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LA TECHNOLOGIE ET LES CAPACITÉS

Photo du MDN par le caporal David Veldman

Un CP-140Aurora survole le NCSMGlace Bay pendant l’opérationNanook 2020, le 21 août 2020.

Les avions Lockheed CP-40MAurora : la flotte actuelle d’avions de patrouille à long rayon d’action du Canada

par Bernie Thorne

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Le lieutenant-colonel Bernie Thorne, M.Sc, M.A.P., C.D.,est officier de systèmes de combat aérien (OSCA). Il compte plus de 32 ans de service dans la Force régulière. Maintenant réserviste, il aide à concrétiser la mise en service des plus récents systèmes mis à niveau dans les avions CP-140M Aurora, à titre de Directeur – Mise en œuvre du Bloc IV. Il a cumulé presque 4 000 heures de vol à bord de l’Aurora, il a été témoin de toute la gamme des opérations menées par cet avion en plus de 30 ans et il a vu l’avion être mis à niveau au cours de tous les blocs du programme de modernisation. Il a occupé deux fois des postes de commandement dans la flotte de CP-140M et a « passé du temps » au quartier général national à Ottawa où il a agi à titre de gestionnaire de carrières en chef de la Force aérienne. Le Lcol Thorne s’occupe aussi maintenant d’un petit vignoble dans la vallée de l’Annapolis, en Nouvelle-Écosse.

Le Bloc IV de la modernisation du CP-140M Aurora– Partager les secrets à venir

Winnipeg, 17 avril 2024. L’officier de liaison de la Force opérationnelle interarmées régionale (FOIR), auprès du commandant sur place pendant l’inondation, se met au fait de la situation au cours du briefing de changement de quart présenté au nouveau commandant sur place. « Généralement, vu la quantité de neige qui s’est accumulée au cours de l’hiver et la fonte printanière rapide due aux pluies chaudes abondantes, le niveau des eaux a monté rapidement et pourrait dépasser les niveaux enregistrés en 1997. Nous croyons que les eaux de la pointe de crue sont maintenant arrivées au canal de dérivation et nous nous attendons à voir l’eau entrer dans la ville au cours des deux prochains jours. Nous avons un CP-140M qui surveille l’inondation du haut des airs, et nos intervenants au sol semblent reprendre leur souffle. Plusieurs faits dignes de mention ont eu lieu au cours des dernières heures : la digue d’une station de pompage dans le village Osbourne a cédé; nous nous attendons à ce que la pression d’eau diminue dans le secteur et nous avons commencé à évaluer la qualité de l’eau toutes les heures – aucune consigne sur la nécessité de faire bouillir l’eau pour l’instant. Il semble qu’une des familles de l’avenue Turnbull n’ait pas respecté l’ordre d’évacuation, car ses membres ont été trouvés assis sur le toit de leur garage après que la digue eut cédé. Le service d’incendie local est intervenu. La ville est dans un piteux état, mais nous semblons avoir atteint la crête maintenant. Nous nous limitons à surveiller les digues au cas où certaines céderaient. Il y a dix minutes, nous avons appris que la route 204 près du pont de Selkirk avait été inondée. Nous ne prévoyons pas que la crête atteindra Selkirk avant deux autres jours et nous avons demandé aux forces armées d’aller examiner la situation sans tarder. »

Introduction

Les CP-140M Aurora fonctionnent depuis deux bases d’opérations principales (BOP), soit la 14e Escadre Greenwood, en Nouvelle-Écosse et la 19e Escadre Comox, en Colombie-Britannique. Chaque escadre est appuyée par un escadron de maintenance (Air) (les 14 et 19 EMA), qui s’occupe de la maintenance dépassant le cadre de l’entretien nécessaire aux vols quotidiens, ainsi que par un escadron de soutien opérationnel (les 14 et 19 Esc Sout Op), qui assure les services d’aérodrome et la préparation des missions (renseignement, météorologie, données de mission, et ainsi de suite).

Trois escadrons de CP-140M sont basés à la 14e Escadre Greenwood. Le 405e Escadron est l’escadron opérationnel et il assume le gros des missions liées à l’emploi de la force (EF) sur la côte Est, bien que les autres escadrons de la 14e Escadre exécutent aussi des opérations pour tenir leurs compétences à jour ou équilibrer les niveaux des tâches. L’équipe de maintenance du 405e Escadron s’occupe de l’aire de trafic utilisée par tous les CP-140M de Greenwood. Le 404e Escadron est celui qui voit à l’instruction ou à la mise sur pied de la force (MPF); il utilise la plupart des simulateurs et permet au personnel navigant et aux techniciens de maintenance de la flotte d’obtenir leur qualification initiale. Le 415e Escadron dirige le développement de la force (DF) de la flotte, qu’il s’agisse de la définition des besoins à venir ou de l’élaboration des tactiques.

Un escadron de CP-140M est basé à la 19e Escadre Comox. Le 407e Escadron est le second escadron opérationnel de la flotte et il exécute la plupart des missions liées à l’EF sur la côte Ouest.

Les origines de l’avion CP-140 Aurora

Au début des années 1970, le projet de l’aéronef de patrouille à long rayon d’action (APLRA) a été lancé pour remplacer le vénérableArgus de Canadair (qui comptait 24 ans de service au moment de sa mise au rancart). On a octroyé le contrat à Lockheed et son CP-140. Le CP-140 Aurora était issu d’un certain nombre d’avions de cette entreprise : en particulier, il était doté de la cellule du P-3 Orion et de l’ensemble d’ordinateurs et de systèmes de détection de sous-marins du S-3 Viking. Bien que ce fait ne fût pas connu à ce moment-là, le CP-140 a aussi remplacé effectivement le CP-121 Tracker, le gouvernement ayant mis fin au projet de remplacement des aéronefs de patrouille côtière (APC) au milieu des années 1990.

Les premiers CP-140 Aurora sont sortis des usines de Lockheed en 1979, et la livraison des 18 appareils commandés aux termes du contrat a eu lieu en 1980 et 1981. Chacun de ces avions devait à l’origine avoir une durée de vie utile de 25 000 heures de vol. Petit fait relatif à la flotte de CP-140, trois CP-140AArcturus ont été livrés au Canada en 1992 et 1993; ces appareils ont assumé certains rôles non liés à la GASM et allégé ainsi la charge de travail confiée à la flotte de CP-140, qui était débordée. Bien qu’étant fondamentalement des CP-140, ces appareilsArcturus étaient dépourvus de nombreux systèmes de détection dont l’Aurora était muni; ils ont été retirés du service opérationnel au milieu des années 2000 après avoir été fortement utilisés; l’un d’eux fait encore partie de la flotte et sert d’avion-école aux techniciens de maintenance au sein du 404e Escadron1.

Mises à niveau du CP-140

Comme le CP-140 Aurora était censé avoir une durée de vie utile semblable à celle de l’Argus, une seule modernisation à mi-vie a été entreprise au début des années 1990. Cependant, l’obtention de gros capitaux pour le financement de projets militaires s’est avérée difficile durant cette période. Après plusieurs années d’efforts, le bureau de projet a changé de stratégie pour faire progresser le Programme de modernisation progressive de l’Aurora (PMPA), lequel comportait trois blocs ou volets et un quatrième bloc facultatif. Cette approche a entraîné une hausse considérable du coût du projet, mais la flotte a obtenu les fonds nécessaires pour exécuter les mises à niveau prévues. Le Bloc I a porté sur les problèmes de durabilité immédiats, par exemple le remplacement de la radio haute fréquence dont les pièces n’étaient plus disponibles et l’élimination des systèmes désuets qui n’étaient plus employés depuis des années. Dans le cadre du Bloc II, les systèmes de gestion des communications et de navigation, axés sur un bus de données 1553, ont été remplacés. Pendant le Bloc III, la plupart des capteurs ont été modernisés, un calculateur de mission de bonne qualité a été installé, ce qui a permis d’exécuter le travail avec souplesse à différents postes de travail de l’équipage, et plusieurs réseaux ont été mis en place dans l’avion pour favoriser l’échange de quantités massives de données de mission et de données recueillies par les capteurs. Le projet de PMPA a été interrompu pendant un certain temps au cours de la production du Bloc II, mais il a repris par la suite. Seuls 14 des 18 CP-140 Aurora ont bénéficié de la modernisation du Bloc III et ont acquis le surnom de CP-140M (le « M » signifiant « modernisés »). Un CP-140 du Bloc II vole encore aujourd’hui; il sert à décharger la petite flotte de CP-140M des travaux de prototypage portant sur les systèmes de propulsion et sur le poste de pilotage.

Plusieurs projets dignes de mention (et de nombreux projets plus petits) ont eu lieu en même temps que le PMPA. Comme la durée de vie utile du CP-140 a largement dépassé les prévisions, beaucoup d’études et d’efforts ont visé à faire en sorte que les avions continuent à voler sans danger. Des études sur les pièces de la cellule qui risquaient de mal fonctionner ont mené à un Projet de prolongation de la durée de vie de la structure de l’Aurora (PPDVSA) dans le cadre duquel les ailes et le plan fixe vertical ont été remplacés. Avant le lancement de ce projet, les équipages devaient limiter leurs manœuvres et leur vitesse pour réduire la tension qui s’exerçait sur la cellule, et d’autres mesures de maintenance ont été prises pour que l’avion puisse voler sans danger. Le PPDVSA a ramené la durée de vie utile à 15 000 heures par appareil. Vu l’importance grandissante des opérations menées au-dessus de la terre ferme et celle de l’identification visuelle à distance de sécurité dans le domaine maritime, la flotte a doté les avions d’une tourelle pour caméra EO/IR WESCAM MX-20, d’une liaison de données commune tactique (TCDL) et d’un réseau provisoire d’ordinateurs portatifs avec logiciel de visualisation cartographique mobile appelé système de mission d’équipement terrestre (SMET), avant le début des travaux de modernisation du Bloc III. Finalement, afin de permettre l’envoi, au-delà de la portée optique (BLOS), des données de surveillance recueillies par le CP-140M durant l’opération Impact, on a installé un système provisoire iBLOS de communication par satellite très rapidement à bord d’un petit nombre d’avions du Bloc III.

En ce qui concerne le Bloc IV, le plan original consistait à moderniser les systèmes obsolescents et, peut-être, de doter les avions d’une arme de précision utilisable à distance de sécurité (p. ex. le SLAM-ER) pour aller au-delà des armes servant uniquement à la GASM équipant les avions aujourd’hui. Les impératifs opérationnels changent, de sorte que la nécessité de partager la connaissance de la situation avec d’autres combattants et d’autres partenaires n’ayant pas les « yeux » du CP-140M est devenue plus importante. Le projet du Bloc IV porte sur trois grandes capacités nouvelles. Tout d’abord, mentionnons un système de communication BLOS qui recourt au réseau de communication satellitaire mondial (WGS) issu du projet Mercury Global. Dans un sens générique, les avions auront l’homologation voulue pour entrer dans le domaine de l’Infrastructure de réseau secret consolidé (IRSC) grâce au WGS, au moyen du réseau de transmission du centre de soutien de mission (CSM). Ensuite, un terminal Link-16 fonctionne dans les limites de la portée optique et en mode BLOS. Troisièmement, l’installation d’un système d’autoprotection par contre-mesures à infrarouge dirigé (DIRCM) a été approuvée pour doter un certain nombre d’appareils d’une protection limitée. Le Bloc IV procure aussi aux avions une énergie électrique plus grande et plus propre et il met à niveau les serveurs, les réseaux et les normes en matière d’interopérabilité pour les capteurs et les calculateurs de mission.

Photo du MDN par le Mat 1 Louis-Phillipe Dubé, Service d’imagerie de la 14e Escadre

Arrivée du premier CP-140M Bloc IV à Greenwood, le 21 février 2020.

À coup sûr, il est évident que les nombreux capteurs, appareils de navigation et de communication, réseaux et calculateurs de mission installés à bord du CP-140M sont très sensibles à l’évolution de la technologie. Si un combattant appuyé passe d’un système LINK-11 à un système LINK-22, le CP-140M doit lui emboîter le pas, sinon il ne peut plus communiquer avec celui-ci. Si les autorités civiles mondiales du contrôle de la circulation aérienne modernisent les paramètres de navigation et de communication pour rendre l’espace aérien plus dense et/ou plus sûr, le CP-140M doit lui aussi se moderniser pour ne pas perdre l’accès à l’espace aérien d’autres pays. Dans la toute dernière politique de défenseProtection, Sécurité, Engagement, le gouvernement du Canada a précisé que le CP-140M sera remplacé un jour, et les observateurs estiment que cela se produira vers 2035; mais nous, membres de la gent militaire, planifions toujours en fonction des imprévus. Pour faire en sorte que nos capacités soient toujours maintenues, le gestionnaire du système d’arme (GSA) est en train d’étudier les travaux à effectuer pour que le CP-140M demeure opérationnel jusqu’aux années 2035 à 2040. À n’en pas douter, des modernisations d’envergure et de nombreuses mises à niveau plus petites s’imposeront pour que le CP-140M reste opérationnel au cours de cette période.

Un certain nombre de projets importants postérieurs au Bloc IV en sont déjà à divers stades de la planification ou de l’approbation et visent à conserver au CP-140M sa viabilité opérationnelle jusqu’à l’arrivée de son successeur. Des mises à jour apportées à la réglementation internationale de l’espace aérien nécessitent l’acquisition de nouveaux systèmes de navigation pour garantir la sécurité des vols, et un certain nombre de projets génériques ou propres à la flotte vont de l’avant chez le GSA pour garantir la capacité continue d’envoyer des avions en déploiement. La modernisation du matériel cryptographique oblige la Force aérienne à se doter de nouveaux équipements de communication et d’un nouveau système militaire d’identification ami/ennemi (IFF). Les vieux moteurs du CP-140M (qui sont les mêmes que ceux du vieux C-130 Herculesde modèle H) deviennent coûteux à entretenir, et on envisage leur remplacement par le même groupe motopropulseur que celui équipant lesHercules de modèle J plus récents. On songe aussi à se procurer une version modernisée de la caméra MX-20 en vertu d’un régime unique d’achat-mise à l’essai. De petites mises à niveau de logiciels et de matériels informatiques sont toujours « en préparation » et, en ce qui concerne le CP-140M, les changements sont regroupés dans le cadre d’un cycle de 18 mois qui établit un équilibre entre la rapidité, d’une part, et la capacité de la flotte de s’adapter aux changements, d’autre part. Les mises à niveau des simulateurs, des laboratoires et des équipements de soutien doivent toujours avoir lieu parallèlement à celles des avions.

On pourrait penser que ces mises à niveau importantes sont nécessaires uniquement à cause de l’âge des avions, mais cela n’est que partiellement vrai. Le besoin de remplacer la voilure et les moteurs est effectivement attribuable à la longue période de service. Cependant, les mises à niveau techniques, dues soit à un monde en évolution soit à de nouvelles exigences opérationnelles, se produisent régulièrement dans n’importe quelle flotte, parfois même avant la livraison des premiers appareils. Plus les aéronefs achetés sont à la fine pointe du progrès et plus des rôles opérationnels leur sont confiés, plus ils sont sensibles au changement et plus il faut faire des efforts pour leur faire suivre la cadence du changement. Aucun autre aéronef au monde n’est sans doute aussi sensible au changement que les APLRA CP-140M de la flotte canadienne. Il ne faut pas s’étonner qu’il y ait dans cette flotte un escadron affecté au développement de la force (DF) et, expressément, à la gestion du changement.

Quelques-unes des capacités du CP-140M

Les avions à long rayon d’action et à grande autonomie, les capteurs variés et performants, les systèmes de communication, les éléments du soutien de mission et les équipages formés pour remplir divers rôles et missions, voilà autant d’atouts qui créent une ressource souple. Peu de personnes n’appartenant pas à la flotte opérationnelle comprennent les effets opérationnels qu’elle peut produire pour la mission, et cela en a parfois limité l’emploi et les avantages obtenus lors de son emploi. Si je décrivais ici toutes les capacités techniques du CP-140M Aurora, je révélerais des renseignements classifiés et j’endormirais le lectorat. À l’intention de ceux nourrissant à cet égard un intérêt professionnel, un exposé sur les capacités classifiées est en cours d’élaboration pour le COIC; il décrit les capacités et leur emploi suggéré dans le cadre des opérations prévues. Il faut ici présenter quelques capacités en des termes simplifiés pour donner une idée de la capacité globale de l’avion, mais aussi pour faire comprendre une mise en situation opérationnelle non classifiée, sur laquelle je reviendrai plus tard.

Le radar comporte deux antennes en réseau plan montées dos à dos; celles-ci peuvent assumer des rôles autonomes ou être synchronisées pour doubler les données fournies dans un seul rôle. Le radar est doté d’un système d’autodétection et d’autopistage, qui sert à élaborer le tableau de la situation maritime (TSM), ainsi que d’un indicateur de cible terrestre mobile (GMTI), qui suit les objectifs en mouvement au sol. Le radar peut être employé dans plusieurs modes d’imagerie, notamment comme un radar latéral à synthèse d’ouverture (SLAR) qui produit des cartes-bandes radar à haute résolution qui ressemblent à des images monochromes. Les outils d’analyse du radar permettent de repérer automatiquement les changements et de les mettre en lumière, par exemple les véhicules s’étant déplacés, les secteurs inondés, les glissements de terrain, les zones de dynamitage, les lieux de creusage, de même que les murs et les bâtiments enlevés. La précision de localisation du radar est très bonne, de sorte que ce dernier peut informer d’autres capteurs tels que la caméra vidéo EO/IR, ou transmettre l’information à d’autres systèmes.

La caméra EO/IR a été, à n’en pas douter, la caméra analogique de surveillance à grande portée la plus performante jamais construite. Elle possède un objectif EO grand angle, un objectif EO étroit à très grande portée et un mode IR. Elle a été mise à niveau avec un télémètre laser pour en accroître la précision de localisation. La plupart des gens auront vu ce dispositif très largement employé par la police et pour les prises de vue faites par les médias et dans les milieux du sport et du cinéma. S’il s’agissait d’une prise de vue en plongée datant d’une ou deux décennies, c’était vraisemblablement une version semblable à celle-ci. Les caméras de pointe sont maintenant numériques et offre entre autres une résolution supérieure et une meilleure sensibilité, mais comme des pièces convenables sont encore très largement vendues sur le marché, la caméra du CP-140M n’a rien perdu de ses capacités originales. Comme nous l’avons déjà dit, le GSA du CP-140 envisage d’acquérir une caméra moderne en vertu d’un protocole d’achat et de mise à l’essai.

Pour transmettre les renseignements, le CP-140M applique les normes de communication de nos plus proches alliés, de manière à assurer l’interopérabilité. Dans le cadre des opérations où les appareils employés ne sont pas très interopérables avec les nôtres, la flotte de CP-140M dispose de centres déployables de soutien de mission (CDSM) qu’elle peut positionner d’avance afin d’avoir accès à tous les renseignements et de fournir les communications afin de permettre le commandement et le contrôle. Les principaux systèmes que les CP-140M du Bloc IV et les CDSM ont en commun sont les suivants : les radios à portée optique; un téléphone satellitaire Iridium; des radios HF; un réseau à liaison de données commune tactique (TDCL) (bande K); un LINK-11; un LINK-16; un satellite du WGS avec services communs sur l’IRSC (clavardage, courriel, VoIP, bases de données des capteurs, et ainsi de suite). Les CDSM sont aussi dotés d’experts du CP-140M qui peuvent servir d’officiers de liaison (OL) pour expliquer les capacités et en recommander l’emploi éventuel. Les CSM de la 14e Escadre et de la 19e Escadre offrent les mêmes capacités que les BOP.

Sans aller dans les détails, disons que le CP-140M est aussi doté d’une excellente gamme de capteurs liés à la guerre anti-sous-marine (GASM) et qu’il emportera à son bord de nouvelles torpilles ASM Mk.54 dans le cadre de sa modernisation. Il dispose d’un système de mesures de surveillance électronique (MSE) qui comprend des capacités de classification et de fixage automatiques et d’identification d’émetteurs spécifiques (IES) pour les émetteurs préprogrammés dans la charge des données de mission. L’avion compte toute une gamme de capteurs portatifs (caméra vidéo, appareil-photo, lunettes de vision nocturne, et ainsi de suite). Sa gamme de dispositifs de communication peut assurer des relais radio aux unités qui sont hors de portée les unes des autres. Les unités munies d’une TCDL pourraient se servir du CP-140M comme d’une boîte aux lettres pour envoyer et recevoir des données.

Cette introduction très rapide devrait montrer que le CP-140M est un système d’arme très performant et très souple. Ilpeut remplir toute une gamme de missions partout dans le monde et il lefait effectivement.

Aperçu des opérations

Vu sa souplesse, le CP-140Ma été employé – etcontinue de l’être – dans une gamme très large de missions, à l’appui d’une liste très longue de commandants militaires et d’autres ministères fédéraux. Le CP-140 devait à l’origine se consacrer quasi exclusivement à des missions maritimes; pendant la Guerre froide, il avait pour rôles premiers de mener la GASM et d’appuyer directement des groupes opérationnels navals, tandis que la surveillance des approches maritimes du Canada et les vols de recherche et de sauvetage (SAR) comptaient parmi ses rôles secondaires importants. À cause de circonstances sans doute regrettables2, le CP-140 a, dans le cadre de ses principales fonctions, rempli des missions classifiées en décollant de BOP canadiennes ou alliées; ces missions étaient parfois armées, souvent dangereuses et menées au loin, mais les forces armées ou l’ensemble de la population n’en ont pas eu connaissance et ne les ont pas reconnues3.

Photo du MDN par le Sgt Shilo Adamson, BFC Borden

(De gauche à droite), le caporal-chef Kevin Hardy, opérateur de détecteurs électroniques aéroportés (OP DEA) principal, Patricia DeMille, agent des pêches du ministère des Pêches et des Océans (MPO), et le caporal Brett Galliford, OP DEA et opérateur de capteurs non acoustiques pour le CP-140Aurora, collaborent pour trouver les navires d’intérêt participant possiblement à des activités de pêche illégales pendant l’opérationDriftnet, le 18 juillet 2017.

L’emploi du CP-140/140M a lentement dépassé ces rôles originaux. En effet, d’autres ministères fédéraux et des organismes civils se sont mis à formuler certaines demandes d’aidepermanentes et un certain nombre de demandes de soutienponctuelles. Les capacités de l’avion en matière de surveillance des zones maritimes nationales ont retenu l’attention du ministère des Pêches et des Océans (MPO), qui a commencé à demander que ses spécialistes montent à bord du CP-140 pour exécuter des patrouilles au-dessus des zones de pêche du Canada et pour faire observer les accords internationaux concernant la pêche en haute mer (p. ex. l’interdiction des filets dérivants). La présence prédominante du CP-140/140M dans le ciel des océans a permis de surprendre des pollueurs à l’intérieur de la zone économique exclusive du Canada, de sorte qu’il est devenu la principale source de données dont Environnement Canada (maintenant appelé Environnement et Changement climatique) avait besoin pour intenter des poursuites judiciaires contre eux. De même, la GRC a commencé à demander au CP-140 de repérer et de suivre des navires d’intérêt – en les filant de loin, eux et leurs complices, jusqu’à ce qu’ils puissent être appréhendés. Au cours de catastrophes naturelles qui nécessitaient rapidement une connaissance de la situation pour que soient planifiés la recherche et le sauvetage, les autorités ont eu recours au CP-140 : ce fut le cas, par exemple, lors des inondations survenues à Winnipeg pendant l’opération Lentus, et quand Hydro-Québec a voulu évaluer l’état de ses lignes électriques après la tempête de verglas de 1995. Des géobouées larguées du haut des airs ont servi à enregistrer des données sismiques pour appuyer les revendications du Canada à l’égard de l’Arctique. Dans le cadre de l’opération Caribbe, le CP-140M continue d’appuyer une coalition de 14 pays pour faire échec au trafic de drogues illicites. De plus, les capteurs et les « yeux » du CP-140/140M ont notamment été utilisés pour recueillir des données sur les populations de phoques et de baleines, sur les icebergs, sur la concentration de glace et sur les températures des océans, entre autres4.

Photo du MDN par le Mat 1 Dan Bard, Services d’imagerie de la formation, Halifax

Mer d’Oman, le 9 octobre 2013. Les membres de l’équipe d’arraisonnement du NCSMToronto arraisonnent un boutre suspect pendant l’opérationArtemis.

Les rôles militaires se sont multipliés eux aussi. Le long rayon d’action du CP-140 et sa capacité de partir en déploiement seul font de celui-ci le choix tout indiqué pour mener des patrouilles de protection de la souveraineté dans le Nord afin d’y repérer des activités et d’y recueillir des images qui permettent d’évaluer l’état d’endroits éloignés. Les ressources chargées principalement des missions de recherche et de sauvetage (SAR), qui faisaient un meilleur travail au cours des missions de recherche à vue à basse altitude, ont commencé à exploiter le CP-140 pour coordonner et contrôler les recherches aériennes quand de nombreuses ressources étaient sur le terrain, par exemple les huit hélicoptères et le CC-130 Hercules qui sont intervenus au cours de la mission SAR au moment de l’écrasement du vol 111 de la Swiss Air. Une caméra Applanix (maintenant désuète) qu’avait fournie le Service de cartographie du MDN (S Carto) a été temporairement installée sur le CP-140 pour enregistrer des images cartographiques à haute résolution en Afghanistan. Les avions de chasse qui franchissent les océans demandent souvent une escorte, appeléeduckbutt, de la part d’un avion CP-140/140M qui transporte des radeaux de sauvetage déployables. En vertu d’accords internationaux, diverses opérations d’interdiction maritimes telles que l’opération Artemis5 ont eu lieu pour combattre la piraterie, ou pour faire respecter les sanctions de l’ONU, notamment pendant l’opération Sharp Guard6. Il y a un peu plus de dix ans, un autre domaine d’activité important pour le CP-140 a vraiment pris de l’ampleur : tout d’abord par suite de la modernisation de sa caméra EO/IR, de sa TCDL et de son système de mission d’équipement terrestre, le CP-140 a commencé à recevoir des demandes d’appui des forces terrestres traditionnelles et des forces d’opérations spéciales.

Ces paragraphes ne sont pas exhaustifs, mais ils visent à montrer la souplesse de la plateforme et les nombreuses organisations que celle-ci a appuyées dans une multitude de rôles. Le CP-140a travaillé pour des ministères fédéraux en temps normal et lors de catastrophes au-dessus des eaux, du territoire terrestre et des étendues de glace du Canada, etil continue de le faire. Les rôles militaires ont largement dépassé la gamme des missions maritimes qui lui avaient été confiées pendant la Guerre froide. Ajoutons ici une note historique importante : les opérations récentes ont amené le CP-140M à concentrer ses efforts au-dessus de l’espace terrestre, peut-être au détriment de ses rôles traditionnels.

Photo du MDN par le caporal Mathieu St-Amour

Le capitaine Barrie Ransome, pilote de CP-140Aurora pour la Force opérationnelleLibeccio, regarde par la fenêtre du poste de pilotage pendant une patrouille au large de la côte de la Libye, le 30 septembre 2011, à l’occasion de l’opérationMobile.

Opérations récentes

Bien que le CP-140 ait exécuté de petites7 opérations militaires au-dessus du sol et que le CP-140/140M ait toujours pu mener des opérations dans l’environnement côtier, l’opération Mobile8 a été sa première grande intervention militaire au-dessus de la terre ferme. Pour obtenir un taux de disponibilité élevé au cours d’un déploiement normal d’avions CP-140, il faut envoyer un détachement de deux appareils; en 2011, à Sigonella, le détachement de deux avions a exécuté 179 missions avec un taux de disponibilité de 99 p. 100. Une pénurie considérable d’aéronefs de patrouille à long rayon d’action (PLRA) et la souplesse intrinsèque du CP-140 en ont fait une ressource très demandée qui a rempli tout un éventail de rôles au cours des mois qu’a duré l’opération. La surveillance maritime était nécessaire pour faire respecter un embargo. Dans le cadre des opérations d’information, des messages radio étaient radiodiffusés profondément en territoire libyen. Au début, le CP-140 ne s’aventurait pas à moins de 21 milles de la côte, mais cette distance a ensuite été réduite à quatre milles. Par la suite, l’avion a carrément volé au-dessus de la terre ferme pour assurer la surveillance et appuyer la coordination des attaques et la reconnaissance (CAR). Les équipages de CP-140 n’avaient reçu aucun entraînement pour jouer ce dernier rôle, mais les capteurs de l’appareil, ses dispositifs de renseignement sur la situation et ses systèmes de communication ont fait le bonheur des contrôleurs interarmées de la finale de l’attaque (CIFA) qui volaient à bord pour diriger ces missions9. Comme le CP-140 n’avait aucun moyen de se défendre, les évaluations du renseignement sur les capacités antiaériennes et les intentions des Libyens auraient certainement présenté un grand intérêt pour les équipages.

Photo du MDN/opérationImpact

Un technicien d’aéronef de la Force opérationnelle aérienne en Iraq guide un patrouilleur à long rayon d’action CP-140Aurora au sol à titre de signaleur pendant l’opérationImpact, le 8 avril 2017.

La plus importante opération du CP-140M au-dessus du sol a commencé quand une coalition mondiale de 79 membres s’est formée en septembre 2014 pour aider les forces de sécurité iraquiennes à combattre Daech (également appelé EIIS ou EIIL). Afin d’appuyer l’opération Impact, le Canada a de nouveau envoyé un détachement de deux CP-140M qui a été basé au Koweït. Les appareils Aurora ont ensuite appuyé cette opération d’octobre 2014 à décembre 201710. La mission de base consistait à appuyer le commandant des services de renseignement, surveillance et reconnaissance (RSR) qui dirigeait une trentaine d’aéronefs sans pilote (UAV) et les CP-140M; comme il fallait s’y attendre, les tâches de ces derniers s’apparentaient à celles des UAV, et elles faisaient intervenir surtout les capteurs visuels en fonction d’un éventail commun d’objectifs. Ces tâches ont apporté une précieuse contribution à la coalition, mais elles n’ont pas mis à profit les nombreuses capacités de pointe du CP-140M. Afin d’optimiser ce dernier dans l’exécution de rôles futurs complexes, il faudra peut-être confier à un commandement national la planification et l’analyse du RSR et fournir ensuite les résultats aux alliés (comme on le fait pour les données recueillies avec divers systèmes satellitaires ou d’autres plateformes aérobies de pointe). Fait incroyable, le déploiement de plus de trois ans dans le cadre de l’opération Impact a nécessité en continu deux équipages opérationnels et demi, alors que la capacité opérationnelle de l’ensemble de la flotte n’est que de cinq ou six équipages. Si l’on tient compte des préparatifs et des congés qui suivent, de nombreux membres d’équipage ont en fait été en déploiement pendant des années et n’ont passé que de courtes périodes chez eux.

Comme il convient de s’y attendre, vu ce niveau d’engagement opérationnel, les escadrons opérationnels ont bientôt eu besoin d’une relève de la part des escadrons d’entraînement et de développement de la force. Pendant toute cette période, il a été presque impossible des’entraîner avec les nouvelles capacités du CP-140M et de lesparfaire dans le cadre d’autres missions ou rôles. La flotte étant désormaisau bord de l’effondrement (voireau-delà de ce stade, selon certains), un effort important appelé « Programme d’amélioration des conditions professionnelles militaires – CP-140M » a été lancé afin de relancer la production de nouveaux membres d’équipage qualifiés et de regagner de l’expérience et des capacités en dehors de l’opération Impact. Néanmoins, un retour aux opérations maritimes,en général, et à la GASM,en particulier, s’imposait grandement.

Photo du MDN/opérationImpact.

Des officiers de systèmes de combat aérien à bord d’un patrouilleur à long rayon d’action CP-140MAurora consignent leurs observations pendant une mission de reconnaissance, à l’occasion de l’opérationImpact, le 1er janvier 2017.

Toutes les missions terrestres du CP-140M ne se rapportent pas à la guerre. Pendant l’opération Impact et après la dévastation causée en 2017 dans les Antilles par les ouragans Irma etMaria, le 407e Escadron de la 19e Escadre Comox a été chargé de fournir rapidement un soutien en matière de RSR pour contribuer à l’effort de redressement après la catastrophe (bien que plus proche, la 14e Escadre Greenwood était alors en période de rotation dans le cadre de l’opération Impact). La Grande-Bretagne n’avait plus d’appareils de RSR à long rayon d’action (après s’être départie de ses avions Hawker Siddeley Nimrod) et avait demandé l’appui du Canada avant l’arrivée de ses bâtiments navals qui se portaient au secours de ses territoires d’outre-mer des îles Turks et Caicos. Les pays partenaires se sont servis des systèmes d’imagerie du CP-140M pour évaluer et planifier l’intervention avant l’arrivée des navires. Le long rayon d’action permet à l’avion de trouver une base en dehors de la zone sinistrée, ce qui limite les exigences imposées aux services de logistique et à l’infrastructure très sollicités. Les avions de RSR ne peuvent évaluer l’intégrité structurale des quais, des ponts et des bâtiments, mais ils peuvent repérer les endroits où l’infrastructure essentielle est gravement endommagée, voir si les ouvrages d’infrastructure tels que les aéroports et les ports maritimes fonctionnent et si les routes sont utilisées, voir où les personnes déplacées établissent leur campement (et où elles ont besoin d’aide), et ainsi de suite. Si les renseignements de ce genre sont obtenus rapidement, les planificateurs sont à même d’élaborer une intervention plus rapide et plus efficace.11,12

Photo du MDN par le caporal Gary Calvé

Des membres de l’Aviation royale canadienne et de la British Royal Air Force mènent des opérations à partir du quartier général de la force opérationnelle de l’opérationRenaissance Irma-Maria à l’aéroport international Grantley-Adams, Barbade, le 17 septembre 2017.

De plus, le CP-140M poursuit les opérations dans les environnements maritimes et côtiers. La GASM a repris de l’importance, et la participation du Canada est plus sollicitée dans ce contexte. Outre qu’il se tient constamment prêt à assumer les nombreux rôles décrits précédemment (p. ex. SAR et GASM), le CP-140M prend régulièrement part à des déploiements, notamment dans le cadre des opérations Neon,Caribbe etArtemis. Les équipages prennent aussi part à des exercices de guerre interarmées internationaux tels que les exercicesJoint Warrior etRim of the Pacific (Rimpac). Le Programme d’amélioration des conditions professionnelles militaires – CP-140M porte fruit; en effet, d’autres équipages opérationnels qualifiés sont formés chaque année, et tous possèdent une expertise beaucoup plus vaste qu’auparavant.

Bloc IV

Les modernisations du Bloc IV ne sont pas censées modifier les grands jeux de missions du CP-140M et elles ne changeront pas sensiblement non plus les capacités des capteurs. Elles concrétiseront la capacité de traiter et de transmettre les renseignements qui, jusqu’ici, n’étaient téléchargés qu’après l’atterrissage de l’avion. Afin de donner une idée de ce que ces modernisations signifient dans une opération, nous examinerons une situation où le CP-140M superviserait le travail de RSR pendant une inondation au Canada (un plan de contingence dans le cadre de l’opération Lentus), comme celle décrite dans le scénario fictif futuriste présenté dans l’introduction du présent article.

Quand on a fait appel au CP-140M dans le passé, il a procuré « des yeux dans le ciel » au commandant de la Force opérationnelle interarmées régionale (FOIR) et à toute organisation de mesures d’urgence alors soutenue. La caméra MX-20-EO/IR servirait à repérer tout ce qui est considéré par le commandant sur place comme important et menacé. Quand les opérateurs de la caméra n’auraient aucune tâche particulière à remplir, ils pourraient parcourir avec l’œil de la caméra l’ensemble de la zone inondable pour y repérer quiconque aurait besoin d’aide, ou tout problème non signalé concernant l’infrastructure. Dans la mesure où l’équipement de soutien est installé d’avance avec le personnel du centre déployable de soutien de mission (CDSM), les images vidéo pourraient être acheminées au moyen de la liaison de données commune tactique (TCDL).

Photo du MDN par le caporal Trevor Matheson

Le caporal Mitchell Scott, opérateur de détecteurs électroniques aéroportés (OP DEA) au sein de l’équipage d’un aéronef CP-140Aurora, procède au lancement d’une bouée sonore 53D dans le cadre d’une simulation de lutte anti-sous-marine au cours de l’exerciceRimpac, le 24 juillet 2018.

Les modernisations du Bloc IV créent deux capacités qui accroissent le rendement de cette mission. La caméra EO/IR et le radar ne changent pas. Cependant, les nouveaux ordinateurs du Bloc IV permettent de repérer les changements entre les cartes-bandes radar. Si l’équipage photographie la zone inondable toutes les 60 à 120 minutes et qu’il observe les changements s’étant produits, il peut repérer les secteurs qui ont été inondés pendant ce court laps de temps. L’équipage peut immédiatement voir si une zone d’intérêt a été inondée, en comparant les images radar, puis pointer l’appareil vidéo vers cette zone. Si aucune zone essentielle n’a été inondée récemment, l’équipage peut alors s’intéresser aux zones non essentielles pour voir si des personnes sont coincées sur une route ou un toit. Pendant que les images sont recueillies par la caméra EO/IR, ou si les conditions météorologiques sont trop mauvaises pour employer celle-ci, on peut encore recourir au radar pour suivre la progression des eaux de crue, voir si l’on circule encore sur les routes à risque, et ainsi de suite. Les communications satellitaires à haute vitesse rendues possibles par les changements du Bloc IV permettent de transmettre les renseignements recueillis aux utilisateurs finaux sans avoir à positionner d’avance une TCDL. Les planificateurs et les analystes, à n’importe quel endroit, pourraient examiner ces données et modifier leurs plans. Certains s’intéresseront sans doute au fait que ces mêmes capacités pourraient également être appliquées à d’autres opérations terrestres.

L’avion CP-140M en soi possède une capacité particulière, sans le soutien connexe, notamment pour fournir des conseils sur son emploi, planifier des opérations plus efficaces, offrir aux responsables un canal de commandement et contrôle ainsi que faire d’autres analyses des données recueillies. Le CDSM comprend les composantes qui permettent de préparer les données de mission et de les charger dans un (le) système d’arme, des systèmes rendant possibles la relecture et l’analyse des données, des systèmes de communication et des calculateurs (réseaux) et le personnel pour accomplir ces activités connexes. Étant donné toute l’importance accordée à l’efficacité du système d’arme, il est avantageux de mettre le CDSM en place d’avance, dans la mesure du possible.

Photo du MDN par le caporal Matthieu Racette

Des membres du 2e Bataillon, The Royal Canadian Regiment (2 RCR), procèdent à l’évacuation des résidents pendant l’opérationLentus à Grand Bay-Westfield, au Nouveau-Brunswick, le 25 avril 2019.

Dans ce scénario portant sur une inondation pendant l’opération Lentus (voir l’introduction), les éléments du CDSM ont d’importants rôles à jouer. Les administrateurs du réseau font en sorte que les réseaux nécessaires sont en place et que l’accès voulu aux satellites est établi. Les éléments du renseignement assurent la liaison avec l’organisation locale des mesures d’urgence par l’intermédiaire de la FOIR pour décider ce qui constitue, selon elle, un ouvrage d’infrastructure essentiel dans la zone inondable. La liste d’infrastructures vulnérables ainsi dressée est transmise à l’équipage pour qu’il fixe l’ordre de priorité des prises d’images, mais il travaillera plus vite si l’élément de soutien de mission indique l’emplacement des ouvrages sur un calque. Les comptes rendus postérieurs à la mission et l’analyse plus approfondie demandés par le commandement appuyé peuvent commencer pendant le vol et se poursuivre « 24 heures sur 24 ». D’habitude, le Renseignement est désigné dans les ordres de la Force opérationnelle aérienne (FOA) du COIC comme étant le bureau de publication et de divulgation, ce qui lui donne le mandat de recommander ce qui peut être communiqué à l’organisation de mesures d’urgence soutenue et la façon de déclassifier l’information aux fins de la rédaction des communiqués de presse. On peut utiliser les images radar et EO/IR obtenues lors d’inondations et d’événements antérieurs, pour faire des comparaisons avec l’opération en cours. Ces renseignements doivent avoir été archivés et préparés pour les équipages d’aujourd’hui, et la base de données doit avoir été téléchargée en amont avant leur mission. Le responsable du briefing de mission doit se tenir au courant de l’évolution de l’inondation et des objectifs modifiés du commandant, pendant que les équipages se reposent, de manière qu’ils puissent en être informés avant leur prochain vol. La liste partielle décrite ci-dessus explique le rôle du soutien du CP-140M au cours des opérations, mais un soutien est également nécessaire au-delà de la flotte même.

Le Bloc IV et après

Tout comme les renseignements obtenus par le CP-140M peuvent servir à améliorer l’exécution de l’opération appuyée, les données provenant d’autres sources, telles qu’un satellite (p. ex. la constellation RADARSAT et les satellites du SIA), peuvent grandement accroître l’efficacité de l’avion dans certaines fonctions. Par exemple, lorsqu’il s’agit d’assurer la surveillance maritime, les équipages d’APLRA peuvent, grâce au réseautage issu des modernisations du Bloc IV, voir les apports nationaux déjà connus issus de toutes les autres sources et se concentrer sur les « trous » à combler, ce qui est sans doute beaucoup plus efficace que le fait de répéter les éléments déjà connus. Si les bases de données sont plus ciblées, on obtient une plus grande automatisation, un repérage plus rapide des éléments et une connaissance accélérée de la situation, ce qui accroît le rendement des équipages. Il importe de maintenir l’emploi des bases de données communes de la coalition (BDCC) qui permettent l’exécution de recherches marquées de métadonnées entre alliés, pour chaque opération et pour chaque région. L’analyse judicieuse, l’archivage, l’interrogation et la transmission rapide des données dans les bases de données nationales et alliées, voilà autant d’éléments habilitants qui sont devenus importants.

Dans le scénario sur l’inondation, nous avons déjà examiné un exemple illustrant le rôle grandissant du renseignement dans la préparation des missions, lorsqu’il s’agit de communiquer avec d’autres organisations pour cerner les priorités (ou les besoins) de missions éventuelles. Il existe d’autres aspects tout aussi importants dont l’ampleur grandit. Comme l’information peut être envoyée à presque n’importe qui dans un monde réseauté, il faut bien comprendre deux grands concepts. D’abord, il arrive qu’il faille fournir rapidement des renseignements à la force appuyée, pour des motifs opérationnels, et l’on peut dire des renseignements de ce genre qu’ils sont urgents et qu’ils doivent être acheminés par la voie la plus courte possible (p. ex. l’envoi direct fait par l’équipage, ou le recours à une TCDL descendante, ou encore un « compte rendu de vive voix dès aujourd’hui »). Dans d’autres cas, il n’y a aucun besoin immédiat, et il importe de faire une analyse plus approfondie pour s’assurer que la bonne image est fournie : il s’agit de renseignements contextuels qu’il y a lieu de bien examiner avant de diffuser (p. ex. exécuter une analyse après vol aussi approfondie qu’il le faut). Ensuite, ce que l’on comprend des aspects de la sécurité (sécurité technique, sécurité opérationnelle, préoccupations liées aux marchandises contrôlées et, parfois, surveillance liée à des préoccupations du Canada) doit être clairement expliqué au commandant opérationnel et au commandant de l’équipage tactique. La capacité de déclassifier des produits pour qu’ils puissent être transmis aux alliés et aux organismes appuyés peut constituer un rôle essentiel lorsqu’il s’agit de communiquer des données tant urgentes que contextuelles.

Nous voyons déjà la nécessité du renseignement pour réunir des données et les mettre en contexte, de manière à préparer l’équipage à exécuter les opérations, et il continuera d’en être ainsi. En outre, dans l’avenir, il se pourrait que les équipages demandent un contexte ou une analyse pendant le vol. Après la mission, les services du renseignement analysent aujourd’hui les données de mission et les informations archivées dans les bases de données nationales et alliées. Cette analyse plus approfondie fait appel à des outils du CSM/CDSM, mais aussi à des installations spécialisées au Centre d’analyse des données acoustiques (CADA), au Centre de soutien opérationnel de guerre électronique (CSOGE) et au Centre de guerre électronique des Forces canadiennes (CGEFC). Avec les capacités en réseau, des stades clés de l’analyse sur des objectifs de grande importance pourraient être franchis avant même que l’avion atterrisse et que les résultats soient fournis aux alliés. Il y a lieu ici de souligner la nécessité d’amener les capacités d’analyse au niveau des nouveaux capteurs. Il existe depuis longtemps des spécialistes de la guerre acoustique et électronique, mais nos analystes du renseignement ont principalement été formés pour étudier les images fixes et les vidéos animées au cours des opérations, y compris celles menées en Afghanistan et en Iraq. Les nouveaux capteurs, tels que ceux montés sur des véhicules spatiaux et les appareils de pointe équipant les aéronefs, par exemple le radar du CP-140M, ou les caméras hyperspectrales peuvent apercevoir des choses que les systèmes d’imagerie habituels sont incapables de repérer; il importe donc de les comprendre mieux pour bien les utiliser.

MDN

Un CP-140Aurora revient de sa 100e mission de combat au-dessus de l’Iraq pendant l’opérationImpact, le 23 février 2015.

Il ne suffit pas de savoir analyser les produits des capacités de pointe : il faut aussi les employer et leur attribuer des missions correctement. Comme on l’a vu au cours de l’opération Impact, l’emploi d’une capacité de pointe (munie d’une vieille tourelle de caméra EO/IR), principalement comme un UAV, offre un effet opérationnel très limité comparativement à ce que donneraient d’autres méthodes. La recherche d’un véhicule muni d’un dispositif EO/IR qui peut voir un carré de 100 m de côté (soit 0,01 km2) ne se compare pas à celle effectuée avec un radar qui, s’il est employé dans le bon environnement, peut observer 10 000 kilomètres carrés à la fois. Si le Canada a du mal à utiliser efficacement des capacités complexes, il est très peu probable qu’une coalition y parvienne. Selon l’opération et le théâtre, il pourrait être beaucoup plus efficace de conserver les capacités de pointe (telles que le CP-140M) sous un commandement national et d’exécuter ainsi tout le cycle TCPED (attribution des tâches, collecte, traitement, exploitation et diffusion).

Les spécialistes des communications et de l’informatique (les « sixers13 ») ont eux aussi un rôle grandissant dans le nouveau contexte mondial. Aucun des renseignements que nous avons décrits plus haut ne peut circuler sans l’infrastructure réseau. La conception des réseaux classifiés, leur sécurité physique, l’accès des utilisateurs, etc. sont rigoureusement contrôlés. Les réseaux de l’avion sont plus restreints que les réseaux normaux, car l’appareil et ses systèmes sont aussi assujettis aux lois régissant la sécurité aérienne. Les systèmes logiciels sont également vétustes, et il faudrait en moderniser un grand nombre pour qu’ils puissent encore fonctionner après l’apport de changements aux systèmes connexes. En théorie, il serait possible de transformer l’architecture de réseau de l’avion, mais cela nécessiterait beaucoup de temps, de fonds et d’efforts.

Quand l’architecture du CP-140M a été choisie il y a plusieurs années, le réseau national à même d’intégrer de nombreuses organisations canadiennes éventuelles de commandement et de soutien était (et est toujours) l’Infrastructure du réseau secret consolidé (IRSC). L’IRSC offre aussi de nombreux services et liens (tout limités qu’ils soient) aux autres réseaux les plus communs. Comme c’est le cas de tout grand système qui essaie defaire l’affaire de tout le monde, il comporte des lacunes en ce qui concerne, par exemple, sa capacité d’établir de nouvelles connexions, de rendre de nouveaux services possibles et d’offrir un soutien dans un contexte opérationnel. Aux niveaux les plus élevés de la hiérarchie, on s’intéresse beaucoup à l’établissement d’un mode de fonctionnement cohérent et pratique pour les réseaux opérationnels dans l’avenir. Ces derniers doivent permettre avec souplesse l’exécution de différentes opérations au Canada et ailleurs dans le monde, de même que le partage de l’information avec les alliés et les organismes appuyés. Dans un sens très large, ces réseaux devront rendre possibles le commandement et contrôle (téléphones VoIP, clavardage sur Internet, ordres, et ainsi de suite), la transmission des données tactiques (Link-16, Link-11 et autres) et l’acheminement des données recueillies par les capteurs (vidéo animée, imagerie radar, photographies, métadonnées pour certains, etc.), pour chaque capacité militaire canadienne. Quelle que soit l’architecture qui sera tôt ou tard créée, les commandants d’armée, les bases et les capacités militaires devront entre-temps composer avec les lacunes opérationnelles à mesure qu’elles se manifesteront.

À de nombreux égards, le CSM/CDSM est le lien du CP-140M au monde des réseaux (exception faite des radios et liaisons à portée optique). C’est aussi l’élément qui permet de télécharger les données de mission dans les systèmes propres à l’avion (lecteurs militarisés, fichiers de configuration, et ainsi de suite) et depuis ces systèmes. Rapidement déployable, le CDSM peut « être pleinement opérationnel » un jour après l’arrivée de l’équipement et du personnel. Le recours à des contrats pour accéder au réseau dans le théâtre et établir une liaison descendante vers le Canada peut prendre du temps, à moins que l’infrastructure soit déjà en place dans le théâtre. Comme mesure de secours, le CDSM possède son propre terminal satellitaire, mais les théâtres d’opérations achalandés risquent d’être congestionnés au point de limiter l’accès à n’importe quel réseau – qu’il soit satellitaire ou terrestre. En outre, dans certains scénarios militaires, l’accès aux réseaux est perdu. Par conséquent, le CDSM doit pouvoir fonctionner en autonomie et disposer de la souplesse voulue pour appuyer seul le CP-140M, ou pour établir des liaisons réseau dans le théâtre. Une fois la liaison descendante établie, il se peut que l’IRSC, ou un autre réseau éventuel, arrive à assurer certains des services nécessaires (si elle est branchée au réseau de théâtre utilisé).

Au moment de la livraison, un avion du Bloc IV est branché directement au réseau local (ou à l’enclave) du CSM ou du CDSM. Les enclaves du CSM et du CDSM ont une connexion primaire avec le domaine de l’IRSC qui est largement utilisé pour les opérations du Canada et qui fournit un certain accès de base aux réseaux alliés. Elles permettent aussi d’établir une connexion distincte entre un autre réseau local et un second domaine – comme lorsqu’il faut travailler avec des alliés. Ce second domaine n’est pas en contact avec le domaine primaire de l’IRSC, de sorte que, pour transmettre des renseignements entre l’avion et l’équipage, une intervention humaine est nécessaire au CSM/CDSM. Aujourd’hui, cela pourrait signifier qu’un autre opérateur au sol lirait les conversations dans les clavardoirs du commandement ainsi que les nouveaux ordres de mission et rapports, puis qu’il ferait manuellement passer ces renseignements dans le domaine primaire pour les envoyer à l’équipage (par exemple, redactylographier les messages échangés dans les clavardoirs, ou verser des fichiers dans un cédérom à transporter) et vice-versa.

Un thème repris souvent concerne la nécessité de transférer des renseignements entre l’avion et le commandant appuyé, et vice-versa. Pour de nombreuses raisons impérieuses, on ne s’attend pas à ce qu’existent des liens complets même entre les réseaux nationaux des plus proches alliés. Un nouveau domaine est plutôt établi pour une fin précise, et les alliés choisis sont autorisés à y accéder. Une autre option consiste à créer une sorte de passerelle de l’information qui ne permet qu’à certains renseignements de circuler entre les réseaux distincts. Ces deux options sont couramment employées. Pour le CP-140M, étant donné la conjonction entre les règles de l’aviation et celles des réseaux et la difficulté qu’il y a à changer le système d’arme de l’avion, on ne s’attend pas à ce que ce dernier puisse se joindre à un nouveau domaine aux fins de chaque exercice ou opération14. Il faut donc un moyen de faire passer les renseignements d’un élément du réseau à l’autre. Par conséquent, je le désignerai ici par le mot générique « passerelle ». Aujourd’hui, l’IRSC offre des passerelles pour acheminer certaines données vers certains réseaux alliés (habituellement, cyberconversations, courriel, navigation sur le Web). Comme il a été susmentionné, une liaison descendante vers Ottawa ne peut pas être garantie et, si la passerelle nécessaire n’est pas en place, une personne doit s’asseoir et dactylographier les messages qui vont et qui viennent.

Aujourd’hui, le projet le plus intéressant concernant le CP-140M est mené par le groupe du Sous-ministre adjoint (Gestion de l’information) (SMA[GI]). Ce dernier, qui a livré aux FAC le centre de données de la prochaine génération, poursuit un autre projet qui en est à l’étape de l’essai pilote. Le projet du nouvel environnement d’information déployable canadien (EIDC) vise à simplifier l’infrastructure des bases (y compris le CSM et le CDSM) pour qu’il soit possible de travailler sur de multiples réseaux au même niveau de classification. Ces derniers fonctionneraient tous dans des machines virtuelles dans un serveur, et l’on y accéderait à l’intérieur de ces dernières chez un client : un terminal avec une fenêtre pour chaque réseau. Pour l’étape suivante, une option consisterait à permettre la circulation des données entre les domaines. Si cela devient le prochain objectif et qu’au stade de la mise en œuvre, les besoins du CP-140M sont pris en considération, le CDSM pourrait créer une passerelle entre le réseau de l’avion et le commandement appuyé. Le CP-140M pourrait aussi participer à des exercices sur le système de recherche et d’exploitation de renseignement sur le champ de bataille (BICES) ou le Réseau d’expérimentation des Forces canadiennes (CFXNet), ce qui permettrait de faire passer rapidement les données et les opérations sur n’importe quel réseau national nouvellement choisi. Je soupçonne que ce serait là un atout qu’accueilleraient avec plaisir les équipages de n’importe quelle plateforme militaire souvent envoyée en déploiement.

Afin d’exécuter des essais opérationnels sur le CP-140M, de renseigner les FAC sur ce qu’il peut faire et de montrer comment il doit le faire, d’attirer l’attention sur des projets importants (par exemple, l’EIDC et le laboratoire de combat interarmées pour la RSR) et de soutenir ces derniers, l’avion est censé participer à l’exercice Bold Quest 21 – ce sera un exercice de réseau mené avec le CSM –, puis à l’exercice Bold Quest 22. Si les exigences opérationnelles nécessitent un changement de plans, il se pourrait que la flotte participe à l’activité Unified Vision ou à l’exerciceCoalition Warrior axé sur l’interopérabilité. Un briefing sur les capacités sera présenté au COIC, et une mise à jour proposera des emplois dans différents plans d’opération et de contingence.

Conclusion

L’avion CP-140 Aurora de Lockheed s’est avéré un appareil de combat noble et très polyvalent dans les Forces armées canadiennes. De plus, grâce à des prévisions et à une planification judicieuses, le vénérable avion de patrouille maritime du Canada, chargé uniquement de la guerre anti-sous-marine à l’origine, a su se transformer en une ressource formidable à même de remplir une multitude de rôles auxiliaires. Par suite d’une modification opportune de ses emplois opérationnels et d’une modernisation intelligente et viable, ce noble combattant aérien du Canada s’est garanti une place durable et productive dans le cadre des opérations de notre pays pour de nombreuses années à venir.

Photo du MDN par le Mat 2 Jeremy W. Morris, Service d’imagerie de la 14e Escadre

Le major Tardif, le major Fugger, le caporal-chef Fournier et le caporal-chef Shepherd au poste d’équipage tactique du CP-140M Bloc IV, le 7 décembre 2021.

Notes

  1. Wikipedia, 2020, Lockheed CP-140 Aurora. Voir le sitehttps://en.wikipedia.org/wiki/Lockheed_CP-140_Aurora.
  2. C’est sans doute regrettable, car la flotte a presque été dissoute au milieu des années 2000, au milieu des modernisations du Bloc II. La flotte a été conservée, mais le nombre d’avions est passé de 18 à 10 (puis ramené à 14). Beaucoup estiment que la flotte a survécu en raison des missions lui ayant été confiées au-dessus de la terre ferme. Si la flotte avait été supprimée, cela aurait reflété la perte longtemps regrettée des avions britanniques Nimrod; ce n’est que maintenant que le R.-U. recouvre une capacité semblable avec les avions P-8.
  3. Canada, ministère de la Défense nationale, 2020, Liste des opérations militaires actuelles. Document tiré du sitehttps://www.canada.ca/fr/ministere-defense-nationale/services/operations/operations-militaires/operations-en-cours/liste.html.
  4. Ibid.
  5. Canada, ministère de la Défense nationale, 2018, Opération Artemis. Document tiré du sitehttps://www.canada.ca/fr/ministere-defense-nationale/services/operations/operations-militaires/operations-en-cours/operation-artemis.html.
  6. Canada, ministère de la Défense nationale, 2018, Opération Maritime Guard. Document tiré du sitehttps://www.canada.ca/fr/ministere-defense-nationale/services/histoire-militaire/histoire-patrimoine/operations-passees/europe/maritime-guard.html.
  7. Exemples d’opérations menées au-dessus du sol à l’origine : missions SAR, diverses tâches de sécurité au Canada, photo-cartographie, démonstrations faites devant l’AC et les FOS à diverses occasions, Jeux olympiques de Vancouver, etc.
  8. Canada, ministère de la Défense nationale, 2014, Opération Mobile. Document tiré du sitehttps://www.canada.ca/fr/ministere-defense-nationale/services/operations/operations-militaires/achevees-recemment/operation-mobile.html.
  9. R. O. Mayne, 2015, « The Canadian experience: Op MOBILE », dans K. P. Mueller (sous la dir. de),Precision and Purpose: Airpower in the Libyan Civil War, p. 239-266, JSTOR, RAND Corporation. Document tiré du sitehttps://www.jstor.org/stable/10.7249/j.ctt16f8d7x.15?seq=5#metadata_info_tab_contents.
  10. Canada, ministère de la Défense nationale, 2018, Opération Impact. Document tiré du sitehttps://www.canada.ca/fr/ministere-defense-nationale/services/operations/operations-militaires/operations-en-cours/operation-impact.html.
  11. Canada, ministère de la Défense nationale, 2017, Opération Renaissance Irma Maria. Document tiré du sitehttps://www.canada.ca/fr/ministere-defense-nationale/services/operations/operations-militaires/achevees-recemment/operation-renaissance-irma-maria.html.
  12. C.D. Bregg, 2017, L’aéronef Aurora des FAC recueille des images aériennes dans les Caraïbes à l’appui des secours à la suite de l’ouragan. Document tiré du sitehttps://ml-fd.caf-fac.ca/fr/2017/09/6683.
  13. Le terme « sixers » est tiré du langage propre au système d’état-major continental, au sein duquel le chiffre « 6 » désigne le domaine des communications. Le groupe comprend les spécialistes des groupes professionnels militaires du génie électronique et des communications (GE COMM) et de technicien de système d’information et de télécommunications aérospatiales (TECH SITA) ainsi que des employés civils du MDN et parfois des entrepreneurs.
  14. Il faut faire une mise en garde ici : l’avion et le CSM/CDSM ont chacun la possibilité de créer un second domaine distinct du domaine primaire. Ce qu’il importe de souligner, c’est que l’équipage pourrait voir ce réseau, les ordres, les salons de clavardage, le courriel, etc., mais il ne pourrait pas transmettre les données tactiques telles que celles issues d’une liaison Link-16 ou de capteurs.

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Date de modification : 2021-02-23

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