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Tozeur | |
![]() Vue du centre-ville de Tozeur. | |
Administration | |
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Pays | ![]() |
Gouvernorat | Tozeur |
Délégation(s) | Tozeur |
Code postal | 2200 |
Démographie | |
Gentilé | Tozeurois |
Population | 37 365 hab.(2014[1]) |
Géographie | |
Coordonnées | 33° 55′ nord, 8° 08′ est |
Altitude | 42 m |
Localisation | |
Liens | |
Site web | www.commune-tozeur.gov.tn |
Sources | |
(en) « Geographic coordinates of Tozeur, Tunisia », surdateandtime.info(consulté le). | |
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Tozeur (arabe :توزرÉcouter[tˤʊzɪr]) est unevilletunisienne aux confins de l'Atlas et dudésert duSahara, la plus grande des cinqoasis que compte leJérid. Progressivement construite autour de sapalmeraie, elle est lechef-lieu dugouvernorat du même nom.
Située au nord-ouest duChott el-Jérid, près de lafrontière algérienne, Tozeur se trouve à450 kilomètres au sud-ouest deTunis. Ville au passé religieux important, elle accueille de nombreux lettrés.Ibn Chabbat lui lègue le système d'irrigation des palmeraies, et le poèteAbou el Kacem Chebbi y compose son célèbreEla Toghat Al Alaam, en pleinprotectorat français. Latopographie contemporaine de Tozeur leur rend hommage, ainsi qu'auxmarabouts. La ville connaît une importante croissance démographique, doublée d'une extension considérable, durant la seconde moitié duXXe siècle, avec lasédentarisation desBédouins. Elle passe en quelques décennies d'une population d'environ 11 000 habitants à 37 365 habitants, selon lerecensement de2014.
L'architecture de son patrimoine bâti, en particulier celle de samédina caractérisée par des motifs de briques en relief, est unique en Tunisie, avec celle de la ville voisine deNefta. L'agriculture, et en particulier lamonoculture desdattes de la variétédeglet nour, constitue sa principale ressource, représentant le tiers de la production dattière tunisienne. Sabriqueterie est toujours en activité, pour répondre aux besoins de nombreux chantiers de construction. Depuis lesannées 1990, la municipalité de Tozeur développe letourisme, sous l'impulsion du maire de l'époque,Abderrazak Cheraït. Ce développement s'appuie entre autres sur la présence d'unaéroport international et de nombreuxhôtels, sur la valorisation du patrimoine et des lieux detournage, et sur l'organisation du Festival international des oasis.
Tozeur a été choisie pour y implanter la premièrecentrale solaire photovoltaïque de Tunisie, en2019.
« Tozeur » est la transcription officielle du nom de la ville en caractères latins ; une autre transcription de l'arabe tunisien serait plutôt « Tûzer »[2]. D'après Vincent Battesti (chercheur en anthropologie sociale auCentre national de la recherche scientifique), le nom de la ville se prononce « Tuzor »[3].
Le comte Antoine-Auguste du Paty de Clam (1856-1929), officier, administrateur des colonies, archéologue et membre de la Société de géographie de Paris[4],[5], a émis quatre hypothèses concernant l'origine du nom de Tozeur[6] :
La première suppose que l'appellation existait déjà dans l'Égypte antique sous la forme deTes-Hor, signifiant« ville du soleil », que lesGrecs transforment plus tard enApollonites ; une colonie venue de cette ville aurait peut-être repris la même appellation[6].
La seconde hypothèse indique qu'il viendrait du nom de lapharaonneTaousert — signifiant enégyptien« la puissante » — qui monta sur le trône après la mort de son mariSéthi II (pharaon de laXIXe dynastie et petit-fils du célèbre pharaonRamsès II)[6]. La ville de Tozeur serait un hommage rendu par une coloniekouchite à cette reine, qui fut la dernière représentante de la dynastie[6]. Cette hypothèse est corroborée par l'architecture de Tozeur, caractérisée par l'usage de la brique en terre séchée au soleil, puis cuite[7]. L'Égypte antique est connue pour avoir utilisé un tel savoir-faire dans ses constructions urbaines[7].
La troisième hypothèse indique que le mot serait une forme féminineberbère de l'adjectif« fort »,Taouser, dont la forme signifierait« forte »[6]. En205av. J.-C., le royaume berbère deMassinissa s'étend jusqu'à cette ville[6]. Cette étymologie est également défendue parCharles-Joseph Tissot[8].
La dernière hypothèse suppose que le nom de Tozeur est l'une des formes du nomUtsuur, c'est-à-dire« celle d'Assur » ou« celle provenant d'Assur », car le nom de la ville serait un hommage rendu par une colonie assyrienne à leurpatrie d'origine[6].
Le philosophe tunisienYoussef Seddik rejoint l'hypothèse d'une origine égyptienne antique du nom :
« Ne serait-on pas tentés de voir dans ce mot de Tozeur le très lointain écho d'une origine égyptienne antique de cette terre ? Le« T » étant[un] préfixe qui marque le lieu comme dans Thèbes, Tamazret, Tafilalt ou Tamanrasset,Ozeur ouOzir étant l'apocope d'Osiris, le dieu morcelé[9]. »
Tozeur se trouve le long d'une colline allongée de plusieurs kilomètres, ledhrâ‘, qui sépare deuxlacs salés, leChott el-Jérid au Sud et leChott el-Gharsa au Nord-Ouest[10],[11],[12]. Elle fait partie duJérid ou Djérid[13], dont elle constitue la plus importante des cinqoasis[14], aux confins du désert duSahara[13]. Une petite chaîne de montagnes, le djebel Morra, se trouve à l'Est de la ville[15]. Tozeur fait à ce titre partie du pli de l'Atlas, qui s'étend duMaroc à l'Ouest de la Tunisie[16]. La région de Tozeur appartient à l'Atlas tunisien méridional, caractérisé par seschotts composés debassins sédimentaires duCarbonifère supérieur[16]. Cette région est connue pour ses luxuriantes oasis au milieu du désert et présente un intérêtgéologique etgéomorphologique[15]. Dessebkhas, caractérisées par de fins sédiments humides desaumures en hiver, et des surfaces deboue fissurées avec dusel et des croûtes degypse en été, couvrent le sol des chotts, accueillant une très rarevégétation[17],[12].
La ville, qui s'étend sur1 256 hectares, est entourée d'unepalmeraie rattachée à son centre urbain[18], d'approximativement1 000 hectares[18], abritant environ 400 000 arbres[19],[20],[21]. La principale espèce végétale poussant naturellement à Tozeur est laprosopis, uneplante fourragère etmellifère atteignant une hauteur de cinq mètres à l'âge de quinze ans[22]. La limnée (Lymnaea truncatula Müller) vit en permanence dans cet environnement, avec une concentration plus importante enautomne, et sert d'hôte intermédiaire àFasciola hepatica[23]. L'ancien littoral lacustre dans l'oasis de Jehim constitue ungéosite, recelant deslumachelles avecCardium[15].
Les problématiques posées par l'environnement de Tozeur sont la lutte contre l'ensablement (qui occupe530hectares[14]), la gestion de l'eau et celle de lasalinité des sols et de l'eau[22]. Pour limiter l'ensablement (5 à50 centimètres par an), les habitants recourent à des moyens mécaniques ou à des plantations deTamarix (dont quatre espèces différentes poussent naturellement dans la région[24]), moins onéreuses, mais qui nécessitent trois à quatre ans d'arrosages réguliers[22].
Cette ville et ses alentours ont servi de décor pour de nombreux films, dont lesStar Wars etLe Patient anglais[25]. Le canyon de Sidi Bouhlel, re-nommé« canyon Star Wars », apparaît dans l'épisode IV et l'épisode I[26].
Tozeur était autrefois irriguée par dessources (de 150[27] à 200[28]), mais à partir de1995, de nombreuxforages modernes mènent au tarissement de celles-ci[29], au grand regret des oasiens[29]. D'après Vincent Battesti,« le couvert se dédensifie à vue d'œil [...] les habitants de Tozeur se souviennent bien de la jungle que c'était dans le passé »[30]. Lesoueds duJérid proviennent des eaux desources artésiennes et ne se déversent habituellement que sur quelques kilomètres[31]. Historiquement, le contrôle des ressources aquifères a toujours constitué un enjeu de pouvoir local[32].
La distribution de l'eau est étatisée, cette eau étant, depuis lesannées 1980, redistribuée dans lesparcelles agricoles par des associations d'intérêts collectifs qui centralisent desredevances pour les reverser au fournisseur[33]. Cette distribution est dépendante de la fourniture enélectricité, plus aucune source à Tozeur ne coulant« naturellement »[34].
Bien que lanappe phréatique soit surexploitée, des mesures telles que l'introduction du goutte-à-goutte ont permis d'économiser 35 à 30 % de la consommation[35]. D'après une étude menée en2012, l'eau d'irrigation de Tozeur provient à 20 % de la nappe phréatique et à 80 % de la nappe profonde, dont lasalinité est plus importante[22]. Cette nappe profonde est située à400 mètres de la surface au minimum et 2 000 mètres au maximum[22]. Unemotopompe tire l'eau de la nappe profonde, puis la déverse dans le lit de l'oued[36].
En 2012, leseaux usées traitées de Tozeur sont réutilisées à 40 %[22]. Une partie est rejetée dans lasebkha, sans utilisation[22]. La gestion de l'eau est influencée par l'activité touristique, les cours d'eau n'étant pas betonnés afin de conserver leur cachet, alors que cela permettrait de limiter l'évaporation[37].
Tozeur présente unclimat désertique chaud et aride, avec très peu de pluie (moins de 160 millimètres par an)[38]. La température moyenne annuelle est de22 °C, pour une moyenne de pluie annuelle de101 millimètres[39]. Le climat du Jérid alterne entre une saison froide en hiver, et une saison chaude en été et en automne, la transition ayant lieu au mois d'avril[38]. Les températures estivales peuvent dépasser les50 °C à l'ombre[38], mais l'ensemble est tempéré par l'effet oasis (en)[40].
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Température minimale moyenne (°C) | 6,3 | 8,2 | 10,4 | 13,8 | 18 | 22,3 | 24,8 | 25,1 | 22,2 | 17 | 11,1 | 6,8 | 16 |
Température maximale moyenne (°C) | 16,7 | 19,4 | 22,3 | 26,4 | 31,2 | 36,3 | 39,1 | 38,9 | 34,4 | 28,2 | 21,7 | 17,2 | 28 |
Ensoleillement (h) | 202 | 199 | 236 | 243 | 282 | 279 | 332 | 310 | 264 | 239 | 201 | 202 | 2 989 |
Précipitations (mm) | 13 | 9 | 11 | 8 | 11 | 2 | 0 | 2 | 13 | 10 | 10 | 12 | 101 |
Nombre de jours avec précipitations | 3 | 3 | 4 | 2 | 2 | 1 | 0 | 1 | 2 | 3 | 3 | 3 | 27 |
Ce climat découle de l'éloignement de la mer et du relief, les vents venus de l'Est se desséchant durant leur traversée du djebel Cherb[38]. Tozeur est touchée par lesirocco sur des durées moyennes de trois à neuf jours[38], soit environ74 jours par an[40]. La ville est vulnérable auréchauffement climatique, qui risque d'accroitre ses besoins en eau, et de nuire au tourisme comme à la production agricole[40].
Tozeur se trouve à 450 kilomètres au sud-ouest de la capitale de la Tunisie,Tunis[41]. Cela l'a longtemps faite percevoir comme un« grand bourg rural », selon les mots du chercheur en anthropologie Nicolas Puig[42] et duDr en urbanisme Najem Dhaher[43] ; la ville de Tozeur est en effet caractérisée, en Tunisie, par saruralité et son éloignement de lacapitale[44].
Tozeur est à la fois une commune administrative et le chef-lieu dugouvernorat du même nom, créé le[45]. Ce gouvernorat se divise lui-même en cinq délégations, ladélégation de Tozeur en constituant une, centrée sur cette commune[45]. De1958 à1980, Tozeur était rattachée augouvernorat de Gafsa[13],[45].
Tozeur est assez proche de lafrontière algérienne[13],[15]. La ville se trouve à95 kilomètres deGafsa, à210 kilomètres deGabès et à300 kilomètres deKairouan[46].
La région connaît un peuplement ancien, notamment durant la civilisationpréhistorique ducapsien et, comme toute l'Afrique du Nord, s'appuie sur unfond berbère, même si la tradition locale ne le revendique pas : elle se positionne en effet sur une arabité qui fait le lien avec le prophèteMahomet[47]. Les premières descriptions scientifiques de Tozeur remontent à la fin duXIXe siècle, ces écrits étant marqués par une obsession de la recherche de ruines romaines[38]. L'histoire du Jérid reste assez mal connue, lesFastes chronologiques de Tozeur de Paty du Clam (1890) représentant la principale source disponible à propos du passé de Tozeur[48].
Tozeur devient très vite un centre actif ducommerce caravanier transsaharien[41], fréquenté par lesCarthaginois. En148av. J.-C., elle est citée parPtolémée, qui l'appelle« Tisouros »[49]. LesRomains, en pleine conquête de la rive sud de lamer Méditerranée, s'y installent en33av. J.-C., la ville prenant alors le nom de« Thusuros » dans latable de Peutinger[50],[51]. Les vestiges de cette époque sont rares, mais visibles :
« Des vestiges d'une ancienne présence romaine sont visibles à Tozeur. Il en est ainsi de l'existence de quelques pierres de taille dans certains répartiteurs desseguias de l'oued ou, encore, de celle de blocs antiques comme ceux qui entourent la base de la tour (ancien minaret) d'al-Hadhar. De même le quartier de Helba, désormais habité par des Rkârka, est réputé contenir les ruines d'une ancienne cité »
— Nicolas Puig[52]
Au-delà, il ne reste que les témoignages dePline l'Ancien, lyriques mais précieux, décrivant la beauté paradisiaque de ce lieu[53]. La ville devient un poste sur lelimes saharien[48], sur lavoie romaine allant deGabès àBiskra, spécialisé dans le commerce desdattes, mais aussi desesclaves. De l'influence chrétienne soussaint Augustin, il subsiste les vestiges d'uneéglise, reprise par lamosquée El Kasr, située à Bled el-Hadhar, et certains rites comme le Sidi Yuba qui consiste à baptiser les garçons avant lacirconcision[19].
L'arrivée desmusulmans auVIIe siècle coïncide avec l'apogée de l'agriculture et du commerce[43]. Pendant leMoyen Âge, la région de Tozeur est appelée« pays de Qastiliya », comme mentionné par le célèbre géographe arabeAl-Bakri (1014-1094)[54], qui signale aussi que Tozeur, entourée d'une grande muraille de pierre, en est la métropole[55]. Ce nom provient de la succession de villages fortifiés appeléscastella[19].
Au fil du temps, Tozeur et ses alentours deviennent un refuge pour divers dissidents (donatistes chrétiens,chiites etkharidjites)[19]. L'esprit contestataire des habitants, qui développent une identité forte, les pousse à fomenter une révolte menée parAbu Yazid durant douze ans contre le régime desFatimides (935-947)[19]. Ils fondent aussi des principautés indépendantes du pouvoir central, qui finissent par être reconquises par lesHafsides[19]. Al Bakri signale l'habitude qu'ont les habitants à l'époque de consommer de laviande de chien, après avoir engraissé l'animal en le gavant de dattes[56].
Jusqu'auXIIe siècle, Tozeur est un centre culturel florissant[19]. Elle accueille de nombreuxthéologiens et voit se développer unetradition orale parmi les plus riches du Maghreb, ainsi qu'une tradition poétique qui se perpétue jusqu'auXXe siècle, notamment à travers le grand poèteAbou el Kacem Chebbi[19]. On doit aussi àIbn Chabbat — de son vrai nom Abou Abdallah Ibn Ali Ibn Al Chabbat Al Touzri, né en1221 à Tozeur[57] — la conception et la réalisation d'importants travaux avant-gardistes sur la culture dupalmier, et l'amélioration notable d'un système de répartition des eaux qui fonctionne encore dans plusieurs oasis du Sud tunisien[58]. Son plan daté duXIIe siècle est exposé aumusée Dar Cheraït[59]. Ce plan d'irrigation, au travers desseguia, assure gratuitement une répartition de l'eau mesurée par legadous (sablier hydraulique)[20] dont le nom provient dulatincadus (clepsydre), lui-même émanant dugreckados[60].
AuXIIIe siècle, la ville est détruite par les Hafsides, puis rebâtie à l'extérieur de l'oasis[43]. La cité connaît un grand essor économique, jusqu'à son apogée auXIVe siècle. L'historienIbn Khaldoun raconte l'activité importante que connaît Tozeur à cette époque :
« Tous les jours que Dieu fait, quelque milledromadaires sortaient de la ville vers l'Afrique et l'Asie[19]. »
AuXVIe siècle, la famille el-Hadef arrive à Tozeur depuis l'actuelleAlgérie et prend le contrôle de la ville[43]. Elle crée deshouchs (maisons d'habitations traditionnelles) accolés[43]. Si le lieu de départ descaravanes marchandes reste le même, le lieu d'échange et de négociations se trouve devant le quartier de Ouled el-Hadef, devenu peu à peu le plus important de la ville[43]. Les Zebda, d'originearabe, arrivent auXVIIe siècle et crééent un autre groupement urbain[43]. LesOuled Sidi Abid s'établissent à la même époque au nord-ouest du quartier des Ouled el-Hadef, dont ils sont alliés[43].
AuXVIIIe siècle, Tozeur est aussi appeléeBeled el Casba[61] car on trouve, en face de la ville, les restes d'une grande forteresse d'origine romaine. L'enceinte, appelée par les habitants« El-Casba », renferme d'importantes ruines et les restes d'une canalisation ancienne[62].
En1730, le célèbre voyageuranglaisThomas Shaw (1694-1751), visitant Tozeur, signale l'importance commerciale de la ville, les marchands locaux allant jusqu'enÉthiopie pour chercher des esclaves au prix de deux ou troisquintaux tunisiens par esclave[63]. Tozeur reste une ville de destination ou de passage pour de grandes caravanes jusqu'auXIXe siècle, époque où elle se replie sur la production de dattes. Elle est alors, selon le témoignage du comte du Paty de Clam qui l'a visité à la fin duXIXe siècle, la plus vaste, la plus importante et la plus belle oasis duJérid[63]. Certains voyageurs européens, durant cette période, vont jusqu'à indiquer que la ville de Tozeur serait aussi grande que celle d'Alger[63].
La présence coloniale des Européens perturbe le mode de vie et l'organisation traditionnelle à Tozeur[43]. Les Zebda, principalement d'origine algérienne, ont des facilités pour acquérir des palmiers et sont à l'abri des confiscations dubey de par leur statut de protégés des Français[64]. En1865 (10 Moharem 1282), d'après un témoignage de Charles Lallemand, les Zebda attaquent les Hawâdif pendant leur procession pour aller saluer le chef des Ramania deNefta[65] ; les Zebda détournent quatre jours plus tard les eaux de l'oued Méchera, qui alimente leurs adversaires, puis font garder ce cours d'eau par 1 600 hommes[66]. Il s'ensuit une lutte armée d'une durée de quatre heures pour l'accès à l'eau, qui fait80 morts[66].
L'une des premières mesures prises après le passage de la ville sous leprotectorat français est la nationalisation des sources de Tozeur, officialisée par décret en1885[32]. La municipalité est créée le[67].
Les Français réalisent le premierforage d'eau à Tozeur en1911[68]. Un décret paraît le pour remplacer le conseil dumiy°âd (composé ducaïd local et de ses amis) par l'« Association syndicale des propriétaires de l'oasis de Tozeur »[69].
Le Grand Hôtel de l'oasis est construit en1922 et voué à l'accueil de personnes fortunées[70]. Le développement des villes minières voisines deMétlaoui etRedeyef, vers lesannées 1950, pousse certains Jéridis à abandonner leurs palmeraies pour venir y travailler[71]. Un collège est construit par l'architecte Jason Kyriacopoulos en1961[72], suivi d'un second collège avec l'aide de Joseph Combardo de1965 à1969[73], puis d'un centre agricole, par René Hayet de1967 à1969[74].
En1990, la ville qui compte 42 000 habitants est laissée à l'abandon, à tel point qu'un journal local titre« Tozeur, c'est l'horreur »[75].
L'indépendance de l'Algérie, entraînant la fermeture de lafrontière entre l'Algérie et la Tunisie, cause la perte d'accès à un vaste territoire pour lesnomades, et donc leursédentarisation forcée à Tozeur, étalée sur une trentaine d'années[76]. Ce phénomène de recul dupastoralisme doublé de sédentarisation est commun à tout le Sud tunisien, les derniers nomades de la région ayant été sédentarisés à la fin desannées 1980[77]. LesAwlâd Sîdî Abîd vivent originellement sous unetente avec un mobilier sommaire, avec une séparation entre les hommes et les femmes, tant en matière d'occupation des lieux que de travail[78].
À partir de1956, la ville de Tozeur s'étend vers le Nord et l'Est à travers des constructions de maisons bédouines populaires typiques du Sud tunisien, sans suivre de schéma ou de plan d'urbanisation[43]. D'après Nicolas Puig, le choix de Tozeur comme lieu de sédentarisation découle du fait que lesBédouins ont l'habitude de venir y vendre leur production agricole, et que la ville constitue leur centre administratif, disposant aussi d'écoles et de lieux de soin[79]. Outre la fermeture de la frontière, lessécheresses et divers encouragements officiels (distributions de terres pour y planter des palmiers-dattiers) à partir de1955 accélèrent cette sédentarisation[80].
D'après Farid Abachi (architecte et docteur de l'École des hautes études en sciences sociales), cette« collectivisation forcée » est mal vécue par les habitants, en raison de la quasi-absence d'aide du gouvernement, cette dernière se limitant à la construction de quelqueslogements sociaux avant1970[81]. De plus, la sédentarisation s'effectue dans un contexte de méfiance de la part des habitants historiques de Tozeur[82].
En1978, une grève de l'Union générale tunisienne du travail provoque des émeutes dans la ville et un saccage de la municipalité ; les six policiers de Tozeur étant dépassés, le délégué régional demande aucheikh des Rkârka (nomades) de mobiliser des hommes (entre 70 et 80) pour aider la police jusqu'à l'arrivée de l'armée[83]. Cet évènement fait naître une opposition entre les Jéridi et les Bédouins, considérés comme des alliés du pouvoir[83]. Par la suite, les Bédouins reçoivent des postes sociaux rémunérés par l'administration en récompense, afin d'aider leur sédentarisation et de fournir un revenu à leurs familles[83].
De1984 à1987, l'Office national du tourisme restaure certaines rues de la médina[81].
Au début desannées 1990, le gouvernement tunisien etAbderrazak Cheraït développent letourisme[20],[84], en bénéficiant d'un plan de développement national prioritaire visant à désengorger les côtes tunisiennes[85]. Abderrazak Cheraït crée le premier complexe de parcs à thème de Tozeur en 1990, le musée et l'hôtel de luxe Dar Cheraït[84]. Une douzaine d'hôtels de grand standing voient le jour pour attirer des touristes, avec des séjours clés en main[20], son développement étant notable à partir de1994[86]. Les habitants demandent par exemple l'interdiction deschèvres en liberté dans les rues[87]. À la fin des années 1990, l'État tunisien valorise la notion de patrimoine à Tozeur[88].
Les différents aménagements et le festival financés par Cheraït font de Tozeur une destination touristique prisée[84]. L'activité touristique bouleverse les habitudes, mettant entre autres fin aux baignades des habitants dans la grande source, leur intimité pouvant être troublée[89]. Selon le professeur desciences économiques et sociales Claude Llena, c'est la« minorité possédante et le capital touristique du Nord[qui] ont rapidement mis la main sur cette rente touristique au détriment de la population locale »[20], un constat partagé par Farid Abachi, qui note en1999 que« la plupart des critiques des Tozeri contre le système économique actuel tournent autour du fait que la majeure partie des revenus des productions dattières (principales activités agricoles) et hôtelières sont réinvestis hors de la région »[90]. Au contraire, d'après les informations collectées par le correspondant de presse Benoît Delmas, le tourisme enrichit globalement les habitants de Tozeur durant lesannées 2000[91].
La crise du secteur du tourisme dans lesannées 2010 a un impact négatif sur les jeunes, entraînant des problèmes dedrogue et d'alcool à partir de2013[91]. Larévolution tunisienne interrompt en effet brutalement ce secteur, avant une reprise timide en2012 et2013[91]. L'attaque du musée du Bardo et l'attentat de Sousse (tous deux en2015) y mettent à nouveau un terme, s'accompagnant notamment de la fermeture des établissements deFRAM[91], ainsi que de la plupart des hôtels à l'exception de deux ou trois[92].
La société Qatari Diar lance en2012 la construction d'un palace cinq étoiles sur quarantehectares aux abords de la ville avec vue sur leChott el-Jérid, leAnantara Tozeur Resort, inauguré en décembre2019 en présence du ministreRené Trabelsi[93]. Ce dernier annonce vouloir favoriser l'implantation duclub Med dans la ville en2020 et l'arrivée de nouvelles compagnies aériennes desservant l'aéroport[94]. Le secteur touristique semble redémarrer cette même année[95], avant lapandémie de Covid-19.
Comme de nombreuses grandes villes tunisiennes, Tozeur est le théâtre pendant larévolution de 2011 d'affrontements entre les jeunes issus de sesquartiers populaires, et la police : des biens publics sont dégradés, des établissements appartenant aux proches du pouvoir pillés, et de nombreuses personnes arrêtées[96],[97]. Un jeune est tué par la police à la fenêtre de son domicile[96]. Ces faits sont passés sous silence par la presse à l'époque, vraisemblablement pour ne pas nuire au tourisme[97].
D'après le docteur en urbanisme Najem Dhaher,« le patrimoine architectural de la ville de Tozeur est devenu un enjeu économique. Il constitue un pilier important pour l'industrie du tourisme »[98].
Les descriptions anciennes des voyageurs passant par Tozeur sont contrastées, Desfontaines parlant en1754 de« maisons de boue », tandis queJules Daumas décrit en1845 l'« une des plus belles villes du Jérid [...] avec des maisons bien bâties »[99].Charles de Foucauld dessine ces maisons, comme on peut le voir dans saMaison ancienne d'El Tozeur (), conservé à laBibliothèque nationale de France[100].
Les documents iconographiques circulant au début duXXe siècle montrent que les habitations tozeuroises sont grandes et entretenues[99]. La taille moyenne des habitations a évolué, les grandes demeures des familles patriarcales traditionnelles se faisant moins nombreuses, au profit d'une multiplication des constructions d'étages, dès lesannées 1980[99].
Les maçons ont créé sur les façades des motifs en relief inspirés destapis et de lacalligraphie, créant des dessins réguliers grâce à une légère saillie des briques[14]. Elles sont posées de façon à augmenter la surface du mur qui se trouve à l'ombre[19]. D'après Farid Abachi, la diffusion de documents iconographiques de Tozeur au début duXXe siècle entraîne une association duJérid à ce style architectural et influence l'arabisance, avec une multiplication de ce style dans des localités voisines[99]. Il existe cependant une différence d'interpétation entre les motifs anciens présents dans la médina et ceux des bâtiments récents, avec une« folklorisation des motifs et leur perte de sens par cet usage dénié de toute référence ou signification culturelle »[101].
Les maisons de Tozeur, comme de façon générale celles du Jérid, sont souvent centrées autour d'une cour intérieure, avec des éléments de composition adossés aux principaux murs porteurs, afin de limiter les ouvertures sur l'extérieur[102]. Une étude a porté sur l'isolation thermique de la maison des jeunes de Tozeur, montrant que la prise en compte de l'aspect bioclimatique entraîne une satisfaction à l'intérieur des bâtiments[103].
Au début desannées 1990, l'équipe du maireAbderrazak Cheraït investit dans des aménagements urbains pour divers quartiers de la ville, tels que des bitumages de routes, des créations detrottoirs et deplacettes, des poses de mobiliers, et la création d'unéclairage public[99],[86]. L'aspect de Tozeur se modifie considérablement à la fin duXXe siècle[99]. De grandesarches marquent l'entrée dans le centre-ville, sur les chemins touristiques, marquant par exemple une frontière entre l'oasis et la ville[86]. Ces aménagements mettent en valeurAbou el Kacem Chebbi etIbn Chabbat (deux personnalités originaires de la ville), mais aussi des éléments mythologiques tels qu'uncheval ailé et deuxsphinx, ainsi qu'une fontaine-ziggourat et une jarre d'une hauteur de dix mètres[90].
En parallèle, un budget municipal est alloué à la réfection des façades des bâtiments publics et privés dans lesannées 1990, afin de rapprocher l'apparence des bâtiments donnant sur les axes principaux de Tozeur de celle de la médina[87]. Au moins dès1992, les autorisations de bâtir sont délivrées par la municipalité à condition de respecter l'architecture traditionnelle et d'utiliser les briques locales[104] : ce décret impose qu'au moins 30 % de la surface soit recouverte de ces briques[105].
Concernant l'aménagement domestique des maisons, latélévision est très répandue et lesparaboles connaissent une forte diffusion depuis lesannées 1990[106]. Les familles de Tozeur regardent généralement les chaînes d'Arabsat, notammentAl Jazeera, et peu de chaînes européennes ou françaises, les émissions occidentales étant jugées trop indécentes pour un visionnage en famille[106]. La pièce accueillant la télévision est considérée comme la plus importante de la maison et comme le lieu de sociabilisation, faisant l'objet de nombreux efforts esthétiques[107].
Les quartiers de Tozeur se sont constitués au fil des arrivées de différents groupes ethniques, venus s'installer près de ceux déjà présents[108]. L'aire urbaine de Tozeur, initialement étendue sur une quarantaine d'hectares, croît de façon« spectaculaire » à la fin duXXe siècle, le premier plan d'aménagement urbain paru en1977 couvrant une surface de450 hectares[99],[43]. En1955, les cimetières Sîdî Abd al Rahîm (désormais situé au centre de la ville) et deRas adh-Dhrâ° se trouvaient dans un espace vide d'habitations, servant de lieu depâturage pour les animaux[109]. L'Institut national de la statistique compte cette zone en1975 comme un secteur rural, n'appartenant pas à la commune de Tozeur, avec610 habitants : ce nombre atteint les 15 226 habitants en1994[110]. En2004, l'aire urbaine de Tozeur atteint les1 000 hectares[99]. Cette extension s'effectue initialement au détriment de l'aspect esthétique extérieur du bâti[87], entraînant de surcroit unemuséification et une dégradation du centre historique de la ville[43]. En cela, les effets du tourisme sur la ville sont ambivalents[111]. Les différentes restaurations du bâti tendent à évoluer vers une architecture extravertie, avec des ouvertures nombreuses sur l'extérieur[112].
Bien que ladensité de population soit faible (60 habitants par hectare en moyenne[45]), la pression foncière reste importante, et de nombreuxchantiers de construction sont actifs[99]. L'immense majorité des habitations sont raccordées aux réseaux d'eau, detéléphone et devoirie, de grands travaux ayant été menés en ce sens[113].
La principale rue passante de Tozeur est l'avenue Habib-Bourguiba[114]. Les dénominations des quartiers récents de la ville ne sont pas fixées, et les noms administratifs pas toujours employés par les habitants, en raison notamment des fréquents changements[115] ; de façon plus générale, les dénominations à caractère ethnique tendent à disparaître[115]. L'un des deux cimetières de Tozeur est vu comme le point de limite de l'environnement citadin, servant de séparation entre le centre-ville et le foyer de peuplement des Rkârka au Nord[116]. La porte al-Hawa sépare les quartiers de Gueitna (ou Guitna) et deRas adh-Dhrâ° du centre-ville[117].
Les quartiers du centre-ville, Ouled et-Hadef et Zebda, sont historiquement concurrents en raison de leur peuplement et d'une rivalité dans l'accès au cheika[118]. Tozeur dispose de troishammams, de deux marchés[119] et d'unhôpital régional[120]. Derrière le point d'arrêt descalèches se trouve lemarabout de Sidi Aguili[121].
Le quartier Ouled el-Hadef (également connu sous les noms d'El Hawadef[122], Hawadif, et Chabbia[114]), datant pour ses plus anciens vestiges duXIVe siècle, est considéré comme le plus intéressant et le plus traditionnel de Tozeur[114]. Accessible depuis l'avenue Farhat-Hached et l'avenue Habib-Bourguiba[114], il constitue la ville ancienne, oumédina de Tozeur, l'une des médinas les mieux conservées de toute la Tunisie[123],[43]. Il commence dans la rue de Kairouan, au niveau du musée des arts et traditions populaires, et se termine dans la rue el-Walid, avec lamédersa de Sidi Abdullah Bou Jemra[124]. Les habitants de ce quartier sont plutôt pauvres[105] ; d'après Dhaher, Ouled el-Hadef est désormais moins un lieu de vie qu'un lieu de décor[125].
Il est entourée d'un haut mur[123] fait de petitesbriques rectangulaires, plutôt claires[114], sans fenêtres, ayant pour fonction de préserver l'intimité des habitants[124]. Ses façades ornées de motifs en briques deterre cuite sont présentées dans des documents du début duXXe siècle[99]. Ce quartier est entièrement construit avec les briques d'argile traditionnelles, donnant unearchitecture au cachet apprécié pour le tourisme[21] : avec la médina de Nefta, ce style est unique en Tunisie[121].
Les petites ruelles voutées[123] de ce quartier forment un véritablelabyrinthe[126].
La médina de Tozeur comporte unmoucharabieh de bois de palme considéré comme remarquable, ainsi que l'une des plus vieilles portes de Tunisie, également travaillée en bois depalmier[123]. Les habitants les plus pauvres ont une porte en bois de palmier, moins onéreuse, seuls les plus riches pouvant s'offrir une porte en bois« véritable »[114]. Ces portes ont autrefois unheurtoir par type de personnes : hommes, femmes et enfants, soit jusqu'à trois heurtoirs émettant un son différent, deux si la famille n'avait pas d'enfants : leur rôle est d'identifier qui est à la porte pour que le membre approprié de la famille vienne ouvrir[124].
Les portes de couleur verte indiquent la présence des lieux religieux[114]. La mosquée du quartier est celle de Sidi Abdessalem[124]. La médina abrite la maison dubey, qui a servi de cadre pour le tournage du filmLe Patient anglais[123],[124].
Le souk (hbat I-sûg)[127], dans le sud de la ville[128], constitue lecentre-ville de Tozeur[127], aussi est-ce le souk qui correspond le plus souvent à l'appellation« Tozeur »[14]. Il s'articule autour de la place centrale Ibn-Chabbat, qui accueille lemarché et le bureau deposte[114]. Il est attenant aux quartiers historiques de Tozeur, Ouled el-Hadef et Zebda ; l'architecture y est moins traditionnelle que dans la médina[114], qui se trouve plus à l'est[121].
La principale mosquée de la ville[119], la mosquée Farkous (ou Ferkous), bien que récente, possède le plus haut et distinctifminaret de Tozeur[124]. Le souk contient une autre mosquée, située près de l'office du tourisme, la mosquée Sidi Mouldi, dont le minaret, au style proche de celui de la mosquée Farkous, a été restauré en1944[114].
Le souk est voué tant aux promenades qu'aux achats, l'expression locale« descendre au souk » étant un synonyme de« se promener »[127]. Il est rénové au début desannées 2000[129].
Le quartier Zebda, situé au sud de la ville entre la zone touristique etRas adh-Dhrâ°[127], constitue l'un des quartiers historiques de Tozeur[130]. Il borde l'avenue Habib-Bourguiba[121]. Fondé auXVIIe siècle, il rassemble des familles de différentes origines[131]. D'après Dhaher, il« présente une structure formée d'îlots juxtaposés caractérisés par leur alignement et leur orthogonalité relative. Cela est dû à un afflux massif de populations et au rythme accéléré de leur installation »[131].
Réputé très paisible,« El-Zebda est composé de petites maisons aux murs de briques ocre » dont certaines ont plus de200 ans, et que leurs propriétaires décrivent comme fragiles[132]. Les murs y sont généralement recouverts d'un enduit de couleur jaune ou bleue, les briques étant peu utilisées[133].
Le Nord de Tozeur comporte officiellement trois quartiers, administrativement nommésRas adh-Dhrâ°,hay al-Izdihar (« quartier de la prospérité »), ethay al-Matar (« quartier de l'aéroport »)[110]. Cependant, les habitants locaux regroupent les quartiers lzdihar et Matar sous le nom deRas adh-Dhrâ°, et différencient bien le quartier d'Helba, que l'administration regroupe avecRas adh-Dhrâ°[110].Hay al-Izdihar s'appelait autrefoisHay an-Nahdha, ce nom a étécensuré par l'administration sous le régime deZine el-Abidine Ben Ali (jusqu'en2011), car il est aussi celui d'unparti politique alors interdit[115].
Ras adh-Dhrâ°, situé sur une colline du Nord de la ville, a commencé à se construire dans lesannées 1940 sur un environnement desteppes dominant Tozeur[79]. Dans lesannées 1950, les premières habitations y sont bâties en dur, notamment par les Awlâd Si Mbarek[134]. La linguiste Lucienne Saada décrit une« petite colonie composée d'hommes et de femmes originaires d'Algérie [...] ; les Swâfa demeurent en dehors de la ville, dans un lieu nommé à TozeurRâs adh-Dhrâ° ; ils vivent sous latente mais font des excavations dans la colline qui leur servent d'abri »[135].
Le quartier se développe surtout dans lesannées 1970 et1980[136],[79], du fait de la pression migratoire bédouine, avec quelques installations d'anciens mineurs[117]. C'est un quartier péri-urbain modeste, de faible densité[136]. Il y existe une certaine mixité ethnique[137]. Ce quartier a cessé de se développer au moins depuis le début desannées 2000[138]. Les services municipaux y ont construit des trottoirs[139], un lycée et des lotissements, unevoirie et des voies de circulation ; les maisons y disposent désormais demurs d'enceinte[140]. Ce quartier accueille une intense activité, notamment agricole, en particulier en fin de journée[141].
Le quartier de l'aéroport,hay al-Matar, situé au nord-ouest de Tozeur, est toujours en extension au début des années 2000[110].
Le quartier d'Helba, également peuplé denomadessédentarisés (essentiellement des Rakrûkî des Mahajba, ce qui lui confère une certaine homogénéïté ethnique[110] au contraire de tous les autres quartiers[142]), est situé au bord de la route menant àEl Hamma du Jérid, soit au Nord-Est de Tozeur, très éloigné du centre-ville[143]. C'est un quartier très rural[110], spontané, qui se créée par l'implantation de quelques maisons dans les années 1960[144]. Vers 1980, la municipalité y implante uneécole primaire, unemaison du peuple, unplanning familial et une mosquée[145].
Ce quartier poursuit son extension urbaine depuis la fin desannées 1980[79], continuant de s'agrandir au début desannées 2000, à travers des appropriations de terres et le développement d'habitations, bien que le rythme se soit considérablement ralenti[79]. La zone située à mi-chemin entre les centres de Tozeur et d'El Hamma, diteshig shebbiya, accueille les nomades Shebbya[146].
La zone touristique débute à la fin de l'avenue Abou-el-Kacem-Chebbi, avec lemusée Dar Cheraït, et s'étend jusqu'à la route de l'aéroport[114]. Cette longue avenue, située en périphérie sud-ouest de Tozeur[147], est construite sur l'ancien site dessources (où les habitants avaient l'habitude de se baigner)[29] au début desannées 1990[129]. Si elle est officiellement baptisée« zone touristique » par les autorités, les habitants locaux l'appellental-kurnish oual-zûn, soit« la zone »[29]. Elle accueille la majorité des complexes hôteliers, mais aussi des agences de voyages et échoppes artisanales[148]. Les Tozeurois ne s'y rendent habituellement que peu, bien que l'installation debancs publics et de divers aménagements en1997 leur ait permis de se réapproprier cette zone[29],[86]. L'architecture hôtelière, surtout en matière de façades, tente d'imiter celle du centre historique de la ville[43].
Les Tozeurois évoquent souvent ce lieu avecnostalgie[29]. Des cafés et autres établissements à consonance occidentale y sont installés[147].
Cinq villages proches complètent l'aire de Tozeur[149] : Bled el-Hadhar, Zaouiyat, Sahraoui, Djehim et Abbès. Ces quatre derniers sont les plus récents, leur fondation remontant auXe siècle de l'hégire[150]. D'après Nicolas Puig,« toutes ces bourgades forment [...] ce que l'on appelle péjorativementgata° al-wed (de l'autre coté de l'oued) car ils ont en commun d'être situés au sud de l'oued de Tozeur qu'il faut traverser pour les atteindre quand on arrive des quartiers de l'actuel centre »[150].
La hameau de Bled el-Hadhar est à l'origine le plus ancien foyer de peuplement de la ville de Tozeur, bien qu'il constitue désormais un simple village dans lapalmeraie ; Bled el-Hadhar signifie« le pays de la civilisation », révélant d'après Nicolas Puig« une conception profonde de la civilisation arabe qui associe la civilisation à la cité et à la sédentarité, faisant suite à l'abandon du mode de vie nomade »[151],[152]. Il a perdu son prestige ancien au fil du temps[52]. Il comporte quelques parties datées de l'époque romaine, notamment les soubassements de pierre duminaret de sa mosquée[121]. Il dispose d'une unique route goudronnée, reliant Tozeur au mausolée de Sidi Bou Liffa[153].
L'usage de la brique traditionnelle y est rare[153]. Il héberge une mosquée classée de style arabo-andalou et édifiée en1193[21] par Ibn Ghaniya[121]. Il abrite aussi le tombeau d'Ibn Chabbat[21].
Le hameau d'Abbès, situé sur la même route que Bled el-Hadhar[121], se trouve à deux kilomètres au sud de Tozeur, au milieu de la palmeraie[154]. Il est essentiellement bâti le long du chemin qui relie Tozeur au marabout de Sidi Bou Liffa[154]. Il s'articule autour d'une placette comportant uneépicerie[155]. Le peuplement y est vraisemblablement très ancien[155]. Sa mosquée a été reconstruite auXVe siècle[155].
Lemarabout de Sidi Bou Liffa (un tombeau à coupole) y est accolé à un imposantjujubier, dont la légende locale voudrait qu'il ait été planté par Sidi Bou Liffa lui-même, et que ses racines s'étendent jusqu'àLa Mecque[46], ce qui lui confère une certaine renommée au-delà de la région de Tozeur[156].Ce hameau comporte aussi le jardin et le zoo du Paradis[121].
Les routes du Grand Sud tunisien (2004), en y incluant les grands axes de Tozeur, peuvent voir passer tous types de véhicules :vélos,mobylettes, voitures,taxis collectifs, ou encore charrettes à ânes[157],[158].
Le réseau routier de Tozeur est réputé d'excellente qualité et bien entretenu, avec unesignalisation présente, résultat des investissements du gouvernement tunisien pour développer le tourisme[46]. Les trois oasis de montagne dont fait partie Tozeur sont reliées entre elles par laroute nationale 3 (RN3)[46].
Tozeur dispose d'unegare routière[46] située à700 mètres de lagare ferroviaire[159], sur l'avenue Farhat-Hached[160], proposant des trajets en bus réguliers versMétlaoui,Redeyef,Gafsa,Chebika,Tamerza etKébili, ainsi que des trajets occasionnels versTunis,Kairouan,Sfax etSousse[161]. Il est également possible d'y trouver unlouage pour les mêmes destinations[161].
Lechemin de fer est arrivé à Tozeur en1913[68] et la ville dispose depuis d'unegare[162]. Deux trains par jour assurent une liaison avecTunis en 8 h 30, en passant parMétlaoui,Sfax etSousse[159]. Cette ligne est interrompue en2016[163], puis trois mois en2017, en raison d'unsit-in dans la gare deMétlaoui, mais le trafic a repris depuis[164].
L'aéroport international de Tozeur-Nefta est situé à 3 kilomètres au Nord de la ville[46]. Voué auxvols charters, il n'atteint pas sa pleine capacité, avec 86 000 passagers en2007, pour une capacité de 400 000[35].
Une liaison hebdomadaire deTunisair depuisParis reprend le[91] ; une liaison avecLyon est proposée par cette même compagnie durant l'hiver 2018-2019[165]. En mai 2019, le secrétaire général de l'Union régionale du travail de Tozeur, Mohamed Ali Hedfi, appelle à augmenter le trafic à l'aéroport de Tozeur afin de soutenir l'activité touristique dans la région, en programmant des vols directs depuisDjerba,Sfax etMilan[166].
En dialecte local, les habitants de Tozeur se nomment eux-mêmes« tûzrî »[167]. La population est restée très stable jusqu'auXXe siècle, soit entre 10 000 et 12 000 habitants[99].
La ville connaît une importante croissance durant les dernières décennies duXXe siècle, avec lasédentarisation définitive despasteursnomades, associée à un forttaux de natalité[99]. Le tissu urbain de Tozeur reflète l'importance de cette sédentarisation, et son rôle dans la croissance de la population urbaine[168]. Entre1984 et2008, lesolde migratoire de Tozeur est positif, à l'inverse de celui des autres villes duJérid tunisien[43]. Cette croissance démographique récente contraste avec les autres foyers de peuplement du Jérid, mais place Tozeur dans la moyenne nationale tunisienne[99]. Le gouvernorat de Tozeur est en effet l'un des moins peuplés de Tunisie[13]. Tozeur rassemble à elle seule 40 % de la population de son gouvernorat[169].
Ce mouvement de sédentarisation, désormais achevé, a concerné essentiellement les nomades Rkârka, et plus largementAwlâd Sîdî Abîd, venus s'établir au Nord de la ville, dans les quartiers deRas adh-Dhrâ° et d'Helba, tous deux situés derrière le cimetière Sîdî Abdel Rahim[10],[170]. Ces nomades sédentarisés représentent environ 6 000 personnes, sur les 40 000 que compte Tozeur au début duXXIe siècle[10]. Tozeur compte 37 365 habitants selon lerecensement de2014, dont l'âge moyen est de31 ans[1].
Il existe des tensions tribales entre les Rkârka (singulierRakrûki, ou« ceux qui vivent derrière le cimetière », d'après la description transmise par Nicolas Puig), et les Jéridis (singulierJridîyya), habitants historiques du centre-ville, qui considèrent lesBédouins comme des étrangers[171],[172],[173]. Les membres de ces deux ethnies se différencient par leur style vestimentaire — les hommes Rkârka portant souvent le longturban des Bédouins — et par des éléments de langage[174]. Plus globalement, les tensions portent sur l'occupation des sols, opposant les sédentarisés de longue date et les derniers arrivants[99]. Les Rkârka peuvent être insultés sur la base de leur origine rurale, de leur activité debergers et d'éleveurs dedromadaires[175].
Tozeur accueille une petite population d'origine°abîd (anciens esclaves), ces personnes étant caractérisées par leur peau noire[176]. Si cette origine issue de la subordination à unmâlek (propriétaire) est reconnue, l'évoquer peut-être une source de malaise[176].
Les familles de la tribu Ghrib vivent dans le quartier deRas adh-Dhrâ°[177]. D'après Nicolas Puig, les tensions ethniques découlent du fait que les Jéridis oasiens ont été presque marginalisés dans leur cité depuis la fixation des nomades[178].
La tendance est à la diversification dans le choix de son conjoint ou de sa conjointe : alors que lesmariages concernaient autrefois majoritairement des personnes issues d'un même quartier ou d'une même famille, les deux tiers des mariages concernent des personnes éloignées du cercle familial et du lieu de résidence en1996, et un mariage sur dix a lieu avec uncousin ou une cousine[179]. Nicolas Puig signale aussi un affaiblissement dusystème patriarcal à Tozeur[179]. Ce système reste davantage présent chez lesBédouins dont la sédentarisation est plus récente[179]. Les« mariages mixtes » (entre Rkârka et Jéridi) sont très rares, les plus rares concernant les mariages des personnes des grandes familles (ashîra) avec d'anciens paysans (khammès) ou desesclaves noirs affranchis (usfân)[180]. La plupart des mariages sont décidés par les deux personnes concernées après une rencontre dans un lieu d'éducation (université), ou plus simplement dans la rue[181].
Traditionnellement, les femmes de Tozeur fréquentent peu les espaces publics urbains, à l'exception de celles des quartiers bourgeois (cafétérias, etc.) ; elles restent dans les espaces privés ou dans des lieux uniquement féminins, tels que lehammam[182].
Tozeur dispose d'un important patrimoine culturel,« composante essentielle » de la ville[41]. La demande d'identité culturelle, qui découle des touristes, est satisfaite par différents acteurs locaux[183]. Un risque defolklorisation pèse sur la culture de Tozeur[184].
Un petit musée des arts et traditions populaires est aménagé dans l'ancienmarabout de Sidi Bou Aïssa, dans le quartier d'Ouled el-Hadef[124], proposant une reconstitution de chambre nuptiale et de cuisine traditionnelle[159]. Dans lapalmeraie, l'Eden Palm présente tous les produits fabriqués à partir dupalmier-dattier (paniers,meubles,escaliers,cordes,chapeaux,charpentes, etc.)[159].
Les oasiens de Tozeur ont l'habitude de boire duqashem (bû namûsa[185]), fabriqué à base desève de palmier fermentée, généralement en petit groupe dans les jardins[183],[186].
Le patrimoine architectural de Tozeur est mis en valeur dans plusieurstimbres postaux émis par laPoste tunisienne : l'un édité en1956 représente une mosquée[187], un autre est édité en1975 à l'occasion du Festival des arts populaires de Carthage[188], enfin un autre daté de1981 montre la médina[189].
Le musée Dar Cheraït est le premier musée privé tunisien, fondé en1990. Bien que peu centré sur la vie locale, il abrite une collection de nombreuses œuvres d'art et d'ustensiles témoignant de la vie des familles tunisiennes au cours des différentes époques[19],[21]. Il est attenant à un restaurant, un café et des appartements de luxe[121].
Le parc de loisirs Chak Wak, imaginé par Abderrazak Cheraït (dont le nom provient d'une île fantastique desMille et Une Nuits), présente l'histoire de la Terre à travers des sculptures[84], celle de l'homme, ainsi que des différentes religions et leursmiracles[46].
Lezoo du désert (ou« zoo du Sahara ») héberge plusieurs animaux propres à cette région :serpents,scorpions,fennecs,gazelles,hyènes, couple delions et desdromadaires, dont Ali Baba, réputé pour boire duCoca-Cola à la bouteille[159],[46].
Il est accolé au« jardin du Paradis », créé en1936[46], et également nommé dans un objectif touristique pour répondre à l'imaginaire occidental du désert[89]. Ce jardin contient desabricotiers, palmiers,bananiers,bougainvilliers, et dujasmin[159].
La socio-linguiste Lucienne Saada décrit l'arabe dialectal parlé à Tozeur, en le nommanttozri[190], et en insistant sur la gestualité rituelle qui accompagne le parler[191]. Parmi les deux dialectes de la région duJérid, celui de Tozeur appartient à la famillezànûb al gârbi (par opposition auzànûb as sarqi)[135]. L'intercompréhension entre le dialecte tozeurois et celui de Tunis est presque parfaite[192].
Comme d'autres localités du Jérid, malgré la pratique revendiquée d'unislam moderne, Tozeur a ses histoiressurnaturelles[186], la croyance aux esprits et en un monde invisible étant souvent évoquée[193].
Ces histoires sont racontées par des habitants, qui évitent en parallèle d'aborder la question de la croyance[186]. L'une d'elles, consignée en1995, raconte qu'unkhammês (paysan) devait irriguer son jardin à quatre heures du matin, accompagné d'un ami : lorsqu'il entend frapper à sa porte, par deux fois, il se retrouve en compagnie d'un esprit ayant l'apparence de son ami, qui finit par se volatiliser[186]. Une autre parle d'un jardin nomméghâba sâba rjêl (« jardin des sept hommes »), dans lequel vivait un grandserpent,zoregî, qui a tué sept hommes avant que le huitième puisse déguiser un tronc de palmier en homme et tuer le serpent grâce à cette ruse[194].
Leconte oral, dont l'un des exemples ayant pour cadre Tozeur s'intituleLe mystère des trois dormants[195], s'introduit avec des formules telles que« il était une fois un sultan », puis se conclut avec des formules commekemlet hàdikà lahkàyà (« c'est tout, c'est là l'histoire »), ouufift (« le conte est terminé »)[196].Henri Gougaud cite l'histoire d'Ali, considéré comme saint dans la région, qui s'est un jour assis près d'un bus de Tozeur dont le chauffeur avait refusé de lui laisser une place faute d'argent pour la payer : le bus n'a pu repartir avant qu'il n'ait pris place à bord[197].
Organisé chaque année au mois de décembre, le Festival international des oasis a fêté sa40e édition en2018[198]. Il attire des touristes tunisiens, mais aussi algériens et européens[198].
Sur quatre jours[199], il met en valeur la culture cavalière bédouine, avec organisation decourses de dromadaires etde chevaux, et reconstitutions de scènes de la vienomade[198],[29]. Il propose aussi des animations de rue, concerts, défilés et joutes depoésie[199]. Selon Nicolas Puig, ces festivals entretiennent une image« fantasmée » de la société saharienne et de la« fierté bédouine »[29]. Les danses des éleveurs Ghrib et le dressage de latente bédouine répondent ainsi davantage à une attente locale urbaine et à une demande des responsables politiques pour créer de l'animation, qu'à une tradition véritable[200].
Le taux de scolarisation dans ladélégation de Tozeur s'établit à 98,1 % en2014[1]. Parmi les structures d'enseignement à Tozeur, on compte le collège Ibn Chabbat[201], le collège secondaire professionnel Kastilia, et le lycée Chebbia[202], ou Chebbi, premier lycée dugouvernorat de Tozeur créé en1966[203]. Il accueillait 1 126 élèves pour l'année scolaire2015-2016, suivant les cours dispensés par125 professeurs[203].
Tozeur dispose d'une école hôtelière formant aux métiers de l'hôtellerie et du tourisme, mais aussi auxlangues vivantes et à l'informatique[204] ; le but de cette école est d'aider au développement du tourisme dans la région[205]. Un don duJapon début 2015 permet d'améliorer les équipements de cuisine[205]. Elle reçoit par ailleurs une visite de laministre du Tourisme,Selma Elloumi, en novembre 2015[206].
En mars2019, Tozeur accueille la deuxième conférence internationale sur l'éducation, consacrée à l'abandon scolaire, à laquelle participent des chercheurs et professeurs universitaires issus de différentspays arabes[207].
Le, une délégation spéciale est nommée à la tête de Tozeur, qui est présidée par lekhalifat Sadok Djeffal[208] ; le premier conseil municipal de l'histoire de Tozeur est élu l'année suivante[45]. Ses prérogatives portent sur les travaux, la jeunesse, les sports, la culture, les relations extérieures, les associations, les relations économiques, les affaires sociales, la santé, la propreté, la protection de l'environnement, les affaires administratives et financières[45].
Abderrazak Cheraït, maire de Tozeur de1995 à2008[209], en a fait un pôle touristique et culturel majeur[19]. Comme dans toute la Tunisie, Tozeur connaît une situation politique très instable à la suite de larévolution tunisienne de2011. Lespremières élections qui ont suivi permettent à deux députés d'Ennahdha, sur les quatre que compte le gouvernorat de Tozeur, d'être élus à l'Assemblée constituante en octobre 2011[210].
La section locale d'Ennahdha à Tozeur organise des« sessions de réflexion » autour de questions d'actualité en s'appuyant sur leCoran et leshadîths, une méthode nomméeijtihad[211].
Ali Hafsi Jeddi, homme d'affaires, ancien dirigeant deNidaa Tounes et de laFédération tunisienne de football[212], est élu maire à la tête de la liste indépendante Espoir et travail face au candidat d'Ennahdha, Mufdi Jeddi, à l'issue desélections municipales de 2018[213]. À la suite de son élection comme député de lacirconscription de Tozeur à l'Assemblée des représentants du peuple, l'indépendant Abdelaati Bey est élu maire à l'âge de34 ans[214].
L'agriculture représente le principal secteur économique de Tozeur, suivie par letourisme[169], qui lui fait concurrence pour l'accès aux ressources aquifères[215]. Tozeur vit surtout de lamonoculture du palmier-dattier[216]. Selon Claude Llena (dans son article de2004) la situation des agriculteurs s'est fortement dégradée auXXe siècle, car l'eau est« devenue un bien comme les autres », payant, conduisant nombre d'agriculteurs à travailler dans le tourisme[20]. D'après Abdelaziz Barrouhi, 90 % de la consommation en eau de la ville reste liée à l'agriculture[35].
Letaux de chômage dans la région de Tozeur est l'un des plus élevés de toute la Tunisie[90], s'accompagnant de problèmes de pauvreté et de développement[44]. Le travail dans lespalmeraies étant pour l'essentiel saisonnier (entretien, fécondation et récolte), il autorise une deuxième activité pour les ouvriers agricoles. Hormis le tourisme, les autres activités sont peu nombreuses et peu organisées[217]. Des femmes tissent destapis, couvertures et vêtements artisanaux de manière traditionnelle[217]. Lecommerce est généralement une activité de complément[218].
Lespalmeraies de Tozeur sont différenciées entre les anciennes (jar) et les nouvelles, nomméesnumru (numéro) ethuktar (huktarât au pluriel), désignant les lots distribués aux agriculteurs Ghrib, situés au sud duchott[167],[108],[219],[220]. Les plus anciennes palmeraies ont probablement été plantées dès l'Antiquité[221]. Les troisjar de Tozeur sont Abbas (jar °abbâs) au Sud-Ouest, al-Wasat (jar el-wasat, soit« le milieu ») et ar-Ribat (jar elrebât, désignant uneplace forte) au Sud-Est[222],[219],[220]. La palmeraie de Castilia, créée dans lesannées 1950, est attenante à la ville[223]. La palmeraie d'Ibn Chabbat, située entre Tozeur etNefta, est créée au milieu desannées 1990[224].
Les frontières de la palmeraie de Tozeur sont floues et non-fixées, l'usage local officieux étant de prendre des terres sur ledésert en les mettant en culture, grâce à l'irrigation[225]. D'après Vincent Battesti, ces extensions sont nomméesmazyûd ousênya (swânî au pluriel)[226]. En1995, la palmeraie de Tozeur couvre973hectares, auxquels il faut ajouter les171 hectares d'extensions[226]. Les jardins sont typiquement divisés entre zone mise en culture etnuwâla (zone de la cabane)[227].
L'organisation agricole permettait jadis une productionmaraîchère importante (salades,blettes,carottes,bananes,dattes, etc.)[20] qui assurait l'autosuffisance de la population[35]. La palmeraie actuelle se découpe en milliers de petits jardins (en moyenne d'un demi-hectare), plus ou moins bien entretenus : seules 25 % des terres sont cultivées, et de nombreux palmiers meurent faute d'entretien[20]. Néanmoins,500 nouveaux hectares ont pu voir le jour grâce à l'exploitation de lagéothermie[35]. La gestion de la circulation de l'eau y est centrale, afin d'éviter stagnations (nezz) etévaporations[222].
D'après les chiffres officiels, la moitié des 417 500 palmiers de Tozeur sont productifs[14]. C'est essentiellement unemonoculture de dattes la variétédeglet nour[228] : la production annuelle de dattes se monte à 35 000 tonnes, dont 4 000 issues de l'agriculture biologique, et deux-tiers dedeglet nour[35] ; elle représente le tiers de la production dattière nationale[35]. Ces monocultures sur de grandes surfaces représentent l'activité la plus rentable à Tozeur[229], malgré des inégalités notables dans la répartition des terres : en1993, 48 % de la surface cultivée dans la palmeraie appartient à 16 % des exploitants, et 36 % des exploitants possèdent moins d'un demi-hectare[230].
En avril2012, le responsable de l'arrondissement agriculture biologique de Tozeur prévoit de convertir totalement la production dattière locale en bio d'ici2030[231]. Les autorités cherchent à développer la pratique de la culture à trois étages :maraîchage au sol,arbres fruitiers, puis palmiers au-dessus[35]. Quelques arbres fruitiers et deslégumes (carottes,tomates,courgettes) sont cultivés dans les palmeraies[232].
La culture dattière s'est nettement libéralisée, avec une réduction dessubventions[233]. Une partie des cultures relève de la mise en valeur paysanne, basée sur une diversification[234]. La culture d'autoconsommation reste importante pour lasécurité alimentaire des familles[234].
Le travail dans les palmeraies, réalisé à lasape, est physiquement éprouvant[235]. D'après Barrouhi, en2008, le coût d'arrosage se monte à 30 à 50millimes par mètre cube pour un arrosage hebdomadaire, le coût annuel de l'irrigation de 5 000 m2 depalmeraie équivaudrait donc à la production dattière de deux palmiers[35]. Une partie des dattes sont traitées dans une usine ducap Bon, empêchant la population locale d'en tirer revenus et emplois[91].
En2012, il n'existait aucune production ni utilisation organisée desplantes fourragères à Tozeur[22]. Des expérimentations agricoles recensées en 2012 portent sur la culture de variétés d'orge résistantes à lasalinité[22].
Un marché de légumes et de fruits, ousûq al hodra, se tient dans le souk[119], habituellement du samedi après-midi au dimanche midi[124].
Une tradition d'élevage caprin et ovin existe à l'extérieur des oasis de Tozeur[236], généralement des« microtroupeaux » peu intégrés aux autres exploitations agricoles[237]. L'élevage a toujours historiquement représenté l'activité principale desAwlâd Sîdî Abîd[238], habitués à nomadiser dans les steppes environnante, et dont un certain nombre de membres exercent commebouchers[239]. La ville accueille un marché aux bestiaux, principalement demoutons,chèvres etchevaux[124], et dispose d'unabattoir municipal depuis 2018[240]. Les nomades échangeaient jadis des produits animaux contre les dattes produites par les Jéridi[241]. Le petit bétail tend à disparaître de l'intérieur des habitations, mais la présence dedromadaires, d'ânes et de chevaux entravés le soir dans des ruelles reste sensible (2012)[242].
L'élevage deruminants est souvent mixte, avec un mélange de chèvres et de moutons[237]. L'élevage bovin laitier ne s'est pas implanté, car la tentative découlait d'importantes aides financières indirectes de l'État tunisien[237], sans succès[243].
Des ovins de la race marocaineD'man ont été introduits pour être élevés dans les alentours de la ville[244] ; les autres populations ovines, numériquement majoritaires, sont représentées par les races locales de laBarbarine et de laQueue fine de l'Ouest[245]. L'« agneau du Sud », frugal et élevé en extérieur toute l'année, présente une chair peu grasse à la saveur fine et est consommé localement avec lecouscous, ou bien en mosli (rôti d'agneau aux pommes piquantes)[246].
L'élevage de la chèvre est tourné vers la production deviande, les éleveurs ayant l'habitude de« tirer lelait » pour une consommation familiale[237]. Dès l'automne1992, une coopération bilatérale tuniso-française met en place un projet d'intensification de l'élevage caprin à vocation laitière dans plusieurs oasis du Sud tunisien, dont Tozeur[247]. Ce cheptel caprin est essentiellement composé de la race locale de chèvres oasiennes laitières, avec quelques croisements sur les races maltaise et nubienne, ou algériennes des oasis ; des croisements avec lachèvre alpine ont été tentés à titre expérimental dans lesannées 1990 pour augmenter la productivité laitière[247],[236].
L'élevage decamélidés reste présent à Tozeur[241], notamment dans le quartier bédouin d'Helba[248]. Laviande et lelait de dromadaire sont consommés localement, avec des encouragements officiels au maintien de cet élevage[249]. Une collision entre un dromadaire et un véhicule ayant fait trois morts sur la route deMétlaoui à Tozeur en2014[250], des bandes réfléchissantes sont distribuées en2019 aux propriétaires de ces animaux, afin de permettre de les repérer durant la nuit[249].
L'élevage équin est représenté par les races locales duBarbe, et plus fréquemment de l'Arabe-Barbe (également nommé« hybride », le chevalArabe de pure race étant réputé rare et cher). L'Arabe-Barbe est prioritairement dévolu aux spectacles et cérémonies, le Barbe étant le cheval de travail, notamment attelé auxcalèches touristiques. Quelques charettes à âne peuvent être croisées, mais l'âne est globalement en voie de disparition dans le Sud tunisien, faute d'usage.
L'emploi de chevaux pour tirer des calèches est récent, ne remontant pas au-delà desannées 1990[251].
Uneépizootie degrippe équine a frappé la ville à la fin du mois de janvier1998, et s'est propagée en touchant les chevaux, les mulets et les ânes[252].
Tozeur est la principale destination touristique du Sud-Ouest de la Tunisie[15]. En mai2008, la région incluant Tozeur,Nefta etTamerza compte41 unités hôtelières, dont trois établissements cinq étoiles. Elle a accueilli 338 000 visiteurs en2007[35], pour 400 000 l'année suivante[253].
La majorité des touristes sontFrançais etAllemands[89]. La durée moyenne du séjour reste faible[254] (environ un jour et demi[255]) ; certains l'expliquent par le fait qu'ils sont de passage dans le cadre decircuits organisés depuis lesstations balnéaires du littoral, d'autres soutiennent que cela résulte de l'orientation vers un tourisme haut de gamme[35], que le nombre d'activités proposées aux touristes est trop faible, ou encore que leclimat est trop rude[255].
Les circuits touristiques sont balisés, sur des routes goudronnées, entretenues et éclairées la nuit par endroits[89]. Les activités touristiques proposées incluent des visites à pieds dans lapalmeraie et lamédina[159], et des promenades encalèche, enquad, envélo, ou encore à dos dedromadaire[91]. En2001, l'entreprise Aéroasis proposait des promenades enmontgolfière en partant de Tozeur ; le site a depuis été transformé en« Temple de l'amour », plus exactement un parc de jeux[256]. L'accro-branche est proposé au Sahara Lounge[231]. Un parking à calèches, attenant à la palmeraie, accueille divers marchands qui attendent le passage des cars de tourisme[89]. L'avenue Habib-Bourguiba comporte, dans le quartier du souk, des boutiques qui vendent des souvenirs tels que destapis et desroses des sables[114].
Les habitants de Tozeur tirent diversement parti des activités de tourisme : si les nomades duNefzaoua en tirent l'essentiel de leur revenus, et les membres de la tribu Ghrib louent leurs dromadaires, les Rkârka travaillent au contraire très peu dans ce secteur[42]. Les jeunes tirant leurs revenus du tourisme, reconnaissables à leur style vestimentaire occidental[257], sont surnommés localement desbeznessa (de l'anglaisbusiness)[86]. Il existe une forte concurrence entre eux[258]. Il s'agit essentiellement de jeunes garçons refusant le travail agricole, parfois concernés par dutourisme sexuel avec des femmes européennes ou des hommeshomosexuels[259].
Les attentes des touristes quant au désert saharien ne correspondent pas toujours à la réalité : l'image du désert auxdunes de sable ne se retrouve que dans un petit champ de dunes desservi par deschameliers de la tribu Ghrib ; par ailleurs de nombreux touristes croient au mythe selon lequel leschotts entourant Tozeur sont des mers intérieures asséchées, alors qu'ils sont situés au-dessus duniveau de la mer[260]. Cette méconnaissance du Sud tunisien est souvent partagée par les touristes tunisiens originaires du nord du pays ou des régions duSahel[89]. Il en résulte des présentations parfois erronées, les dernièrestentes desAwlâd Sidî Abîd étant par exemple présentées comme un village berbère, alors que ces derniers sont d'origine arabe[27] ; de façon plus générale, la revendication de« berbérité » résulte d'une demande touristique à laquelle répondent les habitants de Tozeur[185].
Les habitants locaux, hormis s'ils sont guides touristiques, ne se déplacent pas dans le désert, qu'ils considèrent comme un espace hostile[253]. Au contraire, les touristes n'osent généralement pas se rendre seuls dans la palmeraie ni dans les quartiers de la périphérie de Tozeur,« une gêne exploitée à Tozeur et Nefta par les conducteurs de calèches tirées par des chevaux », d'après Vincent Battesti[251].
Les médias tunisiens communiquent abondamment sur l'image de palmeraies entourées par un désert de dunes[261]. Les brochures touristiques à propos de Tozeur continuent d'évoquer les« 200sources » qui arroseraient la ville, alors que celles-ci ont disparu avec lesforages[215].
Unterrain de golf, le « Golf des Oasis », est inauguré en novembre2006[20] par leministère du Tourisme[215]. Le parcours dessiné par leCalifornienRonald Fream comporte18 trous, répartis sur25 hectares[262],[263]. Toujours selon Claude Llena, ce golf touche les abords de la palmeraie et puise dans lanappe phréatique pour maintenir la verdure du gazon planté en plein désert[20]. D'après les sources institutionnelles, le golf est arrosé par de l'eau provenant du recyclage deseaux usées des établissements hôteliers[215] ; une installation de relèvement et quinze kilomètres de conduites, installées en partie au fond de l'oued qui passe au pied du golf, permettent cette récupération. Par ailleurs, le golf est installé sur des terrains désertiques, près de la briqueterie sur la rive droite de l'oued, et ne touche pas la palmeraie[264].
Dès le début de l'année2013, ce golf connaît des difficultés financières ; l'alimentation en électricité et en eau est suspendue en novembre, dans un contexte de fermeture de plusieurs hôtels, de baisse du nombre de vols vers l'aéroport et d'absence de tournois de golf[265]. La pratique dugolf est globalement décriée en Tunisie, en raison de la crise de l'eau[266].
Le parc du belvédère de Ras El Aïn (ou râs el-°ayûn, soit« Tête des sources » enarabe[30]), situé à l'Ouest de la ville[159], a été érigé sur des monticules issus du drainage successif dessources[29]. Il est dédié au poèteAbou el Kacem Chebbi, natif de Tozeur. Il est aussi appelé« parc des amoureux », car il est bordé de grandes plaques en céramique bilingues (arabe-français) portant des textes célébrant l'amour[126]. C'est un ensemble rocheux, avec des marches taillées dans la roche, permettant d'accéder à un point de vue élevé sur le désert du Sahara, leschotts, la palmeraie et la ville de Tozeur[159],[256] : il constitue le plus haut point de vue sur Tozeur[126]. Le rocher qui constitue son centre est une construction artificielle de métal, de carton et d'argile[126].
La production de labrique traditionnelle de Tozeur, outre son impact sur l'architecture des villes duJérid, fait partie de l'économie locale. Une extension de cette activité a été planifiée entre2006 et2011[267].
La brique ditearbi (arabe) de Tozeur mesure 19 x 19 x 3 centimètres[268].
Ces briques sont fabriquées à partir de trois composants : deux-tiers d'argile blanche, un tiers d'argile rouge et de l'eau. La pâte est étalée puis égalisée dans un cadre de bois sans fond, aux dimensions de la brique[268]. La pâte obtenue étant très liquide, des cendres de palmes sont utilisées pour protéger les briques lors de leur séchage au soleil[269]. Elles sont ensuite empilées par charges de 10 000 et cuites dans des fours verticaux[269]. Les fours à briques de Tozeur disposent d'une sole généralement plus solide que dans d'autres régions[270]. Le combustible utilisé est de lapalme séchée, uneénergie renouvelable abondamment disponible dans l'oasis[269]. La couleur de la brique obtenue dépend de la durée de la cuisson, et varie du rouge au vert, en passant par le marron et le jaune sable, qui est la couleur de référence.
Le secteur emploie une vingtaine de familles, les plans de développement insistant sur la nécessité de préserver l'utilisation de ces briques traditionnelles[267] ; elles permettent notamment de substantielles économies en matière declimatisation[271] par leurs propriétés, mais aussi par leur disposition en relief sur les murs, qui diminuent l'absorption des rayons solaires.
La construction de la premièrecentrale solaire photovoltaïque de Tunisie, d'une puissance de dix mégawatts, est lancée à Tozeur, avec une mise en service prévue fin juin2019[272]. Conçue par TerniEnergia et Enerray pour un coût d'environ11,5 millions d'euros, elle est gérée par laSociété tunisienne de l'électricité et du gaz[272]. Elle démarre finalement en septembre 2019[273]. Le site s'étend sur20 hectares et couvre 14 % de la consommation électrique annuelle de la région[273].
La gestion desdéchets, en particulier celle desdéchets toxiques, est l'une des problématiques environnementales majeures à Tozeur[22]. En juin2019, durant la saison touristique, unsit-in et unegrève de la part des agents municipaux chargés de nettoyer la ville entraînent une pollution par les ordures[274],[275].
Lefootball est largement pratiqué à Tozeur, depuis les matchs amicaux sans enjeux aux matchs entre quartiers, un tournoi annuel ayant lieu dans la ville[276]. Les spectateurs de ces tournois locaux de football se répartissent généralement« par quartier » sur les gradins[276]. Le club local,La Palme sportive de Tozeur, n'enregistre généralement pas de bons résultats sportifs[277]. Le stade de la ville est réputé, d'après Nicolas Puig, pour avoir l'une des plus belles pelouses de toute la Tunisie, accueillant régulièrement l'équipe nationale de football[277].
Le stade de Tozeur est un lieu de rencontre pour les hommes, plutôt citadins[277]. Comme dans de nombreuses autres villes tunisiennes, les habitants sont souvent supporters de l'un des deux clubs deTunis[277].
Avant larévolution, Tozeur compte deux associations : l'Association de sauvegarde de la médina de Tozeur, créée en2001, et le ClubUnesco[278],[279]. Ce dernier a fait financer un projet de réintroduction de variétés autochtones dans lespalmeraies[280]. Considérées comme inféodées au régime deZine el-Abidine Ben Ali, ces deux associations sont dissoutes en2011[281].
Tozeur dispose aussi d'un bureau local de laLigue tunisienne des droits de l'homme, historiquement très opposé au régime de Ben Ali[282]. Elle est connue pour avoir soutenu larévolte des mineurs de Gafsa en2008[283].
Ibn Chabbat (1221-1285) a étudié à Tozeur, avant d'être choisi commeimam puis commecadi, puis de partir àTunis où il enseigne à l'université Zitouna pendant quelques années[284].
Tozeur est aussi la ville de naissance d'Abou el Kacem Chebbi (1909-1934),poète d'expressionarabe considéré parAbderrazak Cheraït comme le poète national[285], et« l'un des premiers poètes modernes de Tunisie »[286]. Surnommé« leVoltaire arabe »[287], il écrit dans les thématiques de laliberté, de l'amour et de larésistance. Son poèmeEla Toghat Al Alaam, qui s'adresse« aux tyrans du monde », est rédigé en exil à Tozeur en avril 1934, en pleinprotectorat français, alors qu'il est malade et en fin de vie[288].Ali Chebbi,ministre tunisien des Affaires religieuses de1992 à1999, fait partie de sa famille[289], de même que la poétesseFadhila Chebbi (née en 1946)[290].
Lephilosophe etislamologueYoussef Seddik est né à Tozeur, et y a appris leCoran avec sa famille[291].
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