Æ, minusculeæ, est unevoyelle et ungraphème utilisé dans plusieurs langues européennes, dont notamment certaines langues nordiques comme ledanois, leféroïen, l’islandais, lenorvégien, lefrançais et autrefois lelatin ou l’anglo-saxon, mais aussi dans plusieurs langues camerounaises, comme lekenswei nsei, lekom ou letikar, et quelques langues des Amériques, comme lehupda, lekawésqar ou leyagan. C’est un graphème appelé enfrançaisa-e entrelacé[note 1],a e-dans-le-a ou « a e-dans-l’a »[note 2], par simplification, « e-dans-l’a »[note 3]. D’autres noms plus informels sont :a-e lié,a-e collé,ligature ae. Dans l’ordre alphabétique français, le Æ est classé comme la suite d’unA et d’unE indépendants.
Le graphème ‹ æ › a d’abord été uneligature (comme ‹ & › qui correspond à « et ») ayant la même valeur que les deux lettres qui le composent (soit ‹ ae ›), c’est-à-dire unediphtongue[ai̯] devenue par la suite[ɛ]. Par exemple : le latin classiquecaecum devenucæcum en latin médiéval. Endanois et dans d’autres langues, le graphème ‹ æ › n’est plus une ligature mais bien une lettre à part entière, qui n’est pas considérée comme ayant la valeur des lettres qui la composent[note 4].
La combinaisonae a aussi été notée au moyen d'une caudata dès les textes enonciale :ę (ici un eogonek). Ce diacritique a disparu par la suite et la voyelle a été notée par un simplee.
On retrouve également ce graphème dans les graphies archaïques de certains mots français telsæther,æternel,æquité,æsthétique,Ægypte,Æthiopie... Dans la plupart de ces cas, l'usage remplaça l'a-e dans l'a par une accent aigu.
« Æ » était utilisé envieil anglais comme dans lelatin médiéval. L'anglais moderne utilise encore « æ » pour écrire certains noms tels queEncyclopædia (encyclopédie) mais, depuis l'arrivée des machines à écrire et ordinateurs, son usage tend à disparaître au profit de « ae », voire de « e » (celui-ci principalement aux États-Unis). Par exemple, les paroles originales du chanson deBunthorne de l'opéraPatience (1881) furent écrit par son auteur,W. S. Gilbert, comme :
« Though the Philistines may jostle, you will rank as an apostle in the high æsthetic band, If you walk down Piccadilly with a poppy or a lily in your mediæval hand. »
En vieil anglais, la ligature æ était utilisée pour exprimer un son entreA etE (c’est-à-dire [æ]), très proche du « A » français (ou dans l'anglaiscat)[1]. Dans ce contexte, le nom de la lettre,Æsc (Ash en anglais moderne, qui signifiefrêne) tiré de larune correspondante ᚫ est issu duFuthorcanglo-saxon, lui-même dérivé de la runeAnsuz duFuthark (Fuþark).
En islandais, la lettreÆ forme une diphtongue prononcée [ai][2]. Il en est de même en féroïen pour la lettre appeléeÆ long prononcée [ɛa], et la version courteÆ simplement prononcée [a]. En danois[3] et norvégien[4],Æ représente une simple voyelle, prononcée respectivement [ɛ] et [æ]. Le même phonème est représenté dans l'alphabet suédois et allemand par la lettreÄ.
La langueossète, parlée notamment enOssétie dans leCaucase, a été transcrite par l'alphabet latin entre 1923 et 1938 et la lettre æ se prononçait comme la voyelleAPI /æ/[5], correspondant à un son « a » très ouvert[6]. Ce caractère a été conservé sous une forme identique lors du passage à l'alphabet cyrillique : ‹Ӕ ӕ›.
Le symbole de l’alphabet phonétique international [æ] est également utilisé pour décrire le son d'une voyelle antérieure non-arrondie pré-ouverte, c'est-à-dire una proche deè comme dans le mot anglaiscat[7].
↑Tous ces noms avecdans s’écrivent avec traits d’union, car les mots changent de sens : ce n’est pas « un e dans un a », entendu que le e est à l’intérieur du a, mais bien un a et un e soudés ensemble. Règles du trait d’union :Reverso.net :Grammaire : Trait d’union (généralités)
↑En français non plus, on n’écrit pasCæn au lieu deCaen.
↑Elinborga Stefánsdóttir et Gérard Chinotti,Dictionnaire français-islandais : islandais-français, Orðabókaútgáfan,,p. 212
↑Gregersen, F., Maegaard, M., & Pharao, N. (2009). The long and short of (æ)-variation in Danish - a panel study of short (æ)-variants in Danish in real time.Acta Linguistica Hafniensia, 41, 64-82.[1]
MarcArabyan,« Préface de l’édition de 2017 », dans Jacques Anis, Jean-Louis Chiss et Christian Puech,L’Écriture, théories et descriptions, Limoges, Lambert-Lucas,,2eéd. (1reéd. 1988)