Engrec ancien, l'upsilon se prononce vraisemblablement [u] et change de point d'articulation à l'époque classique en [y]. Cette prononciation perdure au moins jusqu'auXIe siècle[1]. En début de mot, la lettre upsilon est précédée d'uneaspiration, qui se reflète par unH dans de nombreux mots français d'origine grecque comme ceux débutant parhypo- (du grec ancienὑπό,hypó, « sous ») ouhyper- (deὑπέρ,hypér, « sur »). Cette aspiration est dérivée d'une prononciation antérieure utilisant une consonne qui existe également en latin, donnant naissance auxmots apparentés « sub- » et « super- ». En grec ancien, l'upsilon peut également être longue ou brève, une distinction perdue en grec moderne.
Dans le système denumération grecque, upsilon vaut 400 ; par exemple, ‹ υʹ › représente le nombre 400.
Comme la plupart des autres lettres grecques, l'upsilon est parfois utilisé en dehors de son contexte alphabétique grec dans les sciences. La lettre majuscule est alors souvent écrite, pour éviter la confusion avec la lettreY latine.
L'adjectif français « hyoïde », utilisé pour décrire l'os hyoïde, signifie simplement « en forme de u ».
En grec ancien, le nom de la lettre est simplementυ (hy), prononcé vraisemblablement /hu/ ou /hy/, et fait juste référence à sa prononciation. Le terme « upsilon » (du grecὖ ψιλόν,ŷ psilón, « u simple ») est inventé au Moyen Âge pour distinguer la lettre dudigrammeοι, une anciennediphtongue qui en est venue à se prononcer de la même façon[2].
En grec actuel, grec moderne, la lettre est appeléeύψιλον (ýpsilon), prononcée selon la prononciation actuelle /ipsilon/.
esprit doux :ὐ ; comme lerhô, l'upsilon initial d'un mot ne prend jamais un esprit doux, mais toujours un esprit rude[3]. Il est toutefois possible de trouver un esprit doux au-dessus d'un upsilon lorsque celui-ci fait partie d'unediphtongue, comme dansΑὐγείας,Augeías,Augias.
La lettre upsilon tire son origine de la lettre de l'alphabet phénicienwāw ou wāv. Celle-ci provient peut-être de l'alphabet protosinaïtique, une écriture utilisée dans leSinaï il y a plus de 3 500 ans, elle-même probablement dérivée de certainshiéroglyphes égyptiens. La lettre phénicienne semble signifier littéralement « crochet, hameçon ». L'alphabet phénicien atteint une forme plus ou moins standard vers leXIe siècle av. J.-C. Sa6e lettre est uneconsonne (l'alphabet phénicien est unabjad qui ne note pas les voyelles) correspondant probablement au son [w].
La lettre correspondante de l'alphabet sudarabique est, wa, correspondant à la lettreወ, wä, de l'alphasyllabaire guèze. Dans les alphabets sémitiques, la lettre phénicienne conduit au syriaqueܘ, à l'hébreuו, à l'araméen 𐡅 et à l'arabeﻭ.
Alphabet grec peint sur la panse d'une coupe attique à figures noires.
L'alphabet grec dérive directement de l'alphabet phénicien, emprunté par les peuples grecs auVIIIe siècle av. J.-C. La6e lettre phénicienne sert à transcrire deux sons en grec : la consonne [w] et la voyelle [u]. L'alphabet phénicien ne note que les consonnes, ce qui conduit à la création de deux signes grecs distincts : la lettredigamma pour la consonne et la lettre upsilon pour la voyelle. La première conserve la position alphabétique de la lettre phénicienne mais voit sa forme modifiée ; la deuxième conserve la forme mais est placée à une position différente, près de la fin de l'alphabet. Le digamma note toutefois un phonème très faible en grec, qui n'est pas employé par tous les dialectes ; la lettre correspondante est graduellement abandonnée.
Si la graphie de l'upsilon reprend plus ou moins celle de l'alphabet phénicien, les différentsalphabets grecs archaïques possèdent des variantes fréquentes :,,,,,,,,, et[4],[5].
La lettre grecqueupsilon est à l'origine des lettres V et Y utilisées en latin, la lettre U s'étant distinguée de V progressivement[6]. L'alphabet étrusque est dérivé de l'alphabet grec employé enEubée que lesÉtrusques apprennent à Pithécusses (Ischia), près deCumes. L'alphabet latin descend directement de l'alphabet étrusque ; l'upsilon conduit ainsi à la lettreV, représentant indifféremment les sons [u] et [v]. AuMoyen Âge, la forme pointue V est utilisée au début des mots, la forme ronde U au milieu et à la fin, quel que soit le son. La première distinction connue entre U et V se trouve dans unalphabet gotique de 1386, où V précède U. Vers le milieu duXVIe siècle, la forme V en vient à représenter la consonne et la forme U la voyelle[7]. La lettreW dérive d'uneligature de deux V (ou U)[8].
AuIer siècle, l'empereurClaude propose d'introduire unenouvelle lettre dans l'alphabet latin : Ⱶ, une moitié deH. La valeur de cette lettre n'est pas claire, mais on pense qu'elle transcrit lesonus medius, une voyelle courte (probablement [ɨ] ou [ʉ]) précédant lesconsonnes labiales[9]. La nouvelle lettre est parfois utilisée en lieu et place de l'upsilon sur les inscriptions en grec ; elle disparaît par la suite car lesonus medius disparaît de la langue parlée[10].
Page du traité de typographieChamp fleury parGeoffroy Tory, décrivant l'upsilon comme bifurcation entre vice et vertu.
Le philosophe grecPythagore utilise l'upsilon comme symbolisme des branches divergentes du chemin entre vice et vertu, donnant lieu au surnom « lettre de Pythagore » ou « lettre de Samos » (Pythagore étant originaire deSamos)[11].
Lactance, rhéteur chrétien (vers 240-320), y fait également référence dans lesInstitutions divines : « Ils disent que le cours de la vie humaine est semblable à un Y ; que quand les jeunes gens sont arrivés à l'endroit où le chemin se divise en deux, ils échouent et doutent dans lequel ils doivent s'engager. »[13]
Outre ces deux caractères et leurs versions diacritées, le standardUnicode définit également, ϒ, le symbole grec upsilon crochet. Le tableau suivant recense les différents caractères Unicode utilisant l'upsilon :