Ulpien (enlatin :Domitius Ulpianus), né entre 163 et 170[1] àTyr et et mort en 223[2] àRome, est un homme politique etjuriste romain du début duIIIe siècle.
Ulpien est originaire deTyr, né entre 163 et 170 selon les historiens modernes[3]. Sa ville natale lui éleva une colonne avec une inscription honorifique qui résume sa carrière à Rome[4], Ulpien devait probablement être issu d'une bonne famille de citoyens romains, derang équestre. D'après la peu fiableHistoire Auguste[5], il fut d'abord assesseur dupréfet du prétoirePapinien, un autre juriste célèbre, de 205 à 211 sousSeptime Sévère etCaracalla[6].
Après l'assassinat de Caracalla en 217, le nouvel empereurÉlagabal le chasse de Rome. Mais son successeurAlexandre Sévère le faitpréfet de l'annone, puispréfet du prétoire en 222 : il est le principal conseiller de l'empereur. L’Histoire Auguste le présente même comme le tuteur du jeune empereur[7],[8]. Impopulaire auprès de lagarde prétorienne pour avoir diminué ses privilèges accordés par Élagabal, il fut tué à l'instigation deMarcus Aurelius Épagathus sous les yeux d'Alexandre Sévère au cours d'un soulèvement de celle-ci, probablement au printemps223— la date de 228, déduite deDion Cassius et longtemps admise, est réfutée au profit de 223 par un papyrus sur la nomination d'Épagathus commepréfet d'Égypte en 224, après la mort d'Ulpien —[9],[10].
Son œuvre de juriste comporte :
Il est l'auteur le plus repris dans leDigeste deJustinien, avec six mille citations[12].
Certaines de ses formules sont renommées, et furent beaucoup utilisées dans les siècles suivants :
Il fait trois distinctions majeures du droit, reprenant ainsi la distinction d'Aristote :
Dans laLoi des citations (426), il est mis, avecPapinien,Gaïus,Paul, etModestin, au rang des cinq juristes dont les avis conservés étaient considérés comme décisifs. Ces cinq juristes sont également cités comme sources principales duCode de Théodose II et duCode de Justinien.
« Faire du droit impose d'abord de savoir d'où vient ce nom de droit. Il provient de la justice, car, comme l'a défini avec finesse Celse, le droit est l'art du bon et du juste. — 1. À juste titre certains nous appellent « prêtres », car nous cultivons la justice et nous proclamons la connaissance du bon et du juste, séparant le juste de l'inique, distinguant le licite de l'illicite, souhaitant rendre bons les individus, non seulement par la crainte de peines mais aussi par l'encouragement de récompenses, aspirant — si je ne me trompe — à la vraie philosophie, non à la fausse. — 2. Dans cette science, il y a deux branches : le public et le privé. Le droit public, c'est ce qui concerne l'État romain, le privé ce qui intéresse les particuliers. En effet, il est des choses utiles publiquement, d'autres seulement sur le plan privé. Le droit public concerne les choses sacrées, les prêtres, les magistrats. Le droit privé se divise en trois parties, car il est en effet constitué de préceptes naturels, des gens ou civils. — 3. Le droit naturel est ce que la nature a enseigné à tous les animaux. Car ce droit n'est pas propre au genre humain, mais il est commun à tous les animaux qui naissent sur terre ou dans la mer, même aux oiseaux. De là provient l'union du mâle et de la femelle que nous appelons mariage ; de là aussi la procréation des enfants, leur éducation, car nous voyons en effet que tous les autres animaux, même les fauves, sont censés avoir la connaissance de ce droit. — 4. Le droit des gens est celui qui est utilisé par les nations humaines. Il est facile de comprendre ce qui le distingue du droit naturel car, tandis que l'un est commun à tous les animaux, l'autre ne l'est qu'aux seuls hommes. »
— Ulpien, au Ier livre de sesInstitutes (Digeste, 1, 1, 1, 1-4)[14]