
Revue d'études antiques
AccueilNuméros89V. Les Grecs des BalkansDu même aux autres et de l’autre ...
« Du même aux autres et de l’autre aux mêmes. Les Corinthiens sur les rives orientales de la mer Ionienne et du sud de l’Adriatique, de la fondation de Corcyre à la première guerre de Macédoine »
Appliqué aux sociétés nord-occidentales d’origine corinthienne, le mot « diaspora » a deux qualités principales : il décrit à la fois la mobilité coloniale qui conduit les Corinthiens et les Corcyréens à fonder plusieurs cités nouvelles, et pose le problème de l’identité culturelle de ces jeunes communautés, dont il s’agit de savoir si elles appartenaient à un réseau cohérent et organisé par Corinthe ou Corcyre. Ces communautés coloniales partagent-elles des institutions, une même culture, une identité commune ?
Applied to the north-western societies of Corinthian origin, the word “diaspora” has two main qualities : it describes at the same time the colonial mobility which leads the Corinthians and the Corcyreans to establish several new cities, and raise the problem of the cultural identity of these young communities, about which it is a question of knowing if they belonged to a network coherent and organized by Corinth or Corcyra. Do these colonial communities share institutions, same culture, common identity ?
1Dans l’Érechthée d’Euripide au milieu de la seconde moitié duve siècle av. J.-C., Praxithéa, l’épouse du roi, est décidée à offrir la vie de sa fille pour sauver Athènes d’une invasion, et fait en ces termes l’apologie de sa cité1 : « d’abord, sa population n’est pas venue de l’extérieur : nous sommes autochthones (αὐτόχθνες). Les autres cités, à la manière de jetons disposés sur un échiquier, sont formées d’éléments importés de toute origine. » À l’exception des communautés qui revendiquent des origines autochthones, c’est donc un lieu commun en Grèce, à l’instar de Thucydide2, que d’estimer que le peuplement s’est déroulé par distribution, éparpillement, dissémination, c’est-à-dire en quelque sorte diaspora, au sens courant et non spécifique. Néanmoins, le mot « diaspora », absent du vocabulaire antique traditionnel désignant la mobilité collective des personnes3, doit être résolument considéré comme une notion moderne4. C’est dans ce sens, semble-t-il, que les auteurs desGreeks overseas et de l’Archéologie historique de la Grèce l’ont utilisé5. Dans le cadre géographique et historique de notre étude6, les sociétés nord-occidentales d’origine corinthienne, l’usage du mot diaspora a deux qualités principales : il décrit à la fois la mobilité coloniale qui conduit les Corinthiens et les Corcyréens à fonder plusieurs cités nouvelles de part et d’autre du canal d’Otrante, considéré selon une logique géographie nord-sud (fig. 1), et questionne l’identité culturelle et la nature des liens qu’entretiennent entre elles ces jeunes communautés7. Cette diaspora corinthienne forme-t-elle un réseau déterritorialisé et organisé par Corinthe ou Corcyre pouvant être considéré comme unColonial Empire8 ? Ces communautés coloniales partagent-elles une culture commune ? Les Corinthiens du Nord-Ouest forment-ils une sorte de peuple, d’ethnos, exilé mais enraciné ? Ce petit monde d’origine corinthienne est-il au contraire constitué de clivages et de processus de différenciation qui bousculent ce que nos collègues italiens appellent la « matrice corinzia » ?
Fig. 1. Carte de la présence corinthienne en Épire et en Illyrie méridionale, des sites et des peuples principaux

(Philippe Lenhardt et François Quantin)
2Comme le montrent les travaux de Pierre Cabanes, l’Épire et l’Illyrie méridionale entretiennent des relations anciennes et partagent de nombreux points communs9. Ces traits culturels et sociaux sont d’autant plus remarquables qu’Apollonia et Épidamne-Dyrrachion sont fondées en terre illyrienne, alors qu’en Épire l’usage du grec est ancien10. Ithaque est l’un des centres de la géographie homérique, qui connaît Dodone, vénérable sanctuaire grec où les prêtres ont des pratiques religieuses singulières et archaïques11. Le royaume d’Ulysse s’étend au-delà d’Ithaque, sur les îles voisines et sur le continent. De même, Corcyre contrôle uneperaia où l’on se réfugie volontiers pendant la guerre civile12. L’insularité, comme à Thasos, n’est pas synonyme d’isolement. Le continent, où des ports naturels existent sans être nombreux, est marqué par des plaines fertiles et la montagne, par l’élevage et le pastoralisme, attestés depuis Pindare13. Le golfe de Corinthe est un itinéraire contrôlé par la cité de l’Isthme, qui domine tôt les espaces maritimes ioniens et adriatiques. Le secteur du canal d’Otrante est la zone privilégiée de passage entre la Grèce balkanique et l’Italie et la Sicile. Peregrine Horden et Nicholas Purcell ont dressé une carte des zones maritimes depuis lesquelles la terre reste visible : elle montre que franchir la mer Ionienne en passant par le canal d’Otrante, ou au sud de celui-ci, permet de ne jamais perdre de vue une terre14. La diaspora corinthienne amplifie aussi une orientation nord-sud de cet espace adriatique, longtemps nommé mer Ionienne ou golfe Ionien15, avant de devenir l’Adrias16, selon une évolution qui conduit, selon les mots qu’utilisait déjà Ettore Lepore en 1973 à Lecce et Matera, d’une « mediterraneità » passive à une « mediterraneizzazione »17. Les Corinthiens furent sans aucun doute d’importants promoteurs de l’« invention » de l’Adriatique, ou tout au moins de sa participation active à l’histoire méditerranéenne.
3La diaspora coloniale corinthienne18 fut précédée par une présence eubéenne, mentionnée à Corcyre par Plutarque19, documentée par les sources littéraires à Orikos20 et dans la région d’Apollonia21. Les Phocéens fréquentent aussi les eaux ioniennes et adriatiques22.
4L’intérêt des Corinthiens pour les côtes et les « îles d’Épire » selon le bel oxymore d’Apollodore23, est ancien et vraisemblablement fondé sur la recherche du métal en Illyrie méridionale, le contrôle de la route de l’ambre provenant de la Baltique24, probablement l’exploitation du bitume dans la région dunymphaion aux confins du territoire d’Apollonia, de l’iris utilisé par les Corinthiens pour fabriquer du parfum25, et l’importation de céréales et d’esclaves26.
5Le nomadisme et l’errance n’ont pas lieu d’être dans l’espace « diasporique », où la mobilité est un voyage qui conduit à une nouvelle installation. De ce point de vue, Ulysse est un anti-héros « diasporique » : il erre, seul ou avec son équipage, et peine non pas à fonder une nouvelle communauté outre-mer, mais à rejoindre son île, son palais, sa famille et son titre27. De même, les récits denostoi ne peuvent, par définition, fournir un modèle mythographique à la diaspora historique, sauf, quoiqu’imparfaitement, quand ils conduisent les héros vers des régions inconnues ou inouïes. Au fond, le meilleur exemple mythique de migration « diasporique » est celui du Troyen Énée, puisque son errance aboutit à l’alliance avec Évandre, et à la fondation de Lavinium, puis de Rome.
6Or en Épire et en Illyrie méridionale, des Troyens vaincus s’installent, comme le montre leur présence dans la généalogie mythique des rois d’Épire28, mais aussi des Achéens vainqueurs, car dès leve siècle, Pindare évoque le retour de Néoptolème, fils d’Achille, et son règne en Molossie29. À partir d’Euripide, une filiation entre Néoptolème et la lignée molosse est établie30. Dans la version de Pausanias, les enfants de Néoptolème sont Molossos, Piélos et Pergamos31. Son épouse est soit Andromaque, la veuve d’Hector, soit Lanassa, une descendante d’Héraklès. Se mêlent donc en Molossie des origines achéennes, thessaliennes avec Achille et son fils, doriennes avec Héraklès, et des origines troyennes, bien illustrées aussi par la présence d’Hélénos, fils de Priam, qui règne sur les Chaones. La revendication et la valorisation d’origines troyennes sont remarquables. Au milieu duve siècle, Apollonia, après sa victoire sur la cité de Thronion, interprète son triomphe selon Pierre Cabanes comme une sorte de revanche sur les Eubéens, les Abantes présents du côté grec à Troie. La région apparaît comme un lieu de refuge pour les vaincus mais aussi les vainqueurs, comme un espace de réconciliation pacifique32.
7Les mythes liés à ces régions sont nombreux, et il paraît inutile ici de les présenter de manière exhaustive33, d’autant plus que leur participation à l’imaginaire corinthien ne va pas toujours de soi et exigerait de longs développements, en particulier au sujet des liens entre les textes attribués à Eumélos, et Corinthe ou l’Adriatique34. « Mer de Cronos » est une appellation ancienne du nord de l’Adriatique qui doit être liée à la situation dans cette région des îles des bienheureux35, et à l’itinéraire des offrandes hyperboréennes en route vers Délos,via les côtes adriatiques et le sanctuaire de Dodone36. Ces régions sont parcourues par Héraklès à la recherche de Géryon37, par les Argonautes et les Colques38, par Kadmos, Harmonie et leur fils Illyrios39. Les récits qui rapportent les aventures d’Ulysse après son retour à Ithaque suggèrent que les rapports entre les îles ioniennes et le continent remontent à une haute époque, car le héros épouse une princesse thesprôte40, et, d’après la prophétie de Tirésias, vient sacrifier à Poséidon dans les montagnes, là où l’on ignore l’existence même de la mer, et fonde un sanctuaire41. Ulysse consulte aussi le dieu oraculaire de Dodone42.
8L’étude fondamentale reste sur ce sujet l’article de Catherine Morgan sur Corinthe, le golfe corinthien et la Grèce d’Occident auviiie siècle43, qui complète sur ce point l’ouvrage de Ioulia Vokotopoulou sur les productions corinthiennes en bronze découvertes en Grèce du Nord-Ouest44. Elle observe d’abord que le matériel céramique corinthien le plus ancien découvert sur les côtes du golfe de Corinthe et en Grèce du Nord-Ouest peut être daté autour de 800. Ce matériel a le plus souvent été interprété dans la perspective de la colonisation, qui intervient une cinquantaine d’années plus tard45. La céramique corinthienne géométrique la plus ancienne a été découverte en Phocide, à Ithaque – au mont Aetos et à la grotte de Polis, qui est très certainement un sanctuaire plus ancien encore, mais aussi à Arta, la future Ambracie, et dans le village molosse de Vitsa en pleine montagne46.
9À Ithaque, C. Morgan estime que la présence de céramique corinthienne reflète la position dominante du site d’Aetos et renvoie donc à des interactions locales, au rayonnement de l’île. Dans sonArchéologie des ancêtres, Carla Antonaccio n’est pas convaincue par l’antiquité du culte d’Ulysse, qui pour elle n’est pas « cultuellement » présent à Polis avant l’époque hellénistique47. Pour Irad Malkin, la grotte de Polis est au contraire un véritable sanctuaire étape sur la route maritime qui conduit vers l’Occident et le Nord-Ouest. Il défend l’antiquité du lieu de culte à Ulysse, où Eubéens, Corinthiens et Achéens en route vers l’Occident auraient reproduit la piété de leur héros envers les Nymphes en consacrant des trépieds en bronze dès leixe siècle48, époque pour laquelle est attestée la présence de céramique grecque à Otrante et à Vaste49. En résumé, I. Malkin estime qu’Ulysse est dès l’origine honoré dans la grotte de Polis, qui est un sanctuaire d’origine locale, de plus en plus fréquenté par les commerçants, aventuriers et explorateurs (« traders/adventurers/explorers ») en route vers l’Épire, Corcyre ou l’Italie. La démonstration est convaincante.
10Grâce à la fouille du village molosse de Vitsa dans le massif des Zagoria à un peu plus de 1000 m d’altitude50, I. Vokotopoulou a montré que l’habitat permanent dans ces régions n’était pas nécessairement installé en plaine, ni à l’estive. L’étude du mobilier funéraire prouve aussi que ces villages ne restent pas en marge des échanges, même à l’époque géométrique. Quelques 258 vases de fabrication locale datant desixe etviiie siècles ont été découverts, pour seulement 24 importations corinthiennes. Pour C. Morgan, auviiie siècle, la présence de matériel corinthien à Vitsa repose sur des échanges avec Arta, qui met le village molosse en contact avec Ithaque et la mer Ionienne. Le début de la colonisation est contemporain d’un net déclin des importations corinthiennes à Vitsa. Dès 800, les Corinthiens concentrent leurs activités dans des régions qui leur permettent d’accéder aux réseaux d’échanges en Grèce du Nord, en l’occurrence Arta et Vitsa. Au début du dernier quart duviiie siècle, Corinthe multiplie ses centres d’intérêts, en particulier vers l’Occident, et ne privilégie plus ses activités en Épire, qui restent modestes jusqu’aux fondations coloniales duviie siècle51.
11Toutes les colonies grecques de la région sont d’origine corinthienne, à l’exception d’Orikos. La plus ancienne est Corcyre, fondée auviiie siècle par les Bacchiades, à la même époque que Syracuse en Sicile, alors que des Corinthiens sont déjà présents à Ambracie et à Ithaque. De Leucade au sud à Épidamne-Dyrrhachion au nord (fig. 1), plusieurs fondations ont lieu auviie siècle. Ces colonies sont liéesde facto par un rapport desyggeneia avec leur métropole, mais aussi entre elles, même si cette origine commune n’est pas toujours revendiquée, et définissent une « zone corinthienne » qui contrôle le passage vers l’Italie et la Sicile par le canal d’Otrante, et les routes maritime et continentale vers les espaces adriatiques et l’Europe subméditerranéenne52.
12La plus ancienne fondation corinthienne dans ces régions est située dans la grande île de la mer Ionienne, Corfou :
Corcyre est fondée par le Corinthien Chersicratès auviiie siècle53, sans doute vers 734 av. J.-C. sur une presqu’île. L’arrivée des colons chasse des Érétriens, qui, de retour en Eubée où ils sont également indésirables, fondent Méthonè sur le golfe Thermaïque54. La cité, très tôt florissante, a manifestement une pérée sur le continent dès leve siècle au moins55, et s’oppose à sa métropole dès la première moitié duviie siècle.
13De Leucade vers le nord, les fondations des Corinthiens56 sont les suivantes57 :
Leucade est fondée auviie siècle par Pyladès, fils du tyran corinthien Cypsélos. Des colons de Corcyre viennent renforcer la fondation, qui devient au début duve siècle à la fois corinthienne et corcyréenne58. Les colons creusèrent probablement un canal dans l’isthme afin d’isoler la presqu’île. Lachôra de la cité est aussi continentale59.
Anaktorion est fondée au sud du golfe d’Ambracie, sur le rivage acarnanien, par Échiadès, lui aussi fils du tyran Cypsélos de Corinthe60. Comme Leucade, la colonie est tenue auve siècle par les Corinthiens et les Corcyréens, mais Corinthe envoie de nouveaux colons en 433 av. J.-C., après la bataille des îles Sybota61.
Ambracie est une fondation cypsélide, guidée par Gorgos, fils de Cypsélos, auviie siècle62. À la mort de Périandre, unepoliteia est adoptée63. Les Corinthiens sont présents depuis leviiie siècle. Ambracie n’est pas exclusivement tournée vers la mer, puisqu’elle n’est pas installée sur le littoral. Elle tentera toujours d’avoir de bonnes relations avec les populations « épirotes », c’est-à-dire continentales, afin de contrôler le trajet vers le nord par l’intérieur des terres64.
Apollonia est une colonie des Corinthiens fondée dans le dernier tiers duviie siècle par l’oïkiste Gylax, sur le fleuve Aôos65. Des Corcyréens prennent part à la fondation, ou bien sont considérés comme co-fondateurs, selon les sources66. Comme Ambracie, la cité n’est pas éloignée de la mer, son port donnant probablement sur une lagune, mais elle est aussi tournée vers l’intérieur des terres, et sa richesse principale est agro-pastorale. Au milieu duve siècle, Apollonia remporte une victoire militaire contre la ville de Thronion67, ville située en Abantis68, région dont le nom garde le souvenir d’une présence eubéenne.
Épidamne-Dyrrhachion, enfin, est fondée vers 625 av. J.-C. par les Corcyréens, sous la direction d’un Bacchiade, Phalios. Parmi les premiers colons, on compte aussi des gens venus de Corinthe « et des autres pays doriens »69. En 435, quand Épidamne fait appel à Corinthe, la métropole contrôle la ville et envoie de nouveaux colons70.
14Il semble que le différend entre Corcyre et Corinthe remonte à la fondation même71, la cité-fille refusant de se soumettre à sa métropole, et se comportant comme la métropole des Doriens nord-occidentaux, ce qui est en partie vrai. La première bataille navale connue en Grèce ancienne opposa en effet les Corinthiens et les Corcyréens, sans doute auviie siècle, traditionnellement en 66472. Si l’on considère en général que la colonie insulaire remporta la victoire, rien ne permet d’en être absolument certain73. Cet événement alimente un discours sur le lien entre la suprématie maritime et le développement économique, qui crée la richesse nécessaire à l’armement d’une flotte74. Les Corcyréens désiraient en effet être indépendants, et ne dépendre de personne : ils le rappellent en particulier à l’occasion de leur ambassade à Athènes75.
15Au congrès de l’Isthme en 481, sont présentes trois colonies corinthiennes : Leucade, Anactorion et Ambracie, qui envoie sept navires à Salamine et 500 hoplites à Platées en 47976. Mais Corcyre et les autres colonies ne semblent pas concernées par la guerre. Remarquons que les peuples situés au nord de l’Achéron, c’est-à-dire tous les peuples épirotes, ne participent pas non plus, ni du côté grec, ni du côté perse, et affichent une neutralité commune.
16À la suite des combats entre les Corcyréens et les Corinthiens au sujet d’Épidamne, la cité de l’Isthme est vaincue en 43577. Les Corinthiens se préparent alors pendant deux ans, tissent des alliances, et impressionnent Corcyre au point que les insulaires demandent en 433 l’aide d’Athènes, qui venait en 435/4 de rompre l’alliance avec Perdiccas de Macédoine. L’alliance de 433 avec Corcyre est ainsi expliquée par Thucydide : « L’île présentait pour eux une situation favorable sur le trajet côtier vers l’Italie et la Sicile »78. En septembre, la bataille a lieu près des îles Sybota. Les Corinthiens sont vainqueurs, mais quittent les lieux quand les renforts athéniens arrivent, sans savoir qu’ils avaient ordre de ne pas intervenir. « Du côté corinthien également, il y avait, sur le continent, des barbares en grand nombre venus apporter leur aide ; car les gens du continent, dans cette région, sont, de tout temps, les amis de Corinthe »79, écrit Thucydide. Ces épisodes sont importants aussi en raison du désaccord de Sparte : les Corinthiens mènent une politique autonome dans la Ligue péloponnésienne, et la fragilisent, alors qu’Athènes se montre prudente dans les affaires d’Épidamne et de Corcyre.
17Au début de la guerre, une partie de la puissance d’Athènes repose sur l’Occident : la cité est alliée avec Céphallénie, avec les Zacynthiens, avec les Acarnaniens, avec Naupacte et quelques cités siciliennes. L’alliance avec les Acarnaniens est exemplaire : le stratège Phormion, avec trente navires, chasse les Ambraciotes d’Argos d’Amphilochie, avec l’aide des descendants des premiers colons et des Amphilochiens. Les Ambraciotes sont réduits en esclavage ; « c’est après cela », écrit Thucydide, « que prit naissance l’alliance entre Athéniens et Acarnaniens », et le projet ambraciote de prendre l’Acarnanie et en particulier la ville d’Argos d’Amphilochie80. L’événement est intéressant, car les Athéniens interviennent fermement dans une affaire régionale, et car une solidarité continentale est manifeste au sud de la région, contre une présence coloniale corinthienne81.
18Depuis la guerre contre Corinthe, Corcyre est malmenée par unestasis opposant l’élite sociale et économique, favorable à la rupture avec Athènes, au peuple, qui désire au contraire que l’île reste dans l’Alliance. En 427, alors qu’Athènes s’intéresse à l’Occident sicilien et souhaite priver les Péloponnésiens du blé occidental, Athènes et Sparte interviennent directement sur l’île, ce qui donne lieu aux horreurs dénoncées par Thucydide.
19Dans l’été 429, « les Ambraciotes et les Chaones, voulant soumettre l’Acarnanie entière et la détacher d’Athènes, poussèrent Sparte à équiper une flotte, levée dans les pays confédérés, et à envoyer mille hoplites contre l’Acarnanie », afin aussi de reprendre Zacynthos et Céphallénie, et pourquoi pas Naupacte82. L’expédition fait figure de coalition régionale autour d’Ambracie et de sa fidèle métropole Corinthe, puisqu’elle comprend, outre des gens de Leucade et d’Anactorion, mille Chaones, qui partagent l’initiative de l’opération, les Thesprôtes, les Molosses et les Atintanes, des Parauiens, mille Orestes, et enfin mille Macédoniens, qui arrivent trop tard. Cnémos attaque avant l’arrivée de la flotte corinthienne que Phormion attend à Naupacte. La « coalition occidentale » est vaincue sur terre. Peu après, Phormion remporte une importante victoire navale à Naupacte.
20La défaite ambraciote marque le déclin après 426-425 des intérêts corinthiens dans ces régions, en particulier en Épire83. La porte s’ouvre donc pour les Athéniens, présents en Adriatique depuis levie siècle. En 425, le parti démocrate pro-athénien est vainqueur à Corcyre84. À partir de cette date, les Athéniens peuvent compter sur les Corcyréens pour leur ouvrir les routes occidentales, et l’accès au continent par leur pérée. Un intérêt athénien pour la Chaonie, la Thesprôtie et la Molossie est manifeste. Cette dernière est particulièrement intéressante, car elle permet l’accès à la Thessalie et à la Macédoine par le col de Metsovo à travers le Pinde. C’est cet itinéraire que Thémistocle avait emprunté pour traverser la Grèce continentale, en passant par la Molossie où il recherchait l’amitié du roi Admétos85.
Fig. 2. Carte des itinéraires terrestres en Illyrie méridionale et en Chaonie

(Beaumont, 1952, p. 62-63)
21D’un point de vue méthodologique, il est important que l’étude des différentes sociétés d’origine corinthienne dans ces régions nord-occidentales distingue ce qui établit une homogénéité, attendue parmi ces communautés qui partagent une origine corinthienne et corcyréenne, et la notion d’uniformité en aval du processus de colonisation, qui reste dans chaque cas à démontrer puisque la fondation est aussi une rupture dans les histoires respectives de ces communautés. Il s’agit donc de questionner la notion de « matrice corinzia ».
22L’espace « diasporique » imaginé, exploré par le mythe, se compose à l’épreuve du réel d’une série de sites concrets, de points d’ancrage qui entretiennent des relations86. La route maritime qui conduit du golfe de Corinthe jusqu’à Épidamne, au nord de l’Adriatique ou à l’Italie par le canal d’Otrante est maintenant bien connue par les sources littéraires et archéologiques87. Un passage de Strabon donne la distance entre les monts Acrocérauniens et le golfe d’Ambracie :Par mer, à partir du territoire des Chaones, quand on va vers le Levant en direction du golfe d’Ambracie et de Corinthe, ayant la mer d’Ausonie à droite et l’Épire à gauche, le trajet est de 1300 stades des monts Kérauniens à l’entrée du golfe d’Ambracie88. Le voyage entre les deux régions est bien connu et incontestablement plus sûr par voie de mer.
23Néanmoins la présence corinthienne a aussi une évidente dimension continentale, car deux fondations importantes, Ambracie et Apollonia, n’ont pas un accès direct à la mer, et que l’un des objectifs de la dynamique migratoire corinthienne est de sécuriser la voie de terre permettant la circulation des biens et l’entretien de relations étroites entre les communautés.
24Quelles que soient les motivations qui conduisent les Corinthiens dans ces régions, ces dernières représentent pour la cité de l’Isthme des intérêts vitaux, comme on peut le percevoir chez Thucydide89. L’existence d’une route terrestre ouverte par les Corinthiens ne fait pas de doute. Les Ambraciotes en particulier contribuent à la créer et à la conserver ouverte, comme en témoigne auvie siècle la grande inscription boustrophédique dupolyandrion d’Ambracie qui mentionne une ambassade (ἀνγελία) venue de Corinthe,à qui les enfants des Pyraiboi, sans doute un peuple de la région,ont infligé une mort ignominieuse90. Les Athéniens parviennent à fortement perturber l’utilisation de cette route dès la fin de la guerre archidamique. La traversée de l’Acarnanie ne pose pas de difficulté, comme le montre la marche jusqu’au golfe d’Ambracie du Lacédémonien Eurylochos pour rejoindre le contingent ambraciote, alors que le pays lui est hostile91. Dans l’affrontement de Démosthène et des Acarnaniens contre les Ambraciotes en 426, Corinthe envoie une garnison commandée par Xénokleidas qui rencontre des difficultés, qui sont probablement dues au temps hivernal, et qui, quoi qu’il en soit, n’interdisent pas aux Corinthiens d’atteindre Ambracie92. C’est en réalité le passage à l’est du golfe d’Ambracie qui est difficile pour les Corinthiens, en raison de la présence d’une forteresse acarnanienne, Olpai93, et d’Argos d’Amphilochie.
25Au nord, l’« itinéraire corinthien » empruntait probablement la vallée du Louros pour rejoindre le bassin de Ioannina dans la région de Dodone, évitant à l’ouest les régions côtières au relief tourmenté et les secteurs sous domination corcyréenne (fig. 1). La vallée du Drin permettait alors de rejoindre la Vjosë, l’antique Aôos, ou bien la région de Vlora, pour atteindre ensuite Apollonia et Épidamne. La figure 2, une carte dressée par R. L. Beaumont dans les années 1950, montre clairement les trajets autorisés par la géographie physique de ces régions.
26Selon Domenico Musti, un critère important à l’heure du choix du site colonial est sa ressemblance avec celui de la métropole, en particulier dans le domaine corinthien94. L’historien cite à l’appui des textes de Thucydide et de Strabon au sujet de l’implantation de Corinthe même, de Corcyre, de Leucade, d’Ambracie et d’Anactorion. Ces sources montrent en effet que le paysage de ces cités comporte un isthme (ἰσθμός) et permet l’installation de plusieurs ports, alors que le modèle topographique des sites coloniaux eubéens serait plus exclusivement le détroit (πορθμός). L’idée est séduisante, et introduirait une véritable constante topographique dans la diversité géographique des fondations corinthiennes, mais il est vrai aussi qu’Apollonia et Ambracie partagent une même implantation, qui ménage au contraire une distance avec la mer, et prévoit l’existence d’un port fluvial. Ce paysage est très différent de celui de Corinthe, qui est en revanche proche de celui de Syracuse, de Corcyre et de Leucade. Peut-on alors parler d’un paysage colonial corinthien, fondé sur la configuration du terrain de la métropole ? On peut distinguer deux types d’implantation : l’une est isthmique, voire insulaire ou péninsulaire, la seconde est fluviale. Cette distinction ne peut se fonder sur la chronologie, puisque si Corcyre et Syracuse partagent une implantation isthmique sur une île ou une presqu’île, les sites coloniaux duviie siècle n’entrent pas tous dans une même catégorie95.
27Ces fondations, à l’origine détachées de la communauté corinthienne, entretiennent-elles des relations suffisamment régulières pour composer un réseau ?96 Un passage d’Hérodote est souvent invoqué pour établir que les communautés corinthiennes du Nord-Ouest formaient unethnos, mais la phrase, telle qu’elle est construite, fournit seulement la preuve que les Leucadiens font partie du « peuple » dorien originaire de Corinthe97. On invoque aussi un texte mythographique duive siècle au sujet de la querelle divine pour la divinité poliade d’Ambracie qui reconnaît d’abord Héraklès comme un conquérant, puis secondairement comme ancêtre des Doriens du Nord-Ouest98.
28Après avoir rappelé la double parternité, ou « maternité », corcyréenne et corinthienne d’Épidamne, Thucydide décrit la crise qui agite la colonie aux origines de la guerre du Péloponnèse : les aristocrates, expulsés par le peuple, s’allient aux barbares Taulentins pour mettre à mal les intérêts de la cité sur terre et sur mer99. Les Épidamniens envoient alors une ambassade à Corcyre qui adresse dans le sanctuaire d’Héra une supplique aux Corcyréens, en les priant d’intervenir pour réconcilier ledèmos et les eupatrides, et mettre fin à la guerre contre les Barbares. Les Corcyréens n’acceptent pas de les écouter. Les Épidamniens demandent au dieu de Delphes s’ils doivent remettre le destin de leur ville entre les mains des Corinthiens, leur autre tutelle métropolitaine100. La réponse est positive, et précise que les Épidamniens doivent considérer les Corinthiens comme des guides, ce que la cité de l’Isthme accepte en envoyant une troupe levée à Corinthe, à Leucade et à Ambracie, et de nouveaux colons. Sa réponse est fondée sur deux arguments : leur responsabilité dans la fondation d’Épidamne n’est pas moindre que celle des Corcyréens, envers qui de surcroît les Corinthiens veulent signifier leur hostilité. Selon Thucydide,on ne les [Corcyréens] voyait ni, dans les fêtes communes, avoir pour elle [Corinthe] les habituelles marques d’égards, ni faire à quelqu’un de Corinthe l’honneur des prémices du sacrifice, comme cela a lieu dans les autres colonies101. Devant Épidamne, les Corcyréens mirent le siège, non sans avoir demandé le rappel des bannis. Ces Épidamniens, « exilés » dans leur métropole Corcyre, yavaient montré les tombeaux des leurs et la parenté qui existait, s’en prévalant pour demander leur retour chez eux102. Cet épisode montre que la relation « horizontale » entre les fondations corinthiennes, quand elle est compliquée par des dissensions intérieures, ne va pas de soi, et que cette faiblesse peut restaurer la tutelle métropolitaine.
29Des témoignages des relations directes entretenues par les fondations corinthiennes, à l’exception de ceux que rapporte Thucydide, existent. Auxixe siècle, F.-C.-H.-L. Pouqueville vit parmi les vestiges de l’acropole de Phoiniké en Chaonie une inscription gravée sur un fragment de colonne à pans103 :Ἀμβρακι[ω]τῶν. Lors des fouilles de l’année 1926, Luigi Maria Ugolini découvrit une plaque en calcaire inscrite104 :Ἀμβ[ρα]-|κιω[τᾶν]. La forme des lettres indiquent vraisemblablement leiiie ou leiie siècle105. L’archéologue italien propose de comprendre cette inscription comme l’indice d’une propriété des Ambraciotes à Phoiniké, ou d’un don de la colonie corinthienne à la capitale des Chaones. Peter Robert Franke pense qu’il pourrait s’agir d’un seul et même fragment d’inscription, et les associe à un sanctuaire appartenant aux Ambraciotes à Phoiniké106. Il y a bien deux inscriptions, la première confirmant la restitution de la seconde. Le support de la première inscription peut être une bonne indication de la nature du don, car les colonnes doriques de plan octogonal se rencontrent fréquemment en Épire, le plus souvent utilisées comme support en façade d’un portique comme à Apollonia ou à Dodone, ou de colonnades intérieures comme dans le marché couvert de Kassopé. Les deux inscriptions portant le même texte ne peuvent être redondantes, et pourraient corrrespondre au renouvellement d’une amitié, concrétisée par une offrande régulière, probablement annuelle, dans un sanctuaire ou un espace public de Phoiniké.
30Deux inscriptions de Leucade informent ce même dossier documentaire, même si elles sont datées par la forme de l’écriture desiie etier siècles av. J.-C. Elle sont gravées du même texte107 :᾽Απολλω-|νιᾶται|οἰκοδό-|μησαν. Ce document témoigne de l’existence d’un édifice construit par les Apolloniates à Leucade, peut-être situé dans un sanctuaire d’Apollon au nord de l’île, d’après une proposition de Ioanna Andréou108. On ignore cependant si ces relations étroites d’époque hellénistique sont encore fondées sur le sentiment d’appartenance à une communauté d’origine corinthienne. Néanmoins, il est manifeste que le lien entre ces communautés doit être aussi bien recherché parmi les relations « horizontales », organisées en réseau, qu’au sein des liens « verticaux » servant un centre hiérarchique.
31C’est sans doute en raison de l’instabilité des relations entre Corcyre et Corinthe que les Corinthiens du Nord-Ouest ne se donnent pas des institutions, non pas identiques, mais communes, un culte fédérateur, voire un sanctuaire fédéral à l’instar du Panionion du mont Mycale109. L’attachement à la métropole n’est donc pas perceptible par l’élaboration d’un centre politico-religieux, mais apparaît cependant sous la forme de l’évocation du lien colonial, et d’un air de famille parmi les institutions respectives de ces communautés autonomes.
32A. J. Graham estimait naguère que les colonies de Corinthe, même si leurs relations avec la métropole « were not a matter of precise arrangement », vivaient sous la domination de la métropole110, et S. C. Bakhuizen pensait que ces colonies entretenaient toutes des rapports desyggeneia, desymmachia, et formaient une sorte de thalassocratie111. Sans faire intervenir ici les problèmes et les progrès conceptuels formulés et réalisés à propos de la « colonisation », il faut nuancer ce point de vue, car il repose essentiellement sur le texte de Thucydide, et le passage d’Hérodote cité précédemment.
33Thucydide mentionne lasyggeneia des Corcyréens et des Épidamniens112, ce qui est attendu, puisqu’Épidamne est objectivement une fondation corcyréenne. Cela ne signifie pas nécessairement, comme nous l’avons vu, que cette origine commune imposait un comportement solidaire, ni que l’ensemble des communautés d’origine corinthienne la revendiquait. Il est vrai que des fondations sont dites respectivementκορινθίωνπόλις, et que les sources considèrent souvent que les Ambraciotes ou les Leucadiens sont des Corinthiens113. Lors du conflit de 435, Thucydide utilise l’expression suivante pour désigner les alliés de Corinthe, parmi lesquels on compte d’ailleurs beaucoup de Péloponnésiens :οἱΚορίνθιοικαὶοἱξύμμαχοι (les Corinthiens et leurs alliés)114. Une inscription métrique de Corinthe, bien que très mutilée, témoigne par exemple d’une victoire militaire des Corcyréens, des Apolloniates, sans doute des Ambraciotes, et sûrement des Corinthiens, dont la mention a disparu dans une lacune, probablement le succès de Timoléon près du Krimisos dans le troisième quart duive siècle115. Le lien colonial, on le voit, sert des intérêts immédiats et un argumentaire de crise, mais ne paraît pas être un discours déterminant à long terme la conduite des affaires communes.
34Les cités d’origine corinthienne connaissent une indéniable uniformité institutionnelle116. À Ambracie et Corcyre, la magistrature éponyme est la prytanie. À Épidamne, le magistrat éponyme mentionné par le décret du concours pour Artémis Leukophryénè est aussi très vraisemblablement le prytane117, magistrat suprême de cette cité oligarchique118. À Apollonia, le prytane est éponyme dans la même inscription de Magnésie du Méandre, et dans des dédicaces d’époque hellénistique119. Le prytane éponyme est aussi attesté à Byllis, à Amantia et à Dimale et chez les Balaïtes120. Francesca Crema démontre très bien comment le prytane éponyme unique, à distinguer de la prytanie collégiale, est une institution liée à l’origine « alla matrice coloniale corinzio-corcirese », et comment elle se répand en Épire et en Illyrie méridionale. C’est en effet Corinthe archaïque qui fournit le modèle. Au milieu duviiie siècle av. J.-C., la monarchie fait place à une oligarchie fondée sur legenos royal des Bacchiades. Quelle que soit la restitution de l’architecture institutionnelle de la Corinthe bacchiade, il est certain que le prytane est à cette époque le magistrat le plus important, comme en témoigne Pausanias :il n’y eut plus de roi après le meurtre de Télestès, mais des prytanes pris parmi les Bacchiades, qui exerçaient une autorité annuelle121 ; et qu’il le reste, puisque les fonctions de roi et de prytane sont vraisemblablement les mêmes après le coup d’État de Cypsélos vers le milieu duviie siècle122.
35Grâce aux inscriptions, en particulier les actes d’affranchissement de Bouthrôtos, Pierre Cabanes est parvenu à reconstituer le calendrier commun à Corcyre, Bouthrôtos, Ambracie, Apollonia, Épidamne, Byllis, Dodone, entre autres123. Il constate néanmoins que l’on observe des différences entre le calendrier « épirote » et le calendrier corinthien.
36Les lamelles oraculaires découvertes à Dodone offrent l’opportunité de saisir des données religieuses et cultuelles, mais aussi culturelles, sociales ou économiques. Avant la réforme orthographique de 403/402, les lamelles écrites en alphabet corinthien archaïque sont les plus fréquentes. Dans son étude sur les lamelles de Dodone, Éric Lhôte montre que l’« alphabet épirote », dont l’existence n’est pas assurée, n’est pas quoi qu’il en soit une variante de l’alphabet corinthienvia Ambracie, comme l’avait écrit Miss Jeffery124. Les questions écrites en alphabet corinthien sont donc posées par des habitants d’Épidamne, d’Apollonia, d’Ambracie ou de Corcyre, ou bien encore d’Orikos. En revanche, É. Lhôte identifie clairement un alphabet local en usage à Dodone, très différent de l’alphabet corinthien et de type eubéen125.
37Ainsi, une véritablekoinè institutionnelle d’origine corinthienne se dégage autour d’un magistrat principal, le prytane, dont les fonctions religieuses sont importantes126. Le prytane est à la fois le magistrat suprême propre à une cité et le marqueur de l’appartenance de cette communauté civique à un ensemble ethnique, culturel et historique plus large. Des recherches en cours montrent que l’on observe aussi des éléments communs dans le domaine des divisions et des sous-divisions du corps civique127. Ces institutions identiques, qui n’induisent pas l’existence d’institutions communes à la diaspora corinthienne dans le nord-ouest, contribuent sans aucun doute à établir une identité civique affiliée et recognitive.
38Néanmoins, ce tableau général, excessivement synthétique et lacunaire doit être nuancé. Il faut tenir compte du caractère incomplet de notre connaissance de la Corinthe préromaine, et bien distinguer ce qui doit être attribué à un processus d’uniformisation à l’œuvre dans la diaspora corinthienne du nord-ouest – unekoinè spontanée ou volontaire, pas nécessairement novatrice, et qui appartient donc à une dynamique régionale, et ce qui dépend de l’héritage proprement corinthien, une sorte dekoinè héritée. Claudia Antonetti montre très bien que l’on doit attribuer à la première catégorie une propension à créer des mots avec la prépositionsun- en particulier dans le domaine desarchai et des associations privées, ou bien l’existence récurrentes de troupes deperipoloi128. D’autre part, la grande diversité du vocabulaire institutionnel en général dans ces régions montre toute l’autonomie et la capacité d’innovation de ces communautés politiques129.
39Les termes de la rencontre culturelle univoque que l’on désignait et que l’on désigne encore parfois grâce au terme « hellénisation » ont changé130. En aval, la réception de la culture grecque n’est plus considérée comme passive, mais au contraire comme un acte délibéré et sélectif131. En amont, la culture grecque, qu’elle soit matérielle, politique ou religieuse, n’est pas épargnée par les particularismes, les tensions et les diversités. Dans nos régions, on observe,a contrario du sens commun en quelque sorte, que le conservatisme ne paraît pas être plus ancien que les indices d’émancipation : les histoires coloniales ne commencent pas par une période de pieuse fidélité à l’égard de la métropole, à laquelle aurait succédé une phase d’indépendance. Les exemples qui suivent montrent au contraire que très tôt l’identité culturelle coloniale est en construction.
40Dès le début duviie siècle, les productions corinthiennes touchent l’ensemble du monde colonial, et pas seulement les fondations corinthiennes, ce qui montre que la dynamique corinthienne des échanges s’affranchit très tôt de la carte politique. Parallèlement s’est développé dans les régions qui ont connu des fondations corinthiennes un art dont on a tout naturellement cherché les archétypes à Corinthe. Dans un article publié en 2003 portantSur la diffusion de quelques modèles stylistiques corinthiens dans le monde colonial de la deuxième moitié duviie siècle132, Francis Croissant montre que ce que l’on nomme souvent le style « corinthianisant » en Grèce nord-occidentale, à Corcyre et en Occident, correspond en réalité à la construction résolument novatrice d’une identité esthétique, que ce soit à l’Incoronata, qui n’est assurément pas uneapoikia, ou à Corcyre. Il rejette les explications qui feraient de cet univers de formes à la fois anciennes et nouvelles un art « provincial », et estime que « la diffusion de la culture corinthienne ne saurait être analysée seulement en termes d’imitation intégrale ou d’adaptation plus ou moins exacte ». Le fronton du temple d’Artémis de Corfou est ici exemplaire (fig. 3). Il est en effet considéré le plus souvent comme une pure production corinthienne133 – par défaut, reconnaissons-le, car l’archéologie de la cité de l’Isthme n’a jamais rien fourni de tel, mais « les deux panthères couchées qui y encadrent la Gorgone restent sans parallèle exact » dans la peinture corinthienne sur vase134. Il est donc inutile de chercher à établir la liste des ancêtres du fronton de Corcyre, en particulier à propos de sa monumentalité, car il s’inscrit dans une tradition qui n’est pas exclusivement corinthienne, participe à un programme inédit, et fait preuve d’inventivité et de liberté.
Fig. 3. Restitution de la façade du grand temple d’Artémis à Corcyre

(G. Rodenwaldt,Altdorische Bildwerke in Korfu, Berlin, 1938, abb. 37 :Wiederherstellung des Tempels – Zeichnung)
41Dans sa synthèse sur les toits grecs jusqu’à l’époque archaïque, Nancy Winter définit un « North-Western Greek System » rendu singulier par l’utilisation d’antéfixes à têtes plastiques humaines ou animales qui sont inconnues à Corinthe135.
42Une « identité stylistique corcyréenne »136 se dessine donc, comme une originalité des styles de Grèce du Nord-Ouest. Ces dynamiques artistiques disqualifient l’utilisation des notions de « centre » et de « périphérie », qui engendrent le plus souvent les idées de domination culturelle et de hiérarchisation. Francis Croissant conclut en établissant que les ateliers nord-occidentaux affichent une « différence tout en conservant une claire référence corinthienne »137.
43Il est indéniable que ces régions connaissent de nombreux cultes communs, en particulier à l’époque hellénistique138. D’autre part, l’existence de liens religieux entre la métropole et sa colonie est de manière générale bien établie139, en particulier quand existe une tradition littéraire de reliques fondatrices, desaphidrumata, transportés outre-mer140. Le culte d’Apollon, en particulierAguieus, paraît être bien diffusé d’Ambracie à Corcyre et Apollonia, et doit cette diffusion à son fort caractère dorien qui en fait une divinité colonisatrice et coloniale141. Le culte d’Héraklès a certainement les mêmes vertus identitaires142. Le culte de l’oïkiste, bien attesté à Corcyre143, est vraisemblablement pratiqué dans chacune des fondations d’origine corinthienne, et devait permettre de concilier la métropole lointaine et la nouvelle patrie.
44Néanmoins il est important de ne pas considérera priori que les panthéons métropolitains et coloniaux sont nécessairement identiques144. Si tel était le cas, la colonisation serait dans ce domaine une reproduction de la métropole. On observe par exemple dans les colonies corinthiennes et corintho-corcyréennes une importance inattendue d’Artémis, depuis l’époque archaïque. La déesse est honorée dans le centre de la ville, sur l’agora ou sur l’acropole, et les récits mythiques ne la cantonnent pas comme chasseresse dans leseschatiai, mais l’introduisent au cœur du politique, où elle sauvent la communauté du danger d’anéantissement145. Pourtant, Artémis ne paraît pas être une divinité profondément corinthienne146, et la place de cette déesse fille dans les colonies nord-occidentales comme à Syracuse est sans doute révélatrice d’une réflexion sur ce qui tout à la fois distingue et réunit l’autre et le même.
45La diaspora corinthienne en Grèce du Nord-Ouest a noué des rapports souvent étroits avec les peuples épirotes. Si les Guerres Médiques ont façonné la notion de « barbare » en la réservant à l’Autre, la Guerre du Péloponnèse, du moins telle que nous la présente Thucydide, a forgé un autre type de barbarie, intérieure au monde grec, celle des peuples de Grèce du Nord-Ouest, en particulier ceux qui furent solidaires des Corinthiens et plus généralement des Péloponnésiens. Cette exclusion est fondée sur une argumentation : les peuples de ces régions souffrent d’arriération socio-culturelle147. Corinthe et ses colonies font régulièrement appel aux « barbares », selon le vocabulaire de Thucydide. Si dans le cas des Taulentins de la région d’Épidamne le mot paraît justifié148, pour désigner l’armée que lèvent les Ambraciotes contre Argos d’Amphilochie, il est moins adéquat149. Ce procès en barbarie se fonde sur des différences objectives entre le monde de lapolis et celui de l’ethnos150, mais aussi sur l’assistance militaire apportée aux Corinthiens par les peuples d’Épire, car, comme l’écrit Thucydide, les continentaux sont les amis de Corinthe151.
46Auive siècle et à l’époque hellénistique, les rôles sont redistribués. En introduction, nous rappelions qu’il était nécessaire de distinguer l’Épire, en particulier la Thesprôtie et la Molossie, de l’Illyrie méridionale. Dans cette dernière région, les communautés de l’arrière-pays d’Apollonia, comme les Amantins, les Bylliones, les habitants d’Olympè appliquent auive siècle les formules urbanistiques grecques, et nous sommes tentés, très longtemps après la période des premières rencontres et des fondations, de restaurer l’usage, non colonial, du mot « hellénisation ». Mais en réalité, auive et auiiie siècles on observe une véritablekoinè architecturale et urbanistique, de Cassopé au sud à Apollonia au nord152, et de véritables répertoires iconographiques et stylistiques dans l’art des stèles par exemple. C’est aussi à cette période que se développe une onomastique illyrienne dans les villes d’origine grecque de la côte. La liste des théorodoques de Delphes mentionne à la basse époque hellénistique les habitants de Byllis et d’Amantia en Illyrie méridionale153, ce qui montre qu’ils sont intégrés à la communauté des Hellènes, ce dont témoignent aussi leurs cultes et leurs institutions154. Les fondations corinthiennes et corintho-corcyréennes parviennent en quelque sorte au bout de leur diaspora, ou de leur processus diasporique, puisqu’elles deviennent des métropoles continentales partageant avec les Illyriens du Sud la culture qui jusqu’alors constituait leur identité. Issues d’une identité corinthienne homogène, leurs déploiements identitaires respectifs et souvent polémiques favorisent paradoxalement la rencontre avec l’Autre.
47La diaspora corinthienne dans le Nord-Ouest ne forme pas un monde isolé des autres régions de la Méditerranée, ni des autres lieux de la colonisation corinthienne comme la côte orientale de la Sicile, ni bien entendu du « continent » dont elle occupe les rives et les îles. Elle en vient à former une véritablekoinè régionale, de matrice corinthienne, mais capable aussi de distance avec le modèle métropolitain. Jamais elle ne parvint néanmoins à se doter d’institutions communes ni d’un sanctuaire fédéral, alors que l’Épire, de ce point de vue, affiche une sorte de modernité institutionnelle155. La diaspora corinthienne en Grèce nord-occidentale et en Illyrie méridionale reste fragmentée par les conflits, par les limites inhérentes au modèle de lapolis. Les Corinthiens du Nord-Ouest paraissent élaborer de manière très pragmatique une sorte de territoire multiple, ou de communauté multipolaire, et non de communauté déterritorialisée. L’incapacité à dépasser cette étape politique et institutionnelle est due à deux causes principales : la multiplicité des territoires, entre lesquels les interstices ne sont pas des déserts politiques ou culturels, mais des sociétés anciennes, aux cultures consistantes et résistantes, et l’architecture « génétique » de lapolis, qui associe étroitementun territoire etune population. Lesyggeneia effective pouvait alimenter la fiction d’un peuple unique d’origine corinthienne, mais le territoire ne pouvait être divisé ni pensé comme un espace parcellisé s’accommodant de discontinuités territoriales. La seule solution est celle que choisirent les Syracusains en fondant tôt leurs colonies secondaires : étendre le territoire aux dimensions de l’espace contrôlé.
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1Érechthée, frag. 14, 7-10 Jouan (CUF, Paris, 2000, p. 119), cité et commenté par Purcell, 1992, p. 72.
2 Cf. I, 2, 1, et l’ensemble de l’« archéologie ». Les traductions du texte du Thucydide données ici sont celles de Jacqueline de Romilly, avec Raymond Weil et Louis Bodin, Paris, 1990.
3 On ne peut en effet appliquer le mot diaspora à la mobilité d’individus ou de petits groupes, comme celle par exemple des artistes et des artisans étudiée par Coulié, 2000 (malgré la formulation de Boardman, 1980, p. 264), des scribes (par exemple van Effenterre, 1973, p. 38-39) ou des négociants. Une diaspora est par définition un ample mouvement d’individus partageant l’appartenance à une communauté politique, ethnique, culturelle ou religieuse. Le sens est alors très proche de « migration » ou « mouvement/dynamique migratoire » (lire à ce sujet Sordi (éd.), 1994, en particulier la contribution de L. Prandi sur la « legge colonaria » de Naupacte auve siècle av. J.-C.), ce qui le distingue de celui du mot « exil » (malgré Strauss, 1991). Le substantif paraît d’abord décrire la Diaspora juive (cf. dans cet ouvrage l’article de Stéphane Dufoix), c’est-à-dire l’expatriation par l’exode et la dissémination, souvent orchestrée par Dieu, mais il sert aussi en Méditerranée orientale à décrire l’hellénisme disséminé, du Pont-Euxin à la Calabre, ou du Phanari stambouliote au quartier grec de New-York, où les cultures littéraire et musicale prennent des formes à la fois héritées et singulières. Le colloque tenu à Montréal et à Athènes en 1988 illustre très bien ce flou lexical (Fossey (éd.), 1991, en particulier l’introduction par Irmscher, 1991), et instaure une pertinence historique et technique continue du mot qui en fait artificiellement une donnée permanente et structurelle de l’histoire des Grecs (Sakellariou, 1991, p. 15).
4 Nicole Loraux avait utilisé avec profit scientifique le mot « intellectuel », sans nier bien entendu que la notion plongeât ses racines dans l’Affaire Dreyfus (Loraux, Miralles, 1998).
5 Boardman, 1980, p. 203 (avec des précautions : « Ionian ‘diaspora’ ») ; Étienneet al., 2000, p. 73 ; ou bien encore Koslowski, 2005, p. 10 (« Ionian diaspora »).
6 Au sujet de l’Italie adriatique, cf. D’Ercole, 2002 et 2005, et plus généralement Lamboley, 1996. Une synthèse est consacrée à la colonisation corinthienne, Stickler, 2010 (non vidi). Nous ne traitons pas directement ici la question des contacts entre les Corinthiens et les Épirotes et les Illyriens du Sud, du « Middle Ground » (Malkin, 1998a, p. 5) propre à cette région, qui mériterait de faire l’objet d’une synthèse. De même, lesive etiiie siècles, moins documentés, ne sont pas abordés en soi.
7 Aux critiques de l’usage du mot « colonisation » (cf. Purcell, 1992, p. 73-74, et Osborne, 1998 ; ce point de vue ne fait pas l’unanimité, cf. Malkin, 2002), il faut ajouter qu’il suggère une insistance sur l’origine de la nouvelle communauté, sur l’événement fondateur, laktisis.
8 Expression de Graham, 1964, p. 118-153. Cf. les réflexions importantes de Reboton, 2008. Stickler, 2010, p. 265 sqq, consacre un développement à cette question : VII-4.Die Hegemonie der Korinther : ein « Kolonialreich ». L’expression « colonisation corinthienne » doit être admise sur le mode mineur, car les fondations corinthiennes sont bacchiades puis cypsélides, et ont donc une dimension familiale et sociale certaine, particulièrement bien perceptible à travers le choix de l’oïkiste, ou à travers un commentaire d’Hérodote à propos du trésor des Corinthiens à Delphes : il n’est pas public (dèmosion) car il s’agit de celui de Cypsélos (I, 14, 2). Cf. Will, 1955, p. 521-539 ; de Oliveira Gomes, 2007, p. 59-63.
9 Cabanes, 1988a, et 1988b, p. 20-46.
10 Sur l’hellénisme ancien de l’Épire, cf. Quantin, 1999, p. 67-76 ; Lhôte, 2006, p. 329-335. Strabon, VII, 8, insiste sur l’enchevêtrement géographique des tribus épirotes et illyriennes. Auiie siècle av. J.-C. encore, les négociations entre Persée et Genthios nécessitent les services d’un interprète (Polybe, XXVIII, 8, 9 : Pleuratos). Strabon, VII, 7, 8 (C 326-327), mentionne le bilinguisme de certaines tribus entre Macédoine et Épire (ἔνιοι δὲ καὶ δίγλωττοί εἰσι ; cf. Cabanes, 1988a, p. 99).
11 Hérodote, II, 52.
12 Lepore, 1983, p. 137, n. 20.
13Néméennes, IV, 51-52. Cf. Cabanes, 1996a.
14 Horden, Purcell, 2000, p. 127. Au sujet du canal d’Otrante, cf. Deniaux, 2005.
15 Braccesi, 1977, p. 65-67. Cf. la remarquable mention dupontos ionios dans la dédicace du groupe statuaire offert par les Apolloniates dans le sanctuaire d’Olympie à la suite de leur victoire sur Thronion auve siècle av. J.-C. (CIGIME I-2, n° 303, l. 1-2).
16 Ἀδρίης : Hérodote, I, 163 ; IV, 33 ; V, 9. Voir aussi Strabon, VII, 5, 8-9.
17 Lepore, 1983, p. 134.
18 Néanmoins, l’ensemble adriatique, au nord des régions que nous abordons ici, n’a pas connu une dynamique coloniale comparable à celle de la mer Noire, ce qui fait écrire à Jean-Paul Morel que « pour qui s’intéresse à l’expansion grecque, l’Adriatique représente un problème à part, une énigme, je dirais presque un scandale » (Morel, 2001, p. 53).
19Questions grecques, 11.
20 Pseudo-Skymnos, 439-443.
21 Apollodore,Épitome, VI, 15b (Lamboley, 2005).
22 Hérodote, I, 163.
23Épitome, VII, 40.
24 Cette voie de l’ambre pourrait être ancienne, cf. Andréou, Andréou, 1999, p. 54.
25 Castiglioni, 2010, p. 108-112.
26 Cf. Beaumont, 1936 ; Will, 1955, p. 532-538 ; Braccesi, 1977, p. 97-103, et 152-158 ; D’Andria, 1985. Notons que les amphores corinthiennes B sont aujourd’hui attribuées au commerce du vin corcyréen (cf. Intrieri, 2010, p. 195-196).
27 Son itinéraire évoque une géographie des mobilités – qui pourrait remonter comme le pense Lorenzo Braccesi à une « matrice euboica » (Braccesi, 2001, en particulier p. 23-33 ; Braccesi, 2010, p. 10, et l’ensemble de l’ouvrage pour la démonstration), et non une topographie des fondations. Sur Ulysse et la Grèce du Nord-Ouest, cf. Malkin, 1998a, p. 120-155.
28 Dakaris, 1964 ; Pouzadoux, 1998.
29Néméennes, VII, 36-40. Néoptolème aborde l’Épire à Éphyra, toponyme connu pour être l’ancien nom de Corinthe, ce qui pourrait montrer que les mythes illustrent les antiques relations entre la région isthmique et les espaces nord-occidentaux.
30Andromaque, 1243-1252.
31 I, 11, 1-2.
32 Cabanes, 1993. Voir Castiglioni, 2003, et Antonetti, 2010a.
33 Lepore, 1962, p. 33-58 ; Cabanes, 2001, p. 27-42, et s.p. ; Castiglioni, 2010 et 2011, et les travaux de l’équipe de Lorenzo Braccesi, en particulier Rossignoli, 2004.
34 Cf. Debiasi, 2004, chap. 1. Au sujet d’Eumélos, cf. West, 2002.
35 Apollonios, IV, 327 ; cf. Ballabriga, 1998, p. 206-207.
36 Hérodote, IV, 32-36 ; cf. Tréheux, 1953.
37 Hécatée, dans Arrien,Anabase, II, 16, 5 (FGrH 1F26), et Pseudo-Scylax, 26.
38 Apollodore, IV, 507-521.
39Id., III, 5, 4 ; cf. Castiglioni, 2010.
40 Lepore, 1962, p. 34. Une épouse originaire de Céphallénie lui est aussi connue (Aristote,Poétique, 1461b 7).
41 Carrière, 1992.
42 Odyssée, XIV, 327-330 ; XIX, 296-299. Ce rendez-vous avec le Poséidon continental après l’errance d’Ulysse sur les mers n’est pas seulement une habile manière de clore l’intrigue odysséenne – le héros meurt en effet dans cette dernière aventure, car elle a une réalité cultuelle (Quantin, 2004).
43 Morgan, 1988. Dans la seconde moitié duviiie siècle, les Corinthiens sont manifestement présents à Delphes, cf. Morgan, 1990, p. 106 sqq, où ils construisent auviie siècle un trésor (Hérodote, I, 14, 2).
44 Vokotopoulou, 1975, et 1982. Pour l’époque archaïque, lire le panorama de De Fidio, 1997.
45 Dans le cadre en particulier de la mise en valeur de l’axe est-ouest des échanges, que l’on pourrait attribuer à une perspective historique très occidentale, ou « syracusaine » (Morel, 2001, p. 58-60).
46 On relève aussi un fragment de cratère corinthien découvert à Dodone, cf. Morgan, 1988, p. 321, n. 42.
47 Antonaccio, 1995, p. 152-155.
48 Malkin, 1998a, p. 94-119 ; Malkin, 1998b. Sur le sanctuaire de Polis, cf. aussi Boardman, 2004, p. 60-62.
49 D’Andria, 1985, p. 329-334, et 1997, p. 470-471.
50 Vokotopoulou, 1986.
51 Cf. les conclusions de Morgan, 1988, p. 337-338.
52 Sur le « programme colonial » cypsélide, cf. Castiglioni, 2004.
53 Bakhuisen, 1987 ; Cabanes, 2001 et 2002. Pour une inscription mentionnant le nom de l’oïkiste, cf. Klaffenbach, 1940, n. 3, et Antonetti, 2001, p. 11, et 2007, p. 91.
54 Plutarque,Questions grecques, 11.
55 Thucydide, III, 85.
56 Voir aussi Molykreion, Chalcis, Sollion à l’est de Leucade, cf. Bakhuizen, 1987.
57 Sources antiques chez Will, 1955, p. 517-539.
58 Plutarque,Thémistocle, 24, 1.
59 Thucydide, III, 94, 2.
60 Nicolas de Damas,FGrH 90, F 57.
61 Thucydide, I, 55, 1.
62 Strabon, VII, 7, 6.
63 Aristote,Politique, 1304a, 31-33. À la mort de Philippe II, la démocratie est restaurée (Diodore de Sicile, XVII, 3, 3).
64 Thucydide, II, 68, 1. Cf.infra.
65Id., I, 26, 2. Les recherches actuelles dans la ville haute ont mis au jour une trame urbaine régulière remontant à l’époque archaïque et de la céramique corinthienne dont les plus anciens tessons peuvent être datés au tout début duvie siècle. Cf. Verger, 2009, et Daviset al., 2011 pour de la céramique de la fin duviie siècle provenant d’un sanctuaire péri-urbain.
66 Pseudo-Skymnos, 439-440, Strabon, VII, 5, 8, et Pausanias, V, 22, 4.
67 Cf.CIGIME I-2, n. 303.
68 Beretiet al., 2011, p. 11-12, pour l’identification de Thronion à Triport.
69 Thucydide, I, 24, 2.
70Id., I, 26, 3.
71 Hérodote, III, 49.
72 Thucydide, I, 13, 4.
73 Dès le début duvie siècle Périandre exerce son pouvoir à Corcyre (Hérodote, III, 52, 6).
74 Thucydide, I, 38, 2-3 sur les rapports patrie/colonie. Cf. Vanotti, 1997, p. 101-102, et Intrieri, 2002, p. 49-55. Dans Intrieri, 2010, en part. p. 185, lire l’étude de l’autarcie corcyréenne.
75 Thucydide, I, 32.
76 Hérodote, VIII, 45 ; IX, 28.
77 Thucydide, I, 24-30.
78Id., I, 44, 3.
79Id., I, 47, 3.
80Id., II, 68, 8-9.
81 Argos d’Amphilochie en Acarnanie est une cité fondée, selon Thucydide, par l’Argien Amphilochos au retour de la Guerre de Troie (II, 68, 3).
82 Thucydide, II, 80.
83 Lepore, 1962, p. 156.
84 Thucydide, IV, 48, 5 ; selon Diodore de Sicile, XII, 57, la guerre civile reprend en 410-409.
85Id., I, 32.
86 Cf. la distinction de Malkin, 1998a, p. 2.
87 Cf. l’introduction à Deniaux, 2005, et Fenet, 2005.
88 VII, 7, 5 (traduction R. Baladié, CUF, Paris, 1989, p. 139).
89 I, 37, 3. Nous résumons ici l’étude de Beaumont, 1952. Sur cette voie de terre, cf. aussi Will, 1955, p. 532-533.
90 Traduction et commentaire de Bousquet, 1992, p. 596-605.
91 Thucydide, III, 106, 2.
92Id., III, 114, 4.
93Id., III, 105, 1.
94 Musti, 2005, p. 67-71. La vocation infernale des paysages de la basse vallée de l’Achéron en Thesprôtie pourrait avoir un lien avec la colonisation éléenne attestée dans cette région (cf. Fouache, Quantin, 1999, p. 56-58).
95 Pour l’isthme d’Épidamne, cf. Thucydide I, 26, 5. L’implantation isthmique n’est pas une singularité corinthienne : Sinope, d’origine milésienne, est installée sur un isthme (Strabon, XII, 3, 11 ; cf. Barat, 2012, p. 31). Lire Gras, 2002.
96 Les sources archéologiques sont encore difficilement utilisables, en l’absence de synthèse et de comparaison entre les céramiques découvertes à Ambracie, Corcyre, Apollonia et Épidamne. Des études sont en cours.
97 Hérodote, VIII, 45 : Ἀμπρακιῶται δὲ ἑπτὰ νέας ἔχοντες ἐπεβοήθησαν, Λευκάδιοι δὲ τρεῖς, ἔθνος ἐόντες οὗτοι Δωρικὸν ἀπὸ Κορίνθου.
98 Antoninus Liberalis, IV, 6-7 (Quantin, s.p.).
99 I, 24, 1-5.
100Id., I, 25, 1.
101Id., I, 25, 4.
102Id., I, 26, 3.
103 Pouqueville, 1826, p. 363 etCIG 1808.
104 Ugolini, 1932, p. 151-152, fig. 83.
105 Pour des éléments de datation, cf. L. Robert,Hellenica X, 1955, p. 266-267.
106 Franke, 1961, p. 111, n. 3.
107CIGIME I-2, 323 et 324.
108 Andréou, 1998, p. 178-179.
109 Hérodote, I, 148. Cf. Lohmann, 2004.
110 Graham, 1964, p. 118-153 (p. 153 pour la citation), et 1962.
111 Bakhuizen, 1986.
112 I, 26, 3.
113 Will, 1954, p. 522-523.
114 I, 30, 2. Cf. aussi I, 105, 3.
115CIGIME I-2, 307.
116 Sur ce sujet, lire Reboton, 2008, et l’enquête approfondie de Crema, 2010. Au sujet des sous-divisions du corps civique, cf. P. Cabanes, dansCIGIME I-2, p. 16-17.
117 Crema, 2010, p. 207.
118 Aristote,Politique, 1287a.
119 Crema, 2010, p. 207-208.
120 Sur les États d’Illyrie méridionale à prytane éponyme, cf. Cabanes, 1976, p. 384-389.
121 II, 4, 4.
122 Pierre Carlier estimait qu’à l’époque bacchiade le prytane fait fonction de roi, en se fondant sur Diodore, VII, fr. 9., et que Cypsélos, pour lequel le titre de roi est bien attesté (Hérodote, V, 92, ε2), exerce les fonctions de prytane (Carlier, 1984, p. 395-399). Selon Nicolas de Damas (FGrH 90 F 60, 2), la chute de la tyrannie des Cypsélides serait due à la création d’un collège de huitprobouloi et un conseil représentant les différentes tribus. Desprobouloi sont attestés à Corcyre et à Thyrrheon (cf. Crema, 2010, p. 212-213, et Pietragnoli, 2010).
123 Cabanes, 2003. Pour Stefania De Vido, cette homogénéité remonte au moins à l’époque classique (De Vido, 2010, p. 259). Lire aussi les mises en garde méthodologiques de Antonetti, 2010c, p. 301-302.
124 Lhôte, 2006, p. 329-330. Alphabet de type « bleu ».
125 Lhôte, 2006, p. 332-335. Alphabet de type « rouge ».
126 Cf. Crema, 2010, p. 216-219. Sur ces sujets voir Antonetti, 2007.
127 Antonetti, 1999 ; P. Cabanes dansCIGIME I-2, p. 16-17 ; H. von Hesberg et F. Quantin, dans Fiedleret al., 2011, p. 178-180 ; mais aussi la contribution de L. Del Monaco au colloque du printemps 2010 à Cosenza (Πλέοντα εἰς τὴν Σικελίαν : l’Epiro, Corcira e l’Occidente, à paraître).
128 Antonetti, 2010c ; Cabanes, 1991, pour lesperipoloi et les péripolarques.
129 Remarque de De Vido, 2010, p. 264. Voir aussi les conclusions ambivalentes de Lucchelli, 2010.
130 Cf. les travaux fondateurs de Gruzinski, Rouveret, 1976.
131 Cf. par exemple les recherches de Massimo Osanna à Torre di Satriano en Lucanie (Osanna, 2011).
132 Croissant, 2003.
133Id., n. 83.
134Id., p. 241. Des parallèles existent en revanche à Chios et Thasos.
135 Winter, 1993, p. 110 sqq.
136 Croissant, 2003, p. 245, avec les références aux travaux de G. Dontas.
137 Croissant, 2003, p. 247. Ces remarques rejoignent parfaitement les conclusions historiques de Antonetti, 2001, p. 19-20 : « La volontà di distinguersi da Corinto è il leit-motiv di tutta la storia corcirese ».
138 Tzouvara-Souli, 1993, observe de nombreux cultes communs en Épire et en Illyrie méridionale, en ne distinguant pas les cultes coloniaux, ou pratiqués dans les villes d’origine coloniale de la côte, et les cultes continentaux. Dans un domaine plus large encore, cf. Rossignoli, 2004.
139 Malkin, 1987.
140 Malkin, 1991 ; Rolley, 1997.
141 Quantin, 2011, et s.p. pour la distinction.
142 Tzouvara-Souli, 1993, p. 77.
143 Antonetti, 2001, p. 11. Le premier nom d’Apollonia est Gylakeia, de l’oïkiste Gylax.
144 Cf. Quantin, s.p.
145 Quantin, 2012, p. 438-440.
146 Will, 1955, p. 216.
147 Lire Mari, 2011.
148 Thucydide, I, 24, 4.
149Id., II, 68, 1.
150 Cabanes, 1989.
151 Thucydide, I, 47, 3.
152 Lire la démonstration de Ceka, 1993.
153 Cabanes, 1988a, p. 106-107.
154 Cf. par exemple, Bereti, 2004.
155 Cabanes, 1989.
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|---|---|
| Titre | Fig. 1. Carte de la présence corinthienne en Épire et en Illyrie méridionale, des sites et des peuples principaux |
| Crédits | (Philippe Lenhardt et François Quantin) |
| URL | http://journals.openedition.org/pallas/docannexe/image/880/img-1.jpg |
| Fichier | image/jpeg, 208k |
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| Titre | Fig. 2. Carte des itinéraires terrestres en Illyrie méridionale et en Chaonie |
| Crédits | (Beaumont, 1952, p. 62-63) |
| URL | http://journals.openedition.org/pallas/docannexe/image/880/img-2.jpg |
| Fichier | image/jpeg, 492k |
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| Titre | Fig. 3. Restitution de la façade du grand temple d’Artémis à Corcyre |
| Crédits | (G. Rodenwaldt,Altdorische Bildwerke in Korfu, Berlin, 1938, abb. 37 :Wiederherstellung des Tempels – Zeichnung) |
| URL | http://journals.openedition.org/pallas/docannexe/image/880/img-3.jpg |
| Fichier | image/jpeg, 252k |
FrançoisQuantin,« Du même aux autres et de l’autre aux mêmes. Les Corinthiens sur les rives orientales de la mer Ionienne et du sud de l’Adriatique », Pallas, 89 | 2012, 247-274.
FrançoisQuantin,« Du même aux autres et de l’autre aux mêmes. Les Corinthiens sur les rives orientales de la mer Ionienne et du sud de l’Adriatique », Pallas [En ligne], 89 | 2012, mis en ligne le10 mars 2014, consulté le25 novembre 2025.URL : http://journals.openedition.org/pallas/880 ;DOI : https://doi.org/10.4000/pallas.880
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