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Interview
Salvatore Adamo en interview : "Arrêter, je sais que ce sera difficile pour moi"
Publié le 15 novembre 2025 à 12:41
À 82 ans, Salvatore Adamo publie cette semaine un double album baptisé "Des nèfles et des groseilles". Ultra inspiré, le chanteur se confie à Purecharts sur ses ennuis de santé, sa petite fille Lily, la "Star Academy" ou la fin de sa carrière.

Boby
Propos recueillis parJulien Gonçalves.

Tout d'abord, comment allez-vous ?Le public s'est inquiété pour votre santé ces dernières années...
Je vais mieux, Dieu merci. Oui, j'ai eu un petit problème qui m'a obligé à annuler quelques concerts, mais ça va. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'album simple est devenu un album double : pendant que je me reposais, j'écrivais des chansons.

Cette période vous a inspiré ?
Oui, c'est ma façon de respirer. Et bien sûr ça m'a fait chaud au coeur de savoir qu'il y a des gens qui pensent à moi, qui souhaitent que j'aille mieux. Ça m'a aidé... Vous savez, j'ai essayé d'être le plus discret possible. Quand ça s'est su, bien sûr, je préférais ça à l'indifférence.

J'ai beaucoup donné du côté maladie
Dans quel état d'esprit étiez-vous ?
Je savais d'où je venais. Je savais par quoi j'étais passé, mais j'étais tranquille. J'ai ça dans mon caractère : j'ai une confiance un peu naïve et candide. Je ne me suis pas affolé. Et j'ai beaucoup écrit parce que j'avais des chansons en retard. Je vous montrerai tout à l'heure sur mon iPhone, j'ai 14.000 départs de chansons...(Rires)

Vous avez toujours été inspiré comme ça ?
Oui ! Il m'arrive d'être à table, et à un moment donné je dis "Excusez-moi" comme si j'allais aux toilettes. En réalité, je vais enregistrer un motif qui me passe par la tête. Je ne sais pas à quoi c'est dû... J'ai une maison de vacances dans le midi près de Grasse et à Mouans-Sartoux, en septembre, il y a toujours un colloque où des grands esprits se rencontrent. Moi, j'y allais en tant que public, pas en tant que grand esprit.(Sourire) Il y avait André Brahic, l'astrophysicien, ou Boris Cyrulnik par exemple. À un moment donné, je leur dis ce que je viens de vous dire : "J'écris des chansons. Elles me réveillent la nuit et je suis obligé de les noter. Mon épouse n'est pas contente". Et ils me disent : "Mais ça nous arrive aussi, en pleine nuit, de nous réveiller parce qu'il y a une solution qui surgit à un des problèmes qu'on se posait, comme si on avait un ordinateur dans la tête".

A l'école, on se moquait de moi à cause de ma voix
Souvent ce sont les artistes qui débutent qui ont beaucoup de choses à dire, et plus les années passent, plus ils peuvent avoir l'impression d'avoir tout dit. Vous, non ?
Au contraire, je pense que c'est plus qu'avant. Peut-être qu'il y a l'expérience qui fait qu'on capte plus facilement les choses. J'ai une façon de les appréhender, qui en amène d'autres. J'ai une très grande imagination. Je le disais à un de vos collègues, toutes les chansons d'amour brisé ou blessé, ce n'est pas tout du vécu. J'observe tout, je lis...

Est-ce quevos ennuis de santé ont eu un impact sur votre voix et votre mode de vie ?
Vous savez, j'ai beaucoup donné du côté maladie, dès l'âge de 7 ans. J'ai eu une méningite à cet âge-là. Puis j'ai eu un infarctus à l'âge de 40 ans. Et j'ai eu un AVC à l'âge de 60 ans. Donc ce sont des cycles presque... Non pas que je me sois habitué, j'espère qu'il n'y aura pas le coup de grâce, mais du moins le plus tard possible. Mais j'ai cette patience quand j'ai un problème, j'ai la patience d'attendre et j'ai surtout la confiance.

Et votre voix, comment se porte-t-elle ?
La voix, comme tous les chanteurs qui sont là depuis plus d'un demi-siècle, il y a certaines chansons que je chante un demi-ton ou un ton plus bas, mais la voix est toujours là. Je vais vous confier que je préfère ma voix aujourd'hui, parce que j'avais un complexe sur ma voix quand j'étais plus jeune. J'avais une voix androgyne. À un moment donné, à l'école, on avait des cours mixtes, et quand il fallait lever le doigt pour répondre, j'étais gêné parce qu'on se moquait un peu de ma voix. Aujourd'hui, j'aime cette voix rocailleuse, ensablée, plus adulte.

Avant, il y avait plus de bienveillance
Cet album "Des nèfles et des groseilles" avait donc déjà commencé avant votre convalescence...
Il y a 12 chansons dont les rythmiques étaient enregistrées avant, sauf les cordes. Et puis j'en ai écrit et j'en ai récupéré d'autres que j'avais laissées dans les tiroirs. Finalement, je me suis dit : "Profitons que la voix soit encore là. Je ne sais pas comment ce sera dans deux ans". J'ai cette réserve de chansons maintenant et je vais commencer à les chanter sur scène...

Sur ces nouvelles chansons, vous parlez beaucoup de votre jeunesse, de votre enfance. On ressent beaucoup de nostalgie. Pour quelle raison ?
C'est plutôt une reconnaissance de tout ce qui m'est arrivé de bien. Je remercie la vie. Oui il y a de la nostalgie... Il y a des choses que je peux regretter un peu. Nous, les vieux combattants, on a l'impression qu'il y avait plus de bienveillance dans l'air, mais je crois que c'est propre à toutes les générations qui regrettent ce qui se passait dans la génération d'avant...

Ce double album s'est imposé à vous grâce à cette inspiration débordante ?
Petit à petit, parce que ça ne se fait pas comme ça. La firme de disques avait préparé l'enregistrement d'un album simple. On a dû discuter, j'ai fait écouter les chansons, et heureusement, elles ont convaincu. Ce n'était pas juste un coup de tête ! Il fallait que ça reste cohérent, qu'il y ait un fil conducteur. Je suis toujours sur la même philosophie, si j'ose dire : l'amour de la vie, l'amour des gens, que j'essaie d'exprimer d'une façon ou d'une autre à chaque fois, collectivement ou de personnes plus ciblées.

Avec l'âge, le trac est de plus en plus fort
Faire ce bilan, est-ce dû à un déclic particulier ?
Je n'ai pas été affolé quand je suis tombé malade mais j'avais conscience d'être dans un moment plus difficile. Donc on se retourne quand même sur le passé... Ce qui m'est venu d'abord à l'esprit, c'est la gratitude. D'abord au destin, et puis au public, de m'avoir suivi jusque-là. Je l'avais déjà exprimé dans ma chanson "C'est ma vie", et là je l'exprime dans "Les horloges". Je remercie le public d'être toujours là.

Ça vous surprend que le public soit toujours là après autant de temps ?
C'est toujours une surprise, oui. Avec l'âge, le trac est de plus en plus fort. La peur... "Est-ce que le public sera là ce soir ?". Rien n'est acquis. Quand j'entre sur scène et que je vois que la salle est pleine et que les gens m'applaudissent, parfois j'ai quelques secondes de noeud à la gorge. Plus que jamais...

Est-ce que ce double album, où vous parlez de gratitude, de nostalgie, vous l'avez imaginé comme le dernier ?
Peut-être. C'est peut-être aussi une des raisons pour lesquelles j'ai voulu qu'il soit double, parce que j'aurais pu regretter de ne pas avoir sorti telle ou telle chanson. Mais je ne sais pas... J'ai encore des dizaines de chansons en maquette. Il y en a même qui sont enregistrées dont j'ai différé la sortie ! On ne sait pas à quoi ça tient.

Ces infos tout le temps, c'est anxiogène
Donc vous avez déjà un autre album de prêt ?
Oui, au moins !(Rires) La vie m'inspire tout simplement. C'est assez rare mais dans l'album, il y a quand même trois chansons dont l'origine du texte n'est pas de moi. On m'a envoyé un recueil de poèmes, un journaliste m'a donné une phrase et ça a déclenché quelque chose... Donc l'inspiration peut venir de n'importe où !

Sur ce disque, vous posez aussi votre vision du monde...
Ah oui, et je vais vous dire, c'est un des moments les plus crispants que j'ai vécu. Le dernier aussi terrible, vous n'étiez pas né et vos parents non plus sans doute, c'était en 56, quand il y avait eu l'invasion de la Hongrie. Il y avait aussi Cuba, la baie des Cochons, il y avait presque une guerre mondiale à ce moment-là. Je me souviens qu'à Jemappes où je vivais, les gens faisaient la queue dans les épiceries. Après, je n'ai plus ressenti ce genre d'angoisse collective.

Et là, vous le ressentez ?
Là, on ne peut pas l'ignorer. En plus, les médias sont partout, et on les regarde tous les jours. On se réveille avec l'iPhone à la main, et on est au courant de tout ce qui se passe à l'instant même. Moi, je suis un peu accro... Ma femme m'engueule : "Laisse tomber !".(Rires) Mais je ne suis pas convaincu que ce soit un bien qu'on sache à l'instant même tout ce qui se passe dans le monde. C'est anxiogène. Avant on avait un résumé, et c'était peut-être pas plus mal...

On parle beaucoup moins des migrants
Il y a une chanson qui est très belle sur l'album, c'est "Migrant". C'était important pour vous d'évoquer ce sujet en tant qu'enfant d'immigrés italiens ?
C'était important de la sortir parce que je l'ai écrite il y a quelques années... Je n'osais pas la sortir seul. Je l'avais envoyée à Maurane, qui m'avait dit tout de suite : "Il faut qu'on la chante avec les copains". Puis elle est partie avant... J'ai essayé avec un autre collègue qui a beaucoup plus de contacts avec la confrérie si j'ose dire, puis je n'ai plus eu de nouvelles. Ensuite, j'ai remarqué qu'avec les deux grandes guerres que nous vivons en ce moment, on parle beaucoup moins des migrants, et on en a toujours des dizaines qui meurent tous les jours dans la mer. Parce que mes parents étaient des migrants qui n'avaient pas forcément la mort à leurs trousses mais bien la misère, j'ai voulu faire cet appel à l'humanité. Comme une reconnaissance de mes origines. D'ailleurs, je fais suivre ce titre sur l'album avec "Ces mélodies qui chantent en moi" où je chante deux extraits de chansons italiennes.

L'immigration est un sujet qui divise. Qu'aimeriez-vous dire à celles et ceux qui ne veulent pas accueillir ces exilés ?
Ce que j'ai à en dire, je l'ai dit dans la chanson. Mais j'ai une petite anecdote. Il y a un restaurateur chez qui je suis allé dîner quelques fois. Il est venu me voir en concert à Bruxelles et il m'a écrit parce que j'ai chanté "Migrant" ce soir-là. Il me remerciait d'avoir changé son regard sur les migrants. Écoutez, c'est une petite victoire qui m'a vraiment ému... Si au moins ça peut servir à ça. Ce que je tiens à dire en tout cas, c'est que quitter son pays est toujours une blessure. On ne le fait pas de gaieté de coeur, il y a toujours un manque.

Ma petite fille chante très bien, elle me bouleverse
Lily, votre petite-fille, chante sur deux chanson de l'album. Comment c'est venu ?
J'ai remarqué qu'elle chantait très bien et qu'elle a une oreille incroyable. Dans cette chanson "Aimer comme on respire", où j'évoque aussi des choses graves, j'ai voulu qu'il y ait une petite touche de candeur. Je suis bouleversé par le son de sa voix. Ce sont juste des "la la" mais ça me donne des frissons. L'autre, c'est une chanson complètement naïve sur un gars qui est presque centenaire et qui est resté accroché à son premier amour d'enfance. Lily intervient aussi alors que moi je déplore qu'on ne se soit plus vu depuis des décennies. Il y a dans sa voix de l'insouciance que je trouvais intéressante.

C'est vous qui avez eu l'idée ?
Oui. Je ne l'ai pas emmenée en studio, je l'ai enregistrée sur deux smartphones : un pour lequel elle avait les oreillettes et l'autre où il y avait le micro où elle chantait. En studio, on l'a intégrée dans la chanson. Elle était très contente. Actuellement, elle est en Angleterre, elle a gagné un concours de groupe avec ses copines dans son école. Ce n'est pas une école de musique mais elles étaient trois, il y avait une vingtaine de candidats, et elles ont gagné. Et je ne suis pas connu là-bas donc il n'y a eu aucune influence !(Rires)

La relève est assurée !
Exactement ! Mon fils cadet, lui, joue dans un groupe qui s'appelle Fujiya & Miyagi, et ils ont un beau public déjà. Mon fils aîné est pilote mais il était bassiste aussi dans un groupe. Et ma fille a fait un duo avec moi, mais elle ne veut pas enregistrer en solo parce qu'elle a peur de la célébrité.

Est-ce que votre petite-fille Lily veut devenir chanteuse ?
Je ne crois pas. Elle a fait les premiers pas là, on ne sait pas. Son père l'encourage aussi puisqu'il est musicien. Mais il ne faut pas lui gâcher ses études. Elle n'a que 12 ans et demi !

Quel regard portez-vous sur les télécrochets qui révèlent de jeunes stars ?
Il y a un peu de tout. Moi, j'ai gagné un radio-crochet, mais le lendemain je me promenais dans la rue et personne ne me reconnaissait. Là, il y a des "Star Academy" où ces jeunes sont dans l'écran pendant plusieurs mois. C'est magnifique pour celles et ceux dont on parle encore. Mais il y en a pas mal qui ont été vraiment en première ligne et aujourd'hui, on ne sait pas ce qu'ils sont devenus. Ça, ça doit être difficile à vivre pour eux. Psychologiquement, j'espère qu'ils s'en sont sortis et que leurs parents leur ont ramené les pieds sur terre.

Le succès, vous l'avez vécu comment ?
Moi, c'est allé au-delà de mes rêves. C'est arrivé presque sans que je m'y sois préparé. Quand j'ai mis les pieds sur la scène pour passer les auditions pour le crochet radiophonique, je ne savais pas vraiment où j'allais. J'ai gagné ce crochet. J'ai fait un premier disque qui n'a pas marché. Un deuxième non plus : 500 disques vendus aux parents, amis... Pareil pour le troisième et le quatrième. Moi, j'avais décidé de revenir aux études sérieusement. C'est là que mon père est intervenu, alors que j'avais participé au crochet à son insu. Il me payait des études, et c'était un effort considérable. Que lui ait changé radicalement de position vis-à-vis du fait que je chantais avec la petite voix que j'avais, ça a été déterminant.

Je compte sur mon entourage pour me dire d'arrêter
Sur ce nouvel album, vous chantez "J'ai encore des rêves à n'en plus finir"...
Ça, c'est une phrase de Brel. Dans les années 60, j'avais une chanson qui disait "J'ai tant de rêves dans mes bagages". C'est la même idée. Mais c'est vrai, je rêve encore, mais raisonnablement, tout en sachant que je n'aurai plus le temps de les réaliser ces rêves. Incha'Allah comme on dit !(Sourire)

Hugues Aufray est encore sur scène à 96 ans !
C'est magnifique, c'est vraiment l'exemple absolu. Il est d'une fraîcheur d'esprit, de physique. Je lui dis bravo !

Est-ce que vous pourriez être sur scène comme lui jusqu'à 96 ans ?
Je sais qu'il sera difficile pour moi que je m'en aille, que je sorte de scène définitivement de mon propre gré. Il faudra qu'on me fasse comprendre que je serais devenu éventuellement pénible à écouter. Je compte sur mon entourage. Ou le public ne viendra plus tout simplement. J'aurais compris !(Rires) J'espère sentir le moment, avoir cette lucidité. Je ne sais pas si je l'aurai, parce qu'on s'accroche et on se voit peut-être mieux qu'on n'est, même si moi je suis assez sévère vis-à-vis de moi-même. On verra !

Vous êtes actuellement en tournée, et vous chantez dans le monde entier...
Oui, elle est en cours. Là, je pars au Chili dans quelques jours. Puis je vais au Portugal, j'ai des concerts en France, en Belgique... Le contact avec des publics différents m'attire. Les décalages horaires deviennent plus difficiles à emmagasiner. Mais dès qu'on fait un premier pas sur la scène, que ce soit à 12.000 km ou à 40 km de chez moi, le public vous porte, et ce n'est pas un cliché. Il se passe vraiment quelque chose. Je suis sûr que tous mes collègues sont d'accord. Vous pouvez avoir la grippe, être fatigué, vous faites le premier pas sur scène, vous lévitez à 20 cm du sol, et puis vous rentrez dans votre loge et vous vous écroulez.

ParJulien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
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