Valery Larbaud est l'unique enfant du pharmacien Nicolas Larbaud[3], propriétaire de la sourceVichy Saint-Yorre[4] (cinquante-neuf ans à la naissance de son fils) et d’Isabelle Bureau des Étivaux (trente-huit ans)[5], fille d'un avocat et militant républicain deGannat dont Nicolas Larbaud est un client et dont son fils reprend le prénom[6],[Note 1]. Il n’a que huit ans lorsque son père meurt en 1889, à Vichy, à l'âge de soixante-sept ans.
Élevé par sa mère et sa tante, il s'ouvre à la littérature. En 1895, il voyage au bord de la Méditerranée, son imagination restera imprégnée de ces paysages. Le jeune homme obtient à dix-sept ans, à la session de, le baccalauréat puis sa licence ès lettres en 1908[7].
La fortune paternelle lui assure une vie aisée qui lui permet de parcourir l’Europe à grands frais. Paquebots de luxe,Orient-Express, Valery Larbaud mène la vie d'un dandy[8], fréquenteMontpellier l'hiver[9] et se rend dans les multiples stations thermales pour soigner une santé fragile dès ses jeunes années. Quand il revient àVichy, il reçoit ses amis,Charles-Louis Philippe,André Gide,Léon-Paul Fargue etG. Jean-Aubry qui sera son biographe.
Atteint d'une attaque cérébrale en 1935 qui le laisse avec unehémiplégie droite et uneaphasie[10],[11], il passe les vingt-deux dernières années de sa vie, cloué dans un fauteuil, incapable de prononcer une autre phrase que : « Bonsoir les choses d'ici-bas. » Il sera durant ces années soigné avec dévouement par le professeurThéophile Alajouanine, spécialiste des aphasies, qui devient son ami et écrira sa biographie[12].
Grand lecteur, grand traducteur, il s'était entouré de livres qu'il avait fait relier selon leurs langues : les romans anglais en bleu, les espagnols en rouge, etc.
Ayant dépensé toute sa fortune, il doit revendre ses propriétés et sa bibliothèque de quinze mille volumes en1948, enviager, à la ville de Vichy.
Il y meurt en 1957, sans descendance. Il est inhumé au cimetière des Bartins.
Larbaud écrit ses premières œuvres dès l'enfance. À sept ans, il rédige un poème malhabile titréMisère du couperet, à 15 ans, il commence à rédiger son premier journal intime[14], et à dix-sept ans, alors qu'il revient de son voyage en Russie pour étudier au lycée Théodore-de-Banville, il écrit lePetit manuel d’idéal pratique où il prétend étudier un enfant, Milou, lequel représente « des troubles intérieurs et révoltes secrètes de l’enfance[15] ». Larbaud reviendra sur ces premiers textes dans son recueilEnfantines, plus tardif.
En, pour leprix Goncourt,Octave Mirbeau vote pourPoèmes par un riche amateur, que Larbaud a publiés sans faire connaître sa véritable identité[16].
Larbaud parleanglais,allemand,occitan,italien,portugais etespagnol. Il a une passion pour les langues et une logophilie qui font de lui, selon le mot deLéon-Paul Fargue, un « archivaste-paléogriffe »[18]. Il fait connaître les grandes œuvres étrangères commeSamuel Butler, dont il est le traducteur, ainsi queJames Joyce, dont il est correcteur-superviseur pour la traduction d’Ulysse, laquelle, réalisée principalement parAuguste Morel à partir de 1924, continue jusqu'en 1929.
Dans son ouvrageJaune, bleu, blanc, Larbaud révèle sa pensée politique où il souhaite desÉtats-Unis d'Europe, avec des États membres qui correspondent aux« vraies nations » du continent, dont un pour lesOccitans[19].
Dans une optique« post-France », il envisage uneOccitanie indépendante, qui comprend d'ailleurs Vichy, sa ville d'origine qui est située à la pointe nord de l'aire de locution de l'occitan, et qui aurait pour capitaleMontpellier[20],[21]. Il affirme ainsi unoccitanisme politique appuyé précoce auXXe siècle[22].
Leprix Valery-Larbaud, créé en1967, est décerné en mai ou en juin à Vichy ; il est attribué par l'Association internationale des Amis de Valery Larbaud, avec le soutien de la ville de Vichy, à l'auteur d'« une œuvre qu’aurait aimée Larbaud, ou dont l’esprit, le sens et la pensée rejoignent celle de Larbaud[23]. »
Depuis 2024, et après une interruption de trois ans, il s'intitule prix de la critique Valery-Larbaud[23].
200 chambres, 200 salles de bains, illustré de 10 gravures au burin parJean Émile Laboureur, La Haye, J. Gondrexon éditeur (1927) ; rééd. Éditions du sonneur[25] (2008)
Valery Larbaud & A.A.M. Stols,Correspondance (1925-1951), édition établie et annotée par Christine et Marc Kopylov, introduite par Pierre Mahillon, Éditions des Cendres (1986)
Journal, 1931-1932, D'Annecy à Corfou, texte établi par Claire Paulhan et Patrick Fréchet, introduction de Patrick Fréchet,Éditions Claire Paulhan (1998)[26]
Journal 1934-1935, Valbois - Berg-Op-Zoom - Montagne Ste Geneviève, texte établi par Claire Paulhan et Patrick Fréchet, introduction de Claire Paulhan, Éditions Claire Paulhan (1999)[27]
La médiathèque Valery-Larbaud de Vichy a été ouverte en 1985. Elle conserve son mobilier et sa riche bibliothèque personnelle (reliures marquées « VL »), et y organise des visites.
↑Son prénom s'écrit Valery, et non sous la forme plus répandueValéry, avec un accent. Valery Larbaud porte le prénom de son grand-père maternel, Valery Bureau des Étivaux, avocat à Gannat. À propos de l'absence d'accent, il écrira dansDes prénoms féminins : « Jeana sa Jeanne etmême Paulea sa Pauleet sa Paulette.Mon prénom avec un égoïsme masculin qui me désole refuse de se mettre au féminin. Pour tant de Valériesqu'il y a dans le monde, pas une Valerie(sans accent sur l'e). Condamné au célibat à perpétuité, Valery ne trouvera jamais sa moitié d'orange ».
« Il […] plaide constamment pour des États-Unis d’Europe Confédérée où l’Occitanie retrouverait son identité etnaturellement, la capitale serait Montpellier. »
« Les villes, lescivitates du Centre et du Nord sontdeditices : Paris, qu'elles forment, les absorbe, les anéantit ; au contraire, lescivitates du Midi, et en particulier celles d'Occitanie, sont alliées, et on conçoit pour elles une époque "post-française" ; la formation des États-Unis d'Europe exigeant la disparition des anciennes nations, trop puissantes pour la sécurité commune, et l'établissement d’un système d’États confédérés, on imagine l'Occitanie retrouvant son autonomie, son nom, certaines coutumes. On songe […] aux témoignages officiels de son existence indépendante sous la direction centrale d’un Conseilamphictyonique européen : sur les monnaies, sur les timbres, des allusions aux grands souvenirs historiques du pays, à la renommée de laFaculté de Montpellier. Naturellement, la capitale serait Montpellier. »
↑Ouvrage publié dans la clandestinité, à Amsterdam, orné de quatre dessins de Salim coloriés à la main, imprimé en Perpetua à cinquante-cinq exemplaires. (Dirk De Jong,Bibliographie des Éditions Françaises clandestines, A.A.M. Stols, La Haye, 1947.)