Pour les articles homonymes, voirTemps (homonymie).
Unités SI | seconde (s) |
---|---|
Autres unités | heure,année,siècle,... |
Dimension | ∆T |
Base SI | s |
Nature | Grandeurscalaireintensive |
Symbole usuel | ∆t |
Enphysique, letemps est défini par unemesure : le temps est ce que mesure unehorloge[1]. Une horloge, dans le sens physique du terme, est uninstrument de mesure fondé sur unphénomène périodique. Les horloges mesurent desdurées, et non un temps absolu, ce concept suffit pour tous les calculs physiques. Le temps est unequantité physique fondamentale — comme lamasse, lalongueur ou lacharge électrique — dénotée par le symbole. Enphysique classique, nonrelativiste, c'est une quantitéscalaire.
En étudiant la chute des corps,Galilée fut le premier à considérer le temps comme une grandeur quantifiable qui permettait de relier mathématiquement les expériences. C'est ainsi qu'ayant choisi le temps comme paramètre fondamental, il en déduisit que la vitesse acquise par un corps en chute libre est simplement proportionnelle à la durée de sa chute. La première figuration du temps fut une ligne (puis une ligne orientée dans un seul sens, ouflèche du temps) composée d'une suite d'instantsinfinitésimaux.
Les interactions de lamatière dans l'espace (définis comme phénomènes physiques) nécessitent undegré de liberté (une dimension) : le temps. Ce degré de liberté peut être représenté ou figuré par une dimension d'espace, suivant une correspondance donnée par un déplacement à vitesse constante, tandis que les autres dimensions de la représentation peuvent toujours servir à représenter des dimensions spatiales. Ainsi peut-onfigurer dans un plan ce qui a lieu sur une droite au cours du temps par un déplacement de cette droite à vitesse constante, et figurer dans l'espace usuel ce qui a lieu dans un plan au cours du temps.
Ce mode de représentation du temps sous forme spatiale permet de saisir sous certains aspects la manière dont le temps est relié à l'espace en théorie de larelativité, laquelle décrit uncontinuum de l'espace-temps, suivant les termes d'Einstein. Il est possible d'envisager des longueurs ou des duréesaussi petites que l'on veut.
On distingue traditionnellement deux dimensions conceptuelles vis-à-vis du temps. La première peut être qualifiée d'idéaliste : mathématisée, elle correspond au paramètretemps étudié par la science physique. Une autre voie de conceptualisation scientifique est l'exploration de sa perception par l'être humain.
La première de ces deux dimensions, le temps objectif, est affaire de mesure et de grandeur, lesquelles peuvent être définies, soit par rapport à unphénomène périodique, comme le retour du jour et de la nuit, ou la vibration caractéristique d'un atome, soit par une évolution à un taux suffisamment invariable, comme le refroidissement d'un solide dans des conditions bien déterminées, ou la décroissance d'un matériau radioactif. Le repérage par rapport à un phénomène périodique étant plus accessible, il sert de base en général à la mesure du temps. L'unité légale du temps dans le Système international est laseconde (et ses multiples), mais le mouvement périodique servant de base à la définition de cette unité a varié au cours de son histoire.
Le temps subjectif peut, dans une approcheintrospective, être défini comme l'altération psychologique du temps objectif. En « temps subjectif » les secondes peuvent paraître desheures et les heures, des secondes. La durée (c’est-à-dire l'impressionsubjective du temps) dépend principalement de l'activité de l'organisme, qui se manifeste à la conscience par desémotions ressenties. Dans les comptes rendus littéraires, le sujet très pris par son activité « ne voit pas le temps passer » ; dans une situation d'attente ou d'ennui on « trouve le temps long ».
Lapsychologie expérimentale s'est donné pour tâche de préciser la notion humaine du temps. Ses études montrent que l'être humain possède au moins deux sens du temps.
L'opposition entre temps objectif et temps subjectif ne suffit pas à donner une vue complète de la complexité posée par la conceptualisation du temps. Premièrement, ce qui semblait objectif pour les premiers astronomes – pionniers de l'estimation du temps – s'est révélé bien subjectif, les premières mesures venues[réf. nécessaire]. Par la suite, plusieurs révolutions conceptuelles ont pris le contrepied d'un modèle du temps objectif absolu et indépendant des phénomènes physiques. Ainsi, la relativité de la mesure du temps n'est pas l'apanage de la condition humaine.
Deux domaines des sciences ont des implications profondes avec le temps : laphysique et labiologie[réf. nécessaire]. Pour les physiciens, le temps a une importance cruciale dans la formalisation des systèmes et des lois de la Nature. D'abord considéré comme un paramètre, le temps a acquis une stature nouvelle avec lathéorie de la relativité. Les biologistes ne peuvent pas non plus ignorer le temps, puisque l'essentiel de l'étude du vivant a affaire avec les interactions dynamiques et les ajustements au cours du temps, quelle que soit l'échelle considérée : de lathéorie de l'évolution à la multiplication des microbes, le temps impose son cours. L'étude des différentes conceptualisations du temps en physique est cependant riche d'enseignements généraux et sera abordée en premier.
La révolution de lamécanique en Europe, au début duXVIIe siècle transforme les idéesaristotéliciennes[réf. souhaitée] pour aboutir au temps « scientifique ». La mécanique dite « classique » issue de la formalisation mathématique du système galiléo-newtonien définit le temps et l'espace comme les élémentsindépendants d'un repère inaltérable. Dans ceréférentiel, les phénomènes physiques trouvent leur place en tant que produits delois, qui ont pour cadre le couple d'absolus formé par l'espace et le temps – ce qui constitue une formalisation intuitive de lacausalité.
Cette vision du monde physique a constitué un grand changement dans la conceptualisation du temps qui n'est plus considéré comme unequalité mais comme une quantité. Cela est notamment lié au développement considérable de l'horlogerie à partir duMoyen Âge, qui constitue en pratique l'idée de mesure du temps.
C'est la naissance du temps physiqueconstruit, grâce aucalcul différentiel. Exprimé sous la forme d'un rapport entre deux moments successifs, d'une « transformation invariante », le flux continu qu'est le temps en mécanique classique perd dès lors de sa substance : les lois absolues ne considèrent en effet que les conditions initiales et leur devenir au cours du temps désormais mathématisé.
À l'époque du modèle newtonien, tous les physiciens ne sont pas en accord avec la signification du temps et d'espace absolus qui prévalait alors. Ainsi,Ernst Mach considérait-il le temps comme un moyen d'exprimer facilement certaines relations entre les phénomènes, à l'instar deLeibniz. Cette façon de voir les choses peut sembler surprenante à la lumière de la physique classique. Pourtant, les développements théoriques deLorentz jusqu'à nos jours lui donneront, en partie tout du moins, raison.
Divers problèmes et contradictions amenèrent les physiciens duXIXe siècle à réexaminer la mécanique classique. Poincaré en propose une vue historique d'intérêt dans son ouvrageLa Valeur de la Science. En ce qui concerne le temps, l'essentiel du changement intervient avecAlbert Einstein, et tout premièrement avec larelativité restreinte. Dans cette théorie,« ce qui se propose en premier, ce sont les phénomènes – et non la mesure – : le temps et l'espace en termes desquels nous représentons ces phénomènes sont construits de manière à permettre une représentation adéquate de ces derniers[3]. »
Pour comprendre le bouleversement conceptuel relatif au temps, il suffit de savoir qu'Einstein entreprend de relier deux théories alors incompatibles, ou tout du moins contradictoires : lamécanique et l'électromagnétisme. La première exprime leprincipe de relativité, qui est déjà connu (Galilée l'exprimait déjà) ; la seconde stipule notamment que lavitesse de la lumière est constante, indépendamment du mouvement de la source qui l'émet (donc, fondamentalement, non relative). Afin d'unifier ces deux approches, le physicien va non seulement construire mais redéfinir le temps et l'espace (donc les notions de mouvement et de vitesse). Temps et espace, exprimés comme un couple par l'espace de Minkowski, deviennent liés aux propriétés physiques des phénomènes, i.e. des principes explicités ci-avant. Il s'agit là d'une rupture forte avec la mécanique classique, qui faisait prévaloir un temps absolu et immuable. Larelativité générale va encore plus loin, tenant compte des phénomènes liés à tous les types de mouvements, et non plus seulement au mouvement inertiel.
Elle montre en effet,via des équations complexes, que l'espace-temps est déformé par la présence de matière, et que cela se manifeste par une force que nous appelons lagravité. SelonAlbert Einstein, temps,espace etmatière sont intimement liés. Plus encore, elle inverse le point de vue habituel : ce ne sont plus le temps et l'espace qui sont le cadre des phénomènes mettant en jeu la matière, mais les corps qui influent principalement sur le temps et l'espace. Le temps regagne ici une certainematérialité, ce qu'il avait perdu chez Newton. L'ordre des événements, la succession, est inséparable de la causalité, et plus spécifiquement, des propriétés de la lumière. Kant l'avait déjà vu en partie, mais il croyait que la simultanéité était déterminée par une relation de causalité réciproque[réf. nécessaire]. C'est qu'il pensait en termes de choses, comme le soleil et la terre, non en termes d'événements. De plus, si pour Kant les propriétés du temps étaient liées à une expérience, si elles n'avaient aucune nécessité logique apodictique, il ne s'agissait pas de l'expérience physique, mais de celle de notre propre sens intime, ou plutôt de sa forme a priori[réf. nécessaire].
La théorie d'Einstein est certainement non intuitive pour le commun des mortels : un temps qui se dilate ou se raccourcit semble bien irréel. Il est pourtant celui qui permet d'expliquer des phénomènes comme l'avance dupérihélie de la planèteMercure ou leslentilles gravitationnelles, tout en étant compatible avec notre observation quotidienne du monde. Letrou noir constitue un exemple spectaculaire des propriétés théoriques du temps relativiste lorsque considéré à des vitesses proches decelle de la lumière.
Le lien entre espace et temps a également pour conséquence que la notion desimultanéité n'est plus absolue : tout dépend de l'observateur. Ce phénomène ne fait pas non plus partie du sens commun, car il n'est visible que si les observateurs se déplacent l'un par rapport à l'autre à des vitesses relativement élevées par rapport à la vitesse de la lumière. De façon générale, lathéorie de la relativité nous indique que le temps objectif du physicien n'en est pas moins variable (ce qui se traduit parlocal en termes d'espace-temps). La mesure du temps est différente d'unréférentiel à un autre, quand leursvitesses respectives sont différentes l'une par rapport à l'autre.
Les équations des théories physiques considèrent donc aujourd'hui le temps comme relatif. Les équations de la physique sont symétriques par rapport à une translation dans le temps. Lethéorème de Noether, établi en1918, montre que cette propriété implique l'existence d'une quantité, l'énergie, qui se conserve quelles que soient les interactions entre objets. En même temps que de fabuleuses avancées théoriques et pratiques, la relativité a apporté de nouvelles questions quant à la nature intime du temps. Beaucoup ont à voir avec son écoulement, ce qui les rapproche des interrogations usuelles de l'homme.
Savoir si l'écoulement du temps a des extrémités, un début, une fin, est une question qui a motivé de très nombreux scientifiques de tous champs disciplinaires, et qui renvoie bien sûr aux innombrables croyances sur la genèse et la fin du monde. Du point de vue scientifique, de nombreuses observations, interprétées dans le cadre de la théorie de larelativité générale, ont permis d'établir la théorie duBig Bang, selon laquelle l'univers aurait eu un début, où seraient apparus le temps, l'espace et la matière tels qu'on les comprend aujourd'hui. Selon les connaissances actuelles, le temps relativiste aurait commencé il y a environ 13,7 milliards d'années. Le fait que le temps ait eu un début, et que la question « qu'y avait-il avant le début du temps ? » n'ait pas de sens est extrêmement difficile à se représenter. Parmi les observations qui ont permis de confirmer la théorie du Big Bang – dans le sens où cette théorie leur donne une explication cohérente – figurent ledécalage vers le rouge du spectre lumineux émis par les étoiles lointaines, ainsi que l'existence d'unrayonnement cosmique provenant de toutes les directions de l'univers, correspondant à un rayonnement ducorps noir de température 2,73kelvins[4].
Tous ces questionnements posent une question plus large, celle de la définition d'untemps cosmique : le temps général prévalant dans l'Univers, « ultime. » Dans la physique newtonienne, le temps absolu joue pleinement ce rôle ; toutefois, il exclut par son existence même la possibilité de tout phénomène également absolu – i.e. d'échelle cosmique : l'Univers physique – si bien que la définition d'un temps cosmiqueparce qu'absolu semble aujourd'hui erronée – notamment à la lumière de la relativité générale. La théorie de la relativité, précisément, n'offre pas de modèle préconçu concernant un tel temps cosmique : au cours duXXe siècle, de nombreuses théoriescosmologiques ont été proposées. Parmi elles, ce sont les modèles liés à la théorie duBig Bang qui semblent les plus probables, car les plus en accord avec les principes généraux de la relativité. Ce sont également les modèles qui offrent les meilleures formalisations d'un temps cosmique et permettent d'étudier l'évolution de l'Univers : le déroulement du temps y est logique d'après le point de vue humain, car linéaire, unidirectionnel... Pourtant, la définition d'un temps cosmique dans le cadre du Big Bang a apporté une énigme de plus : en « remontant » le cours du temps, il existe une limite infranchissable à ce jour, qu'on appelle letemps de Planck. Avant ce moment de la vie cosmique, les théories actuelles ne tiennent plus et la connaissance ne peut plus être ne serait-ce qu'extrapolée, car la science a besoin d'espace et de temps pour exister. Que peut-elle faire, quels indices logiques peut-elle nous donner, si elle prédit l'écroulement de ses propres fondations ? Un nouveau cadre conceptuel est ici à inventer, si tant est qu'il puisse s'en trouver un.
Une autre interrogation plus riche d'enseignements concerne donc la nature de l'écoulement du temps, depuis le premier moment de son existence (le fameux temps de Planck) : son cours est-il régulier ? Le système newtonien imposait évidemment un temps rigide. La relativité impose tout aussi naturellement un temps élastique[5], mais on a vu comment cette transformation s'est opérée par une redéfinition conceptuelle complexe, où le temps acquiert un double rôle de référentiel et de substance malléable. Enfin, on peut s'interroger sur le sens de l'écoulement du temps. Intuitivement, nous posons le temps comme unidirectionnel, tel une marche en avant du passé vers lefutur. Le langage exprime d'ailleurs les rapports entre les différents moments du temps linéaire avec une grande richesse. Toutefois, de nombreuses lois physiques sont, mathématiquement, réversibles sur la flèche du temps.
Les équations de la physique sont en effet bien souvent symétriques par rapport à une « inversion temps ». C'est le cas detoutes les équations qui décrivent les phénomènes à une échellemicroscopique. Ainsi, si on passe l'enregistrement d'une interaction physique se produisant à échelle microscopique, il est impossible de dire si l'enregistrement est passé à l'endroit ou à l'envers.
Pourtant, à l'échellemacroscopique, certains phénomènes ne peuvent évidemment pas se passer à l'envers. Ainsi, un œuf qui tombe par terre et qui se casse, ne rebondira jamais sur la table dans le même état qu'avant sa chute fatale. Un autre exemple peut-être moins trivial mais quotidien est la transmission d'énergie thermique entre corps, laquelle se fait toujours du corps le plus chaud vers le corps le plus froid – jamais l'inverse. Ladeuxième loi de la thermodynamique, dont l'objet est l'évolution de l'entropie au cours des échanges de chaleur, postule que l'entropie d'un système isolé ne peut qu'augmenter, et donne donc une loi physique non symétrique par rapport au temps.Ludwig Boltzmann a tenté d'expliquer comment des phénomènes réversibles par rapport au temps à l'échelle microscopique peuvent conduire à uneflèche du temps évidente à l'échelle macroscopique. Pour cela, il a développé laphysique statistique, où lesprobabilités jouent un rôle très important[6]. L'explication actuelle, portée par laphysique quantique, qui étudie les interactions aux plus petites échelles de la matière, repose sur l'idée de complexité. À l'échelle microscopique, les constituants que sont les atomes ont un comportement individuel erratique qu'on peut modéliser fidèlement par voie statistique – jusqu'à approcher la complète certitude pour certaines propriétés. Mais même une simple aiguille de fer contient des milliards de milliards d'atomes : « notre inaptitude à préciserexactement quelle est la configuration microscopique du système ne permet de caractériser celui-ci qu'avec un certainflou[7]. » Lorsque la cohésion d'un tel système est brisée ou seulement modifiée, les interactions des particules entre elles diluent l'information connue dans la complexité incroyablement grande de la dynamique d'évolution du système.Perte d'information, ou par équivalence,croissance du désordre moléculaire, engendrent sur la base de lois réversibles des comportements déterministes à notre échelle de vie. L'entropie est une mesure de ce désordre de la matière, dont la portée a été étendue à d'autres disciplines, notamment enthéorie de l'information. Ainsi, laflèche du temps s'appuie sur le cours du temps causal, et introduit l'idée d'orientation pourcertains phénomènes.
L'irréversibilité du temps, qui est exactement pour nous ladirection de son écoulement, passe donc par la définition d'une orientation générale. Par exemple, « l'entropie apparaît commeindicateur du sens d'évolution [d'une réaction macroscopique] et sa croissance dans le tempsmesure le degré d'irréversibilité d'un processus[7] ». À examiner le monde tel qu'il nous est donné, que ce soit par la physique ou par nos sens,flèche du temps et direction semblent cohérents. Les « énergistes » duXIXe siècle pointaient pourtant le manque de bon sens qui caractérisait selon eux l'atomisme et en particulier, la thermodynamique. Il est vrai que la réversibilité à l'échelle microscopique semble aller contre le temps ; mais ils se trompaient en désignant par flèche du temps son cours. Newton n'avait pas fait cette erreur, et sans avoir eu à examiner ce problème, avait déjà compris que le concept de flèche du temps est différent de celui de l'irréversibilité : une loi physique peut bien être réversible sur le papier, les évènements qui en sont l'illustration, qu'ils se produisent à l'endroit ou à l'envers par rapport au temps intuitif (tel l'œuf qui se casseou se recompose), ces évènements n'en sont pas moins inscrits dans lecours du temps, dans sa progression – ils adviennent. L'idée deremonter le temps, notamment, au sens d'en annuler son déroulement et d'en inverser le cours, est fondamentalement contre-intuitive. Lathermodynamique en donne des exemples. Une autre illustration, en physique relativiste, est le cas de la lumière piégée dans untrou noir : elle parcourt unegéodésique de l'espace-temps refermée sur elle-même, de sorte que pour elle le temps est figé ou annulé, ou quelque chose de cet ordre ; et on peut imaginer en effet que lesphotons puissent remonter le cours du temps « sur eux-mêmes ». Mais il ne s'agit-là que de spéculation, pour ne pas dire d'une interprétation erronée ; la pensée scientifique incite à considérer que seule lascience-fiction détient le séduisant pouvoir de donner une réalité au voyage temporel dans le passé.
La physique quantique et la thermodynamique nous apprennent que, fondamentalement, le grand mystère de l'Univers semble résider dans sesconditions initiales. En effet, laflèche du temps manifeste, ou porte, sans qu'on ne sache trop bien, l'importance critique des conditions initiales face à l'évolution d'un système, qui du réversible, passe au déterminé à travers ledéterminisme chaotique. Ce problème des conditions initiales reste entier, mais suggère de nouvelles et intéressantes pistes de réflexion sur le temps, lesquelles permettront, peut-être ? de dépasser les limites actuelles des modèles théoriques scientifiques et philosophiques, en construisant ou en découvrant un « temps causal unifié ».
Pour l'heure, c'est donc laflèche du temps qui porte le concept moderne de temps, aussi bien en sciences qu'ailleurs. Ainsi, la physique n'impose pas une flèche du temps universelle : la biologie introduit son propre cours immuable des choses, et on peut réfléchir à une flèche du temps psychologique. Et la physique elle-même a mis au jour plusieurs flèches du temps, adaptées à l'un ou l'autre de ses champs disciplinaires : on trouve ainsi pêle-mêle la flèche gravitationnelle, qui voit son expression la plus spectaculaire dans l'effondrement stellaire ; la flèche radiative, qui révèle que toute source radiative est vouée à s'éteindre ; la flèche thermodynamique, explicitée ci-avant ; ou encore la flèche quantique... Nous nous créons intuitivement notre propre flèche du temps, du passé vers le futur, mais il est vrai que nous sommes plus sensibles aux durées qu'à la direction du temps – aussi la science conserve-t-elle un « monopole » de l'étude des flèches temporelles. La diversité de ces modélisations est peut-être un indice de leur imperfection.
La vitesse limite ne pouvant être dépassée est (jusqu'à preuve du contraire) égale àc, c'est-à-dire lavitesse de la lumière dans le vide (soit 299 792 458 mètres par seconde), une desconstantes de l'univers physique. Cette vitesse intervient directement dans des phénomènes physiques courants, à savoir en l'occurrence la propagation dans le vide des ondes électromagnétiques dont fait partie la lumière ; la propagation de ces ondes dans l'air se faisant à une vitesse légèrement plus faible mais encore proche dec. C'est pourquoi on l'utilise parfois comme unité de référence pour exprimer desvitesses, exprimer ou mesurer des distances très grandes (la distance de la Terre au Soleil est de 150 millions de km ou 8 minutes-lumière). Les mesures exactes de durées et les corrections aux calculs qui s'y rapportent conformément à la théorie de larelativité sont nécessaires au fonctionnement dessystèmes de positionnement comme leGPS, à cause de la précision très grande requise sur les mesures de temps sur lesquelles ils reposent (les temps d'arrivée de signaux électromagnétiques de satellites permettant de calculer les distances à ces satellites et donc la position).
Ainsi, la seconde est définie comme égale à 9 192 631 770 périodes de la radiation de transition entre les deux niveaux hyperfins d'énergie de l'état fondamental de l'atome de césium 133 ; elle sert de base à la définition de l'unité d'espace (lemètre, défini comme distance parcourue par la lumière dans le vide en 1/299 792 458 seconde).
VoirPhysique classique.
Vers1665,Isaac Newton tira de la chute des corps sous l'influence de lagravité la première formulation claire dephysique mathématique du traitement du temps : temps linéaire, conçu comme unehorloge universelle.
1812 -Fourier publie saThéorie analytique de la chaleur.
1824 -Sadi Carnot analysa scientifiquement lemoteur à vapeur.
1re loi de la thermodynamique - ou loi de conservation de l'énergie.
2e loi de la thermodynamique - la loi d'entropie (1850 -Clausius).
Les équations thermodynamiques, et en particulier la notion d'entropie, donnent au temps un sens, en introduisant la nécessité de l'irréversibilité. L'entropie d'un système isolé ne peut être que croissante au cours du temps.
En1875,Lorentz découvrit latransformation de Lorentz, découverte aussi en 1887 par W. Voigt, dont on se sert dans la théorie de larelativité restreinte d'Einstein publiée en 1905, au lieu des équations de transformation de Galilée. Cette théorie est basée sur le postulat que lavitesse de la lumière est la même quel que soit leréférentiel d'inertie à partir duquel on la calcule.
La théorie de la relativité d'Einstein utilise la géométrie deRiemann, qui emploie letenseur métrique décrivant l'espace de Minkowski :, pour développer une solution géométrique à la transformation de Lorentz qui préserve leséquations de Maxwell.
La théorie d'Einstein est basée sur l'hypothèse que tous lesréférentiels d'inertie sont équivalents en ce qui concerne toutes les lois de la physique. Sa théorie, simple et élégante, montre que la mesure du temps est différente d'unréférentiel d'inertie à l'autre, c'est-à-dire qu'il n'existe pas de temps universel et unique. Chaque référentiel d'inertie possède sa propre mesure du temps.
Voir aussiMécanique quantique.
L'une des inégalités de Heisenberg, , lie l'incertitude sur le temps de vie d'un système quantique et la mesure de son énergie. Pour simplifier, plus on connaît l'énergie d'une particule avec précision, moins on sait la situer dans le temps, et plus on en sait sur sa position dans le temps, moins on connaît son énergie. Cette inégalité peut avoir des conséquences remarquables, notamment enphysique des particules : les interactions entre particules, assimilables (en première approximation) à des chocs, sont si brèves que l'incertitude sur l'énergie échangée est très grande. En fait, le terme incertitude est lui-même impropre, voir à ce sujet l'article concernant leprincipe d'incertitude. Or, comme d'après la célèbre équationE=mc2, la masse est liée à l'énergie en jeu, de nouvelles particules peuvent apparaître de cette énergie qui, d'un point de vue extérieur, semblent venir de nulle part.
Certains problèmes de physique quantique peuvent être résolus en représentant le temps sous formeimaginaire, le mot « imaginaire » ayant ici un sens très précis, celui que lui donnent les mathématiques, dans lesnombres complexes.
En particulier, pour décrire ce qui s'est passé quelques instants après leBig bang, letemps imaginaire est une des solutions proposées parStephen Hawking[8].
VoirThéorie des systèmes dynamiques etThéorie du chaos,Système dissipatif.
On pourrait dire que le temps est laparamétrisation d'unsystème dynamique qui permet de révéler et d'agir sur la géométrie du système. Il a été affirmé que letemps est une conséquence implicite duchaos (c'est-à-dire sanon-linéarité/ sonirréversibilité) : letemps caractéristique, d'unsystème.Benoit Mandelbrot introduit letemps intrinsèque[9].
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