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G85

Guich

M.Peyron
p. 3236-3238

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Texte intégral

1La dénominationguichs’applique à toute tribu ou groupement dont l’attachement personnel au sultan du Maroc s’appuie sur des avantages d’ordre matériel et/ou des concessions de terres exemptes d’impôts (Weisgerber, 1947, p. 73/Miège, 1994, p. 24). Duxvie auxixe siècle, les tribus dites « guich » vont constituer une pièce maîtresse sur l’échiquier militaire marocain. Institution introduite au Maroc par les Saâdiens (Benabdellah, 1994, p. 49), puis améliorée par Mulay Ismaïl, chaque groupement, placé sous les ordres d’un pacha, ou caïd, était animé d’un très fort sentimentd’assabiya,terme d’inspiration khaldounienne signifiant « esprit de clan ».

2On distingue généralement quatre principales tribusguich : les Cheraga, Cherarda et Udaya, ainsi que quelques éléments des Bwakher (Terrasse, 1952, p. 155/Weisgerber, 1947, p. 73). Sous Mulay Ismaïl, celles-ci formaient même l’ossature principale de l’armée (Benabdellah, 1994, p. 53).

3Les Cheraga, composés des résidus de l’armée saâdienne et d’éléments berbères provenant du Maroc oriental, avait été constitués enguichpar Mulay Rachid (Weisgerber, 1947, p. 75). Les Cherada du Haouz de Marrakech, s’étant révoltés, avaient été transplantés dans le nord par Mulay « Abderrahman al-Hicham ». Quant aux Udaya, créés par Mulay Ismaïl, ils comprenaient des Maâqil du Sahara, d’anciennes troupes saâdiennes et, selon une source orale, quelques éléments juifs islamisés de la région du Nfis dans le Haut-Atlas (Bahir, 1987, p. 113).

4Installées en colonies militaires à proximité des villes impériales du pays, ces tribus formaient un cordon défensif face aux tribus berbères insoumises des environs. Par exemple, autour de Fes sous Mulay Ismaïl, étaient cantonnés 3 000 Cheraga, 4 500 Cherada et 2000 Udaya, l’ensemble relevant du commandement du Caïd al-Machwar.

5Les Bwakher, parfois désignés sous le nomd’abids(Benabdellah, 1994, p. 53), et recrutés par Mulay Ismaïl chez les Hartani et autres éléments de couleur du Sud marocain (Morsy, 1967, p. 102/Weisgerber, 1947, p. 75), tenaient garnison principalement autour de Meknès, face aux turbulentes tribus berbères du Moyen-Atlas. Une de leurs fonctions étant de conserver l’équilibre au sein de l’armée makhzénienne, leur importance fut parfois exagérée. Ainsi, devenus trop puissants sous Sidi Muhammad ben ‘Abdellah suite à la révolte de 1778, leur nombre et leur influence furent considérablement réduits. En revanche, lorsque les Udaya se soulèveront à leur tour, le sultan aura recours auxabidspour les mater, opposant ainsi garde noire contre garde blanche (Miège, 1994, p. 25). Jeu d’équilibre complexe et précaire auquel doit se livrer le souverain, d’autant plus que :

« Les dissensions graves entre le corps desabids,ou Bwakher, et les tribusguich,notammentimazighen,avaient causé les graves défaites essuyées par Mulay Sliman... » (Michel, 1994, p. 105).

6Cependant, à la bataille d’Isly, le 4 août 1844, 12000 Bwakher, épaulés par 5 000 cavaliersguich,constitueront le noyau dur de l’armée marocaine (Michel, 1991, p. 314-315).

7Selon les époques, mais principalement auxixe siècle, venaient s’ajouter à l’entitéguichdes tribus arabophones telles que les ‘Abda, Ahmar, Menabba et autres Rehamna. Inversement, l’appellation « tribuguich » pouvait se perdre, comme dans le cas des Udaya, déchus du titre après leur révolte de 1831, alors que de nouvelles tribus, par suite de leur ralliement ou en raison de services rendus à la dynastie ‘alawite, pouvaient acquérir ce statut (Berrada, 1994, p. 297). Parmi celles-ci figure le groupement berbère des Iyerwan (Guerrouanes), anciens fauteurs de troubles de la région de l’Oued Ziz, rentrés dans le giron du makhzen après une révolte avortée à l’époque de Mulay Sliman. Les sultans, en butte à des révoltes périodiques de tribus, étaient souvent amenés, pour des raisons conjoncturelles, à composer avec les unes et à déplacer les autres. Ainsi, lors de ses campagnes de 1692-1693 contre les Berbères du Fazaz, Mulay Ismail, ayant trouvé de nouveaux alliés, avait complété « la couverture du pays soumis à l’aide de tribus amenées du Sud en bordure du Moyen-Atlas » (De la Chapelle, 1931, p. 29). Pour Drouin (1975, p. 37), celles-ci « constituent les premières tribusguich ». À ce titre, le cas des Ayt Yummur est exemplaire. Plus précisément, ce sera un des premiers groupementsimazighenqui va : « évoluer vers un statutguich,puisque après la campagne de l’Atlas, ces derniers reçoivent du souverain mille chevaux et autant de fusils, avec, en contrepartie, le devoir de contenir les montagnards en s’installant à Tinteghallin, au cœur des régions qui viennent d’être pacifiées. » (Morsy, 1967, p. 100).

8À l’instar d’autres tribusguichqui les suivront, le loyalisme des Ayt Yummur s’avérera plutôt douteux : révolte dans le Tadla (1729-1730) ; puis, brigandages répétés qui les feront exiler vers Meknès (1758) ; nouvelle révolte dans le Tadla suivie de déportation dans la région de Marrakech en 1824 (De la Chapelle, 1931, p. 51).

9Les Ayt Yusi constituent un cas plus heureux. Déplacée du Tafilalt par Mulay Ismail, cette tribu aurait été installée dans le Moyen-Atlas entre Sefrou et Enjil de manière à protéger la grande voie sultanienne de Fes vers le Sud (Morsy, 1967, p. 100/Ayache, 1979, p. 20). Rôle qui sera rempli fidèlement, notamment lors du passage de lamhallade 1893 (Michel, 1991, p. 92) à l’occasion d’une tournée de police et de levée d’impôts en tribu qui entraînera Mulay Hassan I jusque dans le Tafilalt et le Tadighoust.

10Il est évident que les contingentsguichoccupaient une place de choix dans le déroulement de ces expéditions sultaniennes. Exemple : une autremhallade Mulay Hassan I, celle de mars 1864, dans le Souss qui « comprenait 3 000 hommes, moitié duguich,moitié contingents des provinces voisines, Haha et Chiadma. » (Michel, 1991, p. 106).

11À la lumière de ces quelques exemples, on aura sans doute apprécié le rôle important que les tribusguichont joué dans l’histoire marocaine :

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Bibliographie

« Elles [...] occupaient plusieurs fonctions dans l’État, formaient des garnisons des capitales. [...] La véritable force makhzénienne était surtout les troupes de réserves des tribusguich,dont l’organisation se confondait avec l’organisation militaire depuis Mulay Ismaïl » (Berrada, 1994, p. 297).

Ayache G., « La fonction d’arbitrage du Makhzen »,Actes de Durham : recherches récentes sur le Maroc moderne,Rabat :BESM,1979 (p. 19-21).

Bahir A., « The castle of Oudaïa », post-scriptum à un mémoire dactyl, de littérature orale, Dépt. d’Anglais, Fac. des Lettres, Rabat, 1987.

Benabdellah A., « Processus militaire millénaire »,L’armée marocaine à travers l’histoire, Maroc Europe,n° 7, 1994, Ed. La Porte, Rabat (p. 53-55).

Berrada T., « Quelques aspects de la question militaire au Maroc auxixe siècle »,L’armée marocaine à travers l’histoire, Maroc Europe,n° 7, 1994, Ed. La Porte, Rabat (p. 295-297, 309-310).

Chapelle F de la, « Le sultan Moulay Ismail et les berbères Senhaja du Maroc central »,Archives Marocaines,Champion, Paris, XXVIII, 1931.

Drouin J.,Un cycle oral hagiographique dans le Moyen-Atlas marocain,Sorbonne, Paris, 1975 (p. 37-41).

Guennoun S.,La Voix des Monts,Ed. Omnia, Rabat, 1934 (p. 309).

Michel N., « L’approvisionnement de la Mhalla au Maroc auxixe siècle »,Hespéris-Tamuda,Fac. des Lettres, Rabat, 1991, XXIX, 2 (p. 313-340).

Michel N., « Itinéraires de la mhalla (1757-1900) »,L’armée marocaine à travers l’histoire, Maroc Europe,n° 7, 1994, Ed. La Porte, Rabat (p. 105-106).

Miege J.-L., « De l’histoire militaire au Maroc »,L’armée marocaine à travers l’histoire, Maroc Europe,n° 7, 1994, Ed. La Porte, Rabat (p. 24-25).

Morsy M., « Moulay Ismaïl et l’armée de métier »,Revue d’Hist. mod. & cont.,t. XIV, avril-juin 1967, Paris (p. 97-122).

Terrase H.,History of Morocco,(trad. H. Tee), Ed. Atlantides, Casablanca, 1952 (p. 155-157).

Weisgerber F.,Au seuil du maroc moderne,Ed. La Porte, Rabat, 1947 (p. 73-85, 123).

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Pour citer cet article

Référence papier

M.Peyron,« Guich »Encyclopédie berbère, 21 | 1999, 3236-3238.

Référence électronique

M.Peyron,« Guich »Encyclopédie berbère [En ligne], 21 | 1999, document G85, mis en ligne le01 juin 2011, consulté le13 avril 2025.URL : http://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/1814 ;DOI : https://doi.org/10.4000/encyclopedieberbere.1814

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M.Peyron

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