Sainte-Lucie
et ses derniers Caraïbes
Ile des Petites Antilles, Sainte-Lucie qui fut française jusqu'en 1814, n'est séparée de ses voisines, la Martinique au Nord et Saint-Vincent au Sud. que par des « canaux » d'une quarantaine de kilomètres (fig. 1). Par temps clair, on peut apercevoir du haut de Gros-Piton la silhouette du volcan de Saint-Vincent et, en regardant vers le Nord, les contours imprécis et bleutés de la Martinique.
Sainte-Lucie, dont la superficie est de 605 km2, est peuplée de 90 000 habitants presque tous groupés sur le pourtour et dans deux ou trois vallées sucrières taillées dans la montagne.
L'île est formée d'un enchevêtrement de montagnes boisées parmi lesquelles culmine, à 1 050 m, le Morne Gimie et que pénètre aujour¬ d'hui, au prix de travaux difficiles, la route qui doit] relier la Soufrière ài Micoud. Ces hauteurs centrales s'abaissent vers le Nord en un horizon de montagnes de moyenne altitude tandis que vers le Sud elles s'achèvent par un large plateau. C'est au bord du rivage que se dressent à l'Ouest, les pitons les plus imposants : le Gros Piton (873 m) et le Petit Piton (820 m ) , derniers témoins du rebord d'un cratère dont le centre se situerait sous la mer, surgissent brusquement des eaux, offrant un des paysages les plus beaux du monde caraïbe (1).
Le climat de type tropical océanique est nuancé selon l'exposition et l'altitude. L'île est balayée par l'alizé de l'Est-Nord-Est qui souffle environ trois cents jours par an. L'hivernage, pendant lequel les préci¬ pitations sont abondantes, dure de juin à décembre. La saison sèche reste tempérée par les brises de mer, mais son allongement au-deJà d'avril se fait gravement sentir sur l'agriculture. Les cyclones survien¬ nent lors de la saison des pluies et accélèrent considérablement l'érosion causant même de graves glissements de terrains comme ceux de novem¬ bre 1938 où 96 personnes trouvèrent la mort.
(1) Lefort de Latour, arpenteur du roi, écrivait en 1787 : «Ces pitons sont parfaitement
isolés. Une belle anse et une riche vallée les séparent l'un de l'autre. Ces pitons si curieux occasionnent des tourbillons de vent très dangereux pour les marins. On a vu des bâtiments engloutis pendant que l'eau et la mer étaient calmes partout ailleurs ; aussi a-t-on soin de s'en tenir éloigné quand on est obligé de doubler cette pointe de l'île. On a presque toujours dans ce parage ou des calmes ou des tourbillons violents. La cause en est sensible et ce phénomène est moins difficile à expliquer que cette mine de madrépore et de coquillage sur le sommet d'un morne très élevé ». Lefort de Latour : Description générale et parti¬ culière de Sainte-Lucie... 1787 ; non publiée ; une copie dactylographiée existe au «Survey department » de Castries.
