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Pionnière de l'art conceptuel, du cinéma et de la performance, Yoko est également connue pour son activisme et ses campagnes en faveur de la paix dans le monde. Membre de l'avant-garde new-yorkaise dans les années 1960, elle développe des formes artistiques entrepoésie,performance,cinéma et musique expérimentale. Elle a participé au courant artistiqueFluxus.
En 1968, elle se fait connaître du grand public pour le couple qu'elle forme avecJohn Lennon, jusqu'à sonassassinat sous ses yeux àNew York le.
Yoko Ono naît le àTokyo au sein desYasuda, l'une des familles commerçantes les plus riches du Japon. Sa mère, Isoko, est une peintre, chanteuse et musicienne respectée, tandis que son père Eisuke,pianiste demusique classique, est banquier[2],[3].
En 1937, elle est inscrite à la compagnie scolaireGakushūin de Tokyo, une école réservée aux enfants descendants de familles d'aristocrates. Elle suit une éducation multiculturelle très riche et jouit d'une vie extraordinairement luxueuse et privilégiée. Durant laSeconde Guerre mondiale, elle doit fuir lesbombardements incessants de la capitale japonaise en se réfugiant avec son frère et sa sœur à la campagne où le luxe laisse place à la misère la plus totale, ce qui forge son caractère. Après la guerre, la famille émigre auxÉtats-Unis àNew York.
Dès l'âge de 14 ans, Yoko s'oriente vers l'art avec l'écriture, montrant déjà une attirance très nette vers l'avant-gardisme. Elle fréquente le milieuthéâtral, entamant aussi des études dephilosophie. Elle suit également des cours de lettres et de chant et découvre des compositeurs d'avant-garde tels qu'Arnold Schönberg. Précoce, elle réalise de la musique expérimentale, des installations conceptuelles et de la performance.
En 1952, Yoko déménage avec toute sa famille àScarsdale[4]. Elle commence alors des études supérieures auSarah Lawrence College. Après avoir rencontré le compositeur japonaisToshi Ichiyanagi, elle arrête ses études en 1955, afin de s'installer àManhattan. En 1955, elle publie le poèmeA Grapefruit in the World of Park, fragment prosaïque, absurde et faussement naïf de dialogues entre une mère et son enfant dansCentral Park (Where is this / this is the park / I can smell metal in the air / No it's the clovers / Are they bleeding / No it's the sunset / would you like to speak to the dead / Oh no I only came here to peel grapefruit[5]). Elle épouse Toshi en 1957. Lors d'une conférence du maîtrezen Suzuki, elle rencontreJohn Cage, dont elle et Ichiyanagi deviennent proches.
Les années 1960 sont décisives pour la carrière artistique de Yoko. De à, elle organise, en collaboration avec le compositeur expérimentalLa Monte Young, une série pluridisciplinaire de concerts/expositions dans son loft, situé au 112Chambers Street à New York, où se produisent à cette occasion des musiciens commeHenry Flynt ouJackson Mac Low, la danseuse pionnièreSimone Forti ou le sculpteur minimalisteRobert Morris. De grands noms de l'art contemporain tels que la collectionneusePeggy Guggenheim ou l'un des plus grands artistes duXXe siècle, ledadaïsteMarcel Duchamp, fréquentent ces événements, qui entrent dans l'histoire de l'art. Au même moment, Yoko développe un format artistique sous forme de partitions textuelles devant ensuite être présentées dans le cadre de performances, lesInstructions Pieces. Ses premières œuvresKitchen Piece etPea Piece proposent une exploration du quotidien le plus ordinaire, à mille lieues des exigences élitistes de l'art académique.
Inspiré par les événements artistiques organisés par Yoko,George Maciunas, le futur fondateur deFluxus, ouvre l'AG Gallery[6]. En, il programme la première exposition consacrée aux travaux de Yoko,Paintings and Drawings of Yoko Ono. L'artiste expose des tableaux-instructions poétiques commePainting to be Stepped On (tableau sur lequel marcher) ouPainting to See in the Dark (tableau à regarder dans le noir).
Toujours en 1961, leCarnegie Hall de New York lui consacre une soirée qui présente sesperformances :A Grapefruit in the World of Park,A Piece for Strawberries and Violin, réalisées avec la participation deDavid Tudor et de nombreux artistes de monde d'avant-garde, commeYvonne Rainer.
De 1962 à 1964, elle retourne au Japon où elle se produit au Sõgetsu Art Center de Tokyo avec la piècePainting To Be Constructed in Your Head (tableau à construire dans votre tête) dont les instructions sont : « dans votre tête, transformez un tableau carré jusqu'à ce qu'il devienne rond... ». Puis elle suit la tournée de concerts de John Cage en qualité d’interprète (elle collabore à la pièceMusic Walk and Arias for Solo Piano with Fontana Mix). Peu après avoir entamé une procédure de divorce avec Toschi Ichiyanagi, elle rencontre le musicien de jazz et producteur Anthony Cox.
Le 28 novembre 1962, Yoko Ono épouse Anthony Cox. Le second mariage de Yoko fut annulé le, car elle n'avait pas finalisé sa procédure de divorce avec Ichiyanagi. Après avoir finalisé ce divorce, Anthony Cox et Yoko Ono se marient à nouveau le. Yoko donne naissance à sa fille Kyoko Chan Cox deux mois plus tard, le.
De retour à New York en1965, elle collabore activement aux actions deFluxus : elle crée la même année, lors du Perpetual Fluxfest au Carnegie Hall,Bag Piece,Beat Piece,Cut Piece etSky Piece for Jesus Christ.
Elle publie aussiGrapefruit, un recueil de sesInstruction pieces[7].
Devenue un jalon de l'histoire de l'art, et plus précisément ducourant féministe en art,Cut Piece est joué pour la première fois en àKyoto. Durant cette performance, Yoko demeure immobile sur scène, les yeux baissés, en posture agenouillée. Les spectateurs sont invités à venir découper ses vêtements, mettant son corps à nu (ce qui est loin d'être anodin dans le contexte puritain des années 1960[8]). Dans cette performance, le spectateur devient acteur. Cependant, loin d'être érotique, le déshabillage apparaît comme une agression, montrant que« le regard anonyme peut porter atteinte au sujet regardé, allant jusqu'à le détruire[9] ». Après cela Yoko Ono a déclaré :« les gens continuaient à couper les parties de moi qui ne leur plaisaient pas. Finalement, il n'est plus resté que la pierre qui est en moi : mais ils n'étaient toujours pas satisfaits, et ils voulaient voir de quoi était faite la pierre[10] ».
Yoko collabore aussi à la publicationFluxus 1 deGeorge Maciunas. En 1966, Fluxus soutient la réalisation de plusieurs de ses films, dont le plus célèbre est le très provocateurN° 4 Bottoms, qui montre une collection de fesses (appartenant à pas moins de 365 personnes) montrées en gros plan, filmées en marchant.
En septembre 1966, Yoko et Tony s'installent àLondres. Ayant fait la connaissance de John Dunbar, grande figure de l'avant-garde artistique londonienne et directeur de la galerieIndica qu'il a ouverte avecPaul McCartney, elle parvient à exposer (et imposer) son travail lors d'une exposition intituléeUnfinished Paintings & Objects.
Le, à la veille du vernissage de l'exposition, Yoko rencontreJohn Lennon. Ce dernier découvre alors son univers, qui entre intimement en résonance avec ses propres aspirations intellectuelles et artistiques. John n'est d'abord pour Yoko qu'un « type séduisant » dont l'immense notoriété provient d'un univers qui lui est étranger et qui paraît être son opposé absolu. Lorsque Dunbar demande à Yoko de laisser Lennon enfoncer un clou sur l'une de ses œuvres, elle refuse et affirme que la planche doit rester intacte pour le lendemain. John propose alors de payer cinqshillings imaginaires pour planter un clou imaginaire. Il raconte plus tard :
« Il y avait une échelle suspendue au plafond, menant à une peinture. On aurait dit une toile vierge avec une chaîne à l'extrémité de laquelle pendait une loupe. J'étaisanti-art parce que j'avais passé cinq années dans une école d'art et qu'ils étaient tous bidon et j'étais vraiment contre. Mais en visitant les galeries je m'y étais de nouveau intéressé et j'étais là. J'ai escaladé l'échelle et pris la loupe, je me balançais là-haut et dans une écriture minuscule ça disait simplement « Oui ». Et c'est ce qui m'a décidé à rester. Ça disait « Oui ». Ça m'a décidé à voir la suite de l'exposition. Si ça avait dit « Non » ou quelque chose de méchant ou de sarcastique, du genre « Arnaque » ou je ne sais quoi, j'aurais quitté la galerie sur-le-champ. Parce que c'était positif et que ça disait « Oui », je me suis dit : « OK, c'est la première exposition où je vais qui me dit quelque chose de chaleureux ». Alors j'ai décidé de voir le reste de l'exposition. Et voilà comment on s'est rencontrés. Si ça avait dit « Non », je serais parti. C'était comme un truc personnel. Je suppose que quiconque lisait ça ressentait la même chose. Mais j'ai pris ça comme un « Oui » que l'artiste m'adressait personnellement[11]. »
En, Yoko attire l'attention du public britannique avec le filmBottoms. À la fin du mois d'août de la même année, ses concerts conceptuels provoquent des débats dans la presseunderground etWrapping Piece, qui l'amène à couvrir les lions deTrafalgar Square de rouleaux de papier, remplit les pages des quotidiens londoniens[12].
En, Yoko persuade John de sponsoriser sa prochaine expositionHalf a Wind, qui doit se tenir à laLisson Gallery deMarylebone. Il n'accepte qu'à la condition que son nom n'apparaisse pas dans le programme. Quelque temps plus tard, Yoko est invitée à la projection deBottoms au cours d'un festival artistique àKnokke-le-Zoute, enBelgique et se rend également àParis pour y exposer ses œuvres. Parmi ses admirateurs se trouve le musicien defree jazzOrnette Coleman qui, sur le point de se rendre à Londres pour s'y produire auRoyal Albert Hall, propose à Yoko de se joindre à lui sur scène.
En, alors queCynthia Powell, son épouse, est enGrèce, John invite Yoko dans sa résidence de Kenwood, où ils enregistrent leur premier travail en commun,Unfinished Music No.1: Two Virgins, pour lequel ils apparaissent tous les deux nus sur la pochette et contenant deux longs morceaux demusique expérimentale. Le soir même, le futur couple consomme son union pour la première fois. Lennon divorce de Cynthia en et, en, Yoko divorce d'Anthony.
Le couple se marie le àGibraltar. Devenus inséparables, Yoko et John font par la suite une série d'apparitions artistiques ou musicales (dontThe Rock and Roll Circus desRolling Stones) qui suscitent indignation et surprise parmi le grand public. Ils se rendent également célèbres par leur engagement en faveur de lapaix dans le monde, après le succès populaire du titreGive Peace a Chance, attribué à leur nouveau groupePlastic Ono Band.
Le 30 mai 1968, dès le début des séances de l'albumThe Beatles, la présence constante de Yoko aux côtés de John nuit considérablement à l'ambiance régnant au sein du groupe. Contrairement aux autres épouses ou compagnes, elle ne se contente pas de rester en compagnie du producteur et des ingénieurs du son, mais s'installe dans le studio même sous l'insistance de John, faisant des commentaires sur son travail.« Yoko a tout bonnement emménagé, ditGeorge Harrison. Enfin, John a emménagé avec Yoko, ou elle a emménagé avec lui. À partir de ce moment-là, on ne les a plus jamais vus l'un sans l'autre, du moins pendant les deux années suivantes. Elle faisait tout à coup partie du groupe ; elle ne s'est pas mise à chanter ou à jouer, mais elle était là. C'était très étrange de la voir là, en permanence. Pas seulement parce que c'était Yoko, ou parce qu'on était opposés à l'idée qu'un étranger reste là. Mais il y avait une vibration particulière et c'est ce qui me tracassait. C'était une vibration bizarre[13]. » Elle chante tout de même un vers de la chanson de John,The Continuing Story of Bungalow Bill, alors que Maureen Starkey, l'épouse de Ringo, se contente de faire les chœurs.
Dans un premier temps, les membres du groupe ne pensent voir là que la manifestation passagère d'un nouvel amour. Mais, lors de l'enregistrement de leur ultime albumAbbey Road, en, ils déchantent lorsque John fait installer un lit dans le studio pour Yoko, qui doit se remettre d'un accident de voiture survenu enÉcosse quelques jours plus tôt. Un microphone est même suspendu au-dessus de sa couche, pour parler avec son époux, qui l'inclut dans le processus créatif du groupe.
De ce fait, Yoko devient un grand sujet de controverse chez les fans du groupe et sera considérée comme la principale cause de la séparation desBeatles. Cependant, beaucoup s'accordent à dire qu'elle a aussi été une bouée de sauvetage pour un John en perdition et qu'elle allait exercer une influence considérable sur plusieurs de ses compositions. John Lennon disait d'elle qu'elle est « the world's most famous unknown artist : everyone knows her name but no one knows what she actually does.[14] » (« la plus célèbre artiste inconnue du monde : tout le monde connaît son nom mais personne ne sait ce qu'elle fait réellement »), ce qui souligne aussi les nombreux préjugés dont elle a fait l'objet malgré sa carrière artistique.
Après des voyages incessants entre le Royaume-Uni et les États-Unis, John et Yoko s’installent définitivement àNew York, au mois d’. Ils résident d'abord dans leWest Village new-yorkais. Leur arrivée sur le sol américain suscite l'engouement des médias qui les inondent de demandes d'interviews. Le couple y voit une formidable occasion d'intensifier sa campagne pour la paix, en jouant un rôle actif dans de nombreuses manifestations politiques.
Le, John et Yoko organisent deux concerts de charité auMadison Square Garden de New York, au profit de la Willowbrook State School, un hôpital psychiatrique pour enfants deStaten Island, avec la participation deStevie Wonder,Roberta Flack etSha Na Na. Accompagné par leur nouvelle formation Elephant's Memory Band, le couple interprète des chansons provenant de leurs premiers albums solos dont le récentSome Time in New York City. À l'automne, Yoko enregistre son deuxième double albumApproximately Infinite Universe aux sonorités plus rock. Cet album suscite très peu d'intérêt lors de sa sortie, mais il est reconnu, bien plus tard, pour sa qualité musicale.
En, John et Yoko emménagent dans le fameux immeubleDakota Building, en face deCentral Park. Mais durant l'été, alors que Yoko enregistre seule son quatrième albumFeeling the Space, les relations au sein du couple se détériorent au point qu'ils se séparent. Tandis que John s'en va vivre àLos Angeles avec leur assistante personnelle,May Pang, Yoko reste à New York et continue de mener sa propre carrière. Durant cette période, elle entretient une relation avec le guitaristeDavid Spinozza et se produit régulièrement en tant que musicienne.
En, Yoko retourne auJapon afin d'y entreprendre une brève tournée et publie pour l'occasion le singleYume O Moto (Let's Have A Dream). Le, elle se produit lors du One Step Festival, organisé près de la petite ville deKoriyama. À la même époque, Yoko entame l'enregistrement de son cinquième album,A Story, qui n'est finalement commercialisé qu'en1992.
Le, le jour deThanksgiving, Yoko assiste, dans le public, à un concert d'Elton John au Madison Square Garden de New York, auquel John participe. Après le spectacle, elle vient le saluer dans sa loge, marquant ainsi leur première rencontre depuis leur séparation. En, après plus de dix-huit mois passés loin l'un de l'autre, le couple officialise sa réconciliation lors de la17e cérémonie desGrammy Awards.
En août 1980, après plus de cinq ans d'absence dans les médias, John et Yoko reviennent sur le devant de la scène publique avec leur album communDouble Fantasy, qui connaît un succès honorable.
Peu après, le soir du, Yoko s'affirme en tant qu'artiste pop accomplie en enregistrantWalking on Thin Ice, que le couple souhaite sortir en single. À 22h45[15],[16], alors qu'ils rejoignent le Dakota Building, peu après la séance d'enregistrement,Mark David Chapman, un fan déséquilibré, abat John de quatre balles de revolver, sous les yeux de Yoko. Quelques heures plus tôt, John lui avait accordé un autographe[17],[18].
Aprèsl'assassinat de Lennon, Yoko ralentit sa production artistique et se consacre entièrement à son fils Sean et à la gestion de l'empire économique de son défunt conjoint ; cela avec plus de sérieux et de professionnalisme. Elle édite des disques posthumes de John :Live in New York City,Milk and Honey etMenlove Avenue, avec de vieilles chansons ou de simples maquettes, et collabore avec Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr dans la défense des intérêts communs desBeatles.
En 1981, Yoko publie son sixième album soloSeason of Glass dont la célèbre pochette montrant les lunettes de Lennon tachées de sang provoque de violentes critiques qui l'accusent d'être insipide et de vouloir exploiter la mort de John. Cependant, elle déclara avoir choisi cette image, son but ayant été de représenter ce qu'elle et d'autres membres de la famille de Lennon ont enduré après sa mort. En avril 2002, cette photographie est vendue aux enchères àLondres pour 13 000 $.
Entre 1964 et 1972, Yoko réalise plus d'une soixantaine defilms.
Encouragée dans cette voie parJonas Mekas en 1964, Yoko écrit, selon le principe de sesInstructions Pieces, des scripts de films qui interrogent la nature du médium cinématographique : elle propose par exemple de distribuer des ciseaux au public pour qu'il découpe sur l'écran ses morceaux préférés du film. Dès 1966, elle réaliseFluxfilms, une série de courts-métrages rassemblés parGeorge Maciunas en une œuvre collective produite parFluxus et qui est présentée aufestival du cinéma indépendant d'Ann Arbor auxÉtats-Unis la même année. La plupart d'entre eux sont tournés par George Maciunas, avec une caméra ultarapide, que ce dernier avait empruntée au cinéaste undergroundEd Emshwiller[réf. nécessaire].
En 1967, Yoko tourneFour (Bottoms), littéralement « quatre derrières », qui acquiert une certaine notoriété par le scandale des postérieurs qu'il met en scène. Au-delà de ce qui pourrait apparaître comme une provocation nourrie de l'esprit et de l'utopie desannées 1960, ce film affirme un principe visuel très construit et le titreFour détermine le cadrage de la composition sur ces fesses paradoxalement dématérialisées en un quadrillage abstrait.
Militante des droits de la femme, Yoko a également figuré au générique de plusieurs films sur la maltraitance des femmes, dontSatan's Bed, sorti en 1965.
Yoko étudie la musique dès son plus jeune âge dans une école maternelle spécialisée appelée « Jiyu-Gakuen ». Elle y apprend à écouter les sons de l'environnement et de la vie quotidienne et à les traduire en notations musicales, comme le fera plus tardJohn Cage. Dans son désir de transcrire les bruits de la nature, elle combine le mode de notation musicale occidental à des instructions, prélude aux "Instruction Pieces" qu'elle développe pour lapeinture et lasculpture, après avoir remarqué combien dans la musique, à la différence de l'art plastique, il y a une séparation entre la partition écrite par lecompositeur et l'interprétation qu'en fait lemusicien. Après avoir étudié au « Sarah Lawrence College », où elle chante deslieder allemands et des airs d'opéra, elle rencontre les compositeursEdgar Varèse,Morton Feldman etJohn Cage qui dès la fin des années1950 l'encouragent à se lancer dans la direction qu'elle souhaite emprunter. Elle pénètre le monde de l'avant-garde musicale avec son premier mari,Toshi Ichiyanagi, un jeune musicien et compositeur japonais qui gagne sa vie comme copiste de partitions pour des compositeurs. Tous deux s'installent àManhattan, dans un loft sur Chambers Street, qui devint, au début des années1960, le théâtre de nombreuses performances artistiques et de concerts avecLa Monte Young,John Cage etGeorge Maciunas.
La musique de Yoko a souvent été qualifiée par ses détracteurs comme une litanie de cris, d'autant plus insupportable que l'artiste avait à leurs yeux semé le germe de la rupture entre lesBeatles avec l'expérimentalRevolution 9. Les cris émis par Yoko dans ses performances vocales traduisent le conflit culturel qui la marquait depuis son enfance, partagé entre Orient etOccident, leJapon et lesÉtats-Unis, où elle fut élevée entre un père qui vouait une admiration infinie à Bach, Beethoven et Brahms et une mère qui jouait de plusieurs instruments traditionnels japonais. Ils sont aussi révélateurs de l'importance qu'elle accorde au corps comme instrument primordial, vecteur d'émotions musicales. Yoko exploite le spectre de la voix de manière unique. Elle devait devenir par la crudité de sa voix, le recours à l'improvisation et aufree jazz, une des sources occultes durock expérimental.
En 1982, Yoko publieIt's Alright (I See Rainbows), dégageant une ambiance plus positive que son précédent. L'album connaît un succès mineur dans les charts et deux de ses chansonsMy Man etNever Say Goodbye seront publiées en single.
En 1984,Every Man Has A Woman Who Loves Him, un album comportant une sélection de chansons de Yoko, interprétées par des artistes tels qu'Elvis Costello,Roberta Flack,Eddie Money,Rosanne Cash etHarry Nilsson est commercialisé. Ce fut l'un des projets que John ne put jamais terminer. Plus tard, dans la même année, le dernier album posthume de John et Yoko dans la veine deDouble Fantasy,Milk And Honey est publié.
Pour promouvoir l'album, Yoko entame sa première tournée mondialeWorld Tour For Starpeace, visitant les pays de l'Est dans lesquels elle sentait devoir proclamer son message de paix. À cette occasion, elle repasse par leHilton d'Amsterdam où elle accorde des interviews aux journalistes, installée sur le lit où John et elle ont fait leur premier Bed-In, dix-sept ans plus tôt. Sur scène, en plus de son propre répertoire, elle interprète quelques-unes des chansons les plus connues de son mari dont le célèbreImagine.
En 1991, elle crée, avec son fils Sean et le chanteurLenny Kravitz, lePeace Choir. À cette occasion, ils enregistrent, avec de nombreux autres artistes, une reprise deGive Peace a Chance pour protester contre laGuerre du Golfe. L'année suivante, Yoko signe un contrat avec la maison d'éditionRykodisc afin de publier d'un coffret de six disquesOnobox, résumé de sa carrière musicale, agrémenté de maquettes et de chansons inédites. Une compilatonWalking On Thin Ice sort également. En 1995, elle retourne en studio pour l'enregistrement deRising, une collaboration avec son fils Sean et son groupe IMA. Cet album engendre une tournée mondiale qui passe par l'Europe, le Japon et les États-Unis. L'année suivante, elle collabore avec les DJs américainsCibo Matto, Ween Tricky etThurston Moore pour l'élaboration d'une version remix,Rising Mixes.
En 1997, Rykodisc édite tous les albums de Yoko endisque compact. Yoko et l'ingénieur du son Rob Stevens supervisent la remastérisation des bandes originales et des bonus sont également ajoutés (démos, prises alternatives, inédits et versions lives). L'année 2001 voit la sortie de l'albumBlueprint For a Sunrise, qui reprenant le thème d'un esprit féministe engagé, déjà abordé dansApproximately Infinite Universe etFeeling The Space.
En 2002, les DJ américains (Pet Shop Boys, Orange Factory, Peter Rauhofer,Danny Tenaglia) commencent à travailler sur un projet consistant à remixer le répertoire de Yoko pour des clubs de dance. Pour cela, Yoko supprime son prénom qui devient simplement ONO, une réponse ironique à la phrase :« Yoko Ono Oh No! », une plaisanterie qui l'a poursuivie tout au long de sa carrière. Le projet connaît un grand succès, confirmé en avril 2003, avec une nouvelle version deWalking On Thin Ice des Pet Shop Boys, qui atteint la première place du Billboard, faisant de ce single le premier numéro un de Yoko. Elle revient à la première place en avecEveryman...Everywoman....., une version de la chansonEvery Man Has A Woman Who Loves Him dont les paroles sont modifiées afin de soutenir les mariages gays.
Depuis le début desannées 1960, Yoko a milité pour la paix et la défense desdroits des femmes. Après leur mariage, John et Yoko utilisèrent leur célébrité pour promouvoir la paix dans le monde avec leur célèbreBed-In durant leur lune de miel à l'hôtel Hilton, àAmsterdam en. Les médias du monde entier les tournèrent en ridicule, mais en parlant de l'événement, la presse évoque systématiquement le message du couple. Le « Bed-In » deMontréal, en, voit l'enregistrement de leur premier singleGive Peace a Chance, un hymnepacifiste composé par le couple. Présenté àVienne et inventé par Yoko en 1962, le « Bagism », caché à la vue des spectateurs, stimulait leur imagination et, en dissimulant les apparences, rendait accessible la réalité intérieure. Le couple réalise plusieurs performances de Bagism entre 1968 et 1971, le sac devenant le symbole de leur désir d'intimité et une contestation duracisme.
Dans les années 1970, John et Yoko participèrent à de nombreuses manifestations politiques en faveur de diverses personnalités telles queBobby Seale,Jerry Rubin, Michael X,Angela Davis,Kate Millett etDavid Peel. Le, le couple se produisit aux côtés deStevie Wonder,Phil Ochs etCommander Cody, lors d'une manifestation à Ann Arbor, dans le Michigan, contre l'incarcération de John Sinclair, leader du White Panther Party, arrêté et condamné à dix ans de réclusion en pour détention de deux joints de marijuana. Ils apparaissent également dans l'émissionMike Douglas Show qu'ils coprésentent pendant une semaine, où ils abordent les thèmes du racisme du sexisme.
En 2002, Yoko inaugure sa propre récompense de paix en donnant 50 000 dollars (31 900 £) aux artistes vivants dans les régions en conflit. Les artistesisraéliens etpalestiniens sont les premiers destinataires. Le, le jour de laSaint-Valentin et à la veille de l'invasion irakienne par les Américains et les Anglais, elle entend parler d'Andrew et Christine Gale, un couple menant une protestation au lit dans leur chambre à coucher àAddingham dans leYorkshire de l'Ouest, enAngleterre. Elle envoie alors des fleurs au couple en leur souhaitant le meilleur pour leur campagne.
Le, Yoko crée une publicité qui est publiée dans l'édition duNew York Times contenant le mot "IMAGINE PEACE".
En, lorsque Yoko arrive en Angleterre, elle contactePaul McCartney pour lui demander une partition originale desBeatles à ajouter à la collection deJohn Cage. McCartney refuse et lui suggère de s'adresser directement à Lennon. Ce dernier lui offre plus tard les paroles manuscrites de la chansonThe Word, qui seront ensuite reproduites dans le livre de Cage,Notations, publié en 1969[19].
Yoko a souvent discuté avec Paul McCartney au sujet des crédits d'écriture pour beaucoup de chansons desBeatles. Quand les Beatles étaient encore ensemble, chaque chanson écrite par Lennon ou McCartney, indépendamment de celles qui apparaissent sur le premier album du groupePlease Please Me étaient créditées comme Lennon-McCartney, que la chanson soit une collaboration ou un projet solo. Après la mort de Lennon, McCartney essaya de changer l'ordre en McCartney-Lennon pour des chansons telles queYesterday et seulement si elles avaient été écrites par lui-même, mais Yoko s'y opposa. Elle dit qu'elle pensait que ceci casserait l'accord que les deux avaient conclu tandis que Lennon était encore vivant. Cependant, McCartney a déclaré qu'un tel accord n'avait jamais existé. Les deux autres Beatles sont convenus que les crédits devaient rester les mêmes car ils l'avaient toujours été ainsi et Paul retira sa demande. Cependant, une dispute refit surface en 2002. Sur son album enregistré en live,Back In The World, 19 chansons des Beatles sont décrites comme étant écrites par Paul McCartney etJohn Lennon. Cependant, sur certains albums réalisés en solo, la mention Lennon-McCartney a également été modifiée pour des chansons des Beatles. En 1976, Paul sorti un autre album live intituléWings Over America dans lequel plusieurs chansons des Beatles sont créditées de cette manière :P. McCartney - J. Lennon. De même en 1998 surThe John Lennon Anthology etLennon Legend, les crédits de la chansonGive Peace a Chance sont attribués uniquement à John Lennon, au lieu des originaux qui étaient :Lennon-McCartney.
En 1995, McCartney et sa famille collaborèrent avec Yoko etSean Lennon pour créer le morceauHiroshima Sky is Always Blue, pour marquer le cinquantième anniversaire dubombardement atomique de la ville d'Hiroshima. Au sujet de Yoko, McCartney déclara :« J'ai pensé qu'elle était une femme froide. Je pense que c'est faux, elle est juste le contraire. Je pense qu'elle est simplement plus déterminée que la plupart des personnes à être elle-même. » McCartney n'invite pas Yoko aux funérailles de sa femmeLinda McCartney en 1998.
Le, lorsque McCartney parla de Yoko durant l'émissionThe Howard Stern Show, il dit :« Nous n'avons jamais eu la meilleure relation du monde, ça c'est sûr. Mais nous oublions complètement ça quand nous devons être ensemble. » Il admit plus tard qu'il serait peu disposé à parler du traitement deJulian Lennon, craignant qu'il ne blesse leur rapport d'affaires.
Kyoko Chan Cox, née le, fille de Yoko et du cinéaste Anthony Cox et demi-sœur deSean Lennon, a passé ses premières années en étant entourée d'artistes, de musiciens et de réalisateurs de films. Anthony Cox l'éleva seul de 1965 à 1969 après que Yoko se fut séparée de lui. Ils divorcèrent en.
En 1971, tout en étudiant avec le gourouMaharishi Mahesh Yogi àMajorque, Cox accusait Yoko d'avoir enlevé Kyoko dans son hôtel. Un grand nombre d'accusations ont été alors faites par les parents vers l'un et l'autre et sur les droits de la garde parentale. Cox s'est par la suite installé àHouston, auTexas, et se convertit au christianisme évangélique avec sa nouvelle épouse, qui venait à l'origine de Houston. À la fin de 1971, une audition concernant la garde alla à l'encontre de Cox. En violation de l'ordre, il enleva Kyoko et disparut. Yoko se lança alors à la recherche de sa fille à l'aide de la police et d'investigateurs privés. Yoko écrivit une chanson au sujet de sa fille,Don't Worry Kyoko (Mummy's Only Looking For Her Hand In The Snow), qui apparut sur l'album live de John et Yoko,Live Peace In Toronto 1969 et en face B du single du Plastic Ono Band,Cold Turkey.
Cox se réfugia àLos Angeles où il vécut avec un ami qui était associé à l'égliseChurch Of The Living Word. Il rejoint le groupe en 1972 et vécut par la suite dans diverses communautés liées au groupe enCalifornie. En 1977, Cox quitta le groupe. En 1978, il resta avec Kyoko dans la communauté duJesus People USA à Chicago.
Après lemeurtre de John Lennon le, Cox, avec Kyoko (qui avait alors dix-sept ans), envoya un message de sympathie à Yoko mais ne lui indiqua pas leur adresse. Plus tard, Yoko écrit une lettre ouverte à l'attention de Kyoko en lui disant combien elle lui manquait mais qu'elle cessait ses tentatives pour la retrouver.
Kyoko réapparut en 1986, participant, en tant que productrice associée, à un film documentaire de Cox au sujet de sa participation au sein de la « Church Of The Living Word » intitulé,Vain Glory. Cox refit surface en public la même année, mais Kyoko ne le fit pas.
En 1994, Kyoko, alors adulte et mariée, rétablit une relation avec sa mère qui a pour conséquence une réunion en 2001. La fille de Kyoko, Emi, rencontra alors sa grand-mère pour la première fois. Bien que Kyoko évite la publicité, elle accorda tout de même une interview où elle déclara que ses retrouvailles avec Yoko furent très heureuses et qu'elles restaient régulièrement en contact depuis ce jour.
Kyoko a fait une apparition en public en, à l'ouverture de la pièce musicaleLennon, The Musical.
Kyoko vit actuellement dans leColorado. Elle se consacre à sa famille tout en poursuivant sa carrière d'artiste.
En 2016, Yoko Ono a installé leSkylanding, Sculpture by Yoko Ono, une sculpture monumentale en acier représentant des pétales delotus, dans un parc deChicago[20]. LeSkylanding se trouve dans le jardin japonais deGarden of the Phoenix àJackson Park[21], un des plus beaux parcs de Chicago. Ce don fait à la ville de Chicago est sa première œuvre d'art publique permanente sur le continent américain.
1982 : Grammy Award dans la catégorie « meilleur album de l'année » pourDouble Fantasy.
2001 : Grammy Award dans la catégorieThe Best Long Of Music Video pour la production du film-documentaireGimme Some Truth: The Making Of John Lennon Imagine's album.