L’Aran ou leval d'Aran (enaranais :era Val d'Aran ; encatalan :la Vall d'Aran ; engascon pyrénéen :era Vath d'Aran ; enespagnol :el Valle de Arán) est une vallée de langueoccitane, située dans lesPyrénées catalanes, enEspagne.
C'est officiellement unecomarque de lacommunauté autonome deCatalogne qui a reçu un statut de semi-autonomie en1990. L'Aran, dont les habitants parlent l'aranais, une variété dugascon,dialecte de la langue occitane, était depuis cette date le seul territoire d'Occitanie où l'occitan était unelangue officielle, conjointement avec lecatalan et l'espagnol. Depuis 2006, l'occitan est officiel dans toute laCatalogne où il est l'une des trois langues officielles avec le catalan et l'espagnol. C'est grâce à cela que l'occitan est une des langues officielles de l'eurorégion Pyrénées-Méditerranée qui regroupe la Catalogne, lesîles Baléares et la région administrative françaiseOccitanie.
La vallée est à la frontière de deux États : laFrance et l'Espagne, mais aussi de plusieurs régions historiques :Gascogne,Languedoc, Catalogne etAragon. Ce voisinage est perceptible dans la géographie, la langue et l'organisation administrative.
Le val d'Aran représente à peu près la haute vallée de laGaronne qui entre ensuite en France par leComminges.
Le nomVal d'Aran serait unpléonasme : il signifierait « Vallée de la vallée » (val, « vallée » enaranais etaran, dérivé de l'aquitainharan « vallée » — leproto-basque était encore parlé vers l'an 1000 dans la région[2]). Le mot aranaisval (anciennementvalh) est un catalanisme : le mot gascon estvath[3] ([bac͡ç]).
Selon l'écrivain Marcellin Bérot,Aran peut provenir de la racinearr- qui signifie « rocher, rocheux ». On trouve en vallée d'Aspeeth bòsc d'aran qui signifie « le bois du quartier rocheux »[4].
L'éminent romaniste et étymologisteJoan Coromines est pour sa part catégorique :« l'étymologie [du nom du val d'Aran] est bien connue et sûre, et même divulguée […] = basquearan« vallée »,« la vallée (par excellence) » »[5].
L'expressioncil d'Aran (« ceux d'Aran ») figure dans lachanson de sainte Foy d'Agen, l'un des plus anciens textes connus en langue d'oc[5].
En espagnol, Val d'Aran se ditValle de Arán. Depuis 1984, les toponymes utilisent officiellement leur forme aranaise. Ainsi la capitale, anciennementViellaMitg Arán, se nomme officiellementVielha e Mijaran.
Le val d'Aran correspond à peu près à la vallée supérieure de laGaronne. D'aprèsNorbert Casteret[6] le fleuve prend sasource principale dans lemassif de la Maladeta, enAragon, où il s'engouffre autrou de Tòro pour rejoindre le val d'Aran par larésurgence duGuelh de Joèu. Pour les Aranais, la véritable source, l'Uelh dera Garona, se situe auPla de Beret à proximité duport de la Bonaigua. Cette branche est en effet plus longue que le cours officiel et son débit plus important (mais l'altitude de sa source, seul critère officiel, est inférieure).
Géographiquement, l'essentiel de la vallée fait donc partie du bassin de laGaronne, qui se déverse dans l'océan Atlantique, depuis le versant nord desPyrénées. Le val d'Aran est donc clairement du côté nord de laligne de partage des eaux, sauf l'Espitau de Vielha (Hospice de Vielha) et la haute vallée de la Noguera Pallaresa (Montgarri).
Le val a deux sources d'eau chaude et des carrières. Certaines roches contiennent de l'argent. Le sol contient ou a contenu différents éléments : argent, zinc, nickel, cobalt, arsenic, antimoine, fer, dans une vallée de moins de soixante kilomètres de long[7].
Le val d'Aran fut longtemps une enclave l'hiver. La vallée était sans communication directe avec l'Espagne en dehors du haut col de laBonaigua et du col muletier deVielha, impraticables en hiver, jusqu'au percement dutunnel de Vielha en1948. En 2007, un nouveau tunnel à trois voies est inauguré, l'ancien devenant une voie technique de sécurité et de secours reliée au nouveau par 12 galeries de sécurité.
De même, au nord, le resserrement du prolongement de la vallée à Saint-Béat (Passus Lupi - ou « passage juste suffisant pour les loups », d'après les Romains) rendait la circulation moins facile côté français, où, néanmoins, letramway de Marignac au Pont-du-Roy fut en service de 1914 à 1953[8].
La vallée a connu une histoire complexe, celle d'une région de montagne isolée mais aussi très influencée par ses deux grands voisins ; laFrance et l'Espagne. Au cours des siècles, le Val d'Aran a joué un jeu risqué et opportuniste d'alliance, pour faire s'équilibrer les appétits des principales puissances régionales :Gascogne,Languedoc,Catalogne etAragon.
La vallée a presque toujours fait partie de laCatalogne (avec souvent, dans le passé, des administrateurs aragonais).
D'un point de vue religieux, la région était dépendante de l'autorité de l'évêque deSaint-Bertrand-de-Comminges, et refusa longtemps celle de l'évêque d'Urgell. Curieusement, c'est laRévolution française qui coupa ce lien avec la France, en réorganisant les évêchés en fonction des départements français.
Très tôt, la vallée a d'ailleurs bénéficié d'un régime d'autonomie, de « marche » indépendante défendant ses coutumes propres, qui a fait que certains auteurs ont été jusqu'à parler deRépublique pyrénéenne (non loin d'une autre curiosité : la principauté d'Andorre).
LeVal d'Aran est aujourd'hui unedivision administrative de premier niveau du nord-ouest de la communauté autonome deCatalogne dans laprovince de Lérida situé sur le versant nord desPyrénées. En1990, une loi spéciale de la communauté de Catalogne a rétabli leConseil général, institution historique du Val d'Aran, et notamment établi l'occitan gascon, dans sa variété aranaise, comme langue coofficielle dans la vallée.
Le Val d'Aran dispose d'un régime spécial au sein de la communauté autonome deCatalogne sanctionné par la loino 1/2015 du, diteloi sur le régime spécial d'Aran, qui consacre la singularité territoriale du Val d'Aran. Il n'est pas inclus dans les structures territoriales catalanes et n'a plus le statut decomarque. Il dispose de sa propre organisation territoriale en sixterçons etVielha e Mijaran est officiellement reconnue comme sa capitale[9]. La première disposition additionnelle de cette loi prévoir une certaine liberté d'autodétermination : « El Parlament de Catalunya reconeix el dret del poble aranès a decidir el seu futur. » (« Le Parlement de Catalogne reconnaît le droit du peuple aranais de décider de son avenir »).
Lesyndic d'Aran est le chef de l'exécutif. Depuis, la fonction est occupée par Maria Vergés Pérez.
Le territoire est organisé en six divisions administratives, appeléesterçons (signifiant « tiers », car elles étaient anciennement au nombre de trois : Naut Aran, Mij Aran (Mijaran) et Baish Aran, c'est-à-dire « Haut, Moyen et Bas Aran »). L'arrangement actuel des divisions date duXVe siècle.
Linguistiquement, les habitants parlent l'aranais, une variété dugascon,dialecte de la langueoccitane. L'aranais est un gascon pyrénéen fortement influencé par le catalan et l'espagnol.
Dans le passé, l'aranais a toujours été traditionnellement la langue parlée. Le catalan a toujours été aussi très présent dans les écrits anciens officiels.
En1990, la loi de laGénéralité de Catalogne sur le régime spécial du Val d'Aran, déclare explicitement que l'aranais est une variété de la langue occitane, et lui donne un statut de langue officielle, au même titre que le catalan et l'espagnol. En2006, le nouveau statut d'autonomie de la Catalogne étend la coofficialisation de l'occitan, dénommé aranais en Aran, à la totalité de lacommunauté autonome[11],[12].
Durant le régime franquiste, lecastillan était la seule langue officielle, et l'usage des langues régionales était interdit. Comme d'autres langues minoritaires d'Europe, l'aranais connaît une renaissance. Les habitants parlent couramment catalan, castillan et aranais, mais aussi régulièrementfrançais.
L'aranais est écrit au moyen de l'orthographe classique occitane (qui est donc celle de la forme officielle des toponymes locaux). Il est régulièrement enseigné à l'école depuis1984.
L'aranais se distingue du gascon standard par la réfection d'un pluriel en-i :
Au sud du val d'Aran se trouve le massif desEncantats (des « Enchantés »), haut lieu de la randonnée pédestre (à ski l'hiver).
Les autres principaux secteurs de l'économie incluent les produits forestiers, l'élevage et l'apiculture, qui ont perdu en importance depuis le développement du ski.
Haute vallée des Pyrénées catalanes, le val d'Aran conserve encore le rythme de la vie pastorale. L'herbe pour le fourrage y est coupée à la main et transportée vers les granges sur des traîneaux de bois.
↑Aitor Carrera,L'aportació de Joan Coromines a l'occità de la Vall d'Aran,Homenatge de l'IEC aJoan Coromines, en el centenari de la seva naixença,p. 97aperçu en ligne
↑Marcellin Bérot,La vie des hommes de la montagne dans les Pyrénées racontée par la toponymie, Centre régional des lettres de Midi-Pyrénées, Milan, parc national des Pyrénées, 1998(ISBN2841137368)
↑Georges Jorré, « Le problème du Trou du Toro, d'après M. Norbert Casteret (Le problème du Trou du Toro. Détermination des sources du rio Esera et de la Garonne occidentale »,Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest,vol. 3,,p. 116-120(lire en ligne, consulté le).
↑La llengua occitana, denominada aranès a l'Aran, és la llengua pròpia d'aquest territori i és oficial a Catalunya, d'acord amb el que estableixen aquest Estatut i les lleis de normalització lingüística.