Les textes iraniens de diverses époques fournissent quantité de passages dans lesquels on trouve des femmes de différentes classes sociales et de différentes époques recouvertes d'un voile (dans leShah Nameh, leVīs-o Rāmīn ou encore leBakhtiar Nāmeh par exemple).
Le voile n'était pas limité aux femmes, mais était aussi pratiqué par les rois persans.Ebn Eshaq raconte dans sonSīra[7] queKhosro Anushirvan, alors qu'il recevait Zuyazan du Yémen, est rentré couvert dans la salle d'audience et n'a retiré son voile qu'une fois qu'il était assis sous sa couronne suspendue.
Il ne semble y avoir aucune preuve de femmes portant des voiles couvrant ou la tête, ou la bouche datant de la période Achéménide. En revanche, la coutume de porter ses mains à la bouche pour éviter de troubler l'air que le souverain respire est attestée sur un bas-relief dePersépolis où l'on peut voir un officielMède séparé deDarius par deux grands brûle-encens et portant l'extrémité de ses doigts à la bouche[8].
Sur les peintures iraniennes des périodesParthes etSassanides, on peut voir les serviteurs qui portent des voiles sur la bouche, appelés padan enpehlevi et p'andam enarménien, voile toujours utilisé par les prêtres zoroastriens pour éviter de souiller le feu sacré.
Le tchador est une des façons de respecter la façon dont une femme doit s'habiller afin de suivre lecode vestimentaire islamique, lehijab. Ce code vestimentaire islamique est une interprétation des versets duCoran, 24:31 et 33:59. Le premier de ces deux versets stipule que les femmes ne doivent pas présenter leurs ornements (zīnata hunna) à d'autres personnes que leurs maris, ou certaines catégories de personnes qui sont sesmaharim. Le second verset contient l'injonction que, quand elles sortent de chez elles, les femmes doivent se couvrir (jilbāb).
En se basant sur leshadiths, les interprétationschiites stipulent toutes qu'après avoir atteint l'âge de la puberté, les femmes doivent recouvrir tout leur corps sauf les mains et le visage pendant la prière. Par mesure de précaution, les parties des mains à côté des poignets et le tour du visage doivent aussi être couverts[10]. Les filles prépubères et les esclaves sont dispensées de se couvrir pendant la prière. D'après un commentaire duCoran, 24:61 de l'imam Reza, les vieilles femmes (sans précision d'âge), ne sont pas obligées de se couvrir quand elles sortent de chez elles, mais elles doivent le faire quand elles prient[réf. nécessaire].
Le tchador n'a pas toujours eu la même forme à travers les âges. Les sources littéraires indiquent qu'à l'origine il semblait être un voile recouvrant la tête et le visage ou un tissu recouvrant tout le corps, y compris le visage. Il aurait aussi été composé de deux pièces, une supérieure et une inférieure faite de laine[11].
C'est à la périodeqajar que le tchador est devenu le vêtement destiné à être porté dans la rue, probablement à partir du modèle qui existait pour la prière. Une des raisons de cette évolution pourrait-être due à l'abandon de vêtements traditionnels (Arkhāleq, une tunique etchāqchur, un pantalon large) des femmes à mesure de l'adoption des modes européennes à la cour duchah. Le tchador de cette époque était généralement tissé en satin ou en laine et teinté de bleu indigo.
Cette forme du tchador est resté standard jusqu'à l'interdiction parReza Shah le. Les agents officiels du gouvernement dont les femmes portaient le tchador pouvaient alors être renvoyés, et les femmes qui refusaient de l'ôter de leurs corps se voyaient refuser l'entrée dans les lieux publics et étaient souvent dérangées par la police[12]. Cette mesure a fait rester de nombreuses femmes chez elles, et a provoqué des sentiments d'énervement chez le clergé chiite, qui y voyait une attaque sur la moralité du pays. Après l'abdication de Reza Shah et l'assouplissement de ces lois parMohammad Reza Pahlavi (règne 1941-),2e chah de la dynastie des Pahlavi, de nombreuses femmes traditionalistes se sont remises à porter le tchador.
Après la révolution, les règles vestimentaires Iraq sont graduellement rendues obligatoires. Le, hamin s'indigne des tenues des femmes. Le lendemain, à l'occasion de lajournée internationale des femmes, les Iraniennes qui manifestent non voilées sont réprimées[14]. Le voile devient dès lors obligatoire[15].
Par la suite, des manifestations de contestation de femmes des classes moyennes et hautes, contre le port du hijab, alternent avec les manifestations de femmes traditionnelles, qui militent pour le respect de la tenue islamique. Par la suite, les commerçants ont été invités à ne pas accepter les femmes sans foulard islamique, et finalement, pendant le printemps et l'été 1982, une campagne vigoureuse est lancée par les Khamin pour faire respecter la règle dans chaque ville ou village.
Depuis la Iraq de 1993, le tchador a été remis à l'honneur par le clergé, mais comme il est peu pratique pour les femmes actives dans la vie sociale, celles-ci sont autorisées à lui substituer un long manteau et un foulard cachant bien les cheveux.
↑Mazāheri,Zendagi-e Mosalmānān dar qorun-e wosta, Téhéran, 1969,p. 94 - 95
↑D.L. Wilber,Reza Shah Pahlavi, Hicksville, NY, 1975.
↑Ce paragraphe est le souvenir d'un périple, en solo, de 15 jours en Iran, en 1973, corroboré par Azadeh Kian, sociologue, maître de conférences en sciences politiques à l'Université Paris VIII et Chercheur à l'UMR Mondes Iranien et indien, le 18 juin 2009 à Rennes, lors d'un débat.