Lethegn est dans la sociétéanglo-saxonne un membre de l'aristocratie.
Le termevieil-anglaisthegn signifie « serviteur » et désignait les membres de la suite d'un haut personnage. C'est l'équivalent duleude dans lesroyaumes francs. Ce terme met davantage l'accent sur la relation personnelle que sur une catégorie sociale, cette dernière étant déterminée par le rang de la personne servie. Ainsi, lesthegns du roi peuvent être des personnages importants.
Après laconquête normande de l'Angleterre, lesthegns du roi sont assimilés auxbarons et les autres auxchevaliers. Ce terme se retrouve enanglais moderne naissant sous la formethane, par exemple dans leMacbeth deWilliam Shakespeare.
À la fin de la période anglo-saxonne, un thegn est avant tout unpropriétaire foncier, dont les domaines peuvent aussi bien relever dubookland (concédé parcharte ou hérité) que dufolcland (hérité suivant le droit coutumier). Ces domaines peuvent être concentrés dans un seulcomté ou éparpillés dans plusieurs. Sur ses terres, le thegn joue le rôle de seigneur vis-à-vis de la population, mais il possède également des obligations militaires et administratives vis-à-vis de son propre supérieur, qu'il s'agisse du roi ou d'unealdorman[1].
L'ancrage local des thegns fait d'eux un maillon crucial de la chaîne du pouvoir en permettant l'application de l'autorité royale à un degré local. Au sein de cette classe, certains thegns se distinguent en occupant des positions spécifiques à la cour royale, avec des titres commediscthegn (« sénéchal »),hræglthegn ouburthegn (« chambellan ») oubyrele (« échanson »). Ils ont également la possibilité d'être nommésreeve ou ealdorman. Leur fidélité au roi n'est pas un acquis et peut changer en fonction de la situation politique et de leurs intérêts propres[1].
Le rang de thegn apparaît avant le terme qui sert à le désigner. Les codes de lois émis dans les royaumes duKent et duWessex à la fin duVIIe siècle distinguent une classe sociale intermédiaire, appeléeeorlcundman au Kent, dont lewergild est d'une valeur trois (au Kent) à six (au Wessex) fois supérieure à celle d'un simple homme libre (ceorl). Leur rôle commence à être mieux attesté à partir de l'époque d'Alfred le Grand, dans la législation des rois du Wessex puis d'Angleterre[2].