Unécrivain, ou uneécrivaine[note 1], est, à l'origine, une personne qui est habile dans l'art d'écrire ou qui en fait son métier (lemaître écrivain). Par la suite, le terme a désigné l'auteur d'ouvrageslittéraires, également désigné par l'expression « homme de lettres » ou « femme de lettres ». Cette signification est devenue principale de nos jours. Dans la suite de cet article, le mot « écrivain » est utilisé pour désigner toute personne qui exerce cemétier.
AuXVIIe siècle, les personnes qualifiées d'« auteurs » ne sont plus considérées comme les producteurs originaux d'écrits, mais plus des personnes exerçant une autorité morale, et sources de savoir qu'il faut respecter. Dans le même temps, se développent les œuvres dont les qualités jugées importantes sont« le bel esprit », et les qualités esthétiques. Les rédacteurs de ces œuvres peuvent difficilement alors être qualifiés d'auteurs, et progressivement, ils sont désignés par le mot « écrivain »[2].
Le statut social contemporain d'écrivain, désignés plus couramment comme hommes de lettres,se dégage[pas clair] auXVIIIe siècle avec le rayonnement desphilosophes des Lumières[3],« à l'époque où s'accroît le prestige de l'individu qui expose sa subjectivité et qui met ses capacités d'intellect et d'écriture au service de l'opinion publique »[4].
À cette époque, le souhait des auteurs de vivre de leur œuvre, confronté aux nouveaux défis techniques de l'édition, met en relief l'originalité et la propriété du travail de l'esprit. Le manuscrit autographe devient la preuve d'une telle activité, donc des droits correspondants. Des écrivains se mettent à réfléchir sur la notion d'œuvre de leur vie, et être archivistes d'eux-mêmes, par la conservation de leurs manuscrits.Jean-Jacques Rousseau est un précurseur de ce mouvement, etGoethe, puis Borges, entre autres, se sont souciés de ce qu'était le corpus de leur œuvre. Ce corpus peut également être établi par une autre personne que l'écrivain, après sa mort, par exemple,Edmond Malone, pourShakespeare, fut le premier à vouloir relater la vie d'un écrivain en correspondance avec son œuvre[3]. En corollaire, la notion de « droit d'auteur » apparaît elle aussi auXVIIIe siècle, d'abord dans le domaine de la musique, en particulier avec le cas deHaendel qui revendique une rémunération pour les interprétations publiques de son œuvreLe Messie. Le concept s'étend alors aux autres domaines de la création artistique, dont la littérature.Samuel Johnson, en 1755, s'indigne dans saLettre à Chesterfield de n'avoir pratiquement pas reçu de rétribution pour sonDictionnaire. En France,Beaumarchais fonde la première société d'auteurs en 1777.
Dans le cas où une personne cumule plusieurs de ces activités, on utilise souvent le terme d’« écrivain » ou d'« auteur ».
Certaines formes d'écriture, ne relevant pas toujours de l’écriture littéraire, sont parfois considérées comme relevant du travail d'un écrivain. C'est le cas notamment pour :
D’autre part, l’utilisation grandissante demédias autres que les livres, magazines ou revues de qualité (par exemple de médias hybrides cumulant textes, sons et images) induit à élargir sensiblement l'extension de la notion d'écrivain.
Unécrivain public est une personne qui met à disposition d'un public, souvent illettré ou de faible culture, sa capacité à rédiger des lettres ou des documents. Cette profession, qui n’a pas totalement disparu, s’occupe surtout d’aider les gens dans leurs démarches administratives.
Unscripteur est la personne qui a écrit de sa main un message ou un document sans en être forcément l'auteur.
Péjorativement, on trouvera parfoisécrivaillon ouscribouillard. Le termelittérateur peut parfois aussi être péjoratif. De mêmeplumitif.
Les termesécrivant etécrivante, qui sont d'un usage très récent dans le milieu de l'enseignement, sont plutôt employés pour désigner quelqu'un qui participe à un atelier d’écriture, et n’est généralement pas considéré comme écrivain. Ils sont employés parRoland Barthes et par Paul Désalmand dans sonGuide de l’écrivain pour désigner spécifiquement ceux qui pratiquent l’écriture de documentation (ouvrages techniques, ouvrages de référence) et les distinguer de l’écriture de création ou écriture littéraire.
Elisabeth Zawisza,L'âge d'or du péritexte : Titres et préfaces dans les romans duXVIIIe siècle, Paris,Hermann,, 362 p.
Nicole Jacques-Lefèvre et Frédéric Regard,Une histoire de la "fonction-auteur" est-elle possible ? : actes du colloque organisé par le Centre de recherche LiDiSa (Littérature et Discours du Savoir) ENS Fontenay-Saint-Cloud, 11-13 mai 2000, Université de Saint-Étienne,(lire en ligne)
Alain Viala,Naissance de l'écrivain. Sociologie de la littérature à l'âge classique, Éditions de minuit,.
Paul Bénichou,Le Sacre de l'écrivain 1750-1780 : Essai sur l'avènement d'un pouvoir spirituel laïque dans la France moderne, Paris, Joseph Corti,
Anne-Marie Thiesse,La fabrique de l'écrivain national : Entre littérature et politique, Paris,Éditions Gallimard,
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