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Trogne (arbre)

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Pour les articles homonymes, voirTrogne etTêtard (homonymie).

Chêne têtard surtalus, mais l'émondage est désormais incomplet. L'agriculteur coupe uniquement les branches basses les plus faciles d'accès et susceptibles de gêner le passage de son tracteur.

Unetrogne (terme qui ne vient pas detronc et du latintrunco « tronquer, couper un arbre, ébrancher », mais du gauloistrugna, « nez, museau »)[1] est une forme d'arbre têtard, dont la forme caractéristique résulte d'un mode d'exploitation spécifique (appeléétrognage outrognage), consistant en destailles périodiques spécifiques, afin de fournir principalement dubois et dufourrage.

De nombreusesessences forestières, le plus souventfeuillues, peuvent être conduites en trognes, formant unehaie, une « prairie aérienne », un « taillis sur pilotis », une « forêt perchée » ou unboisement de trognes[2]. Ce système de production de bois était familier des campagnes où les arbres conduits en trognes s'inscrivaient notamment dans leshaies bocagères. Menacés de disparition à la suite, notamment, desremembrements successifs, les têtards, éléments emblématiques des paysages, ont pourtant desfonctions écologiques, économiques et sociales, ce qui encourage des projets de sensibilisation, de valorisation et de réhabilitation des trognes[3].

Dénominations

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Connu sous 250 noms enFrance[2], commetruisse,chapoule,ragosse enHaute-Bretagne (notamment dans lepays rennais),tocard (issu du mot estoc) au nord-ouest du pays nantais,pilgos enlangue bretonne,trognard (Sologne),émousse, ragole enMayenne,touse enPicardie,pied cormier (Perche Vendômois) outrogne (Perche etAnjou)[4],[5], l’arbre têtard se définit comme un arbre sur lequel on a procédé à unrecépage à un niveau plus ou moins élevé dutronc ou des branches maîtresses dans le but de provoquer le développement debourgeons dormants (latents)[6] en attente sous l'écorce et derejets (repousses végétales), qui seront périodiquement coupés aux mêmes points de coupe.

EnBelgique, il porte les noms de têteau, aléo, tchiap, choke, bollaert[7]

Une pratique ancestrale donnant des « sculptures vivantes » aux formes singulières

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Les chênes têtards difformes arrachés aux talus des champs bretons servent de pieux hydrauliques utilisés commebrise-lames sur la plage du sillon àSaint-Malo depuis la fin duXVIIe siècle, après une tempête qui avait endommagéles remparts[8]. 2 600 chênes étaient utilisés auXIXe siècle, 3 000 auXXIe siècle[9].
Les hêtres en candélabre de laforêt d'Iraty auPays basque étaient autrefois utilisés pour la production decharbon de bois ou commebois d'œuvre (bois courbes pourla marine), les trognes de chênes procurant laglandée dont les porcs élevés en liberté se nourrissaient[10].

Les trognes sont des mécanismes naturels copiés par l'homme. Lorsqu'un arbre eststressé (par exemple en cas de verglas, de crue, de cassure du tronc par une tornade, de coupe à faible hauteur par uncastor), il a la capacité d'activer desbourgeons dormants[11] et donner le phénomène deréitération traumatique (c'est-à-dire une reproduction dumodèle architectural) pouvant conduire à unecolonie clonale[12],[13].

La plupart desconifères et surtout la majorité desfeuillus peuvent être taillés en trogne à l'exception de ceux qui ont une croissance très lente ou qui supportent mal les tailles sévère (noyer, arbres fruitiers à noyaux)[14].

L'homme a probablement trogné les arbres depuis leNéolithique. Un vestige de chêne en têtard a été retrouvé dans les vases de laTrent etdaté au carbone 14 à 3 400 ans avant notre ère[15]. Cette technique s'est généralisée auMoyen Âge et a connu son apogée entre leXIXe et XXe siècles, avant de quasiment disparaître et devenir peu visible[14].

La périodicité des tailles (de 1 à 20 ans selon) varie selon les régions[16], l'essence de l'arbre, le terrain et la destination du bois récolté (fourrage ou bois de chauffage)[17]. Lestailles périodiques sculptent l'arbre de deux manières différentes[18]:

  • étêtages réguliers du tronc et des branches principales, donnant une grosse tête qui ressemble à une larve de batracien, d'où le nom detêtard ou le nom de trogne (cette tête étant unezone de réserve de sucres destinée à alimenter laréitération des tailles)[19].

Pour les « têtards », lerecépage en hauteur provoque l'élargissement sommital du tronc : la « cicatrisation » des plaies dues à la coupe et la croissance de nouvelles branches provoquent ce renflement, formant ainsi un plateau qui résulte desbourrelets de recouvrement et desbroussins qui se développent à la suite d'un étêtage répété[21].

La spécificité des ragosses dans le bassin rennais tient au fait que l’on émonde périodiquement toutes les branches latérales, ce qui le différencie du « têtard » stricto sensu avec une forme plus régulière ou gracile, un tronc long noueux et des arbres parfois coiffés de « tire-sèves » (rejets repoussant en haut du tronc, conservés pour maintenir la circulation de la sève)[22].

Les têtards hauts (hauteur de tronc comprise entre 2 et 3 m) sont taillés ainsi pour rendre les baguettes d’osier inaccessibles au bétail et à la faune sauvageherbivore (soustraction des rameaux à l'abroutissement). Les têtards bas (hauteur de tronc comprise entre 1 et 1,5 m) sont taillés pour faciliter le broutage des feuilles basses par le bétail, cette taille s’auto-entretenant par les troupeaux (principe de l'« abroutissementtopiaire ») et permettant la production de complément defourrage (feuilles), bois de chauffage et de service.

Le recépage intervenant environ tous les un à quinze ans (cycle de taille selon l'essence à « bois dur » ou à « bois tendre ») favorise la durée de vie de l’arbre qui se creuse naturellement au centre avec les intempéries. Peu à peu, cette étrange silhouette torturée s’impose dans la haie comme un « menhir de bois »[23].

  • Formes de trogne
  • Têtards simples.
    Têtards simples.
  • Ragosses.
    Ragosses.
  • Candélabre.
    Candélabre.
  • Trognes urbaines en têtes de chat issues de la coupe régulière des branches maîtresses.
    Trognes urbaines en têtes de chat issues de la coupe régulière desbranches maîtresses.
  • Deux trognes emblématiques
  • Le cep de vigne est sans doute la plus ancienne forme de trogne que l’on puisse rencontrer[24].
    Lecep devigne est sans doute la plus ancienne forme de trogne que l’on puisse rencontrer[24].
  • L'olivier est aussi une trogne par excellence[24].
    L'olivier est aussi une trogne par excellence[24].

Fonctions

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Encore méconnus, lesservices écosystémiques rendus par les trognes sont mis à l'honneur en 2020 en France : afin de sensibiliser le public sur l'importance écologique, économique et sociale de cet arbre, 52 événements viennent rythmer « 2020 : année des Trognes » à travers un programme destiné à faire connaître, créer, réhabiliter, restaurer, planter et valoriser ces arbres[25],[26].

Fonctions écologiques

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Tout un argumentaire est développé autour des têtards construits comme facteurs dedéveloppement durable[27].

Les alignements d’arbres têtards ont un rôle decorridor biologique des réseaux dehaies bocagères, et font partie intégrante de latrame verte. Ils constituent un véritable réservoir debiodiversité. Les cavités et anfractuosités qui se creusent dans cesarbres creux (liées au développement dechampignons lignivores car les plaies ouvertes favorisent la pénétration de lapourriture blanche oubrune) se forment deux à quatre fois plus vite que dans un arbre non taillé. Elles constituent desdendro-microhabitats qui accueillent une flore spécialiséeopportuniste (plantesépiphytes : mousses, lichens, fougères[28],rumex,groseillier à maquereau,lierre terrestre,églantiers,alisier blanc,géranium Herbe à Robert,sureau noir età grappes,fusain d'Europe,frêne,bouleau verruqueux,chêne sessile) et une faunecavernicole : oiseaux (des cavernicoles primaires comme lespics, puis des cavernicoles secondaires comme lesmésanges,sittelles,rouge-queue à front blanc,grimpereau des jardins,rapaces diurnes comme lefaucon crécerelle etnocturnes comme les chouettes et les hiboux…),mammifères (martres, putois, renard, chauves-souris, blaireaux, écureuils, fouines, genettes) etmicromammifères (musaraignes, mulots, campagnols…),amphibiens (grenouille agile,salamandre tachetée,crapaud commun,tritons) etreptiles (couleuvres,vipères,orvets et lézards occasionnellement arboricoles) et de nombreux insectes (cortèges saproxyliques, notamment des coléoptères tels que legrand capricorne, l'aromie musquée, lacétoine dorée ou des espèces devenues très rares telles que letaupin violacé ou lapique-prune) ; abeilles domestiques, guêpes et frelons qui y construisent leurs nids)[29],[30].

En s'intégrant aux haies, ils participent à leurrôle météo-régulateur, et enséquestrant du dioxyde de carbone, ils contribuent à l'atténuation deschangements climatiques[31].

À l’intérieur du tronc creusé, les reliquats de bois et des feuilles décomposés par des champignons lignivores (carie rouge oupourriture rouge cubique) forment unterreau particulier, « le sang de la trogne », que l’on utilisait pour faire lever lessemis dans les champs[32]. Les champignonssaprotropheslignicole (Polypores tels que lePolypore aplani, l'amadouvier du hêtre, lePolypore du bouleau, lafistuline hépatique)décomposent le bois enhumus qui constitue une couche idéale pour la germination et la croissance de plantes épiphytes[33].

Fonctions économiques

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Saule têtard en bordure de rivière, photographie prise en Ariège entre 1859 et 1910.

Cette exploitation permet l'exploitation de produits ligneux liés à l'essence de l'arbre têtard, à sa forme et à ses cycles de taille, exploitation qui s'intègre dans lespratiques agroécologiques[34].

Letaillis aérien fournit ainsi des objets ou outils divers selon les régions, les époques et lesessences d’arbres : objets devannerie enBasse-Rhénanie et dans la vallée duCher,fagots deboulange, charbon de bois, manches d’outils, piquets[35].

Lefagotage de menues branches d'élagage permet d'allumer les feux de cheminées. Lesfagots alimentaient aussi la cuisson (cuisine, pain, forges) mais contrairement à une idée reçue, l'essentiel de la production de bois issu deshaies bocagères ne servait pas à construire, réparer ou chauffer l'habitat, mais à fournir les énormes quantités de fagot nécessaires à la cuisson du pain[36]. Ils servaient aussi à la confection d'objets en vannerie, de jeux en bois ou en végétaux par les enfants pour qui lahaie bocagère fut de tout temps un terrain de jeu. Labourrée, grand fagot d'épines et de ronces, était destinée aufour à pain et à poterie. Le boulanger venait à la ferme acheter des bourrées et des bûches pour allumer son four, ou les fermiers cuisaient eux-mêmes leur pain dans lefournil[37]. Les bocages actuels pourraient revaloriser la fonction originelle debois-énergie (bois-bûche pour lespoêles à bois, bois en plaquette pour les chaufferies collectives)[4].

Le bois duplatane, par exemple, a une combustion particulièrement propre. La vigueur de cet arbre l'a fait souvent utiliser dans le Sud-Ouest de la France comme arbre têtard. Taillé à environ 2 ou 3 m de hauteur tous les 3 ans ou tous les 6 ans. Il fournit des branches ayant le bon diamètre pour alimenter unpoêle à bois. On pouvait donc voir près des maisons plusieurs de ces platanes taillés régulièrement[réf. souhaitée].

Cette technique des arbres en têtard permet d'optimiser la production de bois de chauffage pour un minimum de surface. Les arbres ayant un système racinaire déjà en place, la croissance des branches est rapide après la coupe, réalisée en hiver. Les branches de faible diamètre sont aisément manipulables. Le sol n'est pas dégradé par des coupes franches. Ainsi, le frêne est l'arbre par excellence duMarais poitevin qui sert à stabiliser les berges et fournir du bois de chauffage. On le retrouve auXVIIIe siècle dans les terrées (petits boisements de frênes têtards) et le long de la route deNiort àLa Rochelle, grandes villes de la région qui recevaient ainsi leur bois de chauffage[38].

La technique des arbres taillés en têtard peut être appliquée à d'autres espèces d'arbres. Au Pays basque par exemple, elle était surtout appliquée aux chênes et dans le nord aux saules. Ce qui permettait d'utiliser la surface de terrain entre les arbres comme pâture, particulièrement pour les porcs friands de glands, sous les chênes têtards. Cette technique répondait bien aux besoins d'une société agro-pastorale utilisant le bois comme source d'énergie, avec des moyens technologiques limités.

Despins sylvestres ont été conduits en trognes pour que les rejets latéraux sur les troncs soient utilisés comme fagots alimentant les fours à pain. Ces « pins de boulange ne sont présents en France que dans leVelay (par exemple à la Pinatelle[39] du Zouave) et leForez (où ils portent le nom local de garolles)[40].

Selon les cycles de taille, la trogne de châtaignier donne desgreffons, desgaulettes, desperches, des piquets, dubois bûche, dubois d'œuvre (charpentes, parquets). Essence fourragère réputée, lefrêne commun est un bon bois de chauffage et unbois d'œuvre de valeur (ébénisterie, manches d’outils, aviron, sabot…). Autre essence de zone d'élevage, l'orme est apprécié encharronnage, ébénisterie, ou pour la fabrication d'escaliers. L'alisier torminal est utilisé enlutherie,tournerie, pour des pièces mécaniques ou des instruments de précision. L'aulne glutineux est employé en ébénisterie, tournerie,bardage[41],[42]. Nombre d'essences ornementales urbaines (platanes, tilleuls) taillées en têtard sont également recherchées pour leur bois[43]. Le tronc noueux des arbres têtards généralement, ainsi que certainsrejets, étaient autrefois recherchés pour la confection de poutres, pour laconstruction navale (fûts de ragosse pour les mâts de bateaux, forêts de trognes — hêtre, chêne, charme — auxbranches charpentières taillées pour émettre des rejets courbes utilisés commebois de marine pour lescoques) etbrise-lames sur les plages bretonnes[44].

La réhabilitation de ces arbres depuis le début duXXIe siècle suscite l'intérêt d'entreprises qui prospectent desbrognes de trognes de chêne et de frêne, convoitées à l'instar desessences nobles desforêts tropicales, pour leur bois très dur,veiné et très esthétique. Il semble qu'il y ait unmarché du luxe en plein essor, notamment vers l'étranger, pour cesloupes de trogne (planches de bord automobiles,mobilier de prestige,marqueterie,ébénisterie,tournage)[45],[46].

Fonctions sociales

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Patrimoine naturel et culturel

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Juillet, extrait desTrès Riches Heures du duc de Berry (XVe siècle) : trognes en bordure de champs.

Les trognes ont été pendant des siècles une composante familière deshaies présentes enpaysage bocager où elles faisaient tenir les mailles végétales de ces structures végétales linéaires, mais elle a aussi souligné le tracé des fossés et desripysylves de bord decours d'eau (ruisseaux, rivières) où se développent lefrêne, l'orme, lepeuplier noir qui se prêtent bien à cettetaille[47]. Elles ont été une forme d'association traditionnelle avec les pratiques agro-pastorales médiévales : lesbaux ruraux autorisaient les exploitants agricoles à récolter le bois d’émonde et lesfagots, tandis que le tronc de l’arbre (partie noble qui servait notamment à faire dubois d'œuvre) restait propriété du loueur[48],[49]. En Grande-Bretagne, les trognes ont été une ressource importante entre 1600 et 1750 (bois de chauffage et fourrage) avant d'être décriés entre 1750 et 1850 (accusés par les forestiers de ruiner la production de bois d’œuvre, et par les romantiques qui privilégient la sensibilité, d'enlaidir le paysage)[50]. Des têtardscreux ont servi de niches à chiens, de caches pour des armes, de supports pour des objets sacrés (croix, statues), de postes de guet pour les combattants pendant les guerres (pendant laGrande guerre, des têtards ont été remplacés par des fausses trognes blindées à cet effet)[51]. À la fin duXXe siècle,« avec la dispersion des constructions neuves dans lefinage, l'arbre têtard est parfois intégré comme élément décoratif dans le "bocage" pavillonnaire. Ces vestiges "à l'anglaise" suggèrent que des logiques paysannes peuvent avoir cours dans les jardins paysager et potager des salariés ruraux[52]. »

L’arbre lui-même servait parfois debornes aux croisées de chemins. En Bavière, grâce au savoir-faire des cordiers sur l'élasticité du tilleul, cet arbre était taillé en chandelier pour que sa plate-forme sommitale forme une piste de danse, letilleul à danser étant souvent au centre des villages[53]. Ce plateau fait également de la trogne l'arbre cabane par excellence.

Cette familiarité explique que l'arbre têtard se retrouve dans lesminiatures médiévales (exemple : lelivre d'heuresLes Très Riches Heures du duc de Berry duXVe siècle), dans les albums pour enfants (exemple : l'héroïneMartine en 1960[54]) ou les cartes postales du milieu duXXe siècle[55].

Les multiples formes sculptées par les tailles successives donnent des silhouettes tortueuses et boursouflées, ou évoquent destrognes humaines qui inspirent les artistes et fécondent l'imaginationparéidolique populaire[56].

« Dans une cour d’école, une mini-trogne se fait vecteur de socialisation, de créativité, et « leçon de choses » : avec son bois de coupe, obtenu en travaillant en groupe, les enfants fabriquent notamment des fagots décoratifs, des sifflets, des maillets, ou encore des objets en osier, s’il s’agit d’un saule. Ils s’initient aussi aubouturage[57] ».

Si le trognage a presque disparu[58] du fait de son inadaptation aux techniques agricoles actuelles, il constitue aujourd'hui un élément depatrimoine naturel paysager etculturel, perpétuant lesavoir-faire de générations de paysans[59]. Il est un exemple depatrimonialisation par des acteurs sociaux qui, dans le cadre d'activités de réappropriation et desauvegarde du patrimoine culturel immatériel, le transforment en ressource identitaire, économique (fabrication debois raméal fragmenté) ou touristique (certains têtards étant classés commearbres remarquables)[60]. La circulation de ces arbres en dehors des aires de distribution de la pratique traditionnelle a par ailleurs commencé à brouiller les cartes. La « relance » de l'émondage et duplessage (trognes en partie couchées ou horizontales) à des fins écologiques, paysagères et patrimoniales, autour des jardins, des propriétés rurales, des parcelles agricoles, parfois dans des régions où la pratique n'a jamais existé, constitue l'une des expressions dunéobocage[61].

Centre européen des trognes

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Un Centre européen des trognes[62] est localisé àBoursay (Loir-et-Cher), dans les locaux de la Maison botanique. Celle-ci a érigé en 2002 le « chemin des trognes » sur cette commune. Il a plusieurs objectifs :

  • Recueillir des informations en France mais aussi dans toute l’Europe sur :
    • les savoir-faire, en ce qui concerne la création, l’entretien, l’utilisation…
    • les noms locaux donnés à ces arbres : truisses, ragoles, émousses, tétiaux, queules…
    • les usages des produits de la taille : fagots de fours à pains, charbon de bois, fourrage d’appoint (avec l’érussage du feuillage)…
    • la physiologie de l’arbre, et l’influence des tailles répétées sur sa longévité
    • les essences concernées : saule, frêne, charme, chêne…
    • les relations avec la flore et la faune
  • Accueillir des visiteurs : leur fournir des renseignements, des conseils, des documents, organiser des animations, des conférences…
  • Promouvoir la sauvegarde et la création de trognes : sensibiliser les acteurs du monde rural à leur valeur patrimoniale, mettre en place des pratiques paysagères contemporaines en milieu rural et urbain.

Galerie d'œuvres d'art montrant des trognes

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Notes et références

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  1. Alain Rey,Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert,,p. 3926
  2. a etb« Un programme pédagogique va être lancé en Puisaye », surlyonne.fr,.
  3. Dominique Mansion, « Les trognes : un monde de biodiversité »,Le Courrier de la Nature,no 257,‎,p. 18-26
  4. a etbSylvie Guillerme, Bernard Alet, Gérard Briane, Frédéric Coulon, Éric Maire, « L'arbre hors forêt en France : diversité, usages et perspectives »,Revue Forestière Française,t. LXI,no 5,‎,p. 548
  5. Elisabeth Dumont, François-Xavier Jacquin, Bernadette Lizet, Dominique Mansion,Les trognes en Europe. Rencontres autour des arbres têtards et des arbres d'émonde, Maison botanique,.
  6. Bourgeons se développant après un temps plus ou moins long, parfois plusieurs années après leur formation.
  7. Dominique Mansion,Trognes, le livret des arbres-têtards, Arbres et Paysages 32,,p. 3
  8. La ville entreprend régulièrement des plans de rénovation pour remplacer les troncs qui se dégradent sous l'effet du sel et de la force des vagues.
  9. Olivier Berrezai, « Les brise-lames de Saint-Malo refaits à neuf », surrennes.maville.com,.
  10. « Des formes multiples, des situations diverses », surtrognes.fr(consulté en).
  11. Cet état est dû à une inhibition hormonale qui favorise habituellement la croissance desbourgeons terminaux. Ces bourgeons dormants ne se développent que lorsque cette inhibition est levée ou en cas de stress de l'arbre.
  12. Guy Landmann, « Comment apprécier la vitalité d'un arbre ou d'un peuplement forestier ? »,Revue forestière française,vol. 40,no 4,‎,p. 269
  13. Claude Edelin,L'arbre, biologie et développement, Naturalia Monspeliensia,,p. 262
  14. a etb« Vous avez dit trognes ? », surtrognes.fr(consulté en).
  15. (en) Ian D. Rotherham,Trees, Forested Landscapes and Grazing Animal,Routledge,,p. 132.
  16. Une tradition de l’émondage existait pour lesfermiers etmétayers, locataires des grandes exploitations domaniales des propriétaires terriens (propriétaires bourgeois, seigneurs ou non, qui donnaient enbail et parfois même enmétayage des terres). Cesbaux ruraux autorisaient les exploitants agricoles à récolter le bois d’émonde et lesfagots selon une périodicité des tailles inscrite dans ces contrats, tandis que le tronc de l’arbre (partie noble qui servait notamment à faire dubois d'œuvre) restait propriété du loueur. CfJean-Paul Hervieu,Les paysages ruraux en Normandie, Annales de Normandie,,p. 188.
  17. Elisabeth Dumont, François-Xavier Jacquin, Bernadette Lizet, Dominique Mansion,Les trognes en Europe. Rencontres autour des arbres têtards et des arbres d'émonde, Maison botanique,,p. 17.
  18. Gérard Guillot, « Bienvenue chez les trognes », surzoom-nature.fr(consulté le).
  19. Cependant "La taille de branches de gros diamètre(supérieur à 5 cm) provoque chez l’arbre :–  la diminution de la quantité des réserves en sucres indispensables à sa vie, –  l’affaiblissement de sa résistance aux agressions,–  le développement de graves pourritures mettant en péril sa solidité." Site de la Société française d'arboriculture :Bonnes pratiques[1]
  20. En effet, le terme d'émondage sert souvent à indiquer indifféremment l’étêtage ou l’émondage. CfFrançois-Xavier Trivière, « Émonder les arbres : tradition paysanne, pratique ouvrière »,Terrain,no 16,‎,p. 62
  21. Christophe Drénou,La taille des arbres d'ornement. Du pourquoi au comment, Forêt privée française,(lire en ligne),p. 84.
  22. Annie Antoine et Dominique Marguerie,Bocages & sociétés,Presses universitaires de Rennes,p. 28.
  23. Jean-Luc Coppée et Claudy Noiret,Les vergers traditionnels et les alignements d’arbres têtards, Les Bocages asbl,,p. 35.
  24. a etbDominique Mansion,op. cit., p.5
  25. « 2020, l'Odyssée de la trogne », surofb.gouv.fr,
  26. Frédérique Gissot, « 2020 : année des Trognes », surfrancebleu.fr,
  27. Dominique Mansion,Le guide pratique des trognes, Ouest-France,,p. 3
  28. Telle que lepolypode vulgaire.
  29. Jean-Luc Coppée et Claudy Noiret,op. cit., p. 27
  30. [PDF]Vers un retour de la trogne, une solution au développement durable
  31. [PDF]Les arbres têtards : intérêt, rôles et guide d'entretien, Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande, 2005, p. 6
  32. Dominique Mansion,Trognes, le livret des arbres-têtards, Arbres et Paysages 32,,p. 13
  33. Jean-Luc Coppée et Claudy Noiret,op. cit., p. 29
  34. Trognes et politiques publiques, 2020, p. 4/7
  35. Dominique Mansion,Les trognes. L'arbre paysan aux mille usages, Ouest-France,,p. 121.
  36. Andrée Corvol-Dessert, « La récolte en bois d'œuvre : une insuffisance chronique », in Hoffsummer P. (dir.),Les charpentes du XIe au XIXe siècle, typologie et évolution en France du Nord et en Belgique. Monum, p.49, 2002.
  37. Pierre Brault,Montanel : géographie, histoire, institutions, vie religieuse et langage, vie économique et sociale, l'Amitié par le livre,,p. 40.
  38. Yannis Suire,Le Marais poitevin : une écohistoire du XVIe à l'aube du XXe siècle, Centre vendéen de recherches historiques,,p. 164.
  39. Nom local d'unepinède avec ses arbres identitaires et historiques. Dans cette Pinatelle, les pins ont été exploités en tétard de 1800 à 1930, leur abandon ayant fait disparaître les rejets latéraux (phénomène d'élagage naturel), laissant uniquement en place des troncs tortueux sur quelques sites. LeConseil Général de la Haute-Loire acquiert cette forêt de 30 ha en 1996 et plante plusieurs centaines de pins sylvestres sur une ancienne parcelle agricole située en bordure nord du site, afin de réhabiliter ce mode d'exploitation typique.
  40. « De drôles de pins sylvestres: les "garolles" », surforez-info.com,.
  41. Petit Guide du Trogneur,2e colloque européen sur les trognes à Sare au Pays Basque, 2018, p. 11
  42. Dominique Mansion,Trognes, le livret des arbres-têtards, Arbres et Paysages 32,,p. 6
  43. Christophe Drénou,op. cit., p. 30
  44. Dominique Mansion,Trognes, le livret des arbres-têtards, Arbres et Paysages 32,,p. 8
  45. « Trognes en danger ! », surtela-botanica.org,
  46. Dominique Mansion,Trognes, le livret des arbres-têtards, Arbres et Paysages 32,,p. 17
  47. Guy Deloeuvre,Arbre de vie, Deloeuvre Guy,,p. 81.
  48. Jean-Paul Hervieu,Les paysages ruraux en Normandie, Annales de Normandie,,p. 188.
  49. François-Xavier Trivière, « Émonder les arbres : tradition paysanne, pratique ouvrière »,Terrain,no 16,‎,p. 62-77(lire en ligne).
  50. Sandrine Petit et Charles Watkins, « Pratiques paysannes oubliées. L’étêtage et l’émondage des arbres en Grande-Bretagne (1600-1900) »,Études rurales,nos 169-170,‎,p. 197-214.
  51. Timothée Janssen, « Trognes, les arbres aux mille visages », documentaire Arte, 2017, 10 min 40 s
  52. François-Xavier Trivière, « De l'arbre têtard au bocage pavillonnaire »,Penn ar Bed,nos 153-154,‎,p. 12.
  53. (de) Uwe Kühn,Bäume, die Geschichten erzählen : von Tanzlinden und Gerichtseichen, Baumheiligtümern und Gedenkbäumen in Deutschland, blv,, 158 p..
  54. Aquarelle dansMartine fait du camping
  55. Mortagne sur Sevre / Bord de Sèvre, Vieux Tétards et Vieille Tour
  56. « Tronches et trognes ou la paréidolie », exposition des photos de Gilles Bucaille, 2017
  57. Françoise Nowak, « La trogne est par excellence l’arbre de la modernité », suragroforesterie.fr,.
  58. Certains têtards abattus ont été transformés en jardinières, en abreuvoirs…
  59. J. Guerville, « Anthropologie de l'arbre têtard. De l'activité de l'émondage à l'arbre patrimoine », Mémoire de master de l'Université catholique de l'ouest, Angers, 2007, 101 p.
  60. Xavier Roche, « Paysages naturels, paysages construits. Géographie historique et usage des archives dans l’étude de paysages dits naturels (forêts, saltus) », thèse Université de Lorraine, 2016, p. 50-51
  61. Daniel Terrasson et Yves Luginbühl,Paysage et développement durable,Quae,(lire en ligne),p. 36.
  62. Site du Centre

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Philippe Bardel,Histoire des ragosses autour de Rennes, 2006, 6 p.
  • Philippe Bardel, Jean-Luc Maillard et Gilles Picard,L'Arbre et la haie. Mémoire et avenir du bocage, Rennes,Écomusée du Pays de Rennes/Presses universitaires de Rennes, 2008, 192 p.
  • Jean-Luc Coppee, Hervé De Mori, Claudy Noiret,Le Saule. Roi des têtards, Les Bocages, 2016, 384 p.
  • Elisabeth Dumont, François-Xavier Jacquin, Bernadette Lizet, Dominique Mansion,Les trognes en Europe. Rencontres autour des arbres têtards et des arbres d'émonde, Maison botanique, 2007, 163 p.
  • Dominique Mansion,Les Trognes, l'arbre paysan aux mille usages, Rennes, Éditions Ouest-France, 2010
  • François-Xavier Trivière, « De l'arbre têtard au bocage pavillonnaire »,Penn ar Bed,nos 153-154,‎,p. 3-13(lire en ligne)

Articles connexes

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Liens externes

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