Pour les articles homonymes, voirTrap.
Origines stylistiques | Hip-hop sudiste,gangsta rap,rap hardcore,crunk,rap de Memphis,snap |
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Origines culturelles | Années 1990 ;Géorgie,États-Unis[1] |
Instruments typiques | Voix,boîte à rythmes (Roland TR-808),séquenceur,synthétiseur,clavier,station audionumérique |
Popularité | Mondiale, surtout auxÉtats-Unis |
Scènes régionales | Atlanta,Memphis |
Sous-genres
Cloud rap,drill,phonk,plugg,rage,tread rap
Genres dérivés
Afro trap,rap emo,hookah rap,hyperpop[2],trap latino
Genres associés
Country trap, EDM trap,trap metal
Latrap est ungenre musical issu duhip-hop sudiste, ayant émergé au début desannées 2000 dans lesud des États-Unis[3],[4]. Il se caractérise par son contenu lyrique et un son particulier, lié notamment à l'utilisation importante du kick de la boîte à rythmeRoland TR-808 (caractérisés par la présence plus importante de sub-bass), desdoubles croches,triolets et autres divisions temporelles plus rapides aux sonoritéscharleston, desnappes de synthétiseur et des ensembles de cordes virtuelles[5],[6].
En2012, un nouveau courant deproducteurs et deDJ de renom demusique électronique commencent à intégrer des éléments de trap dans leurs créations. Cela contribue à élargir sa popularité parmi les fans de musique électronique. Un certain nombre de ramifications stylistiques de trap se développent. Durant le second semestre 2012, il connaît une popularité croissante et a une incidence notable sur ladance.
L'appellation« trap » est initialement utilisée pour désigner les lieux où se pratiquaient lestrafics de drogue. Les fans et les critiques commencent à qualifier ces rappeurs, dont les textes avaient pour sujet principal le trafic de drogue, de« rappeurs trap »[5]. Dans lemagazineComplex, le journaliste David Drake écrit :« Le trap, au début des années 2000, n'était pas un style mais une référence réelle aux lieux de trafic », et le terme est adopté plus tard pour décrire la« musique faite dans ces endroits[7] ».
Les paroles reprennent des thèmes sur les conditions de vie desghettos, le trafic de drogue et la lutte pour le succès[6]. Des rappeurs originaires du sud, tels queT.I.,Gucci Mane etYoung Jeezy ont contribué à élargir la popularité du genre musical et des enregistrements commencent à apparaître sur desmixtapes et les stations de radio locales[4]. En 2003, le trap commence à émerger à la suite du succès d'un certain nombre d'albums et desingles réalisés à ce moment-là. Le second album studio de T.I.,Trap Muzik, est un grand succès commercial, avec plus de 2,1 millions d'exemplaires vendus. Le titre phare de l'album,24's, est sélectionné parEA pour lejeu vidéoNeed for Speed: Underground.
En 2005, la musique trap bouscule l'ordre établi des courants musicaux en place avec la sortie duLet's Get It: Thug Motivation 101 de Young Jeezy[3]. L'album se classe numéro deux auBillboard 200, avec 172 000 exemplaires vendus dès sa première semaine de sortie et est plus tard certifiédisque de platine par laRIAA pour la vente de plus d'un million d'exemplaires. Parmi les premiers producteurs de trap, on peut citerDrumma Boy, Shawty Redd,Zaytoven etDJ Toomp[7] ainsi queMetro Boomin.
En2010, les enregistrements trap se mesurent aux meilleurs des classements hip-hop[4]. Le producteurLex Luger connaît une énorme popularité et se consacre à produire un certain nombre de titres d'artistes célèbres, tels queB.M.F. (Blowin' Money Fast) etMC Hammer deRick Ross,H•A•M etSee Me Now deKanye West ou encore leHard in da Paint deWaka Flocka Flame[4],[5]. La marque de fabrique du son de Luger a depuis été largement adoptée par les producteurs de rap, en essayant de reproduire son succès[5].
Depuis 2011, bon nombre de producteurs de trap moderne connaissent la popularité dont particulièrement 808 Mafia, Metro Boomin, Southside, Sonny Digital et Young Chop. Quelques producteurs élargissent leur spectre vers d'autres genres tels que leR&B (Mike WiLL Made It) et la musique électronique (AraabMuzik). En 2012, les titres trap, publiés par des rappeurs commeChief Keef etFuture, engendrent une véritable épidémie[4].I Don't Like etLove Sosa de Keef obtiennent plus de 30 millions de vues surYouTube.I Don't Like inspire Kanye West qui crée unremix de la chanson, l'incluant dans lacompilationCruel Summer, de sonlabelGOOD Music. Stelios Phili deGQ baptise la musique trap, le« son du hip-hop 2012 »[3].
Lady Gaga enregistre un titre d'inspiration trap intituléJewels 'n Drugs sur son album de 2013,Artpop, faisant appel aux rappeurs T.I.,Too $hort etTwista. Le mélange entre pop et trap est accueillie de façon mitigée par la presse spécialisée[8],[9]. En, la chanteuse pop américaineKaty Perry publie une chanson intituléeDark Horse en collaborant avec le rappeurJuicy J, dans son albumPrism, qui distille des saveurs trap[10],[11].
En2012, de nouveaux styles et évolutions de la musique électronique intégrant des éléments de musique trap, comme l'« acid trap », le« trap-ah-ton » et letrapstep commencent à amplifier sa popularité[12]. La plupart de ces déclinaisons combinent les schéma rythmiques trap avec les synthétiseurs de l'EDM[5], pour créer des « rythmes brouillons et agressifs [...] et [...] de sombres mélodies »[12]. Des compositeurs électroniques, tels queDiplo, TNGHT (le duo formé deHudson Mohawke etLunice),Baauer, DJ Snake, Flosstradamus, Hucci, RL Grime etYellow Claw sont des acteurs majeurs de la popularité de ces évolutions de la musique trap, captant l’intérêt des fans de musique électronique[13].
Dans la seconde moitié de 2012, ces nouvelles ramifications du trap développent leur popularité telle une épidémie et influencent considérablement l'EDM[13]. La musique, initialement baptisée simplement « trap » par les producteurs et les fans, a conduit à ce que l'appellation « trap » s'adresse à la fois aux mondes des rappeurs et des producteurs électroniques et a mené à la confusion entre les adeptes de chaque genre. Au lieu de se référer à un seul genre, le terme « trap » est utilisé pour décrire deux genres distincts du rap et de la dance[7]. La nouvelle vague du genre est qualifiée par certains d'« EDM trap »[12],[13],[14], pour la distinguer du rap proprement dit, et comparé audubstep en raison de sa soudaine popularité[6]. L'évolution de l'EDM trap subit les influences structurelles et stylistiques du dubstep, d'après Rebecca Haithcoat duLA Weekly :« Vous pourriez carrément l'appeler la prochaine phase dudubstep. Ça se joue façon« prêt-à-porter » pour club à 140 bpm tout en conservant les drops délirants du dubstep » et cela ne cesse de gagner en popularité[15].
En2013, unevidéo de fan duHarlem Shake de Baauer devient unmème, propulsant le titre à la première place duBillboard Hot 100[16]. Cinq producteurs EDM Trap réputés l'interprètent en 2013 lors de l'Ultra Music Festival, à savoirCarnage, ƱZ, DJ Craze, Baauer et Flosstradamus[12]. En 2013, le festivalTomorrowland présente une scène trap.
Au milieu desannées 2010, un nouveau sous-genres de la scènehardstyle lié au trap fait son apparition. Les producteurs évoquent le style« trapstyle »[17] avec des morceaux reprenant des éléments trap dans la musiquehard dance. DJ Coone l'évoque dans son remix du morceauTechno deYellow Claw,Diplo et LNY TNZ. En2018, les deux artistes colombiensShakira etMaluma sortent un titre en commun intituléTrap. Ce dernier a déjà sorti un single4 Babies en2017 sur son albumF.A.M.E.
En2019, la chansonOld Town Road deLil Nas X mêle trap etmusique western etmusique country[18]. En, la chanson débute à la19e place du Hot Country Songs avant d'être retirée du classement une semaine plus tard[19]. Un remix avecBilly Ray Cyrus est publié le et devient plus tard le single hip-hop numéro un le plus long de tous les temps et le single numéro un le plus long de tous les temps auBillboard Hot 100, pendant 19 semaines, dépassant le record établi parOne Sweet Day deMariah Carey etBoyz II Men etDespacito deLuis Fonsi etDaddy Yankee featuringJustin Bieber[20].
EnFrance, on peut trouver des morceaux inspirés par le mouvement trap d’Atlanta dès les années 2000, chez des rappeurs commeMac Tyer,La Fouine ouBooba, qui s’inspirent des productions américaines.93 tu peux pas test ouSo de Mac Tyer paru en 2006 dans l’album Le Général sont des morceaux trap, tout commeGarcimore de Booba (2008), inspiré du rappeurYoung Jeezy. Les albumsLa Fouine vs Laouni de La Fouine etLunatic de Booba sont des premiers moments de bascule. C’est l’albumOr Noir deKaaris, paru en 2013 qui lance pleinement le mouvement trap français[21],[22].
Quand la scène trap se démocratise en France en 2012-2013, elle répond à une demande du public, qui ressent le besoin de changer des formes plus classiques de rap. Ce que l’on va appeler trap en France est un mélange entre les sonorités de différentes scènes américaines : ladrill (celle deChicago, pas celle deLondres), la trap (plus celle d’Atlanta des années 2010 que celle deMemphis), la musique cloud, et le rap français plus classique[21].
La sortie d’Or Noir et les apparitions de Kaaris dans les clips deZoo et deKalash sont des marqueurs important du coup d’envoi de la trap en France.Or Noir, produit avec Therapy 2093, est depuis considéré comme l’un des plus importants de l’histoire du rap français. L’album est marqué d’une atmosphère sombre et de paroles crues, une esthétique que l’on va retrouver dans les productions trap française qui suivront. De nombreux artistes du rap d’aujourd’hui comme13 Block ouKerchak citentOr Noir comme une référence[23],[24].
Kaaris s'était déjà illustré quelques mois plus tôt dans le morceauKalash de Booba sorti sur l’albumFutur. Cet album, paru en 2012, est un disque précurseur de la vague trap en France, qui contient quelques morceaux du genre, commeMaitre Yoda. S’il existe d’autres exemples de morceaux trap en France avant les sorties de Kaaris et Booba, le rap restait, dans les années 2010, 2011, 2012 dominés par les productions deSexion D’Assaut et deL’entourage, notamment le groupe1995. La sortie d’Or Noir est citée comme un moment de bascule dans le rap français. Les années qui la suivent sont considérées comme un âge d’or de la trap française[23],[24].
À la suite de Kaaris, de nombreux artistes s’inscrivent dans le mouvement Trap, commeGradur,Niska, XVBARBAR,PSO Thug. D’autres artistes se démarquent dans des mouvements parallèles à la trap, comme l’afro trap deMHD ou laMafioso Trap deLacrim etSCH, nourrie par l’esthétique de la mafia italienne, à l’image de la série Gomorra.
Quelques producteurs français vont se faire un nom au début de la vague trap. UZ, alias de DJ Troubl dont l’identité est longtemps restée secrète, était un ancien champion de deejaying et producteur important des débuts de la trap. Ces mixtapesBalltrap Music etTrap Shit étaient attendues et invitaient des artistes respectés commeTrinidad James,Trae tha Truth,Baauer, Salv. L’agent deSkrillex lui propose de tourner à l’international, ce qui l’amène à jouer partout dans le monde, dans des festivals comme Dour ouCoachella. En France, il participe à des événements en association avec la marque Tealer, et collabore avecBirdy Nam Nam[25],[26],[27],[28].
UZ s’installe aux États-Unis et signe sur le label Mad Decent, qui comprend des noms commeDiplo ou Flosstradamus. Plus tard, il fonde son label Quality Good Music. Il rentre en France avec sa famille quelque temps avant le confinement de la pandémie de COVID-19. On a pu le voir apparaitre sur la chaine deRed Bull Binks en compagnie du rappeur Zikxo[29],[30].
Le producteur français Yellow Bird et le guadeloupéenCashMoneyAP sont d'autres précurseurs de la scène trap française. Ils grandisent en écoutant, entre autres, duzouk, dukompas, dudancehall et du rap américain. Ils se lancent dans la production à l’adolescence avec le logicielFruity Loops. Il poste destype beats sur internet, principalement dans le style deYoung Thug,Future,Drake.Youtube est au cœur de leur stratégie de placement de productions, qui leur permet de faire leur publicité. Ils vendent ensuite leurs productions via le site BeatStars[31],[32].
Il produit pourSoulja Boy,Chief Keef,Fredo Santana,Famous Dex,Lil Skies,NLE Choppa,Migos,Ski Mask The Slump God,Youngboy Never Broke Again,Ty Dolla Sign,DaBaby,Megan Thee Stallion[32].Joke,Booba,Freeze Corleone,Hayce Lemsi,Lacrim,La Fouine,Djadja & Dinaz[31].
Autour de 2015, de nombreuses voix de l'industrie musicales s'inquiètent d'une forme d'uniformisation du rap causée par la trap, ses type beat, ses punchlines et autres gimmick. En 2015, le duoPNL et le cloud rap qu'il mène va prendre le relais dans les charts et capter l'attention du public et de la critique rap. La trap est alors moins populaire. Cependant de nombreux projets trap vont voir le jour dans les années entre 2015 et 2020[22],[23].
En 2018, Ikaz Boi et le groupe13 Block publient un EP commun Triple S, une matrice trap qui fait suite à l'album VUE du groupe sevrannais[33]. Les rappeursKoba LaD etZola émergent également à cette période. Le projetButter Bullets de Sidi Sid et Dela déjà plongé dans la trap depuis 2012 continue de développer cette esthétique sur des albums comme Ténébreuse Musique[34]. On entend aussi de la trap chezVald,Diddi Trix et Huntrill.
Des rappeurs issus des générations précédentes de la scène hip-hop française adoptent également la trap le temps d'un morceau, commeRim'K,Médine ouMac Tyer. En 2020, la rappeuseLe Juiice signe le projetTrap Mama, qui la place comme l'une des figures à suivre de la trap en France[35].
Au début des années 2020, la trap est moins mis en avant sur la scène rap qu’au milieu des années 2010, même si elle reste l’un des courants les plus importants en France. Le succès de la drill et de courants comme le jersey ou la plugg ont attiré le gros de l’attention médiatique[36].
Autour de 2022, une nouvelle génération d’artistes qui jouent avec les codes de la trap prend de plus en plus de place sur la scène française. Les interprètes majeurs de cette scène sontLa Fève, TH, Gapman, thaHomey ou H.LA DROGUE, Skefre, Beendo Z, Zequin. Côté producteurs, les nouveaux émergents s'appellent Kosei, FREAKEY!, Guapo ou Demna. Ces artistes sont influencés par la trap des années 2000 et 2010, mais aussi par de nouvelles influences, comme la scène deDétroit, laplugg et le DMV Flow, ce qui leur permet de se démarquer[37].
Cette nouvelle génération a bénéficié du soutien de comptes X (Twitter) dédié au rap, et de médias comme 1863[38].
Dix ans après son arrivée enFrance en2013,Radio France explique en2023 que la trap est toujours autant produite mais de manière moins épurée qu'avant :« On aurait eu du mal à y croire il y a dix ans, mais en 2023, la trap a elle aussi ses puristes. Le genre a été tellement hybridé et adapté qu’il a peu à peu laissé ses grosses spécificités de côté, et ses principaux éléments distinctifs font désormais partie des codes du rap français. Aujourd’hui, peu de rappeurs français font réellement de la trap telle qu’elle a émergé en 2012-2013[39]. »
La trap a contribué à codifier la façon de rapper d'une grande partie des artistes français. On trouve dans les textes des odes à la weed et au banditisme. Le flow aussi est codifié, avec une manière de diviser les syllabes deux par deux sur chaque temps de la mesure. La langue anglaise permet de développer une idée en peu de mots, et la trap d'Atlanta se prête parfaitement à cet état d'esprit. Pour réussir à reproduire cette manière de rapper, les phrases des rappeurs français adeptes de la trap se raccourcissent. L’écriture à base de punchlines est plus fréquente[40].
En plus de textes plus crus et agressifs, la trap française popularise l’usage d’ad libs, des bruitages, gimmick et signatures sonores réalisées par les interprètes pour s’annoncer, ponctuer une phase, ou dynamiser un morceau. Les ad-libs étaient déjà populaires dans la trap d’Atlanta des années 2000, quand des textes plus courts ont laissé de nouveaux espaces pour s’exprimer et improviser. Ils sont particulièrement utilisés parMigos,Young Thug etGucci Mane, qui est l’une des références phares de la trap française. En France, le rappeur Captain Roshi est l'un des pratiquants les plus reconnus des ad-libs, qu'il qualifie d'"ambiance"[41].
Si le hip-hop des années 90 et 2000 en France reposait largement sur une culture du sample, la trap va s’en éloigner. La récupération de morceaux, ne fait pas partie de l'univers trap[40]. L’arrivée de la trap et son succès va entrainer son lot de critiques. En 2015, le magazine Booska-P se demande si la trap ne va pas tuer le rap français, à cause de l’uniformisation des flows qu’elle amène. Une vidéo sur Youtube synthétise la critique : “France 66 millions d’habitants, 10 millions de rappeurs, un seul flow”. La vague trap est également critiquée par certaines anciennes figures du rap français, commeJoeystarr, qui déplore un trop grand usage de punchlines[40],[42].
Les séries de freestyles, comme les freestyles Shueguey deGradur,Afro trap deMHD ouJesuispasséchezso deFianso, Binks to Binks deNinho, Ténébreux deKoba La D etTchien de Lord Makhavely vont marquer cette époque. On retrouve cette formule dans la vague Drill Française, particulièrement avec les freestyles Drill FR deGazo[23].
L’âge d’or de la trap française est marquée par l’utilisation desstreets clips, des clips tournés à même la rue, qui montrent souvent le quartier d’origine de l’artiste représenté. L’un des clips références du street clip en France estPour Ceux de laMafia K'1 Fry, réalisé parRomain Gavras etKim Chapiron du collectifKourtrajmé. Les clips de la trap française s’inscrivent dans une continuité de ce qui s’est amorcé dans les années 2000 avec l’arrivée de moyens de productions bas couts, ce qui a permis au clip de rap français de se renouveler et de se démocratiser. L’autre référence visuelle, ce sont les clips de la trap américaine, celle de Chicago, comme celle d’Atlanta[43].
L’un des réalisateurs phares de cette période estWilliam Thomas, originaire du 18ᵉ arrondissement de Paris. Lancé à l’adolescence avec sa collaboration avecNiska, et le clip du morceauAllô Maitre Simonard qui atteint le million de vues sur YouTube, une première pour le rappeur comme le réalisateur. William Thomas compte plus de400 clips à son actif en 2017. Parmi eux, on trouve des morceaux cultes de la trap française, comme leFreestyle PSG de Niska. William Thomas est aussi à la réalisation de clip de la deuxième génération trap française, pour des morceaux deKoba La D[44],[43].
Ce renouveau du clip, qui devient indispensable dans la recette du succès d’un morceau, démocratise de nouveaux codes visuels. La gestuelle (ou« gestu ») des rappeurs devient alors une extension de leur identité, les plus célèbres d’entre elles sont reprises massivement, comme ledouble rotor deKaaris, ou ladanse charo deNiska. Les deux pas seront repris respectivement par les footballeursPaul Pogba etBlaise Matuidi comme célébration de but[45],[46].
Internet prend une place de plus importante pour la diffusion de la musique dans les années 2010. Déjà, le style de vidéos amateur qui avait mis à l’image des rappeurs comme ceux de laSexion d'assaut dans les années 2000, se perpétuent. Ainsi, les premiers interviews de trappeurs français commeKaaris se font sur le siteN Da Hood de l’interviewer Tonton Marcel.
Youtube devient la plateforme de diffusion et de visionnage préférée pour les clips de la trap française, et permet aux nouveaux arrivants de percer et au public de découvrir de nouveaux artistes. La plateforme est aussi le baromètre qui permet de visualiser et de déterminer le succès d’un morceau. À partir de février 2016, date à partir de laquelle laSNEP (Syndicat national de l’édition phonographique) a pris en compte les vues youtube dans les certifications de disques d’or et de platine, ce sont les plateformes comme YouTube puis les plateformes de streaming comme Spotify, Deezer et Apple Music qui prennent le lead de la diffusion digitale. Les trappeurs français qui émergent après cette période comptent leur succès en nombre de lectures, et leurs certifications sont faites sur la base de ventes digitales (ou d’équivalent vente)[47].
Ces nouveaux modes de diffusion bénéficient de la révolution téléphonique en cours dans les années 2000 et 2010 avec la démocratisation des smartphones et la baisse des couts des forfaits mobiles, qui proposent un accès à internet facilité. Ainsi, les téléphones portables deviennent les terminaux d’écoutes préférées des années 2010, et un support de visionnage supplémentaire pour les clips[47].
L'afro trap — aussi orthographié afrotrap et afro-trap — est ungenre musical mêlant trap et divers éléments issus desmusiques africaines. L'afro trap émerge au milieu des années 2010 en France sous l'impulsion du rappeurMHD, précurseur du genre. Le rappeur a pu toucher un public large après avoir publié un freestyle surFacebook, alors qu’il était encore livreur de pizza. Ce premier morceau, posé sur l’instrumental du morceauShekinini dePSQUARE, est visionné des millions de fois sur les réseaux sociaux[24].
L'afro trap est un mélange de trap et divers éléments issus desmusiques africaines. MHD utilise en particulier les rythmiques ducoupé-décalé. L’afro-trap est principalement pratiquée par les jeunes d'origine africaine des banlieues de grandes villes françaises. La chaîne de télévision franco-allemandeArte a décrit le style de musique afro trap comme « La musique d’une génération qui a grandi entre les sons de l’Afrique et des États-Unis ». Comme le précise le rappeur et animateurDriver dans le documentaire Paname, le grand paris du rap, on retrouve dans les textes de l’afro-trap les thématiques de la trap, et dans la production le côté afro. L’ambiance festive de l’afro-trap et les thématiques plus légères qui l’entourent (le foot, l’enjaillement, la danse) ont permis de donner une autre image des quartiers[24].
L'afro-trap de MHD a réussi a s'exporter au-delà des frontières de la France, avec des rappeurs qui reprennent son flow, les codes de ses clips et son style de production en Bulgarie ou en Espagne[24].
L’e-trap est un courant de la trap francophone arrivé dans les années 2020 et principalement incarné par le rappeur TH, qui s’est même tatoué le terme E-TRAP sur le cou. Le style se base sur les mêmes principes que la trap classique (kicks, charlestons, grosses caisses, caisses claires) et y ajoutent des sonorités et gimmicks électroniques. Ces sonorités évoquent parfois des appareils technologiques. L’électronique est aussi présent dans les thèmes abordés dans les textes de l’e-trap, qui font références à l’IA, aux robots et autres avancées technologiques[48].
La trap s’était déjà mélangée à la musique électronique au début des années 2010, avec les productions deHudson Mohawke,DJ Snake ou Girl Unit. À cette époque, d’autres courants de la trap s’était développées comme le trapstep, la trap EDM ou l’acid trap. En France, le rappeur A2H avait posé en 2013 sur Chimes, une production de trap électronique d’Hudson Mohawke[49].Le producteur Ikaz Boi a signé deux EP inspirés de la trap EDM : Ketamine Trap Volume 1 & 2[50].
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