« Le musée donne une idée particulièrement vivante de ce que fut la résidence d'un grand amateur d'art de la Belle Époque qui manifesta un attrait particulier pour leXVIIIe siècle »[1][réf. incomplète].
La baronne lègue à sa mort en 1934 la gestion de sa villa à une fondation portant son nom pour y ouvrir un musée. Le[2], le musée s'ouvre au public après un travail de remise en état de la villa et de son jardin mais doit rapidement fermer au début de laSeconde Guerre mondiale. Même par la suite, sa fréquentation reste confidentielle et ce n'est qu'en 1960 avec le changement de conservateur qu'elle commence à se faire connaître avec environ 60 000 visiteurs annuels.
Dans les années 1990, sa gestion est confiée à la société privéeCulturespaces et une nouvelle scénographie remplace celle de 1960 ; L'Académie des beaux-arts en reprend la gestion en 2023. Le nombre annuel de visiteurs atteint 130 000 ce qui en fait l'un des sites les plus visités entreNice etMenton.
À 19 ans, elle épouse le banquier françaisMaurice Ephrussi, le. Le couple est passionné d'architecture, denature et d'art et collectionne somptueuses demeures et objets rares.Ils se séparent en 1904, la baronne reprochant à son mari son addiction au jeu.[réf. souhaitée]
Béatrice Ephrussi découvre lecap Ferrat en 1905, à l'époque où laCôte d'Azur est un lieu de villégiature de la haute société. Séduite par la beauté naturelle du site, elle acquiert sept hectares de terrain rocheux et stérile sur la partie la plus étroite de la presqu'île, disputant cette parcelle au roiLéopold II de Belgique, désireux d'agrandir sa propriété mitoyenne.
La façade sud de la villa « Île de France ».Vue du jardin à la française depuis la terrasse de la villa.Le salon Louis XVI de la villa.
Pas moins de cinq années de travaux (1907-1912) gigantesques seront nécessaires pour construire cette demeure dans legoût Rothschild rappelant les grandes maisons de laRenaissance italienne. Plusieurs architectes sont pressentis dontJacques Marcel Auburtin (1872-1926),Prix de Rome, dont le projet séduit Béatrice Ephrussi. Ce dernier confie àAaron Messiah la construction de la villa « Île-de-France » ainsi nommée en raison de la forme du jardin principal en forme de pont de navire. Béatrice pouvait ainsi s'imaginer, voyant la mer de chaque côté, être au bord du vapeurÎle de France de laSociété générale des transports maritimes (SGTM) en souvenir d'un voyage mémorable. Elle imposait à ses jardiniers le port du béret de marine, se donnant ainsi l'illusion de vivre entourée d'hommes d'équipage sur un paquebot faisant le tour du monde[3]. Le terrain est dynamité et arasé. La construction peut alors commencer. La commanditaire n'hésite pas à faire réaliser les projets grandeur nature pour s'assurer du résultat final. En 1912, la villa est habitable.
À l'instar d'Edmond Rostand qui ne voulait que du blanc dans savilla Arnaga àCambo-les-Bains, elle exige partout sa couleur fétiche : le rose.Élisabeth de Gramont, sa cousine, l'évoque dans une sempiternelle robe rose – elle portait des robes à panier – « semblant partir éternellement pour un bal paré »[3].
Béatrice Ephrussi de Rothschild fait aménager cette demeure en une suite desalons,galeries,cabinets,chambres etboudoirs dont le décor est à dominante ocre.
Au-dessus, on peut apercevoir des galeries aux voûteshispano-mauresques bordées de balcons où se tenaient les musiciens.
Le patio a gardé sa vocation de galerie et présente un ensemble d'œuvres d'art médiéval et Renaissance dont un tableau attribué au vénitien Carpaccio (v. 1460-1525) représentant un condottière.
Le petit salon auquel on accède par une porte décorée parLa Vallée-Poussin et provenant de lafolie Beaujon, propriété de la baronne Salomon de Rothschild, est largement ouvert au Sud sur une terrasse de marbre qui précède l'esplanade dujardin à la française. Une paire de fauteuils destyle Louis XV ornés de tapisseries exécutées d'après des cartons deFrançois Boucher entourent une petite table ovale à tableau de Compigné représentant lePalais-Royal. Des torchères destyle Louis XVI et une paire de remarquables vases enporcelaine de Sèvres complètent le décor. De part et d'autre de la pièce, suspendues dans des alcôves, deuxtapisseries des Gobelins, tissées d'après de cartons de Coypel, sont consacrées aux aventures deDon Quichotte. Sur les murs, les danseuses deJean-Frédéric Schall font la ronde autour deL'Amour aux Colombes. Alentour, deux toiles maroufléesPhaéton etLe Char du Soleil.
Les appartements de Béatrice. On y accède via un boudoir agrémenté de boiseries néo-pompéiennes servant d'écrin à unbonheur-du-jour signéJean-Henri Riesener, ébéniste attitré de la reine Marie-Antoinette ainsi qu'à une petite table octogonale attribuée àAdam Weisweiler.
La chambre forme une avancée ovale ouvrant sur la baie deVillefranche. Le plafond est décoré d'une peinture vénitienne du milieu duXVIIIe siècle. Au sol, un tapis d'Aubusson de forme identique mais d'époque légèrement postérieure. Le long d'un mur, une commode transition Louis XV-Louis XVI estampillée Nicolas Petit.
Des vitrines aménagées dans la garde-robe exposent des costumes français duXVIIIe siècle[5] ainsi qu'une collection de vêtements et de petites chaussures chinoises duXIXe siècle.
La salle de bains attenante est un chef-d'œuvre de raffinement ; sous un treillage de lattes de bois doré, les boiseries peintes par Leriche à la fin duXVIIIe dissimulent lavabo et rangements.
Le salon des porcelaines. La collection deporcelaines de Vincennes et deSèvres d'Ephrussi de Rothschild rassemble des pièces exceptionnelles qui en font l'une des plus belles du genre. Dans la vitrine trônent de rares porcelaines bleulapis-lazuli. Alentour des pièces d'une des plus prestigieuses productions de la manufacture de Sèvres dite « aux partitions musicales ». Sur la cheminée, une pendule en porcelaine rose « à la du Barry ».
La pièce contiguë permet de découvrir des pièces bleu céleste en camaïeu de rose ainsi qu'un vase ayant appartenu à Madame de Pompadour.
La salle à manger de la baronne est actuellement transformée en restaurant-salon de thé qui offre aux visiteurs un moment de détente dans un cadre privilégié.
L'étage abrite :
les sculptures en terre cuite de Clodion et de son atelier, faïences de Castelli ;
le salon des porcelaines où le visiteur peut découvrir des pièces de Meissen, Berlin, Würzburg... duXVIIe siècle ;
la chambre Directoire au décor mural d'époque ;
le salon des tapisseries dont le mobilier signéJacob est recouvert de tapisserie deBeauvais ;
le petit salon des Singeries avec son orchestre de singes en porcelaine de Meissen et ses boiseries peintes attribuées àJean-Baptiste Huet ;
la loggia florentine, agrémentée d'intéressantes pièces en fer forgé, permet d'embrasser du regard les baies de Beaulieu, Villefranche, le Cap-Ferrat et les jardins ;
le petit salon chinois dont un mur est orné de portes intérieures en laque provenant du palais impérial dePékin et de vitrines contenant une magnifique collection dequartz roses et de rarissimesJades blancs ;
Neuf jardins entourent la villa sur sept hectares. Ils sont attribués aux architectes-paysagistesAchille Duchêne etHarold Peto. L'entrée des jardins offre une vue sur la rade de Villefranche-sur-Mer. Aux jardins« à la française », lapidaire,japonais etroseraie initiaux, s'ajoutent les jardinsespagnol, italien, exotique, provençal, réminiscences des voyages de la baronne[3]. Après sa mort, d'autres jardins à thème seront rajoutés par le paysagiste Louis Marchand.
Le jardin « à la française », visible depuis les salons, occupe la partie centrale des jardins. Il est composé d'une pièce d'eau centrale et est entouré de bassins latéraux et de plantations disposées symétriquement. Les bassins sont agrémentés dejacinthes d'eau. Il est dominé par un temple de l'Amour et une cascade à degrés.
Le jardin japonais, restauré au printemps 2003, comprend son jardin sec bordé d'ophiopogons verts et noirs, d'azalées, decycas revoluta et degardénias. Alentour la cascade se déversant dans un bassin peuplé de carpes koï est entourée de différentes variétés d'acer palmatum.
La roseraie, située à l'extrémité du jardin, pousse au pied d'un petit temple de forme hexagonale avec ses roses Baronne E. de Rothschild, Princesse de Monaco, Dynastie de Mepitac et ses rosiers grimpants Pierre de Ronsard.
Le zoo, aujourd'hui disparu, abritait une volière où séjournaient des d'oiseaux dont desperruches. Chacune des résidences que fréquente Béatrice Ephrussi de Rothschild possède sa volière.
À côté de ces jardins existant depuis l'origine de la villa, d'autres jardins à thème ont été développés :
le jardin florentin avec son escalier en fer à cheval dissimulant une grotte humide agrémentée d'un éphèbe de marbre. L'escalier se prolonge par une allée decyprès qui domine la rade deVillefranche-sur-Mer. Cette allée est bordée d'abelias,Streptosolen,lantanas,senecios,raphiolepis. Un magnifiquejacaranda fleurit au cœur de l'été ;
le jardin provençal situé sur le versant opposé à la roseraie, offre une vue pittoresque avec ses oliviers et pins courbés par le vent. Il répand une odeur agréable avec seslavandes, sesagapanthes et ses bouquets depolygalas. Plusieurs petits chemins rejoignent le temple de l'Amour entouré de plantes aromatiques puis, de là, le jardin à la française.
La baronne ne séjournera que très peu dans la villa qu'elle délaisse à partir de 1916, à la mort de son mari.
Elle meurt à Davos (Suisse), le, à l’âge de 69 ans, d'une tuberculose pulmonaire galopante. Par testament et en l'absence de descendance, elle lègue la villa à l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France avec la totalité de sa très importante collection d'objets d'art de plus de 5 300 pièces réparties dans ses diverses résidences afin de créer un musée qui garderait « l'aspect d'un salon » dans l'esprit des muséesNissim-de-Camondo ouJacquemart-André. Conformément à son vœu, dans la villa furent rassemblées les collections constituées par la baronne au cours de sa vie et qui à sa mort étaient réparties dans ses différentes demeures à Paris et sur la Côte d'Azur.
Tous les ans, au mois de mai, la « Fête des Roses et des Plantes » est organisée dans le jardin à la française. Ce jardin accueille également en été (juillet-août) «Les Nocturnes», une programmation culturelle bi-hebdomadaire en soirée, ouverte au spectacle vivant.