Le nom « taïga » est la transposition d'un motrusse qui s'écrit encyrilliqueтайга, lui-même issu detayγa, qui enaltaï,langue turque parlée dans laRépublique de l'Altaï, désigne une montagne forestière[4]. Le mot correspond auturcdaǧ, qui signifiemontagne[4].
La haute latitude induit une très forte variation saisonnière entre l'hiver et l'été. Plus on s'avance vers le nord et plus la durée d'ensoleillement est réduite durant la période hivernale, puis une fois traversé lecercle polaire arctique (66° 33' 44"[7]), lesoleil ne se lève pas durant plusieurs jours de l'hiver. L'été, il ne se couche pas dans les mêmes proportions, ce phénomène s'appellejour polaire ousoleil de minuit. Aux latitudes plus basses, sous lecercle polaire, la « nuit » prend la forme d'un longcrépuscule qui se confond avec l'aube, c'est le phénomène denuit blanche.
La taïga couvre la « zone aurorale » située entre 65 et 75° delatitude, où se produisent lesaurores polaires, caractérisées par l’apparition de voiles extrêmement colorés dans le ciel nocturne.
Arbres couchés par l'eau etérosion naturelle desberges, phénomène naturel et normal après chaque dégel ici au nord deKhabarovsk.
Lesol de la taïga est naturellement trèsacide, en raison du climat et de la végétation, il est dénommépodzol oupodzosol. Il est pour cette raison particulièrement sensible et vulnérable aux phénomènes dits de « pluies acides ». Lesmétaux lourds y sont aussi — en raison de l'acidité — plus mobiles et plusbioassimilables. En forêt boréale lesracines et leurschampignons symbiotes déterminent la quantité decarbone séquestrée par les sols de la taïga[10]. Sous ceclimat froid, lesmatières organiques (feuilles, bois) issus des végétaux et les cadavres et excréments animaux se décomposent lentement en dégageant des acides organiques. Ces acides réagissent avec les quelquesbases restant dans le sol (calcaire ou autre) et les entraînent vers lesnappes etrivières par le phénomène dulessivage. Résultat, les sols sont à la fois pauvres enéléments minéraux utiles aux arbres et très acides.
Localement, lestourbières, tant qu'elles ne se minéralisent pas (à la suite d'undrainage et d'unesécheresse par exemple), sont cependant très stables et constituent en été de bonnes réserves d'eau et d'importants stocks etpuits de carbone planétaires. Asséchées, elles peuvent brûler et constituer des foyers durables d'incendies de forêts. Ce sol acide se retrouve également dans les régions tempérées àconifères, cettepédogenèse en partie due aux persistants (notamment les grands conifères tels lesépicéas etpins).
Le sol de la taïga subit aussi directement l'effet des fortes variations saisonnières à travers le cycle gel-dégel. En bordure de cours d'eau, les sols des berges sont fréquemment emportés par lescrues dues audégel et sont sources de matériaux qui forment les méandres. Au moment du dégel de certains quasi-pergélisols, des phénomènes decryoturbation peuvent conférer au sol une structure particulière (répétition parfois géométriques de cellules, poches et parfois puits de cryoturbation).
Les arbres les plus répandus dans la taïga sont desconifères adaptés aufroid, comme lesmélèzes, lesépicéas, lespins et lessapins. Leur forme conique fait glisser la neige et leurs aiguilles sont couvertes d'un enduit cireux qui les protège du gel. Leur couleur vert foncé absorbe les faibles rayonnements du soleil et favorise la photosynthèse[réf. nécessaire].
C'est la zone la plus au Nord dans laquelle les espèces qui ont besoin de quelques arbres peuvent survivre.Un nombre considérable d'oiseaux tels que lagrive de Sibérie (ou grive obscure), lebruant à gorge blanche et laparuline à gorge noiremigrent vers cet habitat pour tirer profit des longues journées d'été et de la nourriture abondante eninsectes durant cette saison.
Quelques oiseauxcarnivores et certains grands oiseauxomnivores peuvent y trouver des proies vivantes ou des carcasses qui sont également présentes dans cette zone pendant l'hiver. Parmi ceux-ci, lebec croisé, l'aigle doré et lebusard.
La taïga russe a perdu en moyenne 1,4 million d’hectares depaysages forestiers intacts (IFL) par an en moyenne entre 2000 et 2013[12].
La forêt boréale absorbe plus de dioxyde de carbone que la forêt tropicale, selon une équipe de chercheurs duCEA et de l'Inrae[13]. Entre 2010 et 2019, les arbres des forêts boréales mondiales auraient capturé 500 millions de tonnes chaque année. Les forêts boréales jeunes (moins de 50 ans) et d'âge moyen (50-140 ans) sont particulièrement efficaces dans leur capture du carbone en raison de leur propension à se développer.
La forêt boréale est unbiome particulier, en ce sens que cetécosystème est régulé particulièrement par de grandes perturbations majeures, à l’inverse des autres couverts forestiers (hormis en lisière de désert). Les populations végétales y sont contrôlées par les successions d’attaques d’insectes ravageurs, d’épisodes anecdotiques et surtout, par lesfeux de forêts. Ces largesincendies peuvent ravager de très larges superficies, et ce à des vitesses difficiles à concevoir, pouvant aller jusqu’à une vingtaine de kilomètres par heure dans des conditions optimales. Également, la quantité d’énergie relâchée est gigantesque, pouvant atteindre 500 000 kJ/m2 dans un laps de temps très court[14]. Ces chiffres montrent l’un des effets cruciaux de ces feux : ils consomment la litière et l’humus accumulé sous le couvert forestier et les feux de plus en plus intenses brûlent le carbone du sol plus en profondeur[15]. Or, dans les régions nordiques, la décomposition de la nécromasse végétale est ralentie par lesbasses températures et le milieu acide formé par les communautés de résineux. Avec l’aide du feu, cette matière organique est minéralisée et en partie réutilisée par les plantes qui repoussent. Ce recyclage est important, entre autres pour le cycle de l’azote, dont d’énormes quantités peuvent se retrouver emmagasinées dans l’humus. En étant relâché, il permet en même temps d’abaisser l’acidité du sol et de favoriser sanitrification[16]. Dans le passé, les feux ravageaient le milieu boréal selon certains cycles (un incendie environ tous les 200 ans en moyenne estime-t-on), mais ledérèglement climatique anthropique semble avoir déjà augmenté la taille, la fréquence et l'intensité des incendies en zone boréale. Les jeunes forêts boréales qui ont poussé sur des incendies antérieurs récents peuvent alors en brûlant trop tôt« devenir une source nette de carbone dans l’atmosphère après des incendies consécutifs et faire basculer le bilan carbonique boréal d’un puits à une source », avec un risque de boucle de rétroaction catastrophique[17]. En 2013, le régime de ces incendies dépassait ce qu'il était depuis 10 000 ans (fin de la dernière glaciation)[18].
Un autre aspectécologique des feux, crucial pour le milieu, est démontré par le phénomène desérotinie. Cette stratégie a été observée chez desgymnospermes comme lepin gris et lepin tordu par exemple. Elle consiste à former un cône stockant les graines de l’individu, très résistant aux prédateurs et aux conditions externes. Le cône est protégé par une couche de résine qui fond au contact de la chaleur du feu. Tant que cet élément déclencheur n’est pas présent, les cônes s’accumulent au sol, formant une banque de graines que les arbres pourront utiliser. Les graines, lors desincendies, sont alors relâchées dans le nouveau milieu vierge de végétation[19],[20]. Cette stratégie présente un net avantage pour qui la pratique, puisqu’elle permet d’assurer à sa descendance une chance de croître dans un milieu favorable, riche en nutriments, et à la fois libre de compétition. En effet, le feu ne fait pas d’exception, et les compétiteurs potentiels disparaissent après son passage.
La présence de feux dans une communauté végétale semble aussi définir sa composition : les incendies forestiers pourraient ne pas toujours « perturber » l’écosystème, mais viennent stabiliser la présence d’espèces adaptées sur certains sites. Ainsi, dans les milieux brûlant fréquemment, lepin gris est une espèce dominante de l’habitat, mais si le cycle de feu est trop long, il peut se retrouver évincé du milieu par des compétiteurs. Tandis que dans les endroits humides, peu susceptibles aux flammes, l’on retrouve surtout de l’épinette noire[21].
Une fréquence accrue des feux menace toutefois les espèces qui y sont un peu plus vulnérables[22] et leur intensité accrue menace lepuits de carbone forestier[23] et est source de gaz à effet de serre[24]. Depuis 2010 au moins, des chercheurs craignent que le puis de carbone de la taïga soit en train de se réduire, à cause de feux anormalement fréquents[25], amples et puissants[26]
La taïga est une zone à faibledensité de population. La rigueur duclimat rend très difficile le développement d'uneactivité agricolece qui a longtemps maintenu les peuples autochtones dans une situation dechasseurs-cueilleurs ou depastoralisme nomade[Passage problématique]. Ainsi lachasse, lapêche et lacueillette furent le mode de subsistance exclusif desAmérindiens vivant dans la taïganord-américaine tandis que les populations sibériennes et européennes se sont davantage spécialisées dans l'élevage derennes. Presque toutes les parties de l'animal sont utilisées par les autochtones. Le renne passe la période froide dans la taïga mais a besoin de migrer vers latoundra durant la courte période estivale ; il y trouve de la nourriture en abondance, ce qui permet la croissance des jeunes de l'année et l'accumulation de réserves pour l'hiver. Ce mode de vie impose l'élaboration d'un habitat mobile, facilement transportable, le plus souvent constitué detentes.
Bien que les autochtones européens furent christianisés très tôt, l'ensemble des peuples de la taïga pratiquaient à l'origine lechamanisme[27].
LesSamis sont également appelés « Lapons » et habitent une zone qui couvre le nord de laSuède, de laNorvège et de laFinlande ainsi que lapéninsule de Kola enRussie. Leur nom, Sami dans leur propre langue, est également parfois traduit par les termes « Sames », « Samés », « Sâmes » ou « Saami ». Ils parlent différenteslangues sames et occupent l'ensemble de laLaponie qu'ils désignent sous le nom deSápmi. Leur mode de vie est traditionnellement basé sur la pêche et l'élevage de rennes. Ils tirent durenne sonlait, saviande, safourrure, sesbois et sapeau. On distingue deux types d'habitats samis : lagoahti et lalavvu. Lagoahti désigne généralement unehutte munie d'une porte et dont la structure est enbois courbé, recouverte de terre et de végétaux. Elle est utilisée comme habitation d'hiver. À l'inverse lalavvu est unetente utilisée comme habitation d'été et pendant les déplacements. Cette dernière était jadis faite de longue branches recouvertes de peaux de renne liées par des tendons de ce mêmecervidé. Lejoik, chanta cappella, fait partie des modes d'expression traditionnelle du peuplesaami. Les Samis se convertirent auchristianisme à partir duXIIe siècle.
À la différence des autochtones européens, les autochtones sibériens ont subi une politique d'assimilation et decollectivisation forcée durant la période soviétique. Beaucoup ont été contraints à lasédentarisation, et des interdictions d'utilisation de leurs langues ou de pratiquer le chamanisme furent mises en place. Malgré les profonds dommages occasionnés, leur culture et leurs modes de vie subsistent toujours. On trouve les peuples suivants.
Les peuplesSamoyèdes vivent enNénétsie, enIamalie et dans lekraï de Krasnoïarsk. Ils se répartissent essentiellement entreNénetses,Énètses etNganassanes. Ils sont à l'origine de la race dechien de traineausamoyède, leur moyen de transport traditionnel. Ce sont des peuples nomades qui habitent dans desChums ouTchoums, tentes samoyèdes faites de peaux derenne. LesSamoyèdes pratiquent lechamanisme. Leur croyance se base sur l'existence de deuxdémiurge :Noum qui règne sur le ciel etNga qui règne sur le monde souterrain. Ils régulent le monde tantôt en collaborant, tantôt en étant en compétition.
LesAïnous, appelés également Utaris, habitent l'île d'Hokkaidō auJapon ainsi que lesîles Kouriles, l'île deSakhaline et leKamtchatka dans l'Est de laRussie. Les Aïnous sont les premiers habitants du Japon, à l'origine ils n'habitaient pas uniquement la taïga mais ils y furent refoulés par les Japonais après leur arrivée dans l'archipel. Ils vivent traditionnellement de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Les Aïnous habitent dans descises regroupées en petites communautés appeléeskotan.
LesDénés habitent les terres situées au nord dufleuve Churchill,Manitoba, à l'ouest de labaie d'Hudson. Dans leur langue, le territoire qu'ils occupent s'appelle le Denendeh, ce qui signifie la « Terre des Gens ». L'une des grandes revendications des Dénés est que leur soit reconnu définitivement le contrôle des terres sur lesquelles ils vivent. Ils parlent deslangues athapascanes de la famillena-dené et ont été le premier peuple à s'établir dans ce qui est maintenant appelé lesTerritoires du Nord-Ouest.
Du fait d'une nature très fragile, les atteintes d'origineanthropique sur les zones de taïga restent visibles très longtemps. Il faut plusieurs siècles pour que les arbres repoussent jusqu'à leur hauteur adulte[réf. nécessaire].
Yukon Quest : C'est une course dechiens de traîneau de 1 648 kilomètres qui se déroule à travers leYukon et l'Alaska. Elle est réputée pour être la plus difficile au monde et a lieu tous les ans au mois defévrier.
↑NigelDudley, SueStolton, AlexanderBelokurov, LindaKrueger, N.Lopoukhine, KathyMacKinnon, TrevorSandwith et NikhilSekhran,Solutions naturelles : les aires protégées aident les gens à faire face aux changements climatiques, Gland, WWF International,, 135 p.(ISBN978-2-88085-308-2,lire en ligne).
↑Kelly, R. et al. Recent burning of boreal forests exceeds fire regime limits of the past 10,000 years. Proc. Natl Acad. Sci. USA 110, 13055–13060 (2013)
↑Hoy, E. E., Turetsky, M. R. & Kasischke, E. S. (2016)More frequent burning increases vulnerability of Alaskan boreal black spruce forests. Environ. Res. Lett. 11, 095001.
↑Mack, M. C. et al.Carbon loss from an unprecedented Arctic tundra wildfire. Nature 475, 489–492 (2011).
↑Site internet du ministère des Transports du Québec -Au Québec, on estime à environ 1 000 par année le nombre de collisions avec un orignal. Plusieurs de ces accidents entraînent des blessures graves, voire mortelles. Comme l’orignal est un animal de grande taille, le corps heurte le pare-brise et la partie avant du toit au moment d’un impact avec une voiture. C’est pourquoi les conséquences sont souvent sérieuses pour les passagers du véhicule.