Le, Jean de Vitry, seigneur de Reuilly, fait donation à Antoine Fayet,curé deSaint-Paul, d'un terrain pour y bâtir unechapelle dédiée àsainte Marguerite. Après avoir été église succursale de l'église Saint-Paul en 1634, cette chapelle devientéglise paroissiale en 1712.
Lecimetière Sainte-Marguerite est ouvert derrière l'église en 1637. Lanef et lesbas-côtés sont allongés en 1679. En 1703,Gilles Le Sourd, curé deSaint-Paul, entreprend la construction de la chapelle dutransept nord appelée chapelle Saint-Joseph-Sainte-Marguerite. Le transept sud est agrandi avec la chapelle de la Vierge en 1724. Entre 1760 et 1764, l'architecteVictor Louis (1731-1800) construit la chapelle des Âmes-du-Purgatoire dans lestyle néo-classique et le peintrePaolo Antonio Brunetti (1723-1783) est chargé de sa décoration entrompe-l’œil. C'est un exemple unique et exceptionnel de cet art du trompe-l'oeil conservé à Paris.
La chapelle de l'anciencouvent des Annonciades de Popincourt supprimé en 1782 devient en 1791 une succursale de l'église Sainte-Marguerite puis l'église de la nouvelleparoisse Saint-Ambroise créée en 1791 en démembrement de la paroisse Sainte-Marguerite[1].
Le curé de Sainte-Marguerite depuis 1743, l'abbé Charles-Bernardin de Laugier de Beaurecueil (1712-1794)[2], refuse de prêter leserment constitutionnel et se trouve destitué en[3].
Plaque commémorative posée sur le mur de l'église.
Le, plusieurs spécialistes examinèrent des ossements attribués par eux àLouis XVII (déjà exhumés en 1846) et constatèrent que le crâne était celui d'un sujet masculin âgé de plus de 16 ans[5].
Pierre commémorative sur l'un des emplacements supposés de la tombe de Louis XVII.
À laRestauration,Louis XVIII tentera de retrouver les restes de son neveu, mais devra y renoncer en raison des contradictions dans les témoignages, rendant impossible leur localisation exacte. Des exhumations réalisées en 1846 et 1894, puis encore 1979, mettront au jour des ossements appartenant à plusieurs personnes, dont le crâne scié d'un jeune homme de 15 à 18 ans, donc n'ayant pas appartenu à l'enfant mort au Temple, dont tous les témoins confirment qu'il était âgé, au moment de son décès,« de dix ans ou environ ». La plupart des historiens, dont l'archéologueMichel Fleury, vice-président de la Commission du Vieux-Paris, en tirent la conclusion que la dépouille du jeune prince, mêlée à d'autres corps, dans un cimetière souvent bouleversé, est sans doute perdue à jamais[6]. Une plaque commémorative posée sur le mur de l'église rappelle que« l'enfant mort au Donjon du Temple » y a été inhumé en 1795. Les restes exhumés auXIXe siècle se trouvent toujours dans uncaveau, aménagé contre le mur extérieur de la chapelle des Âmes-du-Purgatoire. Au-dessus, unestèle commémorative, datant duXIXe siècle, évoque le souvenir de Louis XVII. Même si le corps de l'enfant ne repose pas à cet emplacement, le petit monument est cependant régulièrement fleuri.
Lecimetière attenant à l'église est fermé en 1804. Le papePie VII visite l'église et y célèbre lamesse en 1805. En 1912, lepresbytère est détruit et remplacé par une école.
Lesfrontons sculptés de l'église sont inscrits au titre desmonuments historiques en 1928. Lechœur et lachapelle des Âmes-du-Purgatoire sont classés en 1960. Les restes du cimetière sont inscrits en 1962[7].On peut voir, souvenir de ce cimetière, la pierre tombale de Georges Jacob fils (1768-30 vendémiaire anXII ()) qui travaillait avec son frèreFrançois Honoré (1770-1841) :estampillageJacob Frères.
Leclocher de l'église, de section carrée, est unbeffroi en bois recouvert d'ardoises ; chacun des quatre côtés incorpore une horloge. Le clocher contient quatrecloches baptisées le :Napoléon Jean Baptiste,Jeanne Marguerite,Anne Marie etGabrielle Sophie, des noms de leur parrain respectif.
La façade de l'église, rue Saint-Bernard, comporte quatrepilastresdoriques soutenant unfronton triangulaire nu, surmonté d'une croix métallique. Les frontons des façades latérales dutransept sont ornés debas-reliefs sculpté par l'abbé Goy :Les Pèlerins d'Emmaüs sur le fronton nord et uneVierge à l'Enfant sur le fronton sud.
À l'intérieur de l'église, levitrail au fond de lanef, derrière ledéambulatoire, représente sainte Marguerite sortant dudragon, œuvre du verrier Carot (1882)[8]. Un autre vitrail de Carot, également de 1882, situé dans la chapelle de la Vierge, représente l'Annonciation[9].
L'église comporte plusieurs vitraux commémoratifs de part et d'autre de la nef :
Le Christ descendu de la Croix,XVIe siècle, parCharles Dorigny, autrefois attribué àFrancesco Salviati[23]. La signature« Charles Dorigny/painctre 1546 », inscrite sur la porte du tombeau, fut découverte lors de la restauration de 2004. Ce tableau est la seule œuvre conservée, en l'état actuel des attributions, de cet artiste.
La chapelle des Âmes-du-Purgatoire[16] est décorée d'une peinture murale représentant un temple entrompe-l'œil. Cette peinture, exécutée entre 1760 et 1762, est l'œuvre de Paolo-Antonio Brunetti pour les architectures et ornements et deGabriel Briard pour les frises peintes et les statues figurant entre les colonnes. Gabriel Briard est également l'auteur du tableau du maître-autel :Le Passage des âmes du purgatoire au ciel (Salon de 1761).
↑Dominique Leborgne,C’était hier… le Xième arrondissement, éditions L.M. Le Point,(ISBN2 904463 10 0),p. 82.
↑Debure, gendre de feu d'Houry,Almanach Royal pour l'année 1789, Paris, Imp. Veuve d'Houry, s. d.,p. 104) (en ligne sur Gallica).
↑M*** (Abbé Clément Bossard),Histoire du serment à Paris, suivi de la liste de ceux qui ne l'ont pas prêté,…, Paris, Chez tous les marchands de nouveautés, 1791, 215 p. (en ligne sur Google books).
↑Réimpression de l'ancienMoniteur […], tome 24, Paris, Plon, 1847,p. 670.
↑Félix De Backer,Louis XVII au cimetière de Ste-Marguerite. Enquêtes médicales, Paris, Paul Ollendorff, 1894.
↑« La mort de Louis XVII au Temple d'après les fouilles récentes du cimetière Sainte-Marguerite », in: Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris,Louis XVII, 1987,pp. 27-32 et 207-215.
↑a etbFrédéric Jiméno, Dominique Massounie et Christophe Henry, « Note de visite de l'église Sainte-Marguerite. 36 rue Saint-Bernard - 75011 Paris »,Peintures et décor du siècle des Lumières dans les églises parisiennes, Groupe Histoire Architecture Mentalités Urbaines,,p. 24(lire en ligne, consulté le).
Alexandre Gady, « Sainte-Marguerite », in:Le faubourg Saint-Antoine. Architecture et métiers d’art, Jean-Baptiste Minnaert (dir.), Délégation à l’action artistique de la ville de Paris, Paris, 1998,pp. 42-47.
H. Leclercq,La paroisse Sainte-Marguerite au fauxbourg Saint-Anthoine, Paris, Pigelet, 1914, 102 p. (en ligne sur Gallica).
Dominique Massounie, Frédéric Jiméno et Christophe Henry,« Note de visite de l’église Sainte-Marguerite. 36 rue Saint-Bernard - 75011 Paris », dans Christophe Henry et Laetitia Pierre,Peintures et décor du siècle des Lumières dans les églises parisiennes, Paris, Groupe Histoire Architecture Mentalités Urbaines,, 25 p.(lire en ligne).
Martin Schieder,Jenseits der Aufklärung. Die religiöse Malerei im ausgehenden Ancien Régime, Berlin, Gebr. Mann Verlag, 1997,p. 126-132.
Martin Schieder,Au-delà des Lumières. La peinture religieuse à la fin de l’Ancien Régime, Paris, Editions de la Maison des sciences de l'homme, 2015,p. 98-104.