BRYNNERYUL (1920-1985)
Plus que comédien, pas tout à fait star, Yul Brynner, né à Vladivostok, appartenait à cette race d'acteurs dont la légende s'articule autour d'un rôle fétiche qui leur confère une dimension mythique, tout en entravant paradoxalement le déroulement de leur carrière. Dans le cas de Yul Brynner s'ajoutait l'exploitation d'un détail physique – sa calvitie – qui allait constituer son image de marque.
Rompu à toutes les disciplines du spectacle, Yul Brynner, arrivé à Paris à la fin des années 1920 avec sa mère et son frère, fait ses premières armes au Théâtre des Mathurins avant d'intégrer la troupe du cirque d'Hiver à Paris, qu'il quittera lors de l'occupation allemande. Il gagne alors les États-Unis. Rien ne prédestinait le comédien débutant deLa Brigade des stupéfiants(Port of New York, 1949) de Laszlo Benedek, qui réalisaL'Équipée sauvage avecMarlon Brando, à interpréter des personnages légendaires, des figures littéraires ou démesurées, s'il n'avait incarné, en 1951 à Broadway, le roi de Siam au côté de Gertrude Lawrence, dans lacomédie musicaleLe Roi et moi, d'après le romanAnna et le roi de Siam. Yul Brynner va tenir ce rôle durant 1 500 représentations avant de tourner, avec pour partenaireDeborah Kerr, la version cinématographique, réalisée en 1956 par un honnête metteur en scène demusicals, Walter Lang. Un oscar récompensera sa performance. Yul Brynner s'efforça par ailleurs de démentir la formule associée àEric von Stroheim – « le chauve que l'on aimerait haïr » –, en apportant une présence à la fois étrange et chaleureuse à des personnages aussi divers que le cruel pharaon desDix Commandementsde Cecil B. De Mille (1956), le tsar d'Anastasia (A. Litvak,ibid.), le gouverneur desBoucaniers(A. Quinn, 1958), sans oublier l'officier soviétique duVoyage (A. Litvak, 1959). Il fut également le serviteur des grands textes :Les Frères Karamazov d'après Dostoïevski (R. Brooks, 1958) etLe Bruit et la fureur d'après Faulkner (M. Ritt, 1959).
Illustrant les derniers feux des productions à grand spectacle hollywoodiennes, Yul Brynner remplaceTyrone Power dansSalomon et la reine de Saba (K. Vidor, 1959), tout en s'essayant à la comédie sophistiquée façon Stanley Donen, avec qui il tourne en 1960Un cadeau pour le patronetChérie, recommençons. Cette même année, il est également le producteur associé duTestament d'Orphéede Jean Cocteau (1960), film dans lequel il fait une apparition amicale.
Les années 1960 sont moins glorieuses – si l'on excepteLes Sept Mercenaires (J. Sturges, 1960), « remake » desSept Samouraïde Kurosawa, etTarass Boulba (J. Lee Thompson, 1962). Devenu citoyen suisse, Yul Brynner apparaît dans des productions plutôt exsangues (Morituri,L'Ombre d'un géant,Le Retour des sept) avant de réincarner à Broadway et à Londres ce roi de Siam qui lui avait porté bonheur. Dans ses deux derniers rôles marquants au cinéma, Yul Brynner flirtera avec la science-fiction : il sera un androïde dansMondwest (M. Crichton, 1973) et figurera parmiLes Rescapés du futur (R. T. Heffron, 1976).
— André-Charles COHEN
Accédez à l'intégralité de nos articles
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ?Se connecter
Écrit par
- André-Charles COHEN: critique de cinéma, traducteur
Classification
Autres références
LES DIX COMMANDEMENTS,film de Cecil Blount De Mille
- Écrit parMichel CHION
- 937 mots
- 1 média
Comédien de théâtre chevronné,Charlton Heston a une présence et une autorité incontestables.Le crâne rasé deYul Brynner était connu à Broadway (1951), puis à l'écran depuisLe Roi et moi (The King and I, 1956) de Walter Lang.Anne Baxter, mémorable rivale deBette Davis dans ...
Voir aussi