DOMINIQUE JULIA
L'ÉDUCATION DES ECCLÉSIASTIQUES EN FRANCE AUX XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES
L'actualité religieuse récente pourrait fournir un point de départ commode pour la réflexion que nous voudrions nous efforcer de développer sur l'éducation des ecclésiastiques à l'époque moderne. En effet, dans une réunion de prêtres tenue le 26 mars 1985, le cardinal-archevêque de Paris, Monseigneur Lustiger annonçait l'ouverture à la rentrée scolaire de la même année d'une nouvelle filière de formation des prêtres, qui vivront en communauté non plus à l'intérieur d'un séminaire mais au sein d'une paroisse d'un quartier central de Paris, le Marais, la paroisse Saint-Denys du Saint-Sacrement. « La formation spirituelle et apostolique » des candidats au sacerdoce, est-il écrit dans le bulletin diocésain, « sera assurée par les prêtres de la paroisse qui les associeront à leur ministère. La formation intellectuelle s'appuiera sur les diverses ressources de la capitale »1. L'historien, à la lecture de ce texte, ne peut s'empêcher de penser à la communauté sacerdotale fondée en 1612 par Bourdoise dans la paroisse Saint-Nicolas du Chardonnet : on y trouve en effet la volonté d'établir une vie commune des ecclésiastiques destinée à favoriser leur régularité, l'apprentissage des fonctions du ministère sous la houlette du curé (offices de la paroisse, catéchisme, prédications etc.), enfin le souci du voisinage de l'université pour permettre aux apprentis clercs de suivre les cours de la faculté de théologie : la communauté s'établit d'ailleurs un temps dans les locaux mêmes du collège universitaire du Cardinal Lemoine2. Simple retour, après plus de trois siècles et demi, à la case départ? Les analogies sont
1 Paris Notre-Dame, Bulletin hebdomadaire de l'Église de Paris, n°69, 4 avril 1985, p. 2. Cf. aussi Le Monde, 5 avril 1985.
2 Cf. P. Broutin, La réforme pastorale en France au XVIIe siècle. Recherches sur la tradition pastorale après le concile de Trente, t. II, Paris-Tournai, 1956, p. 111-127.
