l’autorité pontificale constitue un acte de haute importance puisqu’elle réintroduit la papauté en tant que source de l’institution canonique, ce qui met fin aux principes de l’Église gallicane. Sur les 81 évêques réfractaires encore en vie en 1801, 38 refusèrent d’adresser leur démission au pape et donnèrent ainsi naissance à laPetite Église.
En1806, Napoléon imposa lecatéchisme impérial dans lequel est glorifiée la personne de l'empereur mais aussi notifié le devoir du service militaire afin de répondre à l'appétit vorace en hommes de ses campagnes militaires. En mai 1809, Napoléon décida d'annexer lesÉtats pontificaux à l'Empire français et força leSacré Collège à venir résider en France. Par la suite, sachant aussi que le pape n'avait pas tranché quant à l'éventuelle invalidité de son mariage avecJoséphine de Beauharnais, treize des vingt-sept cardinaux (dontGiulio Maria della Somaglia) ne se présentèrent pas au mariage de l'empereur avec l'archiduchesseMarie-Louise d'Autriche, le 2 avril1810, qui se déroulait auPalais du Louvre. En guise de représailles, Napoléon leur supprima leur véhicule, leurs serviteurs, les fit expulser de leur résidence et interdire tout signe qui pouvaient les identifier en tant que cardinaux. Le sort des « cardinaux noirs », aidés de fidèles locaux, perdura jusqu'en 1813[24]. Lacharte de 1814 réinstaura le catholicisme en tant quereligion d'État tout en maintenant laliberté de culte ; la même année, le catéchisme impérial fut abandonné.
En1822, trente sièges épiscopaux sont réérigés. Le nombre de prêtres crût sûrement de même que celui des religieux et surtout des religieuses. Les ordres furent surtout restaurés entre 1820 et 1850. La première moitié du siècle vit aussi la naissance de nouvelles congrégations françaises:bénédictines de la rue Monsieur,congrégation de Sainte-Croix,maristes,oblats de Marie-Immaculée etsociété du Sacré-Cœur de Jésus.
| 1808 | 1816 | 1828 | 1831 | |
|---|---|---|---|---|
| Nombre dereligieuses | 12 300 | 16 000 | 27 000 | 31 000 |
Après larévolution de 1830 et l'installation au pouvoir deLouis-Philippe Ier, l'Église catholique se pose majoritairement comme légitimiste. Elle est soupçonnée de sympathie pour les carlistes, partisans deCharles X et commet des maladresses entrainant dans les premières années du nouveau régime des agitations populaires clairement anticléricales. C'est ainsi queMgr Forbin-Janson, éveque de Nancy, doit fuir son diocèse en 1830 après le pillage du palais épiscopal ; de même, la garde nationale met à sac l'église Saint-Germain-l'Auxerrois de Paris le 14 février1831 pour protester de l'organisation d'un hommage en funèbre en l'honneur de feu leduc de Berry[25].
Une Église schismatique voit le jour à Paris en 1831 : l'« Église catholique française », ou « Église française ». Le mouvement est interdit par le pouvoir en 1843[26],[27].
Larévolte des Canuts en1831 fut l'un des premiers événements où se manifesta la misère ouvrière.Frédéric Ozanam en fut particulièrement bouleversé[28]. À la suite de l'apostrophe d'unsaint-simonien lors de l'une de ses conférences d'histoire, il décida de fonder lasociété de Saint-Vincent-de-Paul pour l'aide aux pauvres[29].
En un premier temps, de manière générale,Napoléon III soutint le catholicisme et réciproquement mais lapolitique italienne française, qui s'avéra de facto hostile auxÉtats pontificaux, eut tendance à troubler les rapports tout en réveillant l'opposition entregallicans etultramontains.

En1891, les continuateurs de l'action de Frédéric Ozanam avaient permis, en France, l'émergence ducatholicisme social. Cela incitaLéon XIII à promulguer l'encycliqueRerum novarum qui reconnut les droits des ouvriers et cautionnait solennellement le développement d'un mouvement social. Certains des premierssyndicats furent des syndicats chrétiens : par exemple leSECI, qui deviendra laCFTC, fut créé en1887, trois ans seulement après la levée de l'interdiction de se syndiquer. Elle fut créée après laFédération nationale des syndicats, d'inspiration socialiste, en 1886, qui deviendra laCGT en 1895[30]. Se transforma également en puissant syndicat agricole catholique laSociété des agriculteurs de France créée en1867[31].
La majorité des catholiques pratiquants (parmi une population à 90 % baptisée dans le catholicisme) était encore royaliste et le régime de la jeuneTroisième République menait une politique anti-cléricale, fermant les écoles catholiques ainsi que les couvents. LepapeLéon XIII, souhaitant panser définitivement les blessures du passé et renforcer la position de l'épiscopat malmené par l'État français, promulgua en 1892 l'encycliqueAu milieu des sollicitudes. Adressée à l'épiscopat et au clergé de France ainsi qu'aux catholiques français, elle les incitait auRalliement.
Face à l'opposition croissante de groupesanticléricaux mécontents de l'influence de l'Église catholique dans l'éducation et la politique, laTroisième République prit une série de réformes qui réduisit cette influence, malgré la protestation de groupes cléricaux qui voulaient la maintenir (voirUltramontanisme). En 1903,Émile Combes, en faisant appliquer certains points de saloi du1er juillet 1901, fitexpulser le reste des congrégations catholiques. Laloi du 7 juillet 1904, interdisant l'enseignement aux membres des congrégations ayant pu rester, fut le point culminant des mesures anticongréganistes dugouvernement Combes[32]. En 1905, la loi sur la séparation des Églises et de l'État enleva leur statut spécial aux quatre religions d'État (sauf enAlsace-Lorraine, alors allemande) mais leur laissa l'utilisation gratuite des bâtiments cultuels dont elles avaient été dépossédées à la Révolution tout en en conservant l'usage.
Les relations diplomatiques entre l'État français et leSaint-Siège furent rétablies le et permirent l'établissement d'unmodus vivendi sur la nomination des évêques et un accord sur la formule juridique desassociations diocésaines pour la gestion des biens ecclésiastiques (ces associations étant en possession des églises construites après 1905)[33].
Le, lors de labéatification deJeanne d'Arc,Pie X rappela, pour les catholiques, le rôle d'élection du peuple français.
La question dumodernisme dans l'Église catholique tourne à l'affrontement entre leVatican et plusieurs théologiens catholiques français, d'abord à l'occasion de la parution de laVie de Jésus d'Ernest Renan (1863) et de son retentissement considérable auprès des lecteurs francophones. La méthode renanienne, qui se fonde sur l'exégèse historico-critique pour éclairer laquête du Jésus historique, est d'emblée rejetée par les autorités romaines. Puis, à partir de 1902, c'est au tour d'Alfred Loisy d'incarner malgré lui lacrise moderniste, laquelle aboutira à sonexcommunication en 1908. PourÉmile Poulat, ces différends ne s'aplanissent qu'à la veille de laPremière Guerre mondiale. Toutefois, le débat ne trouvera son véritable épilogue que des années plus tard, avec les remises en perspective des années 1948-1950 et avec laNouvelle Théologie représentée par des spécialistes principalement jésuites et dominicains, durablement évincés, puis réhabilités lors duconcile Vatican II.
Faisant suite à celle deLéon Bloy et deCharles Péguy, la séparation de l'Église et de l'État vit unenouvelle génération d'écrivains catholiques éclore[34].
En 1920, la canonisation deJeanne d'Arc, doublée par l'instauration d'une fête nationale, marqua un rapprochement en le gouvernement français et le Vatican mais il fallut attendre quatre ans afin que ce dernier accepte et négocie lesassociations diocésaines, pas décisif pour être en conformité avec les lois républicaines de1901 et1905.
Entre1924 et1925, en fondant laFédération nationale catholique, legénéral de Castelnau organisa et prit la tête de larésistance catholique face aux dispositionssectaires que souhaitaient appliquer le gouvernementHerriot et uncartel des gauches dominés par lesfrancs-maçons[35]: suppression de l'ambassade au Vatican et nouvelle expulsion, de France, desordres religieux. Cette action de défense religieuse est légitimée par la hiérarchie catholique qui publie notamment en mars 1925 laDéclaration sur les lois dites de laïcité. Ce document condamne la laïcisation de la société française et appelle les catholiques à s'y opposer[36].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Église catholique a joué un rôle de première importance dans l'histoire durégime de Vichy, tant enzone libre qu'enzone occupée. Avec l'avènement au pouvoir dumaréchal Pétain, elle se retrouva dans une grande proximité avec le nouveau chef de l'État et le nouveau gouvernement, à tel point que certains historiens n'hésitent pas à parler durégime de Vichy comme d'un « État clérical »[38]. L'épiscopat garde le silence lors desmesures d'exclusion des Juifs prises par le gouvernement de Vichy à partir de 1940[39].
En France, les évêques furent fréquemment amenés à s'exprimer sur les actions de laRésistance intérieure qui appelait tous les Français à la soutenir. Invariablement, selonJacques Duquesne, les évêques condamnèrent les actes de violence commis par la Résistance, et gardèrent le même discours : le gouvernement de Vichy est légitime, il est seul bon juge de l'intérêt du pays, il n'est pas question de lui désobéir[40].
Des catholiques s'engagèrent cependant dans cette désobéissance ; lesCahiers du Témoignage Chrétien qui parurent clandestinement à partir de novembre 1941 prônaient larésistance spirituelle à l'idéologienazie[41].
À l’été 1942, lors de la premièrerafle au Vel' d'Hiv, les prélats de la zone Nord envisagèrent une déclaration commune publique mais y renoncèrent ; les protestations publiques qui émanèrent de quelques archevêques et évêques de la zone sud - dontPierre Gerlier, archevêque de Lyon,Jules Saliège, archevêque de Toulouse etPierre-Marie Théas, évêque de Montauban -Jean-Joseph Moussaron, archevêque d'Albi - eurent un impact important sur l'opinion[41]. Cependant, en 1943, l’Église dut prendre position par rapport aux réquisitions dont firent l'objet les jeunes catholiques en particulier dans le cadre duService du travail obligatoire (STO). Tout au long du printemps 1943, le débat opposa violemment les tenants des deux thèses opposées : insoumission ou obéissance.
Le,Pie XII, reconnaissant « le culte affectueux et célèbre dont les Français l’honorent », déclaraThérèse de Lisieux patronne majeure de la France, venant ainsi former avec laVierge Marie etJeanne d'Arc, la trinité des grandes saintes patronnes du pays ; geste à la symbolique forte pour les catholiques français sachant, qu'un mois tard, allait avoir lieu sur la terre de la sainte, leDébarquement qui permit laLibération de la France. L'Épuration qui a suivi a peut-être permis un renouvellement d'une partie de l'épiscopat venant renforcer la frangelibérale de l'épiscopat français, acquise à laNouvelle Théologie. Ces épiscopes apparaitront, de facto, plus proches, du point de vue politico-sociologique, des mouvements et courants deGauche.
Durant la première moitié duXXe siècle, l'Église catholique jouissait encore d'une grande prégnance au sein de la société française ; la pratique était élevée, les sacrements (baptêmes, mariages religieux) étaient pratiqués par plus de 90 % de la population[42], et les funérailles à l'église concernaient 95 % des sépultures. Les ordinations de prêtres étaient encore à un haut niveau : malgré une baisse qui suivit la loi de séparation, elles enregistreront par la suite un regain, avec un pic qui suivit laSeconde Guerre mondiale (1650 ordinations en1949). Au recensement de 1954, 34 % des Français disent participer à la messe tous les dimanches.
Après-guerre, les laïcs catholiques s'investirent dans différents champs de l'action sociale: cela peut aller de la fondation d'Emmaüs, en1949, par l'abbé Pierre (qui lança aussi son célèbre appel le) à laCité catholique en passant par les œuvres et maraudes de l'Ordre de Malte. Sur le plan intellectuel, nombreux furent encore lus les écrivains catholiques dontDaniel-Rops fut, desannées 1940 jusqu'auannées 1960, un des plus prolifiques avec des œuvres telles queJésus en son temps et sonHistoire de l’Église du Christ.
En 1947, le chanoine et sociologueFernand Boulard fit paraître la première carte religieuse de la France rurale, lacarte Boulard qui se complexifia les années suivantes et dont les mises à jour jusque dans les années 1970 précisèrent le contenu des contrastes géographiques concernant les pratiques religieuses[43].
À la fin de l'été 1968, legénéral de Gaulle, alorsprésident, affirme au nouvelarchevêque de Paris, le cardinalFrançois Marty, que « le concile de Vatican II est l’évènement le plus important du siècle, car on ne change pas la prière d’un milliard d’hommes sans toucher à l’équilibre de toute la planète »[44]. Lecardinal Liénart, fer de lance des prélats français au concile, affirma par la suite que Vatican II fut l’« apothéose de sa vie »[45] alors que son homologue belge, lecardinal Suenens, affirma que le « concile avait été 1789 dans l'Église » laissant aller plus loin le pèreYves Congar qui déclara « L’Église a fait pacifiquement sa Révolution d’octobre »[46].

La fin des années 1960 et le début des années 1970 virent leparadigme de la liturgie, et de la messe en particulier, changer. En effet, plusieurs promulgations, en sus du passage dulatin aufrançais, ont successivement modifié, les textes, sacrements et rituels afin de concrétiserSacrosanctum Concilium, une des constitutions de Vatican II :
La baisse du nombre des ordinations de prêtres avait déjà commencé dès le début duXXe siècle, en dépit d'un sursaut dans les années 1940[48] mais, au début de la décennie 1970, le catholicisme français fut affecté par une sensible chute du nombre des fidèles[49]. Un faisceau decauses[Lesquelles ?] convergentes semblent avoir entrainé le reflux du catholicisme en France tout en affectant moins les autres confessions[50]. Dans les années 1970, nombre de prêtres français quittèrent leursacerdoce en demandant leurréduction à l'état laïc ou non[51]. De grands théologiens français ayant œuvré au concile, comme lepère de Lubac, lepère Boyer etJean Daniélou, ont dénoncé la crise théologique et autres dérives ayant suiviVatican II, le dernier ayant même employé le terme d'« assassins de la foi ». Des écrivains catholiques s'élevèrent aussi contre les débordements et abus tels queJacques Maritain,Étienne Gilson,Jean Guitton etMaurice Druon.
En1976, Paul VI, dans sonallocution consistoriale dénonça et réprouva les dérives liturgiques et les pastorales impropres que connaissaient les catholiques à la suite du concile.
Cette période fut celle« des belles années de l'action catholique,Jeunesse agricole catholique (JAC),Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC),Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) », de« l'affirmation de la CFTC devenue majoritairement la CFDT en 1964 »[52]. Parallèlement les catholiques de gauche formaient« une composante à part entière duParti socialiste »[52]. Toutefois, cet engagement dans les affaires du monde fut suivi d'un tarissement de la foi[52].
À la fin desannées 1980, la France comptait près de 38 000 paroisses, à peu près le même chiffre que les communes. L'exode rural et le manque de prêtres ont réduit ce nombre à environ 15 000 (chiffres 2006)[53].
L'ère wojtylienne est marquée par huit visites du papeJean-Paul II en France[54] : au cours d'une messe auBourget en 1980, il posa cette question : « France,Fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? ». Il vint à Reims en 1996 célébrer le 1500e anniversaire du baptême deClovis, et en 2004, pour le150e anniversaire de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception, menant des offices en lagrotte de Massabielle. Si elle subsiste, la pastorale de l'Enfouissement s'est sensiblement amenuisée depuis ces années.
C'est à cette époque qu'apparaissent les communautés nouvelles durenouveau charismatique[55].
En 1984,Jean-Marie Lustiger refonda l'École cathédrale de Paris. La même année, leprojet de loi Savary, préparé parAlain Savary sur ordre du présidentFrançois Mitterrand, vise à intégrer en France les écoles privées à un « grand service public ». Les associations catholiques ainsi que celles des parents de l'École libre réagirent très vivement : leMouvement de l'École libre organisa une grande manifestation à Paris le rassemblant plus d'un million de personnes. LaConférence des évêques de France apporta publiquement son soutien aux manifestants au travers deJean Vilnet, son président, ainsi que des évêques Jean-Marie Lustiger etJean Honoré[56]. Le retrait du projet annoncé parFrançois Mitterrand le entraîna la démission du ministre Savary et du Premier ministrePierre Mauroy[57].
Dans les années post–conciliaires, deux thèses proposent des explications complémentaires selonGuillaume Cuchet. « La première correspond en gros à la thèsetraditionaliste ouintégriste qui consiste à dire que l'Église des années 1960-1970 aurait sacrifié une partie (la plus désagréable) de son message sur l'autel de sa réconciliation avec le monde moderne, soit parce qu’elle avait cessé elle-même d'y croire, soit parce qu'elle a cru qu'en abaissant ses exigences et en se rendant plus aimable elle séduirait plus de monde. Calcul mal entendu, s'empresse-t-on généralement d'ajouter, parce qu'on ne voit pas que les populations visées soient revenues pour autant dans le giron de l'Église ». L'autre thèse progressiste, est une lecture conciliaire plus classique. « On en trouve une bonne expression historiographique dans les thèses célèbres deDelumeau sur la « pastorale de la peur », notamment son gros livre,Le Péché et la Peur, de 1983. Pour Delumeau, l'Église a usé et abusé d'une pastorale terrorisante fort peu évangélique qui serait, au moins en partie, responsable par réaction de la déchristianisation actuelle » et que le concile, en remettant en cause cette pastorale, aurait déstabilisé une « partie des générations formées dans l'ancien système »[58].
Ce reflux a été constaté par nombre de sondages et quelques études dont :Les enfants du Bon Dieu - les catholiques français et la procréation auXXe siècle (Martine Sevegrand, Albin Michel, 1995, 476p) etLa religion dévoilée - Nouvelle géographie du catholicisme (Jérôme Fourquet, Hervé Le Bras (Fondation Jean Jaurès, 2014, 132 p). Les causes sont à situer dans le cadre plus général de la généralisation de l'enseignement, des traumatismes liés aux conflits duXXe siècle qui ont terni l'aura morale de l'Église, et de la mise en cause de la société patriarcale (Code Napoléon). Plus précisément, deux évènements de 1968 ont été majeurs : la libération des mœurs (« faites l'amour pas la guerre ») et l'encycliqueHumanae Vitae qui furent suivis en 1975 par laloi Veil sur l'avortement et un certain retour sur le concile Vatican II que le paragraphe suivant explique assez bien : l'abandon de la classe ouvrière de l'après-guerre et le « sursaut pastoral » du concile, l'Église revenue vers une tradition morale et dogmatique plus stricte s'est éloignée d'une bonne partie de la classe moyenne urbaine, et, confrontée à la baisse des vocations, a été contrainte de réduire sa présence en dehors des grandes agglomérations.
Le rassemblementDiaconia 2013, servons la Fraternité mobilise les paroisses autour de la question du service des pauvres comme part intégrante du christianisme, en même temps que l'arrivée à la papauté du pape François, perçu comme le « pape des pauvres ».
Après l'assassinat de l'abbéJacques Hamel, le, un procès canonique est ouvert en vue de son éventuellebéatification, voire de sacanonisation. C'est la première fois, depuis bien longtemps en France, qu'un prêtre est tuéin odium fidei. De même, dans un futur indéterminé et selon une procédure qui relève dudiocèse de Nice, il est aussi probable que les trois fidèles assassinés, le 29 octobre2020, par unterroriste islamiste, en labasilique Notre-Dame-de-l'Assomption de Nice, puissent êtrebéatifiés car également tuésin odium fidei.
Le sentiment face à la perte de légitimité de l'institution catholique, la désertion militante et l'hégémonie culturelle et morale de lagauche libérale a entraîné un repli identitaire chez les catholiques pratiquants de droite et une désillusion chez les catholiques pratiquants de gauche marqués par les échecs socialistes depuisFrançois Mitterrand jusqu'àFrançois Hollande. Lemariage pour tous en a été un déclencheur, l’Islam ne lui est plus qu’épouvante ; elle est persuadée qu’une "cathophobie" existe[59], ce qui se traduit par la montée en puissance deblogs emblématiquesconservateurs ettraditionalistes de la cathosphère (blogs influenceurs tels queLe Salon beige)[60] et laredroitisation du catholicisme français[61]. En 2015, l'évêque traditionalisteDominique Rey inviteMarion Maréchal, députéeFront national a participer à l'université d'été dudiocèse de Fréjus-Toulon. PourCécile Chambraud, journaliste duMonde, Dominique Rey a ainsi « contribué à rompre la digue entre les catholiques pratiquants et l’extrême droite »[62]. De mêmeJean-Pierre Denis, directeur de la rédaction deLa Vie, estime à ce sujet qu'« une digue a sauté » entre l'Église et le FN, tout en considérant« qu'une majorité des évêques français doit être hostile à ce dialogue »[63].
En mars2017 est fondé l'Ordre de Saint-Rémi, qui lie étroitement le catholicisme et l'identité particulière de la France tel que l'évoqua le papeJean-Paul II lors de sonsermon auBourget en1980.
L'été2021 voit une réception oscillant entre tristesse et mécontentement, de la part des traditionalistes français quant aumotu proprioTraditionis custodes; surtout après la chasse des prêtres de la FSSP dudiocèse de Dijon et avec la réaction « anti-messe tridentine » de la part deGilbert Aubry (évêque de La Réunion). Les dispositions de ce texte du pape, perçues comme sévères et injustes pourraient rallumer une « guerre liturgique »[64],[65].
En 2019,96 prêtres français ont été ordonnés dans les structures diocésaines, dont 78 ayant suivi un cursus en séminaire ordinaire et 18 issus de communautés (telles que laCommunauté Saint-Martin et laCommunauté de l'Emmanuel), ainsi que trente dans lesordres religieux ; amenant à un total de126 nouveaux prêtres[66],[67]. À ces ordinations s'ajoutent celles de prêtrestraditionalistes français provenant d'instituts (tels que l'IBP, laFSSP et l'ICRSP) et ceux issus de laFSSPX, le total est donc de137 prêtres. Le constat est que près de 15 % des prêtres français ordonnés en 2019 est donc traditionaliste ou, du moins,« traditionnelle » (la Communauté Saint-Martin totalisant neuf ordonnés sur les soixante-dix-huit diocésains).
En France, le taux de baptême en 1965 était de 93 % d'une génération dans les 3 mois après la naissance, en 2022 le taux de baptême est de 17 % dans les 7 ans[69]. Parallèlement, le taux de visite de la messe dominicale avoisine en 2021 les 1,5 % contre 25 % en 1965[69].
Selon les enquêtesEVS (European Values Study) effectuées en 1999-2000 dans différents pays d'Europe, la France apparaît comme un des pays où les personnes se disant chrétiennes ont la pratique régulière la plus faible (7,6 % de pratiquants hebdomadaires) alors que l'Irlande et l'Italie comptent respectivement 56,9 % et 40,5 % de pratiquants hebdomadaires[70].
Ledétachement de la société à l'égard de la pratique religieuse catholique contribue, avec les autres formes desécularisation (progression de l'athéisme,rythmes de travail,exode rural, crise desvocations sacerdotales) à la désaffection massive de la fréquentation des églises qui entraîne la cession croissante de lieux de culte, leur transformation et leur détérioration par défaut d'entretien et de réparations[71]. Les menaces d'un lent dépérissement qui pèsent sur ces édifices, dont la majorité sont des églises rurales duXIXe siècle niinscrites ni classées et sont à la charge de petites communes, font planer le spectre de ruines d'abandon[n 9] ou de négligence, ce qui conduit à la mise en place depuis les années 1980 d'une politique de protection et sauvegarde desouvrages cultuels conduite par une commission nationale (leComité du patrimoine cultuel), des commissions régionales et départementales du patrimoine et des sites[72],[73].
Au vu de ce décrochage spectaculaire, selon le philosophe et historien de la philosophie, Rémi Brague, et Guillaume Cuchet, professeur d’histoire contemporaine, l’« hypothèse de la disparition du catholicisme en France n’est donc plus aberrante mais plausible »[69].
Si le catholicisme reste en France la religion majoritaire qu'elle a été depuis des siècles, cette religion historique est en déclin relatif[74],[75]. Deux tiers desFrançais se reconnaissent comme catholiques mais moins de 5 % (contre 20 % en 1960) disent fréquenter une église chaque dimanche, 15 % y allant régulièrement, de l'ordre d'une fois par mois environ, ce qui fait de la France le pays catholique européen où la pratique dominicale est la plus basse[76].
Le nombre de catholiques en France n'est pas précisément connu : en effet, la collecte de renseignements confessionnels est interdite lors des recensements, et cette information provient donc exclusivement de sondages. L’Église catholique ne fournit pas non plus les chiffres du nombre total de baptisés en France[77]. Ils seraient selon les estimations situés entre 42,8 et45,4 millions, soit 67,6 à 71,7 % des Français[77].
Les chiffres fournis par l'Église catholique sont ceux du nombre de baptêmes, de confirmations et de mariages. Ils sont en baisse constante jusqu'en 2020 (derniers chiffres disponibles) : de nos jours, 13 % des enfants nés enFrance sontbaptisés au cours des premières années de leur vie[78], contre six sur dix à la fin duXXe siècle[79] :
| 1980 | 1990 | 1995 | 2000 | 2005 | 2010 | 2015 | 2019[80] | Évolution 1980-2019 | |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Baptêmes | 559 521 | 472 130 | 424 829 | 400 327 | 349 075 | 302 941 | 262 314 | 204 304 | - 63,5 % |
| 553 418 | 458 626 | 407 128 | 380 093 | 325 878 | 283 570 | 240 159 | 179 061 | - 67,6 % |
| 784 300 | 793 071 | 759 058 | 807 405 | 806 622 | 832 799 | 798 948[81] | 753 383 | — |
| 71 % | 58 % | 54 % | 47 % | 40 % | 34 % | 30 % | 23,77% | — |
| 6 103 | 13 504 | 17 701 | 20 961 | 23 197 | 19 371 | 22 155 | 25 243 | + 313 % |
| Confirmations | — | 91 281 | 85 649 | 62 003 | 49 516 | 46 475 | 43 627 | 41 205 | — |
| Mariages catholiques | 184 540 | 147 196 | 125 847 | 122 580 | 97 432 | 74 636 | 55 854 | 44 951 | - 75,6 % |
| 304 084 | 287 000 | 250 651 | 327 776 (305 500) | 332 073 (271 600) | 457 212 (251 654) | 425 263[82] (236 316) | 421 110 (224 740) | — (—) |
| 61 % | 51 % | 50 % | 37 % (40 %) | 29 % (36 %) | 16 % (30 %) | 13,13 % (23,64 %) | 10,7 % (20 %) | — (—) |
| Ordinations (moyenne sur 5 ans) | — | — | — | — | — | — | 120 | — | — |
Depuis les années 1990, on constate une augmentation sensible du nombre de baptêmes d'adultes, qui approche des cinq mille par an, mais qui ne représente qu'environ 1 % du nombre total de baptêmes[83]. Dans le même temps sont survenues des demandes de « débaptisation » de catholiques devenus apostats tenant à être rayés des registres paroissiaux, soit un millier de personnes par an[84].
Enfin, il faut noter qu'en France, en 2013, 70 % des funérailles sont célébrées par l'Église catholique, cependant, 32 % des obsèques religieuses sont animées par des laïcs, ce dernier taux augmentant au fil des années, et allant même jusqu'à 69 % lorsque les cérémonies ont lieu en dehors de l'église[85].
En 2012 officiaient un peu moins de 7 000 prêtres de moins de 75 ans. 80 à 90 prêtres sont ordonnés chaque année quand il en faudrait huit fois plus pour compenser le nombre de décès[86]. On recense également 1689 prêtres étrangers dans les diocèses de France ; ils sont en grande partie issus des pays d'Afrique sub-saharienne[87]. Dès 1980, la célébration de la messe dominicale n'était plus assurée que dans la moitié desparoisses en France[42].
Au début des années 2020, sur les 15 653 religieuses apostoliques restantes, plus de 10 000 d'entre elles ont dépassé l'âge de 70 ans, dont 232 sont centenaires, alors que 1 423 ont moins de 50 ans, dont 126 sont vingtenaires[88].
| 1965 | 1980 | 1990 | 1995 | 2000 | 2005 | 2010 | 2015 | 2022[89] | Évolution 1980-2022 | |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Prêtres diocésains | 49 100 | 38 291 | 25 203 | 22 199 | 19 234 | 16 075 | 14 112 | 11 908 | 9 336 | - 75,62 % |
| Diacres permanents ayant un ministère | - | 43 | 589 | 1 051 | 1 499 | 1 960 | 2 420 | 2 670 | 3 107 | - |
| Moines et religieuses | - | - | - | - | 62 205 | 53 749 | 40 050 | 30 461 | 22 216 | - |
Pour pallier le petit nombre de prêtres, les laïcs sont de plus en plus nombreux à assurer des services dans les paroisses : catéchèse, préparation au mariage, accompagnement des funérailles, mais aussi finances, tenue des registres.
Depuis les années 1990, le diaconat a été remis à l'honneur : le nombre d'ordinations de diacres est du même ordre que celui des prêtres, environ 90 par an[90],[91].
Les sociologues s'appuient sur plusieurs types d'informations pour estimer le nombre de catholiques : les sondages commandés par divers organismes sont à prendre avec précaution, car se déclarer catholique peut recouvrir des réalités très différentes; les résultats peuvent donc dépendre très significativement des détails de la question posée. Des chiffres fournis par l'Église elle-même sont également utilisés, pour le nombre de baptêmes mais aussi pour des éléments indiquant les pratiques : régulières comme l'assistance à la messe ou ponctuelle pour les grands évènements tels que mariages et enterrements religieux[92]. L'Insee étudie également par sondage l'« état de la pratique religieuse » dans un cadre sociologique[93]. D'autres éléments significatifs sont le choix de l'enseignement confessionnel, la participation à des manifestations de masse telles que les pèlerinages, ainsi que le taux de renouvellement du clergé[92].
On observe une décroissance constante de la pratique religieuse catholique depuis les années 1960. Les Français se déclarant catholiques sont ainsi passés de 87 % de la population en1972 à 64 % en2009 (41,5 millions), et les pratiquants de 20 % à 4,5 % dans le même temps (3,2 millions)[49]. D'après une enquête d'opinion menée pour le journalLa Croix en 2017, 5 % de la population française se rend régulièrement à la messe (l'épiscopat estimant même que la pratique dominicale est sans doute autour de 2 %)[94], 53 % se disent catholiques, et 23 % se définissent comme « catholiques engagés, c’est-à-dire qui se sentent rattachés à la vie de l’Église d’une manière ou d’une autre »[95].Jean Sévillia expose que la France compte47 millions de personnes baptisées en 2015, et estime que ce nombre s'établira entre33 et 37 millions en 2045[96].
Pendant le même laps de temps, les autres confessions et religions voient leur représentation légèrement augmenter au sein de la population française, la religion musulmane en particulier[97], ainsi qu'augmente rapidement le nombre de personnes se déclarantsans religion, passant par exemple de 21 % à 28 % entre1987 et2009[49]. En 2013, lessans religion constituent le groupe le plus important chez les moins de35 ans, et près de la moitié des18-24 ans[75].

La France est divisée en104 diocèses (93 diocèses territoriaux en métropole, correspondant généralement aux frontières des départements, neuf en Outre-mer, un diocèse aux armées, et un à la mission de France). Chaque diocèse est placé sous l'autorité d'un évêque qui jouit des pouvoirs les plus étendus : l'Église est diocésaine.
Les diocèses sont regroupés en quinze métropoles (de la taille d'une région) appelées provinces ecclésiastiques, à la tête desquelles siège un archevêque, l’archevêque métropolitain. Ce dernier n'a pas d'autorité réelle sur ses évêques suffragants, mais il a un rôle de coordination pour toutes les questions qui réclament des réponses sur un territoire étendu. Les archevêchés les plus prestigieux voient généralement leur archevêquecréé cardinal : c'est le cas de Paris et Lyon (toujours car siège du primat des Gaules) et de Bordeaux et Marseille (souvent).
Les diocèses sont subdivisés endoyennés, eux-mêmes subdivisés enparoisses, desservies par un curé (prêtre responsable). Jusqu'aux années 1990, la paroisse correspondait à la limite de la commune rurale ou du quartier urbain desservi par une église. Au milieu des années 1990, les diocèses ont entrepris un regroupement de paroisses, pour faire face à la pénurie de prêtres, si bien que la paroisse aujourd'hui correspond plutôt aux limites géographiques du canton (on parle de paroisse « multi-clochers »).
Il n'y a pas d'autorité catholique unique en France ; les questions spécifiques à l'Église catholique en France sont traitées par laconférence des évêques de France (CEF). En souvenir de l'implantation paléo-chrétienne à Lyon, l'archevêque de Lyon a cependant une dignité spéciale et est encore appelé le « Primat des Gaules ».
Aux côtés de ces branches principales de l'Église, peut coexister celle de l'Opus Dei qui a sa propre hiérarchie grâce à son statut deprélature personnelle.
La quasi-totalité des fidèles de l'Église catholique en France sont attachés à l'Église catholique. Propre à la France à cause de divers facteurs (son Histoire, sa figure de proue que représenteMarcel Lefebvre), letraditionalisme y est particulièrement implanté. Par rapport à d'autres pays, de nombreuses chapelles« Ecclesia Dei » sont présentes sur le territoire dépendant plus ou moins, selon leurs statuts, des diocèses; voire évoluant en dehors de ceux-ci telles que laFraternité Saint-Pie-X. La France accueille également le siège d'un institutEcclesia Dei : l'Institut du Bon-Pasteur.
De plus, il existe quelques structures indépendantes qui se réclament du catholicisme, telles que l'Église gallicane ou laPetite Église (XIXe siècle), ou encore leséglises sédévacantistes (XXe siècle).
Ces saints, membres remarquables de l'Église, ont été reconnus comme saints patrons et protecteurs de la France à des époques diverses ; ce qui explique que la hiérarchie de cette reconnaissance ait pu évoluer au fil des siècles.
| Saint | Statut | Sanctuaire ou lieu de culte principal |
|---|---|---|
| Sainte Vierge Marie | Patronne principale | Sanctuaires de Lourdes |
| Sainte Jeanne d'Arc | Patronne majeure | Basilique de Domrémy |
| Sainte Thérèse de Lisieux | Patronne majeure | Basilique Sainte-Thérèse de Lisieux |
| Saint Michel | Patron secondaire | Abbaye du Mont-Saint-Michel |
| Saint Martin | Patron secondaire | Basilique Saint-Martin de Tours |
| Saint Denis | Patron secondaire | Basilique Saint-Denis |
| Saint Louis | Patron secondaire | Cathédrale Saint-Louis de Versailles |
| Sainte Radegonde | Patronne secondaire | Église Sainte-Radegonde de Poitiers |
| Saint Rémi | Patron secondaire | Basilique Saint-Remi de Reims |
| Sainte Pétronille | Patronne secondaire | Chapelle Sainte-Pétronille (àRome) |
Diverses prières existent pour la France.
En France, quant à la liturgie catholique, les fidèles peuvent se référer à différents livres officiels bien, qu'en pratique, souvent les fidèles suivent la liturgie de la messe dominicale (en rite ordinaire) via une feuille éditée pour le jour concerné ou via de petites revues telles queMagnificat[98],Prions en Église ouParole et Prière (Elidia Presse).
En novembre 2014, lors de l’entrée enAvent, le nouveaulectionnaire français du temporal entra officiellement en fonction pour l’ouverture de la nouvelleannée liturgique. Depuis, la nouvelle traduction de l'évangéliaire est également parue. Ces deux livres bénéficient de traductions, vis-à-vis de leursédition typique enlatin, qui sont le fruit d'une collaboration entre l'Association épiscopale liturgique pour les pays francophones (AELF) et l’éditeurMame.
Utilisée pour la messe, lanouvelle traduction officielle pour les francophones dumissel en rite ordinaire[99] entra en vigueur pour l'Avent 2021[100] ; deux versions de ce missel existant, chacune proposée par une maison d'édition différente.
Malgré son déclin, le catholicisme reste encore présent dans la société française à travers des associations familiales et diverses commissions, comités ou parlementaires catholiques, et garde un rôle dans le domainepolitique,social etéthique. Il revendique depuis quelques décennies cette participation, après que Vatican II en ait souligné la possibilité. L'épiscopat français déclare en 1999 dans la publicationRéhabiliter la politique : « Les catholiques participent comme tous les citoyens aux débats politiques. Il est légitime qu'ils prennent la parole pour défendre leurs propres convictions chrétiennes, dans le respect de celles des autres »[56].
Le démographeHervé Le Bras use en2013 de l'expression « catholicismezombie » pour décrire le fait que si le catholicisme est en voie de disparition comme pratique (par exemple en ce qui concerne la fréquentation assidue de lamesse), il continue à avoir une place prépondérante dans la conception française de lafamille[74].
Les médias français accordent une large part à l'actualité catholique, notamment lors des déplacements dupape, des fêtes religieuses ou des débats sur lalaïcité et les questions religieuses, qui restent des sujets sensibles malgré la séparation de l'Église et de l'État.
Plusieurs médias spécialisés (journaux, radios, chaîne de télévision) s'annoncent comme catholiques. Il ne s'agit cependant pas d'organes officiels de l'Église catholique de France et ils ne dépendent pas formellement de la Conférence des évêques de France.
La Conférence des évêques de France communique avec les médias par le biais de son directeur de la communication et de communiqués de presse[101].
Chaînes et émissions de télévision :
Radios :
Portail internet destiné aux jeunes catholiques :
L'enseignement privé catholique scolarise plus de 2 millions d'élèves dans le primaire et le secondaire, soit environ 17 % des effectifs[102],[103]. Tous ne sont pas catholiques.
En France, l'opposition au mariage homosexuel est très marquée par le catholicisme institutionnel. De nombreux laïcs et clercs de l'Église catholique prennent position contre ce projet de loi et s'associent aux différentes manifestations.
LaConférence des évêques de France avait déjà pris position en 1998 contre lePacte civil de solidarité (PACS), qualifié de « loi inutile et dangereuse »[56]. Le, le cardinalAndré Vingt-Trois, président de laConférence des évêques de France, envoie une proposition unique de « prière pour la France » dans laquelle il demande de prier « pour les enfants et les jeunes ; que tous nous aidions chacun à découvrir son propre chemin pour progresser vers le bonheur ; qu'ils cessent d'être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l'amour d'un père et d'une mère »[104].
En septembre 2012, c'est le papeBenoît XVI en personne qui encourage lesévêques français à « relever le défi » posé par le projet de loi sur le mariage homosexuel en France, dans laquelle il estime que la famille est « menacée » par « une conception de la nature humaine qui se révèle défectueuse »[105]. De même le papeFrançois, le, invite les parlementaires français à ne pas hésiter à « abroger » les lois si nécessaire, pour leur « apporter l’indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine »[106].
Durant l'été 2023, alors que lemariage pour tous est désormais bien accepté chez les catholiques français selonLa Croix[107], et que de nombreuses personnalités politiques, ecclésiastiques et médiatiques ont évolué sur le sujet, le journalLe Monde révèle, à l'occasion d'un reportage sur lesJournées mondiales de la Jeunesse auPortugal[108], que certains jeunes adultescatholiques, majoritairement d'obédiencetraditionaliste, restent opposés à l'égalité des droits, en opposition avec leurs aînés dans l'Église en France qui ont accepté ces avancées sociétales[109].
Avant les années 2000, les cas d'abus sur mineurs étaient souvent traités, d'après les témoignages des évêques eux-mêmes, dans la confidentialité. La principale mesure prise était le plus souvent un changement d'affectation du prêtre, sans que ni le risque de récidive, ni la nécessité d'une thérapie et d'une sanction pénale, ne soient réellement pris en compte[110]. Plusieurs affaires éclatèrent en France à la fin des années 1990. Une dizaine de prêtres et de religieux sont ainsi mis en examen[111]. L'affaire de l'abbé Bissey, accusé, en septembre 1998, d'une douzaine de viols et agressions sur mineurs entre 1985 et 1996[112] et condamné, le, à 18 ans de réclusion criminelle[111],[113] marqua un tournant, car l'évêque du diocèse,Pierre Pican, fut aussi mis en examen, le, pour « non-dénonciation de crime » et « non-dénonciation d'atteinte sexuelle sur mineurs de 15 ans »[112]. Il sera condamné en septembre 2001 à 3 mois de prison avec sursis.
L'affaire Pierre Pican fit prendre conscience aux évêques de leur responsabilité pénale[114]. Lors de leur assemblée annuelle à Lourdes en novembre 2000, ils décidèrent d'aborder de front le problème des abus sur mineurs commis par des prêtres et entendirent notamment des experts leur présenter les conclusions d'un rapport de 200 pages sur lapédophilie[114]. Beaucoup comprennent alors qu'ils ont sous-estimé la gravité de ce problème[114],[115]. Le, les évêques de France publièrent une déclaration commune pour condamner la pédophilie. Ils y reconnaissent que l'Église, comme d'autres institutions, n'est pas épargnée « par une réalité dont elle découvre toute la complexité »[116]. À la suite de cette déclaration, les évêques de France créèrent unComité consultatif en matière d'abus sexuels sur mineurs, chargé de travailler de façon interdisciplinaire sur la question des abus commis au sein des institutions ecclésiales. S'ensuivra, en 2002, une brochure intituléeLutter contre la pédophilie, repères pour les éducateurs[111],[117]. Elle donne des pistes pour détecter les comportements à risque, pour saisir la justice et insiste sur la nécessité d'en finir avec la loi du silence[118].
Cependant en 2008, quand un membre de laCommunauté des Béatitudes, association catholique proche duRenouveau charismatique, fut mis en cause pour de nombreuses agressions sexuelles[119],[120],[121], des témoignages confirmèrent l'inaction de ses responsables[120],[121]. Quatre membres de la communauté ayant révélé l'affaire en furent exclus[122], et le procès en 2011 mit en lumière les manquements des anciens responsables de cette communauté[123],[124],[125]. Mis en cause pour « non-dénonciation d’atteintes sexuelles », ceux-ci ne bénéficient d'un non-lieu qu'à cause de la prescription des faits[126]. Ils serontréduits à l'état laïc et poussés à s'éloigner.
D'après une enquête menée dans les diocèses pendant l'été 2010, il y aurait, en France, 9 prêtres emprisonnés pour des faits de pédophilie, 51 prêtres mis en examen et 45 prêtres ayant déjà accompli une peine de prison[127].
Lacommission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église en France estime, dans son rapport d'octobre 2021, qu'au moins 2,5 % à 2,8 % de prêtres et religieux ont commis des agressions sexuelles ou des viols sur environ 216 000 victimes, majeures et vivantes au moment de la rédaction de celui-ci. En incluant les agresseurs laïcs, le nombre de victimes est évalué à plus de 330 000. La Ciase décrit un phénomène« massif » et« systémique ». Le rapport fait 45 recommandations, notamment en matière de réparations financières, et tranche la question de la responsabilité de l’institution.
Depuis laloi de séparation des Églises et de l'État de 1905,« La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». L'Église catholique bénéficie cependant d'un régime dérogatoire dans plusieurs territoires français[128]. Leconcordat en Alsace-Moselle reste en vigueur, et les prêtres des cultes reconnus y sont donc rémunérés par l'État français[128]. EnGuyane, le régime des cultes, qui remonte àCharles X, ne reconnaît que le culte catholique. Les prêtres catholiques, et eux seuls, sont financés par le département[129],[130].
Les revenus des diocèses sont essentiellement constitués des dons des fidèles :denier du culte (défiscalisé, 35 % des revenus diocésains de 2011), casuel des cérémonies (32 % en 2011) etlegs (12 % en 2011). S'y ajoutent des revenus de leur patrimoine[131],[132].
Depuis 1907, les bâtiments construits avant 1905 et appartenant précédemment à l'Église catholique sont devenus des possessions de l'État et des collectivités locales ; ces derniers en assument l'entretien et en offrent la jouissance gratuite à l'Église[133]. Cet « avantage financier » est une forme de subvention indirecte[n 11]. Selon l'inventaire dupatrimoine religieux effectué par laconférence des évêques de France en 2009[134], la France compte 45 000 édifices catholiques qui relèvent de l'activité paroissiale[n 12] (17 000 églises, 12 000 chapelles, tous états confondus[n 13], dont 10 000 connaîtraient une activité cultuelle). Environ 40 000 de ces bâtiments datent d'avant 1905 et sont donc censés être entretenus par les communes, 87 cathédrales sont biens de l'État, et plus du quart sont classés parmi les monuments historiques. 35 % des églises ont été édifiées auXIXe siècle sous lerégime concordataire qui généra un mouvement dereconstruction des églises en réaction aux événements de la Révolution. Les diocèses sont également en possession, par le biais des associations diocésaines, de 5 000 édifices construits après 1905, date de laséparation des Églises et de l'État, dont 2 050 églises (300 en région parisienne).
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