Xinjiang (新, xīn, « nouveau » et疆, jiāng, « frontière, territoire limitrophe ») signifie littéralement « la nouvelle région frontière ». Ce nom fut donné à cette région vers1760, lors de sa conquête par lesMandchous de ladynastie Qing, lorsque l'empereurQianlong décide de placer laculture ouïghoure sous sa protection personnelle, à la fin de laguerre Dzoungar-Qing (1687-1758), opposant les Mandchous et Mongols orientaux aukhanat mongol dzoungar qui la contrôlaient alors[7].
Ladépression de Tourfan abrite le point le plus bas de la Chine à 155 mètres sous le niveau de la mer. À sa frontière avec le Pakistan se trouve leK2, second point le plus élevé du globe à 8 611 mètres. Géologiquement jeune, cette région est une zone sismique de forte intensité.
AuXVIIe siècle elle est appeléeDzoungarie du nom des peuples mongols qui la contrôle, puis est appelée Xinjiang lorsque les Mandchous font la conquête de la région à la fin de laguerre Dzoungar-Qing (1687 — 1757)[7].
Ces appellations sont encore parfois utilisées, notamment l'appellationTurkestan oriental par les indépendantistes, mais le gouvernement chinois les rejette[9].
La région autonome Ouigour du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine actuelle, géographiquement et démographiquement appartient à la partie est de l'Asie centrale, elle n'est séparée de l'Asie centrale de l'ouest que par le Pamir et l'Hindu Kush[10]. Des témoins archéologiques nombreux et convergents, dont les célèbresmomies du Tarim, indiquent la présence de populations de type européen dans les cimetières à l'ouest duLob Nor, à Qäwrighul, datés parradiocarbone, et la plupart d'entre eux sont concentrés entre 2100-1500AEC. De nombreuses similitudes les rapprochent de laculture de Siba (1900-1500 AEC) auGansu, dans lecorridor du Hexi. Cependant ils s'en distinguent d'abord par leur plus grande ancienneté. D'autre part la conservation des corps et des matières végétales a permis d'identifier que ces populations étaient vêtues de tissus d'origine végétale ou animale (laine) et de coiffes de feutre. Les offrandes funéraires comportaient du blé (qu'ils cultivaient) et des ossements de moutons ou chèvres, de bœufs, de chameaux, de daims et de mouflons ainsi que certains oiseaux, ces animaux étant élevés ou chassés, à proximité des rivières dans lesquelles la pêche était pratiquée. Les objets métalliques découverts dans ces dépôts funéraires sont rares mais comptent des objets de cuivre pur, tandis que certaines marques sur des objets de bois indiquent aux archéologues qui ont fait les fouilles que ceux-ci ont été travaillés avec des herminettes de bronze.
Un site semblable, un cimetière aussi, a été découvert près de la rivière Tieban, à proximité du Lob Nor, qui a révélé le corps momifié d'une femme, daté par radiocarbone de 3 800 ans (vers 1800 AEC). Son corps était recouvert d'un tissu. Comme les dépôts funéraires ne contiennent aucun fragment de céramique il est difficile de montrer les liens qui unissaient ces deux populations du Lob Nor. Cependant l'apparence physique des corps est de type européen, mais aucun savant ne conteste leur affiliation avec l'ensemble des populations steppiques :culture d'Afanasievo (3300/3200-2600/2400)[N 1] (troisième/second millénaire avant notre ère) etAndronovo (second millénaire avant notre ère) que l'on trouve dans les steppes de l'est du Kazakhstan et du sud-ouest de la Sibérie[11]. Certains objets et les animaux de Qäwrighul présentent des caractéristiques propres à la culture d'Afanasievo, il en est de même des détails vestimentaires et objets métalliques et de la structure des cimetières. Tout ceci confirme l'apport des cultures d'Asie centrale à la Chine, par le site deTianshanbeilu, lui aussi à l'est du Xinjiang, et par le corridor de Hexi, dans les cultures deSiba etQijia : en particulier la pratique du bronze et l'agriculture du blé qui étaient inconnues en Chine d'alors[N 2].
Différentes études depaléogénétique ont confirmé que les populations de la culture d'Afanasievo possèdent des génomes remarquablement identiques à ceux de laculture Yamna, contemporaine dans lasteppe européenne à plusieurs milliers de kilomètres de là. Ces résultats suggèrent que la culture d'Afanasievo est directement issue d'une migration d'un groupe de la culture de Yamna, sans intermédiaire et sans aucun mélange avec d'autres populations[13],[14],[15]. Dans l'ensemble, les populations du Xinjiang de l'âge du bronze présentent une grande diversité et des affinités génétiques régionales avec les populations des steppes et du nord-est de l'Asie, ainsi qu'une connexion sibérienne ancienne et profonde pour les individus Xiaohe dubassin du Tarim[16]. Outre le lien avec la culture Afanasievo, les études archéologiques ont révélé des liens avec la culture Chemurchek (~ 2750 à 1900 avant notre ère) présentes dans les montagnes de l'Altaï. Il existe alors une connexion centre-ouest asiatique avec le Xinjiang par le couloir montagneux d'Asie intérieure, qui a probablement introduit des plantes importantes pour l'agriculture, telles que leblé et l'orge, et une connexion est-asiatique par lecorridor du Hexi, qui a introduit lemillet dans le Xinjiang. La métallurgie a également traversé le Xinjiang depuis l'Asie centrale vers l'Asie de l'est[17]. Les populations de l'âge du bronze dans l'est du Xinjiang partagent un lien culturel avec les Asiatiques de l'est de la région duGansu et duQinghai (Gan-Qing) dans le nord de la Chine[16].
À l'âge du fer (IA; ~ 1100 à 200 avant notre ère), les mélanges liés aux steppes et au nord-est de l'Asie s'intensifient, les populations du nord et de l'est du Xinjiang montrant plus d'affinité avec les populations du nord-est de l'Asie et celles du sud du Xinjiang montrant plus d'affinité avec les asiatiques centraux[16]. Pendant cette période, des groupes nomades de la steppe eurasienne affectent différentes régions du Xinjiang. Un de ces groupes sont lesScythes, une confédération de plusieurs populations, telles que les Tagar, Pazyryk ou lesSakas[16]. Dans la région, les premiers objets de fer apparaissent vers 1100av. J.-C. Ils sont associés à ces nomades des steppes que sont les Sakas ou les Scythes[17].
Les caractéristiques régionales de certaines populations du Xinjiang, en particulier la différenciation entre le sud-ouest et le nord-est du Xinjiang, suggèrent que l'âge du fer est une période très interactive. À partir de 200 avant notre ère, laroute de la soie passant par le Xinjiang devient influente et facilite les migrations de population à travers l'Eurasie[16].
La vallée de laKeriya,fleuve qui se perd actuellement dans le centre duTaklamakan (mais qui servait dans l'Antiquité de voie de communication jusqu'à l'oasis deKucha), a livré les traces abondantes et bien conservées d'une ville, Karadong, (Ve siècle -IIIe siècle avant notre ère) et d'une cité fortifiée dont le cimetière est daté du milieu duIer millénaire avant notre ère[N 3], et dont les habitants n'ont pas de traits mongoloïdes, tout comme ceux de l'Asie centrale, du Xinjiang en général et de la Mongolie occidentale[20]. Des bronzes animaliers, un tapis de selle et un chapeau de feutre pointu aux appliques polychromes, ainsi que des bois sculptés de la ville antique la rattachent à laculture des steppes desScythes de laSibérie du sud et duKazakhstan[21]. Les restes de vêtements et autres tissus, réalisés apparemment par les femmes[22] et préservés par le désert, montrent la maîtrise et la créativité de ces populations ainsi que le commerce lointain qui existait pour des colorants précieux. Quant aux activités agricoles de ces populations : il s'agit d'agro-pasteurs (élevage dechèvrescachemire attesté[23]) sédentaires qui pratiquaient l'irrigation et cultivaient des céréales telles que le millet – dont les premières cultures sont apparues en Chine au cours de laPréhistoire, dans les premiers sites Néolithiques de Chine – et le blé, mais aussi l'orge[24] : deux céréales dont l'origine en Chine est parvenue dans laculture de Majiayao par l'Ouest. Enfin les pratiques funéraires de Djoumboulat Koum sont celles d'une société hiérarchisée, mais moins bien que celle desScythes : aucune richesse comme celles que l'on trouve dans lestumuli, et l'éloignement des ressources minérales, de la pierre et des métaux est nettement visible. Cependant le travail complexe du bois, de la peau et des fibres textiles témoigne d'autres moyens de rendre hommage aux défunts. Sur la nature des croyances plusieurs interprétations sont possibles, la question d'unchamanisme possible en raison de la proximité avec la Sibérie, et la présence d'indices, interprétés avec réserve dans ce sens, d'une religion mazdéenne[25] : en conséquence l'interrogation demeure sur les croyances de ces populations[26].
Quant à la cité du début de notre ère, contemporaine deMiran auLob Nor, elle contient les restes des deux plus anciens sanctuaires bouddhiques du Xinjiang datés par radiocarbone de la première moitié duIIIe siècle de notre ère. Les peintures représentant leBouddha n'ont de parenté qu'avec les poses du Bouddha dans l'art gréco-bouddhique auGandhara (nord-ouest de l'Inde) ou àHadda (en Afghanistan). Dans les plis de la robe monastique le drapé évoque l'himation des Grecs, aux plis presque verticaux comparés aux plis complexes en usage en Chine à cette époque. Ce qui correspond bien aux premiers temps de développement de l'art bouddhique sur les routes commerciales de l'Asie depuis lemonde indien et en contact avec lemonde hellénistique.
L'empire kouchan a été le berceau d'une riche culture picturale dont lesgrottes de Kizil gardent les traces prestigieuses : les plus anciennes grottes à peintures murales de Chine, monastères bouddhiques sur laroute de la soie.
Route de la soie, depuis les Han jusqu'à l'époque Tang
Le Xinjiang est associé à la langue indo-européenne éteinte desTokhariens, attestée de 500 à 900 de notre ère dans le centre du Xinjiang sur la base de manuscrits anciens. En général, les archéologues considèrent cette langue comme étant associée aux populations venues dans la région lors de laculture d'Afanasievo. Lekhotanais, une autre langue ancienne associée à la famille deslangues indo-iraniennes, a été observée pour la première fois dans des documents anciens sur le site de Niya (200 à 500 de notre ère),Hotan, au sud du bassin de Tarim. La langue khotanaise est associée à l'expansion desSakas vers 200 avant notre ère dans la région du Xinjiang. Les études paléogénétiques confirment l'affinité génétique entre de nombreuses populations du Xinjiang de l'âge du fer et du premier millénaire de notre ère avec les Sakas, suggérant leur présence généralisée au Xinjiang[16].
Situés sur l'actuelleMongolie, lekhaganat ouïgour (744-848) est une civilisation importante dont la culture rayonne sur ses voisins et une grande partie de la Sibérie. Les Ouïghours, alors alliés des Chinois de ladynastie Tang, les aident à reprendre leur capitale, Chang'an (actuelleXi'an) à l'Empire du Tibet (629-877), en757. LekhanBögü desOuïghours se convertit aumanichéisme en762.
Royaume Ouïgour deGaochang (blanc entouré de vert) à l'époque de ladynastie Song du Nord (960-1127).
De précieux manuscrits datant de la fin duIer millénaire ont été trouvés au Xinjiang et au Gansu, au nord-ouest de laChine : superbes enluminures deGaochang près deTourfan. Le sinologuePaul Pelliot a également découvert dans lesgrottes de Mogao àDunhuang d'importants textes religieux manichéens ou des formes mobiles d'imprimeries ouïgours. On y trouve sur plusieurs siècles des textes, peintures et imprimés des empires notamment Ouïghours, tibétains,Sogdiens et han des Tang, signe des importants échanges entre ces civilisations, qui ont permis de retracer une grande partie de leurs histoires.
Ils sont attaqués dans les années 920 par lesQarakhanides, musulmans détestant le bouddhisme qui est pratiqué par les Ouïgours, vu comme des idolâtres par cettereligion abrahamique, et sont défendus par lesTangoutes[28].
Pourtant, le règne des Ouïgours souffrit d'exceptions notables. Les nombreuses ethnies turques remirent en cause leur pouvoir, et les contraignirent à recourir à la protection des populations mongoles,tangoutes et chinoises. Toutefois, la poussée des ethnies turques eut raison de ce protectorat : ils introduisirent l'islam au Xinjiang lors desXe et XIe siècles, et l'installèrent durablement. Le mausolée deTughlugh Timur(en) fondé en 1363 en est l'un des plus anciens témoins.
L'empire Qing sous les règnes deKangxi et deQianlong a mené plusieurs campagnes militaires contre lesDzoungars. Les victoires qu'ont remportées ces empereurs mandchous ont pour conséquence l'incorporation complète de la région à l'État chinois en1759, après leur victoire contreDawachi. La partie orientale de la région contenantÜrümqi, appelé Dihua à l'époque, est alors devenue une partie de la province duGansu.
Durant l'antiquité, les Chinois désignent la région par le motXiyu (« région occidentale »). Aux alentours de 1760, la région obtient le nom de « nouvelle frontière » (Xinjiang en chinois,Ice Jecen enmandchou), l'empereur décide de placer laculture ouïghoure sous sa protection personnelle[7].
En 1820, sous la gouvernance desMandchous de ladynastie Qing, cette région est plus vaste, lesEuropéens l'appellentTartarie chinoise, les Chinois, Hui bu (回部, huí bù, que l'on peut traduire par « partie musulmane », en référence aux pratiques religieuses de cette région et auxHui, ethnie musulmane chinoise), et les Mandchoushoise jecen (ᡥᠣᡳ᠌ᠰᡝ ᠵᡝᠴᡝᠨ, ayant la même signification).
Une importante partie, au nord duTian Shan, est appeléeTianshan bei lu (天山北路, « route nord du Tian Shan »), correspondant à laDzoungarie, tandis-qu'au sud du Tian Shan, la région appelée par les Européens petite Boukharie (en référence àBoukhara), est appelée par laChine impériale,Tianshan nan lu, (天山南路, route sud du Tian Shan), et comprend le sud de l'actuel Xinjiang, et une partie des plateaux de l'actuellerégion autonome du Tibet au sud.
En1877, l'empire Qing a repris le contrôle de la plus grande partie du Xinjiang, ce qui est confirmé par letraité de Saint-Pétersbourg de 1881. Cette région est alors érigée en province sous le nom de Xinjiang, le. Le centre administratif de la région est transféré d'Ili àÜrümqi.
Yuan Dahua, dernier gouverneur du Xinjiang de la dynastie Qing, fuit à la révolution leseigneur de guerreYang Zengxin ; un de ses subordonnés prend le contrôle de la province sous legouvernement de Beiyang. Les pays voisins revendiquent l'appartenance de bouts de ce territoire.
République soviétique sur la carte actuelle de la Chine.
Unerépublique soviétique du Turkestan oriental, est déclarée au nord du Xinjiang cette fois. Appuyée par l'Union soviétique dont elle devient unétat satellite[8], elle dure cinq ans, du au, autour de trois villes du nord du Xinjiang, principalement Kazakhes et Mongoles, se terminant après la déclaration de larépublique populaire de Chine le, après que ses dirigeants ont disparu dans un mystérieux accident d'avion près dulac Baïkal, en Union soviétique, en se rendant à une réunion avec le dirigeant chinoisMao Zedong.
Région autonome de la république populaire de Chine
La région autonome ouïghoure du Xinjiang[29],[30],[31] est instaurée le[32] en remplacement du statut de province. La mise en place d'une région autonome s'inscrit dans la politique du gouvernement central, visant à donner plus d'autonomie et de pouvoirs aux régions à forte population de minorités ethniques, comme laMongolie-Intérieure, leTibet, leNingxia et leGuangxi.
De 1964 à 1996, la Chine fait exploser quarante-six bombes nucléaires sur le site deLob Nor au Xinjiang. Depuis son ultime essai atmosphérique le, la Chine se conforme dans les faits autraité d'interdiction partielle des essais nucléaires et a officiellement annoncé l'arrêt définitif desdits essais le. De plus, elle a annoncé un moratoire sur les essais souterrains à partir du puis a signé letraité d'interdiction complète des essais nucléaires le de la même année[33].
Selon des opposantsouïghours à l'étranger, lesretombées radioactives ont créé en trente-cinq ans un désastre écologique, polluant les sols, l'eau, les plantes et la nourriture, ce qui aurait entraîné la mort de 200 000 personnes[34]. Pourtant, le Lop Nor, depuis les alentours de 1920 où les peuplades ouïghoures ont fui le bassin à la suite d'unepeste qui les décimait, n'a plus connu de peuplement permanent[35].
Depuis 2017, sous la responsabilité de Xi Jinping, descamps de travail forcé du Xinjiang (Laogai) sont installés au Xinjiang. Leur appellation officielle est « centres d'enseignement et de formation professionnels »[37]. Human Rights Watch affirme qu'ils ont été utilisés pour endoctriner des Ouïghours et d'autres musulmans depuis 2017 dans le cadre d'une « guerre populaire contre le terrorisme », une politique annoncée en 2014[38].
La Chine dément l'existence de ces camps avant d'en reconnaître officiellement l'existence en octobre 2018 sous le nom de« camps de transformation par l’éducation ». Elle les décrit comme des centres de formation professionnelle, avec pour objectif de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme musulmans. À l’étranger, plusieurs pays et ONG qualifient ces camps decamps de concentration et soulignent des conditions de détention portant atteinte aux droits humains. D'autres pays soutiennent ouvertement la Chine, affirmant qu’elle lutte efficacement contre le terrorisme. De plus, les camps d'internement du Xinjiang ont été comparés à plusieurs reprises aux méthodes d'endoctrinement mises en œuvre pendant larévolution culturelle chinoise[39],[40],[41],[42],[43],[44].
En 2021, un blogueur chinois Han a diffusé une vidéo de vingt minutes dans laquelle il identifie plus d’une quinzaine de lieux de détention où sont internés des Ouïgours au Xinjiang[48].
Depuis 1949, la Chine a mené une véritable politique de peuplement pour mieux contrôler la région et rendre progressivement impossible toute possibilité d'indépendance[49]. Alors qu'en 1949 la région ne compte que 200 000 Hans (l'ethnie majoritaire en Chine), ils sont presque dix millions en 2015, soit un nombre légèrement inférieur à celui desOuïghours[50]. Cette politique de peuplement n'est pas sans provoquer de nombreux heurts communautaires[51] :
: une manifestation pour la libération de trente dignitaires religieux arrêtés par la police à la veille du Ramadan à Guldja (en chinois :Yining), sont réprimées violemment par la police et l'armée. S'ensuivent des émeutes qui font des dizaines de morts et des centaines de blessés parmi les Ouïgours (voirGuldja)[52].
l'Attentat d'Ürümqi de 1997 a lieu le à18 h 30 dans plusieurs bus publics de la ville, faisant neuf morts dont trois enfants et97 blessés. Une quatrième posée dans la gare ne détonne pas[53],[54].
janvier 1999 : vingt-neuf Ouïgours sont arrêtés, accusés d'avoir organisé des émeutes contre Pékin. Deux de ces Ouïgours sont exécutés le.
juillet et août 2004 : exécution de quatre hommes pour « atteinte à la sécurité de l'État ». Pendant tout l’été, les arrestations d’adultes et d’enfants se sont multipliées (en particulier dans le district de Khotan) pour « activités religieuses illégales ».
: les armées chinoise et pakistanaise envoient environ200 soldats dans la région de Taxkorgan, près de la frontière avec l'Afghanistan afin d’« améliorer la capacité à combattre ensemble le terrorisme et à contenir et réprimer les forces séparatistes, extrémistes et terroristes »[55].
: un attentat àKachgar contre un poste de police fait16 morts[56].
: un attentat à l'explosif àKucha contre un poste de police fait11 morts.
: un attentat suicide à l'explosif dans un immeuble d'Urumqi tue le kamikaze et blesse deux employés présents dans la pièce[57].
juin 2013 : selon l’agence Chine nouvelle « une foule d’émeutiers armés de couteaux » attaque les bâtiments officiels dans le village de Lukeqin à proximité de la ville touristique de Turfan[59]. Ces violences, qui ont fait35 morts, sont imputées par les autorités chinoises à une « action terroriste »[60]. Par contre, Radio Free Asia, basée aux États-Unis, annonce un bilan de46 morts, dont11 émeutiers[61]. La majorité des victimes sont d'origine ouïgoure[62].
à la fin du ramadan en juillet 2014, une centaine de personnes auraient été tuées. Les autorités chinoises évoquent des terroristes[63].
Dans lesannées 2010, des centaines de milliers de musulmans pratiquants ouïghours etkazakhs passent par des camps de rééducation chinois.[réf. nécessaire] Selon des témoignages d'anciens détenus, l'idéologie communiste serait inculquée aux détenus qui subiraient des tortures et seraient forcés à manger du porc et à boire de l'alcool[64],[65]. En mars 2017, le gouvernement chinois interdit le port duvoile islamique pour les femmes et le port de barbes considérées comme « anormales » pour les hommes[66]. En avril 2017, il interdit pour les nouveau-nés l'adoption de29 prénoms musulmans, dontMohammed, (en soi, des patronymes arabes) sous peine que les enfants concernés ne se voient refuser l'obtention duhukou[66]. Deux ans plus tôt, le Tadjikistan, un pays en Asie centrale composé à 95 % de musulmans, avait mené une politique semblable pour lutter contre l'islam radical[67],[68],[69].
D'après le recensement national de 2010, le chiffre de la population du Xinjiang était de 21 815 815 habitants, contre 18 459 510 en 2000 et 15 156 880 en 1990[70].
Selon le dernier recensement, la population de ces ethnies pratiquant en général la religionmusulmane, qui est également la principale religion desHuis, est d'un peu plus de onze millions, parmi lesquels les8,68 millions de Ouïghours constituent la majorité.
Pékin a considérablement renforcé les mesures de surveillance et ouvert des « centres de formation professionnelle » pour les personnes soupçonnées de radicalisation islamiste, au nom de la lutte contre le terrorisme, l'islamisme et le séparatisme[71].
Les neuf millions d'autres habitants de la région sont en majorité desHans. La proportion de Hans dans la population de la région est passée de 6 % en 1949 à plus de 40 % en2006 (chiffre sous-estimé car il ne comprend pas lesmingongs et les militaires)[8]. Un autre chiffre (2015) évalue rétrospectivement la population Han à 45 % dès 1988[72]. Ils vivent surtout dans les villes.
La province du Xinjiang détient en 2012 le taux de croissance le plus élevé de Chine. En effet celui-ci était cette année-là de 1,08 %. Il est à comparer avec le taux national qui atteignait la même année 0,49 %.
Deslangues turciques, comme l'ouïghour et lekazakh sont parlées au Xinjiang. L'ili turki est une langue en voie d'extinction. Différents dialectes de l'oïrate sont parlés par des populationsmongoles. On y trouve aussi les seuleslangues iraniennes parlées en Chine, lesariqoli et lewakhi utilisés par lesTadjiks. Enfin, lemandarin est très présent, surtout dans l'administration et est obligatoire à l'école. C'est aussi la langue des militaires Chinois qui sont très présents au Xinjiang.
Le Xinjiang est réputé pour ses produits agricoles, en particulier lecoton. Le Xinjiang produit 85 pour cent du coton chinois et 20 pour cent du coton mondial[84]. Il produit aussi dublé, desraisins, desmelons, despoires, de lasoie, desnoix, desmoutons.
À la fin duXIXe siècle, la région produisait déjà de la soude, duborax, de l'or, desjades et du charbon[85]. Ses produits agricoles tels que les raisins, les melons, la soie sont célèbres en Chine impériale depuis au moins les Tang. Le jade du Xinjiang est travaillé depuis la Préhistoire, mais a été remis à l'honneur à l'occasion desJeux olympiques d'été de 2008, pour les médailles[86].
Le PIB de la région était d'environ28 milliards de dollars en 2004 puis soixante en 2008, notamment en raison de la politique chinoise de développement de ses régions ouest. Son PIB par habitant est19 893 yuans (2 864 $)[Quand ?]. Sontaux de croissance était de 10,5 % en 2010.
L'extraction de pétrole et de gaz naturel dans la région d'Aksou et deKaramay, en forte hausse, représente environ 60 % de l'économie locale[87].
Ses exportations ont été de19,3 milliards de dollars, pour des importations de 2,9 en 2008. En effet, le Xinjiang est la deuxième région pétrolière du pays avec 30% des réserves de pétrole prouvées du pays. En 2001, les gisements ont permis d'extraire14,7 milliards de barils. Pour le gaz, la région fournit également un tiers de la production nationale de gaz naturel du pays, ce qui équivaut à 3 100 milliards de mètres cubes[88].
La Chine a ouvert sa premièrezone franche àKhorgos, à la frontière avec le Kazakhstan[89]. Horgos est le premier port continental de l'ouest chinois, permettant un bon accès au marché des pays d'Asie centrale. D'autres zones franches ont été ouvertes autour de Bole, Shihezi, Tacheng, Urumqi et Yining.
De larges pans de l'économie appartiennent auxbingtuans (« brigades militaires » ou CPCX), structures contrôlées par l'armée chinoise créées en 1954. Les CPCS rassemblent1,9 million d'habitants, possèdent 1 500 groupes industriels, commerciaux ou de construction, deux universités, un tiers des surfaces cultivées, représentent un quart de la production industrielle, plus de la moitié des exportations. Lesbingtuans sont des leaders mondiaux duketchup[8].
Entre Ürümqi etTourfan, ainsi qu'à proximité deYining se trouvent deux grandes concentrations d'éoliennes[8].
Jusqu'en 2015, le gouvernement central a prévu d'investir chaque année au Xinjiang quatre cents milliards deyuans (quarante-cinq milliards d'euros). L'équivalent duPNB annuel de la région, à peu de chose près.
↑« Répression des Ouïgours : « Comme lors de la révolution culturelle, on assiste à un mépris de la religion et du sacré » »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
Mohammad-Reza Djalili et Thierry Kellner,Géopolitique de la nouvelle Asie centrale : de la fin de l'URSS à l'après-11 septembre, Paris,PUF,, 585 p., 24(ISBN2-13-053286-1).Thierry Kellner est spécialiste des relations entre la république populaire de Chine et les républiques d'Asie centrale
Ma Chine. Route de la Soie, Tibet, Hongkong à vélo, de François Picard (2008, éditions Artisans-Voyageurs). Le journaliste cycliste décrypte les problématiques régionales.
Gilles Béguin,L'art bouddhique, Paris,CNRS éditions,, 415 p., 32 cm(ISBN978-2-271-06812-5). Le bassin du Tarim fait l'objet d'une partie, une vue d'ensemble actualisée,pages 227-245.
Pierre Cambon, dir.,Afghanistan : une histoire millénaire : exposition, Barcelone, Centre culturel de la Fundacion "la Caixa" 2001, musée Guimet, 2002, France, Espagne, Réunion des musées nationaux,, 205 p.(ISBN2-7118-4413-7). Nombreux articles, entre autres surLeKafiristan ou les descendants d'Alexandre,laBactriane,L'artKouchan,Hadda,Bamiyan,L'Afghanistan et leTurkestan chinois (Xinjiang).
JacquesGiès,Sérinde, terre de Bouddha : Exposition. Paris Galeries nationales du Grand Palais. 1995-1996, Paris, Réunion des musées nationaux,, 430 p.(ISBN2-7118-3068-3).
LouisHambis, MoniqueMaillard, KrishnaRiboud, SimoneGaulier, RobertJera-Bezard et LaureFeugère,L'Asie centrale, histoire et civilisation, Paris, Imprimerie nationale,, 271 p., 33 cm, avec ill. et cartes dépl. en coul.
Loubes, Jean-Paul et Cartier, Michel,Architecture et urbanisme de Turfan : une oasis du Turkestan chinois, Paris, l'Harmattan,, 433 p.(ISBN2-7384-6452-1).
ChristopheMigeon, « Taklamakan : Des villes sous le sable(et) La course au trésor du Taklamakan »,Les cahiers de Science et Vie,no 148,,p. 39-49(ISSN1157-4887)
Pamela Kyle Crossley, « Pluralité impériale et identités subjectives dans la Chine des Qing »,Annales. Histoire, Sciences Sociales,no 3,,p. 597-621(lire en ligne).
Leçon de propagande chinoise en zone interdite, documentaire diffusé le surFrance 5.Présentation visible sur publicsénat, d'autres présentations possibles.
Chine, le drame Ouighour de François Reinhardt, diffusé le surArte.