Movatterモバイル変換


[0]ホーム

URL:


Aller au contenu
Wikipédial'encyclopédie libre
Rechercher

Toulouse sous les Wisigoths

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'histoire deToulouse sous les Wisigoths est une des périodes les plus mal connues de la ville. À la suite desinvasions barbares duVe siècle, qui entraînent l'effacement, puis la disparition de l'empire romain d'Occident, la cité gallo-romaine deTolosa, cité provinciale de moyenne importance, devient lacapitale du royaume que fondent lesWisigoths entre le sud de laGaule et l'Espagne.

Des invasions barbares au royaume wisigoth

[modifier |modifier le code]

Les invasions barbares de 407

[modifier |modifier le code]

En 407, plusieurspeuples germainsVandales,Suèves,Alains etBurgondes –, venus de la vallée de laTisza et de laSilésie, chassés par lesHuns,franchissent le Rhin. LesFrancs, qui défendent la frontière de l'empire romain d'Occident, ne peuvent empêcher leur passage et plusieurs villes de la Gaule sont prises et mises à sac. En septembre ou octobre 409, les Vandales, les Suèves et les Alains descendent vers le sud de la Gaule afin de passer en Espagne[1]. C'est donc entre 407 et 409 que Toulouse est assiégée par des forces vandales. C'est, selon le moineJérôme de Stridon, l'intervention de l'évêque de la cité,Exupère, qui aurait permis à la ville d'être épargnée[1]. La présence de la tombe d'un guerrier vandale, au nord de la ville romaine (emplacement de l'actuelno 14rue Léonce-Castelbou), témoignerait de ce siège[1].

L'installation des Wisigoths à Toulouse

[modifier |modifier le code]

En 410, après lesac de Rome, lesWisigoths, dirigés parAthaulf sont encouragés à intervenir dans le sud de laGaule afin de combattre l'usurpateurJovin[2]. En 413, à la suite d'un désaccord avec l'empereur romain d'Occident,Flavius Honorius, ils occupent les principales cités du sud de la Gaule –Narbonne, Toulouse etBordeaux –, occupant laNarbonnaise, l'Aquitaine première etseconde, et laNovempopulanie. En décembre 414, Athaulf prendBarcelone, mais il est assassiné en août 415. C'est son frère,Wallia, qui entreprend des négociations avec l'empereur Flavius Honorius. Il se met au service du général romainConstance et il combat les Vandales, les Suèves et les Alains installés enEspagne.

En 418, Wallia et Flavius Honorius signent unfoedus, un traité qui donne aux Wisigoths le statut depeuple fédéré des Romains et leur octroie un vaste territoire[2] : les cités de Poitiers, Saintes, Angoulême, Périgueux, Bordeaux et Agen, en Aquitaine seconde, et Toulouse en Narbonnaise. Le droit est par la suite étendu, par Constance, à l'ensemble de la Novempopulanie. C'est donc sur ce vaste territoire que s'installe une population de 80 à 100 000 personne[3],[4], probablement selon le principe de l'hospitalitas, prescrit par lecode de Théodose de 398. Les Wisigoths reçoivent des terres à cultiver prises sur les friches, sur les domaines appartenant au fisc impérial et, peut-être aussi, sur les terres du domaine privé. En revanche, il est peu probable qu'ils aient perçu l'impôt, cette prérogative restant celle de l'administration impériale[4].

Le royaume fédéré des Wisigoths

[modifier |modifier le code]

La même année, à la suite de la mort deWallia, les Wisigoths se choisissent pour roiThéodoricIer. Il respecte les termes dufoedus de 418 et il combat en 422 aux côtés des armées romaines du général etpatriceCastinus contre les Suèves. En 436,il s'empare de Narbonne et l'occupe pendant plus d'un an, mais il en est chassé par le général romainLitorius, qui secondeAetius dans sa lutte contre les Wisigoths. En 438, il est battu à la bataille du Mont des Couleuvres[N 1]. En 439, Litorius fait lesiège de Toulouse (en) avec d'importantes troupes romaines soutenues par des auxiliaireshuns. Théodoric, qui redoute l'affrontement, envoie comme ambassadeur l'évêque d'Auch,Orens, auprès de Litorius. Finalement, au cours d'une attaque mal préparée, Litorius est capturé et, probablement dans les jours suivants, exécuté, tandis que les armées romaines lèvent le siège[5].Avitus,préfet du prétoire desGaules, négocie la paix avec Théodoric[6].

Le règne de Théodoric II est marqué par la continuation d'une politique d'alliance avec le pouvoir romain. Le roi n'hésite pas non plus à intervenir directement dans la politique impériale. En 455, alors que lemaître de la milice,Avitus, un noble gallo-romain, est en mission diplomatique à Toulouse auprès de Théodoric II, l'empereurPétrone Maxime est renversé à la suite de la prise de Rome par une coalition des Vandales et des Alains deGenséric. Théodoric II en profite pour proposer la pourpre à Avitus, proclamé empereur après l'accord d'une réunion desénateurs gallo-romains àUgernum. Il s'entoure d'une garde composée de Wisigoths et choisit pour l'un d'eux comme maître de la milice,Remistus. En 462, Théodoric II s'empare de Narbonne, qui lui est livrée sans combattre par le comte Agrippinus, très probablement avec l'accord deRicimer, maître de la milice qui exerce une autorité sur l'empereurSévère III[7]. Il se porte également en Espagne avec ses troupes, à la demande de l’empereur, pour contenir les Suèves et reconquérir une grande partie de la péninsule Ibérique[8].

Un royaume indépendant

[modifier |modifier le code]
La situation géopolitique des Gaules en 475.

À partir de 470, la grave crise du pouvoir impérial est mise à profit par Euric. Tout en restant officiellement un fédéré des Romains, il cherche à augmenter les territoires placés sous sa responsabilité. À partir de 471, il se tourne en particulier vers l'Auvergne, où l'évêque de Clermont,Sidoine Apollinaire, et son beau-frère,Ecdicius, mettent la ville deClermont en défense contre les incursions wisigothiques. En 473, les Wisigoths pénètrent en Provence, prenantArles etMarseille. En 475, l'empereurJulius Nepos conclut un traité par lequel il reconnaît l'autorité d'Euric sur l'Espagne et sur la Gaule jusqu'au Rhône et à la Loire, lui cédant l'Auvergne en échange de la paix en Provence.

Finalement, en 476, la déposition du dernier empereur romain d'Occident,Romulus Augustule, par l'armée d'Odoacre marque la fin de l'empire romain d'Occident. Dès lors, les royaumes fédérés prennent leur indépendance. Les enclaves romaines sont soumises par les rois germains ː au nord du royaume wisigoth, le territoire dominé par le général romainSyagrius – parfois désigné comme le « royaume de Soissons » – est soumis en 486 par lesFrancs deClovis.

Les guerres franco-wisigothiques

[modifier |modifier le code]
Avancées franques et ostrogothes en Aquitaine entre 507 et 509.
Article détaillé :Guerres franco-wisigothiques.

En 507, à labataille de Vouillé, les Wisigoths sont vaincus par les Francs. En 508, après la prise deBordeaux, une armée de Francs et de Burgondes se dirige sur la capitale wisigothique, Toulouse. La ville est prise et incendiée : c'est à cette occasion queVolusien, ancienévêque de Tours, aurait, selon saVita rédigée à la fin duXIe siècle, été sorti de la prison où l'aurait jeté le roiAlaric II, mené àPamiers et exécuté[9],[10].

Toulouse devient malgré tout la pointe avancée de l'influence franque dans le Midi. Dans les années suivantes, les conquêtes franques s'étendent à laNovempopulanie à l'ouest, au Quercy, à l'Albigeois et au Rouergue au nord, et au Lauragais à l'est[11]. Seule laSeptimanie reste aux mains des Wisigoths, dont la capitale est déplacée àBarcelone, puis àTolède[12].

L'évolution urbaine

[modifier |modifier le code]

Les transformations de la ville

[modifier |modifier le code]

La ville gallo-romaine deTolosa connaît des évolutions, dans le prolongement de celles qu'elle connaît depuis leIIIe siècle. Il existe, d'une part, des signes de rétrécissement. Ainsi, lecardo maximus, qui forme le principal axe nord-sud de la ville, est peu à peu réduit par la multiplication des constructions qui empiètent sur son tracé et, après la fin duVe siècle, son revêtement n'est plus entretenu[13]. La réduction de la taille des voies, par l'empiètement de nouveaux bâtiments, est d'ailleurs un phénomène qui se retrouve dans d'autres lieux de la ville[14].

Au cœur de l'ancienne ville gallo-romaine, le forum et le temple capitolin sont profondément transformés au tournant desIVe et Ve siècles. Le temple, qui a perdu sa vocation cultuelle à la suite de l'interdiction des cultes païens dans l'empire romain, est méthodiquement démoli et ses matériaux récupérés : seul lepodium du temple semble alors subsister. Puis, au cours duVe siècle, de nouvelles constructions, bâties en matériaux légers tels que le bois, sont construites[13]. Leportique du forum disparaît à la même époque[13]. Enfin, le réseau d'égouts n'est plus entretnu et, à la fin duVe siècle, seul l'égout principal, sous lecardo maximus, semble fonctionner encore[15].

En revanche, le quartier à l'est de la ville, près de la porte orientale du rempart et du centre cultuel métropolitain – legroupe épiscopal formé autour de l'église métropolitaine (actuellecathédrale Saint-Étienne,no 1place Saint-Étienne) –, connaît un fort développement[16] : il s'agit d'ailleurs d'un quartier qui ne semble pas avoir été occupé avant leIVe siècle et de nouvelles rues y sont tracées, parallèlement aux axes plus anciens ducardo et dudecumanus maximus[17]. Des thermes sont même élevés le long d'un nouveaucardo secondaire (emplacement de l'actuelle place Saint-Étienne) : il s'agit d'un petit établissement, qui compte tout de même unfrigidarium, untepidarium et uncaldarium[17]. Un autre signe de l'activité économique de ce quartier neuf est la présence d'un four de potier[14].

Pour ce qui est de la qualité des constructions, le constat est celui d'un intense remploi des matériaux – brique et pierre – de bâtiments plus anciens. Ainsi, auxIVe et Ve siècles, le bâti associe la brique de récupération et les galets, liés par de la terre. les bâtiments publics les plus importants, tels que le palais royal et la basilique funéraire (actuelle église Saint-Pierre-des-Cuisines,no 12rue de la Boule) sont en revanche bâties en pierre[18].

Une ville capitale

[modifier |modifier le code]

Lesrois wisigoths font de Toulouse la capitale deleur vaste royaume. Dans une ville qui compte probablement 20 à 30 000 habitants, la communauté wisigothique compte plusieurs centaines de personnes, soit moins de 5 % de la population totale. Ils forment le personnel de la cour qui entoure les rois.

C'est au nord-ouest de la ville romaine qu'ils installent le siège de leur pouvoir : un vastepalais royal, construit entre lerempart antique de la ville et laGaronne, à proximité du gué duBazacle, ainsi qu'une chapelle palatine (actuellebasilique Notre-Dame-de-la-Daurade,no 1place de la Daurade), mais aussi, hors des remparts, mais à proximité immédiate, une basilique funéraire (actuelleéglise Saint-Pierre-des-Cuisines,no 12rue de la Boule), voir un monument funéraire de la famille royale (emplacement de l'actuelleÉcole d'économie de Toulouse,no 1 place de l'Université).

Le palais royal

[modifier |modifier le code]
Maquette des vestiges dupalais des rois wisigoths (musée Saint-Raymond).

C'est au cours duVe siècle que lesrois wisigoths font construireleur palais dans la ville. Il est implanté au nord-ouest de la ville et s'appuie sur le rempart duIer siècle. Il s'agit d'un vaste édifice de 90 mètres de long et de 29,50 mètres de large. De part et d'autre de l'entrée se trouvent des galeries de 30 mètres de long et de 4,20 mètres de large. De chaque côté du corps central, les galeries encadrent deux espaces de 50 mètres carrés, ainsi qu'une espace plus vaste, de 475 mètres carrés, non couverts et dont le sol est en mortier de sable et de chaux – peut-être des cours intérieures[19].

Il s'agit probablement de la façade occidentale d'un palais qui s'étend sur une plus grande superficie, particulièrement vers l'est et le vers le sud, au bord de la Garonne[20].

La chapelle palatine

[modifier |modifier le code]
Colonne de l'église de la Daurade (IVe ou Ve siècle,Metropolitan Museum of Art).

C'est d'ailleurs à l'est du palais que s'élève le lieu de culte – la « chapelle palatine » – que fréquentent lesrois wisigoths,chrétiens ariens, l'église de la Daurade[21]. Il s'agit d'un vaste édifice, qui adopte la forme originale d'undécagone irrégulier, large de 14 mètres de diamètre et haut de 13 mètres[21]. Il est couvert d'une vaste coupole

À l'intérieur, le décor exceptionnel se déploie sur trois niveaux. Lesniches, séparées par descolonnes, sont mises en valeur par desmosaïques dorées destyle byzantin, représentant des personnages de l'Ancien et duNouveau Testament – certaines des figures étant associer pour évoquer des épisodes de laBible, tels que lestrois Hébreux dans la fournaise, lemassacre des Innocents, la présentation desMages àHérode, lacrèche et l'adoration des Mages[22]. Le décor est également relevé par des représentations animales, telles que des perroquets[23]. Les colonnes àpampre et leurs chapiteauxionicisants sont peut-être des éléments remployés duproscenium du théâtre de la ville, abandonné dès le début duVe siècle[23]. Les colonnes àcannelures torses aux chapiteauxcomposites proviennent du nymphée, remanié et embelli à la fin duIIe siècle, tout comme les colonnes de marbre jaspé à cannelures torses aux chapiteaux composites, réalisées lorsque le nymphée est transformé en église au milieu duVe siècle[23].

Le quartier funéraire

[modifier |modifier le code]

Au nord du rempart, à une centaine de mètres de celui-ci, mais non loin du palais royal, se trouve un autre lieu de culte important, l'église Saint-Pierre. Il s'agit d'une basilique funéraire, probablement élevée à l'extrême fin duIVe ou au début du Ve siècle[24]. Elle est bâtie avec des pierres et des briques de remploi. Elle possède unenef unique de 16 mètres de long et de 6,30 mètres de large, précédée d'unporche. Elle est aussi flanquée de bâtiments annexes sur les côtés nord et sud[24]. Lessépultures sont soit enbâtière, soit en fosse – parfois maçonnée –, soit enamphore[24].

Plus au nord se trouve une vaste construction (emplacement de l'actuelleÉcole d'économie de Toulouse,no 1 place de l'Université), unportique, large de 50 mètres. L'hypothèse est faite d'un édifice funéraire ou unmausolée, entouré d'une galerie, peut-être un lieu de sépulture pour la famille royale[24].

Les prisons

[modifier |modifier le code]
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète.Votre aide est la bienvenue !Comment faire ?

La vie économique

[modifier |modifier le code]

Un carrefour commercial

[modifier |modifier le code]

Le commerce lointain se maintient en partie au cours de la période wisigothique. Les échanges avec lemonde méditerranéen sont encore vigoureux et le goût des élites toulousaines duVe siècle est dans la continuité de l'aristocratie du Bas-Empire. Ainsi, le commerce des amphoresafricaines, transportant de l'huile d'olive, des saumures de poisson et du vin, se poursuit[25]. Il existe également, quoique de façon plus réduite, des échanges avec l'Asie mineure et laSyrie-Palestine : ainsi, le vin deGaza – un vin blanc doux – est particulièrement apprécié à Toulouse[25].

Enfin, Toulouse reste aussi un centre de redistribution des productions locales, particulièrement la céramique, les sarcophages et la boucherie.

L'artisanat toulousain

[modifier |modifier le code]
Sarcophage dit « de la Chasse de Méléagre » (IVe – Ve siècle,musée Saint-Raymond).

La production de céramique reste un secteur primordial de l'activité économique toulousaine. Elle s'oriente en particulier, entre la fin duIVe et le Ve siècle, vers la production desigillée claire luisante[26]. Au début duVe siècle, la céramique commune grise est aussi plus fréquente, palliant la fin des importations desigillée claire africaine[26]. Les formes de céramique ont, dans tous les cas, tendance à s'appauvrir[25].

Les sarcophages dits « d'Aquitaine », particulièrement nombreux à Toulouse, semblent bien y avoir été fabriqués – du moins la ville joue-t-elle un rôle central dans leur diffusion et leur commercialisation[18]. Ils utilisent le marbre desPyrénées, en particulier celuide Saint-Béat[18].

La monnaie

[modifier |modifier le code]

Les Wisigoths de Toulouse utilisent lesmonnaies romaines, généralement anciennes puisque frappées au siècle précédent. Elles sont pour la plupart originaires desateliers impériaux, particulièrement ceux d'Arles, deLyon et deTrêves[25]. Il s'agit généralement de monnaies debronze[27], le monnayage d'argent et le monnayage d'or paraissant avoir fortement reculé durant cette période.

La question religieuse

[modifier |modifier le code]

L'arianisme des Wisigoths

[modifier |modifier le code]

Les Wisigoths, convertis progressivement à partir du milieu duIVe siècle, en particulier sous l'influence deWulfila, un évêquearien d'originegothe, et adhèrent majoritairement à l'arianisme[4]. Les partisans de cette forme de christianisme sont partisans de l'unicité absolue de Dieu, distinguant les personnes duPère – seul Dieu – et duFilsJésus, à qui est refusé la nature divine. La forme d'arianisme qui est professée par Wulfila considère le Fils comme semblable (ὅμοιος,omoios engrec) au Père, mais de nature différente, et donc subordonnée et inférieure[4]. Enfin, leSaint-Esprit est aussi créé et soumis au Père et au Fils[4].

La coexistence des ariens et des nicéens à Toulouse

[modifier |modifier le code]

L'installation des Wisigoths à Toulouse fait émerger une situation inédite : la coexistence d'une population gallo-romaine majoritaire etnicéenne, et d'une population wisigothique minoritaire et arienne. En 381, à la suite duconcile de Constantinople, l'empereur romainThéodoseIer avait interdit la pratique de l'arianisme à tous les citoyens de l'Empire[4]. En tout état de cause, cette interdiction ne s'applique pas aux Wisigoths, qui ne sont pas citoyens, mais deshospites de l'empire. En 386, déjà, l'impératriceJustine, mère de l'empereurValentinien II, avait fait rendre un édit, à Milan, autorisant pour eux la profession de foi duconcile de Rimini de 359, favorable à l'arianisme[4].

La situation toulousaine est donc probablement celle d'une coexistence et il n'existe pas de législation spécifique interdisant la fréquentation des ariens et des nicéens. La question religieuse sépare les deux populations wisigothique et gallo-romaine dans la mesure où les mariages sont impossibles : l'interdiction, promulguée par l'empereur ThéodoseIer, est confirmée reprise par la législation desrois wisigothsEuric etAlaric II[4]. La seule exception est le mariage, àNarbonne, le, du roi wisigothAthaulf et deGalla Placidia, fille de Théodose et sœur d'Honorius, que les Wisigoths tiennent comme otage depuis lesac de Rome en 410. Encore est-elle rendue à sa famille, à la suite de la mort d'Athaulf et d'un accord avec l'empereur Honorius en 416[4]. Les rois wisigoths n'hésitent également pas à s'entourer d'évêques. Ainsi, l'évêque d'Auch,Orens, et l'évêque de Saintes,Vivien, fréquentent-ils le palais de ThéodoricIer[4]. Ce dernier a même recours aux évêques dans ses relations avec l'autorité impériale : en 439, lorsque le général romainLitorius met lesiège devant Toulouse (en), ThéodoricIer fait appel à Orens, ainsi qu'à d'autres évêques, pour tenter une médiation avant le combat[4].

La politisation des crispations religieuses

[modifier |modifier le code]
Les évêchés anti-ariens à la fin duVe siècle et leconcile d'Agde en 506.

La question religieuse, qui ne semble donc pas intervenir dans les choix politiques, se pose différemment à partir du règne d'Euric. Il est en effet décrit parSidoine Apollinaire,évêque de Clermont, comme un arien fanatique qui combat le catholicisme nicéen et ses représentants[4]. Effectivement, lorsque, en 471, Euric, à la demande du pouvoir impérial, combat les Bretons, plaçant dans le même temps l'ensemble des cités de l'Aquitaine première sous son autorité, il se montre hostile aux évêques locaux, refusant de remplacer ceux qui sont décédés, en exilant d'autres, commeCrocus deNîmes et Simplicius deBourges. Cependant, les motifs semblent politiques plus que religieux : Crocus et Simplicius avaient résisté à la prise de leur cité par les Wisigoths[4]. En 475, Sidoine Apollinaire, exilé àLivia, avait montré lui aussi son hostilité pour Euric et sa sympathie pour les Burgondes[4]. En fin de compte, alors que l'empire romain d'Occident s'effondre, Euric, qui cherche à agrandir le territoire sur lequel peut s'exercer son autorité, se méfie des évêques qui pourraient faire appel auxrois francs ouburgondes[4].

C'est la politique que suit égalementAlaric II. En 503, il exile l'évêque d'Arles,Césaire, suspect de se rapprocher des Burgondes : il est envoyé pour deux ans àBordeaux et s'installe chez Cyprien, l'évêque de cette ville[4]. De même, lesévêques de ToursVolusien etVerus sont exilés – le premier à Toulouse, le second à Narbonne – en raison de leur sympathie pourClovis, leroi des Francs[4]. En 506, Alaric II autorise même Césaire à convoquer unconcile à Agde, réunissant les évêques des cinq provinces ecclésiastiques gauloises de son royaume, ainsi que l'évêque de Tours. À la fin du concile, le roi annonce, pour l'année suivante, d'un concile à Toulouse, réunissant cette fois tous les évêques de son royaume, gaulois et espagnols : labataille de Vouillé, la mort d'Alaric II et la conquête de Toulouse par les Francs en empêche la tenue[4].

La culture latine

[modifier |modifier le code]

Toulouse, capitale du royaume wisigoth, fournit à l'administration wisigothique ses cadres et ses conseillers[28]. Il semble même exister une véritable intrication entre l'administration wisigothique et l'administration impériale[28].

Elle reste aussi un important centre de diffusion de la culture latine. En effet, la culture latine classique gardent un niveau et un dynamisme réel au sein des familles aristocratiques méridionales[28].

La population wisigothique elle-même est fortement imprégnée de culture latine ː cette acquisition s'est produite au fil des contacts de la population wisigothique avec la masse des citoyens de l'Empiren restée latinophone en Occident[28]. Ainsi, au milieu duVe siècle, le jeuneThéodoric II reçoit des leçons de littérature latine par ungrammaticus toulousain et parle couramment latin[28]. De même, à la cour d'Euric, l'aristocratie wisigothique comme les élites gallo-romaines sont bilingues, parlant le gothique et le latin[28]. En 475, un épisode illustre l'excellente maîtrise du latin par Euric : lors d'une ambassade de l'empereur romain Julius Nepos menée par l'évêque de Pavie,Épiphane, le roi wisigoth répond en gothique, tout en commentant de façon savante le discours tenu en latin par Épiphane[29],[28].

L'héritage wisigoth à Toulouse

[modifier |modifier le code]

Un héritage oublié ?

[modifier |modifier le code]

L’histoire et l’archéologie du royaume wisigoth de Toulouse n'ont pas bénéficié, depuis leXVIIe siècle, du même engouement que les études portant sur les Mérovingiens et les premiers royaumes francs. Au cours duXIXe siècle, les Wisigoths n'ont pas été intégrés à l'entreprise de construction d'une histoire nationale – le « roman national »[30]. Même le développement de l’archéologie, à la fin duXIXe siècle n'a pas permis de réévaluer positivement le rôle joué par les Wisigoths, d'une part à cause du problème de caractérisation du mobilier wisigoth, d'autre part à cause de la disparition de leur royaume au début duVIe siècle.

La légende de la reine Pédauque

[modifier |modifier le code]
Article détaillé :Reine Pédauque.

Notes et références

[modifier |modifier le code]

Notes

[modifier |modifier le code]
  1. Le lieu exact est inconnu : il s'agit peut-être de la région d'Aire-sur-l'Adour.

Références

[modifier |modifier le code]
  1. ab etcPaillier 2019,p. 177.
  2. a etbPaillier 2019,p. 178.
  3. Pedro de Palol, et Gisela Ripoll,Les Goths, Ostrogoths et Wisigoths en Occident,Ve – VIIe siècles, éd. du Seuil, Paris, 1990,p. 92.
  4. abcdefghijklmnopq etrBonnery 2020.
  5. Paillier 2019,p. 179.
  6. André Chastagnol,La fin du monde antique, Nouvelles Éditions Latines, Paris, 1976.
  7. Delaplace 2015,p. 270-274.
  8. Delaplace 2015,p. 249-253.
  9. Pradalié 2019,p. 185.
  10. Peloux 2019,p. 130.
  11. Pradalié 2019,p. 185-186.
  12. Pradalié 2019,p. 186.
  13. ab etcPaillier 2019,p. 169.
  14. a etbPaillier 2019,p. 172.
  15. Paillier 2019,p. 169-170.
  16. Paillier 2019,p. 170.
  17. a etbPaillier 2019,p. 171.
  18. ab etcPaillier 2019,p. 173.
  19. Paillier 2019,p. 163-164.
  20. Paillier 2019,p. 164.
  21. a etbPaillier 2019,p. 165.
  22. Paillier 2019,p. 165-166.
  23. ab etcPaillier 2019,p. 167.
  24. abc etdPaillier 2019,p. 168.
  25. abc etdPaillier 2019,p. 175.
  26. a etbPaillier 2019,p. 174.
  27. Paillier 2019,p. 176.
  28. abcdef etgBanniard 2020.
  29. Michel Banniard, « Euric et Épiphane : parades langagières et questions linguistiques à la fin duVe siècle en Gaule romaine », dans Laurent Jégou, Sylvie Joye, Thomas Lienhard et Jens Schneider (dir.),Faire Lien. Aristocratie, réseaux et échanges compétitifs. Mélanges en l'honneur de Régine Le Jan, coll. « Histoire ancienne et médiévale », éd. de la Sorbonne, Paris, 2015,p. 249-258.
  30. Boudartchouk 2012.

Voir aussi

[modifier |modifier le code]

Bibliographie

[modifier |modifier le code]

Ouvrages généraux

[modifier |modifier le code]

Ouvrages spécialisés

[modifier |modifier le code]

Articles connexes

[modifier |modifier le code]

Lien externe

[modifier |modifier le code]
v ·m
Histoire par période
Entités politiques
Personnalités
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Toulouse_sous_les_Wisigoths&oldid=224795558 ».
Catégories :
Catégories cachées :

[8]ページ先頭

©2009-2025 Movatter.jp