« Le Valbonnais est essentiellement la vallée moyenne de la Bonne, affluent du Drac.[…] C’est une large cuvette qui s’ouvre à la sortie de la gorge du Pont du Prêtre fermée au Nord par la masse importante du Quoirau, à l’est par les contreforts étagés de l’Arcanier, et au midi par le Colombier que prolonge la chaîne de l’Averset. C’est un fond de lac alpin, sur les bords duquel se trouve l’agglomération de Valbonnais (750 mètres d’altitude) et les hameaux de Verneys, des Angelas, de la Roche, plus à l’est, Entraigues. »
— Marcelle Péry,A l'ombre de la montagne, Éditions de l'Ubac, 2006
La commune de Valbonnais est située à la lisière nord-ouest dumassif des Écrins, dans la zone périphérique du parc, à une dizaine de kilomètres à l'est dela Mure. Elle occupe une plaine alluviale formée par laBonne, affluent duDrac, qui la traverse d'est en ouest. Elle est dominée au nord par leCoiro, pointe sud dumassif du Taillefer, qui culmine à 2 606 mètres, et séparée au sud duBeaumont par un alignement collinaire qui prolonge vers l'ouest le mont Colombier (alt. 1 948 m), et qui n'est franchissable qu'au col de Parquetout (alt. 1 382 m).
Valbonnais est traversé d'est en ouest par la route départementale (ex-nationale) 526, qui, côté aval, rejoint au lieudit Pont-Haut, au sud dela Mure, laroute nationale 85 (la « route Napoléon »), et, côté amont, remonte au nord-est vers lecol d'Ornon pour rejoindre l'Oisans, en laissant à Entraigues un embranchement vers le Valjouffrey. Au sud, la petite D 212f monte depuis le pont des Fayettes vers le col de Parquetout, d'où elle redescend vers Saint-Michel-en-Beaumont.
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (76,1 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (79,6 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :forêts (57,2 %), zones agricoles hétérogènes (22,6 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (9,6 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (9,4 %), zones urbanisées (1,3 %)[12]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Le territoire de la commune correspond au bassin versant du torrent alpin de la Bonne, ce qui explique son nom.La rivière, ancien françaisbone/bodne/bonne, du gauloisbodina, "borne, limite", faisait la frontière entre les Ucènes de la Romanche et les Tricores du Trièves et du Valgaudemar.
Les sources disponibles pour établir l'histoire de Valbonnais sont relativement réduites jusqu'au Moyen Âge classique. En revanche, à partir de cette période, elles sont beaucoup plus nombreuses et ont fait l'objet d'études sur certains points.
La région est anciennement connue commeVallis bonnesii, vallée duBonnesium (nom gallo-romain).
« Le Valbonnais, c'est le territoire de l'intime, le territoire de la discrétion. Les terres toujours insuffisantes sont toutes travaillées et la forêt qui les relaie est présente en grands massifs continus et têtus. Dans toute sa modestie de société rurale, le Valbonnais tient presque au secret ses trésors, lacs, alpages, grands sommets. Comment ne pas citer l'Olan qui ferme la vallée de Font Turbat de sa fière paroi? Le Désert en Valjouffrey, Valsenestre, le Périer, Chantelouve, Valbonnais, les Engelas, Lavaldens, la Morte, lieux de vie presque timides où chacun fait ce que le territoire impose : travaillant et la mine et la terre, s'en allant l 'hiver pour colporter savoir-faire et tissus. De ces temps impossibles le Valbonnais ne fait guère état, cherchant aujourd'hui un nouvel équilibre entre tourisme de découverte et économie agricole, forestière. Il a la sagesse de l'écart. Le visiteur en quête d'équilibre embrasse un paysage qui est une véritable leçon. […] Les travaux et les jours martèlent comme le pas ce grand pays de silence immobile et de vies au secret. »
— Claude Dautrey,Randonnée pédestre dans le Parc National des Ecrins, Editions Olizane, 2006
« Le Valbonnais est un vallon étroit, mais fertile, arrosé par une petite rivière nommée Bonne. Voilà l'étymologie de sa dénomination ; aussi dans quelques anciens actes est-il nommé vallis Bonna ou Bonnae, vallis Bonnensis, vallée Bonne ou de la Bonne. Les limites du Valbonnais, qui fait partie du canton d'Entraygues, sont encore fixées en largeur par les crêtes des deux chaînes qui forment la vallée principale. Les deux extrémités, dans le sens de la longueur, sont la montagne de Turbate [cirque de Font-Turbat au pied de l'Olan], où la Bonne prend sa source, et le territoire de la commune de Valbonnais, où résidait jadis le seigneur de tous ces pays… Mais ce vallon a deux embranchements, dont l'un conduit à la commune de Chantelouve, qui fait partie du Valbonnais. Cet embranchement forme aussi une gorge étroite, qui a une issue dans l'Oisans, et qui, depuis Chantelouve, est arrosé par une petite rivière appelée la Marsane ou la Malsaine, parce qu'en effet on prétend que ses eaux sont moins propres à l'arrosage que celle de la Bonne. On doit encore indiquer ici le vallon deValsenestre, vallis Sinistra, vallée Gauche, qui est aussi une dépendance du Valbonnais, et qui, avec plusieurs autres villages, forme la commune de Valjouffray, même contrée et même canton. »
— Jacques Champollion-Figeac,Extrait de l'Annuaire du Département de l'Isère, années 1811 et 1812, Rapport rédigé en 1810, sur la demande de Joseph Fourier, préfet de l'Isère, pour être adressé au ministre de l'Intérieur
Valbonnais a été au Moyen Âge et jusqu'en 1789 le centre d'une entité féodale (dénomméemandement ou seigneurie) constituée de cinqparoisses : Valbonnais,Entraigues,Valjouffrey,Le Périer,Chantelouve[13].Cette entité était sous l'autorité d'un seigneur qui percevait des droits et rendait justice sur ses terres. La seigneurie était organisée autour d'un château (certainement le deuxième construit sur le plan chronologique) avec unemaison forte à proximité et une tour de contrôle de vingt-huit mètres de haut. Unprieuréclunisien a été fondé à proximité vers 950.
Le mandement du Valbonnais a constitué une baronnie à partir de 1632. En 1677, il devient la propriété de la famille Moret de Bourchenu, lignée de parlementaires dauphinois, qui achète les terres de Valbonnais par échange auprès deJacques II de Poligny. Il est érigé en marquisat en 1694 au bénéfice deJean-Pierre Moret de Bourchenu, premier président de laChambre des comptes du Dauphiné, qui prend alors le titre de marquis de Valbonnais. Le mandement restera aux mains des Moret de Bourchenu jusqu'à la Révolution française, date à laquelle les structures d'Ancien Régime ont été remplacées par les départements, cantons et communes.
L'ancienne usine de Pont-du-Prêtre.
De 1926 à 1950, Valbonnais a été desservi par un chemin de fer àvoie métrique et à traction électrique, embranchement de laligne de chemin de fer de La Mure à Corps construit pour desservir les cimenteries de Pont-du-Prêtre, dont on peut encore voir les ruines au bord de la route. Cette cimenterie a occupé une place majeure dans la vie du village du fait de son importance économique pendant une soixantaine d'années (elle ne survit pas à la crise des années 1930 alors que le ciment produit avait été exporté). La voie ferrée comportait une gare intermédiaire à Pont-du-Prêtre, devenue maison d'habitation privée, et une gare terminus à l'entrée du bourg de Valbonnais. Le projet de construction d'un chemin de fer à crémaillère ou d'un téléphérique prolongeant ce chemin de fer en direction de la crête dela Salette n'a pas eu de suite.
En août 1944, des Allemands de la157e division d'infanterie[14] du généralKarl Pflaum qui avaient participé à la destruction dumaquis du Vercors le mois précédent ont brièvement occupé la commune de Valbonnais du 9 au 12 août. Cinq résistants furent tués lors de combats qui eurent lieu au lieu-dit "Pont du Prêtre", un résistant fut sommairement exécuté et trois hommes qui se cachaient dans les bois furent également tués[15],[16].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[17]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[18].
En 2022, la commune comptait 514 habitants[Note 1], en évolution de +3,21 % par rapport à 2016 (Isère : +3,07 %,France horsMayotte : +2,11 %).
Historiquement, le quotidien régionalLe Dauphiné libéré consacre, chaque jour, y compris ledimanche, dans son édition deRomanche et Oisans, un ou plusieurs articles à l'actualité de la communauté de communes, du canton, ainsi que des informations sur les éventuelles manifestations locales.
La communauté catholique et l'église paroissiale de Valbonnais (propriété de la commune) dépendent de laparoisseSaint Pierre Julien Eymard qui rassemble un grand nombre de villages autour de la cité de La Mure. Cette paroisse est rattachée audiocèse de Grenoble-Vienne[21].
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« Valbonnais veut dire en effet vallis bona, bonne vallee, et c'est bien dit ; car il semble que Dieu ait jeté ici à profusion toutes les bonnes choses de la création. Je ne parle pas seulement des richesses céréales et agricoles qui lui ont fait donner son nom ; on y trouve encore des truites toujours fraîches, des écrevisses exquises, du gibier en abondance, des fruits délicieux, ainsi que nous pûmes nous en convaincre par l'excellent déjeuner qui nous fut servi à Valbonnais. »
— Ernest de Toytot,Voyage de Grenoble à la Salette, Chez Baratier frères et fils, 1863, p.297
Traditionnellement vouée à l'agriculture, la commune de Valbonnais a hébergé pendant une soixantaine d'années une cimenterie, laSociété des Ciments Portland de Valbonnais, Pelloux, Père, Fils et Cie, créée en 1878 à Pont-du-Prêtre, à l'extrémité ouest de la commune, pour exploiter les calcaires argileux pour la production de ciments hydrauliques[22]. Mais cette exploitation survit pas à la crise des années 1930 alors que le ciment produit avait été exporté.
La randonnée pédestre est encouragée par de nombreux sentiers de village balisés, des sentiers de randonnée du Plan départemental des itinéraires de promenades et de randonnées (PDIPR), entretenus par la Communauté de communes de la Matheysine (CCM), et lesentier de grande randonnéeGR 50 (tour du Parc national des Écrins), qui traverse la commune entre Oris-en-Rattier et Entraigues[23].
Deux circuits de VTT entretenus par la CCM traversent Valbonnais : Tour du Roussillon et Crête de la Sciau.
Historiquement, le Valbonnais (sauf les communes de la vallée de la Roizonne) appartient à la zone deparlers occitans de typevivaro-alpins[25]. En Occitan, la commune se nommeVaubonés.
Les habitants de Valbonnais sont appelés lesValbonnetins. Les habitants de certains hameaux ont des noms particuliers :Engelaurous (Engelas),Rouchaïrous (la Roche),Vernusaux (les Verneys),Pécharaux (Péchal).
Le château de Valbonnais, dans la partie sud-ouest du village, construit en 1608[26]. La forme du château n'a que très peu variée depuis ses origines, seules les dépendances jouxtant le château datent de la seconde moitié duXIXe siècle.
Cette inscription est unpalindrome double : elle peut se lire indifféremment de gauche à droite, de droite à gauche en commençant par le bas, mais aussi verticalement de haut en bas, ou de bas en haut en commençant par la droite. On la trouve en divers lieux etelle a fait couler beaucoup d'encre. Celle-ci, à proximité d'un bâtiment judiciaire, servait peut-être d'élément porte-bonheur visant à protéger le lieu des incendies comme cela arrivait fréquemment[26]. La pierre est classée parmi les monuments historiques au titre d'objet[28].
L'église paroissiale Saint-Pierre de Valbonnais, construite entre 1865 et 1867 en remplacement de l'ancienne église prieurale démolie pour percer une rue[29].
Lepont des Fayettes, oupont la Fayette, est un pont routier sur la rivièreBonne, sur la route d'Entraigues. Ce pont, construit essentiellement en bois, a été mis en service en, en remplacement d'un ancien pont en béton à voie unique. Afin de valoriser les ressources naturelles à l'entrée duParc national des Écrins, leconseil général de l'Isère, maître d'ouvrage, a voulu qu'il soit construit en bois d'essences locales (mélèze,épicéa,pin sylvestre). Pour faire face aux conditions hivernales rudes, il est muni d'une couverture, entièrement en bois, qui lui donne un cachet original.
Jean-Pierre Moret de Bourchenu (1651–1730) : marquis de Valbonnais, magistrat dauphinois, président de la Chambre des Comptes, historien.
Jacques Champollion : né le au hameau de La Roche. Ses parents sont originaires de Valjouffrey. Il quitte Valbonnais en1770 pour se fixer àFigeac où il se marie le et travaille dans la librairie de son beau-père M. Gallieu. Il est le père deJean-François Champollion etJacques-Joseph Champollion.
André Champollion : cousin germain de Jean-François et Jacques-Joseph Champollion, né le au hameau des Angelas. Capitaine au32e régiment d'infanterie de ligne, il participe auxcampagnes d'Italie etd'Égypte puis est prisonnier des Anglais de 1804 à 1814. Fait chevalier de laLégion d'honneur en 1814[31].
Barthélémy Buis : né le au hameau des Verneys, il s’enrôle en 1792 dans le corps deshussards du treizième régiment de Napoléon. Il est blessé de plusieurs coups de sabre à labataille de Zurich en 1799. Il intègre en 1800 leschasseurs à cheval de lagarde impériale. Il est récompensé de la Légion d’honneur le[32] et mis en retraite la même année après plus de 13 années de campagnes.
Jacques Jean Antoine Aribert : né à Valbonnais en 1776 et décédé à Grenoble en 1842. Il remporte à l'École centrale de Grenoble le2e prix de mathématique. Camarade deStendhal, celui-ci fera allusion dans laVie de Henry Brulard, au « bon Aribert », rappelant « sa faiblesse devant la vie et sa bonne foi ». Il fut conseiller municipal de Grenoble et administrateur de l'hospice sous lamonarchie de Juillet. Grâce à plusieurs héritages du côté de sa femme, il acquit des biens àJarrie,Brié etVaulnaveys, puis des maisons à Grenoble. Il acheta le l'hôtel de Belmont, rue quai Créquy, qu'il garda jusqu'à sa mort.
Antoine Pelloux : fondateur de la Société des Ciments Portland de Valbonnais, Pelloux, Père, Fils et Cie en 1878[36].
Colette Buisson, née Court : née en 1933 à Valbonnais. Présidente duSouvenir français (comité Valbonnais) pendant 18 ans et Présidente Honoraire entre 2012 et 2020. Décédée en 2021.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)
↑Un détachement du bataillon 179 du Reserve-Grenadier-Regiment 157 composé d'Allemands et de Polonais,(en ligne)
↑Comité du souvenir Français, Du 9 au 15 août 1944, Une semaine de la vie dans la vallée de Valbonnais sous l'occupation allemande, Seyssinet-Pariset, Imprimeurs Réunis, 2004
↑"Paul Emesse, Nacer Ben Ali, Séraphin Oddoux, Antoine Treuille, Georges Weil, Armand Casu, Leyzor Kon, Paul Pichand, Fernand Terreas-Blanc",notice Valbonnais (Isère), du 9 au 11 août 1944, par Jean-Luc Marquer, 9 août 2021
↑abc etdEric Tasset,Châteaux forts de l'Isère : Grenoble et le Nord de son arrondissement, Grenoble, éditions de Belledonne,, 741 p.(ISBN2-911148-66-5), pp. 708-710.
↑« Henri Collomb est né le 14 décembre 1913 à 2 heures du matin, en la Maison du Fege, dans la commune de Valjouffrey. Il était le fils de Célestin Marcellin Collomb, 36 ans, cultivateur, domicilié aux Moulins, commune de Valbonnais, et de Augustine Fege, 25 ans, ménagère. »,Bulletin mensuel de l'Académie delphinale, Académie delphinale, Grenoble, 1988, p.146
Comité du souvenir Français,Du 9 au, Une semaine de la vie dans la vallée de Valbonnais sous l'occupation allemande,Seyssinet-Pariset, Imprimeurs Réunis,