1Le mot Djellaba/Jellaba désigne en arabe maghrébin un vêtement largement répandu en Afrique du Nord. En Algérie centrale et orientale il est appelé qeššaba ou qeššabiya. Selon Dozy, la Djellaba aurait été, à l’origine le « vêtement duDjellab »,c’est-à-dire du marchand d’esclaves, W. Marçais rejette cette étymologie et propose de voir en djellaba une altération dedjilbabqui, en arabe ancien, désignait un vêtement drapé. Cet auteur fait remarquer qu’en Oman la formegillabdésigne le voile de femme. La disparition du premierbse serait faite identiquement au Maghreb et en Oman. Cette étymologie est tout à fait recevable bien que la djellaba ne soit pas du tout un vêtement drapé mais cousu. Les parlers montagnards du Maroc la nommenttadjellabitqui est une forme berbérisée. Quant à la qeššabiya, G.S. Colin voit en ce nom la déformation du latingausapa,terme qui se serait conservé sous la formegosabadans l’Adrar où il désigne la chemise.
Homme des Miknassa. Djellaba rayée, de longueur moyenne, portée sous unselham(burnous) en poil de chèvre. Dessin J. Besancenot
2Dans le costume citadin, la djellaba diffère du vêtement rustique. Elle est faite d’un tissu fin de laine ou d’une étoffe industrielle, généralement de couleur blanche ou claire et se porte sous le burnous. La djellaba ou qeššabiya rurale est au contraire un vêtement de dessus qui remplace souvent le burnous mais elle n’en a jamais l’ampleur. C’est une sorte de sac, tissé d’une seule pièce avec son capuchon et ses manches qui ne sont pas reportés. La djellaba est ouverte par devant mais des coutures interrompues de place en place et décorées de passementerie et de pompons, assurent l’ajustement du vêtement. Le tissu est épais, en laine ou en poils de chèvre, de couleur variée : rousse, brune et même noire ; le plus souvent des rayures brun foncé se détachent sur un fond plus clair. Le capuchon est le plus souvent rabattu sur le dos et peut servir de poche dans laquelle le fellah ou le berger démuni de sacoche peut transporter son frugal repas. Les manches, qui elles aussi sont tissées en continuité avec le reste du vêtement, sont très courtes mais des fentes aménagées au-dessous d’elles permettent le passage des avant-bras.
3La longueur de la djellaba est sujette à une grande variation. Chez les Rifains de l’est, elle est particulièrement courte ; largement fendue par devant et maintenue par une ceinture elle ressemble à une veste. Le plus souvent la djellaba s’arrête à mi-mollet et présente des fentes sur le côté ; celles-ci sont indispensables lorsque le vêtement descend, comme dans le costume citadin, jusqu’aux pieds.
Adam A., Le costume dans quelques tribus de l’Anti-Atlas,Hespéris,t. XXXIX, 1952, p. 108-111.
Besancenot J.,Costumes du Maroc,Aix-en-Provence, 1988.
Brunot L., Noms de vêtements masculins à Rbat,Mélanges R. Basset,Paris, 1923, p. 98-100.
Colin G.S., Etymologies maghribines,Hespéris,t. IV, 1926, p. 55-82.
Dozy,Dictionnaire détaillé des noms de vêtements chez les Arabes, p. 122.
Marçais W., Djellab,Encyclopédie de l’Islam,1re édition, p. 1063-1064.
Marçais G.,Le costume musulman d’Alger,Paris, Plon, 1930.
Pauphilet D., Le vêtement masculin en Tunisie,Les Cahiers de Tunisie, t. 2, 1954, p. 108-111.
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Titre | Citadin marocain portant la djellaba. Dessin J. Besancenot |
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Titre | Homme des Miknassa. Djellaba rayée, de longueur moyenne, portée sous unselham(burnous) en poil de chèvre. Dessin J. Besancenot |
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Titre | Djellaba courte des Rifains de l’est. Dessin J. Besancenot |
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Titre | Modèle de djellaba (ou qeššabiya) le plus répandu en Algérie. Dessin B. Roubaud |
URL | http://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/docannexe/image/2181/img-4.png |
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E.B.,« Djellaba », Encyclopédie berbère, 16 | 1995, 2425-2427.
E.B.,« Djellaba », Encyclopédie berbère [En ligne], 16 | 1995, document D66, mis en ligne le01 juin 2011, consulté le02 juillet 2025.URL : http://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/2181 ;DOI : https://doi.org/10.4000/encyclopedieberbere.2181
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