Si économiste est aujourd'hui un métier à part entière, exercé par des spécialistes de la discipline, les premiers économistes étaient desphilosophespolymathes. Les premiers travaux d'économie datent de l'époque antique, avec lesÉconomiques d'Aristote et l'Économique deXénophon. Ces deux travaux abordaient de manière primitive des thèmes tels que ladivision du travail.
Adam Smith, à travers sesRecherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, écrit un des premiers ouvrages entièrement dédiés à l'économie, où il commence la séparation entre l'économie et le reste des sciences sociales. Son œuvre séminale donne naissance à différents courants, qu'il s'agisse de l'école classique (avecDavid Ricardo etJean-Baptiste Say), ou, en réaction, dumarxisme, à la suite des œuvres deKarl Marx. Harriet Martineau est un autre exemple, ses travaux se situant à l'intersection entre sociologie, histoire, philosophie et économie[1],[2].
L'implication d'économistes auprès de gouvernements pendant lesTrente Glorieuses accroît leur prestige, etWassily Leontief peut écrire, en 1970 : « La science économique est actuellement au faîte de son prestige intellectuel et de sa popularité ». Toutefois, lesTrente piteuses qui suivent cette période de croissance diminue le prestige social des économistes, critiqués pour leur incapacité à prévoir les crises économiques et résoudre les grands problèmes publics comme le chômage ou la pauvreté (voir lescritiques de l'économie)[5].
Les économistes suivent généralement des études d'économie fondée sur un triptyque composé d'unelicence d'économie, d'unmaster d'économie (le plus souvent orienté vers larecherche en économie), et, enfin, undoctorat en économie. Dans lemonde anglo-saxon, ces deux derniers diplômes sont desMasters of Science (MSc) et lePh.D. La licence dure la plupart du temps quatre ans, et non trois. En France comme ailleurs, la licence a vocation à poser les bases de la connaissance économique, tandis que le master assure à l'étudiant une maîtrise de la recherche dans son domaine ; enfin, le doctorat permet à l'étudiant de devenir un chercheur en repoussant les limites de la connaissance.
Contrairement aux titres de médecin ou d'architecte, le titre d'économiste n'est pas protégé en France ; chacun peut ainsi se dire économiste. De fait, les personnes présentées comme économistes dans les médias ont parfois des formations moins poussées que ce qui est attendu d'un économiste universitaire[10]. Ainsi, selon une étude menée parMichaël Lainé, les médias français présentent souvent comme économistes des personnes qui ne sont pas titulaires d'un doctorat d'économie, ou qui ne pratiquent pas de recherche en économie[11].
D'après les économistesEsther Duflo etAbhijit Banerjee, le statut d'économiste est un des domaines auxquels les gens ont le moins confiance : 25 % des Américains seulement font confiance aux économistes, seuls les politiciens sont derrières[12], l'avis des économistes semble avoir peu d'effet sur la pensée économiques des individus, et sur une vingtaine de questions, la différence moyenne entre les économistes et les personnes lambdas sont entre "adhérant" et "non-adhérant" de 35 %[13]. Selon les deux auteurs, cela s'explique par la timidité des économistes de métier au profit des économistes médiatiques[13] :
« Malheureusement, qu'il s'agisse de leur apparence ou de leur manière de parler, ces économistes médiatiques sont difficiles à distinguer des économistes de métier. La différence la plus notable est sans doute leur goût pour l'affirmation péremptoire et la prédiction définitive, ce qui, fâcheusement, ne fait que renforcer leur autorité. […] Les économistes de métier se tiennent en général prudemment à distance de la futurologie. […] Les économistes refusent souvent de prendre part au débat public. Beaucoup pensent que cela leur donnerait trop de travail de se faire comprendre […]. Certains économistes, bien sûr, prennent la parole, mais ce sont en général, à de notables exceptions près, ceux qui ont les opinions les plus arrêtées et n'ont pas la patience de s'ouvrir ou de se confronter aux meilleurs travaux de la science économique contemporaine. […] Nous pensons que la meilleure science économique est souvent celle qui fait le moins de bruit. […] Car les économistes ne sont pas des scientifiques comme le sont les physiciens. […] Les économistes sont plutôt des plombiers [que des physiciens ou des ingénieurs] : ils résolvent les problèmes par un mélange d'intuition faite de science, de conjecture fondée sur l'expérience et d'une bonne dose d'essais et d'erreurs. »
La rémunération des économistes diffère selon leurs activités et leur position. Aux États-Unis, lesalaire annuel moyen d'un économiste était, en 2017, de 102 490dollars américains[14]. Le salaire moyen d'un économiste en France est d'environ 4 000€ par mois[15].
Les femmes économistes sont encore peu nombreuses : 19 % en moyenne mondiale en 2017. Soledad Zignago, économiste à laBanque de France, et Anne Boring, chercheuse affiliée àSciences Po, publient une note en 2018 qui détaille leur place dans les différents pays. On y découvre que la position des femmes est plus favorable en France qu'aux États-Unis et que par rapport à d'autres disciplines, l'économie se situe dans la moyenne en matière de féminisation[16]
Rania Al-Mashat, ministre égyptienne de la Coopération internationale (2019-), elle représente l’Égypte auprès de plusieurs institutions financières[39];
Clare Lombardelli, directrice générale, cheffe économiste du Trésor britannique (2018-)[40]
↑a etbCollectif,À quoi servent les économistes s'ils disent tous la même chose ?: Manifeste pour une économie pluraliste, les liens qui libèrent,(ISBN979-10-209-0303-7,lire en ligne)
FrédéricLebaron,« 7. La formation des économistes et l’ordre symbolique marchand », dansTraité de sociologie économique, Presses Universitaires de France,, 239–280 p.(lire en ligne)