Letraité de Nice est untraité signé le par lesÉtats membres de l’Union européenne (UE), entré en vigueur le. Il fixa les principes et les méthodes d'évolution du système institutionnel au fur et à mesure que l'UE s'élargit avec l'entrée des Pays d’Europe centrale et orientale (« PECO »).
En effet, dans la perspective d'un élargissement à 28 États membres à l'horizon2007, les modalités de prise de décision au sein des institutions ont dû faire l'objet d'adaptations. Une nouvelle répartition des voix attribuées à chaque État au Conseil, ainsi que la définition d'un nouveau calcul de la majorité qualifiée, ont paru nécessaires au bon fonctionnement de cette instance décisionnelle menacée de paralysie.
Le traité de Nice et l'élargissement ont fait l'objet d'un référendum en enIrlande. Les Irlandais avaient alors dit « non » le[2] ; après un second référendum, ils ont finalement ratifié le traité.
Lamajorité qualifiée nécessite de rassembler 62 voix sur 87, soit 71,2 % des voix, alors que laminorité de blocage est atteinte avec 26 voix. C'est le système de votes pondérés : un acte est adopté lorsque le total des voix qu'il recueille est au moins égal au nombre de voix définissant le seuil de majorité qualifiée, soit 62 voix (correspondant au vote favorable d'au moins 10 États membres). La minorité de blocage peut être obtenue par trois grands États membres, ou même par deux grands États membres et l'Espagne.
Ce mode de calcul remonte aux origines de laCommunauté européenne, il a été conçu de manière à favoriser les « petits pays » en leur attribuant une pondération de voix supérieure à leur poids démographique et économique. Il a été adapté auxélargissements successifs en gardant les mêmes critères de pondération des voix, ce qui l'a rendu de plus en plus déséquilibré : à 15, la majorité qualifiée représente moins de 58 % de la population, alors qu'elle représentait 70 % de la population à 6. Avant ce traité, une voix luxembourgeoise représente 200 000 habitants, tandis qu'une voix française en représente 6 000 000 et une voix allemande 8 000 000.
Le traité de Nice a amorcé la réforme institutionnelle nécessaire à l'élargissement, notamment en ce qui concerne les trois institutions principales de l'Union européenne :
Parlement européen : le nombre maximal dedéputés est fixé à 732 (contre 700 début 2004) pour une Europe à 27.
Conseil de l'Union européenne : le système de prise de décision à la majorité qualifiée est modifié à partir du. En outre le vote à la majorité qualifiée est étendu à de nouveaux domaines.
Le traité de Nice modifie les règles de vote et prévoit de nouvelles procédures applicables à partir du (après une période transitoire allant du au). Un acte sera adopté à la majorité qualifiée lorsque les trois critères suivants seront remplis :
un seuil de majorité qualifiée à : 232 voix sur 321 pour une Europe à 25, et 255 voix sur 345 dans une Europe à 27, soit respectivement 72,2 % et 74 % de votes favorables.
un critère de majorité, dit règle des « filets d'états » : toute majorité qualifiée doit réunir une majorité simple d'États membres, soit 13 États membres pour une Europe à 25 ou 14 États membres pour une Europe à 27. Cette mesure ne concerne que les propositions émanant de la Commission.
un critère de population : laclause démographique permet à chaque État membre de demander qu'il soit vérifié que la majorité qualifiée représente au moins 62 % de la population totale de l'Union. Toutefois cette clause ne s'applique qu'aux seules décisions regroupant l'ensemble des États membres. Elle ne s'applique donc pas auxcoopérations renforcées et à celles relevant de l'espace Schengen.
C'est le vote pondéré qui reste le critère déterminant pour l'adoption, puisque dans la grande majorité des cas un vote égalant ou dépassant le seuil de majorité qualifiée répond également aussi aux critères de la majorité simple des États membres et de 62 % de la population.
Ce traité prévoit sa propre modification, l'idée est qu'il fasse l'objet d'une révision rapide, car il est reconnu insuffisant par un très grand nombre[3].
Entre le et le, période de transition institutionnelle pendant laquelle s'appliqueront les dispositions transitoires prévues par le traité de Nice, on se contentera d'extrapoler les règles actuelles de répartition des voix, les États membres actuels gardant le même nombre de voix et les nouveaux États membres ayant un nombre de voix attribué selon leurs poids relatifs :
La majorité qualifiée est atteinte avec 88 voix sur 124 (soit 71 % des voix), représentant au moins la majorité simple des États membres si la proposition émane de la Commission, ou 2/3 des États membres si la proposition n'émane pas de la Commission. La minorité de blocage représente 37 voix.
La majorité qualifiée est atteinte avec 232 voix sur 321 (soit 72,2 % des voix), représentant au moins la majorité simple des États membres si la proposition émane de la Commission, ou 2/3 des États membres si la proposition n'émane pas de la Commission. La clause de vérification représente un seuil de 62 % de la population totale. La minorité de blocage est de 90 voix.
La procédure de prise de décision à 27, se fait avec la même répartition des voix, mais avec 10 voix pour la Bulgarie et 14 voix pour la Roumanie. La majorité qualifiée est atteinte avec 255 voix sur 345 (soit 74 % des voix), représentant au moins la majorité simple des États membres si la proposition émane de la Commission, ou 2/3 des États membres si la proposition n'émane pas de la Commission. La clause de vérification représente un seuil de 62 % de la population totale. La minorité de blocage est de 91 voix.
À la suite de l'échec du traité établissant uneConstitution pour l'Europe en 2005, le traité de Nice constitua la base du fonctionnement institutionnel de l'Union Européenne jusqu'autraité de Lisbonne qui entra en vigueur le.