AccueilNuméros149Comptes rendusTorrès Félix, ALSAPAN, la volonté...
préface de Michel Hau, Paris, Félix Torrèséditeur, 2022, 159 p.
1Cet ouvrage est une histoire d’entreprise de commande conçue et rédigée par un orfèvre en la matière, Félix Torrès qui, fort de ses références académiques de haut niveau, en a fait son métier à l’écart du cursus universitaire. C’est comme l’indique la quatrième de couverture « le résultat d’une année de recherches et d’entretiens auprès de la famille Strub-Lanoux, des cadres et des salariés du groupe Alsapan ainsi que dans les archives sociales et familiales ».
2Cela commence par une belle histoire familiale, quelque peu édifiante, autour de Joseph Strub, menuisier-ébéniste, descendant d’une lignée d’ébénistes, qui se lance à partir des années 1950 dans la fabrication industrielle de panneaux agglomérés mélaminés à Dinsheim-sur-Bruche. Ses trois enfants, Paul, Marie-élisabeth et le fantasque Jean-Jacques, le rejoignent progressivement, surmontent avec leur père deux incendies et prennent sa succession en 1972 à la tête de Strub SA, société anonyme fondée en 1969. La deuxième génération développe l’entreprise qui devient Alsapan en 1987, diversifie la production jusqu’au moment, en 1991, où les deux cadets se rebellent contre leur aîné qui vend la société à un fonds d’investissement britannique. « Une nouvelle aventure exceptionnelle » commence alors pour Marie-élisabeth Lanoux et Jean-Jacques Strub qui créent deux nouvelles sociétés, les spécialisent dans le revêtement de sol stratifié et les meubles en kit et… rachètent en 2004 la société de leur frère aîné. La mort accidentelle en 2010 de Jean-Jacques Strub, devenu entre-temps un patron distingué en 2000 par le 4e trophée alsacien de l’export et par le grand prix de l’entrepreneur pour l’Est du magazineL’Entreprise,suscite des craintes pour l’avenir, mais la famille réussit à surmonter cette étape en confiant la barre à Cécile Cantrelle, fille de Marie-élisabeth Lanoux, qui préside une entreprise de 900 collaborateurs implantée sur les sites de Dinsheim, Erstein, Marlenheim, Wasselonne, Boulay, La Courtine (Creuse) et Ardentes (Indre). En 2021, Alsapan fusionne avec P3G Group (3 300 personnes, 11 usines en France) pour former Alpagroup.
3Chemin faisant et même si la dimension humaine n’est jamais oubliée, la belle histoire familiale fait place à une analyse très fouillée et savante de l’évolution des techniques, des produits, des marchés, de l’exportation, des combinaisons financières, tous domaines que Félix Torrès maîtrise parfaitement, mais dont le détail risque d’intéresser davantage les gestionnaires ou les managers que les amateurs d’histoire… C’est tout le mérite de la préface de Michel Hau de replacer cette aventure entrepreneuriale dans le temps long de l’histoire d’unMittelstandalsacien dont les racines plongent dans les comportements des familles rurales du XIXe siècle, les habitudes de travail et d’épargne, la recherche de débouchés lointains, le sens de l’intérêt collectif pour aboutir à ce modèle d’entreprise moyenne à capitaux familiaux, spécialisée dans quelques produits précis et exportant dans le monde entier qui fait encore la force de l’industrie alsacienne au XXIe siècle et fonde sa capacité de résilience face aux crises.
NicolasStoskopf,« Torrès Félix, ALSAPAN, la volonté d’industrie. La force d’une histoire familiale et entrepreneuriale en Alsace », Revue d’Alsace, 149 | 2023, 406-407.
NicolasStoskopf,« Torrès Félix, ALSAPAN, la volonté d’industrie. La force d’une histoire familiale et entrepreneuriale en Alsace », Revue d’Alsace [En ligne], 149 | 2023, mis en ligne le01 mars 2024, consulté le06 mai 2025.URL : http://journals.openedition.org/alsace/5760 ;DOI : https://doi.org/10.4000/11pkw
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