LesComores, en forme longue l'union des Comores[6] (encomorien :Komori etUdzima wa Komori, enarabe :جُزُرُ ٱلْقَمَر (Juzur al Qamar) etالْاتِّحَادُ ٱلْقَمَرِيّ (al-Ittiḥād al-Qamariyy)), sont unÉtat indépendant d'Afrique australe composé de trois îles[7] situées dans le Nord ducanal du Mozambique, un espace maritime de l'océan Indien.
La Constitution comorienne identifie l'union des Comores à l'archipel des Comores, composé de quatreîles :Grande Comore (Ngazidja),Mohéli (Mwali),Anjouan (Ndzuwani) etMayotte (Maoré), cette dernière île ayant cependant décidé parréférendum de rester française lors du processus de décolonisation (elle était française depuis, contre pour le reste de l'archipel). Cette scission des Comores a été dénoncée par l'Assemblée générale des Nations unies jusque dans les années 1990, et l'État comorien revendique toujours son autorité sur Mayotte, malgré la confirmation du choix du peuplemahorais par plusieurs autres référendums, qui ont mené à sonaccession au statut de département français en. Ledrapeau national des Comores comporte un croissant de lune, quatre étoiles et quatre bandes symbolisant les quatre îles principales dont Mayotte (bande blanche). L'emblème national comporte également quatre étoiles.
On lit souvent que le nom « Comores » dériverait du mot arabeقمر (qamar), qui, en français, signifie« lune » : les Comores sont d'ailleurs surnommées en français« îles de la Lune »[11]. Cependant, cette étymologie populaire estapocryphe, le mot venant plutôt de l'ancien nom arabe de Madagascar, « Q(u)mr’ » (جزر القمر)[12] : les Comores étaient, pour les Arabes, les« îles malgaches ».
Formé il y a environ9 millions d'années, l'archipel des Comores, d'originevolcanique, ne semble pas avoir connu de présence humaine avant leVIIe siècle[13], les mammifères en étant probablement absents à l'exception desroussettes.
L'archipel des Comores constitue la frontière sud de l'aire culturelleswahilie qui se développe à partir de la fin du Moyen Âge dans cette région que l'on appelle à l'époque leZanguebar ; Mayotte constitue également le point de contact de cet ensemble avec la culture malgache, très différente, ce qui fait de cette île un carrefour d'influences — mais aussi une cible guerrière. Les influences venues de l'ensemble de l'océan Indien, mais aussi de la côte africaine, chamboulée par l'irruption desBantous, et de la côte malgache, ne cessent de façonner la société swahilie insulaire. Une immigration bantoue et malgache (Sakalaves) commence insensiblement[15].
En, lachute de Constantinople ferme brutalement les routes commerciales qui reliaient l'Europe à l'Orient. S'ouvre alors l'âge d'or du commerce maritime, qui contourne l'Afrique pour atteindre l'Inde et la Chine : lecanal du Mozambique se retrouve donc subitement au cœur de la principale route commerciale au monde, entraînant une importante période de prospérité pour les nombreuses îles et cités-États de l'aire culturelle swahilie. C'est alors Anjouan qui devient l'île la plus prospère de l'archipel, car plébiscitée par les marins : comme elle dispose de trois côtes, les marins sont sûrs de pouvoir s'y mettre à l'abri de n'importe quel vent, et les mouillages y sont excellents ; les Portugais en font rapidement une relâche incontournable dans la route des Indes, et établissent des relations commerciales avec la population[16].
Le, le sultanAndriantsoly, considérant qu'il ne peut plus protéger son île presque entièrement dépeuplée par les guerres incessantes (tous les villages sont alors abandonnés à l'exception deDzaoudzi), vend Mayotte à la France[19], en échange d'une rente à vie et de l'autorisation d'élever ses enfants àla Réunion aux frais de la France.
À cette date,Louis-Philippe Ier, alors roi des Français, intègre officiellement Mayotte à la France[20].
En 1869, l'ouverture ducanal de Suez signe l'arrêt de mort de laroute des Indes par le canal du Mozambique : en quelques décennies, les milliers de navires de commerce qui faisaient escale aux Comores chaque année se déroutent vers l'Égypte, et la manne financière que représentait l'activité portuaire disparaît brutalement, plongeant les ports de la région dans la misère.
Des Européens s'installent progressivement aux Comores, y acquièrent des terres et y font parfois fortune, commeLéon Humblot (installé en 1884), qui, à la suite d'un contrat avec lesultan de BambaoSaid Ali bin Said Omar, devient rapidement l'homme le plus puissant de l'archipel, surnommé le« sultan blanc des Comores », régnant d'une poigne de fer sur la Grande Comore, à la tête d'un système reposant sur l'esclavage. C'est donc en partie pour tempérer ces ambitions individuelles que la France entreprend d'établir un protectorat aux Comores, ratifié par le sultan de Grande Comore en 1886. À partir de 1892, le pouvoir sur les îles des Comores est exercé par lesRésidents subordonnés aux gouverneurs de Mayotte (donc sous autorité du président de la République française), qui, peu à peu, ont pris le pouvoir et fait abolir l'esclavage (Humblot est déchu de ses privilèges en 1896). Les exploitations coloniales constituent près de la moitié de la Grande Comore, 40 % d'Anjouan, 20 % de Mohéli. Les îles deviennent alors colonie de « Mayotte et dépendances ». La langue officielle devient le français, l'enseignement passe de l'arabe au français. L'usage des dialecteskiswahilis se poursuit cependant dans le milieu du commerce.
En 1904, le rattachement juridique officiel se fait entre les îles. Il est suivi, le, d'un second décret rattachant officiellement« Mayotte et ses dépendances » à Madagascar. Peu à peu, les terres sont rétrocédées aux Comoriens, et une élite locale voit progressivement le jour (souvent éduquée à la Réunion avant la fondation du lycée de Moroni).
En 1946, l'entité « Colonie de Madagascar et dépendances » étant une colonie française, elle n'est plus rattachée administrativement àMadagascar, devenue indépendante le 26 juin 1960, et forme pour la première fois de son histoire une entité administrative unie et reconnue, sous le statut deterritoire d'outre-mer (TOM). Ce sera véritablement la première fois que les quatre îles formeront un seul bloc d'un point de vue administratif, malgré le mécontentement des Mahorais qui, dès 1946, voyant la Guadeloupe, La Guyane, La Réunion et la Martinique être départementalisées, ont publiquement demandé au gouvernement le souhait de transformer l'île en département. Ce souhait ne se réalisera que65 ans plus tard, tandis que les quatre DOM d'origine vont connaître une accélération dans leur développement.
Après la vague des indépendances des pays africains durant les années 1960, un certain nombre d'intellectuels commencent à réclamer l'indépendance pour les Comores. Avec lesaccords du 15 juin 1973, dans un objectif d'indépendance concertée, la France organise laconsultation de 1974.Mayotte, française depuis deux générations de plus que ses sœurs, s'exprime différemment des trois autres îles et fait alors le choix du maintien de son statut français alors que le reste de l'archipel choisit massivement l'indépendance.
Selon le point de vue comorien,Jacques Chirac, Premier ministre, aurait décidé de ne pas lier le sort de Mayotte à celui des trois autres îles, et cela en contradiction avec les écrits antérieurs deValéry Giscard d'Estaing sur le sujet et avec le droit international, ce qui aurait heurté les élus des îles. Par la voix de l'AnjouanaisAhmed Abdallah Abderamane, l'indépendance de l'État comorien est déclarée unilatéralement le.
Selon le point de vue français, le sort des deux fractions du territoire n'est pas lié pour des raisons tant juridiques que politiques. En effet, Mayotte est française depuis 1841 (achat de l'île) alors que le reste des Comores n'est qu'un simple protectorat depuis 1886. Ainsi, le résultat du référendum devait être interprété île par île. En outre, laConstitution ne permet pas de donner l'indépendance sans le consentement de la population. C'est pourquoi, la consultation mahoraise étant négative, Mayotte sera, à l'inverse des autres îles, maintenue dans lestatu quo ante. Cette différence d'appréciation demeure depuis un sujet de tensions diplomatiques récurrentes entre la France et les Comores, mais aussi entre la communauté mahoraise et le reste des Comoriens. Cette île se retrouve donc prise dans une contradiction entre deux principes fondamentaux du droit international : ledroit des peuples à disposer d’eux-mêmes (en faveur d'une Mayotte française) et le droit à l’intégrité territoriale des États (en faveur d'une Mayotte comorienne)[21].
Face au refus français de reconnaitre l'île de Mayotte comme un territoire comorien, le président du Conseil des Comores,Ahmed Abdallah Abderamane, proclame unilatéralement l'indépendance de l'ensemble de l'archipel, le 6 juillet 1975. Il est renversé un mois plus tard par l'opposition de gauche emmenée parAli Soilih, favorable à de meilleures relations avec la France. Le mercenaire françaisBob Denard, avec l'aval de Paris, débarque ensuite pour capturer Ahmed Abdallah Abderamane, qui s'était réfugié sur son île d'Anjouan. Au pouvoir, Ali Soilih met en place une politique socialiste et réclame à son tour que la France restitue Mayotte. De nouveau missionné par les services de renseignement français, leSDECE, Bob Denard organise un nouveau coup d'État visant cette fois à réinstaller Ahmed Abdallah Abderamane, mieux disposé à l'égard de la France depuis son exil dans la métropole. Ali Soilih est capturé le et exécuté quelques semaines plus tard. Pendant les dix années qui suivent, Bob Denard sert comme premier conseiller Abdallah Abderamane ; surnommé le « vice-roi des Comores », il est parfois considéré comme le véritable homme fort du régime. Très proche de l'Afrique du Sud, qui finance sa « garde présidentielle », il permet à Paris de contourner l'embargo international visant le régime d'apartheid via Moroni. Il met aussi sur pied depuis l'archipel un corps de mercenaires permanent, appelé à intervenir à la demande de Paris ou de Pretoria dans des conflits en Afrique[22].
En février 1999, le colonelAzali Assoumani prend le pouvoir sur la Grande Comore en renversant le président intérimaireTadjidine ben Saïd Massounde, un Anjouanais, ce qui provoque une grave crise institutionnelle. Le colonel Assoumani poursuit des négociations plus fructueuses avec le colonelMohamed Bacar d'Anjouan afin de résoudre la crise.
Cette crise sera résolue avec la signature desaccords de Fomboni en 2000/2001 et le référendum du. Avec ce processus de réconciliation nationale, les trois îles forment à nouveau une entité unique avec une nouvelle constitution sous l'égide de l'OUA : l'union des Comores. Conformément à la Constitution, des élections sont organisées en 2006 ; elles ont été remportées parAhmed Abdallah Mohamed Sambi.
En 2007,Mohamed Bacar, président d'Anjouan depuis 2002, cherche de nouveau à obtenir l'indépendance de l'île, alors qu'il vient d'emporter la présidence tournante de l'Union, contestée par la Grande Comore. Le 23 mars 2008, le président des ComoresAhmed Abdallah Mohamed Sambi envoie l'armée du pays, appuyée par l'Union africaine, lancer un assaut contre l'île d'Anjouan. La capitale tombe deux jours plus tard et le colonel Bacar prend la fuite[23].
En mai 2009, le président Sambi convoque les électeurs comoriens pour unréférendumconstitutionnel, qui est approuvé par 93 % des votants. Cette nouvelle constitution, corrigeant celle de 2001, renforce les pouvoirs du président de l'Union, ceux des îles devenant des « gouverneurs » avec une plus large autonomie. L'islam devient « religion d'État », alors que la Constitution précédente le définissait seulement comme « inspirateur des règles et principes qui régissent l'union des Comores ». Le mandat du président est prolongé d'un an[24]. Son successeurIkililou Dhoinine, qui était son vice-président depuis 2006, est élu le 26 décembre 2010 et lui succède effectivement le[25].
Des gisements d'hydrocarbures ayant été découverts auMozambique en 2010,Ikililou Dhoinine autorise en 2012 la compagnieTullow Oil à mener une campagne de prospection pour tenter de déceler la présence de ressources pétrolières au large de l'archipel. Cette perspective fait rêver les dirigeants[26].
Le pays, soumis à une poussée démographique, connaît des difficultés économiques, la moitié de sa population vit au-dessous du seuil de pauvreté et, pour partie, souffre de la faim[27]. Lors de la présidentielle de 2016, le candidat du pouvoir est son vice-présidentMohamed Ali Soilihi. Mais celui-ci est devancé, après un scrutin à rebondissements, par l'ancien putschisteAzali Assoumani avec 41,43 % contre 39,67 % des suffages[28],[29].
Le, les Comoriens approuvent par référendum une nouvelle réforme constitutionnelle qui renforce encore les pouvoirs du président, l'autorisant notamment à briguer deux mandats consécutifs[30]. Cette réforme entérine également la suppression du poste de vice-président[31] et supprime la cour constitutionnelle au profit de la Cour suprême[32].
Les terres sont à 45 % agricoles. 9 % est recouvert par la forêt et 7 % du territoire est inexploité[réf. souhaitée]. Les îles sont assez proches (75 km au plus) et les fonds marins comportent beaucoup de coraux, lesquels ont fait les frais d'El Niño il y a quelques années et sont également victimes de pêche à la dynamite[33]. La grande variété de la faune sous-marine pâtit elle aussi des destructions occasionnées par la nature et les hommes : de moins en moins derequins, de moins en moins de tortues — proies faciles dont la viande est gratuite —, ou encore de moins en moins d'holothuries ou « concombres de mer » — appréciés de certaines populations qui les ramassent et en font le commerce, sans forcément mesurer l'impact que cette « pêche » intensive pourrait avoir, l'archipel constituant l'une des zones de réensemencement de l'Afrique de l'Est[34].
L'origine volcanique fournit des pierres précieuses : spinelle et corindon sur Anjouan, à la Grande Comore et à Mohéli[réf. souhaitée].
Mayotte (ou Maoré) est revendiquée par les gouvernements successifs de l'État comorien unitaire ou fédéral depuis 1975, bien que devenue unerégion française. L'État comorien considère que l'île de Mayotte relève de sa souveraineté, en accord avec la résolution 3385 de l'ONU du. C'est ce qui explique pourquoi cet État affirme que l'Assemblée générale des Nations unies rejette« toute autre forme de référendums ou consultations qui pourraient être organisés ultérieurement en territoire comorien de Mayotte par la France »[35]. À noter que le litige territorial n'a jamais fait l'objet d'une résolution duConseil de sécurité (qui serait contraignante, les résolutions de l'assemblée générale n'étant que facultatives) tant en raison du véto français que de la pratique de cet organe de systématiquement tenir compte des référendums lorsqu'ils sont démocratiques, en vertu du principe duDroit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Le régime actuel a été adopté par un référendum en décembre2001. En 2009, l'Islam est devenu une religion d'État[24],[30].
Les institutions actuelles sont marquées par la crise de1997 et la constitution de 2001. L'Union, ainsi que chacune des trois îles, a unprésident qui est également chef du gouvernement. Les prérogatives du président de l'Union sont la politique extérieure et la défense. Les îles disposent d'une large autonomie concernant notamment l'économie, les impôts, la santé et la justice. Mais chaque évolution constitutionnelle s'est traduite par un renforcement des pouvoirs présidentiels[24],[30].
Lefranc comorien est rattaché à l'euro et n'est pas une monnaie indépendante.
La chambre législative est appelée « assemblée » et possède trente-trois membres dont vingt-quatre élus (quatre à Mohéli, neuf à Anjouan et onze à la Grande Comore) et neuf représentants élus au suffrage indirect (à raison de trois élus par île). Ces élus sont des conseillers de l'assemblée des îles. Les membres sont élus pour cinq ans (députés et conseillers) :
Une Cour constitutionnelle, en place de 2006 à 2018, était chargée de veiller au bon déroulement des élections et d'arbitrer en cas d'accusation de malversation du gouvernement. Elle était constituée de deux membres choisis par le président de l'Union, de deux personnalités élues par l'assemblée fédérale, et une par l'assemblée de chaque île. Elle a été supprimée au profit de la Cour suprême[32].
Le système éducatif est hérité du système coutumier (école coranique privée) et dusystème éducatif français basé sur la gratuité. Pratiquement tous les enfants suivent d'abord l'enseignement dans lesmédersas où ils apprennent à lire l'arabe (avec leCoran), et suivent ensuite, pour la plupart, un enseignement « à l'occidentale ». L'enseignement à l'occidentale se fait enfrançais au moins jusqu'au baccalauréat, reconnu par la France. Les enfants des classes sociales les plus aisées et les plus occidentalisées suivent, à Moroni surtout, un schéma d'éducation à l'occidentale et un enseignement musulman à part.
Les difficultés de trésorerie des différents gouvernements, qui n'ont pas pu payer les salaires des fonctionnaires, ont touché aussi le système éducatif. Aussi, entre 1997 et 2001, les professeurs de l'enseignement public, non payés, se sont mis en grève. Seul le privé fonctionnait.
Entre 1978 et 2000, les étudiants désirant acquérir une formation complémentaire (post bac) devaient s'expatrier. Une université a été recréée depuis 2000 dans quelques domaines.
Cependant, l'éducation aux Comores repose encore essentiellement sur l'envoi des jeunes issus de familles fortunées en France (et qui reviennent rarement travailler au pays), et peu de choses sont faites pour investir localement dans l'éducation. Ainsi, un rapport de 2019 de laCommission des Affaires Étrangères de l'Assemblée Nationale Française pointe que l'éducation aux Comores
« est à l'image de tout ce qui se passe sur cette île, à savoir qu'ils sont dans une attente de l'extérieur. Tout ce qui est développement au niveau universitaire, même s'il y a parmi eux d'excellentes volontés [...], [connaît] énormément de freins, tant au niveau administratif que politique. Les investissements sont détournés, les moyens sont pauvres, et il n'est pour le moment pas question de faire une fac de médecine[37]. »
Le système de santé est extrêmement lacunaire aux Comores et repose principalement sur la proximité avec la France : ainsi, les familles riches vont se faire soigner en France, et les familles les plus pauvres risquent leur vie enkwassa kwassa sanitaire pour espérer venir se faire soigner au Centre Hospitalier de Mayotte, déjà saturé et en sous-effectif[réf. nécessaire]. Plusieurs hôpitaux ont été construits, mais fonctionnenta minima, faute de médecins qualifiés (par exemple, l'hôpital de Mitsamiouli n'a même pas d'eau courante, et sert essentiellement de cabinet privé pour le ministre de la santé)[38].
Un ministre[précision nécessaire] aurait déclaré à laCommission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, sous couvert d'anonymat, qu'il« ne servait à rien de chercher à développer une fac de médecine pour former ses propres médecins sur place, puisque la France et les autres pays qui aident au développement des Comores feraient mieux de donner l'argent pour offrir des billets d'avion et se faire soigner à l'extérieur, là où les systèmes sont performants »[37].
Les déchets médicaux, facteurs d'un grave risque sanitaire, ne sont plus traités depuis que l'incinérateur médical est en panne : ils sont donc déversés à la décharge à ciel ouvert, et constituent un risque biologique important[réf. nécessaire].
La plus grande partie de la population est rurale et vit de culture vivrière ou de la pêche. Les îles exportent néanmoins de lavanille, de l'ylang-ylang (le pays est le plus grand producteur d'ylang-ylang au monde depuis la relocalisation des usinesGuerlain à la suite de la départementalisation deMayotte) et desgirofliers. Le pays n'est pas autosuffisant sur le plan alimentaire.
L'union des Comores vit partiellement des envois d'argent de sa diaspora, qui constituent 25 % du PIB : plus de Comoriens vivent sur le territoire français que sur le territoire comorien, notamment à Mayotte, la Réunion et Marseille. Cependant, ces aides ponctuelles sans organisation ni planification ne participent que très marginalement à l'économie et au développement de l'île[39]. Ainsi, à la suite d'une visite aux Comores entre le 14 et le 19 octobre 2018 de lacommission des Affaires étrangères française, sa rapporteuse,Laetitia Saint-Paul, indiquait que« les habitants de Grande Comore sont donc peu pressés d’aller travailler pour un salaire moyen de 300 euros par mois, ils font la queue devant laWestern Union pour attendre les mandats, qui permettent à quelques privilégiés d’aller se soigner à l’extérieur de l’île ou d’y scolariser leurs enfants »[réf. nécessaire].
Les Comores vivent en majorité d'aides financières étrangères, venant essentiellement de l'Union européenne, de l'Arabie saoudite et de laChine. Cependant, ces investissements se font souvent en échange d'alignements géopolitiques, et en particulier les aides saoudiennes ont été versées en échange d'une radicalisation religieuse aux côtés de l'Arabie Saoudite contre le Qatar et l'Iran, entraînant entre autres la persécution des chiites et la destruction d'un hôtel financé par le Qatar[38].
La Chine finance aux Comores de nombreux bâtiments très visibles pour signaler son influence sur l'archipel, sans réel souci de développement (par exemple, l'hôpital flambant neuf de Bambao à Anjouan n'a quasiment aucun équipement ni personnel), et dans un but essentiellement politique : ainsi, les nouveaux bâtiments de l'Assemblée nationale de l'union des Comores sont maintenant situés« Avenue de la république populaire de Chine »[38].
De nombreux observateurs internationaux estiment que les Comores sont victimes d'unecorruption systémique[40],[41].
L'État comorien a un temps essayé de se financer en vendant des passeports (système bien connu de certains petitsparadis fiscaux sous-développés comme leVanuatu) : toutefois, ce commerce s'est soldé en 2018 par un phénoménal scandale de détournement de fonds publics, d'abus de biens sociaux et de complicité avec diverses organisations mafieuses, impliquant deux anciens présidents (Ahmed Abdallah Sambi etIkililou Dhoinine)[42].
Les Comores sont aussi un importantpavillon de complaisance, acceptant d'immatriculer des navires étrangers sans aucune réglementation (sanitaire, sécuritaire ou de droit du travail) et pouvant servir ensuite à la pêche illégale ou à divers trafics clandestins[43].
Et selon l'enquête (2021) de l'ICIJ basée sur lesPandora Papers, Nour El Fath Azali (fils du président des Comores) s'est établi à Moroni en2018 après s'être formé dans uneécole de commerce américaine, puis avoir étéauditeur financier dans une banque. Sur place, il a créé au moins unesociété écran (Olifants Ltd., société de service et de conseil) basée auxÉmirats arabes unis (l'un desparadis financiers les plus opaques du monde). Puis son père (Azali Assoumani) l'a nommé parmi ses conseillers personnels ; il s'est alors mis à recruter des capitaux d'investisseurs émiratis.
L'islamsunnite est la religion dominante de l'archipel depuis le Moyen Âge, mais sur ces îles vivent également de façon permanente de très petites communautés endogamiques d'Indienschiites qui ont une grande influence en détenant une bonne part du commerce.
Si la traditionchaféite a longtemps permis une grande tolérance religieuse aux Comores, l'influence récente et grandissante de l'Arabie saoudite, qui investit largement dans l'île (40 millions d'euros en 2017) sous l'impulsion du présidentAzali Assoumani, fait craindre aux observateurs internationaux une emprise du radicalismewahhabite sur l'archipel, et les risques politiques qu'il entraîne[38]. Ainsi, un rapport de 2019 de lacommission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française raconte :
« Les États du Golfe, particulièrement l'Arabie Saoudite, y exercent une influence croissante. Alors que le président Sambi était tourné vers l'Iran, le président Azali est résolument tourné vers l'Arabie Saoudite, à tel point que les Comores ont rompu leurs relations avec l'Iran et plus récemment avec le Qatar. L'Islam sunnite de rite chaféite est la religion de 98 % de la population et la révision constitutionnelle[prononcée par le président Azali en 2017] lui a conféré le rang de religion d’État. Dans les faits, il semblerait que les populations chiites, largement minoritaires, fassent l'objet de mesures répressives, portées au plus haut sommet de l’État. [...] On constate une tendance à la radicalisation de certains individus, devenue un sujet d'inquiétude aux Comores. Or, elle tient en partie à l'influence d'imams formés à l'étranger, dans les États du Golfe, au Soudan, ou encore au Pakistan. [...] Rien n'a vraiment été entrepris dans le pays pour lutter contre la radicalisation. Les autorités considèrent en effet le chiisme comme une menace plus importante que le sunnisme radical[45]. »
Selon les estimations de laCIA, la population serait de 794 678[44] habitants en 2016.
Selon le recensement de 2004, la population est estimée à 646 400 personnes sur les trois îles (31 200 à Mohéli, 363 200 à la Grande Comore, 252 000 à Anjouan), mais ladiaspora, principalement avec lesComoriens de France métropolitaine (surtout à Marseille, Paris, Lyon)[réf. nécessaire] ainsi qu'àLa Réunion et àMayotte, compterait au moins autant de personnes. Une étude démographique relève qu'aujourd'hui la population comorienne s'élève à 1,205 million d'habitants[46],[44].
La France est une des principales sources d'aide financière aux Comores, à la fois par la très nombreuse proportion de Comoriens vivant sur le sol français (un Comorien sur quatre vit sur le sol français de manière régulière, et la plupart envoient régulièrement de l'argent au pays, ce qui représente une part considérable du PIB comorien)[47] mais aussi par des plans d'aide internationale : en 2019, le président françaisEmmanuel Macron a par exemple signé un plan de150 millions d'euros d'aides« pour la santé, l'éducation, la formation professionnelle »[46].
Le gouvernement comorien revendique son autorité sur Mayotte, en opposition à la France. Jusque dans les années 1990, l'Assemblée générale des Nations unies a condamné la présence française à Mayotte par plus de vingtrésolutions non contraignantes[48],[49]. En 2009, l'Union africaine réunie à Addis Abeba réaffirme l'illégalité de la présence française à Mayotte[50], puis l'ONU se prononce contre la départementalisation dans une résolution. Les différents référendums locaux, ayant abouti à la départementalisation en 2009, ont largement été le fruit de campagnes de la part de l'État français, critiquées à l'international[51] ; cependant, les résultats toujours sans appel ont entériné le maintien de Mayotte au sein de la République française, au nom dudroit des peuples à disposer d'eux-mêmes, principe cardinal du droit international. La départementalisation de Mayotte est désormais reconnue par l'essentiel des pays de l'ONU, et le1er juillet 2014, Mayotte intègre officiellement l'Union européenne[52].
Unkwassa kwassa, canot de pêche utilisé par les passeurs pour se rendre à Mayotte.
La démographie des Comores est marquée par un fort solde migratoire négatif, avec une fraction importante de la population vivant à l'étranger, essentiellement sur le territoire français (un Comorien sur quatre[47]), de manière régulière ou clandestine (notamment àMayotte, qui compte près de 50 % de population étrangère, essentiellement des Comoriens en situation irrégulière[53]). Il s'est ainsi constitué unediaspora.
Entre 150 000 et 300 000 Comoriens vivraient ainsi à l'extérieur de leur pays, « dont 50 000 à 100 000 à Mayotte », et selon l'ancien président des Comores Abdallah Sambi, « Marseille est la5e île des Comores »[réf. nécessaire].
La migration clandestine de nuit en pirogue n'est pas sans danger : entre 7 000 et 10 000 personnes auraient trouvé la mort de 1995 à 2012 en tentant de rejoindre Mayotte dans des embarcations de fortune (kwassa kwassa)[54],[55], ce qui fait du bras de mer séparant Mayotte d'Anjouan le premier cimetière marin au monde[56].
De nombreuses associations (comme l'Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers) et personnalités dénoncent une complicité active de l'État comorien dans ce drame[57] : l'usine qui produit les fragiles embarcations à Anjouan n'a jamais été inquiétée, et sur les450 à 500 départs estimés chaque année, les autorités comoriennes en interceptent à peine un, laissant ainsi prospérer cette sinistre industrie de la mort[58], et abandonnant l'ensemble de la gestion de ce drame humanitaire à l'État français, de l'autre côté de l'océan[59].
La culture des trois îles, bien que semblable, reste cependant différente sur chacune des îles. Les Comoriens ont une forte tendance à se regrouper par communauté d'origine et de village.
Fêtes et jours fériés
Date
Nom français
Nom local
Remarques
6 juillet
Fête de l'Indépendance
Sherehi Ya Wuhuru Wa Massiwa
Proclamation de l'indépendance le, reconnue plus tard par la France.
Les systèmes éducatif, judiciaire et administratif utilisent les langues arabe et française. Il est envisagé cependant de passer le cours préparatoire (deux ans, CP1 et CP2) dans les différentes langues locales (une par île) afin de faciliter l'alphabétisation.
Les médias audiovisuels nationaux utilisent principalement leShimasiwa (comorien), dans ses différents dialectes ; la presse écrite est en arabe et français. RFI est diffusée en FM dans les principales villes, et les chaînes de télévision françaises par satellite sont les plus regardées.
On retrouve dans les traditions et les coutumes comoriennes des influences arabes, africaines et indiennes dans le vêtement traditionnel : lesso, chiromanie (châle), kändzou,kofia (bonnet pour les hommes), mais aussi dans la gastronomie traditionnelle (samoussa,embrevade, curry, mardouf) ainsi que dans quelques rites de la vie quotidienne (la prière, les repas…). La société est matrilinéaire à la Grande Comore et à Mohéli, tandis qu'à Anjouan la filiation est indifférenciée.
EnGrande Comore, legrand mariage (arabe : عادة,'adâ, « coutume » ; shingazidja :âda) est une tradition incontournable. Il représente les économies de toute une vie et permet d'accéder au rang de grand notable. Cet événement social est à l'origine de la grande précarité sociale de l'île et de la corruption généralisée, d'un côté, mais aussi d'une forte cohésion sociale et des revenus importants de la diaspora, de l'autre. On peut retrouver dans les vêtements de la fille à marier un sahar et un soubaya (vêtements officiels du mariage).
Il y a parmi les danses traditionnelles : le sambé, le chigoma, le djalico, le toirabou, etc.
La nourriture est constituée de madaba, ntsouzi, madjimbi, ntsambou, goudougoudou, siniya, foutra.
Une des principales menaces sur l'environnement terrestre à l'heure actuelle est la déforestation, qui entraîne la disparition des espèces sauvages, mais aussi la fragilisation du sol (créant coulées de boue et glissements de terrain lors des grandes pluies), ainsi qu'une moins bonne rétention d'eau dans les sols, créant des sécheresses préoccupantes (plus de la moitié des cours d'eau comoriens se sont asséchés depuis les années 1950)[60].
En partie en réponse à des pressions internationales dans les années 1990, les gouvernements sont devenus plus préoccupés par l'environnement. Des mesures ont été prises non seulement pour préserver la faune rare, mais aussi pour enrayer la dégradation de l'environnement, notamment sur Anjouan, densément peuplée. Plus précisément, afin de minimiser l'abattage des arbres pour le carburant, le kérosène est subventionné, et des efforts sont en cours pour remplacer la perte de la couverture forestière causée par la distillation de l'ylang-ylang pour le parfum. Le Fonds de soutien au développement communautaire, parrainé par l'Association internationale de développement (IDA, une filiale de la Banque mondiale) et le gouvernement comorien, s'emploie à améliorer l'approvisionnement en eau dans les îles également. En dépit de cela, la situation est devenue critique sur l'île d'Anjouan, où 80 % de la forêt a été coupée entre 1995 et 2014 et où la plupart des fleuves se sont asséchés[60].
Plongée sous-marine aux Comores :mérou céleste (Cephalopholis argus).
↑Les Bantous sont plus présents sur la Grande Comore et sur Mayotte que sur Anjouan. Les peuples malgaches appelés Sakalaves et Antalaotsi profitent de la proximité avec le sous-continent malgache.
↑Kaled, S. (2014). La fragilité du droit foncier comorien à la lumière de la pluralité des droits (Thèse de Doctorat, Perpignan),https://www.theses.fr/2014PERP1198.