L’écriture hiéroglyphique égyptienne est unsystème d'écriturefigurative : lescaractères qui la composent représentent des objets divers — naturels ou produits par l'Homme — tels que des plantes, des figures de dieux, d'humains et d'animaux, etc. (cf.classification des hiéroglyphes). Leségyptologues y distinguent traditionnellement trois catégories de signes :
les signes-mots (ouidéogrammes), qui représentent un objet ou, parmétonymie, une action ;
les signes phonétiques (ouphonogrammes), qui notent un son (consonne, suite de consonnes ou voyelle[a]) ;
Le hiéroglyphe a d'abord désigné le graveur des signes (Carte postale de 1898 par John White Alexander).
Le mothiéroglyphe dérive dugrecἱερογλύφος /hieroglúphos, formé lui-même à partir deἱερός /hierós, « sacré », etγλύφω /glúphô, « graver ».
Àl'époque gréco-romaine, il désignait « celui qui trace les hiéroglyphes » et non les hiéroglyphes eux-mêmes, qui se disaientτὰ ἱερογλυφικά (γράμματα) /tà hierogluphiká (grámmata), c'est-à-dire « les (caractères) sacrés gravés » sur les monuments (stèles, temples et tombeaux). Ultérieurement, par un glissement de sens, le mothiéroglyphes finit par désigner lescaractères hiéroglyphiques eux-mêmes.
Les Égyptiens eux-mêmes nommaient leur écriture « /ˌmaːtʼaw ˈnaːcaɾ/ » (« parole divine ») soit, en
Par extension, on qualifie souvent dehiéroglyphique une écriture utilisant le même principelogographique que l'égyptien. Ainsi, on parle duhittite ou dumaya hiéroglyphiques. Il n'est cependant pas admis de dire descaractères chinois qu'ils sont des hiéroglyphes. Hiéroglyphes commesinogrammes appartiennent à l’ensemble plus vaste deslogogrammes.
L'écriture hiéroglyphique est attestée dès 3250-3200av. J.-C.[3],[4]. Elle est employée pendant plus de 3 500 ans, la dernière inscription connue datant de 394apr. J.-C.[5].
Les premiers hiéroglyphes connus sont contemporains des premières tablettescunéiformes mais sont complètement différents, tant par leur graphisme que par leur logique. Certains scientifiques émettent l'hypothèse qu'ils en dérivent ou qu'ils ont au moins été influencés par le système inventé enMésopotamie[6] mais ce n'est pas généralement admis. En 2014,James P. Allen écrit au contraire que l'écriture égyptienne « semble être apparue soudainement en 3250 avant notre ère, comme système complet » et que « bien qu'on ait pensé autrefois que l'idée de l’écriture fût arrivée en Égypte depuis la Mésopotamie, de récentes découvertes indiquent que l'écriture s’est développée de manière indépendante en Égypte »[7].
Quelle que soit leur fonction, les signes sont figuratifs : ils représentent quelque chose de tangible, souvent facilement reconnaissable, même pour quelqu'un qui ignore le sens du signe. En effet, les Égyptiens s'inspirent de leur environnement pour le dessin des hiéroglyphes : objets de la vie quotidienne, animaux, plantes, parties du corps. À l'époque de l'Ancien, duMoyen et duNouvel Empire, il existe environ 700 signes hiéroglyphiques alors que, à l'époque gréco-romaine, on en dénombrait plus de 6000.
Les hiéroglyphes sont gravés sur pierre ou bien, dans le cas de l'écriture hiératique, tracés aucalame et à l'encre sur un support moins durable.
Apparue avant lacivilisation pharaonique, l'utilisation des hiéroglyphes gravés n'est donc pas liée aux nécessités administratives d'un État en formation. Elle se limite aux domaines dans lesquels l'esthétique ou la valeur magique des mots avaient de l'importance :formules d'offrandes et fresques funéraires, textes religieux, inscriptions officielles. L'écriture consiste d'abord en de courtes inscriptions — des « énoncés titres » — désignant un souverain, une bataille, une quantité, puis, aux environs de 2700 avant notre ère, sous le règne duroiDjéser marqué par le développement des pratiques religieuses et des rites funéraires, s'élaborent des phrases construites que l'on retrouve essentiellement dans lespyramides.
Dernière inscription hiéroglyphique connue (394), sur la porte d'Hadrien àPhilæ.
Après le temps consacré au développement du système d'écriture de type hiéroglyphique, quatre autres stades d'évolution (et de simplification progressive) de cette écriture peuvent être distingués : après le stade hiéroglyphique vient le stade deshiéroglyphes linéaires ; puis vient celui de l'écriture hiératique ; vient ensuite celui de l'écriture démotique ; enfin, vient lecopte, comme dernière étape du processus d'abstraction et de simplification.
Une première simplification du système d'écriture égyptien est qualifiée par les égyptologues de hiéroglyphes linéaires. Ceux-ci conservent l'aspect figuratif des hiéroglyphes gravés, mais sont tracés avec moins de précision que ces derniers ; ils constituent par ailleurs un premier pas vers l'abstraction de ce système de représentation. Ils sont peints sur lessarcophages en bois et lespapyrus des « livres des morts ».
L'écriture hiératique, troisième stade de l'évolution du système d'écriture égyptien, en constitue la forme cursive. Réservée aux documents administratifs et aux documents privés, elle est tracée au pinceau et a pour supports lesostraca (tessons de poterie ou de calcaire), les tablettes de bois, ou plus rarement lepapyrus et leparchemin, d'un coût très élevé[10].
À partir de l'époque saïte (XXVIe dynastie), le hiératique est partiellement supplanté par une nouvelle cursive, ledémotique. Il s'agit d'une simplification extrême de l'écriture hiératique, réservée aux actes administratifs et aux documents de la vie courante, d'où son nom d'écriture « populaire ». L'écriture hiératique n'est alors plus utilisée que pour consigner des textes religieux ou sacerdotaux, conjointement avec les hiéroglyphes, d'où son nom d'écriture « sacerdotale ». À l'époque ptolémaïque, le grec s'impose de plus en plus comme langue administrative : à partir de 146 avant notre ère les contrats écrits uniquement en démotique perdent toute valeur légale[réf. nécessaire].
Le copte, enfin, est le dernier stade de la langue et de l'écriture égyptiennes. Il est encore utilisé de nos jours, mais uniquement comme langue liturgique. Il s'écrit au moyen de l'alphabet grec auquel on a ajouté sept caractères démotiques pour transcrire les sons étrangers au grec.
Illustration de l'articleTabula Æegyptiaca hieroglyphicis exornata publiée dans la revueActa Eruditorum de 1714.
L'écriture égyptienne n'est plus utilisée actuellement pour écrire quelque langue moderne que ce soit. Cependant, selon certains chercheurs, c'est elle qui, via leprotosinaïtique, aurait donné naissance à l'alphabet phénicien, lequel, à son tour, sera à l'origine des alphabets hébreu, araméen et grec, donc des caractères latins et cyrilliques[11].
Les hiéroglyphes gravés égyptiens sont tous, ou peu s'en faut, figuratifs : ils représentent des éléments réels ou imaginaires, parfois stylisés et simplifiés, mais parfaitement reconnaissables dans la plupart des cas.
Jean-François Champollion, le déchiffreur des hiéroglyphes, considéré comme le père de l'égyptologie, définit le système hiéroglyphique comme suit :
« C'est un système complexe, une écriture tout à la fois figurative, symbolique et phonétique, dans un même texte, une même phrase, je dirais presque dans un même mot[12]. »
En effet, un même caractère peut, selon le contexte, être interprété de diverses manières : comme phonogramme[c] (lecture phonétique), commeidéogramme ou comme déterminatif (lecture sémantique). Nous verrons plus loin que le déterminatif, qui ne se lit pas, facilite la lecture en « déterminant » le champ lexical auquel le mot appartient : ainsi, le déterminatif de l'« homme assis » (A1 d'après laclassification deGardiner) accompagne les mots désignant la fonction (« vizir », « prêtre »), la profession (« artisan »), l'ethnie (« Asiatique », « Égyptien », « Libyen », « Nubien ») ou encore les liens de parenté (« père », « fils », « frère »).
Dans les parties qui suivent, les hiéroglyphes seronttranslittérés, c'est-à-dire retranscrits à l'aide de symboles d'un autre système d'écriture.
On lit le caractère indépendamment de son sens, selon le principe durébus. Les phonogrammes sont formés soit d'une consonne (signes ditsmono- ouunilitères), soit de deux (signesbilitères) ou de trois (signestrilitères). Les vingt-quatre signes unilitères constituent le pseudo-alphabet hiéroglyphique (voir plus bas).
L'écriture hiéroglyphique s'apparente à unabjad : elle ne note pas les voyelles, à la différence ducunéiforme par exemple. C'est une écriture défective (scriptio defectiva).
Ainsi, lehiéroglyphe représentant un canard se litsȝ, car telles étaient les consonnes du mot désignant cet animal. On peut cependant utiliser le signe du canard sans rapport avec le sens pour représenter lesphonèmess et ȝ à la suite (indépendamment des voyelles qui pourraient accompagner ces consonnes) et ainsi écrire des mots commesȝ, « fils », ou, en complétant avec d'autres signes qu'on détaillera plus loin,sȝw, « garder, surveiller »,sȝtw, « terre ferme » :
: le caractèresȝ ;
: le même caractère utilisé seul (le sens du petit trait vertical sera expliqué plus loin) pour signifier « canard » ou, avec le déterminatif approprié, « fils », deux mots ayant les mêmes consonnes ;
: le caractèresȝ au sein du motsȝw, « garder, surveiller » et dans
Ainsi, on peut regrouper lesvingt-quatre caractères unilitères en une sorte d'« alphabet » hiéroglyphique, qui, cependant, ne fut jamais utilisé comme tel en remplacement des autres hiéroglyphes, bien que c'eût été possible : en effet, tous les mots égyptiens auraient pu être écrits au moyen de ces seuls signes, mais les Égyptiens n'ont jamais franchi le pas et simplifié leur écriture complexe en alphabet. Le pseudo-alphabet égyptien est donc composé de caractères ne notant qu'une seule consonne, bien que certains d'entre eux en désignent plusieurs quand ils sont employés commeidéogrammes.
Caractères unilitères, dans l'ordre conventionnel des dictionnaires et des grammaires.
L'écriture égyptienne est souvent redondante : en effet, il est très fréquent qu'un mot soit suivi de plusieurs caractères notant les mêmes sons, afin de guider la lecture. Par exemple, le motnfr, « beau, bon, parfait », pourrait être écrit au moyen du seul trilitère
, mais il est bien plus fréquent qu'on ajoute à ce trilitère les unilitères pourf etr.
Il est donc écritnfr+f+r, mais on litnfr.
Les caractères redondants accompagnant les signes bilitères ou trilitères sont appelés « compléments phonétiques ». Ils se placent devant le signe à compléter (rarement), après (en règle générale) ou bien ils l'encadrent, servant ainsi d'aide à la lecture, d'autant que le scribe, pour des raisons de calligraphie, inversait parfois l'ordre des signes (voir plus bas) :
mdw +d +w (les compléments sont placés après) → on litmdw, « paroles, langue » ;
Les compléments phonétiques permettent notamment de différencier leshomophones. En effet, les signes n'ont pas toujours une lecture unique :
par exemple, le siège, peut se lirest,ws etḥtm, selon le contexte dans lequel il se trouve.
La présence de compléments phonétiques — et du déterminatif approprié — permet de savoir quelle lecture suivre :
st :
st (écritst+t ; le dernier caractère est le déterminatif de la maison ou de ce qui s'y rapporte), « siège, trône, endroit » ;
st (écritst+t ; le dernier caractère est l'œuf, déterminatif du nom de la déesse Isis), « Isis ».
ws :
wsjr (écritws+jr, avec comme complément phonétique l'œil, qui se litjr, suivi du déterminatif du dieu), « Osiris ».
ḥtm :
ḥtm.t (écritḥ+ḥtm+m+t, avec le déterminatif du chacal), un type de bête sauvage, peut-être l'ours ;
ḥtm (écritḥ+ḥtm+t, avec le déterminatif de l'oiseau s'envolant), « disparaître ».
Enfin, il arrive parfois que des mots aient changé de prononciation par rapport à l'ancien égyptien : dans ce cas, il n'est pas rare que l'écriture adopte un compromis dans la notation, les deux lectures étant indiquées conjointement. C'est le cas notamment pour l'adjectifbnrj, « doux (i. e. d'une saveur agréable) », devenubnj, et le verbeswri, « boire », devenuswj. On les écrit, enmoyen égyptien,bnrj etswri,
et
, qui se lisent toutefoisbnj etswj, ler n'ayant été conservé que pour garder un lien écrit avec le mot ancien (à la manière de notremonsieur, qui ne se lit plus comme il s'écrit).
Outre une interprétation phonétique, les caractères peuvent être lus pour leur sens : on parle dans ce cas de logogrammes (plus précisément d'idéogrammes) et dedéterminatifs (ousémagrammes)[14].
Un hiéroglyphe utilisé commelogogramme désigne l'objet dont il est l'image. Les logogrammes sont donc le plus souvent des noms communs ; ils sont généralement accompagnés d'un trait vertical muet indiquant leur valeur de logogramme (l'utilisation du trait vertical est détaillée plus bas)[15]. En théorie, tout hiéroglyphe aurait pu servir de logogramme. Les logogrammes peuvent être accompagnés de compléments phonétiques. Dans quelques cas, le rapport sémantique est indirect,métonymique oumétaphorique.
Exemples de hiéroglyphes utilisés comme logogrammes. Dans les trois derniers exemples, le rapport sémantique est de type métonymique ou métaphorique.
Hiéroglyphe
Prononciation
Objet représenté
Sens
rꜥ
soleil
pr
maison
swt
jonc (t est le complément phonétique)
ḏw
montagne
nṯr
étendard de temple
Dieu
bȝ
oiseau à tête humaine (représentation traditionnelle duba)
Les déterminatifs ou sémagrammes se placent en fin de mot. Ce sont des caractères muets servant à indiquer lechamp lexical du mot. Les cas d'homographies étant très fréquents (d'autant plus que seules les consonnes sont écrites), le recours aux déterminatifs est primordial. Si un procédé similaire existait en français, on ferait suivre les mots homographes d'un indice qu'on ne lirait pas, mais qui en préciserait le sens : « vers [poésie] » et le pluriel « vers [animal] » seraient ainsi distingués.
Il existe de nombreux déterminatifs : divinités, humains, parties du corps humain, animaux, plantes, etc. Certains déterminatifs possèdent unsens propre et unsens figuré. Ainsi, le rouleau de papyrus,
, sert à déterminer les écrits, mais aussi les notions abstraites.
Voici quelques exemples d'utilisation des déterminatifs[16] permettant d'en illustrer l'importance :
Exemples de déterminatifs hiéroglyphiques levant l'ambiguïté entre leshomophonesnfr.
Ce déterminatif est un raccourci pour signaler trois occurrences du mot, c'est-à-dire son pluriel (puisque la langue égyptienne connaît unduel, indiqué parfois par deux traits).
Tous ces mots ont la connotation méliorative « bon, beau, parfait ». Notons qu'un dictionnaire récent[18] indique une vingtaine de mots se lisantnfr ou formés à partir de ce mot — preuve de l'extraordinaire richesse de la langue égyptienne.
Les hiéroglyphes s'écrivent de droite à gauche, de gauche à droite ou de haut en bas, la direction usuelle étant de droite à gauche. Le lecteur, pour connaître le sens de lecture, doit considérer la direction dans laquelle sont tournés les hiéroglyphes asymétriques. Par exemple, quand les figures humaines et les animaux, facilement repérables, regardent vers la gauche, il faut lire de gauche à droite, et inversement.
Les mots ne sont pas séparés par des blancs ou des signes de ponctuation. Cependant, certains caractères apparaissent surtout en fin de mot (notamment les déterminatifs, uniquement présents en fin de mot), de sorte qu'il est parfois possible de distinguer les mots par ce biais. Il est évident toutefois que seule une solide connaissance de la langue et de sa syntaxe permet de découper un texte en mots.
Les hiéroglyphes ne sont cependant pas simplement alignés les uns à la suite des autres : en effet, chacun s’inscrit harmonieusement dans un carré virtuel (c'est-à-dire non tracé), ouquadrat (aussi écritcadrat), à la manière dessinogrammes. À la différence des sinogrammes, cependant, tout caractère ne remplit pas entièrement le quadrat : certains n'en remplissent que la moitié, horizontalement ou verticalement, d'autres le quart.
Exemples de hiéroglyphes occupant un quadrat, un demi-quadrat et un quart de quadrat.
Quadrats
Demi-quadrats horizontaux
Demi-quadrats verticaux
Quarts de quadrat
L'ordre de lecture des éléments disposés à l'intérieur d'un quadrat est indépendant du sens de lecture global, qu'il soit horizontal (quadrats disposés en lignes) ou vertical (quadrats disposés en colonnes). Les signes qui occupent un quadrat se lisent de gauche à droite puis de haut en bas, ou bien de haut en bas puis de gauche à droite.
Il existe plusieurs particularités calligraphiques, dont voici les principales :
Les caractères se répartissent en quadrats (voir plus haut) ;
Pour éviter qu'un quadrat ne soit incomplet, on inverse parfois des signes afin de rendre l'ensemble plus compact. De même, dans un souci d'esthétique, on choisit avec soin les compléments phonétiques, bien qu'il y ait redondance ;
On inverse parfois les hiéroglyphes d'oiseaux tenant en un quadrat et les signes d'un quart de quadrat (lep par exemple) ; dans ce cas, le petit caractère précède et occupe le creux du quadrat ;
On peut omettre des signes, surtout ceux notant les phonèmesꜣ etj ;
Les signes désignant les dieux sont placés en tête d'énoncé, desyntagme ou demot composé, par antéposition honorifique (inversion respectueuse).
Cependant, même si les hiéroglyphes sont inversés, la lecture et la translittération n'en tiennent évidemment pas compte.
Il existe des signes qui sont la contraction de plusieurs autres. Ces signes ont cependant une existence propre et fonctionnent comme nouveaux signes : par exemple un avant-bras dont la main tient un sceptre sert de déterminatif aux mots signifiant « diriger, conduire » et à leurs dérivés.
du trait vertical indiquant qu'il s'agit d'un idéogramme (pour les cas d'ambiguïté où un même signe coexiste comme caractère phonétique et idéogramme) ;
des deux traits obliques du duel et des trois traits verticaux du pluriel ;
et, emprunté auhiératique, le suffixe de formation du pluriel :
La notion d'une orthographe « correcte » de l'égyptien hiéroglyphique ne se pose pas dans les mêmes termes que pour les langues modernes. En effet, pour presque chaque mot, il existe une ou plusieurs variantes. Par conséquent, on peut se demander si la notion de correction orthographique n'était pas étrangère à la langue égyptienne. En effet, on y trouve :
des redondances ;
des omissions de graphèmes, dont on ignore si elles sont intentionnelles ou non ;
des substitutions d'un graphème à un autre, de sorte qu'il est impossible de distinguer une « faute » d'une orthographe « alternative » ;
des erreurs et des omissions dans le tracé des signes, d'autant plus problématiques quand l'écriture est cursive : écriture hiératique mais surtout démotique où la schématisation des signes est extrême.
Jean-François et Jacques-Joseph Champollion,L'aventure du déchiffrement des hiéroglyphes, Correspondance choisie et présentée par Karine Madrigal, Les Belles lettres, Paris, 2021, 193 p.
(de)WolfgangKosack,Ägyptische Zeichenliste I. Grundlagen der Hieroglyphenschrift. Definition, Gestaltung und Gebrauch ägyptischer Schriftzeichen. Vorarbeiten zu einer Schriftliste., Berlin, Verlag Christoph Brunner Basel,, 141 p.(ISBN978-3-9524018-0-4).
(de)WolfgangKosack,ÄgyptischeZeichenlisteII. 8500 Hieroglyphen aller Epochen. Lesungen, Deutungen, Verwendungen gesammelt und bearbeitet., Berlin, Verlag Christoph Brunner Basel,, 439 p.(ISBN978-3-9524018-2-8).
↑Comme beaucoup d'autreslangues chamito-sémitiques, l'égyptien hiéroglyphique n'écrit pas toutes lesvoyelles. Par ailleurs, certaines voyelles ou consonnes qui diffèrent selon les dialectes sont représentées par le même hiéroglyphe.
↑Le dernier nom de souverain écrit en hiéroglyphes — il s'agit en l'occurrence de l'empereur romainDecius (249 à 251) — se trouve dans le temple d'Esna.
↑« Les langues sacrées ont laissé lire leur vocabulaire perdu ; jusque sur les granits de Mezraïm, Champollion a déchiffré ces hiéroglyphes qui semblaient être un sceau mis sur les lèvres du désert, et qui répondait de leur éternelle discrétion… » (François-René de Chateaubriand,Les Mémoires d’Outre-Tombe,IV,XII, chap. 9).
↑Günter Dreyer,Recent Discoveries at Abydos Cemetery U, dans « The Nile Delta in Transition : 4th-3th Millenium BC », Édit. M. Van Den Brink, Tel Aviv, 1992,p. 293-1299.