Pays où il est utilisé en tant qu'écriture principale.
Pays où il est utilisé avec une autre écriture officielle.
Pays où il n'est pas utilisé.
L'alphabet latin est unalphabetbicaméral comportant vingt-sixlettres de base, principalement utilisé pour écrire les langues d’Europe de l'Ouest, d'Europe du Nord et d'Europe centrale, ainsi que les langues de nombreux pays qui ont été exposés à une forte influence européenne, notamment à travers la colonisation européenne desAmériques, de l'Afrique et de l'Océanie. Par ailleurs, des pays comme laTurquie ou actuellement leKazakhstan ont d'eux-mêmes, pour différentes raisons, abandonné leur ancien modèle d'écriture et adopté l'alphabet latin.
Considéré commesystème d'écriture par défaut dans lemonde occidental, l'alphabet latin a pour origine l'alphabet grec — dont il reprend de nombreuses lettres en majuscule, la minuscule n'existant pas en grec lors de l'apparition de l'alphabet latin, ni en latin jusqu'auMoyen Âge, période à laquelle elle est aussi apparue en grec —, premier alphabet utilisé en Europe et dont dérivent la quasi-totalité des alphabets européens, dont lecyrillique et l'étrusque. En 2002, les utilisateurs de l’alphabet latin représentaient 39 % de la population mondiale, consommaient 72 % de la production imprimée sur papier dans le monde et assuraient 84 % de l’ensemble des connexions àInternet[1],[2]. En raison de l'importance historique, démographique, économique et culturelle des pays utilisant l'alphabet latin (notamment ceux d'Europe et d’Amérique du Nord), celui-ci est devenu le système d'écriture le plus international ; on trouve des mots écrits en lettres latines sur tous les continents et dans les rues duJapon, comme dans celles de l'Algérie ou de l’Égypte.
Leslettres capitales de la graphie latine sont d’origineromaine, provenant directement dulatin dont l’alphabet était encoremonocaméral. En revanche, lesminuscules sont issues des diverses formes monocamérales développées lors de la mise à l'écrit deslangues germaniques, apparues plus tard.
C’est sous le règne deCharlemagne, désireux d’unifier les différentes formes d’écriture de l'Empire carolingien, qu’Alcuin mélangea ces écritures en créant laminuscule caroline[Information douteuse][3] qui est à la base des différentes formes de l’alphabet latin moderne, devenu ensuitebicaméral car il distingue maintenant les majuscules des minuscules pour des raisons lexicales (les lettres minuscules prennent parfois aussi la forme de lettres capitales pour des raisons orthographiques ou grammaticales, et dans les autres cas existent aussi sous la forme de petites capitales, en revanche les majuscules sont normalement toujours transcrites en grandes capitales).
Du fait de la grande variété des langues l'utilisant dans leur écriture, l'alphabet latin comporte de nombreuses extensions sous forme designes diacritiques et delettres supplémentaires. En effet, les vingt-six lettres fondamentales sont souvent insuffisantes pour exprimer toutes les distinctions entrephonèmes des langues considérées. Un autre moyen couramment employé pour créer des distinctions supplémentaires est le recours à desdigrammes.
L’alphabet latin de base (dans sa forme simplifiée à vingt-six lettres sans les diacritiques et lettres complémentaires) a également été le seul utilisé pour noter de façon sécurisée les adresses de sites web (URL), et decourriel, suivant en cela la norme decodage ASCII, avant la création, en 2003, et l’adoption effective généralisée desnoms de domaine internationalisés permettant l’utilisation d’Unicode.
L'alphabet latin, comme la majorité de ceux issus de l'alphabet grec, estbicaméral : on utilise deux graphies pour chaquegraphème (oulettre), l'une ditebas de casse ouminuscule, l'autrecapitale oumajuscule. Dans la majorité des cas, chaque lettre possède les deux variantes. Il existe cependant quelques exceptions, comme la lettre formée d’uneligatureß (appeléescharfes s oueszett ; utilisée enallemand et autrefois dans d'autres langues, dont le français), qui, en capitales, est remplacée parSS (bien qu’une majusculeẞ soit aussi officiellement acceptée en allemand).
L'expansion – tant géographique que temporelle – de cet alphabet en fait l'un des plus riches en variantes nationales. Ainsi :
chaque langue donnée utilise un jeu plus ou moins complet de lettres fondamentales ;
chacune peut en posséder des lettres modifiées qui s'y ajoutent ;
parmi les lettres modifiées, certaines sont considérées, selon les langues, comme des lettres à part entière ou comme des variantes d'une autre lettre ;
certaines variantes nationales font usage de lettres supplémentaires qui ne peuvent pas être considérées comme des variantes diacritées de 26 lettres de base : ß allemand (cf.supra), Þ þ (thorn) et Ð ð (edh) islandais, etc.
Par exemple, les alphabets utilisés pour lefrançais et pour l'espagnol ne sont pas identiques (ainsi, la lettreç ne s'emploie pas en espagnol et à l'inverse le français ne se sert pas deñ), bien que tous deux puissent être ramenés à l'alphabet latin. En sorte, il ne serait pas faux de parler d'un alphabet français et d'un alphabet espagnol.
On le voit, il n'existe rien de tel qu'un alphabet latin figé et constant ; il est cependant possible d'isoler lesgraphèmes fondamentaux utilisés dans une majorité de langues : ce sont ceux de l'alphabet des origines (voir plus bas, section « Histoire ») plusj etu ainsi queg etw, soit :
Parmi les innovations de l'alphabet latin par rapport à son modèle (indirect)grec, on peut compter le nom des lettres. En effet, alors que les lettres grecques portent des noms sans sens dans leur langue car hérités directement deslangues sémitiques et, surtout polysyllabiques (alpha,bêta,gamma,delta), ce sont des monosyllabes en latin.
LesRomains, en effet, n'ont pas cherché à donner un nom réel à leurs lettres, ils les désignaient comme elles se prononçaient, ce qui ne pouvait bien fonctionner qu'avec lescontinues et les voyelles (qu'on prononçait vraisemblablement longues). On trouve donc deux groupes de lettres (on se bornera ici aux lettres purement latines n'offrant pas de difficultés d'interprétation) :
celles prononçables sans support : les voyelles /aː/, /eː/, /iː/, /oː/, /uː/ et les continues /fː/, /lː/, /mː/, /nː/, /rː/ et /sː/ (on disait donc « la consonne /ffff/ » en prolongeant le son autant que nécessaire) ;
celles qu'on devait articuler avec unevoyelle d'appui, /e/ chez les Romains : /beː/, /keː/ (lettrec), /deː/, /geː/, /kaː/ (lettrek, qu'on employait initialement devanta ou une consonne puis qui n'a été conservée que dans de rares mots), /peː/, /kuː/ (lettreq, qui ne s'emploie que devant unu), etc.
De là vient la manière qu'on a, en français mais aussi dans les autres langues à écriture latine ancienne, d'épeler les mots.
Les limites intrinsèques à cet alphabet, relativement limité en nombre de signes différents, ont dû rapidement être dépassées dès qu'il s'est agi de transcrire des langues autres que le latin, langues dont lesystème phonologique diffère nécessairement, comme lepolonais. Par exemple, l'alphabet latin des origines ne permet pas de noter le son [ʃ] dechat.
utilisation dediacritiques, signes complémentaire à une lettre fondamentale et qui en modifient la valeur (accent aigu,tilde,ogonek, etc.) ;
invention delettres supplémentaires (issues deligatures, devariantes contextuelles ou de variantes propres à une graphie médiévale particulière, principalement), parmi lesquelles certaines sont maintenant considérées comme fondamentales (comme lew ou leß), certaines ont disparu (c'est le cas duȝ –yogh) ;
emprunt de lettres à d'autres écritures (leƿ –wynn – anglais, par exemple, emprunté auxrunes) ;
On utilise, en français, les vingt-six lettres fondamentales, dans deuxcasses, ainsi que desligatures (commeæ etœ) et des lettres munies dediacritiques (comme dansé) qui ne sont cependant pas considérés comme des lettres indépendantes même si elles sont considérées comme distinctives et normatives dans l’orthographe. Enfin, leslettres diacritiques (commeu oue aprèsg pour en préciser la valeur), lesdigrammes (ch,ai,an/am,au,ei,en/em,eu,gn,in/im,ng,on/om,ou,un/um,ph,sh,ss…) et trigrammes (ain,eau,ein,oin,sch…), et diverses lettres muettes, sont particulièrement nombreux (dont certains importés de langues étrangères) et ne sont pas traités non plus comme des lettres indépendantes.
Bien qu’on les oppose à l’écriture latine, les formes allemandes dites « gothiques » (Fraktur ouSchwabacher pour la typographie,Kurrent ouSütterlin pour les cursives) font partie des écritures latines. Elles se distinguent par leurs formes anguleuses, des ductus et des ligatures particuliers. Bien qu’encore utilisées, ces types d’écritures ont disparu de l’usage courant.
Outre les vingt-six lettres fondamentales, l'allemand utilise des voyelles avecumlaut Ää Öö Üü, et (sauf dans sa variante suisse où il est partout remplacé par ss) leß (s dur oueszett), presque uniquement minuscule, dont la majuscule (pour les titres en capitales, car cette lettre n'existe pas en début de mot) est habituellement SS. La majuscule ẞU+1E9E LATIN CAPITAL LETTER SHARP S est peu utilisée. Comme en français, ces lettres supplémentaires ne sont pas considérées comme distinctes : dans un classement alphabétique, l'umlaut est soit ignoré, soit assimilé à un e postscrit ; le ß est classé comme un s double.
L'alphabet latin archaïque (avec différentes variantes pour chaque lettre).
L'alphabet latin était initialement utilisé pour écrire lelatin, la langue parlée par les habitants deRome et duLatium. Il est dérivé de l'alphabet étrusque, lui-même variante d'unalphabet grec différent de l'alphabet ditclassique (celui qu'on utilise dans les éditions actuelles). L'alphabet étrusque comportait quelques lettres inutiles (B,C,D etO), qui n'étaient jamais utilisées dans les inscriptions car inutiles en raison dusystème phonologique de l'étrusque, dans lequel on ne trouve pas d'occlusivessonore ou de voyelle /o/. Elles seront en revanche utilisées par les Latins, chez qui elles trouvent une pleine utilité[4].
Les faits notables de cet alphabet sont les suivants :
on ne distingue pasU deV (qui s'écriventV), niI deJ (qui s'écriventI) ;
les Étrusques, ne distinguant pas les consonnes sourdes et sonores, ont emprunté le digamma grec, notant originellement /w/ en grec archaïque et /w/ ou /v/ en grec occidental, avec la valeur /f/ ce qui explique le son de notre lettre F ;
dans les premiers temps, la lettreC notait à la fois /g/ et /k/ : en effet, l'alphabet étrusque s'est servi du gamma grecΓ /g/ avec la valeur /k/, /g/ étant absent dusystème phonologique étrusque.G (modification graphique deC) a cependant complété l'alphabet rapidement. La lettreK, redondante avecC, n'a été conservée en latin que devant /a/ et dans très peu de mots (KALENDAE, « calendes »). Cependant, la confusionC ~G a persisté dans lesprénoms romainsCaius etCnæus prononcés respectivementGaius etGnaeus, notamment pour lesabréviations : ces prénoms s'écrivent normalementC. etCn. La lettreZ étant inutile en raison durhotacisme,G l'a remplacé dans l'alphabet (rappelons qu'en grec on a, dans l'ordre, Αa, Βb, Γg, Δd, Εe, Ϝw (digamma), Ζz).
la lettreQ, utilisée comme variante de /k/ devant /u/ (c'est lekoppa grec, inutile dans cet alphabet donc absent de la variante classique), n'a été conservée que pour former ledigrammeQV notant le phonème unique /kʷ/, distinct de la suite de consonnes /kw/ : on oppose ainsiQVI /kʷi/ « qui » etCVI /ku̯i/ (avec diphtongue) « à qui ».
En conclusion, lelatin utilisait 20 lettres dans sa variante archaïque[5] :
A, B, C, D, E, F, H, I, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, V, X
Il utilisait 23 lettres dans sa graphie classique[6] :
A, B, C, D, E, F, G, H, I, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, V, X, Y, Z
Les graphèmes j, u et w (ce dernier d'abord imprimé comme vv) apparaissent progressivement au cours du Moyen Âge et de la Renaissance. Le j est d'abord une variante stylistique du i et cet usage s'est perpétué dans les chiffres romains écrits en minuscules, où par exemple dans la numérotation des pages de préface de certains livres on voit encore:i, ij, iij, iv, v, vi, vij, viij etc. En Angleterre, l'édition originale de la bible anglicane officielle diteBible du roi Jacques (1611) n'utilise pas encore la lettre J : il faut attendre la première révision « cantabrigienne » (1629) pour la voir apparaître.
Il est à remarquer que la lettre grecqueupsilon Υ υ est à elle seule à l'origine de non moins de quatre lettres de l'alphabet latin actuel, à savoir U, V, W et Y.
Au cours des siècles, les lettres de l'alphabet latin ont été tracées de diverses manières. Ces types d'écritures ne constituent pas des alphabets en soi mais des versions différentes d'un même alphabet, ce qui deviendra après l'invention de l'imprimerie lapolice de caractères :
Jusqu'à laRenaissance, le manuscrit est le grand véhicule de l'écriture. L'imprimerie prend progressivement le relais, et le manuscrit devient peu à peu un objet d'art. C'est alors qu'apparaissent de grands maîtres qui signent des livres théoriques et pratiques sur « l'art de la belle écriture ». Les circonvolutions de l'écriture vont suivre leur cours, ponctué de noms commeLudovico degli Arrighi, Giambattista Palatino, Tagliente Yciar, Lucas,Gérard Mercator[7]…
L'alphabet latin a été le premier alphabet reconnu par lesappareils informatiques. Dans ces appareils, à chaqueglyphe correspond un nombre (code), et ce nombre est manipulé par l'appareil. La transformation d'un nombre en glyphe et inversement se fait conformément à des tables de correspondance normalisées.
La normeASCII, créée en 1961 définit les correspondances entre 96 caractères d'imprimerie et leur nombre respectif. Parmi les caractères définis dans la norme, il y a les 26 lettres de l'écriture latine, en capitale et en bas-de-casse, les chiffres de 0 à 9, et les divers signes de ponctuation qui permettent d'écrire des textes enanglais. Cette norme ne définit pas de correspondance pour les lettres avecdiacritiques (accents et autres signes comme la cédille).
La table de correspondanceISO/CEI 8859-1, aussi appeléeLatin-1 est une des tables de correspondance définies par la normeISO/CEI 8859. Créée en 1991 sur la base de la norme ASCII, cette norme définit la correspondance entre 191 caractères d'imprimerie et leur nombre respectif. Parmi les caractères, il y a les 26 lettres de l'écriture latine, en majuscule et minuscule avec les diacritiques utilisées dans différentes langues (latines) de l'Europe de l'Ouest tels que lefrançais (à l'exception notable des caractères 'œ', 'Œ' et 'Ÿ'), l'allemand, l'espagnol, ledanois ou l'islandais.
Les 15 autres tables de la normeISO/CEI 8859 définissent la correspondance entre les lettres avec des signes diacritiques inutilisés dans les langues de l'Europe de l'Ouest tels que lehatchek š, l'ogonek ę ou le Scédille ş, ainsi que des langues utilisant les alphabetscyrillique,grec,arabe,hébreu etthaï. Ces normes font partie de la famille de normeUnicode, qui définit les correspondances pour toutes les lettres dans presque tous les alphabets utilisés dans le monde.
Les caractères suivants sont dédiés aux langues utilisant l’alphabet latin et ses extensions ; ainsi qu’à certains systèmes de transcription phonétique :
↑On peut encore lire sur tous ces points la synthèse pourtant déjà ancienne mais toujours d'actualité A.Grenier, « L’alphabet de Marsiliana et les origines de l’écriture à Rome », Mélanges d’archéologie et d’histoire, 1924, vol 41,p. 3-41.
Mikami Yoshiki etShigeaki Kodama,« Mesurer la diversité linguistique sur le Web », dans Laurent Vannini et Hervé Le Crosnier,Net.lang : réussir le cyberespace multilingue, C&F Éditions,, 125‒147(lire en ligne)
VéroniqueSabard Geneslay,« L’évolution des styles de l’écriture latine », dansL’aventure des écritures, Réunion des musées nationaux/Bibliothèque nationale de France,(lire en ligne)