Des cette année 1947, plusieurs anciens membres de l'École libre, dont son directeurAlexandre Koyré, s'installent à Paris et fondent la VIe section de l'École pratique des hautes études, qui fonctionne d'abord comme la section parisienne de laNew School for Social Research new-yorkaise, grâce aux soutiens logistique et financier duGouvernement américain et de laFondation Rockefeller.Y exercent alors intellectuels juifs d'élite qui s'étaient exilés outre Atlantique, parfois communistes.
La fondation de la VIe section répond aux objectifs qu'avaient en 1868 les fondateurs de l'EPHE,Ernest Renan etVictor Duruy : introduire en France la« formation par la recherche » et le« séminaire de recherche » — des pratiques déjà usuelles en Allemagne —, et au besoin, régulièrement exprimé depuis la création de l'EPHE, de regrouper l'enseignement dessciences sociales.
Cette VIe section est officiellement instituée par le décret du[1].
La section est d'abord dirigée par l'historienLucien Febvre puis, après sa mort en 1956, parFernand Braudel. Dans lesannées 1960, elle devient un centre de réflexion interdisciplinaire et méthodologique en associant les différentes sciences sociales. Fernand Braudel élabore au milieu des années 1950 avecGaston Berger le projet d'uneMaison des sciences de l'Homme, qui est concrétisée avec l'appui financier de laFondation Ford, et accueille progressivement diverses équipes derecherche disséminées dans le quartier latin et dans les locaux actuels duboulevard Raspail. La section développe un recrutement tourné vers la recherche et l'international.Jacques Le Goff succède à Fernand Braudel en 1972.
En mai 2021, laCour des comptes épingle la gestion et le fonctionnement de l'EHESS et indique dans un rapport qu'elle doit « renouveler son modèle »[2],[3]. Parmi les critiques évoquées sont énumérés le recrutement endogène, la durée des thèses anormalement longue, le taux d'échec en master 2 trop important, la fragilité et l'isolement de l'institution ou encore le manque de transparence[4].
Le siège de l'EHESS est situé au 54,boulevard Raspail, dans le6e arrondissement de Paris, sur la partie du boulevard située au niveau de l'allée Claude-Cahun-Marcel-Moore (au sud) et de l'allée Jacques-Derrida (au nord)[5]. Il y est installé depuis la construction de ce bâtiment, excepté durant le désamiantage qui a imposé entre 2011 et 2017 l'installation de l'EHESS au 190, avenue de France, dans le13e arrondissement.
L'EHESS a également occupé des bâtiments situés aux 96 et 105 du même boulevard, ainsi qu'au 10, rue Monsieur le Prince. Décidée sous la présidence de D. Hervieu-Léger, sa participation auCampus Condorcet, au nord de la place du Front Populaire à Aubervilliers, a permis la livraison d'un bâtiment neuf en 2019 où sont installées plusieurs centres de recherche. Les locaux des 96 et 105 boulevard Raspail sont alors libérés.
Un certain nombre de centres de recherche sont installés dans les locaux de partenaires universitaires, en particulier l'Ecole normale supérieure (au 48, boulevard Jourdan et au 29, rue d'Ulm).
L'EHESS rejoint fin 2014 la Communauté d'universités et d'établissementsParis Sciences et Lettres (PSL) en tant que membre associé[6], mais se prononce en contre une entrée définitive dans la nouvelle université[7].
En 2019, se tient la conférence Nouvelle école polonaise d’histoire de la Shoah. La conférence a été perturbée par les nationalistes polonais[8],[9],[10]. Le président de l'EHESS,Christophe Prochasson, a déclaré qu'il ne pouvait se souvenir d'une perturbation aussi violente lors d'une conférence scientifique[11]. La ministreFrédérique Vidal a condamné les autorités polonaises[12],[13].
Les deux livrets de l'étudiant à l'EHESS : le vert et le blanc.
L'École accueille environ 3 000 étudiants sans compter les nombreux auditeurs libres, et plus de200 thèses y sont soutenues par an[14]. L'admission en doctorat à l'École se fait sur dossier et à partir d'un projet de recherche pour des étudiants ayant obtenu leur master.
La majorité des centres de recherche de l'EHESS possède le statut d'unité mixte de recherche et se trouve sous la tutelle de plusieurs établissements de recherche et d'enseignement. En 2020, les unités de recherche auxquelles participe l'EHESS sont[16] :
Anthropologie et histoire des mondes antiques (CNRS-EHESS)
Travaux de recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés (EHESS-INRAP-Toulouse II)
Dans le cadre de son programme d'aires culturelles, l'EHESS s'était dotée d'un Centre d'études arctiques (CNRS-EHESS) sous la direction deJean Malaurie, en 1957.
↑« La Cour des comptes critique le recrutement « fortement endogène » à l’École des hautes études en sciences sociales »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le)
↑Par Danielle Delmaire, « Chahut lors d’un colloque sur la Shoah en Pologne », Tsafon [En ligne], 77 | 2019, mis en ligne le 09 septembre 2019, consulté le 15 décembre 2019. URL :http://journals.openedition.org/tsafon/2049 ; DOI : 10.4000/tsafon.2049.
↑[1] Conflits contemporains dans la culture polonaise, un diagnostic : entretien avec Agnieszka Żuk,3e partie
↑[2], Comprendre la relation des Polonais à la Shoah,Sylvain Boulouque, 25 novembre 2019.
↑[3] Un colloque sur l’histoire de la Shoah perturbé par des nationalistes polonais, Le Monde.
↑[4] La Pologne minimise les incidents lors d’un colloque sur la Shoah à Paris, Le Monde.
↑[5], Behr Valentin, Entre histoire et propagande. Les contributions de l’Institut polonais de la mémoire nationale à la mise en récit de la Seconde Guerre mondiale, Allemagne d'aujourd'hui.
Stéphane Baciocchi, Isabelle Backouche, Pascal Cristofoli, Olivier Godechot, Delphine Naudier, Christian Topalov avec la collaboration de Fabien Cardoni et Emmanuel Taïeb,Vingt ans d'élections à l'École des hautes études en sciences sociales (1986-2005). Synthèse des résultats d'enquête, Paris, EHESS, 2008, 119 p. disponible en ligne :pdf
Isabelle Backouche, Olivier Godechot et Delphine Naudier, « Un plafond à caissons. Les femmes à l'EHESS », dansSociologie du travail, 2009, vol. 51,no 2,p. 253-274, en ligne :pdf
Isabelle Backouche et al.,Rapport de la commission Égalité professionnelle femmes/hommes à l’École des hautes études en sciences sociales, Paris, EHESS, 2007, en ligne :pdf
Olivier Godechot, 2010, « Pourquoi y a-t-il si peu de femmes à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) ? », inAssociation femmes et sciences, Carrières des femmes en entreprises et dans la recherche publique. Quelles solutions pour les valoriser ?” (Actes du colloque du samedi), Paris, 2010p. 27-32, en ligne :pdf
Rose-Marie Lagrave, « En vertu de l’excellence ? », dansRéflexion sur l’accès, la promotion et les responsabilités des hommes et des femmes à l’École des hautes études en sciences sociales, Paris, EHESS, 2003,p. 4-10.
Brigitte Mazon,Aux origines de l’EHESS Le rôle du mécénat américain (1920-1960), Paris, Cerf, 1988. Préface de Pierre Bourdieu, postface de Charles Morazé,présentation en ligne,présentation en ligne.
D. Naudier, « Comparaisons des carrières masculines et féminines des enseignants de l’EHESS : premiers résultats », dansRéflexion sur l’accès, la promotion et les responsabilités des hommes et des femmes à l’École des hautes études en sciences sociales, EHESS, Paris, 2003,p. 29-37.