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Unécuyer est, dans le domaine équestre, un cavalier chargé d'enseigner l'équitation classique et de dresser les chevaux de manège, mais aussi de transmettre son savoir à ses élèves. Les grands traités insistent sur sa maîtrise du cheval, dont il fait ressortir le brillant. Le titre est employé par exemple pour désigner les cavaliers duCadre noir de Saumur, ou encore ceux de l'école espagnole d'équitation à Vienne. Par extension, l'écuyer est aussi un cavalier qui monte enspectacle équestre, en particulier en spectacle decirque. L'Académie du spectacle équestre de Versailles forme des écuyers de spectacle équestre.

François Baucher définit l'écuyer comme« l'homme qui sait dresser un cheval, le conduire avec précision, et rendre compte des moyens qui lui ont procuré ces résultats »[1]. Le début de cette définition est repris parRené Bacharach, qui y adjoint le fait que l'écuyer sache manier un cheval avec grâce et justesse, et soit capable de former de vrais hommes de cheval[2].Daniel Roche définit (2007) l'écuyer des sociétés ancienne comme celui qui a le privilège et la mission de transmettre les règles d'un art qui est une passion sociale de son époque, et qui« enseigne à travers la maîtrise des chevaux le gouvernement des hommes »[3]. Entre l'écuyer et ses élèves s'établit un rapport de maître à élève[4], qui peut être basé sur la science ou sur l'« adhésion spirituelle »[3]. Cette dimension spirituelle est importante d'aprèsPatrice Franchet d'Espèrey, qui estime qu'un écuyer construit son identité à travers le cheval, mais aussi qu'il entreprend une« métamorphose de lui-même »[5].
De grands principes généraux se retrouvent dans les écrits des écuyers, notamment la position gracieuse à cheval, la volonté d'obtenir de l'animal qu'il obéisse avec plaisir, la légèreté et le brillant[6]. Victor Franconi décrit le travail de l'écuyer comme l'atteinte de l'idéal en équitation :« je crois que le beau idéal en équitation est de voir toute la vigueur, l'énergie, le brillant des allures de la haute école se déployer, s'agiter sous l’enveloppe calme et la main tranquille de l'écuyer »[7].
D'aprèsPatrice Franchet d'Espèrey, le cavalier devient véritablement un écuyer lorsqu'il acquiert du tact, un« sentiment des mouvements du cheval et de ses contractions musculaires, d'ordre tactile »[8]. Il insiste également sur la notion de transmission. Ainsi, l'équitation de tradition française s'est d'après lui perpétuée jusqu'à notre époque grâce à une chaîne de transmission ininterrompue depuis leXIXe siècle :Faverot de Kerbrecht fut le maître d'Étienne Beudant, lui-même maître deRené Bacharach, lui-même maître de Patrice Franchet d'Espèrey[9].

La notion d'écuyer remonte à laRenaissance, lorsque l'équitation se dissocie en deux recherches antagonistes, l'efficacité militaire et l'esthétique[10].

Il existe encore quatre écoles européennes d'origine militaire formant des écuyers : le cadre noir de Saumur, l'école espagnole d'équitation,l'école royale andalouse d'art équestre et l'école portugaise d'art équestre.[réf. nécessaire]

À la fin duXVIIIe siècle, les premierscirques européens font appel à des écuyers pour qu'ils se produisent en spectacle, y compris à des personnes déjà célèbres dans le milieu militaire, commeFrançois Baucher. Bien que l'écuyer soit associé à l'expression « homme de cheval », auXIXe siècle, de nombreuses écuyères s'expriment à travers ces spectacles de cirque et acquièrent une renommée considérable, au point de faire l'objet de nombreux articles dans la presse de l'époque et d'inspirer des artistes. Elles trouvent à travers le cirque une possibilité de s'affirmer dans un contexte où les femmes sont très diminuées socialement. La monte s'effectueen amazone. Certaines écuyères sont formées par d'anciens écuyers de la cour royale de Versailles. Les numéros de ces femmes sont si réputés qu'elles voyagent avec leurs chevaux toute l’Europe, jusqu'àSaint-Petersbourg.Caroline Loyo est la première femme écuyère à présenter son cheval de haute école sur une piste de cirque, en 1833. Elle se produit auCirque d'Hiver l'année suivante. L'AutrichienneElisa Petzold devient la professeur particulière de l’impératriceÉlisabeth d’Autriche. Dans les années 1840, les écuyères sont plus nombreuses que les écuyers dans le domaine du cirque. Assez vite, la forme du spectacle offert par ces femmes évolue vers la recherche de la grâce et la féminité, notamment à travers des numéros de voltige et de danse[11].