Vogue France | |
![]() Logo deVogue avant 1968. | |
Pays | France |
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Langue | français |
Périodicité | Mensuelle (dixnos par an) |
Genre | Magazine féminin,Magazine de mode |
Prix au numéro | 5,50 € (2023) |
Diffusion | ![]() |
Date de fondation | 1920 (il y a105 ans) |
Éditeur | Delphine Royant[2] |
Ville d’édition | Paris |
Propriétaire | Condé Nast Publications |
Directeur de publication | Xavier Romatet (-2018) Yves Bougon (7 mai 2018 - 15 novembre 2019) Javier Pascual del Olmo (Décembre 2019 - ) |
Comité éditorial | Claire Thomson-Jonville (responsable du contenu éditorial) |
ISSN | 0750-3628 |
OCLC | 10474517 |
Site web | vogue.fr |
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Vogue France (anciennementVogue Paris[3]) est l'éditionfrançaise dumagazine de modeaméricainVogue. C'est, de 1968 à 2021, sa seule édition dans le monde à porter un nom de ville jusqu'au virage éditorial souhaité parAnna Wintour.
Fondé parCondé Nast en 1920[4] quatre ans après l'édition britannique, le magazine est au départ fortement inspiré de l'édition américaine. La présence de grands illustrateurs, écrivains puis photographes lui donne progressivement sa propre personnalité. Les modistes et la haute couture, mais plus généralement l'élégance française, s'affichent depuis des décennies dans les pages de la publication ; les plus grands mannequins apparaissent en couverture depuis que la photographie est présente.
DeMichel de Brunhoff,Edmonde Charles-Roux ouEmmanuelle Alt, le magazine voit passer desrédacteurs en chef reconnus depuis toujours.
Au début des années 1920,Condé Montrose Nast (en) fait appel àLucien Vogel fondateur de laGazette du Bon Ton pour superviser une version française ; Vogel est à la pointe de l'édition, de la mode, et des arts[5]. C'estCosette de Brunhoff sa femme, sœur deJean de Brunhoff, qui prend la première en charge la responsabilité d'être rédactrice en chef[5]. Après la fin de la Première Guerre mondiale, la période est propice à Paris pour le lancement d'une édition locale, déclinaison duVogue des États-Unis, lacapitale attire tous les regards[6]. Après le conflitdurant lequel elles sont restées souvent seules, les femmes sont plus émancipées[7], la mode et la beauté connaissent une évolution majeure[8] et leVogue parisien va installer le style « garçonne » dans les années qui vont suivre[1].
L'édition française voit sa première parution le, avec une couverture d'Helen Dryden (en)[9],[n 1].Edna Woolman Chase, la respectée rédactrice en chef de la version américaine, fait régulièrement le voyage pour les collections et jusqu'aux bureaux français : les pages sont communes aux différentes éditions internationales[6]. Ce mélange entre une maquette luxueuse d'outre atlantique et la créativité de l'équipe française appuyée par les artistes locaux donne un équilibre parfait pour ce qu'on appelle alors le « Vogue français »[6]. Le magazine a pour contributeurs quelques-uns des plus grands artistes et écrivains duXXe siècle ; laduchesse Solange d'Ayen est rédactrice mode à la fin des années 1920[10],[11], laprincesse Bibesco écrit des éditoriaux. L'illustration, et son impérative « ligne droite[7] », est omniprésente avecBenito,Pierre Mourgue,Eric ouChristian Bérard[6].
L'AméricainMain Rousseau Bocher devient rédacteur en chef à la fin des années 1920, poste qu'il quitte pour devenirmodéliste avant de devenir un couturier reconnu quelques années plus tard[12]. Alors que laphotographie envahit les magazines de mode,George Hoyningen-Huene est le chef du studio photo de l'édition française ; il découvreHorst qui sera un photographe du magazine, puis fait travaillerLee Miller[13]. Les fournitures photographies sont rares, importées des États-Unis et le montage des décors en studio est long : les productions des photographes ne sont pas exclusives à la France mais destinées également à l'édition anglaise et américaine[14],[15]. Si le studio occupe une grande part, les prises de vues en extérieur sont également dans la tendance[n 2] ; dès les années 1920, le sport et la nature, puis le bronzage, les tenues allégées et un peu de gymnastique envahissent les pages duVogue[16],[17],[n 3].
De 1929 à 1954, le magazine est dirigé parMichel de Brunhoff frère de Cosette Vogel, également connu bien plus tard pour avoir lancé le tout jeuneYves Saint-Laurent. Le nouveau rédacteur en chef s’appuie sur Lucien Vogel — très lié au propriétaire américain Condé Nast — qui est là depuis les débuts deVogue[18], et engageErwin Blumenfeld pour quelque temps[19]. De nouvelles publications sont là pour compléter l'offre au lectorat féminin et concurrencerVogue :Marie Claire avant la Guerre,Elle juste après. La diffusion s'arrête en[20], pendant laGuerre, sur décision de Brunhoff, et ce malgré la volonté des Allemands de le maintenir[21].
Dès la fin de la Guerre, alors que la haute couture est moribonde, la publication reprend[22] ; Vogel souhaite faire duVogue français une vitrine de Paris et Brunhoff, homme de mondanité et des arts, développe l'idée[18].André Ostier y tiendra une rubrique,La vie à Paris[18], puisRobert Doisneau publiera ses images de la capitale[23]. En est publié un numéro Hors Série intituléVogue Libération, avec une couverture deChristian Bérard ornée dudrapeau français et d'un navire ; mais ce n'est véritablement qu'en1947, année duNew Look deDior, que le cours des choses reprennent normalement[24],[25]. La publication passe de six numéros, puis à dix peu après[26].
Les illustrateurs et photographes telsGuy Bourdin ouHenry Clarke, pour la plupart immigrés durant le conflit, reviennent dans lacapitale française, le lieu central de la mode. Ils sont appointés par l'édition américaine ou française et les échanges sont nombreux entre les deux versions[25]. Les contraintes sont faibles pour les photographes, seule leur créativité est demandée par leVogue français qui montre alors des styles variés couverture après couverture[25]. Outre lahaute couture qui vit son âge d'or, lescosmétiques et soins du corps envahissent les pages[27]. Progressivement, à l'exception deGruau, les illustrateurs disparaissent des pages.
Dans lesannées 1950, la révolution duprêt-à-porter change profondément la ligne éditoriale de la publication, rendant de Brunhoff hystérique[28],[n 4] : leVogue France, magazine des couturiers parisiens va voir arriver toutes sortes de nouvelles tendances, malgré la pression qu'exerce nombre de maisons de couture et annonceurs historiques[28]. L'émancipation acquise par les femmes après la Seconde Guerre mondiale va être décuplée dans les années à venir[30]. Mais le chic, l'élégance et la modernité liés àVogue sont perpétuellement maintenus[28].
En 1948,Edmonde Charles-Roux débute au magazine en tant que courriériste. Brunhoff la pousse à aller voir chaque spectacle, chaque représentation de la capitale[23]. Elle devient la rédactrice en chef en 1954 à la mort de Michel de Brunhoff. Durant sa carrière, elle est à l'initiative de publier toute une nouvelle génération de photographes[31], ainsi que de nombreux écrivains faisant naitre quelques controverses au sein du magazine[23].
Edmonde Charles-Roux quittera le magazine en 1966 dans un souffle de scandale, après avoir voulu imposer une femme de couleur en couverture[32]. Le premiermannequin noir à faire la couverture deVogue Paris seraNaomi Campbell, en, photographiée parPatrick Demarchelier.Françoise de Langlade (en), entrée en 1951 au sein du magazine, devient rédactrice en chef au départ d'Edmonde Charles-Roux. Restant quelques mois à ce poste, elle quitte la publication après son mariage avecOscar de la Renta et rejoint l'édition américaine[33].
Les actrices tellesBardot,Deneuve[n 5] ouAudrey Hepburn sont en couverture du magazine[35], remplaçant les mannequins[36].
En1968, suivant un souhait du propriétaire, les Publications Condé Nast, le magazine change de nom, passant de « Vogue » à « Vogue Paris », seule édition internationale du magazine à comporter le nom d'une ville dans sa dénomination[37]. Son logo inchangé depuis 1953 intègre la mention « Paris » dans la lettre « O »[37].
Les événements demai 68 permettent au magazine de s'émanciper de l'influence américaine[38] etFrancine Crescent devient rédactrice en chef et sous directrice de la maison de haute-couture Dior ; elle restera à ce poste durant deux décennies. Le mot « court », pour décrire les créations, devient permanent[35], les images sont osées[31]. Longtemps conservatrice et bourgeoise, la ligne éditoriale du mensuel se bouscule, notamment avec desséries de mode deGuy Bourdin[n 6], très sexuelles et scandaleuses ; avec son confrèreHelmut Newton[n 7], ils deviendront les deux photographes « vedette » du magazine durant ces années[41] et feront le succès de celui-ci[40]. Au-delà du vêtement, l'exaltation du corps reste un sujet primordial, avec son corollaire de pages « cosmétiques et soins »[42], puis « minceur », thème qui deviendra récurrent dans lesannées 1990[43]. Mais les images deVogue ne font pas que montrer le corps et tous ces nouveaux produits qui s'y rattachent ; la publication se doit d'être innovante et plusieurs photographes, telsPeter Lindbergh,Mario Testino ouCraig McDean plus tard, vont marquer l'époque[44].
Durant plusieurs années, les collectionneurs s'arrachent l'édition de décembre duVogue Paris[n 8]. En effet, la rédaction en chef du magazine est confiée à des vedettes diverses commeFrançoise Sagan qui est en couverture pour la première édition « spéciale Noël »[45], ledalaï-lama[n 9],Nelson Mandela juste après qu'il a reçu leprix Nobel de la paix[46],Rostropovich avec une couverture dessinée parSempé[47]Catherine Deneuve[48],Sofia Coppola[49],Charlotte Gainsbourg[47],Kate Moss[50],[n 10],Charlotte Gainsbourg[51], ouStéphanie de Monaco[52]. En,Botero est invité par le magazine à illustrer les collections de couture : il réalise une série de quinze peintures et douze dessins[53]. Vers la fin de la décennie, lessupermodels sont omniprésents en couverture alors queColombe Pringle prend la place de rédactrice en chef[47].
En, l'américaineJoan Juliet Buck (en), qui a débuté en 1968 pour les Éditions Condé Nast et est alors critique cinéma dans l'édition américaine deVogue, devient rédactrice en chef du magazine français[54]. Cette même année, le studio photo est définitivement fermé[28].Vogue Paris est alors publié à 80 000 exemplaires[54] ; en sept ans de présence, la rédactrice américaine augmente la diffusion. À l'issue de son activité en France, elle reste sous contrat commejournaliste pour le groupe Condé Nast[55] et est remplacée par Carine Roitfeld.
De 2001 à 2011, la rédaction en chef deVogue Paris est assurée parCarine Roitfeld. Rédactrice de mode, collaboratrice du photographe de mode et portraitisteMario Testino, elle a été la muse deTom Ford chezGucci et est à l'origine de la tendance « porno chic » qui a défrayé la chronique à la fin des années 1990. Sa première action est de mettreKate Moss en couverture[56]. Durant la période avec Roitfeld,Vogue Paris voit s'afficherSophie Marceau unecigarette à la bouche, ce qui entraine de vives réactions[57],Vanessa Paradis à peine reconnaissable[58], ainsi qu'un homme noir et barbu habillé en femme sur sa couverture[38], puis des photos d'une mannequin blanche dont le corps a été entièrement maquillé en noir, provoquant la colère des associations anti-racisme. Le magazine entame une longue collaboration avec les photographesMert and Marcus qui donne plus d'une vingtaine de couvertures dans les années suivantes, ainsi qu'avecTerry Richardson etInez & Vinoodh[59].
Lamaquette est renouvelée en 2007 puis en 2012. Le magazine annonce 160 000 exemplaires mensuels pour 2011[60]. Le,Emmanuelle Alt, qui occupait le poste de rédactrice en chef mode depuis dix ans, remplace Carine Roitfeld[61]. Elle fait travailler des photographes d'ancienne génération dontHans Feurer[59].
Vogue compte près de 960 couvertures en 2016. Le magazine représente plus d'un tiers duchiffre d'affaires de Condé Nast en France, aux côtés des éditions locales deGlamour,GQ,AD etVanity Fair[1].
La diffusion du magazine chute à 88 250 exemplaires[62] en 2019.
Depuis le milieu des années 2010, une partie du contenu, majoritairement web mais aussi « papier », se voit produit à Londres, auhub de l'éditeur, commun aux 23 déclinaisons mondiales deVogue[1] prélude de plus vastes changements.Condé Nast poursuit en 2021, une restructuration éditoriale du magazine, dans plusieurs pays du monde dont l'édition française. Le groupe supprime notamment l'appellation « Paris » deVogue Paris, ce dernier devenant officiellementVogue France. À la suite du départ deEmmanuelle Alt, c'est Eugénie Trochu qui prend la tête du magazine français en tant queHead of Editorial Content[63].Edward Enninful pilote différentes éditions internationales duVogue[64]. Le poste de rédactrice-en-chef et rédacteur-en-chef de l'édition française est supprimée.Aya Nakamura est choisie pour faire la couverture de la première édition deVogue France[65].
Nom | Date d'entrée en fonction | Date de cessation de fonctions | Poste |
---|---|---|---|
Edna Woolman Chase | 1920 | 1928 | Rédactrice-en-chef |
Cosette Vogel | 1922 | 1927 | Éditrice |
Main Rousseau Bocher | 1928 | 1929 | Rédacteur-en-chef |
Michel de Brunhoff | 1929 | 1954 | Rédacteur-en-chef |
Edmonde Charles-Roux | 1954 | 1966 | Rédactrice-en-chef |
Françoise de Langlade (en) | 1966 | 1968 | Rédactrice-en-chef |
Francine Crescent | 1969 | 1986 | Rédactrice-en-chef[n 11] |
Colombe Pringle | 1987 | 1994 | Rédactrice-en-chef[n 12] |
Joan Juliet Buck (en) | 1994 | 2001 | Rédactrice-en-chef |
Carine Roitfeld | 2001 | 2010 | Rédactrice-en-chef |
Emmanuelle Alt | 2011 | 2021 | Rédactrice-en-chef |
Eugénie Trochu | 2021 | 2024 | Responsable du contenu éditorial |
Claire Thomson-Jonville | 2025 | - | Responsable du contenu éditorial |
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