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| Église Saint-Philippe-du-Roule | |
| Présentation | |
|---|---|
| Culte | Catholique romain |
| Dédicataire | Saint Philippe |
| Type | Église paroissiale |
| Rattachement | Archidiocèse de Paris |
| Début de la construction | 1772 |
| Fin des travaux | 1784 |
| Architecte | Jean-François-Thérèse Chalgrin |
| Style dominant | Néo-classique |
| Protection | |
| Géographie | |
| Pays | |
| Région | Île-de-France |
| Département | Paris |
| Ville | Paris |
| Coordonnées | 48° 52′ 24″ nord, 2° 18′ 38″ est |
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L'église Saint-Philippe-du-Roule a été construite à la fin duXVIIIe siècle et remaniée deux fois au cours duXIXe. Son histoire est liée aux différentes étapes de l'édification de cequartier auquel elle a donné son nom.
Elle se trouve auno 154rue du Faubourg-Saint-Honoré entre laplace Chassaigne-Goyon et laplace Théodore-Chassériau, dans le8e arrondissement deParis.
L'église fait l’objet d’un classement au titre desmonuments historiques depuis le[1].
L'actuelle église Saint-Philippe-du-Roule a pris la place d'unechapelle dédiée àsaint Jacques etsaint Philippe. Cette chapelle faisait partie d'unemaladrerie fondée vraisemblablement auXIIIe siècle par des ouvriers de laMonnaie, souvent exposés à lalèpre.
La chapelle de la maladrerie ne sert que de chapelle de secours : pour lessacrements, lesoffices et l'instruction religieuse de leurs enfants, les habitants du Roule doivent se rendre àSaint-Martin-de-Villiers, éloignée d'unelieue (environ 4 kilomètres)[2].
En1639, à la demande des habitants, le roiLouis XIII accorde la permission de bâtir (ce qui était interdit jusque-là) et de s'unir au village de laVille-l'Évêque[3]. La chapelle tombant en ruine, sa reconstruction est envisagée[4],[5].
La chapelle du Roule est érigée enparoisse en1699, et vers1700, Nicolas de Lépine exécute de nombreuses réparations[6].
Lehameau du Roule est rattaché au faubourg de laVille l'Évêque et réuni à Paris en1722.
En1739, lelieutenant général de policeRené Hérault ordonne la démolition de la vieille chapelle qui menace ruine[7]. Les cloches sont mises dans un abri et le service est transféré provisoirement dans une grange, inondée à certains moments.
Les paroissiens durent, pendant plusieurs décennies, suivre les offices dans une étable,« lieu tout à fait indécent pour une église et pour une paroisse de Paris qui à cet égard se voit réduite au-dessous du dernier village du royaume », écrivent le curé et lesmarguilliers[8].
En1741, le roiLouis XV offre un terrain détaché de l'ancienne pépinière pour construire une nouvelle église, mais le « grand égout », longeant l'actuelle rue La-Boétie, ne permettant pas d'asseoir des fondations assez solides[9], le projet doit être abandonné et le terrain donné par le roi est utilisé comme nouveaucimetière.
En1764, le curé et les marguilliers écrivirent au roi :« La paroisse devient tous les jours plus considérable par le nombre et par la qualité des paroissiens »[7]. À la suite de cette requête, le lieutenant général de police,Sartine, demanda à l'architecteLouis-Marie Colignon de lui proposer les moyens de doter la paroisse d'une église digne d'elle. Il proposa un plan de reconstruction totale de l'église sur le terrain actuel pour un devis de 70 000 livres[8], modeste mais encore hors de portée de la paroisse. Louis XV jugea néanmoins ce projet insuffisant et, en1767, un nouveau projet fut demandé àJean-François Chalgrin (1739-1811) par l'intermédiaire ducomte de Saint-Florentin,secrétaire d'État à la Maison du roi, pour qui l'architecte construisait alors l'hôtel de Saint-Florentin.
Dans le même temps, le roi fit acheter les terrains nécessaires à la construction de l'édifice, celui qu'il avait donné en1741, détaché de la pépinière royale, s'étant avéré trop meuble pour qu'on puisse y établir des fondations solides[10]. Le, Louis XV donna à lafabrique de Saint-Philippe-du-Roule une somme de 8 000 livres pour l'aider à se libérer vis-à-vis des Monnayeurs, propriétaires des terrains[7].
Les plans furent approuvés le par l'Académie royale d'architecture mais l'achat des terrains traîna en longueur. Ce n'est qu'en1773 qu'il fut possible d'entreprendre les travaux de démolition et de fondation. Lapremière pierre devait être posée parLouis XVIII, et il y eut un projet de médaille pour commémorer l'événement, mais la mort de Louis XV le fit obstacle à la cérémonie[11].
En1779, la construction était réalisée« presqu'à moitié »[12], mais elle dut être interrompue à la fin de l'été de la même année par manque de fonds. Les travaux furent achevés en1783-1784, pour un coût total de 300 000 livres[7]. Au printemps 1784, l'église est en état de recevoir les fidèles ; elle estbénie par M. Chevreuil, vicaire général, le[13] ; il reste à édifier les deuxclochers qui devaient encadrer lechevet et qui ne verront jamais le jour. Lepresbytère, levicariat et l'école, demandés par le roi en1772, ne seront pas bâtis en même temps que l'église[14].
Dans sa forme originelle, l'édifice est connu grâce aux dessins deLouis Gustave Taraval (sv) et aux estampes de Sellier[15]. Un longbas-relief deGois,Les Miracles de saint Philippe, destiné aupéristyle, ne fut jamais exécuté en pierre faute de fonds[16].

En1846, l'édifice est remanié et agrandi parGodde, puis parBaltard en1853. Le premier ouvre deslunettes dans lavoûte, ajoure le mur circulaire duchœur, où Chalgrin avait créé des niches entre des colonnes engagées ; les caissons de la voûte ducul-de-four sont comblés pour permettre àThéodore Chassériau de l'orner d'uneDescente de Croix. Baltard, de son côté, installe uncalorifère dont les conduites verticales courent le long des piliers dudéambulatoire.
Laduchesse d'Alençon, sœur de l’impératrice d'Autriche (Élisabeth, dite « Sissi »), venait s'y recueillir. Victime de l'incendie duBazar de la Charité, ses obsèques y furent célébrées en. En 1880, celles du généralJoseph Vinoy y furent aussi célébrées.
L'abbé Albert Colombel (1864-1943)[17],chanoine honoraire deParis, fut curé de Saint-Philippe-du-Roule de 1923 à sa mort en 1943. Il nous a laissé une méditation éditée[18].
« Quand on médite ces paroles d'adieu adressées aux siens parJésus, on peut se reporter, par l'imagination, à l'une de sesparaboles, celle de l'homme qui, partant en voyage, appela ses serviteurs et leur remit ses biens (cf.Mt 25,14-30).« À l'un il donna cinq talents, à l'autre trois, à un autre un. »
- Cinq talents : Jésus laisse à sesapôtres 1) sonÉvangile,« enseignez » ; 2) sagrâce,« baptisez » ; 3) sapersonne,« Je suis avec vous », non seulement par la grâce, mais par l'Eucharistie ; 4) ses membres,« toutes les nations » ; 5) sa croix,« vous serez mes témoins » non seulement par la parole, mais par la souffrance, par lemartyre.
- Trois talents : Jésus laisse 1) sa puissance, jusqu'aumiracle s'il y a lieu ; sa puissance morale surtout, qui gagne les âmes et leur fait gagner le ciel ; 2) sa sagesse, dans l'enseignement :« Enseignez à toutes les nations [...] leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé » ; 3) sa bonté, c'est-à-dire cettecharité divine dont les cœurs seront remplis par leSaint-Esprit :« Vous serez baptisés dans l'Esprit Saint. »
- Un talent enfin : l'Église. »
— Albert Colombel.Méditation sacerdotales sur l’Ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ, édité par l'auteur en 1933, p. 21[19].

Saint-Philippe-du-Roule n'est pas le premier édifice religieux en France à renouer avec les dispositions des anciennesbasiliquespaléochrétiennes, mais c'est un des plus remarquables, et ce fut l'un des plus imités[20].
L'édifice avait à l'origine des dimensions de 26 toises de long sur 14 de large (environ 52 mètres sur 28). La façade, très simple, comprend unpéristyle à quatrecolonnes doriques surmonté d'unfronton triangulaire encadré par deux portes rectangulaires, selon une composition qui fut ensuite imitée àNotre-Dame de Lorette,Saint-Denys du Saint-Sacrement,Saint-Pierre du Gros Caillou etSaint-Vincent-de-Paul.
Deux tours devaient s'élever de chaque côté de lanef au-dessus du fauxtransept mais elles ne furent jamais construites. Cependant, un petitcampanile de métal, contenant une cloche, et agrémenté de haut-parleurs afin que le son porte plus loin, a été, bien plus tard, rajouté.

Levaisseau central est couvert d'unevoûte en berceau portée par descolonnes ioniques. Contrairement à ce qui était prévu à l'origine, cette voûte n'est pas réalisée en pierre mais encharpente et en toiles peintesmarouflées simulant des caissons de pierre.
Lescollatéraux, voûtés en berceau, n'ont pas dechapelles mais desautels simplement adossés au mur extérieur et placés sous les fenêtres. On ne trouve des chapelles, surmontées de faussestribunes àbalustrades, qu'à la dernière travée, où se situait à l'origine lemaître-autel. À ce niveau, les colonnes étaient remplacées par un mur orné depilastres cannelés qui se prolongeait en s'arrondissant pour former uneabside, voûtée encul-de-four garni de caissons. Le cul-de-four a été orné en1855 d'uneDescente de croix parThéodore Chassériau[21].
Les travaux de1846 ont remplacé ce mur par unecolonnade afin de créer undéambulatoire en arrière de l'abside. La chapelle de la Vierge, située dans l'axe de lanef, a été ouverte sur ce déambulatoire.
Une cloche fondue par Hildebrand porte mention de l'année 1850 et se trouve destinée à l'horloge de l'église[22].
Le correspond à ladédicace de l'église, c'est-à-dire sa consécration solennelle comme lieu de culte et de prière.
En1853, une chapelle des catéchismes[23] a été ouverte perpendiculairement à l'axe principal.
En définitive, aujourd'hui, seule la partie antérieure (depuis les deux chapelles latérales) est deChalgrin, toute la partie postérieure remontant aux transformations deHippolyte Godde et deVictor Baltard.

Après laConstitution civile du clergé (1790), Saint-Philippe-du-Roule conserve son rang de paroisse ; elle est fermée en 1793, puis mise à la disposition desThéophilanthropes, successivement sous le nom de temple du Roule, puis detemple de la Concorde et enfin rendue au culte catholique le.
Le,Liane de Pougy y épouse le princeGeorges Ghika[24].
L'écrivain et historienLouis d'Illiers s'y marie avec Marcelle de Saint-Quentin le[25].
Le, un orage d’une rare violence éclate à Paris. De l'Opéra à Saint-Philippe-du-Roule, le sol miné par les travaux récents dumétropolitain, les caniveaux des tramways ou encore la reconstruction des égouts, a cédé sous la pression de l’eau. Des trous se sont soudainement ouverts dans la chaussée sous les pas des passants et sous les roues des voitures ; bilan : 12 morts[26].
Dans le livreParis brûle-t-il,Dominique Lapierre etLarry Collins rapportent que l'église fut la seule de Paris à ne pas faire sonner ses cloches pour laLibération de Paris parce qu'elle n'en avait pas à cette époque (comme pour les statues en bronze, les cloches en bronze furent saisies par les Allemands en 1941, et fondues pour fabriquer des obus ou des munitions).
En, la cérémonie des obsèques du comédienRaimu s'y déroulèrent, devant une assemblée très nombreuse[27].
L'église est accessible en transports en commun : laligne 9 du métro de Paris s'arrête à la stationSaint-Philippe du Roule, de même que les bus 28, 32, 52, 80,83 et 93 de laRATP.
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