Répartition schématique des zones dedrainage lymphatique (qui explique certaines caractéristiques de lamaladie de Hodgkin).Représentation schématique de la juxtaposition du réseau lymphatique et du réseau sanguin (artériel en rouge et veineux en bleu) au niveau de l'alvéole pulmonaire.Représentation schématique d'un capillaire lymphatique. 1. Intérieur (« lumière ») ducapillaire. 2.Cellule etnoyau. 3. Espace interstitiel. 4. Celluleendothéliale du capillaire lymphatique. 5. Ouverture dans l'endothélium. 6. Filament d'ancrage (« anchoring filament »).Infection de typecellulite à la suite d'une blessure abrasive de lapeau. On remarque la peau rougie sur le bras là où le système lymphatique réagit (inflammation).L'un des dysfonctionnements du système lymphatique se traduit par l'éléphantiasis (ici, avec deux jambes concernées).
Lesystème lymphatique associe deux notions :
d'une part un réseau, à sens unique, devaisseaux lymphatiques (ditréseau lymphatique), dont les vaisseaux naissent dans les différents tissus du corps pour rejoindre les ganglions, qui permettent la circulation et le nettoyage de lalymphe et dans une certaine mesure laclairance de particules insolubles ;
AuVe siècle avant Jésus-Christ,Hippocrate invente pour la première fois le terme chylos (chyle) et observe des glandes lymphatiques (ganglions lymphatiques) situées dans lesaisselles, près desoreilles, autour desvaisseaux jugulaires et se propageant à divers endroits de la cavité abdominale. De plus, Hippocrate décrit un liquide laiteux, appelé ichor (liquide lymphatique), circulant dans la lumière de certains vaisseaux. Ensuite,Aristote (384-) identifie des fibres uniques entre les vaisseaux sanguins et les nerfs qui sont remplis de liquide, décrivant ainsi pour la première fois l'anatomie des vaisseaux lymphatiques généraux[3]. À mesure que l'intérêt augmente, les vaisseaux lymphatiques sont clairement décrits dans une variété de tissus. Herophilus (335-) etÉrasistrate (304-) trouvent successivement des vaisseaux chylifères à l'intérieur dumésentère[4],[5].En 1536, Massa (1485-1569) trouve des vaisseaux (lymphatiques) dans les tissus adipeux près des reins (vaisseaux lymphatiques rénaux)[6].Eustachi (1520-1574) trouve la veine alba thoracis (canal thoracique) lors de la dissection du cheval, mais ne réussit pas à identifier le structure et fonction étendues[7].
En 1627,Gaspare Aselli découvre la venae albae aut lacteae (l'intestin lactique, un capillaire lymphatique spécialisé avec une extrémité aveugle qui absorbe leschylomicrons des villosités intestinales) chez un chien en1627[8]. Immédiatement après, en1628, Fabrice de Peiresc décrit les lactées dans le corps humain[9].
Ensuite, les chercheurs vont au-delà des études anatomiques et commencent à étudier le rôle des vaisseaux lymphatiques dans le drainage lymphatique.Jean Pecquet (1624-1674) décrit laciterne du chyle et le canal thoracique et explique que la lymphe s'écoulait dans laveine sous-clavière gauche via le canal thoracique et non par le foie[10]. À peu près au même moment,Olof Rudbeck (1630-1702) découvre des ducti hepatici aquosi (conduits hépatiques aqueux), désormais connus sous le nom de vaisseaux lymphatiques hépatiques. Rudbeck découvre également des vaisseaux lymphatiques cardiaques, rénaux, pulmonaires et périphériques en 1653[11],[12]. La même année, un autre chercheur,Thomas Bartholin (1616-1680), invente le terme vasae lymphatica (lymphatiques ou vaisseaux lymphatiques) pour décrire les canaux transportant la lymphe liquide et distingue les vaisseaux lymphatiques mésentériques des vaisseaux lymphatiques hépatiques, confirmant que le liquide lymphatique provenant de deux sources différentes s'écoule dans le canal thoracique[13]. Niels Stensen (1638-1686) décrit spécifiquement que le canal thoracique et le vaisseau lymphatique jugulaire gauche délivraient la lymphe dans le canal thoracique entre le canal de la veine sous-clavière gauche et la veine jugulaire interne[14].Frederik Ruysch explore la morphologie et la fonction des valvules lymphatiques, qui assurent l'unidirectionnalité du flux lymphatique[15].Paolo Mascagni décrit les vaisseaux lymphatiques de ladure-mère humaine (vaisseaux lymphatiques méningés) et les vaisseaux lymphatiques liés aux ganglions lymphatiques en 1787[16],[17].
Leslymphocytes se développent surtout dans des tissus spécialisés dits organes lymphatiques primaires qui sont la moelle osseuse (le foie lors de la période fœtale) et lethymus. Des milliards de lymphocytes immunocompétents y seront produits, qui iront coloniser les tissus lymphatiques secondaires.
Lesganglions lymphatiques et lesMALT sont situés sur le trajet des vaisseaux lymphatiques, entre le commencement des vaisseaux dans les tissus et l'abouchement de ces vaisseaux dans laveine sous-clavière gauche.
Le réseau lymphatique draine la plupart des organes, dont les poumons et l'intestin : un capillaire lymphatique « en cul-de-sac », dit « chylifère central » est présent au sein de chaquevillosité intestinale de l'intestin grêle. La circulation des cellules de l'intestin grêle est anastomosée au réseau lymphatique qui se draine dans lesfollicules lymphoïdes (élément important dusystème immunitaire) du tube digestif.
Il joue pourtant un rôle essentiel pour l'immunité, le système hormonal et le retour des liquides extravasés, de certains déchets cellulaires et des protéines (albumine par exemple[18]) dans la circulation systémique. De plus, jusqu'à la presque fin duXXe siècle, on ne disposait pas de marqueurs moléculaires spécifiques de ce réseau[19]. Ceci explique les retards pris par l'étude de la vascularisation lymphatique.
Une hypothèse proposée par Sabin[20] est que le réseau lymphatique est constitué d'un groupe de cellules endothéliales dérivant directement de la veine cardinale[21]. Les vaisseaux lymphatiques se développent à partir de cellules endothéliales spécialisées des vaisseaux sanguins préexistants, mais les signaux moléculaires qui régulent cette différenciation sont inconnus bien qu'une protéine nécessaire ait été identifiée (protéine de signalisation hématopoïétiques SLP-76 ou Syk)[22]. Apparentées à celles des veinules, de nombreuses vésiculescytoplasmiques ont été signalées dans l'endothélium lymphatique initial[23],[24],[25],[26],[27],[28], mais le rôle de ces vésicules dans l'absorption du soluté n'est pas encore clairement élucidé à l'heure actuelle. Toutefois, si les vaisseaux lymphatiques possèdent des caractéristiques similaires à d'autres vaisseaux, certaines caractéristiques comme leglycocalyx leur manquent. Il existe des marqueurs spécifiques des cellules endothéliales du système lymphatique tels que leLYVE-1(en)[29] ou lapodoplanine[30].
Un manque d'activité musculaire ou une atteinte du système gérant les liquides (lymphangions) peut se traduire par une forme decellulite et par desoedèmes.
Tout le corps, à l'exception dusystème nerveux central — une thèse remise en cause par la découverte en 2015 par une équipe d'une université de Virginie d'un réseau lymphatique dans lesméninges[31] —, desmuscles, ducartilage et de lamoelle osseuse, dispose de réseaux de vaisseaux lymphatiques parallèles auxveines et accompagnant lesartères.
La lymphe, liquide interstitiel circulant dans les vaisseaux lymphatiques, se charge d'une partie des déchets de l'activité cellulaire via les tissus intercellulaires. La lymphe est épurée par le passage dans les ganglions. Elle circule ensuite vers la circulation sanguine qu'elle rejoint par leconduit thoracique au niveau desveines sous-clavières.
C'est le système lymphatique qui est chargé du transport d'une grande partie des graisses provenant de l'alimentation vers la circulation. Ainsi, ces dernières ne passent pas par lefoie.
↑Sheldon, J.The history of the absorbent system part the first. Containing the chylography, or description of the human lacteal vessels, with the different methods of discovering, injecting, and preparing them, and the instruments used for these purposes. (1784).
↑Chikly, B. Who discovered the lymphatic system.Lymphology30, 186–193 (1997).
↑Massa, N.Liber introductorius anatomiae siue dissectionis corporis humani. (1536).
↑Pecqueti, J.Experimenta nova anatomica, quibus incognitum hactenus chyli receptaculum, & ab eo per thoracem in ramos usque subclavios vasa lactea deteguntur. (1700).
↑Eriksson, G. Olaus Rudbeck as scientist and professor of medicine.Sven. Med. Tidskr.8, 39–44 (2004).
↑Fulton, J. F. The early history of the lymphatics: with particular reference to Bartholin, Rudbeck and Joyliffe. (1938)
↑Bartholin, T.Vasa lymphatica: Nuper Hafniae in Animantibus inventa, Et Hepatis exseqviae. (1653).