LesTehuelches sont desAmérindiens dePatagonie, vivant entre le fleuveRío Negro et ledétroit de Magellan essentiellement en territoireargentin etchilien. Ils étaient réputés pour être de très grande taille et semblent avoir été à la base du grand mythe des géantspatagons.
Le mot « Tehuelche » est le nom que lesMapuches donnèrent à l'ensemble des peuples ditsPampas qui habitaient depuis le fleuveRío Chubut enArgentine, jusqu'aux deux rives dudétroit de Magellan et qui furent connus par les colonisateurs européens comme une partie de l'ethnie desPatagons. En effet cette dernière appellation inclut en plus lesHets et lesGennakenks, ensemble appelés ultérieurementPuelches par les Mapuches. Le vocableTehuelche (issu dumapudungunChewelche "peuple brave") fait allusion à la résistance tenace que ces tribus opposèrent à l'expansion des envahisseurs mapuches dans leComahue et laPatagonie. Une autre dénomination les concernant, également utilisée par les Mapuches estAuka, mot probablement d'origineQuechua qui est généralement traduite par : « sylvestre », « indompté », « rebelle ».
Le peuple tehuelche se donnait à lui-même différents noms :
Toutes ces populations avaient l'habitude de se reconnaître sous la dénomination générique deTsonek,Tsonk ouChon, selon leur dialecte.Les graphies des noms et des langages diffèrent non seulement par la transcription des Espagnols et Européens en la propre langue des différents auteurs, mais aussi parce que les vocables utilisés dans les parlers et dialectestehuelches présentaient une mutation constante, tant au fil du temps (mutation diachronique) que dans l'espace, d'après les régions (mutation synchrone).On remarque de ce fait la nombreuse nomenclature rencontrée dans la littérature scientifique :
L'ethnie tehuelche est divisée fondamentalement en trois groupes correspondant à leur distribution géographique, et à la classification faite par l'ethnie tehuelche elle-même comme décrite ci-dessus :
La langue ou plutôt le groupe de langues et dialectes des Tehuelches appelétsonek ouchon est une des languessud-amérindiennes classifiées dans le tronc des languesmacro-pano, famillemosetén-Chon et groupechon.
Jusqu'à la fin duXIXe siècle, les langues et dialectes suivants étaient reconnus ou connus:
Bien que nomades, leurs déplacements étaient habituellement des circuits, avec arrêts périodiques, le plus souvent d'ouest en est et vice-versa. Pour chaque étape ils avaient des sites où ils installaient leur campement, appelésaik ouaiken par eux-mêmes ettolderías par lesEspagnols et lesArgentins créoles.
Leurs groupes étaient habituellement formés de 50 à 100 membres.Chacun des groupes était constitué d'individus de même parenté et avait un territoire spécifique de chasse et de cueillette. Les limites en étaient précisées de longue date (par voie ancestrale) par des accidents topographiques souvent fort peu évidents : une butte, un abreuvoir, un ravin, un arbre important. Si un groupement ne pouvait subvenir à ses besoins sur son propre territoire, il devait demander aux groupes voisins la permission d'utiliser le leur. Toute transgression à cette règle amenait habituellement une guerre.
Ils étaient fortement exogames. Les garçons étaient obligés de chercher une compagne dans d'autres groupes et avaient l'habitude de troquer les femmes. Et cela renforçait les liens entre groupes ainsi que l'unité ethnique. Parfois au lieu de troc, ils pratiquaient le rapt des femmes. Mais cette conduite violente impliquait quasi automatiquement des guerres intraethniques.
Il y a 9 000 ans a surgi une industrie primitive produisant des pointes de projectiles triangulaires à deux faces, ainsi que des racloirs latéraux et terminaux, des couteaux bifaces et des instruments en os. Plus tard, de 7 000 à 4 000 ans, apparaît l'industrie dite deCasapiedra, caractérisée par une plus grande quantité d'instrumentslithiques destinés sans doute à la chasse auguanaco, animal essentiel tout au long des développements culturels postérieurs des patagons.
Dès cette époque et jusqu'à l'arrivée des Espagnols au début duXVIe siècle, les patagons ou Tehuelches avaient un mode de vie dechasseurs-cueilleurs où ils utilisèrent lenomadisme saisonnier, se déplaçant suivant les troupeaux de guanacos. Durant l'hiver, on les trouvait dans les zones basses, vallées fertiles, côtes, bord des lacs, et en été ils montaient sur les mesetas ou plateaux centraux dePatagonie ou dans lacordillère des Andes, où ils avaient par ailleurs leurs sites sacrés comme le cerroChaltén (appelé aujourd'hui Fitz Roy).
L'arrivée desEspagnols amena de grands changements dans la culture et la vie des peuplesamérindiens et les Tehuelches n'en furent pas dispensés. Il se produisit parmi eux des épidémies létales (variole, rougeole, grippe) qui les décimèrent, particulièrement les Tehuelches septentrionaux ouGennakenks.
Ce fut une catastrophe démographique qui se produisit surtout auxXVIIe et XVIIIe siècles et qui facilita l'invasion de leur territoire par une partie desmapuches. De ce fait, il ne resta que deux options pour lesGennakenks : soit s'intégrer aux envahisseurs ainsi qu'aux survivants desHets (qui avaient subi les mêmes fléaux), et donner ainsi naissance à l'ethniePuelche, soit retourner vers le sud pour fusionner avec leurs frèresAonikenks et combattre ensemble lesMapuches. Ce que fit une partie d'entre eux. En 1865, ils livrèrent de sanglants et acharnés combats contre ces derniers sur les rives duRío Senguerr aussi connu commeRío Gengel. Aujourd'hui les mapuches se rappellent encore la terrible bataille deLanguiñeo (toponymemapuche signifiantLà beaucoup de morts).
La constitution de l'ethniepuelche grâce à des lignages notamment tehuelches explique, en partie, l'attitude de certains chefs puelches commeCatriel,Chucul,Foyel ouSayhueque, qui pactisèrent avec lesblancs oucréoles et furent considérés comme traitres : Catriel, d'origineGennakenk, fut tué férocement, en combattant allié auxblancs, par d'autres Puelches plus liés à l'ethnie mapuche, cela en 1879.
Dans la seconde moitié duXIXe siècle, les immigrantsgallois commencèrent à coloniser la province actuelle deChubut et tissèrent des liens sociaux fort remarquables avec les Tehuelches : en général les relations entre eux furent harmonieuses et c'est ainsi qu'actuellement on observe fréquemment dans cette province des personnes aux cheveux roux et aux yeux bridés.
La première appellation que les Espagnols donnèrent aux Tehuelches fut celle dePatagons, déjà en1520 durant l'expédition commandée parFernand de Magellan. En effet, avant de les avoir rencontrés personnellement, ces explorateurs furent fort inquiets par la taille des empreintes de leurs pieds. Fortement amplifiés par les peaux de bête qui leur servaient de chaussures, leurs pieds apparaissaient immenses surtout qu'à cette époque les Européens avaient une taille moyenne plus petite en général, ce qui est relatif car il y avait aussi des individus de bonne taille. Quant aux hommes Patagons ils avaient une taille moyenne de plus d'1,80 m pour les hommes (alors que la taille moyenne des Espagnols était probablement inférieure à 1,65 m[1]). L'explorateur françaisJules Dumont d'Urville (1790-1842) dit avoir été impressionné par la stature de cette "race d'hommes forts et vigoureux", par "leur énorme largeur d'épaule, leur grosse et large tête, leurs membres musclés"[2].
Les Espagnols les considérèrent donc commepatones, motcastillan pourpatauds, et les comparèrent au géantPathoagón personnage de roman de chevalerie. De structure crâniennedolichocéphale comme les autres amérindiens de lapampa, ils devinrent fameux dans la littérature européenne duXVIe au XIXe siècle à cause de leur grande stature et de leur force physique.
Il est important d'avoir à l'esprit qu'entre lesXVIe et XVIIIe siècles le nom de Patagonie était donné à l'ensemble des terres situées au sud de l'estuaire duRío de la Plata. Cela renforce l'hypothèse de certains anthropologues, comme R. Casamiquela, selon laquelle lesHets étaient aussi des Patagons.
On sait peu de choses de la culture tehuelche antérieure au cheval, bien que leur organisation sociale et économique était semblable à celle desSelknams ou Onas de laTerre de Feu (qui, rappelons-le, constituent en fait un groupe de Tehuelches).
L'introduction du cheval date du début duXVIIIe siècle, et transforma leur organisation sociale. Il se forma parmi eux uncomplexe équestre. De même que les amérindiens des grandes prairies d'Amérique du Nord, les Tehuelches exploitèrent les grandes steppes de buissons de Patagonie, vivant avant tout duguanaco et de la viande denandou (rhea ouchoique), mais aussi de la viande dehuemul (cerf andin), demara (lièvre de Patagonie) et même depuma et dejaguar. Ils apprirent quoique tardivement à cultiver la terre, se concentrant sur certaines plantes. Quant aux poissons et aux autres produits de la mer, il existait chez eux certains tabous : ainsi certains groupes interdisaient la consommation de poisson.
À la suite de l'adoption du cheval, la mobilité qu'ils avaient acquise altéra les territorialités ancestrales et modifia en grande partie le schéma des déplacements. Ainsi, avant leXVIIe siècle les transhumances est-ouest prédominaient, à la poursuite des guanacos. Mais dès qu'ils maîtrisèrent le complexe équestre, les déplacements longitudinaux nord-sud l'emportèrent progressivement. Il s'établit ainsi des circuits d'échange commerciaux étendus : dès le milieu duXIXe siècle lesAonikenks troquaient leurs peaux et mollusques contre descholilas (fraises,mûres,calafates, pommes de pin dupehuén (pin du Chili),llao llao, pousses et bourgeons decoligüe, etc.) et des pommes avec lesGennakenks duNeuquén, de la haute vallée du Río Negro et duPays des fraises ouChulilaw (belle région délimitée plus ou moins au nord par lelac Nahuel Huapi, à l'est par les cordillères basses et morainiques appelées Patagonides, à l'ouest par les hauts sommets des Andes et au sud par le lacBuenos Aires ou General Carrera).
Le cheval et plus précisément la jument, en arriva à devenir le plat principal de leur régime et laissa le guanaco en deuxième place. LesSelknams deTerre de Feu par contre ne développèrent pas une culture du cheval comparable.
Leur habillement consistait en longues capes faites de peaux de bêtes (dont deguanaco), en pagne autour de leur corps ainsi qu'en chaussures qui recouvraient tout le pied. Leur habitat consistait en sortes de tentes arrondies fabriquées en peau également (de cheval dès que ce fut possible).
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