Vicia faba est uneplante herbacéeannuelle, au port dressé, pouvant atteindre 1,6 mètre de haut, auxtiges fortes, creuses, de section quadrangulaire. Laracine, à dominantepivotante, s'enfonce profondément dans le sol jusqu'à atteindre une longueur similaire à celle des tiges. Comme c'est le cas de nombreuses autresFabaceae, elles présentent desnodules, très nombreuses dans les 30 premiers cm du sol, qui leur confère la propriété defixer l'azote de l'air. Bien que la plante elle-même en consomme jusqu'à 80 %, les 20 % restants améliorent la fertilité de la terre, de sorte que cette culture est utilisée dans des systèmes derotation pour renforcer les sols épuisés[3].
Lesfeuilles, alternes, sont munies de deux largesstipules hastées ou triangulaires-ovales, de10 à 25mm de long, aux bords légèrement dentés, avec desnectaires extrafloraux. Les feuilles sont composées paripennées, comptant de 1 à 5 paires defolioles. Comme chez les autres espèces du genreVicia, la foliole terminale est remplacée par unevrille terminale, mais chez la fève, celle-ci est atrophiée en forme de mucron ou d'arête droite ou courbe, et non fonctionnelle pour grimper. Les folioles, glabres, oblongues, elliptiques ou obovales, de40 à 100mm de long sur15 à 40mm de large, sont de couleur vert glauque ou grisâtre etpruineuses[4],[3].
Lesfleurs, subsessiles, sont soit isolées, soit groupées, par cinq à huit, en racème naissant de l'aisselle des feuilles supérieures. Elles sont grandes, comparées à celles d’autres espèces du genre, atteignant20 à 40mm de long. Lecalice campanulé présente des dents inégales. Lacorolle, blanche à nervures violettes, de typepapilionacé, est formée de cinq pétales inégaux. Les deux pétales latéraux, ou ailes, présentent une macule violet foncé ou noire. Toutefois, chez certaines variétés sans tanin les fleurs sont entièrement blanches[5]. Lepétale supérieur, ou étendard, resserré en son milieu, est plus long que les ailes, elles-mêmes plus longues que la carène. L'androcée diadelphe compte 10 étamines, dont 9 soudées par leurs filets formant une gouttière insérée dans la carène et une plus ou moins libre[6]. L'ovaire sessile, linéaire, contient de 2 à 6ovules[4].
La germination est hypogée, lescotylédons restant enterrés, contrairement au haricot[3]. La floraison a lieu de mars à septembre (dans l'hémisphère nord)[4].
Vicia faba est une espècediploïde qui compte 6 paires dechromosomes (2n = 2x =12), dont 5 paires de chromosomes subtélocentriques (acrocentriques) courts et une paire de chromosomes métacentriques longs (15 μm de long, soit environ le double de la longueur des premiers)[7],[8]. Ces grands chromosomes sont probablement dérivés de la fusion ancestrale de deux chromosomes acrocentriques[9].
La taille dugénome deVicia sativa, (1C = 13,3pg) est nettement supérieure à celle des autres espèces du genreVicia (Vicia sativa : 1C = 2,3 pg,Vicia narbonensis : 1C = 8 pg).
Les graines deVicia faba peuvent avoir des effets plus ou moins bénéfiques sur la santé humaine si elles sont consommées régulièrement[10] notamment du fait de ce qui est parfois appelé "facteurs antinutritionnels "[11],[12] . Ces derniers disparaissent en général à la cuisson[13] et peuvent rendre l’absorption d'autres nutriments (comme les sucres mannose et glucose dans le cas des lectines de Vicia faba[11]) plus difficile (ce qui peut aussi être une bonne chose dans un contexte d'obésité ou de surconsommation). Ce sont notamment desinhibiteurs de protéase, destanins, deslectines (hémagglutinines), desglycosides (vicine et convicine,saponine), desphytates, des facteurs anti-niacine[14].
La composition chimique pour 100 g de fèves fraîches est la suivante :
De nos jours, l'espèce est largement cultivée dans les régions tempérées et subtropicales, et à des altitudes plus élevées dans les régions tropicales. Les principaux pays producteurs sont l'Australie, la Chine, l'Égypte et l'Éthiopie, qui représentent les quatre cinquièmes de la production mondiale. Sa culture est également répandue dans plusieurs pays d'Europe et d'Amérique latine (en particulier la Bolivie, le Chili, l'Équateur, le Pérou et le Venezuela), notamment dans les zones froides et tempérées. La température optimale de croissance est d'environ 15 °C .
En Afrique tropicale, on la cultive principalement auSoudan et enÉthiopie[15].
Lesfèves et lesféveroles sont des plantes de la mêmeespèce,Vicia faba, la féverolelato sensu (au sens large)[16].
Traditionnellement, on distinguait deux formes cultivées[17],[18] :
La grosse fève, qui donne les « fèves » à grosses graines dont les cultures sont destinées à l'homme. Déclinée en plusieurs sous-variétés, elle donne notamment auQuébec la « gourgane » ou fève des marais, qui est connue comme culture traditionnelle dans la région duLac Saint-Jean[19].
la petite fève, qui donne les « féveroles » à plus petites graines et issues de cultures destinées au bétail.
Selon la botaniste russe V.S. Muratova (1890-1948), on subdivise l'espèce en deuxsous-espèces et plusieursvariétés botaniques en fonction des variations du poids, de la forme et de la taille desgraines :
la sous-espèceVicia faba subsp.paucijuga (Alef.) Murat., à très petites graines (moins de 0,3 gramme) présente enInde etAsie centrale
la sous-espèceVicia faba subsp.faba
variétéVicia faba subsp.faba var.equina Pers. - féveroles ou « fèves de cheval »
variétéVicia faba subsp.faba var.faba (synonyme :Vicia faba var.major Harz.) - fèves ou fèves des marais
Les féveroles désignent alors les variétésequina etminor dont les graines qui font entre 0,4 et 0,8 gramme et sont cultivées principalement pour l'alimentation d'élevage. Parmi les nombreuses variantes botaniques, on distingue enFrance les féveroles d'hiver et les féveroles de printemps, selon la période du semis. La variétéfaba (oumajor), dont la grosse graine pèse de 0,9 jusqu'à2 grammes, donne la fève potagère utilisée dans l'alimentation humaine[16],[20].
Au niveau mondial, la diminution des surfaces cultivées en fèves et féveroles, (d'environ 50 % en une cinquantaine d'années de 1961 à 2009) se traduit par une érosion des ressources génétiques, notamment due à la perte de variétés de pays, induisant la disparition de certains allèles, ou le remplacement de ces variétés traditionnelles par des cultivars modernes plus productifs. La conservation ex-situ dugermoplasme deVicia faba est assurée par diverses banques de gènes coordonnées par l'ICARDA situé à la station expérimentale de Tel Hadya (près d'Alep) en Syrie. On a recensé en 2008 au niveau mondial37 collections de graines regroupant environ 38 000 accessions et qui font l'objet d'une maintenance régulière[9].
Le tableau ci-après indique les principaux organismes impliqués dans cette action[24],[25].
Banque de gènes avec plus de 1 000 accessions deVicia faba
Les fèves faisaient l'objet d'uninterdit alimentaire pour les prêtres enÉgypte ancienne, et chez lesPythagoriciens de l'Antiquité grecque. La raison n'en est pas connue avec certitude (odeur de cuisson, fleurs pouvant être associées à un présage funeste, etc.)[27].
La fève était considérée comme provenant de la même matière destinée à former l'homme. La fève est principe de vie, par sa forme évoquant un testicule. C'est aussi un lieu detransmigration des âmes, manger des fèves étant l'équivalent de dévorer les défunts. AinsiPythagore et ses disciples s'abstenaient de manger des fèves, ou de marcher sur un champ de fèves. Pythagore serait mort, massacré par des poursuivants, en refusant dans sa fuite de traverser un champ de fèves[28].
Cet interdit pourrait aussi reposer sur l'existence d'une maladie appelée« favisme » oudéficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase (G6PD). Chez les personnes affectées par ce déficit héréditaire, l'ingestion de fève peut provoquer une crisehémolytique aiguë. Il en est de même lors de la prise de certains médicaments, ce qui fut démontré en 1956 chez desNoirs de l'armée américaine[29].
La fève se développe bien dans presque tous les types de sol, mais elle préfère ceux qui sont bien drainés, bien qu'elle puisse aussi supporter les sols argileux. Les sols très légers, humides ou secs ne lui conviennent pas; préfère un pH entre 6 et 7,5. Il nécessite beaucoup d'humidité et environ 700 mm de pluie par an. Elle n'est pas particulièrementphotophile, et étant tolérant au gel dans son développement précoce, elle s'adapte aux conditions des zones de montagne.
Ce n'est pas une plante exigeante en engrais, mais elle répond très bien aux engrais phosphopotassiques et au soufre, car ceux-ci, avec l'azote et le phosphore, sont des composants essentiels de la plupart des protéines, et comme cette plante a une forte proportion de protéines, le soufre est un élément très important.Bien que la plante puisse fabriquer l'azote dont elle a besoin à partir des nodules formés par lerhizobium, il convient toujours d'apporter un peu d'azote au début de la culture, car dans les premiers stades de développement de la plante les nodules ne peuvent toujours pas lui fournir l'azote nécessaire au bon développement des plantes. En tant qu'engrais azotés, le sulfate et le nitrosulfate d'ammonium sont meilleurs en raison du soufre qu'ils libèrent dans le sol.
Le rendement en gousses peut varier de 1 à 2 tonnes par hectare selon les variétés
On a recensé dans le monde plus d'une centaine d'agents pathogènes, dont une cinquantaine devirus, susceptibles d'attaquer les cultures de fèves et fèveroles[30]. En outre diversravageurs, insectes, acariens, nématodes, attaquent les plantes en phase de végétation ou les graines entreposées.
Les principales maladies fongiques sont l'anthacnose (ou ascochytose) due àDidymella fabae et la maladie des taches chocolat principalement due àBotrytis fabae, qui sont favorisées par les plantations trop denses, le temps humide et les sols gorgés d'eau. La rouille, due àUromyces viciae-fabae est également à craindre[31]. En France, les variétés de féveroles cultivées sont très résistantes à la pourriture racinaire due àAphanomyces euteiches, maladie qui attaque gravement les cultures depois[32].
↑Mirko Grmek,Les maladies à l'aube de la civilisation occidentale : recherches sur la réalité pathologique dans le monde grec préhistorique, archaïque et classique, Paris,Payot,, 527 p.(ISBN2-228-55030-2),p. 313-319.