LaVoie des Ardennes (ou l'Ardenneuse Voie) est l'un des axes de communication faisant partie d'un ensemble de routes et d'itinéraires qui constituent un réseau routier construit par laRome antique : lesvoies romaines.
Originellement, la voie des Ardennes était probablement l'axe d'Atuatuca Tungrorum, chef-lieu de laCivitas Tungrorum, actuellementTongres dans laprovince de Limbourg (Belgique), àAugusta Treverorum (Civitas du peuple desTrévires), actuellementTrèves (Allemagne).
Une partie de la voie des Ardennes est une liaison entre deux anciennes principautés duSaint-Empire romain germanique : laPrincipauté de Liège et laPrincipauté abbatiale de Stavelot-Malmedy.
La voie des Ardennes relie, à l'époque romaine,« l'Ardenne à lavallée mosane et à laHesbaye, passe parHam et Avister en empruntant un double gué à Féchereux. Une portion de cette route est encore matérialisée par un chemin forestier traversant le bois de Nomont. »[1].
AuMoyen Âge, la voie des Ardennes est empruntée par lesTempliers viaAngers, anciennementJuliomagus et mentionnée sous la dénomination deIuliomago sur laTable de Peutinger, pour atteindre le port deLa Rochelle[2].
EnBelgique, deTongres, enRégion flamande, en direction deHerstal, enRégion wallonne, la voie des Ardennes utilise la ligne droite de laChaussée Brunehaut[3],[4] qui traverseLiers etVottem, deux sections de la ville de Herstal. Elle devait ensuite descendre rue petite Foxhalle à Herstal[5] pour arriver au gué de l'île Monsin, étendue de terre isolée par laMeuse et la Naye[6], mais les terrils des charbonnages et les travaux des berges de la Meuse en ont fait disparaître toute trace à la Préalle, quartier de Herstal[7].
Pendant les crues de laMeuse, on attendait de part et d'autre de la rive côtéTongres àHerstal, côtéAix-la-Chapelle etTrèves àJupille. La voieTongres-Bitburg-Trèves empruntait le gué de la Meuse[8].
Le tracé utilise la très longue vallée deMoulins-sous-Fléron et monte le long de la Heid-des-Chênes (le versant des chênes) jusqu'àFléron[9]. La voie des Ardennes doit, à cet endroit, être commune avec la chaussée allant versAix-la-Chapelle qui, elle, empruntait la crête duplateau de Herve jusqu'àHenri-Chapelle[10], section de la commune belge deWelkenraedt.
On retrouve sa trace auflo des Trois-Chênes, étang comblé àRetinne[11], section de Fléron. Ensuite, desBatches (bacs)[12] àAyeneux, elle se dirige vers les Carmes de Wégimont[13]. Elle passe alors laMagne au Fond des Gottes[13] et emprunte la voie deTheux pour se diriger versSaint-Hadelin, ancienne dépendance de laPrincipauté abbatiale de Stavelot-Malmedy. Elle traverse la commune d'Ayeneux à Hotteux[14], puis se dirige vers Plate-Falise et leflo de Riessonsart[15]. Elle traverse ensuite la campagne de l’Oneux[16] pour emprunter le gué de Saint-Hadelin. Ce gué sera plus tard remplacé par un pont appelé Bonne-Hépont. De Saint-Hadelin, elle se dirige vers leflo deHansé, actuellemare de Hansé.
En passant à la Croix-Renard, lavoie des hêvurlins rejoint la voie des Ardennes àOlne[17] pour ensuite descendre versFraipont (section deTrooz) où il existe un gué romain sur laVesdre[18] en amont de la Vesdre àGoffontaine[19].
La voie des Ardennes utilise les territoires de laPrincipauté de Stavelot-Malmedy. DeFraipont, elle passe ensuite àBanneux,Deigné,La Reid (section deTheux),Desnié, village situé aux contreforts de la commune de Theux[20],Stoumont etLa Gleize (section de Stoumont). Les habitants de ces communes, ainsi que ceux de Roanne,Lierneux,Bodeux (section de la commune deTrois-Ponts) etRahier (section de Stoumont), appellent cette ancienne partie de la voie des Ardennes « voie des hêvurlins » car elle se dirige versHerve où se tient le grand marché[17].
ÀJupille-sur-Meuse,villa romaine, se trouve un des gués de laMeuse[21]. Partant du gué de la Meuse à Jupille, leflo (la mare)[22] de Jupille était situé place du Grand-Fossé, l'actuelle place des Martyrs.
La voie romaine, venant de Fays, traverse la rivière laHoëgne, anciennement appeléePoleda fluvium, puis rivière dePolleur ou rivière deTheux, au gué de Leys, à l'emplacement de l'actuel pont de la Hoëgne. La voie suit le Wayot, se dirige vers la Fagne Saint-Remacle et retrouve près deDeigné lachaussée romaine de Bavay à Cologne. Sur le territoire de Theux, la voie prend le nom de "réal chemin" (chemin royal)[23].
Enwallon, elle est appeléeÅgn'neûse võye. Dans leDictionnaire liégeois,Jean Haust précise : Årdène (Ardenne),ågneus (paysans, lourdauds) etÅd'neûs (Ardennais), avec influence deågne (âne)[25].
DansL'évolution topographique de la ville de Dinant au Moyen Âge, Josianne Gaier-Lhoest écrit :« [...] la voie des Ardennes via Herbuchenne n'était plus utilisée, mais nous n'avons aucune preuve de ce fait. »[26].
La voie des Ardennes, viaAngers, était l'une des six voies utilisées par lesTempliers pour atteindre le port deLa Rochelle où l'argent transita dès1269. Les cinq autres voies templières étaient« la voie de Bretagne, la voie d'Abbeville viaLe Mans, celle de Lorraine viaParthenay etTroyes, celle de Genève et celle du Rhône. »[2].
En1870, des trains de munitions contenant du matériel de guerre (dont« environ cinq millions de cartouches et vingt-cinq mille coups de canons ») sont dirigés par la voie des Ardennes à destination de l'armée deMetz[27],[28].
DansProcès du maréchal Bazaine : compte-rendu des débats du1er Conseil de guerre, édition de1874,François Achille Bazaine déclare :« L'ennemi paraît vouloir attaquer aujourd'hui le maréchalCanrobert placé àSaint-Privat. Je crains pour la voie des Ardennes. »[29].
DansÉpisodes de la guerre de 1870 et le blocus de Metz, François Achille Bazaine relate :« Si M. le Maréchal deMac Mahon avait fait prendre à son aide de camp la voie des Ardennes, il serait arrivé àMetz, et m'aurait renseigné sur les projets du Maréchal et sur les mouvements de l'ennemi dans cette zone ; il n'en fut rien malheureusement [...] »[30],[31].
DansLa guerre de 1870-71 : l'investissement de Metz, édition de 1907, les propos suivants de François Achille Bazaine sont relatés :« Par télégramme [...], le Ministre de la Guerre m'annonçait le départ de Paris pour Metz par la voie des Ardennes de 290 000 rations de pain qui auraient dû arriver hier et qui ne sont point parvenues »[32].
Dans l'édition de1927 de son ouvrageDestructions et dévastations au cours des guerres : réparations, Robert Normand estime« nos destructions sans méthode, à la fois exagérées et très insuffisantes, au moins en ce qui concerne le rayon des forteresses qui commandaient la voie des Ardennes si importantes pour les Allemands »[33].
LeBulletin de la Société de naturalistes et archéologues du nord de la Meuse, édition de1940, indique qu'un« tunnel de 835 m de long qui s'ouvre à 150 m de la gare, sur la voie des Ardennes, est miné de trois fourneaux reliés par un cordon détonant permettant de provoquer une explosion simultanée. »[34].
Georges Chenet, dans un livre intituléLa céramique gallo-romaine d'Argonne duIVe siècle et la terre sigillée décorée à la molette, préfacé parAlbert Grenier, édition de1942, écrit :« Comme routes principales, il y avait : [...] en direction nord-sud, la voie unissant la vallée de l'Ornain, donc de laMarne, à celle de laMeuse, voie du camp deFains à Dun etArlon, et la voie des Ardennes deLiénard, qui, après avoir suivi partie de la vallée de l'Aire, s'infléchit à l'est vers la Meuse par la vallée de l'Andon »[35].
Dans son ouvrageCarte archéologique de la Lorraine : Âges du Bronze et du Fer, édition de 1965, Jacques-Pierre Millotte cite également la voie des Ardennes :« [...] Dans le bois communal, au lieu-dit "la Croix-de-Pierre", à proximité d'un carrefour de trois voies anciennes (Reims-Verdun-Metz ; une voie versSenon ; la voie des Ardennes dite Haute-Chevauchée), se trouvent quatorze tertres [...] »[36].
LaRevue horticole, dans son édition de 1869, note que« les montagnes rocheuses et boisées de la voie des Ardennes sont, malgré leur peu d'élévation, des plus pittoresques, surtout depuisNouzon jusqu'àGivet. »[37].
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