A LA RECHERCHE
DE LA COMPAGNIE DU SAINT-SACREMENT A MONTAUBAN
La Compagnie secrète du Saint-Sacrement qui florissait à Paris entre 1630 et 1666 rassemblait les élites pieuses de différents milieux, y compris ceux de la Cour et du haut clergé1. Elle se vouait, à ce que l'on sait, non seulement à faire honorer le sacrement de l'autel et à assurer le salut par la pratique de la charité2, tout comme l'aurait fait une simple confrérie3, mais encore à réaliser des projets ambitieux pour la réforme de l'Église de France et l'apostolat de l'Église universelle.
La spiritualité de la Compagnie relevait surtout de l'École française ou bérullienne. De ce point de vue, elle avait en horreur toute lèse-majesté religieuse, tandis que, suivant l'esprit de l'époque, elle poursuivait les blasphémateurs et les hérétiques. Comme l'ont dit avec assez d'emphase les historiens qui s'en sont occupés, elle faisait son possible pour restreindre et amoindrir la Réforme.
En province, une soixantaine de Compagnies subordonnées pratiquaient dans une même ambiance de ferveur et de mystère, les mêmes œuvres, fondaient ou patronnaient les mêmes
1. Pour une bibliographie assez complète se reporter à l'article sur la Compagnie dans le Dictionnaire de Spiritualité; pour les sources imprimées à L. André, Sources de l'Histoire de France, série III, t. VII. 2. On la trouve mêlée ou peu s'en faut à toutes les bonnes œuvres de l'époque et intéressée à toute réforme de mœurs. Elle ne manqua jamais d'assister autant que possible les galériens et autres prisonniers, les malades indigents, les pauvres honteux, les jeunes personnes en danger moral ou religieux. Son œuvre la plus ambitieuse fut la fondation de l'Hôpital-Général, à Paris, qui devait être, par ses soins, imité dans plusieurs villes de province. Elle promouvait les missions en France et à l'étranger, la fondation des séminaires, elle assistait les congrégations séculières d'inspiration bérullienne et favorisait largement les moniales réformées et les religieuses faisant partie de certaines fondations récentes. 3. Elle refusait toujours d'être traitée en confrérie, sans doute à cause du fait que cet état l'aurait contrainte à tout dévoiler aux intendants des évêques.