À tout triplet pythagoricien est associé untriangle de côtés entiers, forcémentrectangle d’hypoténuse, ainsi qu'unrectangle de côtés entiers, et de diagonale entière.
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Tablette Plimpton 322.
La plus ancienne trace découverte de la connaissance de tels triplets remonterait à la tablettePlimpton 322, un document écrit vers dans l'ancienIrak, qui fait apparaître 15 couples de nombres qui peuvent être complétés pour former ce qu'on appelle aujourd'hui des triplets pythagoriciens[1],[2].
Mais les spécialistes ne sont pas tous d'accord, et d'autres interprétations de la tablette ont été proposées[3].
Les deux formules connues des Grecs montrent qu'il existe une infinité de triplets pythagoriciens et que tout entier fait partie d'un tel triplet (la première formule faisant intervenir et la deuxième).
Voici un théorème donnant une formule générant l'ensemble de ces triplets.
Théorème — Le triplet est pythagoricien si et seulement s'il existe deux entiers tels que
et
La démonstration classique utilise une paramétrisation rationnelle du cercle unité[4] :
Démonstration
Il est possible de paramétriser le cercle unité d'équationx² +y² = 1, privé du point A(–1 , 0), à l'aide de la pentet de la droite passant par A et rencontrant le cercle en M(x,y). Les coordonnées de M sont alors : etEn effet, la pente de (AM) étantt, on ay =t(x + 1) et l'équation du cercle s'écrit alorspuis, après simplification parx + 1, non nul, et regroupement des termes on obtient : puisDe plus,x ety sont des rationnels strictement positifs si et seulement sit est un rationnel strictement compris entre 0 et 1.
Au triplet d'entiers strictement positifs (a,b,c), on associe le point M de coordonnées(a/c,b/c) rationnelles strictement positives. Le triplet (a,b,c) est pythagoricien si et seulement si le point M est un point du cercle unité. Cela se traduit par les conditions : etoùt est un rationnelq/p strictement compris entre 0 et 1, ce qui conclut.
Un triplet pythagoricien est dit « primitif » si les trois entiers et sontpremiers entre eux dans leur ensemble. Il suffit pour cela que deux d'entre eux le soient (puisqu'undiviseur premier commun à deux des nombres divisera le troisième).
Il existe une infinité de triplets primitifs (voirinfra). Les 16 premiers par ordre croissant dec, avec, sont ceux dont les trois termes sont inférieurs à 100[5] :
(3, 4, 5)
(5, 12, 13)
(8, 15, 17)
(7, 24, 25)
(20, 21, 29)
(12, 35, 37)
(9, 40, 41)
(28, 45, 53)
(11, 60, 61)
(16, 63, 65)
(33, 56, 65)
(48, 55, 73)
(13, 84, 85)
(36, 77, 85)
(39, 80, 89)
(65, 72, 97)
Ces triplets mis bout à bout forment la suiteA103606 de l'OEIS.
Tout triplet pythagoricien est, de manière unique, produit d'un triplet pythagoricien primitif par un entier strictement positif : lepgcd de.
Si est un triplet pythagoricien primitif alors aussi, et soita soitb est impair, ces deux cas étant exclusifs. Le théorème suivant caractérise donc tous ces triplets.
(i) est un triplet pythagoricien primitif avec impair.
(ii) Il existe un couple de nombres avecp >q ,p etq premiers entre eux et de parités différentes, tels que
Démonstration
D'après la forme générale des triplets pythagoriciens (voirsupra), ceux qui sont primitifs sont les triplets de la formeetsans perte de généralité,p etq premiers entre eux, si bien qued est égal à1 ou2, selon quep etq sont de parités différentes ou de même parité.
(i) ⇒(ii) : Si de plusa est impair alorsp etq sont de parités différentes (car s'ils étaient tous deux impairs,a serait pair, comme quotient pard = 2 d'un entier divisible par4). Il s'ensuit qued = 1, d'où(ii).
(ii) ⇒(i) : Réciproquement, supposons(ii). Alors(a,b,c) est de la forme ci-dessus avecd = 1 et impair, d'où(i).
réciproquement tout produit denombres premiers de la forme4k + 1 est le troisième terme d'un triplet pythagoricien primitif (cf. la suiteA008846 de l'OEIS) ;
et sont des carrés ;
la réciproque de la propriété précédente est fausse comme le montre le triplet(1, 8, 9) : (c – a)/2 etc – b sont des carrés alors que (1, 8, 9) n'est pas un triplet pythagoricien ;
au plus l'un des trois nombresa,b,c est un carré[12] ;
les entiersa,b etc ne peuvent être simultanément des puissancesn-ièmes avec (conséquence dugrand théorème de Fermat)
les entiersp etq s'interprètent dans le triangle associé par la formule, puisque (voir figure ci-contre) ; ;
le rayon ducercle inscrit est l'entier ; les rayons des troiscercles exinscrits sont les entiers, et ; par exemple pour le triplet(3, 4, 5),p = 2 etq = 1 ; les rayons successifs sont1, 2, 3 et 6 ;
Arbre de Berggren de construction des triplets pythagoriciens primitifs.
Berggren[13] a montré en 1934 que tout triplet pythagoricien primitif peut être obtenu à partir du triplet (3, 4, 5) par application répétée de, et, avec :
selon la règleDe plus, cette décomposition est unique[14].
Géométriquement, le produit de par un triplet correspond à la construction effectuée pour le point, où[3] :
est la symétrie par rapport à l’axe des ordonnées ;
est la symétrie de centre O ;
est la symétrie par rapport à l'axe des abscisses ;
et Φ est l'application du cercle unité dans lui-même qui à tout point M associe M’ le deuxième point d’intersection de avec la droite passant par M et P(1,1).
Le nombre de triplets pythagoriciens primitifs detroisième terme inférieur ou égal à est répertorié comme suiteA156685 de l'OEIS, etDerrick Norman Lehmer a montré en 1900[15] que lorsque tend vers l'infini, ; d'où unnombre moyen de tels triplets de troisième terme donné égal à ; voir la suiteA086201 de l'OEIS.
Le nombre de tels triplets desomme inférieure ou égale à est répertorié comme suiteA328499 de l'OEIS, et Lehmer a montré[15] que, d'où un nombre moyen de ; voir la suiteA118858 de l'OEIS.
Le triplet (3, 4, 5) intervient dans lacorde à treize nœuds comportant 12 intervalles formant trois côtés de longueur 3, 4 et 5 et permettant d'obtenir un angle droit :
Les triplets pythagoriciens sont enbijection naturelle avec les triplets decarrés non nuls en progression arithmétique (vérifiant, soit).
On passe de à en posant, et en sens inverse en posant[16].
En effet.
Par exemple, le triplet donne la progression de raison 24, et le triplet fournit la progression qui était connue deDiophante[16].
La raison de la progression est égale à, soit le quadruple de l'aire du triangle de Pythagore associé. Cette raison ne peut donc être un carré d'après lethéorème de Fermat sur les triangles rectangles.
Fermat a conjecturé en 1640 dans une lettre àFrénicle[17] qu'on ne peut trouverquatre carrés distincts en progression arithmétique, ce qui a été démontré par Euler en 1780[17],[18]. Une démonstration parJean Itard utilise les deux triplets pythagoriciens associés à une telle progression arithmétique et conclut par descente infinie[19],[20]. Voir aussi cette référence :[21], ainsi que celle-ci :[22].
On peut considérer l'ensemble des entiers naturels comme ungraphe dont lessommets sont les nombres et tels que les sommets reliés par unearête soient ceux qui font partie d'un même triplet pythagoricien.
Dès lors, on se demande s'il est possible decolorier le graphe de telle sorte que les éléments d'un même triplet ne soient pas tous de la même couleur[Note 1],[23].
En d'autres termes on cherche à colorier le graphe de façon qu'il n'existe pas de 3-clique monochrome. Ce problème a initialement été posé parPaul Erdős etRonald Graham[3].
En se limitant à deux couleurs il a été montré en 2016, et vérifié en 2019 grâce àRocq, qu'il n'est possible d'aller que jusqu'aux 7824 premiers entiers[3],[24].
En utilisant trois couleurs différentes, il existe un coloriage admissible pour les 11066 premiers entiers mais au-delà le problème reste ouvert[3].
Visualisation des triplets associée à la fonction carré.Nuage de points de tous les couples d'entiers tels que soit pythagoricien avec et inférieurs à 4 500.
Lafonction complexe laisse stable l'anneauZ[i] desentiers de Gauss. À chaque point de l'image deZ[i] par cette fonction correspond un triplet pythagoricien (en effet,, et. Cette remarque fournit une visualisation des triplets pythagoriciens[25] et une explication de la présence desparaboles dans le nuage de points ci-contre.
On peut donner une version algébrique de cette définition grâce authéorème d'Al-Kashi (aussi appelé « loi des cosinus »), qui est une généralisation du théorème de Pythagore[28]. Ce théorème relation relie la longueur d'un côté d'un triangle aux longueurs et de ses deux autres côtés et au cosinus de l'angle qu'ils forment :.
Ainsi, avec des entiers nommés comme dans la définition ci-avant, et pour un angle de 60° ou 120° (dont le cosinus vaut respectivement ou), l'égalité vérifiée sera respectivement : ou.
Par analogie avec la recherche de triplets pythagoriciens, qui revient à rechercher lesentiers de Gauss dont la norme est uncarré parfait, la recherche de triplets d'Eisenstein revient à chercher desentiers d'Eisenstein, où, dont la norme est un carré parfait[29].
Des triplets connus sont par exemple (la liste est non exhaustive) :
↑Pour les vingt premiers entiers un exemple d'une telle coloration est 1, 2,3, 4, 5, 6, 7,8, 9, 10, 11,12,13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20. On remarque par exemple que les triplets (3, 4, 5) et (5,12,13) ne sont effectivement pas monochromes.
↑D'après Weil le problème a été traité par Euler en 1780 dans un article publié à titre posthume (Eu.I-5.56-60 dans E758) ; le texte est rédigé de manière quelque peu confuse, manifestement par ses assistants, à une époque où il était totalement aveugle.
↑Al Cuoco et William McCallum,« The Double Continuity of Algebra », dans G.Kaiser, H. Forgasz, M. Graven, A. Kuzniak, E. Simmt et B. Xu,nvited Lectures from the 13th International Congress on Mathematical Education. ICME-13 Monographs, Springer,(DOI10.1007/978-3-319-72170-5_4)