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Ère Meiji

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Ère Meiji
明治
Description de cette image, également commentée ci-après
Empereur Meiji.
Données clés
Nom en kanji明治
Nom en rōmajiMeiji
Traduction« Gouvernement éclairé »
Début
Fin
Empereur(s)EmpereurMeiji
Ère précédenteÈre Keiō
Ère suivanteÈre Taishō
Événements majeursGuerre de Boshin et défaite finale dushogunat Tokugawa (1868-1869)
Abolition du système han et création des préfectures (1871)
Expédition de Taïwan contre les aborigènes (1874)
Rébellion de Satsuma menée parSaigō Takamori (1877)
• Adoption de laConstitution de Meiji (1889)
• Inauguration de laDiète impériale du Japon (1890)
Guerre sino-japonaise (1894-1895) ettraité de Shimonoseki
Annexion de Taïwan (1895)
Triple intervention (Russie, France, Allemagne) imposant des concessions au Japon (1895)
• Développement rapide de l'industrie et du chemin de fer
Guerre russo-japonaise (1904-1905) ettraité de Portsmouth
Protectorat puis annexion de la Corée (1905-1910)
• Admission du Japon comme grande puissance sur la scène mondiale
• Mort de l'empereurMeiji (30 juillet 1912)

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L'ère Meiji(明治時代,Meiji jidai?) est une ère de l'histoire du Japon comprise entre1868 et1912.

Inaugurée par larestauration de Meiji, elle se situe entre l'ère Keiō (fin de l'époque d'Edo) et l'ère Taishō. Elle symbolise la fin de la politique d'isolement volontaire appeléesakoku et le début d'une politique de modernisation duJapon. Elle se caractérise également par un basculement dusystème féodal vers un système industriel à l'occidentale. Ces bouleversements sociaux, politiques et culturels déboucheront sur diverses avancées dans les domaines de l’industrie, de l’économie, de l’agriculture et en matière d’échanges commerciaux.

Origine du terme Meiji

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L'empereurMutsuhito(睦仁?) prit à l'occasion de son accession au trône, selon la tradition impériale japonaise, le nom posthume de Meiji(明治?) qui signifie « gouvernement éclairé » (composé de « lumière/clarté »(,mei?) et « gouvernement »(,ji?)).

Histoire politique

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Crises du régime shogunal à la fin de l'ère Edo

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Articles détaillés :Shogunat Tokugawa,Bakumatsu etIshin shishi.

Lors de ses trente dernières années d'existence, leshogunat Tokugawa, qui dirige leJapon depuis1603, est confronté à trois séries de crises de différentes natures qui ébranlent ses fondations. La première période de crises est déclenchée par lagrande famine Tenpō qui frappe l'archipel de1833 à1837. Aux centaines de milliers de morts enregistrés dans le pays[1] s'ajoute la rébellion deŌshio Heihachirō en1837, qui vise à débarrasser le pays des fonctionnaires corrompus, accusés d'avoir aggravé la crise par leur cupidité[2]. Les autorités shogunales promeuvent alorsMizuno Tadakuni. Pour répondre au mécontentement de la population, celui-ci engage lesréformes Tenpō[3], qui se soldent par un échec, et aggravent au contraire la perte de confiance envers le régime. Dans le même temps, de grands seigneurs locaux tirent leur épingle du jeu en modernisant efficacement leursfiefs — notamment les domaines deSatsuma et deChōshū, qui disposent de forces militaires équipées d'armes modernes[4].

Une deuxième période de crises s'ouvre lors desannées 1840 et1850, dominée par les questions internationales. Lors de lapremière guerre de l'opium, la victoire duRoyaume-Uni en1842, face à laChine, puissance dominante du continent, fait prendre conscience aux différentes élites du pays de la menace que représente la puissance desOccidentaux pour le Japon[1]. La menace se concrétise en1853, lorsque l'amiralaméricainMatthew Perry et ses « navires noirs » arrivent dans labaie d'Edo et réclament l'ouverture derelations diplomatiques etcommerciales avec le pays[5]. En ce qui concerne la réponse à donner à ces demandes, des lignes de fracture apparaissent entre les responsables du shogunat, lesgrands seigneurs, et lacour impériale — ce qui contribue à affaiblir le pouvoir shogunal[6]. Untraité d'amitié est finalement signé en 1854 avec les Américains, puis untraité commercial avec les puissances européennes, en 1858[7]. Si la menace militaire occidentale ne se matérialise pas lors de cette période[n 1], l'ouverture du marché intérieur aux Occidentaux est à l'origine de plusieurscrises politiques etéconomiques, alors qu'uneinflation galopante frappe le pays[8].

Peinture d'une grande pièce dans un palais japonais. L'empereur du Japon est visible au centre, entouré de dignitaires à genoux devant lui.
Restitution des pouvoirs dushogunTokugawa Yoshinobu à l'empereurMeiji en1867.

La troisième et dernière période de crises agite les dix dernières années du régime. Ces crises, à la fois économiques, politiques etsociales, provoquent la chute du régime[1]. Les responsables du shogunat Tokugawa se divisent en deux branches, l'une conservatrice dirigée parIi Naosuke, l'autre réformiste. Cette dernière branche est frappée par lapurge d'Ansei en1858-1859, avant que l'aile conservatrice ne soit elle aussi victime de l'assassinat de son dirigeant Ii Naosuke, lors de l'incident de Sakuradamon en1860[9]. Lessamouraïs issus des couches les plus défavorisées émergent en1860-1862, comme une force politique importante, susceptible de s'opposer au pouvoir shogunal. En1867, un courant d'agitation populaire et festif, leEe ja nai ka, réunit cinq à six millions de personnes dans le pays. Le rapport de force entre le shogunat Tokugawa et la maison impériale s'inverse lors de la décennie. L'empereur apparait de plus en plus comme le plus apte à assurer le salut du pays[10]. La mort du shogunTokugawa Iemochi en1866 et celle de l'empereurKōmei en1867 précipitent la transition politique. Le nouveau shogunTokugawa Yoshinobu décide de « restituer ses pouvoirs » au nouvel empereurMeiji en. La transition ne se fait pas sans heurts, et les forces des domaines de Satsuma et de Chōshū, favorables à l'empereur, affrontent les dernières forces shogunales lors de laguerre de Boshin en1868-1869[11].

Premières réformes du régime (1868-1873)

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Articles connexes :Restauration de Meiji,Ère Meiji,Gouvernement de Meiji etOligarchie de Meiji.
Photo noir et blanc d'un homme assis sur un fauteuil, en tenue impériale officielle, un sabre à la hanche, un bicorne posé sur une table à gauche.
L'empereur Meiji, photographié parUchida Kuichi en 1873.

Dans sa première déclaration en1868, l'empereur présente une loi fondamentale — leSerment en cinq articles, prélude à uneconstitution et gage deliberté d'expression — et indique qu'une lutte contre la hausse des prix va être entreprise. Une coalition instable est alors au pouvoir, composée du parti anti-shogunal et centrée sur les leaders dudomaine de Satsuma et sur les nobles de la cour[12]. Le nouveau gouvernement restitue leur fief auxTokugawa, cependant amputé des quatre cinquièmes de son revenu. Le début de l'ère Meiji est proclamé en. Le premier organe de gouvernement de ce nouveau régime est un conseil honorifique : celui-ci tente de maintenir encore un équilibre entre, d'une part les domaines ayant participé au renversement de l'ancien régime, d'autre part la noblesse de cour[13].

Lors des mois suivants sont opérés plusieurs changements d'organisation, ce qui permet l'émergence de personnalités commeŌkubo Toshimichi,Kido Takayoshi etIwakura Tomomi. Du au sont publiées34 ordonnances importantes, allant de la suppression des monnaies locales jusqu'à l'interdiction de certainschâtiments corporels[14].Une réforme territoriale remplaçant les anciens domaines par des préfectures est menée à bien au deuxième semestre1869[15], avec comme conséquence principale uneplus grande centralisation de l'État. Unimpôt foncier est introduit en1873 pour garantir une recette publique stable. De1868 à1875, de grandes réformes d'inspiration occidentale sont entreprises — touchant l'éducation, l'armée et le système juridique — et desexperts étrangers sont engagés[16].

Fin1871, Ōkubo, Kido et Iwakura laissent leur place à la tête du gouvernement pour prendre la direction de lamission diplomatique Iwakura — laquelle doit traverser lesÉtats-Unis et l'Europe pour renégocier les traités inégaux mais aussi s'informer sur les sociétés et technologies occidentales. Le gouvernement qu'ils laissent derrière eux doit en théorie se limiter à la gestion des affaires courantes et se tenir à l'écart de décisions politiques trop critiques.Saigō Takamori,Itagaki Taisuke,Ōkuma Shigenobu etEtō Shinpei, qui dirigent ce gouvernement d'intérim, se lancent au contraire dans de grandes réformes : en1872, lascolarité est rendue obligatoire auprimaire, toute forme detrafic d'êtres humains (travailleurs, prostitués…) est interdite, lecalendrier grégorien est adopté et, l'année suivante, sont instituées une nouvelle taxe foncière ainsi que laconscription[17]. Dans le même temps, au cours de leurs voyages, les membres de la mission Iwakura acquièrent la conviction que leJapon doit se lancer dans une modernisation radicale, pilotée par un État fort, et mise en œuvre de manière progressive. Si les réformes de ce gouvernement d'intérim ne sont pas remises en cause lors du retour de la mission Iwakura, les deux camps ont en revanche l'occasion de s'opposer au sujet duSeikanron — projet d'invasion de laCorée en1873, repoussé par l'empereur, qui prend ainsi le parti d'Iwakura[18].

Les soutiens du projet d'invasion de la Corée mis en minorité, commeEtō Shinpei,Gotō Shōjirō,Saigō Takamori, quittent le gouvernement. Certains, comme Etō, prennent la tête de rébellions locales (rébellion de Saga en1874 pour Etō,rébellion Shinpūren en1876…).Saigō en particulier prend la tête de larébellion de Satsuma en1877, dernière grande révolte desamouraïs, dont la répression achève d'asseoir la légitimité du nouvel État[19].

Atermoiements sur la forme du régime (1873-1890)

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Déjà mentionnée dans laCharte du serment de1868, l'adoption d'une constitution fait partie des premières promesses du régime. Ce projet devient un symbole politique fort de l'accession du Japon à un nouveau rang civilisationnel. Dès le début desannées 1870, des ébauches sont rédigées au sommet de l'État, mais celles-ci restent sans suite. Dans le même temps, les intellectuels s'emparent du sujet — très largement discuté dans lapresse —, qui touche alors des millions de lecteurs. Laconférence d'Osaka de 1875 réunit plusieurs responsables d'opposition pour en débattre. Un décret de1875 réaffirme la promesse d'adoption d'une constitution, mais sans précision de date ou de délai. En1881, l'accumulation de crises politiques (dont l'affaire dubureau de colonisation de Hokkaidō) cristallise le mécontentement de la population. Pour apaiser les oppositions, le pouvoir décide par décret de la mise en place d'une constitution et d'unparlement dans les dix ans[20].

Les débats s'articulent autour de deux grandes tendances. D'un côté, les personnes à la tête du régime — commeŌkubo, puisItō Hirobumi — sont favorables à unÉtat autoritaire et fort, mieux à même selon eux de faire aboutir les politiques nécessaires à la modernisation du Japon. Face à eux, les tenants d'uneligne libérale sont favorables à un plus grand droit laissé au peuple, garant d'une plus grande légitimité pour le régime. Cette dernière ligne est défendue par des responsables politiques commeItagaki ouŌkuma, et rassemble de nombreux membres au sein duMouvement pour la liberté et les droits du peuple[21], puis au sein des partisRikken Kaishintō etJiyūtō[22]. Ces mouvements deviennent rapidement populaires — à tel point que legouvernement peine à les contenir —, mais sont aussi gagnés par une certaineradicalité. Les années1884-1885 connaissent un pic de violence avec des évènements comme lesincidents de Chichibu etceux d'Ōsaka, qui entraînent l'intervention de l'armée. Les plus modérés finissent par quitter ces partis, qui dès lors perdent en influence[23]. Toujours en1885, la population critique abondamment le manque d'autorité du gouvernementà l'international, lors ducoup d'État de Gapsin enCorée, qui menace les intérêts duJapon face à ceux de laChine[24].

Le régime s'oriente alors vers unemonarchie laissant le pouvoir suprême à l'empereur[25]. Les institutions qui régissent l'État, modelées sur lerégime des codes, sont réformées en1885 et un système de cabinets ministériels à l'européenne est adopté. À sa tête, est placé le cabinet duPremier ministre. Le système deskazoku et desshizoku est réformé de manière à préparer l'instauration d'unechambre haute dont les membres proviendraient d'unearistocratiecooptée[26]. Si les débats s'articulent autour de deux modèles de constitution européenne — l'unebritannique et libérale, l'autreprussienne et autoritaire —, le projet développé reflète le rapport de force entre les soutiens de ces deux modèles. La constitution retenue énumère un certain nombre de droits civils et dote le parlement dedeux chambres, dont l'une, élue ausuffrage direct, est autorisée àrédiger des lois et àvoter le budget. Cependant, c'est à l'empereur que répondent le gouvernement et l'armée[27].

C'est le qu'une constitution est effectivement adoptée, qui fixe la répartition des pouvoirs[28]. La date est choisie pour correspondre à la date anniversaire de la fondation mythique du Japon par le premier empereurJinmu et la constitution est présentée comme un « cadeau accordé par l'empereur à ses sujets »[29].

Débuts du parlementarisme japonais (1890-1900)

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Articles détaillés :Chambre des représentants (Japon),Chambre des pairs (Japon),Oligarchie de Meiji etGenrō.

Lespremières élections législatives de l'histoire du pays se tiennent en juillet 1890, et placent leJiyūtō et leRikken Kaishintō en tête de la représentation nationale, rassemblant à eux deux 170 des300 sièges de lachambre des représentants[30]. Ces deux partis s'opposent à l'oligarchie — qui tient toujours le pouvoir dans lachambre des pairs et qui décide de la composition dugouvernement. La puissance réelle du Jiyūtō et du Rikken Kaishintō est cependant amoindrie par la faiblesse de leur base électorale. Du fait dusuffrage censitaire, seul 1 % des Japonais dispose du droit de vote lors de cette première élection, ce qui amoindrit la légitimité de ces partis et exclut d'autres mouvements de masse de la représentation démocratique[31].

Les premiersgouvernements formés par l'oligarchie continuent de relever durapport de forces déjà présent au sein du pouvoir. Les représentants des clans deSatsuma (Matsukata Masayoshi…) et deChōshū (Yamagata Aritomo,Itō Hirobumi…) se répartissent les postes avec une grande régularité[32]. La chambre des représentants s'oppose régulièrement à ces gouvernements nommés par l'empereur, dans le but d'obtenir plus de pouvoir pour leur assemblée. L'obstruction passe notamment par le refus de vote du budget, tel que présenté par le gouvernement plusieurs années de suite, aspect sur lequel la chambre des représentants dispose de prérogatives[30]. De son côté, le gouvernement a le droit de dissoudre la chambre des représentants — ce qu'il fait à plusieurs reprises, mais sans parvenir à faire évoluer le rapport de force. Les mêmes personnes sont réélues, élection après élection, et la composition de la chambre des représentants évolue peu[33]. Le manque d'assise du gouvernement au sein des assemblées le rend faible et instable, sa composition, ouverte aux évolutions des rapports de force au sein de l'oligarchie[34].

En1894, le déclenchement de laguerre sino-japonaise en Corée suspend provisoirement l'opposition entre la chambre des représentants et le gouvernement, dans une forme d'« union sacrée » autour de la figure de l'empereur. En, les puissances occidentales contestent certains points dutraité de Shimonoseki et mettent fin à la guerre contre la Chine, ce qui favorise les échanges entre membres de l'oligarchie et responsables de partis de la chambre des représentants[30]. L'oligarchie prend conscience que sans les partis de la chambre des représentants, aucune stabilité institutionnelle n'est possible, tandis que les partis de la chambre des représentants comprennent qu'ils ne pourront jamais accéder au pouvoir sans d'abord accéder au gouvernement. Les deux camps commencent ainsi à passer des alliances ponctuelles, de manière à étendre leurs zones d'influence respectives[35].

En est instauré le premier gouvernement reposant sur une alliance entre l'oligarchie et un parti de la chambre des représentants. En, lePremier ministre Itō Hirobumi nomme le président du Jiyūtō,Itagaki Taisuke,ministre de l'Intérieur. La recherche d'alliances entre oligarchie et partis de la chambre des représentants est renouvelée quatre fois entre1895 et1900, et aboutit à la formation de trois gouvernements de ce type[36]. En1898, le premier gouvernement reposant exclusivement sur une alliance des partis de la chambre des représentants voit le jour. LeKenseitō, parti issu de la fusion du Jiyūtō et du Rikken Kaishintō, soutient la formation d'un gouvernement avecŌkuma Shigenobu comme Premier ministre. Si le gouvernement ne tient que quatre mois, il inaugure la pratique des gouvernements reposant principalement sur des partis de la chambre des représentants[37].

Le collège électoral de la chambre des représentants connaît une évolution importante en1900. Le seuil de taxes permettant d'être électeur est abaissé : le nombre d'électeurs passe ainsi de 502 000 en1898 à 982 000 en1900. Les circonscriptions électorales sont aussi modifiées et favorisent la population urbaine au détriment des territoires ruraux[38]. Les rapports entre haute-administration et élus sont régulés par une série de décrets autour de1900. Les hauts fonctionnaires n'ont plus accès aux postes de vice-ministres, et le poste deministre de la Guerre est limité aux militaires encore actifs les plus gradés. Lesystème des dépouilles et lepantouflage sont combattus, et le recrutement par concours de la fonction publique est renforcé[39].

Ancrage de la pratique parlementaire (1900-1924)

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Articles connexes :Démocratie Taishō,Ère Taishō etcrise politique Taishō.

Une recomposition despartis politiques s'amorce en1900, lorsqueItō Hirobumi etHoshi Tōru se rapprochent pour fonder le partiRikken Seiyūkai, unissant à la fois des anciens membres de lachambre des représentants issus duKenseitō et des membres de lachambre des pairs de différentes tendances. Ce nouveau parti domine la politique japonaise au cours des deux décennies suivantes[40]. Si lors de cette période, ce nouveau parti est majoritaire à lachambre des représentants, il doit y composer avec l'opposition de partis plus faibles, comme leKensei Hontō. Ces derniers peuvent quant à eux compter sur une alliance avec la faction menée parYamagata Aritomo à la chambre des pairs, où elle domine. Le rapport de force entre ces deux groupes perdure jusqu'à la fin de l'ère Meiji en1912[41]. Ce fonctionnement gouvernemental et parlementaire s'ancre dans la pratique politique japonaise et, lors de la décennie suivante, de1901 à1913,Katsura Tarō etSaionji Kinmochi occupent de façon alternée le poste dePremier ministre pour le compte de ces deux familles politiques[42].

En 1913, un an après le décès de l'empereur Meiji, lacrise politique Taishō met fin à cette répartition du pouvoir et ouvre l'époque de ladémocratie Taishō[42]. À la suite d'un conflit avec les dirigeants militaires, le premier ministre Saionji Kinmochi est contraint de démissionner. Souhaitant alors diminuer les dépenses de l'armée pour faire baisser les impôts, il se heurte au refus des militaires de participer au gouvernement[n 2]. Katsura Tarō, un ancien militaire et membre de l'oligarchie, lui succède. Il prend la décision de maintenir le budget de l'armée et s'appuie sur des personnalités de l'oligarchie et sur des proches des anciens clansSatsuma etChōshū. Katsura doit alors faire face à un mouvement d'opposition mené par des députés. Efficacement relayé par des journalistes issus de l'université Keiō, ce mouvement rencontre un écho favorable dans l'opinion publique, ce qui entraîne des émeutes. Des journaux pro-Katsura sont pris pour cibles et mis à sac[43]. L'armée doit reculer, et accepte de participer à un gouvernement sans avoir de garantie sur son budget[44].

Relations internationales

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Article détaillé :Relations étrangères du Japon de l'ère Meiji.

Le Japon, objet de l'intérêt des puissances occidentales à la fin de l'époque d'Edo

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Articles connexes :Rangaku,Sonnō jōi,Sakoku etIntervention française dans le Bakumatsu.

Le Japon de l'époque d'Edo entretient des relations avec l'Europe au travers desNéerlandais, ressortissants du seul État autorisé par le pouvoir à commercer avec le pays, en vertu d'unepolitique de contrôle strict des frontières. Les Pays-Bas bénéficie d'un statut de partenaire privilégié dans d'autres secteurs que le commerce et conseille régulièrement le pouvoirshogunal pour mieux analyser les demandes des autrespuissances occidentales. Ils servent aussi d'intermédiaire pour introduire denouveaux savoirs dans le pays. C'est ainsi qu'ils fournissent le premiernavire-école moderne au Japon et forment ses officiers à la guerre moderne aucentre d'entraînement naval de Nagasaki, en1855, un an après l'arrivée desAméricains dans le pays. Cependant, vers la fin de l'époque d'Edo, les Japonais prennent conscience que les Pays-Bas ne sont plus une puissance majeure et qu'ils ne peuvent pas être d'une aide importante en cas de conflit[45]. Or, depuis la fin duXVIIIe siècle, desRusses sont présents dans l'environnement immédiat du Japon, au nord, où les deux pays se croisent sur l'île deSakhaline. De plus, la Russie cherche à négocier auprès du shogunat un bail de99 ans sur l'île Tsushima, pour y établir une base militaire. Ces avancées russes sontperçues comme une menace par le pouvoir en place[46].

En1853, l'arrivée de l'amiral américainPerry dans la baie d'Edo signe la fin de lapolitique d'isolement du pays[9], qui dès lors doit composer avec la présence des puissances occidentales. En1858, letairōIi Naosuke est contraint de signer avec celles-ci unesérie de traités inégaux, ce qui provoque la dernière grande crise du régime[8]. Tandis que Naosuke s'efforce d'engager des négociations avec les puissances étrangères afin d'éviter une guerre, il doit faire face à une opposition qui souhaiteexpulser les étrangers du Japon[9]. Une agitation gagne alors plusieurs régions du pays[47]. L'opposition se radicalise lorsque, pour la première fois depuis plusieurs siècles, l'empereur régnant intervient publiquement et manifeste sa désapprobation à l'égard de l'action du gouvernement shogunal. En1863, l'empereurKōmei signe l'ordre d'expulser les barbares[9]. Il s'ensuit unesérie de heurts avec les Occidentaux qui culmine avec lebombardement de Shimonoseki en1864. Dans le même temps, le Japon devient l'objet d'un affrontement diplomatique à distance entre laFrance et leRoyaume-Uni. Si la Franceobtient de moderniser les troupes du pouvoir shogunal, le Royaume-Uni soutient au contraire la rébellion des clans du sud, qui finalement l'emportent et renversent le régime. Le Royaume-Uni remporte ainsi une victoire diplomatique dans le pays, qu'il exploite par la suite[46].

De1864 à1882[n 3],[48], les puissances occidentales ne sont concernées que par des enjeux européens, ce qui évite au Japon de devenir un de leurs champs d'affrontements. La Russie, qui cherche à étendre son influence enAsie centrale et dans lesBalkans, provoque une réaction du Royaume-Uni. Paris doit faire face à l'échec de sa diplomatie au Mexique, puis à unaffrontement militaire avec la Prusse, en1870. De leur côté, les États-Unis sont pris dans laguerre de Sécession jusqu'en1865, puis, occupés à la reconstruction du sud du pays[49]. La poussée coloniale des puissances européennes ne reprend que dans lesannées 1880, ce qui laisse pour un temps le Japon sans danger immédiat à affronter : les Britanniques colonisent laBirmanie en1886, les Français, l'Indochine de1884 à1893[50].

La diplomatie japonaise tournée vers la modernisation du pays à partir de 1868

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Article connexe :Conseiller étranger.

Dès le début de larestauration de Meiji en1868, le nouveau pouvoir fait la promesse via lacharte du serment de renforcer la puissance du pays en faisant l'acquisition de nouveaux savoirs et de nouvelles technologies à l'étranger[51]. Plusieurs missions diplomatiques sont envoyées dans ce but, dont la plus importante, lamission Iwakura, parcourt lesÉtats-Unis et l'Europe de1871 à1873. Une cinquantaine de hauts responsables, dontTomomi Iwakura etItō Hirobumi, ainsi que de nombreux étudiants rencontrent des personnalités politiques, des industriels et des intellectuels occidentaux. Ils acquièrent ainsi la conviction que, si le Japon veut pouvoir résister aux Occidentaux, il ne peut limiter sa modernisation à quelques emprunts technologiques, et doit au contraire faire évoluer son organisation politique et sociale. En effet, l'origine de la puissance occidentale ne provient pas de son armée, mais des responsables civils qui ont permis à celle-ci de se développer[52].

À partir de1872, lesystème éducatif japonais est modernisé en s'inspirant dusystème britannique[53]. À partir de1878, La hiérarchie militaire est organisée sur le modèle de celle de laPrusse, et des officiers sont envoyés se former dans ce pays. Lors desannées 1880 et1890, lamarine de guerre se développe en suivant l'exemple de laRoyal Navy britannique, et sa doctrine navale est inspirée des travaux de l'amiral américainAlfred Mahan. Une fois sonsystème judiciaire réformé et aligné sur le système occidental, le Japon fait valoir cette avancée pour renégocier certains points destraités inégaux : désormais, les expatriés au Japon n'ont plus besoin d'une protection particulière, et les clauses d'extraterritorialité deviennent de fait caduques. Letraité de commerce et de navigation anglo-japonais de1894 entérine cette avancée, et supprime ces mesures d'extraterritorialité. Les années suivantes, le Japon obtient des renégociations de traités similaires sur les mêmes bases : la modernisation du pays est alors utilisée comme un levier de négociation par la diplomatie japonaise[54].

Des Occidentaux de nouveau présents à partir des années 1880, la Corée comme intérêt stratégique

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À partir de la première moitié duXIXe siècle, le Japon observe l'avancée desOccidentaux enChine. LaFrance et leRoyaume-Uni infligent à l'empire du Milieu deux défaites importantes : lors de lapremière guerre de l'opium, de1839 à1842, puis, lors de laseconde, de1856 à1860[55]. Le sac dupalais d'Été en1860 impressionne les esprits japonais, et ces deux pays européens commencent à jouir d'un certain prestige dans l'archipel[46]. LesÉtats-Unis deviennent eux aussi un acteur important dans lePacifique à partir desannées 1890, ce que la diplomatie japonaise prend de plus en plus en compte : les Américainsrenversent le royaume d'Hawaï en1893 et s'installent àGuam et auxPhilippines à la suite de laGuerre hispano-américaine de1898, puis, auxSamoa en 1899. Entretenir de bonnes relations avec cette puissance devient un objectif majeur, d'autant plus qu'il s'agit d'un pays d'émigration important pour le Japon, dont les élites par ailleurs fréquentent en nombre lesuniversités américaines. En prévision d'un possibleconflit avec la Russie, le gouvernement japonais cherche par plusieurs moyens à s'attirer la bienveillance des autorités américaines, acteur probable de toute négociation de paix[56].

À partir de1873, laCorée devient un enjeu stratégique pour certains hommes politiques japonais. Cette année-là, les dirigeants nipponsdébattent sur la question de l'invasion de la Corée, mais l’idée est tout d'abord repoussée en raison de l'insuffisance de la préparation et de la modernisation japonaises. Ce n'est qu'en1875, à l'occasion de l'Incident de Ganghwa, que commence véritablement l'implication japonaise dans le pays. La péninsule ainsi que la région de laMandchourie en Chine deviennent des objectifs majeurs à long terme, autour desquels la diplomatie japonaise se concentre lors des décennies suivantes[57]. La Corée est considérée comme un objectif stratégique, d'autant plus que laRussie cherche à s'étendre dans la région. En effet, en1891, le début de la construction duTranssibérien menace le projet d'extension japonaise, et une Corée sous influence russe pourrait servir detête de pont à une invasion du Japon par la Russie. La Chine continue d'entretenir des relations tributaires avec la Corée, ce qui constitue aussi un obstacle dans les prétentions japonaises sur la péninsule[58]. L'incident d'Imo en1882 permet au Japon d'augmenter le nombre de ses troupes dans le pays[59]. Politiquement, le Japon est aussi actif pour s'immiscer dans la politique locale, notamment auprès des réformateurs coréens. C'est ainsi qu'il soutient unetentative de coup d'État en 1884. Si celle-ci est un échec, letraité négocié par la suite en 1885 permet au Japon de supprimer temporairement la présence militaire chinoise en Corée[60]. La péninsule est ainsi l'objet de laguerre du Japon contre la Chine en1894-1895[61]. Après cette date, la Chine — battue par le Japon lors de cette guerre — voit son influence réduite à néant dans la péninsule. La Russie profite de cette vacance du pouvoir pour s'immiscer dans les affaires internes de la Corée, où elle tente de faire jeu égal avec le Japon les années suivantes[62]. De plus, le Japon doit également renoncer à ses conquêtes en Chine, en raison de l'implication d'autres pays occidentaux, par le biais de laTriple intervention en. La France, le Royaume-Uni, et la Russie font pression sur le Japon pour qu'il revienne sur certains points de sontraité de paix avec la Chine, dont son occupation de lapéninsule du Liaodong. Ne pouvant s'opposer à ces puissances, le Japon est contraint de reculer, et dès1898, la Russie parvient à occuper la péninsule du Liaodong. Si l'armée nippone fait une première démonstration de ses capacités, le Japon perd le fruit de ses victoires militaires en raison d'une diplomatie encore inexpérimentée. Cet échec est mis à profit, et une préparation diplomatique précède les conflits suivants[63].

Par la suite, le Japon accélère sa politique en Corée en soutenant le coup d'État deDaewongun et la mise en place desRéformes Gabo en1894, qui lui donnent une plus grande emprise sur la péninsule[64]. En 1895, l'assassinat de lareine Min, soutenu par des Japonais, ainsi que le regain d'influence de la Russie, marquent un relatif recul du Japon dans le pays[65]. Entre 1895 et 1905[66], la Russie fait alors jeu égal avec le Japon en termes d'influence. En1896, le généralYamagata tente de ménager les Russes en leur proposant de se répartir la Corée autour du38e parallèle, ce qu'ils refusent. En1898, la diplomatie japonaise renouvelle la proposition auprès des Russes — après que ces derniers ont obtenu la concession dePort-Arthur dans lapéninsule du Liaodong —, mais celle-ci est de nouveau repoussée. Après larévolte des Boxers en1900, à l'issue de laquelle lesRusses obtiennent de nombreuses concessions en Mandchourie, la « question russe » revêt une importance majeure. Les années suivantes, d'autres options sont proposées au pouvoir russe, de manière à obtenir des zones d'influence exclusives : la Mandchourie pour les Russes, et la Corée pour les Japonais. Ces propositions essuient de nouveaux refus, la Russie visant toujours à intégrer laCorée à sa sphère d'influence[62]. L'intransigeance de la Russie sur cette question convainc les responsables japonais qu'une guerre contre ce pays est inévitable. De manière à éviter les déconvenues diplomatiques de laguerre contre la Chine quelques années plus tôt, le Japon prend soin au préalable de nouer l'alliance anglo-japonaise en1902, afin de pouvoir compter sur des soutiens lors de futures négociations de paix[67]. À l'issue de laguerre russo-japonaise, la défaite russe de 1905 finit d'asseoir la domination nippone sur la péninsule. C'est ainsi que letraité d'Eulsa transforme la Corée enprotectorat du Japon, prélude à l’annexion du pays en1910[66].

Recherche d'alliances avec les Occidentaux jusqu'à la Première Guerre mondiale

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Articles connexes :Japon pendant la Première Guerre mondiale,Théâtre asiatique de la Première Guerre mondiale etThéâtre océanien de la Première Guerre mondiale.

LeJapon densifie ses relations avec les puissancesoccidentales à l'issue desa victoire contre la Russie en 1905. Son intervention en1901 au sein de lacoalition militaire contre lesBoxers lui a déjà permis d'obtenir quelquesconcessions en Chine et de développer son influence[68]. Grâce aux traités deShimonoseki en 1895 et dePortsmouth en 1905, leJapon accède au rang de puissance régionale. L'alliance anglo-japonaise négociée en1902 est reconduite en1905 et1907. LaRussie noue quant à elle quatre traités entre1907 et1916 ; laFrance en fait de même en1908, suivie par lesÉtats-Unis en1908, via lesaccords Root-Takahira. Le Japon intègre ainsi le système des puissances déjà en place enAsie, sans chercher alors à remettre en cause celui-ci, se contentant de négocier quelques concessions et d'obtenir une reconnaissance de son rang au sein des puissances internationales[69].

L'éclatement de larévolution chinoise de 1911 fait évoluer les perspectives du Japon, et la situation enChine devient un point de crispation pour les pouvoirs japonais. Les gouvernements qui se succèdent à l'époque (Saionji etYamamoto) sont très partagés sur l'attitude à adopter, et sont tiraillés entre les aspirations incompatibles des libéraux et de l'armée.Sun Yat-sen, qui s'est réfugié au Japon en1913, peine à y trouver des soutiens. Cherchant à protéger ses intérêts dans le pays, le gouvernement japonais soumetvingt et une demandes au gouvernement chinois deYuan Shikai[70]. Celui-ci est contraint d'en accepter une partie, et la Chine devient alors de fait unprotectorat du Japon. Cependant, le pouvoir chinois parvient entretemps à trouver le soutien des États-Unis, encore neutres lors de laPremière Guerre mondiale, lesquels par la voix deleur secrétaire d'ÉtatWilliam Jennings Bryan mettent en garde le Japon contre toute action qui « violerait la souveraineté chinoise ». Le Japon commence ainsi à s'aliéner le gouvernement des États-Unis pour de maigres avantages en Chine[71].

Économie

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Premières initiatives étatiques au début de l'ère Meiji

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Article connexe :Fukoku kyōhei.

L'industrie est modernisée en ayant recours au modèle desmanufactures d'État. Des usines sont crééesex nihilo grâce à du matériel acheté à crédit à l'étranger, et des usines plus anciennes — créées par desdaimyō ou l'administrationshogunale — sont reprises par l’État[72]. Ledéveloppement de Hokkaidō est aussi décidé. Les évolutions sociales rapides sont cependant à l'origine de révoltes parmi lessamouraïs — comme en1874 à Saga, et en1877 à Satsuma — qui font peser de nouvelles charges sur l'État[73]. Pour faire face aux déficits budgétaires causés par les dépenses, le gouvernement et les banques ont recours à de nombreusesémissions de monnaie, ce qui fait plonger la valeur des billets en circulation, face aux pièces d'argent. En1880 uncours forcé des billets est imposé et la même année, un coup de frein est donné aux dépenses visant au développement industriel[25]. Cettecrise monétaire entraîne unedépression de1881 à1886, que le ministre des financesMatsukata Masayoshi doit affronter. Les dépenses de l'État sont réduites, et plusieurs impôts, instaurés — dont l'impôt sur le revenu, en1887. Créée en1882, laBanque du Japon assure la conversion des billets émis auparavant en pièces d'argent, et permet ainsi d'assainir la situation financière[74].

Les entreprises créées par l'État au début de l'ère Meiji sont privatisées dix ans après leur création, ce qui permet au gouvernement de dégager des liquidités. Desconglomérats, commeMitsubishi ouMitsui, se renforcent par ce biais, le plus souvent à très bon compte[75]. Ces entreprises nationales créées dans lesannées 1870 concentrent leurs activités dans le domaine de laconstruction navale, desarsenaux et desmines. L’État prend aussi des initiatives pour construire des usines produisant duciment, duverre et deslainages[76].

Laproduction agricole connaît quelques progrès entre lesannées 1860 et lesannées 1890. Bien que la population augmente de près d'un tiers au cours de cette période, le pays reste exportateur de produits agricoles. La surface cultivée augmente de près de cent mille hectares derizières, et de80 000 hectares de terres agricoles sèches, la moitié de cette dernière surface étant obtenue grâce à la mise en valeur deHokkaidō. L'amélioration des transports et le déploiement d'entrepôts plus modernes permettent aussi de réduire les pertes alimentaires[77].

La production minière est rapidement considérée comme une priorité, permettant d'alimenter de nouvelles usines. Sous l'impulsion de personnalités commeInoue Kaoru, l'État acquiert des mines, de manière à les moderniser, puis ouvre des écoles dans lesquelles des conseillers étrangers sont employés pour former lesmineurs. L'usage d'outils modernes, comme des pompes à vapeur ou des explosifs, se développe. La production decharbon passe ainsi de 400 000 tonnes dans lesannées 1860 à 2 600 000 tonnes en1890. Entre1860 et1900, la production decuivre passe quant à elle de 1 000 à 29 400 tonnes[78].

Des infrastructures modernes commencent à être déployées à l'échelle du pays. En1895, sont construites plus de trois mille kilomètres de lignes dechemin de fer, la plupart à l'initiative d'investisseurs privés. À la même date, six mille kilomètres delignes télégraphiques parcourent le pays. À partir desannées 1870, le Japon développe aussi unemarine marchande, laquelle lui permet de contrôler 14 % des flux rentrants dans les ports du pays[78].

Le Japon continue de dépendre de l'Occident pour plusieurs de ses importations, comme lesmachines-outils, l'acier, leséquipements militaires. Le pays importe aussi de grandes quantités de balles decoton pour ses usines de tissu. Le Japon exporte ensuite ses cotonnades, qui au début desannées 1890, représentent 42 % de toutes ses exportations[76].

Forte croissance dans la seconde moitié de l'ère Meiji

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Article connexe :Sites de la révolution industrielle Meiji au Japon : sidérurgie, construction navale et extraction houillère.

L'économie japonaise connaît une phase de forte croissance dans la seconde moitié de l'ère Meiji. Entre1880 et1914, lerevenu national brut augmente de 4 % par an en moyenne. Cette tendance est plus accentuée entre1895 et1905, la production industrielle doublant lors de cette période. Lesecteur textile représente une part importante de cette production et joue un rôle moteur pour le reste du secteur industriel. En1900, 67 % des ouvriers y travaillent et en1913, la production du pays atteint la quatrième place mondiale[79]. En1904, l'industrie lourde bénéficie du déclenchement de laguerre russo-japonaise, mais aussi, de l'essor deschemins de fer dans le pays. La production passe de sept mille tonnes d'acier en1901 à 70 000 tonnes en1906, et 500 000 tonnes en1919[80]. La part des actifs travaillant pour l'industrie passe de 6 % en1880 à 20 % en1920[79]. En1918, la part de la production industrielle dépasse la part de la production agricole dans lerevenu national brut[80].

Le développement de l'industrie lourde japonaise s'accompagne de quelques particularités. L'importation de matières premières depuis l'étranger (comme le charbon et le fer) — en tant que principales sources d'approvisionnement — permet à desaciéries comme celles deYahata (ouverte en 1901) de prospérer au-delà de ce que permet la production locale. Celle-ci est alors essentiellement approvisionnée en minerai venant deChine ou deCorée, préfigurant la logistique industrielle qui se met en place par la suite, lors de l'exploitation des colonies japonaises[81]. La transition de lamachine à vapeur vers l'électricité est tout aussi rapide au Japon[82]. Dès 1887, une premièrecentrale électrique au charbon ouvre àTokyo, et en1891, la premièrecentrale hydroélectrique ouvre près deKyoto. En1913,2,3 millions de foyers ont accès à l'électricité, et ce chiffre double dès1917. Toujours en1917, l'électricité dépasse la vapeur en puissance utilisée dans les usines du pays[83] ; elle permet le développement de certaines productions, comme celle defertilisants, mais aussi, le fonctionnement des usines la nuit, grâce à la généralisation desampoules électriques[84].

Cependant, la hausse de la production se fait souvent au détriment des travailleurs des différents secteurs. Dans l'agriculture, près de la moitié des surfaces cultivées sont exploitées par des fermiers qui ne possèdent pas la terre, et qui doivent parfois reverser à leurs propriétaires près de 60 % des fruits de leur travail. Dans lesecteur textile où la main d’œuvre est principalement féminine, les salaires sont particulièrement bas, et les conditions de travail et d'hébergement, le plus souvent insalubres[85]. Les conditions ne sont guère différentes dans lesecteur minier, et des sites comme lesmines de cuivre d'Ashio ont à cet égard très mauvaise réputation. De telles conditions de travail rendent le recrutement de plus en plus difficile, alors qu'il est nécessaire d'augmenter la production. De nombreux ouvriers n'hésitent pas à fuir vers les grands centres urbains, ou même à l'étranger, auBrésil ou àHawaï[86].

À la même époque, se constitue unmouvement ouvrier, réclamant l'élaboration d'undroit du travail, ainsi qu'une amélioration desrémunérations et desconditions de travail. Desgrèves éclatent dans le secteur de lamétallurgie (1897) et des chemins de fer (1898), et en1898, un premiersyndicat clandestin est créé dans le secteur de l'imprimerie[86]. La réponse des autorités est initialement violente. En1900, des lois sont promulguées pour restreindre les possibilités demanifester et de se regrouper ; l'armée et lesYakuza sont régulièrement utilisés pour réprimer les grèves. La situation se tend en particulier après l'incident de haute trahison en1911 qui voit une douzaine d'anarchistes tenter d'assassiner l'empereurTaishō Tennō[87]. La première législation du travail n'est votée qu'en1912, et n'est appliquée qu'à partir de1916. Celle-ci met l'accent sur les conditions de travail, plus que sur les salaires, et vise par ce biais à développer la fidélité de l'ouvrier envers son employeur, dans une visionconfucéenne[88]. L'âge minimum pour travailler est alors fixé à12 ans et la durée maximale du travail journalier pour les femmes et les enfants, à12 heures[89].

Société

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Démographie

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Photographie aérienne en noir et blanc d'un quartier de Tokyo.
Vue aérienne du quartier d'Akihabara àTokyo en1889.

Après une période de stabilité démographique à la fin de l'ère Edo, la population passe de trente àcinquante millions entre1870 et1915, cette augmentation étant soutenue par une baisse de lamortalité infantile et une hausse des naissances et de l'espérance de vie. Cette croissance est rendue possible grâce à l'augmentation des importations deriz et à la mise en valeur de terres arables àHokkaidō[42] — la surface des champs y passant de 45 000 à 750 000 chō de1890 à1920, et la surface desrizières, de 2 000 à 83 000 chō sur la même période. La part de la population citadine connaît aussi une hausse : 28 % des Japonais vivent dans des villes de plus de dix mille habitants, contre 16 % en1893. En1903,Tokyo atteint deux millions d'habitants etOsaka, un million, cette dernière cité triplant sa taille en un demi-siècle. Cet essor de la population urbaine entraîne une baisse du poids de l'agriculture dans lePIB du pays, celui-ci passant de 45 % en1885, à 32 % en1914[90].

Enseignement

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Article détaillé :Système éducatif de l'empire du Japon.

En1871, est créé unministère de l'Éducation, chargé de mettre en place un système éducatif à l'échelle du pays[91]. L'éducation de la population est une des priorités du régime, car celui-ci la considère comme un prérequis à la modernisation du Japon[92]. Une éducation primaire obligatoire de quatre ans est instaurée. Malgré un budget insuffisant, des résultats sont assez rapidement enregistrés. Une enquête de1875 relève que près de vingt mille écoles primaires sont en activité, mais que les conditions matérielles dans lesquelles elles opèrent sont assez variées : 40 % sont hébergées dans destemples bouddhistes (souvent d'anciennesTerakoya), 33 %, dans des maisons de particuliers, et 18 %, dans des bâtiments nouveaux destinés à l'éducation[91]. La scolarisation est aussi marquée par un déficit de l'éducation des filles : toujours en1875, seulement 20 % d'entre elles sont scolarisées, contre 50 % pour les garçons — ce retard ne sera rattrapé que vers1900[92]. L'alphabétisation progresse assez lentement, l'absentéisme pouvant être élevé. En1892, une enquête de l'armée indique que 27 % des recrues sont totalementillettrées, et 34 % le sont partiellement[93]. Plus largement, l'efficacité des politiques décidées au ministère se heurte à l'autonomie des autorités locales, le contenu des cours pouvant grandement varier d'une école à une autre[94]. Bien que l'éducation soit obligatoire, son financement reste à la charge des familles et des collectivités locales. Les parents sont également réticents à laisser leurs enfants aller à l'école, au lieu de les faire travailler pour financer les besoins de la famille[91].

Pour pallier les différents écueils enregistrés lors des premières années, et dans le cadre de la réorganisation du gouvernement en cabinet, un premier « ministre de l'Éducation » est nommé en1885,Mori Arinori. Celui-ci réforme le système éducatif et lui impose une organisation qui perdure jusqu'à la fin de la période impériale. Très centralisé[95], le ministère de l'Éducation place unsystème universitaire public à son sommet et constitue un réseau d'universités impériales[n 4] dans les plus grandes villes du pays[96]. Mori met aussi en place uneécole de formation à Tokyo, chargée d'uniformiser la formation des enseignants, et ainsi, de s'assurer leur loyauté envers l'État, et non envers un pouvoir local[97]. En1890, leRescrit impérial fournit un cadre moral à l'éducation[98]. Le taux de scolarisation s'élève à 69 % dès1898, et atteint presque 100 % à la fin de l'ère Meiji. En1907, la durée de scolarité obligatoire est étendue à six ans[99].

Au début de l'ère Meiji, s'ouvrent également de très nombreuses écoles privées, dont lecursus est destiné à l'enseignement de l'anglais et/ou de savoirsoccidentaux. Si la plupart d'entre elles périclitent, certaines évoluent pour constituer les premières universités privées. Ces écoles sont en majeure partie situées à Tokyo, mais des centres culturels importants commeKyoto sont aussi concernés. Si ces écoles sont surtout animées par des formateurs japonais, certaines d'entre elles, commeDōshisha à Kyoto, sont fondées par divers mouvements chrétiens[100]. D'autres, commeWaseda ouKeiō, sont liées à des personnalités politiques ou intellectuelles[101].

Même si la jeunesse est de plus en plus éduquée, les possibilités d'ascension sociale sont réduites, puisqu'au cours desannées 1890, seul augmente le nombre de postes subalternes dans les entreprises[102]. Dans le même temps, cette population éduquée bénéficie d'un plus large accès aux écrits de journalistes et de critiques[103]. L'enseignement universitaire accueille aussi de plus en plus d'étudiants, qui sont 9 695 en1915[104].

Pratiques religieuses

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Article connexe :Shinshūkyō.

Shintō

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Articles connexes :Shintoïsme d'État,Kokugaku,Kokutai etSystème moderne de classement des sanctuaires shinto.

À la fin de l'époque d'Edo, leshintoïsme (shintō) connaît un mouvement de rénovation. Initialement constitué autour d'un ensemble de rites de la cour auVIIe siècle, leshintō évolue auMoyen Âge sous l'influence dubouddhisme et intègre différents éléments et croyances liés auxKami. AuXVIIIe siècle, les écoles de penséeMitogaku etKokugaku commencent à envisager ce courant religieux comme un socle possible de modernisation du pays. L'idée de la vénération de l'empereur commence à toucher la population au travers de slogans politiques commeSonnō jōi (« vénérez l'empereur, expulsez les étrangers »). En plaçant en son centre la figure de l'empereur, larestauration de Meiji favorise leshintō pour fournir à l'État ses rites et sa légitimité[105].

De1868 à1890, leshintō renouvelle son corpus idéologique[106]. Laproclamation Taikyō de1870 consacre lecaractère divin de l'empereur[107]. Lessanctuaires sont intégrés à l'État en tant qu'institutions de la puissance publique, et traités comme ne relevant pas d'une religion. Les rituelsshintō mis en œuvre au sein de la maison impériale connaissent une rénovation. Les différents sanctuaires sont réorganisés à travers unréseau national hiérarchisé[n 5] dirigé par lesanctuaire d'Ise[106]. La portée de cette évolution reste toutefois limitée, non seulement en raison des faibles compétences des représentants du shintō, des dissensions qui éclatent entre eux[n 6] et de son très faible financement, mais également, à cause de l'opposition des pouvoirs bouddhistes, en particulier après l'épisode deShinbutsu bunri, de1868 à1872[108]. La formation desprêtres (kannushi) est cependant centralisée et améliorée au sein du sanctuaire d'Ise, où le princeKuni Asahiko crée un groupe de travail en1878, et par la suite, prend d'autres initiatives de ce type, comme la fondation duKokugakuin en1882[106].

À partir de1890 et jusqu'à laguerre russo-japonaise en1905, la doctrine dushintō se consolide progressivement[106]. La période commence avec la promulgation de laconstitution de l'empire du Japon et durescrit impérial sur l'éducation en1890, ces documents fondamentaux réaffirmant la primauté et la centralité de l'empereur au sein de l'État. Les rituelsshintō sont légitimés en tant qu'outils de vénération de l'empereur[106]. Ils s'inscrivent dans les usages populaires au travers des pratiques imposées aux élèves et auxquelles se joint à l'occasion la population locale (visites de sanctuaires, fêtes scolaires…)[109]. Signe d'un début d'enracinement chez les Japonais, des associations locales se constituent par endroits, pour aider à financer le fonctionnement de sanctuaires locaux, ou faire campagne auprès de laDiète pour obtenir des financements[110].Tokyo commence à se transformer en un site de grands rituelsshintō, à l'image de ce qu'est encoreKyōto. Après lapremière guerre sino-japonaise de1895, leYasukuni-jinja (construit en1869) est consacré en tant que lieu d'hommage national aux âmes des soldats morts pour le pays — et ce rôle est rappelé à l'issue de la guerre russo-japonaise de1905[111].

L'intégration dushintō au sein de l'appareil d'État se poursuit de la fin de l'ère Meiji et lors de l'ère Taishō, et touche plus largement la population nippone. D'un côté, l'État parfait son contrôle sur l'institution shintō tout en assurant son financement, de l'autre, leshintō fournit à l'État, à la fois une base idéologique et un réseau de sanctuaires permettant de mobiliser en profondeur la population japonaise[106]. À partir de1906, les prêtres reçoivent de l'argent de l'État lorsqu'ils assurent des rituels publics[112], tout comme l'écoleKokugakuin chargée de la formation des prêtres, ainsi que les sanctuaires préfectoraux[113]. Au début de cette période, le financement dont bénéficient les quelque quinze mille prêtres, reste très limité. De même, le sous-financement des sanctuaires pousse nombre d'entre eux à se rapprocher pour fusionner : leur nombre passe de deux cent mille en1906 à cent vingt mille en1914[110]. Signe d'une plus grande pénétration au sein de la population, la construction duMeiji-jingū de1915 à1920 mobilise un très grand nombre de volontaires dans tout le pays[114].

Bouddhisme

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Articles connexes :Bouddhisme au Japon,Haibutsu kishaku,Shinbutsu bunri etKokugaku.
dessin d'une scène dans l'arrière-cour d'un temple. Trois hommes s'affairent pour détruire à coups de masse une cloche aussi large qu'un être humain.
Destruction de cloches bouddhistes pendant leHaibutsu kishaku vers1870.

Lebouddhisme est durement touché lors de larestauration de Meiji. Au cours des siècles, unsyncrétisme s'est développé entre bouddhisme etshintō[115]. Influencé par les préceptes desKokugaku[116],[n 7], leJingi-kan, qui au sein de l'État dirige les affaires liées au shintō, ordonne le uneséparation des deux religions et uneépuration des sanctuaires[115]. Le but est alors de lutter contre l'influence des pouvoirs bouddhistes sur la société, perçus comme des éléments conservateurs s'opposant à la modernisation du pays[116]. Ordre est donné aux prêtres bouddhistes exerçant dans dessanctuairessyncrétiques de se convertir au shintō ou de démissionner. Les objets de culte comme les statues et les textes sacrés doivent être évacués. La plupart des prêtres font le choix de se convertir, et vont jusqu'à afficher ce renoncement en prenant desconcubines ou en mangeant de la viande de manière ostentatoire, pratiques proscrites pour les prêtres bouddhistes[117]. Souvent violent, ce processus entraîne de nombreux pillages detemples et destructions d'objets[118]. Le gouvernement prend quelques mesures pour éviter les débordements, mais celles-ci sont variablement interprétées par les autorités locales, et les troubles persistent jusqu'au début desannées 1870. Des cloches sont fondues pour en faire des armes, des statues sont profanées, et des temples sont saisis par les autorités locales, comme àSatsuma[119]. Dans les régions les plus durement touchées, la plupart des temples sont détruits et de nombreux moines, tués[120]. Cette politique touche variablement les différents courants bouddhistes. Nombre de prêtres des temples duShingon et duTendai se convertissent au shintō, tandis que leJōdo shinshū se montre plus virulent dans son opposition, allant jusqu'à déclencher des émeutes pour protéger ses temples[121]. Cette politique contre le bouddhisme s'infléchit en1872, et les relations avec l'État se normalisent[122].

Cet épisode de violences envers le bouddhisme pousse certains croyants réformateurs à s'interroger sur la place de cette religion dans la société nippone et sur ses apports. Des réformes de plusieurs types sont proposées et un nouveau bouddhisme, oushin bukkyō, voit le jour sous plusieurs formes, tandis qu'émergent des figures commeKiyozawa Manshi[123]. Lebouddhisme monastique connaît également des évolutions — sous l'influence deFukuda Gyōkai (Terre pure) ou Shaku Unshō (Shingon) — et le respect desdix règles du bouddhisme est réaffirmé. Plus généralement, les bouddhistes tirent profit de la méfiance envers lechristianisme qui s'installe dans le pays à partir desannées 1880, d'une part en réaffirmant leur loyauté envers l'empereur[124], d'autre part en cherchant à aligner leurs intérêts avec ceux desnationalistes. C'est ainsi que de nombreux moines exploitent politiquement l'incident causé parUchimura Kanzō en1891 — importante affaire médiatique déclenchée par cet enseignant chrétien ayant hésité à se prosterner devant l'image de l'empereur. Une personnalité commeInoue Enryō cherche à démontrer que les préceptes du bouddhisme sont compatibles avec la science, et affirme que le bouddhisme est même supérieur au christianisme dans sascientificité[125].Tanaka Chigaku développe une école dont la doctrine soutient l'expansionnisme japonais enAsie[126].

Christianisme

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Tout au long de l'époque d'Edo, lechristianisme est victime de persécutions. En1865, àUrakami dans la région deNagasaki, près de trois millechrétiens qui dissimulaient leur foi sont déportés et emprisonnés. Ce n'est qu'en1873 que la pratique du christianisme est officiellement autorisée par les nouvelles autorités. À partir de1868, desconseillers étrangers invités dans le pays pour former les Japonais aux techniquesoccidentales profitent de leur position pour pratiquer unprosélytisme pro-chrétien auprès de leurs étudiants.Leroy Lansing Janes est ainsi à l'origine duKumamoto Band[100], un groupe de convertis qui rejoignent par la suiteKyoto et l'Université Dōshisha — fondée par le missionnaire protestantNeesima — et constituent une part importante de son corps enseignant[127]. ÀSapporo, c'estWilliam Smith Clark qui convertit une partie des étudiants de la futureUniversité de Hokkaidō ; l'un d'eux,Uchimura Kanzō, joue un rôle central dans l'essor du mouvement chrétienMukyōkai[128]. ÀYokohama, où réside une communauté étrangère importante, c'est la figure du missionnaireJames Curtis Hepburn qui est prédominante[129]. À côté de ceprotestantisme qui recrute essentiellement dans les couches aisées d'un Japon urbain, des missionnairescatholiques sont plutôt actifs dans les régions les plus rurales. Desorthodoxes sont aussi présents dans la région deHakodate, oùNicolas du Japon exerce depuis1861. Cette diffusion du christianisme connaît un certain dynamisme dans lesannées 1880, mais dès la fin de la même décennie, celle-ci se heurte à la poussée d'un certain conservatisme politique[130].

Condition féminine

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Articles connexes :Femmes au Japon etFéminisme au Japon.

Dès le début de l'ère Meiji, les classes les plus favorisées suivent l'exemple de l'Occident, et la condition des femmes évolue quelque peu. L'époque voit disparaître certains usages, comme lenoircissement des dents et la tonte des sourcils, alors que se diffuse la mode des cheveux longs. Certaines lois deviennent plus favorables aux femmes, comme celle de1870 octroyant auxconcubines la même protection que les épouses légitimes, ou celle de1872 qui libère lesprostituées de leurs anciennes servitudes[131]. La question dustatut de la femme dans la société devient un thème important de débat, notamment porté par lemouvement pour la liberté et les droits du peuple, dans les années 1870 et 1880. Associée à ce mouvement, la revueMeiroku zasshi propose des traductions de textes deSpencer,Mill etMillicent Fawcett sur lesdroits des femmes, et ses pages témoignent de nombreux débats à ce sujet. L'angle adopté est cependant davantage celui dudroit naturel que celui du droit des femmes proprement dit. Ce dernier concept sera plus développé sous la plume deFukuzawa Yukichi, dansNihon fujinron (en1885). Une revue commeJogaku zasshi, éditée à partir de1885, permet à des auteures commeKishida Toshiko etShimizu Shikin d'y développer leurs idées sur divers sujets, comme l'émancipation et l'éducation des femmes, ainsi que les questions familiales[132].

Le tournantconservateur que prend le pays à partir de1890 contrarie cependant la réalisation de ces diverses aspirations libérales. Cette année-là, les femmes se voient interdire la participation à desmeetings politiques ou l'adhésion à despartis[133], et un retour à une traditionconfucianiste, défavorable aux femmes, est sensible dans l'adoption durescrit impérial sur l'éducation la même année. En1898, lecode civil japonais renforce le poids des hommes dans lesquestions d'héritage[134]. En1899, si leministère de l'Éducation crée des lycées réservés aux femmes[133], ceux-ci sont institutionnellement classés comme inférieurs à ceux réservés aux hommes, et n'ouvrent pas l'accès auxétudes universitaires[134]. Toujours en1899, est publié un rescrit imposant un cadre moral à l'éducation dispensée aux jeunes filles dans ces établissements : ce nouveau texte introduit le concept deryōsai kenbo (« Bonne épouse, sage mère ») et fixe ainsi l'objectif de la scolarisation des femmes. Ce concept deryōsai kenbo est largement relayé dans la presse féminine jusqu'à l'après-guerre[135]. Pour combattre cette situation, un journal féministe commeSekai Fujin est créé en1907 parFukuda Hideko[136], et, en1901,Tsuda Umeko fonde une école réservée aux femmes : lecollège Tsuda[137].

  • Photo de cinq filles japonaises en costumes de la Belle Époque. Quatre sont assises et une, debout au centre.
    Premières étudiantes japonaises envoyées étudier auxÉtats-Unis, dontTsuda Umeko (deuxième à droite).
  • Photographie d'une très grande salle de travail ; un mur est intégralement occupé par des appareils téléphoniques ; une vingtaine de femmes assises et visibles de dos y travaillent.
    Japonaises travaillant comme opératrices téléphoniques en1902.

Média

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Articles connexes :Censure de l'empire du Japon etPropagande japonaise durant la Seconde Guerre mondiale.

À la fin de l'époque d'Edo, leJapon dispose d'une certaine tradition dans l'édition deprospectus traitant de l'actualité. Dans les grandes villes comme Edo (Tōkyō),Kyōto etŌsaka, on édite deskawara-ban qui peuvent à l'occasion traiter d'évènement politiques. L'essentiel de la production vise alors les élites, capables de comprendre lechinois classique, mais également, le peuple qui a accès à du contenu illustré. À l'initiative du nouveau régime, un premier journal à l'occidentale voit le jour en1870, leYokohama Mainichi[138]. Dès1872, à Tōkyō, sont créés cinq quotidiens qui reprennent cette forme. Ces journaux traitent assez largement de politique, et à l'occasion, critiquent le gouvernement, ce qui entraîne en1875 l'adoption d'une première loi sur la presse et la diffamation, permettant de mettre en place une certaine forme decensure. Les différents titres de presse se spécialisent : d'un côté les « grands journaux », traitant de politique, de l'autre les « tabloïds », traitant de faits divers ou d'événements à sensation. Cette seconde catégorie de journal voit apparaitre leYomiuri shinbun à Tōkyō en1874 et leAsahi shinbun à Ōsaka en1879. À côté de ces titres se constituent aussi des journaux comme leJiji shimpō (créé parFukuzawa Yukichi en1882) ou leKokumin Shimbun (créé parTokutomi Sohō en1890) qui attirent à eux un lectorat plus intéressé par les grandes questions politiques et sociales de cette époque[139].

Laguerre sino-japonaise de1894-1895 et laguerre russo-japonaise de1904-1905 jouent le rôle de catalyseurs pour le développement du tirage et de l'influence de la presse japonaise. Dans la perspective de contrôler l'opinion publique, les militaires et le pouvoir politique ne tardent pas à encadrer drastiquement ce qui peut être publié, tout en facilitant l'accès des journalistes au théâtre des opérations. C'est ainsi que, lors de la guerre sino-japonaise, une centaine de journalistes et d'artistes sont présents dans lapéninsule coréenne, sous encadrement militaire. La maison d'éditionHakubunkan profite assez largement de ces opérations en publiant tous les dix jours un compte rendu des opérations militaires. Le succès de cette publication est si important qu'en1895, il permet àHakubunkan de financer le lancement de toute une série de nouvelles revues, telles queTaiyō ouShōnen Sekai. Cette entreprise inaugure alors un modèle d'édition et un modèle économique qui sont repris par la concurrence. Lors de la guerre russo-japonaise, letélégraphe joue un rôle important en permettant aux informations de circuler beaucoup plus rapidement. Cette accélération favorise la presse, qui peut alors rendre compte au jour le jour des opérations militaires, la circulation de certains titres doublant lors du conflit[140]. C'est aussi lors de la guerre russo-japonaise que les premiers reportages cinématographiques voient le jour, profitant du développement ducinéma au Japon. Le gouvernement se heurte également aux limites de son propre contrôle. Le, éclatent lesémeutes de Hibiya, déclenchées par plusieurs journaux qui manifestent ainsi leur opposition au traité de paix, jugé trop clément pour laRussie. Si les médias démontrent déjà le rôle qu'ils peuvent jouer pour façonner l'opinion dans un sens favorable au pouvoir politique, ces mêmes médias sont déjà capables d'être des relais politiques pour d'autres causes[141].

Productions artistiques

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Littérature

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Article connexe :Littérature japonaise.

Influence occidentale et réflexions sur la japonité (1868-1910)

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L'Occident influence la littératurejaponaise de manière non négligeable et fait évoluer certaines de ses formes d'expression. Leroman utilisé comme support de critique sociale et politique par des auteurs étrangers, commeDisraeli ouBulwer-Lytton, inspire plusieurs intellectuels issus du mouvementMeirokusha, ce qui déclenche un désir de découvrir les littératures nationales européennes.Ukigumo — publié parFutabatei Shimei en1887, et considéré comme le premier roman moderne japonais — s'inspire ainsi de lalittérature russe de la même époque. Les grandes figures de la période s'affirment autour de1900[142].Natsume Sōseki — qui a étudié àLondres et qui succède àLafcadio Hearn à la tête de la chaire delittérature anglaise de l'université de Tokyo — s'impose avec des œuvres commeJe suis un chat (1904) ouLe Pauvre Cœur des hommes (1914). Dans ces œuvres à ladimension introspective, l'auteur critique la société de son époque, repoussant à la fois lenationalisme de son temps et les emprunts injustifiés à l'Occident[143].Mori Ōgai, qui a reçu une éducation médicale militaire enPrusse, se fait d'abord connaître commecritique littéraire. Il est l'auteur d'une œuvre abondante où il a recours à un traitement proche dunaturalisme, qu'il applique augenre duroman historique.Shimazaki Tōson fait quant à lui office de précurseur du stylewatakushi shōsetsu, ouI-novel, en publiantHakai en1906[144].

D'autres genres littéraires, comme lapoésie et lethéâtre, connaissent eux aussi une influence occidentale, bien que perdure la popularité de formes bien établies, comme lekabuki ou le. Un acteur dekabuki commeIchikawa Danjūrō IX tente sans trop de succès de faire évoluer son jeu d'acteur et son maquillage en faveur d'une expression plus réaliste. Un poète commeMasaoka Shiki rencontre plus de succès en modernisant les formes duhaiku et dutanka. Des formes nouvelles émergent par ailleurs, comme leshintaishi pour la poésie. À la fin desannées 1880, dans la région d'Ōsaka, le théâtre voit apparaître la forme dushinpa, qui lors de la décennie suivante, s'étend àTōkyō, où il se mue enshingeki. Cette dernière forme intègre des femmes à ses troupes de comédiens (contrairement aukabuki, dont les acteurs sont exclusivement masculins), et son répertoire comprend des pièces européennes, notamment celles du dramaturge norvégienHenrik Ibsen[145].

Lors de la première moitié de l'époque impériale, se manifeste un mouvement de réflexion sur lalittérature. Inspirées par le travail deTaine sur l'Histoire de la littérature britannique (1864), plusieurs publications cherchent à proposer des compilations censées incarner les classiques d'unelittérature nationale japonaise, ou à retracer l'histoire de celle-ci (publication en1890 duNihon bungakushi de Takatsu Kuwasaburō et Mikami Sanji)[146]. Le but recherché est alors de mettre en évidence les supposés signes distinctifs de l'« identité japonaise » en relevant les caractères récurrents de la littérature à travers les âges[147]. À ce titre,Le Dit du Genji, écrit intégralement enkana, est vu comme l'une des incarnations de cette identité purement japonaise[148]. Divers cercles littéraires publient aussi de très nombreuses revues de critique littéraire, oudōjin zasshi. Ces publications — souvent éphémères, et dont la diffusion est limitée — regroupent par affinité des étudiants de l'université impériale de Tokyo et de l'université Waseda (où est publiéWaseda bungaku à partir de1891), deux grands pôles littéraires de cette époque. La revueShirakaba, publiée à partir de1910, jouit aussi d'une certaine notoriété[149].

Peinture

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Articles détaillés :Nihonga etYō-ga (peinture).

Au début de l'ère Meiji, se développe un style depeinture à l'occidentale, appeléyō-ga. Leconseiller étrangeritalienAntonio Fontanesi est recruté pour enseigner la peinture au sein de laKōbu Daigakkō. Le but initial est de rendre les Japonais capables de réaliser des dessins fidèles, compétence préalable à la mise en œuvre de grands chantiers de modernisation, duchemin de fer à laconstruction navale[150]. Les techniques issues de cette approche utilitariste ne tardent pas à être reprises dans des démarches plus artistiques. Certains Japonais commeKuroda Seiki étudient lesbeaux-arts àParis, et rapportent auJapon diverses connaissances sur les grands courants artistiques alors en vogue dans la capitale française. Les techniques comme lapeinture à l'huile, l'aquarelle, ou lepastel singularisent layō-ga, comparée aux productions japonaises traditionnelles, tout comme certains types de sujets, comme lenu[151].

En réaction à ce qui est perçu comme un excès d'occidentalisation, se développe le stylenihonga. Le conseiller étrangerErnest Fenollosa, qui enseigne à l'université de Tokyo, et l'un de ses étudiantsOkakura Kakuzō, prennent des initiatives menant à la création de l'École des beaux-arts de Tokyo en1887. Le but recherché est d'intégrer certaines techniques occidentales, tout en conservant un style japonais. Des représentants de l'école Kanō sont recrutés pour y enseigner, commeKanō Hōgai etHashimoto Gahō, et l'école forme les premiers représentants de ce style, commeShimomura Kanzan,Yokoyama Taikan, ou encoreHishida Shunsō. Fenollosa se rend aussi àKyoto, où certains groupes locaux sont dans une démarche similaire — comme l'école Murayama ou encore l'école Shijō (d'où est issuTakeuchi Seihō, l'un des futurs grands représentants duNihonga)[152].

Musique

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Les premiers groupes demusique occidentale — des ensembles demusique militaire — sont actifs dès la fin de l'ère Keiō. Au début de l'ère Meiji, l'armée et la marine disposent l'une et l'autre d'orchestres qui participent aux cérémonies ou à des représentations musicales. Dans ces deux institutions, deschefs étrangers forment les musiciens japonais. Lorsque ces derniers retournent à la vie civile, certains parmi eux deviennent à leur tour des formateurs et ainsi, participent assez largement à la diffusion de la musique occidentale dans le pays. Les musiciens officiels de la cour, qui jusque-là étaient des spécialistes dugagaku, reçoivent eux aussi une formation pratique et théorique dans ce domaine, et jouent pour la première fois le des morceaux de ce type à l'occasion de l'anniversaire de l'empereur. Leprojet éducatif du régime de Meiji accorde également de l'importance à la musique occidentale, et dès la promulgation de la loi sur l'éducation de1872, une place est réservée à celle-ci dans le cursus. Des formateurs étrangers sont recrutés pour participer à la mise en œuvre de cette politique (Luther Whiting Mason, puisFranz Eckert). La formation des futurs enseignants débute réellement en1880, et un premier manuel scolaire est publié en1881[153]. En1887, est aussi créé un comité musical, futur département de musique de l'Université des arts de Tokyo. Des étudiants japonais sont aussi envoyés à l'étranger pour y étudier, commeNobu Kōda[154], et d'autres composent des morceaux alliant tradition japonaise et technique occidentale — comme leKōjō no tsuki, composé en1901 parRentarō Taki[155]. Pour répondre aux besoins, plusieurs entreprises de construction d'instruments sont fondées à la même époque, commeYamaha pour lesharmoniums (1887) ou Suzuki pour les violons (1887). Au début duXXe siècle, leJapon forme de nombreux musiciens venus de ses colonies et diffuse la musique occidentale dans ces territoires[154].

Legagaku, ou « musique raffinée », est utilisé lors des rites impériaux et jouit d'un certain dynamisme. Ce genre a connu un renouveau pendant l'époque d'Edo grâce à des financements dushogunat[156]. Le, leJingi-kan, bureau chargé dushintō, fonde leGagaku Kyoku, organisme consacré à la supervision de cegenre musical[157]. Entre1876 et1888, les musiciens de cette institution commencent à compiler leMeiji sentei-fu, recueil du répertoire dugagaku, participant ainsi à la codification de celui-ci[158]. Legagaku est aussi utilisé dans les relations que le pays entretient avec le monde extérieur. Des représentations musicales de ce type accompagnent la réception de dignitaires étrangers, et lesexpositions universelles qui se tiennent enEurope en1867,1873 et1878, reçoivent des musiciens et desinstruments relevant de ce genre musical[159]. De la même façon, des mélodies inspirées dugagaku — commeKuni no shizume, ou encoreInochi wo sutete — sont composées pour les cérémonies de l'armée et de la marine, et sont ensuiteadaptées à leurs orchestres respectifs[160]. L'éducation, elle aussi, est gratifiée de mélodies de ce type pour ses cérémonies. En1893, lorsque le gouvernement publie un livret de huit chants destinés à être interprétés lors des festivals de l'année, cinq d'entre eux appartiennent à cette catégorie[161].

Dans les campagnes, subsistent différentes formes chantées populaires. Lessōshi enka pratiquent le chant de rue, dont les paroles critiquent souvent le pouvoirde manière satirique[162].Soeda Azenbō, qui commence à parcourir le pays à la fin desannées 1880, est une des figures les plus connues de cet art : ses chants sont souvent imprimés et vendus dans tout le pays sous forme de feuilles volantes[163].

Architecture

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Articles connexes :Architecture éclectique occidentalo-japonaise,Giyōfū etListe des biens culturels importants du Japon (ère Shōwa : bâtiments).

À partir du début de l'ère Meiji, l'architecture japonaise intègre les influencesoccidentales par plusieurs canaux. Au début de la période, peu d'architectes étrangers travaillent dans le pays, telsThomas Waters — qui àOsaka, produit l'hôtel des monnaies, ainsi que la résidenceSenpukan, l'un des premiers bâtiments de style occidental au Japon. Certains de ces architectes, recrutés commeconseillers étrangers et travaillant dans l'archipel comme enseignants, sont chargés de transmettre aux étudiants japonais les techniques et les styles de construction occidentaux. C'est le cas deCharles Alfred Chastel de Boinville et deGiovanni Vincenzo Cappelletti, ou encore, deJosiah Conder — ce dernier étant chargé des premiers cours d'architecture de l'université de Tokyo. Ce transfert de savoirs est également assuré par de nombreux étudiants japonais envoyés enEurope et auxÉtats-Unis grâce à desbourses du gouvernement, lesquels pour la plupart, une fois leurs études achevées, reviennent au pays pour y enseigner l'architecture à leur tour. C'est le cas deYamaguchi Hanroku ou deNakamura Junpei qui étudient àParis, ou deTatsuno Kingo qui étudie àLondres[164].

L'architecture pseudo-occidentale (ougiyōfū) qui apparaît au début de l'ère Meiji doit composer avec les limites techniques de l'époque. Dans un premier temps, les Japonais utilisent leurs traditionnelles techniques de construction en bois et se contentent d'imiter le seul aspect extérieur des bâtiments (comme à l'église d'Ōura, àNagasaki). Par la suite, ils ont recours aux techniques occidentales, une fois celles-ci pleinement assimilées. Le bâtiment de la Banque du Japon, construit en1896 parTatsuno Kingo, apparait comme le premier bâtiment de ce style, conçu et construit uniquement par des Japonais maitrisant les techniques occidentales[164]. Un architecte commeKatayama Tōkuma s'illustre aussi en intégrant différents styles européens en fonction de ses réalisations :style baroque pour lemusée national de Nara (1894),style Second Empire pour lemusée national de Kyoto (1895),style néoclassique pour lehyōkeikan dumusée national de Tokyo (1908), et style inspiré des palais royaux européens de l'époque pour lepalais d'Akasaka. L'autre grande figure de ce courant architectural sous l'ère Meiji estTsumaki Yorinaka, à qui l'on doit notamment le bâtiment dumusée préfectural d'histoire et de culture de Kanagawa, conçu dans un style néobaroque, alors en vogue enAllemagne. Lesanciens bureaux du gouvernement de Hokkaidō, leRokumeikan (aujourd'hui détruit), ou encore l'ancienne école Kaichi, constituent d'autres bâtiments remarquables relevant de ce stylegiyōfū[165].

Notes et références

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Notes

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  1. LeRoyaume-Uni concentre ses efforts en Asie sur la Chine et dédie une partie de sa puissance à la lutte contre laRussie dans leGrand Jeu enAsie centrale. La France se concentre sur lacampagne de Cochinchine en Asie, et tente de contrer la montée en puissance de laPrusse en Europe. Les Américains sont occupés par laguerre de Sécession.
  2. L'armée fait partie des prérogatives de l'empereur, et statutairement c'est un militaire de haut rang qui doit être nomméministre de la guerre. Le refus des militaires de rejoindre un gouvernement empêche donc celui-ci d'être constitué.
  3. De la fin de laguerre des Taiping en1864, jusqu'à1882, date à laquelle les Français prennentHanoï, et les Anglais l'Égypte.
  4. La première, l'Université de Tokyo, est inaugurée en1877. Elle est suivie les années suivantes par l'Université de Kyōto en1897 et l'Université du Tōhoku àSendai en1907. Au total neuf universités sont créées, dont deux dans les colonies : l'Université impériale de Keijō en1924 et l'Université impériale de Taihoku en1928.
  5. Minatogawa-jinja est consacré en1871 àKōbe,Toyokuni-jinja est restauré en1880 àKyōto,Abeno-jinja en1882 àŌsaka,Kashihara-jingū en1889 àNara. VoirShimazono Susumu 2009,p. 112
  6. Une querelle porte en particulier sur le nombre de dieux majeurs, trois ou quatre, à inclure dans le panthéon shintō.
  7. Motoori Norinaga (1730–1801) etHirata Atsutane (1776–1843) en particulier se sont montrés très virulents dans les critiques du bouddhisme.

Références

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Avant la période Yamato, on considère la période légendaire.
Yamato(592-710)
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