Issu d'une famille cultivée et libérale de l'aristocratie pétersbourgeoise, contrainte de fuir larévolution russe, Nabokov séjourne d'abord enEurope dans l'entre-deux-guerres, où il publie ses premiers romans enrusse, puis s'installe durablement aux États-Unis à partir de 1940. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il enseigne la littérature européenne dans plusieurs universités, avant de connaître un succès international avecLolita. Au sommet de sa gloire, l'écrivain termine sa vie dans un palace, sur les rives duLéman, sans cesser d'écrire et de publier.
Parfaitementtrilingue (russe,anglais etfrançais), Nabokov publie tout d'abord des nouvelles et romans dans sa langue maternelle.Machenka (1926),La Défense Loujine (1930),Le Guetteur (1930) ouLe Don (1938) évoquent, au travers d'histoires imaginaires, son déracinement forcé, la mélancolie de l'exil ou le quotidien de lacommunauté russe émigrée enAllemagne. La deuxième partie de sa carrière d'écrivain, en anglais, accentue ses obsessions pour le déplacement, les paysages et les souvenirs d'une enfance idéalisée, à jamais perdue. OutreLolita, Nabokov publie d'autres ouvrages importants, dontFeu pâle (1962) etAda ou l'Ardeur (1969), monument littéraire et apogée du style de l'écrivain. Il est aussi l'auteur de plusieurs traductions, dont celle en anglais d'Eugène Onéguine dePouchkine, ainsi que d'uneautobiographie intituléeAutres rivages (1951).
La mère de l'écrivain, Eléna Ivanovna (née Roukavichnikov) (1876-1939) est issue d'une richissime famille de propriétaires terriens[2],[Note 1]. En 1916, après la mort de son unique oncle maternel Vassili (« oncle Rouka »), le futur écrivain, âgé de seulement 17 ans, hérite – au grand dam de son père – d'une fortune colossale[Note 2], dont il ne profite que pendant quelques mois[3].
Vladimir est l'aîné d'unefratrie de cinq enfants : un frère, Serge, né en, deux sœurs : Olga, née en, et Elena, en, et le benjamin, Kirill, né en.
Vladimir[Note 3] Vladimirovitch naît le[VN 3],[Note 4] au cœur de Saint-Pétersbourg[Note 5], vit une enfance heureuse dans un milieu très aisé et reçoit une solide éducation.
Dès l'âge de 6 ans, il parle l'anglais et apprend lefrançais, aidé par« une file ahurissante de nurses et de gouvernantes anglaises[VN 4] » (« la langoureuse et mélancolique Miss Norcott[VN 5] »,« la vague Miss Rachel[VN 4] »,« la myope petite Miss Hunt »,« Miss Robinson au nez tout rose »,Mademoiselle O, etc.) et« le voisinage d'une bibliothèque de dix mille ouvrages ». DansAutres rivages, Nabokov rapporte :« J'appris à lire en anglais avant de savoir lire en russe[VN 6] » et« Cet été-là (1905), durant l'un de ses brefs séjours avec nous à la campagne, [mon père] constata, avec une consternation de patriote, que mon frère et moi étions capables de lire et d'écrire en anglais, mais pas en russe[VN 7]. » La famille demeure dansson hôtel particulier de larue Bolchaïa Morskaïa, dans un des quartiers les plus élégants de la capitale. Elle passe ses vacances auchâteau de Rojdestveno ou àBiarritz sur la côte atlantique.
En, Vladimir et son frère Serge font leur entrée à l'école Tenichev, une école privée ouverte à tous, mais l'une des plus chères de l'Empire russe.
Vers 1912, le professeur particulierMstislav Doboujinski est engagé pour donner à Vladimir les cours de dessin. Ils ont beaucoup en commun, notamment la passion des papillons dans leur enfance, bien que pour Doboujinski elle soit passagère, alors que Nabokov la gardera tout au long de sa vie. Le souci du détail, le sens du comique et l'attachement au passé sont également les points qu'ils partagent et qui se retrouvent renforcés chez Nabokov sous influence de son mentor[4].
Larévolution d'Octobre 1917 et la prise du pouvoir par lesbolcheviks poussent les Nabokov à l'exil. Vladimir Nabokov quitte définitivementPétrograd le[5]. La famille fuit d'abord vers le sud et s'installe quelque temps enCrimée. Le, elle embarque pourAthènes[6] et parvient àMarseille. De là, elle traverse la France pourLe Havre et elle embarque pour le Royaume-Uni, où vit une importante communauté de Russes exilés. De 1919 à 1923, Vladimir étudie d'abord brièvement l'ichtyologie avant de se tourner définitivement vers les lettres françaises et russes auTrinity College, àCambridge. En 1923, diplômé de l'université de Cambridge, il s'installe àBerlin, grand carrefour d'immigration russe.
Les premières œuvres de Nabokov sont toutes écrites en russe, Nabokov n'ayant jamais appris l'allemand. Son premier roman,Machenka (1926), lui vaut un début de célébrité parmi les émigrés russes. Publié en1928,Roi, Dame, Valet et la traduction allemande deMachenka rétablissent un peu la situation financière difficile des Nabokov, qui peuvent s'offrir des vacances dans lesPyrénées. AvecLa Défense Loujine, Nabokov devient un écrivain de renom. Certains de ses textes sont déjà traduits. Ainsi,Chambre obscure paraît en français en1934.
Son œuvre russe s'achève avecLe Don, un roman sur la création littéraire.
Nabokov quitte définitivement Berlin le[7]. Il séjourne d'abord àBruxelles, puis à Paris, mais il fait de nombreux voyages àCambridge,Prague, en différents lieux de laCôte d'Azur. Il espère s'installer comme professeur de russe en Angleterre, mais le projet ne se concrétise pas. Nabokov vit alors dans un très grand dénuement : il ne peut travailler en France et n'obtient une carte d'identité qu'un an plus tard. Il écrit cependant en français la nouvelleMademoiselle O, ainsi qu'un essai surAlexandre Pouchkine.
En 1941, Nabokov écrit pour la première fois un roman enanglais intituléLa Vraie Vie de Sebastian Knight — ce qui marque un tournant majeur dans sa carrière d'écrivain. Son style est dès lors totalement abouti et le livre lui-même peut être présenté comme un manifeste de son travail.
Nabokov enseigne ensuite à l'université Cornell. Il est naturalisé américain en 1945. En 1946, l'écrivain propose sa candidature pour le poste de président du département de russe àVassar College, mais n'obtient pas le poste en raison de son tempérament et de son rapport au canon littéraire, jugé trop « prima-donna » par les professeurs d'alors[9]. La publication d’Autres rivages, un récit de ses souvenirs d'enfance, lui vaut une première reconnaissance littéraire aux États-Unis.
La consécration vient ensuite avec le succès deLolita en1955. Le roman fait scandale ; refusé par les éditeurs américains, il est publié à Paris parOlympia Press, que dirigeMaurice Girodias. L'année suivante le livre est interdit en France par décision du ministre de l'Intérieur avec vingt-quatre autres livres publiés par Girodias, malgré l'accueil très favorable de la critique française ; l'interdiction sera levée par le Tribunal Administratif en. Cette année-là, le roman paraît pour la première fois aux États-Unis et devient bientôt un best-seller mondial. Le livre estadapté au cinéma parStanley Kubrick en1962, puis de nouveau parAdrian Lyne en1997. DansLolita, Humbert Humbert, pédophile européen, manipule et agresse Dolores Haze, jeune américaine de 12 ans qu’il décrit comme une « nymphette ». Émaillé de références àAnnabel Lee d'Edgar Allan Poe,Lolita est aussi une description passionnée des États-Unis et un chef-d'œuvre de poésie en prose.
Nabokov publie ensuiteFeu pâle (1961), autre texte majeur, dont la construction autour de trois histoires imbriquées constitue une remarquablemise en abyme.
En 1961, il s'installe enSuisse, sur laRiviera vaudoise, dans un grand hôtel deMontreux[10], le Montreux Palace Hôtel, où il demeure jusqu'à sa mort. Il adapte alors ses premiers romans en russe dans des versions anglaises, souvent avec le soutien de son filsDmitri, et surveille leurs traductions dans plusieurs autres langues.
Il travaille de longues années àAda ou l'Ardeur, son dernier roman. Œuvre monumentale décrivant l'amour entre Van Veen et sa sœur Ada, dans un univers fantasmé rappelant la Russie de la jeunesse de l'auteur, il est avecLolita le roman le plus poétiquement érotique de Nabokov. Lors de son passage à l'émissionApostrophes du, l'auteur comparait ainsi ses deux héroïnes : « Non, Ada et Lolita ne sont nullement cousines. Dans le monde de mon imagination, car l'Amérique de Lolita est au fond aussi imaginaire que celle où vit Ada – les deux fillettes appartiennent à des classes différentes – et à des niveaux intellectuels différents. J'ai parlé de la première des deux, la plus molle, la plus frêle, la plus gentille peut-être, parce qu'Ada n'est pas gentille du tout. Et j'ai parlé de l'abîme du temps qui sépare Humbert de Lolita. Par contre, le bon lecteur d'Ada ne trouvera rien de particulièrement morbide ou rare dans le cas d'un garçon de quatorze ans qui s'amourache d'une fillette compagne de ses jeux. Ils iront trop loin, certes, ces deux adolescents, et le fait qu'ils soient frère et sœur va créer par la suite des difficultés que le moraliste prévoit. »[11]
AvecAda, il atteint le sommet de sa célébrité. Les deux romans suivants,La Transparence des choses (1972) etRegarde, regarde les arlequins ! (1974), rencontrent un succès très limité. Pendant cette période, il continue de travailler à ses traductions, notamment à celle d'Ada en français. Il entreprend aussi un nouveau roman,L'Original de Laura, qu'il n'aura pas le temps de terminer.
En, après la publication enthousiaste d'Ada ou l'Ardeur en France, Vladimir Nabokov et son épouse envisagent quelques jours de vacances au cœur des montagnes deDavos, dans lecanton des Grisons, nouvelle occasion pour l'écrivain de s'adonner à sa passion pour la chasse aux papillons. Alors âgé de soixante-seize ans, il est victime d'une lourde chute sur une pente glissante et escarpée, et se voit contraint d'attendre les secours, deux heures durant, bloqué dans une position inconfortable[12],[13]. S'il ne s'est rien cassé, l'écrivain doit pourtant rester alité quelques jours. De retour àMontreux, il subit une série d'examens médicaux qui détectent unetumeur bénigne de laprostate[14]. Épuisé par l'opération et sa chute en montagne, Nabokov décide de ralentir considérablement son rythme de travail. En décembre, il choisit le titre définitif de son nouvel ouvrage,L'Original de Laura, provisoirement intituléA Passing Fashion (Une Mode fugitive)[14]. Quelques mois plus tard, au printemps 1976, un recueil denouvelles de jeunesse, rédigées entre1924 et1931, est publié sous le titreDétails d'un coucher de soleil et autres nouvelles, sans grand succès auprès du public.
La tombe de Vladimir Nabokov au cimetière deClarens (Montreux) en Suisse.
Hospitalisé d'urgence àLausanne en avril, après une nouvelle chute dans la salle de bain de sa chambre d'hôtel, l'écrivain est contraint d'annuler ses vacances estivales, et doit reprendre le chemin d'une clinique privée pour soigner ses inquiétantes poussées defièvre[15]. Affaibli par des carences enpotassium et ensodium, Vladimir Nabokov souffre également d'une grave infection desvoies urinaires, probablement consécutive à son opération de la prostate. Admis auCentre hospitalier universitaire vaudois de Lausanne le, il n'en sort que début septembre pour rejoindre unsanatorium deMontreux, et entamer quelques semaines de convalescence, durant lesquelles il n'écrit pratiquement pas[16].
Dès lors,Dmitri etVéra s'affairent autour de l'écrivain, qui annonce des projets de voyage auxÉtats-Unis ou enIsraël, et tente difficilement de rédiger sur ses fiches toutes les intrigues de son nouveau roman[17]. En, à la suite d'unegrippe qui dégénère enbroncho-pneumonie, il effectue un nouveau séjour de plusieurs semaines au Centre hospitalier universitaire vaudois de Lausanne, avant de regagner, une dernière fois, leMontreux Palace[18]. Le, sa température montée à quarante degrés nécessite une nouvelle hospitalisation en urgence. Unecongestion desbronches aggrave son état de santé les jours qui suivent ; admis en service de réanimation, Vladimir Nabokov s'éteint le, entouré de sa femme et son fils, des suites d'une « accumulation de sérosités dans les poumons »[1],[19].
Le corps de l'écrivain estincinéré àVevey le, en présence de quelques intimes, dont sa sœur Élèna, son éditeur allemand et des amis de Montreux. Le lendemain, seuls Véra et Dmitri assistent à l'inhumation des cendres, dans le cimetière deClarens[1].
À sa mort, l'écrivain laissait deux manuscrits importants,Volchebnik, bref roman écrit en russe en 1939 et qui préfiguraitLolita ; son fils Dimitri allait en faire paraître la traduction anglaise,The Enchanter (L'Enchanteur) en 1986. L'autre manuscrit était celui du roman inachevé,L'Original de Laura, rédigé au crayon de papier sur 138 fiches cartonnées. Il souhaitait que le manuscrit soit détruit s'il mourait avant de l'avoir achevé. Après trente ans d'hésitation et contre la volonté de son père, son fils le fit éditer en aux États-Unis et au Royaume-Uni.
Nabokov se caractérise par la dextérité, l'originalité de son style et par sa position d'auteur intermédiaire entre les littératures russe et américaine. En outre, une imagination débordante, l'usage de laparodie, de lasatire, ainsi que desjeux de mots dans différentes langues contribuent à sa consécration.
Nabokov apprécie de faire croire à la réalité de ses romans. Il utilise plusieurs artifices, notamment des préfaces dans lesquelles il justifie la façon dont l'œuvre est arrivée entre ses mains. Il utilise aussi des initiales comme s'il devait protéger l'identité d'une personne, notamment le narrateur s'appelle V... dansLa Vraie Vie de Sebastian Knight.Vladimir Nabokov fait également des apparitions cachées dans ses propres romans, sous forme d'anagrammes. Vivian Darkbloom apparait plusieurs fois, comme personnage secondaire deLolita puis comme auteur d'une postface dansAda. On croise un Blavdak Vinomori.
Papillons dessinés par V (Vladimir) pour V (Vera). Maison Nabokov deSaint-Pétersbourg.
Vladimir Nabokov est aussi un chasseur de papillons[20] et unlépidoptériste. Il découvre sa passion pour les papillons dès l'été 1906[21],[VN 10]. L'écrivain consacre tout le chapitre VI d'Autres rivages à sa précoce et totale passion pour les papillons. En, il rédige son premier écrit scientifique sur les lépidoptères. L'article est publié en février 1920 dans la revueThe Entomologist(en)[VN 11].
La contribution de Nabokov à l'étude des papillons a pu être mise en cause par certains mais elle est maintenant universellement reconnue comme en témoignent notamment deux ouvrages importants,Nabokov's Blues écrit par Kurt Johnson et Steve Coates[23], etA Guide to Nabokov's Butterflies and Moths de Dieter E. Zimmer[24]. Les textes de Nabokov sur les papillons ont été rassemblés dans un volumineux ouvrage,Nabokov's Butterflies[25].
Lors de son passage à l'émission télévisée françaiseApostrophes en mai 1975, Nabokov déclare àBernard Pivot :« Je conçois très bien une autre vie, dans laquelle je ne serais pas romancier, locataire heureux d'une tour de Babel en ivoire, mais quelqu'un de tout aussi heureux, d'une autre manière : un obscur entomologiste qui passe l'été à chasser les papillons dans des contrées fabuleuses et qui passe l'hiver à classifier ses découvertes dans un laboratoire. »
À Berlin, en, il est l'un des quarante joueurs opposés àAaron Nimzowitsch dans une simultanée au caféÉquitable. Une semaine, il affrontaitAlexandre Alekhine[28].Pendant son exil européen, il agrémente ses revenus en composant desproblèmes d'échecs pour des journaux : il est d'ailleurs l'auteur d'un « thème » qui porte son nom.
Comme il le rapporte dans un chapitre enthousiaste d'Autres rivages entièrement consacré à sa passion de problémiste :« Au cours de mes vingt années d'exil, j'ai consacré énormément de temps à composer des problèmes d'échecs. [...] C'est un art magnifique, complexe et stérile[VN 12]. »
Vladimir Nabokov étaitsynesthète graphème-couleur[VN 13], tout comme sa mère[VN 14] et son fils, et a fait état à plusieurs reprises de ce don dans ses œuvres, notamment dansAutres rivages[VN 15]. Dans le même passage de son autobiographie, Nabokov avoue cependant sa totale insensibilité à lamusique :« La musique, j'ai le regret de le dire, me fait purement et simplement l'effet d'une succession arbitraire de sons plus ou moins irritants. »
1980 :Lectures on Literature — publié en France sous le titreLittératures I : Austen, Dickens, Flaubert, Stevenson, Proust, Kafka, Joyce (Fayard, 1983)
1981 :Lectures on Russian Literature — publié en France sous le titreLittératures II : Gogol, Tourguéniev, Dostoïevski, Tolstoï, Tchekhov, Gorki (Fayard, 1985)
1983 :Lectures on Don Quixote — publié en France sous le titreLittératures III : Don Quichotte (Fayard, 1986)
↑L'écrivain faillit se prénommer « Viktor » par la faute de l'archiprêtre officiant lors de son baptême selon le rite orthodoxe. (Autres rivages, chapitre I).
↑L'écrivain revient à plusieurs reprises — en particulier dans l'avant-propos d'Autres rivages — sur la confusion longtemps vivante dans son esprit entre l'âge du siècle et le sien propre, et explique ainsi les nombreux changements de date entre la première version de son autobiographie et les versions ultérieures, corrigées.
↑A Guide to Nabokov's Butterflies and Moths, Edité par l'auteur,.
↑Brian Boyd et Robert Michael Pyle, éditeurs,Nabokov's Butterflies, The Penguin Press,.
↑Milan Velimirovic et Marjan Kovacevic,2345 Problèmes d'échecs : anthologie, Belgrade, 1993, ont publié un problème d'échecs (mat en 3 coups, numéro 1243,p. 203) de Nabokov composé en 1969.
YannickeChupin (dir.), AgnèsEdel-Roy (dir.), MonicaManolescu (dir.) et LaraDelage-Toriel (dir.),Vladimir Nabokov et la France (essai), Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg,coll. « Etudes anglophones »,, 248 p.(ISBN978-2-84050-747-5)
JacquelineHamrit,Frontières et limites dans l'oeuvre de Vladimir Nabokov (essai), Lille, Editions universitaires européennes,, 348 p.(ISBN978-620-2-28680-0)