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Penaud (Guy), Oradour-sur-Glane. Un jour de juin 1944 en enfer, Geste-Editions, 2014 (Témoignage), 348 p.
1Guy Penaud, commissaire de police en retraite, s’est fait historien, passant ainsi d’un type d’enquête à un autre.
2Le livre qu’il consacre à Oradour répond, comme il l’explique dans son avant-propos, à une obligation morale et historienne. À ses yeux, « une tâche de re-écriture historique de ces faits tragiques est aujourd’hui nécessaire » en particulier à cause du positionnement des « historiens officiels [?] de la division allemande [qui] répugnent à évoquer objectivement les faits. Ils préfèrent s’en tenir à l’aspect purement militaire des actions menées par cette unité ». L’ouvrage choisit donc de suivre pas à pas la division Das Reich coupable du massacre pour comprendre l’enchaînement des décisions et des actions qui y menèrent : pour les lecteurs français, l’angle d’approche est original.
3L’auteur présente les principaux acteurs et établit les faits avec forces détails et citations. Si cette richesse informative est remarquable, la volonté de présentation objective des faits amène Guy Penaud à « fournir ses preuves » dans le corps même du texte ce qui l’alourdit considérablement. N’eut-t-il pas mieux valu, par exemple, mettre en annexe les noms et grades des soldats ? De même, fallait-il nommer systématiquement les résistants et les civils tués avant et après Oradour, ce qui relève moins de la démarche historienne que d’une démarche mémorielle et d’hommage ?
4Ceci posé, qu’apporte cet ouvrage à la connaissance de cet événement traumatique de l’histoire nationale ?
5Analysant la recomposition de la division décimée sur le front de l’Est, il rappelle l’incorporation de force des Alsaciens dans la Waffen SS à partir de la fin 1943. Il résume (p. 46-47) le conflit judiciaire qui opposa, entre 2010 et 2013, les associations de Malgré-Nous et Robert Hébras, rescapé et auteur d’un opuscule très vendu à Oradour et évoquant « les soi-disant incorporés de force ». Au final, l’auteur apporte peu de neuf dans son chapitre sur le procès de Bordeaux… si ce n’est qu’il y livre la liste nominative des inculpés avec la peine prononcée contre eux.
6L’objet principal de l’ouvrage est la division Das Reich, ses chefs, ses directives, ses actes. Guy Penaud établit le climat qui régnait au sein de la division, fait d’inquiétude devant l’efficacité de la résistance limousine et de certitude d’une impunité assurée quel que soit le crime commis (c’est le fameux « ordre Sperrle »). Il insiste sur la mise en œuvre précoce de la désinformation sur le massacre (consigne de n’en parler à personne et élaboration de la thèse officielle, celle de la présence de maquisards dans le village), ce qui participe à expliquer les ignorances postérieures et, pire encore, les élucubrations négationnistes.
7Au final, au-delà de certaines lourdeurs d’écriture et des maladresses d’organisation générale de l’ouvrage, celui-ci a le mérite de mettre à la disposition du lecteur français les documents permettant d’approcher l’événement du côté de la division Das Reich.
Marie-ClaireVitoux,« PENAUD (Guy), Oradour-sur-Glane. Un jour de juin 1944 en enfer », Revue d’Alsace, 141 | 2015, 518-519.
Marie-ClaireVitoux,« PENAUD (Guy), Oradour-sur-Glane. Un jour de juin 1944 en enfer », Revue d’Alsace [En ligne], 141 | 2015, mis en ligne le01 octobre 2015, consulté le28 mars 2025.URL : http://journals.openedition.org/alsace/2288 ;DOI : https://doi.org/10.4000/alsace.2288
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